Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



vendredi 26 juillet 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2963 : Et si on lançait des "Olympiades de la Fraternité" ?

 Les JO, une initiative merveilleuse, qui enthousiasme le monde entier ! Avec comme objectif, ce souhait profond : permettre à plus de 200 nations, réunies à cette occasion, de valoriser le sport sous toutes ses formes, comme un élément essentiel, fédérateur et constructif, pour notre vie en société.

Nager dans la Seine, boxer, faire du tir à l'arc, taper dans un ballon, battre des records, tous, nous sommes sensibles à ce que le sport peut permettre comme recherche d'un dépassement ultime.  Notre humanité déchirée a tellement besoin de telles occasions de se surpasser et de se projeter dans un avenir meilleur !

Bine sûr, il nous faut continuer ce combat, dont les enjeux sont si importants.  Mais ne serait-il pas possible à présent d'aller plus loin ?  De faire oeuvre d'une créativité nouvelle ?  Par exemple, en organisant ce qui ne serait plus simplement des "jeux", au sens étroit et ludique du terme, mais une mosaïque de partage, d'émerveillement, d'ouverture universelle et de dépassement.

Non plus seulement pour battre des records, pour être plus fort que l'autre, pour faire briller notre nation, mais pour découvrir, apprécier, aimer, encourager les innombrables initiatives en faveur de la fraternité qui se vivent déjà, et ne sont pas toujours connues, au sein de toutes les nations du monde.

Des Olympiades sans médailles à décrocher, si ce n'est la joie infinie de partager ce que nous avons de meilleur, sur les cinq continents.

Prenons quelques exemples : chaque pays, y compris les plus petits, disposerait d'un temps égal pour présenter, aux yeux du monde entier, l'une de ses plus significatives initiatives en faveur de la fraternité, ou du combat pour l'égalité, pour la mise en valeur de l'attention aux plus défavorisés, pour la promotion de la femme, etc.

L'on donnerait ainsi la parole à des Chinois qui risquent leur vie en faveur de leurs frères Ouighours, et à des Ouighours qui se battent pour être mieux respectés.  Des enfants feraient savoir comment ils se prennent en charge, dans un camp de réfugiés.  Des associations de personnes handicapées nous expliqueraient de quelle façon ils combattent, ensemble, le mal qui pourrait les écraser, etc., etc.

Ces initiatives pourraient être rassemblées autour de grands thèmes tels que la paix, la tolérance, l'espérance, la liberté, la justice, etc.

L'(on demanderait aux participants eux-même de définir les initiatives leur paraissant les plus fortes, les plus pertinentes, les plus fédératives.

Tout cela serait accompagné d'oeuvres artistiques, littéraires, musicales, dont le but serait de mettre en valeur les actions fraternelles présentées.

Le tout sous l'animation d'un "Haut comité mondial de la Fraternité", à constituer dans cet esprit.

"J'ai fait un rêve !   

 Ne nous complaisons pas dans la vallée du désespoir !     

Quand nous laisserons retentir la liberté, quand nous la laisserons retentir de chaque village et de chaque lieu-dit, de chaque état et de chaque ville, nous ferons approcher ce jour quand tous les enfants d Juifs et Gentils, Catholiques et Protestants, pourront se prendre par la main et chanter les paroles du vieux spiritual noir, "Enfin libres! Enfin libres! Dieu Tout-Puissant, merci, nous sommes enfin libres!"                                                                          (Martin-Luther King)

 


mercredi 24 juillet 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2962 : Faut-il mettre en place une formation pour les présidents, évêques, curés...?

 En toute partie du monde, quelle qu'elle soit, n'importe quel citoyen, attentif un temps soit peu à la façon dont tel ou tel président d'une nation gère l'avancée et la vie de son pays, chacun serait capable de relever des erreurs, des loupés, tant est lourde et difficile la tâche que ces chefs d'Etat ont cherché de toutes leurs forces à se faire attribuer.

Prenons-les, les uns après les autres : Trump en tête, Emmanuel Macron, Victor Orban en Hongrie, Nicolas Maduro au Vénézuela, Poutine, Xi Jinping, etc.   Chacun de ces hommes s'est battu bec et ongles pour conquérir le pouvoir, quitte à trahir son camp et ses amis.  Et lorsqu'il se trouve à la tête de la nation, il se comporte comme Jupiter, comme s'il était plus malin que tout le monde, et il est bien difficile de lui faire entendre raison !

Lorsque j'étais en mission pastorale sur Paris, comme secrétaire national de la CEME (Commission des Evêques pour la Mission Universelle), avec les autres secrétaires nationaux (au monde rural, à la liturgie, à l'oecuménisme, etc.), vu la façon dont les évêques avaient de la peine à gérer leur charge, nous avions émis la possibilité que soit mise en place une formation pour les nouveaux évêques ; proposition qui, vous le devinez, n'a pas été entendue.

La même idée me revient, concernant nos dirigeants politiques, lesquels, pour la plupart, malgré leur appétit du pouvoir ou leurs diplômes, semblent ignorer les bases même d'une bonne façon de gouverner leur pays.

-  1° qualité essentielle : un responsable, que ce soit au plan politique, dans une association, en Eglise, dans une paroisse ou ailleurs, doit se comporter comme un serviteur "Servir, et non se servir", selon une expression que j'entendais souvent en Afrique.  Mais nos dirigeants, nos curés de paroisse, nos évêques, nos énarques se comportent-ils avant tout comme d'humbles serviteurs ?

-  ce que les gens attendent le plus, c'est d'être, non seulement écoutés, mais entendus, et que l'on essaye de régler au mieux leurs problèmes de base ; au lieu de délaisser les territoires ruraux, les personnes handicapées, les habitants des quartiers populaires périphériques, etc.  Car si les gens ne sont pas écoutés, si rien ne bouge...

-  éviter de critiquer et de démolir ceux qui ne pensent pas comme vous ; leur donner une place, ne pas diviser la nation, ni la paroisse.  Travailler à créer une belle harmonie, même et surtout si cela n'a rien d'évident.  Les présidents, comme les curés, ne doivent pas être les hommes d'une caste, d'un parti seulement !  Et rejeter, ou mettre de côté, ceux qui ne leur lèchent pas les bottes, qui ont un peu plus de personnalité peut-être, et osent davantage essayer de se faire entendre.

-  donner aux gens un grand projet, qui les fasse rêver, et les invite à se mettre en route, à prendre leur place, à leur niveau, même tout petit, dans la construction de l'Etat, de la paroisse.

-  savoir travailler avec d'autres, ne pas vouloir tout gérer tout seul, être assez humble pour accepter que l'un de vos adjoints soit plus intelligent que vous.

Mais est-ce que tout cela peut s'apprendre dans une école ?  Si le président, l'évêque, le curé n'est pas naturellement serviteur, fraternel, attentif, humble, entreprenant, etc., est-il crédible dans sa fonction ou sa mission ?

Benoît XVI avait eu l'humilité de démissionner, Biden a eu la sagesse de reconnaître qu'il était temps qu'il prenne sa retraite, de tels exemples mériteraient d'être suivis largement. 

"Jésus s'assit et il appela les Douze ; il leur dit : "Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous."    (Marc 9/35)

vendredi 19 juillet 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2961 : L'abbé Pierre sous le regard de Dieu

 Ces derniers temps, plusieurs d'entre vous m'ont fait savoir qu'ils attendaient un billet sur ce blog par rapport à l'abbé Pierre.  J'ai beaucoup hésité !  Que puis-je apporter de plus, en comparaison avec tout ce qui est dit ou écrit sur le sujet ?  Finalement, je vais quand même me lancer !

Remarquons, une fois encore, qu'il ne fait pas bon être un personnage emblématique dans l'Eglise catholique. Tant de responsables de communautés charismatiques ou autres nous ont ainsi profondément déçus... Ne vaut-il pas mieux être à la dernière place, où les risques d'adulation sont nettement moins importants ?

Drame de ces femmes, qui ont sans doute 70, 80 ans ou plus aujourd'hui, et qui viennent seulement de faire savoir combien elles ont souffert des attitudes déplacées de l'abbé Pierre ! Quelle vie elles ont dû mener depuis, suite à ce que l'abbé Pierre leur a fait subir !  Impossible de dédouaner l'abbé de tout cela ! 

Surtout que ceci s'est passé dans l'ombre, en cachette. Pourtant, dans l'entourage de l'abbé Pierre, un certain nombre de proches étaient au courant, en partie, de la façon dont l'abbé se comportait vis-à-vis de femmes qui pouvaient avoir à faire à lui. Question : comment comprendre que, si la hiérarchie n'a pas su alors écouter la plainte de ces femmes, d'autres femmes, féministes ou non, n'aient pas pris le relais et fait résonner largement leurs cris de douleur ?  Car notre problème, c'est de toujours attendre tout de la hiérarchie, souvent bien loin  du peuple !

Cependant, à présent, entre colère et sidération, quelle attitude nous faut-il avoir ?

Ma première remarque serait la suivante : "Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre !"  (Jean 8/7)  En effet, je suis toujours interloqué par ces belles âmes qui s'effarouchent devant les péchés des autres !!! Quelle pauvreté de coeur !   Me revient aussi cette réponse du pape François, alors qu'on l'interrogeait à propos de sa position vis-à-vis des homosexuels : "Qui suis-je pour juger ?"  Cela ne voulait pas dire que Jésus excusait ou disculpait la femme pécheresse, ni que le pape François ne se posait pas des questions vis-à-vis de l'homosexualité, évidemment.  Mais ils ont refusé de se laisser enfermer dans une perspective de critique, de supériorité, de jugement, de rejet, de condamnation.

J'ose espérer que, malgré certains enseignements actuels, nul ne va penser que l'abbé Pierre, suite aux gestes déplacés qui lui sont reprochés, a pu être envoyé directement en enfer. Rappelons-nous que le fils prodigue, qui avait fréquenté des prostituées, ayant finalement regretté son péché, a donc pu être accueilli par son Père les bras grands ouverts.   

Bien entendu, il ne s'agit pas de disculper l'abbé Pierre de ce qu'il a fait de répréhensible, mais de se souvenir de l'immense miséricorde de Dieu.  Je repense souvent à ce passage d'Isaïe 1/18 : "Venez et discutons, dit le Seigneur.  Si vos péchés sont comme l'écarlate, ils deviendront blancs comme la neige.  S'ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront comme de la laine." 

Il y a aussi cette remarque très éclairante de St Jean (1° Lettre, 1/20) : "Si notre coeur nous accuse, Dieu est plus grand que notre coeur et il discerne tout."    Ne nous improvisons pas "juges" à la place de Dieu ! 

J'ai reçu aujourd'hui même le message suivant d'une fidèle de ce blog, qui connaissait l'environnement dans lequel vivait l'abbé Pierre  :  "Il faut voir avec qui l'abbé Pierre vivait, prostituées, familles en guenilles, voleurs, etc... Je n'ai jamais été dans ces foyers, mais j'ai été  dans ceux du père Christian (voir commentaires) et j'avoue qu'il fallait avoir la Foi chevillée au corps et l'Esprit Saint et Jésus très profondément ancrés au fond de son cœur pour ne pas tomber, pour ne pas chercher un peu de chaleur et d'affection." 

Il y a trois choses à ne pas oublier :

-  le témoignage des femmes qui ont été victimes de ce prêtre.

-  le fait que l'abbé Pierre a donné sa vie pour les pauvres et les personnes en détresse, au nom de son amour pour le Christ.

et les prêtres qui, tout en étant attachés au Christ ainsi qu'au salut du Peuple de Dieu, restent des hommes, et des êtres de désir, avec leurs richesses et leurs fragilités.

Seul Dieu sait ce qui s'est passé exactement dans la vie de l'abbé Pierre, et dans son coeur.   Seul Dieu pourra pleurer avec ces femmes qui se sont senties trahies par lui.  Lui comme elles, nous osons les confier au Dieu miséricordieux, ainsi que les associations et mouvements héritiers de l'action impulsée par l'abbé Pierre, en France comme dans le monde entier.                      

jeudi 18 juillet 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2960 : "Votre blog me remonte le moral !"

A plusieurs reprises, je me suis demandé si je ne devais pas arrêter de rédiger des billets sur ce blog. Mais, et c'est toujours l'aventure de la brebis perdue qui me motive, si ces modestes billets peuvent aider ne serait-ce qu'une personne à retrouver l'Espérance, cela vaut sans doute la peine de poursuivre cette modeste publication.  Même si l'on arrive à présent à plus de 850.000 connexions, ce qui ne cesse de m'étonner !

Je suis d'ailleurs conforté dans ce projet quand je prends connaissance de tous ces messages de soutien que vous ne cessez de m'envoyer ; à travers des mails très souvent, mais aussi par voie orale lors de diverses rencontres.  Pour info, voici quelques-unes des réflexions qui me sont parvenues, en vrac et sans prétention.  Avec mes excuses à ceux, nombreux, que je n'ai pas eu la place de citer.

 

-  "Je continue de vous lire avec toujours autant de bien-être moral ; vous êtes un excellent médicament."

-  "Vos textes sont très profonds ; je trouve que vous nous transmettez le meilleur de vous-même ; je savoure et vous en remercie infiniment.  Vous allez à l'essentiel."

-  "Peu de personnes acceptent de dire ce qui conduit leur vie.  Portez-vous bien et continuez à partager votre trésor."

-  "J'apprécie énormément votre blog. Vous osez dire, vous savez dire.  En disant, vous orientez la réflexion personnelle, en facilitez l'expression et l'intériorisation. Merci !"

-  "Ce blog, quel témoignage de confiance, d'espérance et de foi. Je médite ces paroles qui m'entraînent dans l'intériorité et la prière, vers la vraie Vie, celle qui ne nous sera pas enlevée."

-  "Quelle joie pour nous de pouvoir comprendre vos messages, dans ces billets qui sont émaillés d'exemples vivants, de notre époque, de notre région, voire du monde, tout simplement exprimés avec le coeur, provenant de l'Evangile, adaptés à notre moment présent, et qui nous obligent à la réflexion."

-  "Merci de nous faire mieux comprendre les beautés et les exigences de l'Evangile, et de les inscrire chaque jour dans le quotidien de nos vies."

- " Merci pour ce blog qui nous aide à faire de petits pas dans notre tête pour avancer dans la vie."

-  "Merci pour les parutions sur le blog qui chaque fois me nourrissent."

-  "Merci pour les sujets divers traités sur ce blog.  Ces écrits permettent d'être lus et relus pour éclaircir un doute, une incompréhension."

-  "Je sature tellement d'entre parler des abus sexuels ! J'ai vraiment besoin d'écouter la voix de prêtres heureux dans leur mission et prêts à témoigner de leur foi.  C'est tellement plus positif et plus dynamisant !"

-  "J'ai lu votre billet de ce matin, toujours en "Vie" et dans le vent !  Et ce n'est pas fini !"

 

Pour éviter d'être trop long, je dois m'arrêter malheureusement.  Une dernière réaction pour la route, reçue à l'instant, ce jeudi soir à 23h, de l'Ain :

-   "Je n'ai pas beaucoup de temps pour développer ce que vous écrivez. Le texte de dimanche (sur les fruits de Vatican II) est du pain béni pour moi, car c'est ce que je vais développer vis à vis des parents de notre petit-fils. Mon mari m'a scanné votre texte, c'est du sur-mesure pour nous et je vous en remercie une fois de plus. Tenez bon et je prends toujours le temps de vous lire. Il me semble que vous gardez bien le tonus mentalement, on ne peut pas deviner votre fatigue physique et j'espère que la chaleur ne vous fatigue pas trop. Gardez le cap, vous êtes précieux et je savoure!!!!  je sais que je ne suis pas la seule, Dieu Merci !"

Avec un très grand merci, à toutes et tous, pour votre compréhension et votre soutien !


dimanche 14 juillet 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2959 : Quelques fruits du Concile Vatican II

Je suis très étonné d'un certain nombre de réactions de catholiques, évêques y compris, accusant le Concile Vatican II, qu'ils n'ont souvent pas connu, d'avoir été la cause de tous les maux qui affligent notre Eglise, jusqu'à aujourd'hui.  L'on m'a d'ailleurs reproché, à diverses reprises, ainsi qu'à nombre de prêtres de ma génération, d'avoir été de ceux qui ont vidé les églises... Ce n'était pas facile à encaisser !  Mais voyons cela de plus près.

Or, l'une des causes de la chute brutale de la pratique religieuse est sans doute  celle-ci : jusqu'ici, l'Eglise tenait ses troupes, en imposant la pratique obligatoire de la messe du dimanche sous peine de péché mortel. Mais, à travers la réflexion menée au sein du Concile, une autre lecture de ce qu'attendait Dieu de ses enfants a permis à chacun d'avoir un rapport différent, une relation de liberté avec le Père ; résultat, cela a desserré d'un coup tout le système, et ouvert la voie à une autre façon de se situer face au Seigneur. Etait-ce vraiment dommageable ?

On a accusé aussi le Concile d'avoir ouvert la voie au relativisme, en donnant de l'importance aux autres religions.  Il a été expliqué aussi, par le concept nouveau de "liberté religieuse", que par rapport aux non-croyants, il ne fallait plus les condamner, mais respecter la liberté de conscience de chacun.  Cela a dérouté en effet, et aujourd'hui encore, nombre de catholiques ; mais alors, ceux qui refusent Dieu ne sont-ils pas voués à l'enfer ?

L'on reproche en effet au Concile de n'avoir guère parlé de l'enfer, de donner trop de place à la miséricorde, en n'insistant plus suffisamment sur le péché. Tout le monde peut-il faire n'importe quoi désormais ? Et presque plus personne ne va se confesser...   

Il y aurait bien d'autres raisons, outre les abus sexuels, pour expliquer le rejet de l'Eglise par nombre de nos contemporains... Mais reconnaissons que l'Eglise, renfermée sur ses peurs et sur ses certitudes, n'était sans doute pas préparée à comprendre ni à affronter des problèmes dûs à l'évolution de la société dans cette 2° moitié du XX° siècle !

On pourrait poursuivre ces critiques, dont certaines doivent être prises en compte ; mais il me semble urgent également, et plus constructif de souligner les fruits du Concile Vatican II.  Peut-être les bancs des églises se sont-ils clairsemés, mais l'Eglise a su trouver de nouvelles façons de témoigner de l'Evangile, au coeur du monde, à la manière de Jésus. Voici quelques-uns des fruits directs du Concile :

-  la liturgie dans une langue compréhensible dans chaque pays sur cette terre

-  les célébrations collectives de la Réconciliation

-  la mise en valeur du peuple de Dieu, dans lequel évêques et prêtres sont appelés à se situer non comme des dirigeants ou des hommes de pouvoir, mais des serviteurs

-  la place donnée au laïcat, dans les conseils de paroisse par exemple, ce qui n'est pas toujours le cas malheureusement

-  la responsabilité personnelle de chaque baptisé, qui doit faire par lui-même l'option de suivre le Christ

-  le dialogue interreligieux et la redécouverte de nos liens privilégiés avec le Judaïsme

-  l'envoi de prêtres diocésains en mission hors de leur pays

-  l'envoi semblable en mission de religieux et religieuses non issus d'instituts missionnaires

-  l'envoi de coopérants missionnaires

-  la naissance de communautés charismatiques

-  l'accompagnement des familles en deuil, très apprécié

-  les aumôneries des hôpitaux, des prisons, de l'armée

-  l'accompagnement des prostituées, des homosexuels

-  la pastorale des personnes handicapées

-  la pastorale des migrants

-  la création de services tels que le Secours Catholique, le CCFD, St Vincent de Paul, etc.

-  l'aumônerie des gens du voyage, du monde maritime, des artisans de la fête, des sportifs

-  le suivi de l'écologie, du tourisme et des loisirs

-  les propositions de pèlerinages  (cancer, armée, rosaire,...)

-  le service "Justice et paix"

-  et bien sûr le diaconat !

    etc.

L'on pourrait rajouter bien d'autres instances sans doute, que j'ai pu oublier !  Quant à l'Action catholique, elle existait déjà avant le Concile. Mais à peu près rien de tout ce qui est signalé ci-dessus n'existait avant le Concile Vatican II, du moins d'une façon aussi organisée.  De très nombreux membres du Peuple de Dieu sont présents et actifs au sein de ces diverses instances. Ils y font honneur à l'Evangile et à l'Eglise !  "Tout bon arbre produit de bons fruits." (Matthieu7/17) C'est la grâce du Concile Vatican II d'avoir permis ainsi d'assurer la présence active, évangélique et fraternelle des baptisés au coeur et au service de notre société.

"Que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu'en voyant vos bonnes actions, ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux."  (Matthieu 5/16)



samedi 13 juillet 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2958 : Est-ce que nous sommes à l'écoute de Dieu et des autres ?

 Hier matin vendredi, quelqu'un est passé me voir ; patiemment, avec attention, il m'a écouté deux heures durant.  Il m'a demandé de lui raconter ma vie de prêtre, et de lui dire tout ce qui avait pu me motiver et guider mon activité au service de l'Evangile et de l'Eglise, en tant que prêtre.  Jean-Paul, ancien du MRJC, qui a travaillé entre autres à "Ouest-France" et au "Coiurrier Français", est actuellement journaliste indépendant.  Il s'est donné comme projet d'écouter ainsi une dizaine de prêtres vendéens de la génération du Concile Vatican II, afin d'en tirer un ouvrage qui permettra que ne soit pas oubliée toute cette action pastorale impulsée par le Concile, et qui avait si bien dynamisé à l'époque l'Eglise de Vendée.

Ma première réaction fut de lui dire qu'il était rare que l'on demande à un prêtre de parler de lui-même, et encore plus rare que quelqu'un prenne le temps de l'écouter.  Habituellement, c'est plutôt nous les prêtres qui passons des heures et des heures à entendre les gens nous raconter leur histoire, nous décrire leurs joies, mais surtout, évoquer leurs douleurs, leurs questions. Il est vrai que cela fait partie de notre mission, et cela, tout à fait prioritairement.

Depuis que j'ai été ordonné prêtre, en 1967, il y a 57 ans, les fois où l'on m'a écouté durant 2 heures se comptent sur les doigts d'une main.  Et cette écoute si rare, ce fut le fait  -  quel beau symbole !  -  de journalistes principalement. Je pense aux journalistes des rédactions de "Ouest-France" des Sables d'Olonne, de Fontenay-le-Comte et de Mortagne-sur-Sèvre particulièrement ; et il y a eu aussi un article important paru dans l'Express" en juin 2009. 

Tout en répondant aux questions de Jean-Paul, et en lui faisant part de la richesse de ce que j'ai pu vivre, durant tant d'années, tant en Vendée qu'au Mali durant 9 années, ainsi qu'à la Conférence des évêques de France à Paris, pour le service des missions à travers le monde, pendant 6 ans, je me disais : "Mais, est-ce que moi, j'ai su ainsi écouter ? Moi qui ai eu le culot de faire remarquer parfois que, dans l'Eglise de Vendée, on ne s'était pas tellement intéressé à ce que j'avais pu vivre au Mali par exemple, ai-je suffisamment moi-même pris le temps d'écouter les prêtres autour de moi ? Ainsi que les hommes et les femmes qui avaient besoin  de ma fraternelle attention ?"

Ecouter les autres en effet, cela s'apprend !  Et tout d'abord, en prenant le temps d'écouter Dieu, longuement !  Aller à la Source, c'est essentiel.  Or, c'est à toutes les pages de la Bible que nous sommes appelés à l'écoute de Dieu et des autres. Et c'est en écoutant Dieu qu'il nous devient possible d'écouter l'autre en vérité.  Rappelons-nous ce que nos pères dans la foi appelaient "le grand commandement" :  "Shema Israël", la plus célèbre prière juive : "Ecoute Israël" (Deutéronome 6/4), une attitude tout à fait essentielle !

Nous aimons être écoutés, pris en compte, entendus ; c'est normal !  Mais commençons nous-mêmes par prendre le temps d'écouter Dieu !  Cela nous permettra ensuite de savoir écouter les autres avec bonheur !

"Heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent !"  (Luc 1/28)

"Seigneur, donne à ton serviteur un coeur qui écoute !"  (1 Rois 3/9)

jeudi 11 juillet 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 95, n° 2957 : Quatre grandes questions posées à tout humain.

 J'entendais rappeler ce matin sur France-Culture les quatre grandes questions que le philosophe allemand Emmanuel Kant (1724-1804) posait en son temps, questions qui représentent encore aujourd'hui une interpellation forte pour chacun d'entre nous : que puis-je connaître ?  que dois-je faire ? qu'est-ce qu'il m'est possible d'espérer ?  qu'est-ce que l'homme ?  Et si l'on revenait brièvement sur chacune de ces interpellations ?

Que puis-je connaître ?  Il ne dépend que de moi d'apprendre à découvrir le monde et l'homme.  Suis-je à l'affût de tout ce qui existe autour de moi ?  Ai-je le désir de mieux comprendre les réalités qui m'entourent ?  Pour rester un peu terre à terre et éviter de planer dans mes réflexions, est-ce que, par exemple, j'ai essayé de connaître un peu de l'intérieur les positions de celles et ceux qui ne sont pas de mon bord politique, lors des récentes élections ?  Autre exemple, est-ce que j'essaye de connaître les conditions de vie des populations en Afrique, en Syrie ou ailleurs ?  Ou encore, qu'est-ce que je sais de la façon dont les évangiles ont été écrits, face à des aspects qui peuvent me rebuter ou me choquer ?  Autre piste : est-ce que, tout en gardant mes distances, la vie de mes voisins représentent ou non un intérêt pour moi ?  Ne sont-ce pas des frères et des soeurs que Dieu a placés auprès de moi ?  Etc.

Que dois-je faire ?   Le premier réflexe, pour chacun de nous, c'est d'abord de réaliser dans ma vie des projets qui me concernent, et c'est bien normal.  Mais est-ce que, vivre en société, cela ne signifie pas aussi, sinon d'abord, mettre ma vie au service de tous ?  Mettre mes talents au service des mes proches, bien sûr, mais avec une grande disponibilité, autant que faire se peut, au service du bien commun.  J'ai beaucoup apprécié, par exemple, ces centaines de milliers d'assesseurs qui ont tenu les bureaux de vote, dans l'anonymat le plus souvent, bénévolement, pour que les élections se déroulent au mieux. A chacun de voir comment il peut donner de son temps et de ses capacités au service de tous. Finalement, quel sens donnons-nous à notre vie ?

Qu'est-ce qu'il m'est possible d'espérer ?   Je rencontre nombre de personnes qui me semblent plus ou moins déprimées : "Ah! Que l'été est pourri ! Nos vacances sont gâchées !"  "On ne peut plus avoir confiance dans la politique !"  "On n'écoute plus les personnes modérées..."  "Les gens ne pratiquent plus !" Etc.  Pas la peine d'aller à Jérusalem, le mur des lamentations est en France !  Finalement, sommes-nous condamnés à un total découragement ?  Faisons bien attention à ne pas nous laisser entraîner vers le bas.  A nous de repérer les multiples petits signes d'espérance, si furtifs soient-ils, qui sont réellement là, devant nous, sur notre chemin.  Ce voisin toujours disponible pour aller changer la bouteille de gaz d'une mamie dont les mains sont usées, ne ressemble-t-il pas à l'hirondelle qui annonce le printemps ?  Autant, chaque chose selon sa mesure, qu'un député qui vote une loi...

Qu'est-ce que l'homme ?   Nous connaissons sans doute nombre de personnes, y compris souvent dans notre famille, avec lesquels grands sont nos désaccords.  Et pourtant, la nature de l'homme n'est-elle pas infinie ?  Comme le disait le philosophe Pascal, "l'homme passe infiniment l'homme".  A nous de déceler, derrière chaque figure rencontrée, ce qui fait la grandeur, l'unicité de chaque être humain.  Même le plus difforme physiquement, ou le plus malade mentalement, reste essentiellement un homme dans toute sa dignité, car créé à l'image de Dieu.  Comment désormais regarder toute personne humaine avec le regard de Dieu ?

Chacun, s'il le désire, peut se poser ces quatre questions pour lui-même, et revoir au besoin sa vie avec cet éclairage.  Sous le regard de Dieu !

mardi 9 juillet 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2956 : Une parole de Lamartine à propos de l'Islam

 Lamartine, à l’instar d’autres auteurs non-musulmans (Victor Hugo, Goethe, Charles de Foucauld,...), témoigne de la grandeur du Prophète de l’islam. Une surprise sans doute, pour beaucoup d'entre nous, qui ne faisons pas toujours grand cas de cette étonnante religion.

« Jamais homme ne se proposa volontairement ou involontairement un but plus sublime, puisque ce but était surhumain : saper les superstitions interposées entre la créature et le Créateur, rendre Dieu à l’homme et l’homme à Dieu, restaurer l’idée rationnelle et sainte de la Divinité dans ce chaos de dieux matériels et défigurés de l’idolâtrie.

Jamais homme n’entreprit, avec de si faibles moyens, une œuvre si démesurée aux forces humaines, puisqu’il n’a eu, dans la conception et dans l’exécution d’un si grand dessein, d’autre instrument que lui-même et d’autres auxiliaires qu’une poignée de barbares dans un coin du désert.

Enfin jamais homme n’accomplit en moins de temps une si immense et si durable révolution dans le monde, puisque, moins de deux siècles après sa prédication, l’islamisme prêché et armé régnait sur les trois Arabies, conquérait à l’unité de Dieu la Perse, le Khorasan, la Transoxiane, l’Inde occidentale, la Syrie, l’Egypte, l’Éthiopie, tout le continent connu de l’Afrique septentrionale, plusieurs des îles de la Méditerranée, l’Espagne et une partie de la Gaule.

Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l’immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l’homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l’histoire moderne à Mohammad ? Les plus fameux n’ont remué que des armes, des lois, des empires ; ils n’ont fondé (quand ils ont fondé quelque chose) que des puissances matérielles écroulées souvent avant eux.

Celui-là a remué des armées, des lé­gis­lations, des empires, des peuples, des dynasties, des millions d’hommes sur un tiers du globe habité ; mais il a remué de plus des autels, des dieux, des religions, des idées, des croyances, des âmes ; il a fondé, sur un livre dont chaque lettre est devenue loi, une nationalité spirituelle qui englobe des peuples de toute langue et de toute race, et il a imprimé, pour caractère indélébile de cette nationalité musulmane, la haine des faux dieux, et la passion du Dieu un et immatériel.

Ce patriotisme vengeur des profanations du ciel fut la vertu des enfants de Mohammad ; la conquête du tiers de la terre à son dogme fut son miracle, ou plutôt ce ne fut pas le miracle d’un homme, ce fut celui de la raison. L’idée de l’unité de Dieu, proclamée dans la lassitude des théogonies fabuleuses, avait en elle-même une telle vertu, qu’en faisant explosion sur ses lèvres elle incendia tous les vieux temples des idoles et alluma de ses lueurs un tiers du monde.

Cet homme était-il un imposteur ? Nous ne le pensons pas, après avoir bien étudié son histoire. L’imposture est l’hypocrisie de la conviction. L’hypocrisie n’a pas la puissance de la conviction, comme le mensonge n’a jamais la puissance de la vérité.

Mais sa vie, son recueillement, ses blasphèmes héroïques contre les superstitions de son pays, son audace à affronter les fureurs des idolâtres, sa constance à les supporter quinze ans à la Mecque, son acceptation du rôle de scandale public et presque de victime parmi ses compatriotes, sa fuite enfin, sa prédication incessante, ses guerres inégales, sa confiance dans les succès, sa sécurité surhumaine dans les revers, sa longanimité dans la victoire, son ambition toute d’idée, nullement d’empire, sa prière sans fin, sa conversation mystique avec Dieu, sa mort et son triomphe après le tombeau attestent plus qu’une imposture, une conviction.

Ce fut cette conviction qui lui donna la puissance de restaurer un dogme. Ce dogme était double, l’unité de Dieu et l’immatérialité de Dieu ; l’un disant ce que Dieu est, l’autre disant ce qu’il n’est pas ; l’un renversant avec le sabre des dieux mensongers, l’autre inaugurant avec la parole une idée!

Philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier, conquérant d’idées, restaurateur de dogmes rationnels, d’un culte sans images, fondateur de vingt empires terrestres et d’un empire spirituel, voilà Mahomet.

A toutes les échelles où l’on mesure la grandeur humaine, quel homme fut plus grand ? »

Lamartine, Alphonse de, Histoire de la Turquie, Tome 1, Librairie du Constitutionnel, Paris, 1854-1855, p. 276 à 280

vendredi 5 juillet 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2955 : Le temps de Dieu !

 Nous sommes tous déboussolés, catastrophés par la tournure de la vie politique dans notre pays en ce moment. Question : mais si, au-delà des déceptions et des lamentations, ce moment, c'était "le temps de Dieu" ?

Je conçois que ce que nous vivons nous incite plutôt à penser que Dieu est absent, et que, face à nos chamailleries, nos projets sans fondements, nos rivalités, nos mensonges, notre haine de l'autre, du Juif, de l'étranger, du handicapé, Dieu, révulsé, profondément déçu, se soit enfui pour se mettre à l'abri de tout ce gloubi-boulga là-haut dans son ciel.

Mais quelle profonde erreur !  Partout, en tout lieu et en tout temps, le Dieu incarné, au contraire, est présent.  Et d'autant plus présent que tout va au plus mal.

Car, ainsi que le disait si justement le poète et philosophe allemand Hölderlin (1770-1843) :

                "Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve."

Forts de cette certitude, peut-être pouvons discerner ce qui, au coeur des événements actuels, est en train de sauver notre pays.  Quelques exemples, tout à fait en vrac ; mais ce sera à vous de les compléter avec ce que vous-mêmes avez repéré :

-  nombre de citoyens qui ne s'intéressaient en rien à la chose politique se sont tout à coup intéressés, et investis d'une façon ou d'une autre.  La parole s'est libérée, et des dialogues fructueux ont parfois pu avoir lieu.

-  des projets ont été pensés, étudiés, communiqués ; malgré des failles évidentes, l'on a essayé d'établir des priorités, en principe pour le service de tous et pour sortir le pays de l'ornière.  Et dans un certain nombre de cas, sans oublier les plus défavorisés.

-  dans quelques églises, trop rares malheureusement, l'on a pensé, l'on a eu à coeur de prier, et pas seulement à travers une trop brève prière universelle, "pour ne pas choquer nos paroissiens",  à l'intention de nos responsables politiques, quels qu'ils soient, et pour que l'Esprit puisse être entendu au coeur de chaque citoyen, ainsi que dans les groupes politiques et tous les regroupements qui se sont fait jour à cette occasion.

-  excellente déclaration de la Fédération Protestante de France sur l'enjeu de ces élections.

-  investissement de centaines de milliers de personnes dans l'organisation matérielle de ces élections, sous diverses formes : rédaction des professions de foi, gestion des bureaux de vote, etc.

-  énormément de demandes de procurations.

-  pas mal de candidats ont pris le temps d'écouter les citoyens, d'entendre leurs besoins et leurs appels.

-  en un mot, souhait largement exprimé que l'on puisse faire de la politique autrement.

-  etc.

"La barque était recouverte par les vagues, mais Jésus dormait. Les disciples le réveillèrent en disant : "Seigneur, sauve-nous, nous sommes perdus."  Mais il leur dit : "Pourquoi êtes-vous si craintifs, hommes de peu de foi ?"  (évangile de mardi dernier, en Matthieu 8/23-27) 

                "Dieu fait toute chose bonne en son temps."      (l'Ecclésiaste, 3/11)

 

 

 

mardi 2 juillet 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2954 : Le "vivre ensemble" est-il possible en France ?

 Ces derniers temps, on assiste à de grandes déchirures dans notre pays, avec un déferlement d'insultes et de reniements. La France est-elle en voie de division en tout genre ?  Les gens d'en-haut contre les gens d'en bas, les pauvres contre les riches, les Français de souche contre les personnes d'origine étrangère, la droite contre la gauche, les irresponsables, dans divers partis ou associations qui refusent de reconnaître qu'ils sont antisémites, contre les Juifs qui vivent en France, les croyants contre les non-croyants, les jeunes contre les vieux, etc.  Mais que ce serait triste d'en rester à un tel tableau. Car notre pays, c'est bien autre chose que cela !  Et il ne faut pas nous laisser embobiner par ces personnages qui ont tout intérêt à ce que tout aille mal dans notre nation, et à ce que haine et zizanie gagnent sans cesse du terrain.

Il est vrai que l'on peut ressentir un certain dégoût, quand ce n'est pas une grande déception vis-à-vis de la politique telle que nous la vivons. Mais cela ne doit pas nous dissuader de continuer à croire en la possibilité d'un meilleur vivre ensemble. Et s'il était possible de faire de la politique autrement ?  Vous allez me dire : mais ceci, ce n'est pas réaliste, à cause des extrêmes, de ceux qui sont antisémites, xénophobes, islamophobes, populistes, intégristes ou que sais-je encore ?

Attention alors !  Et demandons-nous comment entendre aussi, comment prendre le temps d'écouter ceux qui se situent à l'opposé de nos propres convictions, et surtout de nos valeurs, inspirées de l'Evangile ou d'un humanisme fraternel.  Ce ne sont pas des ennemis, mais le plus souvent, des gens qui souffrent, qui ont le sentiment d'être déconsidérés, qui se sont sentis largués, méprisés, oubliés, même si c'est peut-être à tort parfois. Et rappelons-nous que le Seigneur fait tomber la pluie sur les bons comme sur les méchants (Matthieu 5/45).  Vis-à-vis d'eux, serons-nous compréhensifs, artisans de paix et de réconciliation  ?

Sinon, comment défendre la démocratie ?  Comment continuer à co-habiter ?  Comment retrouver le chemin de la fraternité ? Quelle place donner à l'adversaire ?  Dans le cas contraire, ne risquons-nous pas de tuer le dialogue nécessaire à la démocratie ?  Alors qu'il nous faut plutôt revenir à la raison, et nous en tenir aux questions essentielles pour notre avenir commun : le fait que nous sommes tous des humains, veiller à ce que les plus défavorisés soient enfin pris en compte, soutenir la nécessité de respecter notre environnement, etc.  En fait, revenir aux fondamentaux qui seuls peuvent permettre à tous de retrouver une âme commune, malgré nos légitimes diversités.

Ne nous lassons pas de méditer ce que nous disait Antoine de Saint-Exupéry dans "Citadelle" : "Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis."

dimanche 23 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2953 : "Mort aux Juifs !"

 Vous avez peut-être vu comme moi récemment, dans les médias, cette affiche brandie lors d'une manifestation de l'extrême-gauche, mélangeant allègrement la critique de l'état hébreu poursuivant sa campagne militaire à Gaza, avec la présence de Juifs habitant en France, non engagés dans ce terrible conflit, mais eux-même pourtant mis en cause parce que Juifs, et agressés pour cette raison !

Croyez-vous qu'il y ait eu des poursuites contre ces antisémites souhaitant la mort des Juifs, de la part du gouvernement français ? Non, bien sûr !  Ce en quoi, beaucoup de commentateurs l'ont fait remarquer, la majorité, par son absence de réaction sur ce point comme sur tant d'autres, a vraiment fait le lit du Rassemblement National.

Avons-nous assisté à une levée en masse des Français contre des horreurs comme le viol de cette fillette juive de 12 ans ? Apparemment non !

Aujourd'hui, à l'invitation de la communauté juive du Pays des Olonnes, j'ai participé à une journée de rencontre et d'amitié avec un certain nombre de frères et soeurs Juifs de la région.

En voyant les jeunes filles adolescentes présentes, je pensais à cette malheureuse fillette, violée à Courbevoie.

Charles, le beau-père du grand rabbin de France, a déclaré, à plusieurs reprises : "En France, on ne se sent pas soutenus !"  Dans notre pays, aujourd'hui, les Juifs se sentent seuls, et ils vivent dans la peur !

Je souffrais en moi-même de ne pas pouvoir dire que la conférence des évêques de France avait fait part de son horreur, de sa compassion et de sa prière, puisqu'il n'en a rien été.

En a-t-on parlé dans nos églises en ce dimanche ?  Avons-nous prié pour nos frères aînés agressés ?  Notre Eglise est vraiment, une fois de plus, au-dessous de tout, et j'en ai vraiment honte !

En Vendée par exemple, pour un soutien permanent et total des Juifs, au plan ecclésial, l'on ne peut compter que sur l'association interreligieuse "Dialogue pour la paix au Pays des Olonne", dont le vice-président est Charles dont je vous ai parlé ci-dessus, et l'Amitié Judéo-chrétienne de Vendée (l'AJCV). C'est déjà pas mal, mais c'est trop peu !

Il y avait à côté de moi, au repas de ce midi, une juive, d'origine polonaise, dont les parents ont été exterminés à Auschwvitz ; elle m'a raconté qu'il y a peu, à Paris, en prenant sa place dans le métro, elle a été estomaquée de lire, sur le siège d'à côté, l'horrible formule "mort aux Juifs" !

En France, on a noté une augmentation de 1000% des actes antisémites fin 2023 : 1.200 actes recensés.  Les Juifs déplorent une condamnation faible de cette flambée d'antisémitisme.  Cela risque aussi de parasiter le vote aux prochaines législatives !

Les Juifs sont-ils condamnés à être agressés, délaissés, violés, condamnés pour l'éternité ?  Cela dépend de l'attitude de chacun de nous !

Relisons nos classiques : "Lorsque j'aperçois un Juif, je contemple l'Eternité !"  (Tolstoï)

vendredi 21 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2952 : Tout le monde n'aime pas les Juifs, en France !

 Communiqué de l'Amitié Judéo-Chrétienne de France

 
Une fois de plus, la Communauté juive en France est blessée avec une violence inouïe.

Une fois de plus, l'enfance juive est atteinte dans sa chair. Il y a 12 ans, trois enfants juifs étaient
assassinés à Toulouse par un islamiste pour la seule raison d'être juifs.

Aujourd'hui, une enfant de 12 ans a été violée en se faisant traiter de “sale juive”. Les trois jeunes
agresseurs âgés de 12 à 13 ans ont dit qu'ils entendaient "venger la Palestine" ?

Jusqu'où ira l'horreur?

Jusqu'où ira l'infamie des agitateurs d'antisémitisme, les porteurs de haine contre les juifs ?

Une fois de plus, l'Amitié Judéo-Chrétienne de France demande au gouvernement de ne plus se
contenter de bonnes paroles, mais de considérer enfin qu'attiser l'antisémitisme est un délit qui conduit
à des drames épouvantables, et de poursuivre devant les tribunaux les responsables politiques qui, par
leurs paroles, incitent au passage à l'acte.
.
Jean-Dominique Durand
Président de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France
21 juin 2024

 

Il est extrêmement regrettable que certaines associations ou instances politiques aient importé en France le conflit israélo-palestiniens.

De telles attitudes, hautement inflammables, ne font en rien avancer la cause de la paix au Proche-Orient. 

En gardant, en son sein des personnes ou associations qui ont insulté des Juifs ou les ont poussés à rejoindre plutôt le Rassemblement National, le Front Populaire  fait preuve d'une inconséquence qui risque de lui être fatale !

Voici deux réflexions à l'attention des antisémites de l'extrême gauche qui risquent de faire voler en éclat l'union des forces populaires :

Jean-Paul Sartre : "L'antisémite est un homme qui a peur. Non des Juifs, certes, mais de lui-même, de sa conscience, de sa liberté, de ses instincts, de ses responsabilités, de la solitude, du changement, de la société et du monde ; de tout, sauf des Juifs (...) C'est l'homme sui veut être roc impitoyable, torrent furieux, foudre dévastatrice : tout sauf un homme."      (voir mon blog du 29 mars 2019, n° 2273)

Emile Zola (dans sa "Lettre à la jeunesse")  :  "Des jeunes gens antisémites, ça existe donc, cela ?  Il y a donc des cerveaux neufs, des âmes neuves, que cet imbécile poison a déjà déséquilibrés ?  Quelle tristesse, quelle inquiétude pour le XX° siècle qui va s'ouvrir !"

jeudi 20 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2951 : Prier à la manière de Jésus

 L'évangile de ce jeudi 20 juin nous présentait la prière du Notre Père (Matthieu 6/7-15). Ce fut l'occasion de nous redire, lors de la messe de ce jour, en quoi consiste le fait de prier, d'après Jésus.

J'ai toujours été frappé par la multitude de prières que produisent des gens très pieux, mais dont les contenus témoignent souvent plus de la psychologie de leur auteur et de sa piété personnelle que de l'exemple de prière que nous a donné Jésus.  Car la seule vraie prière, c'est celle que Jésus nous a donnée.

Deux parties dans le Notre Père.  La 1° partie, qui représente la moitié de cette prière, consiste à se tourner vers le Père, vers "notre" Père, pour souhaiter, non pas quelque chose qui nous concerne, mais bien plutôt, l'avancée de son "travail" de Père, la progression de sa mission de salut.  Et cela, à travers les trois intentions, les trois souhaits suivants :

"Que ton nom soit sanctifié" : souhaiter que le nom de Dieu soit connu, béni, loué, telle devrait être le point de départ, la 1° partie de toutes nos prières.  En évitant par-dessus tout de commencer par parler de nous et de nos besoins.

-  "Que ton règne vienne": le souci premier d'un chrétien en prière, c'est que le Royaume de Dieu avance, que le salut progresse dans le monde ; nous prions pour l'Eglise et pour l'humanité.

-  "Que ta volonté soit faite", et non la mienne bien sûr !  Mais qu'est-ce que le Père veut, pour moi et pour le monde ? Car il ne s'agit pas d'abord de ce que moi, je veux, pour moi. Cependant, n'ayez crainte ; cela viendra dans la 2° partie de cette prière.

D'après Jésus, la moitié d'une vraie prière consiste donc en ces trois voeux ci-dessus.  On arrive alors à ce qui constitue la 2° moitié de la prière du Notre Père ; et l'on se trouve à présent en face de trois demandes :

"Donne-nous notre pain quotidien".  Le pain de notre nourriture matérielle, mais aussi le pain eucharistique.  Le pain de la fraternité et du partage.  Le pain de la culture et de l'échange, en gros,  tout ce qui peut nourrir l'homme, matériellement et spirituellement.

"Pardonne-nous nos offenses" :  cette demande est la plus simple, et ne demande pas d'explication particulière ; sauf que celui qui n'arrive pas à pardonner ne peut de présenter à l'eucharistie : avant de te présenter à l'offrande, va d'abord te réconcilier avec  ton frère...

"Délivre-nous du mal". C'est à ce moment-là que l'on peut évoquer le mal qui nous afflige : la maladie, le mal climatique, le fait de mal accueillir l'étranger, le mal des ruptures, notre mal-être, etc. a

Bine sûr, l'on peut continuer à prier avec toutes les multiples prières que nous connaissons.  Mais il nous faut comprendre que Jésus nous a donné le Notre Père pour nous apprendre à prier, et à désirer l'essentiel. Jésus nous apprend en effet à désirer le salut du monde, et il nous précise ce qu'il nous faut demander.

Mais pas la peine de faire des listes de demandes ; en effet, comme le dit Jésus : "Votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l'ayez demandé."

Quant au Je vous salue Marie, c'est une prière beaucoup plus récente, qui n'a pas été proposée par Jésus.  C'est une grande aide pour nombre de chrétiens, mais la référence quand on parle de la prière, c'est évidemment le Notre Père !

 

 



 

 

mercredi 19 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2950 : Appel signé par 6000 chrétiens

 

 « Aime ton prochain comme toi-même » (Marc 12, 31).

Chrétiennes et chrétiens, c’est ce que nous nous efforçons de vivre à la suite de Jésus-Christ. Alors que le Rassemblement national est aux portes du pouvoir, nous affirmons notre opposition déterminée à l’extrême droite et à ses idées. Nous appelons nos sœurs et frères à voter massivement contre le Rassemblement National.

Dans la parabole du bon Samaritain (Luc 10, 25-37), l’homme blessé, abandonné au bord de la route, est secouru par un étranger. L’Évangile renverse nos schémas de pensée, il nous appelle à prendre soin de tous nos frères et sœurs, par amour, sans aucune exception d’origine ou de religion, en reconnaissant l’égale et infinie dignité de chaque personne humaine.

lundi 17 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2949 : "La politique est la forme la plus haute de la charité. " (Pape Pie XI)

Pour nombre de personnes, la politique, c'est ce qui doit permettre à tous de pouvoir vivre, et surtout, de mieux vivre.  D'où, ces deux attentes principales qui arrivent en tête au sein des programmes de quasiment tous les partis : un meilleur pouvoir d'achat, et une vraie sécurité. 

Vous me direz : c'est bien ; mais comme cela semble loin de l'idéal proposé par le Pape Pie XI, le 18 décembre 1927, lors d'une déclaration aux universitaires catholiques italiens : "La politique, c'est la forme la plus haute de la charité."

Attention ! Il ne faut pas minimiser les attentes des citoyens.  De nos jours, pour beaucoup, la vie est dure, et le pouvoir d'achat est une question vitale ; sans parler du problème des retraites !  Tandis qu'une soif de vraie sécurité est vivement souhaitée par l'ensemble de la population.

Cependant, ce qui est inquiétant, c'est que nombre de responsables politiques, y compris au plus niveau, et dans quasiment tous les partis, en restent souvent à des problèmes matériels, alors qu'il serait bon d'entraîner les citoyens à découvrir et comprendre les vrais enjeux de la politique au plus haut sens du mot, et l'importance du vivre-ensemble : là, on est dans le spirituel en effet !

D'ailleurs, les Français veulent un monde politique différent.  Et si c'était autour d'une vraie fraternité, avec la mise au premier rang des priorités le souci des personnes les plus défavorisées ?

Traiter les questions du pouvoir d'achat et de la sécurité, c'est tout à fait nécessaire.  Mais quel responsable politique va oser situer cela dans une perspective plus large, et pas seulement en raison d'un souci électoral ?  C'était ce à quoi le Pape Pie XI avait voulu inviter ses contemporains il y a près d'un siècle.

L'écrivain Antoine de Saint-Exupéry, pendant le temps de son exil aux Etats-Unis, était intervenu en ce sens quand il écrivait, en 1943, dans sa "Lettre à un otage", adressée à un ami juif, caché dans le Jura, dans une France occupée : "Les craquements du monde moderne nous ont engagés dans les ténèbres. Une politique n'a de sens qu'à condition d'être au service d'une évidence spirituelle."

Or, au milieu des débats actuels et des luttes d'égo  -  moi, moi, moi  -  nos responsables politiques, en France, semblent souvent loin de vouloir entraîner nos concitoyens sur un tel chemin, un peu exigeant, nécessitant l'investissement spirituel de chacun, au delà des simples besoins matériels, si importants  soient-ils.

Ecoutons encore Saint-Exupéry, ce merveilleux maître à penser comme il en manque tant :  "Aujourd'hui, je suis profondément triste pour ma génération, qui est vide de toute substance humaine. (...) Il n'y a qu'un problème, un seul de par le monde : rendre aux hommes une signification spirituelle.  Ils auraient tant besoin d'un Dieu.  Quand la France sera sauvée, alors se posera le problème fondamental de notre temps, qui est celui du sens de l'homme, et auquel il n'est point proposé de réponse ; et j'ai l'impression de marcher vers les temps les plus noirs du monde."

C'est ce que ce "Pilote de guerre", Antoine de Saint-Exupéry, écrivait, en 1943 également, dans sa "Lettre à un général", texte poignant rédigé peu de temps avant sa mort.  Une interpellation par rapport à la dimension spirituelle profonde de la politique, que notre président et nos responsables politiques, pour élever le niveau à ses justes enjeux, auraient fort intérêt à méditer !

samedi 15 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2948 : Les échecs du "grand" roi Salomon

Déformation professionnelle ? En réfléchissant aux échecs continus et manifestes du président de notre pays, je n'ai pas pu ne pas penser aux multiples échecs des rois d'Israël, longuement relatés dans la Bible. A ce sujet, j'ai essayé de relire les raisons des échecs, par exemple, du roi Salomon ; tout en me demandant si cela ne serait pas éclairant par rapport à la situation que nous vivons aujourd'hui. Loin de moi de vouloir faire un parallèle entre le roi Salomon et notre président : ils ne jouent certainement pas dans la même catégorie !   Et pourtant, que de similitudes surprenantes... 

Ceci dit, je crois en effet que, comme le disait l'Ecclésiaste (1/9) : "Ce qui a existé, ce qui existera ; ce qui s'est fait, c'est cela qui se fera ; rien de nouveau sous le soleil !"  Est-ce une coïncidence ?  La tradition veut que Salomon, roi d'Israël de 970 à 930 avant notre ère, soit l'auteur de l'Ecclésiaste..  Et les raisons des échecs d'il y a 3000 ans peuvent aussi être celles d'aujourd'hui !

Et pourtant, Salomon était de bonne famille ; il venait d'un milieu favorisé, cultivé, si l'on en croit la Bible.  Il avait connu la facilité dans tous les domaines, eu de bons emplois dans lesquels il a été reconnu, exercé d'importantes responsabilités auxquelles il avait su faire face.  Son talent était reconnu.  Sur le plan professionnel, il était éblouissant de réussite : il avait construit le palais, un temple magnifique, le mur d'enceinte de Jérusalem, etc (1 Rois 3/1)...

Mais assez vite, il s'est enlisé dans des erreurs qui l'ont entraîné bien bas ; la source de ses égarements ?  L'abandon de certaines règles morales, l'éloignement des vrais besoins de son peuple.. Empêtré dans sa suffisance, sa vie a bifurqué.  Il ne comptait que sur lui même.  Sa réussite lui a fermé les yeux sur ce qu'aurait dû être son rôle face à un peuple qui attendait tout de lui.  Il s'est allié au pharaon, l'homme fort de l'époque.  Sa conscience en fut altérée !

Le drame, c'est qu'il a cru pouvoir conserver la maîtrise des situations, alors qu'il en était asservi.  Il n'en a fait qu'à sa tête, ne comptant plus alors ni sur ses conseillers, ni sur Dieu.  Salomon lui-même avait pourtant eu la sagesse de dire : "Quand on ne consulte personne, les projets échouent ; mais lorsqu'il y a beaucoup, de conseillers, ils se réalisent."  (Proverbes 15/22)  Une fois roi, Salomon s'est reposé...sur lui-même ; son malheur, c'est qu'il était intelligent et...orgueilleux.  Il s'est appuyé sur sa soit-disant sagesse ; mais quand l'orgueil s'en mêle, cette sagesse diminue sérieusement.

Les conséquences de ces faiblesses du roi Salomon ont été très graves. Les répercussions de ses erreurs se sont étendues à tout le peuple, qui a été victime de ses égarements.  Les Israélites se sont détourné comme lui du droit chemin de leurs ancêtres.  De plus, le pays s'est alors divisé en deux, et ce déchirement a été terrible. Dieu lui a dit en effet : "Parce que tu n'as pas observé les lois que je t'avais données, je t'enlèverai le royaume et je le donnerai à ton serviteur : c'est décidé !"  (1 Rois, 11/11)  

Les proches de Salomon se révoltèrent contre lui, parmi eux, Jéroboam.  "Jéroboam aussi se révolta contre le roi, alors qu'il était à son service (...) Ce Jéroboam était un homme courageux et de grande valeur ; Salomon avait remarqué la qualité de son travail."  (1 Rois 11/28)  Le prophète Ahyia confia à Jéroboam la mission d'annoncer à Salomon que Yahvé allait diviser en deux son royaume, pour le  punir.  Il faut relire ce passage du premier Livre des Rois (11/26/40) L'affaire s'est conclue de la façon suivante, démontrant bien la mauvaise foi de ce roi : "Salomon chercha à faire mourir Jéroboam, mais Jéroboam s'enfuit en Egypte et il y resta jusqu'à la mort de Salomon."  (1 Rois 11/40)  Salomon s'est ainsi discrédité et termina sa vie obscurément.

Comme nous le répétait de temps à autres le Père Girard, un de mes excellents professeurs de littérature au séminaire des Herbiers : "Sic transit gloria mundi !"   "Ainsi passe la gloire de ce monde !"  A bon entendeur, salut !



mardi 11 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2947 : Elections : regarder la figure du Christ !

 Les évêques des Hauts-de-France n'ont pas tardé à réagir, suite aux résultats des élections européennes en France, et particulièrement dans leurs trois diocèses du nord de notre pays.  J'étais heureux d'entendre, dès ce mardi matin, des commentaires élogieux quant à leur déclaration, sur les ondes de France-Inter, où leur parole a été prise au sérieux.

Dans ce contexte bien troublé et plein de fureur, ils ont raison de nous inviter à la sagesse et à la réflexion.  Il nous faut comprendre aussi ceux qui, dans notre pays, se sentent abandonnés, incompris, oubliés, sinon méprisés.

Mais surtout, ils nous appellent, face aux enjeux en cours, à regarder la figure du Christ, et à relire et méditer la page des Béatitudes, au chapitre 5 de l'évangile de St Matthieu, pour mieux comprendre ce que pourraient être les bases et l'inspiration profonde d'un véritable programme de gouvernement.


Pour une sagesse politique
 
Les résultats des élections européennes et l’annonce par le président de la République de la dissolution de l’Assemblée nationale qui a suivi sont un symptôme des profonds malaises ressentis face aux crises et aux bouleversements qui agitent les sociétés dans notre monde. Des hommes et des femmes se sentent aujourd’hui un peu perdus, délaissés et sans avenir. Ils aspirent à reprendre en main leur destinée dans une plus grande sécurité. Ce sentiment légitime est cependant ambigu car il peut verser dans la nostalgie, la victimisation de soi ou la quête d’un bouc émissaire.
 
Plus les temps sont troublés, plus nous avons besoin de sagesse, une sagesse politique ancrée courageusement dans la tradition humaniste, la fidélité au service du bien commun, l’attention aux plus petits, l’humilité de l’écoute et la solidarité universelle.

Le temps n’est plus où l’Église catholique donnait des consignes de vote en s’immisçant dans les consciences. Évêques de Lille, Arras et Cambrai, nous encourageons cependant les chrétiens et les personnes de bonne volonté à s’engager dans la société en regardant la figure du Christ et en appelant les lumières de l’Esprit Saint.

+ Laurent Le Boulc’h, archevêque de Lille
+ Vincent Dollmann, archevêque de Cambrai
+ Olivier Leborgne, évêque d’Arras

 

dimanche 9 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2946 : "Qui sont mes frères ?" demande Jésus, en Marc 3/33

 Si j'avais dû faire une homélie en ce dimanche, je crois que j'aurais commenté cette scène finale de l'évangile de ce jour dans laquelle, à ceux qui lui signalent que sa mère et ses frères sont là qui le cherchent, Jésus répond, un brin provoquant, que "celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une soeur, une mère."

Toujours aussi déroutant, ce Jésus !  Et pas plus compris aujourd'hui qu'en son temps !  On imagine la tête de ses auditeurs, probablement interloqués par une telle réponse !  Mais que voulait-il donc dire ?  De fait, Jésus fait là une déclaration capitale. Sa vraie famille, il la situe non dans sa parenté charnelle, mais dans les hommes et les femmes qui font la volonté de Dieu.

Mais, "faire la volonté de Dieu", n'est-ce pas un peu vague ?  Est-ce que cela signifie aller à la messe chaque dimanche, ne pas oublier de se confesser, organiser des temps d'adoration, ne pas manger de viande le vendredi ?  Je blague !  En réalité, nous avons déjà la réponse dans les Evangiles, à propos de ce que Dieu veut de nous, attend de nous ; il suffit de relire les Béatitudes (Matthieu 5/1-12) ou Matthieu 25/31-46 : "J'ai eu faim..."  Vous connaissez !

Mais alors, ceux qui font la volonté de Dieu, ce ne sont pas forcément les chrétiens seulement ; en effet, nous connaissons tous des  personnes sans lien avec l'Eglise, mais qui donnent le meilleur d'eux-mêmes pour bâtir un monde plus fraternel. Charles Péguy ne disait-il pas : "Le corps du Christ est plus étendu qu'on ne le pense" ?  Et il parlait aussi, à propos d'un de ses amis juifs athées, de "...ces athées qui ruissellent d'Evangile."

Je vous propose un petit exercice  -  une fois n'est pas coutume  -  et si nous essayions de repérer une ou plusieurs personnes de notre entourage, y compris dans notre famille, qui n'ont aucun lien avec l'Eglise, mais gardent le souci de servir leurs frères ?  D'abord, cela nous permettrait de jeter sur eux un autre regard, étant donné qu'ils sont, même non croyants, les frères et soeurs de Jésus ; mais d'autre part, cela pourrait alimenter notre action de grâce, notre espérance et notre prière !

Personnellement, je viens de vivre deux faits en ce sens,rien que  cet après-midi.  Une jeune femme de mes amis, très loin de l'Eglise, vient de me partager qu'elle donnait de son temps pour accompagner une de ses tantes, très touchée par la maladie et la solitude, tout en cherchant l'issue la meilleure pour la sortir de sa situation.  Puis, c'est un militant communiste, avec lequel j'avais beaucoup sympathisé tandis que j'étais curé sur les Sables d'Olonne, qui m'a expliqué son engagement en faveur d'une solution pacifique en Israël-Palestine.

Je n'ai pas eu besoin de chercher des intentions de prière pour finir cette journée, ni eu la tentation de me plaindre car il y a bien peu d'enfants qui font la profession de foi désormais.  L'Esprit de Pentecôte est toujours actif et présent.  Merci Seigneur pour tous ces frères et soeurs qui font la volonté de Dieu, bien au-delà des murs de nos instances chrétiennes !

mardi 4 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2945 : Europe, peuple de frères

Quand je pense Europe, c'est un peu comme lorsque j'admire l'océan, sur le port de Bourgenay où je réside. Plein d'espérance, j'y vois comme un horizon immense, avec des possibilités infinies, à l'image même de la mer, toujours magnifique, que ce soit les jours de beau temps ou de tempête ! 

Ce que j'ai de la peine à comprendre, c'est que, comme des enfants gâtés, nous avons de la peine à nous entendre entre pays européens. Je suis consterné par exemple de constater que, notre pays en tête, nous n'arrivons pas à saisir qu'il nous faut davantage soutenir l'Ukraine. Je suis navré aussi de constater que la France se permet sans cesse de donner des leçons aux autres pays. Il est vrai que pendant 2000 ans, nous nous sommes entretués allègrement entre Européens, et il demeure quelques beaux restes dans notre inconscient !

Ma grande crainte, c'est que les catholiques de France, dans nos paroisses, ratent, une fois de plus, un rendez-vous de l'histoire, et tournent le dos en grand nombre aux invitations de l'Evangile et aux grandes options de Vatican II. Selon une note du Cevipof-Sciences Po, publiée en mai par le chercheur Claude Dargent, 42% des catholiques, surtout les plus jeunes, envisagent de voter pour, les listes menées par Jordan Bardella (RN) ou Marion Maréchal (Reconquête). Mais qu'avons-nous donc raté dans notre pastorale pour que l'on en soit arrivé là ???

Et pourtant, quelle merveille que cette Europe !  En vrac, je vous livre quelques témoignages, volontairement tout à fait au ras du sol et forcément limités et très brefs !  Principalement vécus dans ma jeunesse, mais qui ont fait de moi jusqu'à aujourd'hui un européen convaincu et militant.

Macédoine du Nord, alors en Yougoslavie : près de la capitale, Skopje, quel merveilleuses rencontres avec des familles paysannes, cultivant le tabac, exploitant des arbres fruitiers, si heureux de partager avec des Français de passage : un accueil, une amitié, des sourires que je n'ai jamais oubliés. Avec une immense souffrance face au manque de liberté, sous un régime alors dictatorial.

La Grèce, pays de merveilles, traversée en auto-stop dans tout les sens, Péloponnèse compris. Au-delà des seuls merveilleux monuments, des habitants si enchantés de nous faire connaître leur beau pays, heureux de nous faire monter dans leurs véhicules, de faire des détours pour nous conduire où nous souhaitions aller.

.  Quant à la Turquie, si méconnue, quelle surprise, par exemple, quand une famille juive d'Istanbul nous a proposé de nous emmener passer quelques jours de vacances avec eux  dans les îles au Prince ! Un rêve !

.  En Belgique, à Tournai, j'ai pu voir le monument que le Souvenir belge a élevé à la gloire des soldats vendéens, deux bataillons de territoriaux de la Roche-sur-Yon et de Fontenay-le-Comte qui se sont battus pour protéger Tournai contre l'envahisseur allemands, en août 1914 ; ils ont été décimés, mais les Belges ne les ont pas oubliés ! 

.  En URSS, avant la chute du mur, de passage à Moscou en revenant du Mali vers la France par l'Aéroflot, souvenir merveilleux de l'attention des Russes, toujours prêts à nous renseigner lors de notre visite de Moscou. Je vous ai déjà raconté sur ce blog comment, quand nous arrivions dans le métro, souvent bondé, avec notre sac à dos, chaque fois, dix moscovites se levaient pour nous laisser leur place. Verrait-on cela à Paris ?

.  En vacances dans les Pyrénées, près de la frontière espagnole, nous décidâmes un jour de gagner l'Espagne. Arrivés dans la ville de Bielsa, un dimanche, nous sommes allés à la messe. Le curé nous a repérés, et présentés à sa communauté. Puis, il nous a invités au restau. Il nous a ensuite conduit à l'entrée du tunnel de Bielsa, alors en construction, et confiés à des amis espagnols qui nous ont guidés pour notre retour vers le France, à travers le chantier énorme de ce tunnel en construction.

.  Quant à l'Italie, je n'oublierai jamais ce routier italien, qui nous a pris en stop dans un immense camion et qui, le soir, allant dormir dans un motel, nous laissé dormir dans les couchettes de son camion, nous faisant une totale confiance.

Le Portugal : prêtre aux Herbiers, les Portugais de la paroisse nous ont invités à aller avec eux, chez eux au Portugal. Avec l'accueil que vous devinez !

Je pourrais, et vous aussi sans doute, multiplier les faits vécus de fraternité au sein de l'Europe. Ce serait dommage de gâcher tout ça, pour des raisons d'égoïsme et de refus de l'autre différent de nous.  N'avons-nous pas tout à gagner, en y mettant les conditions bien sûr, pour vivre ensemble comme des frères ?

A la veille des élections européennes, il vaudrait la peine de relire le fameux discours de Victor Hugo prononcé au Congrès de la Paix le 21 août 1849 : "Si les nations sont des patries, l'humanité est une famille (...) Tous ensemble, France, Angleterre, Belgique, Allemagne, Italie, Europe..., disons aux peuples : "Vous êtes frères" !"



lundi 3 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2944 : De Sainte-Hermine à Auschwitz, un voyage au bout de l’enfer

 Un très grand merci à "Ouest-France pour cet intéressant témoignage paru le 28 mai dernier.

Martin Rosen, en exil à Sainte-Hermine (Vendée), a traversé le XXe siècle. Du chemin des Dames à Auschwitz-Birkenau, c’est dans les fracas des deux guerres, que son destin a basculé en 1944. Rencontre avec Philippe Barré, enseignant et maire, qui évoque la mémoire en partage.

  Martin Rosen, herminois, fut déporté dans le convoi n° 68 en février 1944. La date exacte de son décès à ce jour est inconnue.

 Philippe Barré, professeur d’histoire géographie, maire de Sainte-Hermine (Vendée) et conseiller Régional se confie sur un voyage en Pologne récent pour entretenir la mémoire de Martin Rosen, réfugié à Sainte-Hermine (Vendée), et envoyé dans les camps de la mort en 1944 sur dénonciation.

 

.  Vous venez d’effectuer un séjour en Pologne, dans quel cadre ?

 Mes collègues d’histoire-géographie du lycée Notre-Dame-de-Fontenay-le-Comte m’ont proposé de les accompagner dans le cadre d’un voyage pédagogique avec 25 élèves de Terminale. Nous avons été accompagnés par l’association « Mémoire Partagée » et Michael Butting dont l’objectif est de transmettre, d’entretenir la mémoire des victimes du fascisme, de l’Holocauste et de la Shoah. Ce projet pédagogique a aussi pu se faire grâce à différentes subventions dont celle du Comité International d’Auschwitz.

·  ·  Parlez-nous de la fin tragique de l’Herminois Martin Rosen ?

 Contraint de quitter Metz au début de la Seconde Guerre mondiale, il s’est réfugié avec son beau-frère, à Aytré (Charente-Maritime) en mars 1940. À l’automne, comme il était juif, il lui a été interdit de retourner à Metz. Après l’occupation de la zone libre, le 11 novembre 1942, Martin Rosen et son beau-frère ont été contraints par l’administration française de quitter Aytré au début de l’année 1943. Ils se sont réfugiés à Sainte-Hermine. Martin Rosen y était manœuvre. Dans la nuit du 30 au 31 janvier 1944, 36 juifs de Vendée ont été raflés. C’est le cas de Martin Rosen, qui a été arrêté à 2 h 30 du matin. Il a été conduit à la salle paroissiale Notre-Dame, rue Hoche, à La Roche-sur-Yon, puis au camp d’internement de Drancy, le 3 février 1944. Le 10 février, il est déporté dans le convoi n°68, en direction d’Auschwitz- Birkenau, où il a probablement été gazé dès son arrivée. Il allait avoir 54 ans.

 Martin Rosen, Chil Mayer en hébreu, né le 18 août 1890 à Krosiewce en Pologne (russe à l’époque). En exil à Sainte-Hermine en 1943, il fut dénoncé, et arrêté dans la nuit du 30 au 31 janvier 1944. Déporté en février à Auschwitz.

 L’antisémitisme est toujours présent en France. On a pu voir, entre autres, des tags antisémites à La Roche-sur-Yon. Quel est votre sentiment ?

 L’antisémitisme et le racisme représentent ce qu’il y a de plus nauséabond dans nos sociétés. Pour les actes antisémites qu’on peut voir ces derniers temps en France, c’est incompréhensible. Les juifs français ne sont pas responsables de ce qui se passe en Israël ou en Palestine. Tout cela est entretenu par les discours populistes et simplistes. C’est inadmissible que nos principes républicains soient bafoués de la sorte, encore plus lorsque c’est par des élus de la République. On ne peut pas tout laisser dire et tout laisser faire. On ne peut pas être modérément républicain. La France contemporaine s’est construite à partir de la déclaration des droits de l’homme. Il ne peut pas y avoir de compromis avec l’antisémitisme et le racisme.

 Que souhaitez-vous transmettre de ce voyage en Pologne ? 

 Cela fait 20 ans que je suis professeur d’histoire-géographie et que j’enseigne sur la Shoah. Cependant, lorsqu’on est sur place, l’horreur prend une autre dimension. C’est difficile à expliquer. L’immensité de Birkenau rend encore plus compte de l’industrialisation de la mort à grande échelle. À Auschwitz, plusieurs lieux m’ont marqué : les traces des ongles sur les murs de la chambre à gaz, une salle avec 1,5 tonne de cheveux. Les salles remplies de valises, de chaussures… J’ai beau enseigner la Shoah depuis de nombreuses années, lorsqu’on est sur place, on réagit en tant qu’être humain, qui ne peut qu’être horrifié par ce qu’il est en train de voir. Enfin, à Birkenau, il y avait du soleil et de l’herbe bien verte. Ce qui m’a paru complètement incongru lorsqu’on connaît les conditions de vie des déportés, avec la neige, l’hiver, la boue. 

En tant qu’homme, enseignant avez-vous un dernier mot ?

La folie des Nazis a conduit à la mort, la quasi-totalité de millions de déportés. Ils étaient juifs, homosexuels, tziganes, opposants politiques, handicapés. À Birkenau, lorsque j’étais à la Judenrampe, j’ai spontanément pensé à Martin Rosen, à tous ces résistants du Pays de Sainte-Hermine, qui ont participé aux parachutages d’armes en juin 1943 en Vendée.

Beaucoup ont été arrêtés puis déportés. La plupart ne sont jamais revenus. Ils sont morts pour nos valeurs, pour la France. Ce voyage pédagogique m’a renforcé dans ma volonté de rappeler notre mémoire et notre histoire. C’est indispensable pour ne pas oublier, mais c’est aussi un bon moyen pour combattre l’obscurantisme.

 

samedi 1 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2943 : Malgré tout, la vie est belle !

 Face à tout ce que nous vivons, guerre en Ukraine et ailleurs, conflit israëlo-palestinien, problèmes climatiques, maladies, souffrances multiples, pauvretés en tout genre, n'est-il pas un peu déplacé, sinon indécent, d'oser dire quand même que "la vie est belle" ?  Je me suis beaucoup posé la question, alors que je viens de passer une petite semaine hospitalisé, suite à mes problèmes de coeur et autres. D'où mon silence de cette semaine sur ce blog.

Oui, c'est vrai, la vie n'était pas belle, vue de l'intérieur de l'hôpital : tous ces gens, atteints souvent de façon très grave, fatigués, épuisés, seuls et sans soutien parfois, sans grand espoir d'amélioration et encore moins de guérison.  Sans cesse, en regardant autour de moi, je me suis dit et répété : quel avenir pour ce jeune gravement atteint par telle pou telle pathologie, diabète ou autre ?  Et pour ce malade qui n'a plus aucun contact avec sa femme et ses petits-enfants ?  Et tel autre qui a dû faire le deuil de tous ses projets professionnels ?

Et pourtant, quelle leçon de vie ! Durant la semaine, j'ai pu observer les uns et les autres, entendre des réactions pas toutes négatives ni désespérées, remarquer des attitudes d'écoute, des gestes d'entraide et d'encouragement mutuel. Plusieurs échanges entre malades, partageant à propos de la façon dont ils gèrent ce qui leur arrive, m'ont redonné une petite flamme d'espérance.

Il y a en gros deux catégories de malades, et cela, même si nous faisons souvent partie de ces deux groupes à la fois.  Pour parler simplement, il s'agit de ceux qui sont parvenus, ou du moins essayent, d'accepter leur maladie ; et d'autre part, de ceux qui n'arrivent pas à la regarder en face, et se laissent écraser, dominer par elle.

Je disais que moi-même, je me situais un peu dans les deux catégories à la fois. Même si mon médecin traitant, fin observateur, m'a dit que, après un an de refus et d'un certain déni, il lui semblait que j'avais commencé à accepter le mal dont je suis atteint.

Cependant, quand on vient de me dire cette semaine qu'il n'y a guère d'amélioration en ce qui concerne mon coeur, toujours inopérable, et que, sans parler des autres problèmes également destructeurs, je vais désormais devoir me piquer chaque jour à l'insuline, j'ai recommencé à douter !

Et pourtant, de quoi est-ce que je me plains ? Je vais trouver de l'insuline, et de bons soignants, ce qui n'est pas le cas de bien des malades en Afrique par exemple. J'ai fait l'expérience une fois de plus d'un service de santé compétent, empathique, attentionné, fraternel. Et je suis encore debout pour l'instant.

Oui, finalement, la vie peut être belle quand on voit la façon dont des malades très atteints peuvent être bien accompagnés et soignés, quand on accepte la situation qui est la nôtre sans rêver inutilement d'une autre vie que celle qui nous est offerte ; mais aussi, quand la lumière, la fraternité et la paix sont au rendez-vous, particulièrement en fin de vie.

Ai-je de la chance d'avoir la foi ?  Faut-il parler ainsi ?  J'y pensais cet après-midi, en reprenant le rythme paisible de mes marches au bord de la mer, sur le port de Bourgenay.  Comme disait Job, qui a eu son lot de joie, mais aussi de malheurs, "Dieu a donné, Dieu a repris, que le nom de Yahvé soit béni !"  (Job, 1/21)

Luttons, battons-nous, afin que la vie soit plus belle pour tous ceux que nous rencontrerons !

vendredi 24 mai 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2942 : Souffrance du peuple Kanak

 En ce moment où il se vit des événements dramatiques en Nouvelle Calédonie, il me semble que là-bas, nul n'a confiance en personne !  Dans cet archipel merveilleux, comme dans tant d'autres régions du monde malheureusement, un jour, des blancs ont débarqué, et, envers et contre tout, sans aucune raison valable, ils ont décidé que cet endroit leur appartenait !!!

Merci aux médias qui nous aident à faire enfin la vérité sur l'histoire et le destin la Nouvelle Calédonie. Cela faisait environ 3000 ans que de hardis navigateurs, venus de l'Asie, étaient arrivés sur ce "caillou". C'était "chez eux" là-bas.  Mais, vers 1840, malgré les réticences des autochtones, qui sont aisées à comprendre, mais que l'on a méprisées, des Français ont pris possession de ce territoire, sur lequel ils n'avaient pourtant aucun droit. En 1853, en contradiction totale avec la devise de la république française, totalement piétinée à l'occasion, l'archipel a été proclamé "colonie française". Liberté, égalité, fraternité, que de crimes l'on a commis en ton nom !

Le comble, là-bas, l'on a commencé par installer un bagne !  Puis, l'on a fait venir des colons, auxquels on a confié des terres, extorquées aux Kanaks, que l'on a parqués dans des réserves, sur 12% du territoire seulement ! Et l'on s'étonne qu'il y ait des problèmes aujourd'hui, alors que c'est la France elle-même qui les a créés !... Tandis que l'on se plaint en ce moment des violences dont on accuse principalement les jeunes Kanaks  -  même s'il n'est pas question de justifier celles-ci  -   les Caldoches auraient-ils oublié les grandes révoltes des autochtones contre la présence française qui, en 1878, en 1913, en 1917, ont fait des centaines de morts sur le territoire ? Elles furent durement réprimées.  Se souvient-on du grand chef, Altaï, décapité, et dont la tête était conservée à Paris dans un bocal ? Quelle honte !  C'était cela, la civilisation ?  Les kanaks n'ont jamais accepté la présence française. Et dire qu'il y a encore des Français qui osent défendre les bienfaits de la colonisation, ignorant tout des réalités !  Car, en effet, ce n'est pas ce que l'on nous a appris à l'école.

Un dernier fait : vous savez sans doute que, lors de la fameuse Exposition coloniale de 1931 à Paris, l'on a exposé un groupe de Kanaks dans des cages.  C'est ce que l'on appelait joliment "le zoo humain". J'ai profondément honte à chaque fois que je repense à tout cela. Impossible de ne pas en tenir compte quand l'on considère les événements actuels.  Surtout que la France a détruit en grande partie la culture des Kanaks, cassé les chefferies traditionnelles, etc.  Ils n'ont obtenu le droit de vote qu'en 1957 ! Face au "danger kanak", l'on a voulu "faire du blanc", en favorisant la venue massive de ressortissants métropolitains, dans le but de mettre les Kanaks en minorité. Tandis qu'il n'y a toujours que très peu de docteurs, de cadres, de personnalités Kanaks qui ont pu émerger au sein de ce système colonial dominateur, ambivalent et dépassé. Actuellement, plus de 70% des Kanaks vivent sous le seuil de pauvreté et connaissent un taux de chômage de 20% ; ce qui confirme de façon éclatante les "bienfaits" de la colonisation...

Et le comble, c'est que, en contradiction avec notre triste histoire, l'on a le culot d'oser donner des leçons de démocratie au monde entier !!!

Comme le disait justement Martin Hirsch, qui a été longtemps le patron d'Emmaüs-France :"Les exclus, ce sont souvent des gens à qui personne n'a jamais fait confiance."

Les blancs dominateurs pourront-ils comprendre que le peuple Kanak, même s'il est minoritaire, dispose de droits immémoriaux sur cette terre qui leur a appartenu depuis 3000 ans, et qu'on leur a volée injustement ? Pourquoi ne pas prendre en compte l'histoire des Kanaks ?  La démocratie, ce sont des élections, mais c'est aussi la prise en compte de ce que ce territoire a été volé aux Kanaks... Impossible de passer à côté d'un tel défi, même si nos élites, inconscientes, croient pouvoir régler la question en une journée de voyage, ou en envoyant et en maintenant sur place des centaines de gendarmes et de soldats  -  2700 à ce jour  -  tandis que l'armée (mais oui) sécurise les ports et l'aéroport !  Pauvre France !  Pardon, chers amis Kanaks, pardon Seigneur !

dimanche 19 mai 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2941 : Relire la vie du monde avec le regard de l'Esprit-Saint

 En cette fête de Pentecôte, ce billet  se veut complémentaire au précédent.  En une telle journée, on entend parler de l'Esprit-Saint surtout en termes "religieux" ; ce qui bien sûr est tout à fait normal. Mais il serait intéressant de mieux saisir comment l'Esprit-Saint n'est pas seulement une personne un peu méconnue au sein de la Trinité ; en effet, il est également un acteur essentiel de notre vie en Eglise et en société ; témoins les quelques exemples suivants, tirés du "Ouest-France" de ce dimanche, à titre d'illustration.

.  la page 2, en général, est réservée à un article essentiel, et c'est le 1° que l'on découvre en ouvrant le journal. Aujourd'hui, il nous est expliqué que "l'Eglise prend ses distances avec le faux surnaturel".  Nous est alors présenté un document que vient de sortir le Vatican, à propos de ces phénomènes, ou soit-disant apparitions, présumés divins, qui apparaissent de temps à autre dans divers endroits de la planète. Des personnes crédules s'embarquent alors dans des dévotions sincères, mais irraisonnées, et tombent dans le piège d'une certaine manipulation. Ce ne peut être que l'Esprit-Saint qui a inspiré le pape François et son équipe qui a rédigé ce document, pour mettre au clair certaines règles de discernement.  L'Eglise doit se laisser guider par l'Esprit-Saint pour veiller à ce que des signes authentiques de son action puissent être reconnus.  Merci à "Ouest-France" de nous mettre la puce à l'oreille à propos de cette question.

.  page 5, évocation de ce qui se vit dans les centres de soins à Nouméa. Il nous est dit que le système de soins est paralysé, vu la crise grave que subit l'archipel.  Mais là encore, malgré tout, l'on peut repérer l'action de l'Esprit-Saint, quand par exemple une infirmière déclare : "A l'hôpital, l'écoute des patients, c'est très compliqué. Pourtant, eux aussi, ils ont besoin d'être rassurés ; les visites des proches sont impossibles, alors ils se sentent très seuls."  Une autre infirmière, originaire de l'hexagone, déclare : "Je représente pour certains patients ce que leurs cousins, leurs frères combattent dans la rue. Et c'est très ambivalent parce qu'ils sont soignés par des gens qui, quelques heures avant, se sont fait caillasser par les leurs."

Kevin Costner,  Eliot Ness dans "Les incorruptibles", le lieutenant Dunbar dans le magnifique "Danse avec les loups", est venu présenter au festival de Cannes un film dans lequel il explique que "l'Amérique était une promesse pour le monde, une page blanche à écrire sauf pour les autochtones, que nous avons chassés et détruits (...) alors que les Indiens d'Amérique aimaient leurs enfants, leurs femmes..."  K. Costner veut provoquer un sursaut et faire réfléchir par rapport au fait que cette nation est née dans la violence et la conquête d'un territoire déjà habité.  Une telle prise de conscience n'est-elle pas l'oeuvre de l'Esprit ?

.  pages 8 et 9, deux grandes pages consacrées au président de la Croix-Rouge française, Philippe da Costa. Un témoignage exceptionnel, qui illustre à merveille l'engagement fraternel de près de 100.000 volontaires, en France, au service de notre société, dans de multiples activités. "La France a la chance d'avoir un tissu associatif exceptionnel et des citoyens volontaires et généreux. (...)  A un discours ambiant catastrophiste, je préfère l'optimisme - sans nier les réalités - la solidarité et l'engagement.  Je suis fier de tous les héros du quotidien qui oeuvrent pour la Croix-Rouge française."

J'arrête là mon florilège à partir de "Ouest-France" par rapport à l'action de l'Esprit-Saint, qui n'agit donc pas que dans les églises, les pèlerinages de chrétienté ou à travers les bonnes actions des seuls catholiques.  A nous de le reconnaître à l'oeuvre autour de nous, dans la société, mais aussi dans nos propres engagements, si petits nous semblent-ils !

vendredi 17 mai 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2940 : Mais que fait donc l'Esprit-Saint ?

Si je devais assurer une homélie en cette fête de Pentecôte, ce qui ne sera ps le cas vu mon âge, je dirais peut-être des choses de ce genre... Merci de votre compréhension !


A première vue, l'Esprit-Saint semble bien absent de notre planète !  Une Eglise divisée, peu crédible, en crise, affaiblie... Quoique ceci soit loin d'être le plus grave, en comparaison des millions de personnes en détresse un peu partout, victimes innocentes de conflits, de guerres, de viols, de maladies, de tant de formes de pauvreté ou d'isolement...  L'on a alors envie de crier, avec le psalmiste : "Pourquoi, Seigneur, restes-tu si loin ?  Veux-tu te cacher dans les temps difficiles ?" (psaume 10/1)

Et pourtant, Seigneur, ne nous avais-tu pas promis l'envoi d'un "Défenseur" (Jean 15/26) ?  Et tu ajoutais, en Jean 16/8 :  "Et lui, par sa venue, il confondra le monde en matière de péché, de justice et de jugement."

Las, il semble qu'il n'en est rien ! Et que l'humanité ne cesse, chaque jour, de s'enfoncer un peu plus au coeur des ténèbres. Ce qui semble donner raison à la philosophe humaniste française Simone Weil, morte en 1943 : "Dieu et l'humanité ressemblent à deux amants qui, ayant fait erreur sur le lieu de rendez-vous, ne se rejoignent jamais."

Devrait-on en conclure que Jésus aurait raté sa mission de Rédempteur, que la promesse d'un Esprit-Saint n'était qu'une tromperie ? Certains osent le penser ! Mais devons-nous nous en tenir là ?  Et pourquoi n'en serait-il pas autrement ?  En tout cas, pour ma part, et depuis ma jeunesse, je suis habité par cette réflexion magnifique, cet acte de foi si l'on peut dire de Jean Rostand écrivant, dans "Chantecler" : "C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière."

D'ailleurs, c'est avec joie que j'ai retrouvé cette citation dans le "Ouest-France" de ce vendredi 17 mai, page 5, dans la bouche de Jean-Jacques Urvoas, ancien garde des sceaux socialiste, interviewé à propos de ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie.  Car, hé oui, l'espérance, cela ne consiste pas à croire que tout ira bien quand déjà tout va bien ; mais c'est dans l'adversité qu'il est beau de ne pas se décourager.

Le drame, c'est que le mal envahit en permanence l'horizon de nos vies. Et si notre regard est faible et fragile, impressionnable et irréfléchi, jamais nous ne pourrons discerner les signes de renouveau ni les racines de l'avenir ; jamais nous ne pourrons deviner l'action, souterraine souvent, mais efficace, de l'Esprit-Saint.

Et si un simple sourire fraternel, celui de l'Esprit-Saint, pouvait faire reculer un peu la guerre en Ukraine, ou réconforter une femme violée au Congo, recueillie et soignée avec affection par un soignant ?  Et si les JO pouvaient contribuer à rapprocher des nations rivales ?  Et si les Navalny emprisonnés et assassinés à travers le monde pouvaient donner courage à tous les artisans de justice et de paix ?  Et si les baptisés ne se contentaient pas de recevoir le baptême, mais s'engageaient, chacun selon les dons que Dieu leur a confiés, à oeuvrer en faveur d'un surcroît d'humanité là où ils vivent ?

En sachant que,  comme le disait Jean-Paul II : "Chaque fois qu'un chrétien prie, l'Esprit-Saint se met au travail."  Et si le fait que beaucoup de choses vont mal sur notre univers tenait à ce que les chrétiens ne se mettent pas suffisamment en prière ? 

Le psalmiste craignait que Dieu ne se cache ; noius le craignons nous aussi ! Mais le P. Teilhard de Chardin nous a pourtant prévenus : "Dieu ne se cache pas ; il travaille de toutes ses forces."  A nous de savoir ouvrir les yeux pour repérer son action, à travers tout ce qui bouge, avance, grandit et se partage... A nous de laisser l'Esprit-Saint re-créer un monde nouveau, à travers nos actions !