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...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



dimanche 31 juillet 2022

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2761 : Et si "l'homme riche", c'était chacun de nous ?

 Homélie du 31 juillet dans le parc de Bourgenay   (18° dimanche C)

 

Savez-vous quelle est l’origine étymologique du mot « vacances » ?  Il provient du verbe latin « vacare », qui signifie « être vide » ; autrement dit, être débarrassé, être libéré de toute chose. Ce qui est tout l’inverse de ce que vit ce monsieur dont nous parlait à l’instant Jésus dans l’évangile : cet homme riche vivait dans l’abondance ; et il disposait de tant de biens qu’il n’avait même pas assez de place pour entasser toutes ses richesses près de lui, dans sa maison !

Mais cet homme-là, dont l’attitude égoïste nous scandalise, quel est-il ?  Accrochez-vous bien à votre banc : cet homme-là, c’est nous, c’est chacun de nous ! Ah ! Vous exagérez, devez-vous penser ! Et pourtant, réfléchissons bien : ne sommes-nous pas, nous aussi, riches de nos biens, de notre carrière réussie, de notre belle voiture, de la beauté de nos enfants, du confort de notre résidence secondaire, du bien que l’on dit de nous ?  Riches de la foi aussi de nos petits enfants, de notre bateau amarré dans le port de Bourgenay, de notre bien-être matériel, de notre bonne santé, de notre joli bronzage ?  Et je pourrais poursuivre la liste. Et il n’y a pas que vous ! Moi aussi, je peux me sentir riche de pouvoir prendre la parole devant vous ce matin ?

Frères et sœurs, au cœur de ces vacances, il est plus que temps, pour moi d’ailleurs comme pour vous, de ne pas nous asseoir confortablement sur nos chances et sur nos richesses, matérielles et spirituelles ; il est temps de ne pas chercher à les entasser dans les étroits greniers de notre cœur, mais de les remettre enfin, au cours de cette messe, dans la main de Dieu.

Car prendre de vraies vacances, c’est peut-être, avant tout, profiter de ce temps d’été, pour  nous rincer l’esprit, pour nous vider la tête et le cœur de toutes ces richesses auxquelles nous nous agrippons, afin de les remettre paisiblement, librement, dans les mains de Dieu notre créateur. Il faudrait que ce temps de vacances soit l’occasion pour nous de faire un peu le vide par rapport à tout ce qui encombre, alourdit, abîme notre vie. On balaye bien le sol de notre maison, l’on désherbe bien notre jardin, pourquoi ne pas balayer aussi, faire le vide par rapport à ce qui engorge notre cœur ?

Les textes bibliques de ce jour, d’ailleurs, nous invitent à reprendre à zéro ce qui devrait être l’objectif prioritaire de ces vacances : c’est-à-dire, avec l’aide de Dieu, nous laisser vider du trop plein de nous-mêmes, et du trop plein de nos désirs égoïstes, pour restaurer en nous le meilleur de nous-mêmes, et restaurer en nous notre cathédrale intérieure.  « Vanité des vanités, disait Qohélet, ce grand sage du 1° Testament, tout n’est que vanité ! »  Qu’est-ce qui me tient le plus à cœur dans ce que je suis, dans ce que je possède ?  Qu’est-ce que je pourrais faire évoluer, ou partager davantage ?   Travailler à faire disparaître en nous tout ce qui est vanité, n’est-ce pas aussi cela, le rôle de vraies vacances, fructueuses, à l’école de Dieu ?

Dans l même sens, dans sa lettre aux Colossiens, l’apôtre Paul déclarait : « Faites donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre, comme cette soif de posséder qui est une idolâtrie. Plus de mensonge entre vous ! » Je vous invite à relire et à méditer tout cela durant la semaine qui vient. Et alors, peut-être ce constat superbe de l’apôtre Paul s’adressera-t-il aussi à vous, je le cite : « Vous vous êtes débarrassés de l’homme ancien qui était en vous et de ses façons d’agir, et vous vous êtes revêtus de l’homme nouveau… dans le Christ. »

Les vacances, un temps pour nous désencombrer de nous-mêmes, afin d’être plus libres pour aimer Dieu et servir nos frères, c’est ce que je nous souhaite, à vous et à moi, qu’il en soit ainsi !  Amen !

jeudi 28 juillet 2022

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2760 : Savons-nous ce que c'est qu'un musulman ?

Voici un échange qui a été réalisé avec Yasmine, jeune femme française d’origine maghrébine, commerçante en restauration sur le Pays des Olonnes. Il y a quelques années, en Assemblée Générale, elle a été élue au Conseil d’Administration de l’association « Dialogue pour la Paix », où elle joue un rôle très actif. Aux côtés de juifs, bouddhistes, protestants et catholiques, elle représente la tradition musulmane.

Ceci est un entretien réalisé par téléphone, hier, en vue d'une parution prochaine sur le bulletin des paroisses de Chantonnay, Les Essarts et Mouchamps.  Quelle ouverture de leur part !

 

Olivier :  "Yasmine, que représente Dieu pour toi ?"

Yasmine : « Au moment même où tu m’appelles ce matin, je suis en train de lire le Coran."

Olivier : « Pourquoi tu le lis ?  Qu’est-ce que tu y trouves ? »

Yasmine : « Je le lis pour me rapprocher de Dieu. Je commence toujours ma journée avec un rappel de Dieu.  Il sait que moi, je pense à lui.  Je ne veux pas l’oublier ; même si le soir c’est plus difficile car, après le travail, je suis fatiguée ; mais je prends quand même un peu de temps encore pour le prier. »

Olivier : « Tu utilises le Coran pour ta prière ? »

Yasmine : « Oui, il y a des sourates du Coran que je lis tous les jours ; elles me protègent ! Quant tu les lis, tu comptes sur Dieu pour t’aider.  Par exemple, la sourate de « La clarté du jour » qui dit ceci : « Par la clarté du jour, par la nuit quand elle s’étend, ton Seigneur ne t’a ni abandonné ni haï. »  J’aime bien reprendre les sourates 112, 113, 114, 91, 92, etc. »

Olivier : « Mais, dans la journée aussi, tu continues à prier ? »

Yasmine : « Quand je commence à cuisiner, je dis : « Au nom de Dieu… », « Mon Dieu, je compte sur toi ; que ma nourriture soit bonne !  Que mes clients soient contents !" Ainsi, mes clients, ce qu’ils mangent, c’est béni par Dieu ! » 

"Cependant, il ne suffit pas de prier !  Ni de dire : « je suis musulmane, je fais ma prière, je vais à la mosquée. »  Car si tu fais ta prière, et tu ne respectes pas ton voisin, ou celui qui est d’une autre religion… ?  Tu dois avoir un comportement bienveillant ! »

Olivier :  « Pourquoi es-tu venue aux rencontres interreligieuses ? »

Yasmine : « Je voulais en apprendre plus sur les autres religions ; et je souhaitais aussi leur apprendre quelque chose sur l’islam.  Comme ça, on va mieux se comprendre les uns les autres, même si on n’est pas de la même religion, et se respecter davantage.  Dans l’équipe du dialogue entre les religions, on est très unis ! »

Olivier : « Qu’est-ce que tu aurais envie de dire à des chrétiens ? »

Yasmine : « Je trouve que les Français se laissent trop manipuler par certains médias.  On leur fait croire tous les jours que l’islam, c’est dangereux pour la France. Autour de Paris, j’ai des amies, des femmes voilées, qui se font agresser, avec leurs enfants. Moi-même, récemment, en allant porter une grosse marmite de couscous chez des clients que je ne connaissais pas, la femme m’a dit, d’un drôle d’air : « C’est pas une bombe ? » Cela, ce n’est pas une chose à dire !  En France, trop souvent, y compris en Vendée, un musulman, c’est une bombe ; il inspire la terreur.  Et puis, ils disent qu’on n’est pas intégrés…  On pousse les gens à la haine !  Les chrétiens aussi écoutent trop les médias.  Voilà pourquoi notre rôle dans l’association « Dialogue pour la Paix" est si important !"

Olivier : « Merci, Yasmine, pour ton courage, ton témoignage de foi et ta prière ! »

dimanche 24 juillet 2022

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2759 : Et si la nature nous aidait à prier ?

 Homélie de ce 24 juillet 2022, à l'occasion du 17° dimanche C, dans le superbe parc arboré de Jard-sur-Mer, à Stella Maris.

Voici une expérience que nous avons tous faite !  Un beau matin d’été, je me réveille. J’ouvre en grand ma fenêtre et mes volets : il fait très beau !  Ce n’est pas moi qui fais lever le soleil, mais je le fais entrer à profusion dans ma chambre. Alors, tout devient lumineux, on se sent bien, c’est merveilleux ! 

De la même façon, en ce moment, je me mets en prière : j’ouvre en grand à Dieu les battants de mon cœur. Ce n’est pas moi qui fais bouger le Seigneur pour qu’il pense enfin à moi et vienne m’écouter : il ne fait que cela depuis toujours, et bien avant que je ne commence à le prier. Il attend sur le pas de ma porte, patiemment ; mais dès que je lui ouvre mon cœur, le voilà qui entre chez moi. Alors, tout devient plus lumineux, c’est merveilleux !

Attention ! Notre prière n’est pas faite pour attirer l’attention de Dieu sur nous, comme s’il était en train de penser à autre chose, à d’autres personnes, et qu’il faudrait le tirer par la manche pour qu’il se penche enfin sur mon cas ! En effet, Dieu est toujours tourné vers moi ; c’est nous qui ne le voyons pas, qui ne le sentons pas.  Quel dommage, vous ne trouvez pas ?

D’autre part, sachons que notre prière n’est pas faite pour informer Dieu sur nos besoins, ou nos souffrances : il les connaît déjà ; et encore moins pour essayer de modifier, d’améliorer son attitude à notre égard. Autrement dit, ce n’est pas nous qui, par notre prière, allons changer les projets de Dieu sur nous. Comme s’il suffisait d’appuyer sur le bouton « prière », pour que Dieu devienne meilleur avec nous, et pour qu’enfin, il nous exauce !

C’est d’ailleurs la même attitude à avoir quand nous prions Dieu d’être délivré d’une maladie, ou pour que se termine enfin cette horrible guerre en Ukraine !

La prière en effet, c’est nous qu’elle transforme ; c’est nous qu’elle redresse, c’est nous qu’elle vivifie ; c’est notre tête et notre coeur qu’elle guérit. Et c’est en cela que l’on peut affirmer, comme le dit Jésus, que « quiconque demande reçoit », et donc, qu’une prière est toujours exaucée ; du moment qu’elle tourne notre cœur vers Dieu et qu’elle nous rend meilleurs.

2° point : comment prier en été ? En tout cas, cette belle nature qui nous environne, c’est peut-être, pour la prière, la meilleure alliée. La nature en effet, c’est une fenêtre qui nous invite à l’action de grâce. Ces beaux arbres qui nous protègent de leur ombre, la mer, la forêt, la plage, les rochers, l’espace des marais, tout cela ne nous invite-t-il pas à illuminer notre regard, à ouvrir notre âme à la beauté, à prendre le temps de contempler Dieu à travers les merveilles de sa Création.

Et voici que tout cela va nous permettre de nous laver des mauvais sentiments qui polluent notre existence ; tout en nous invitant à redresser la tête, même dans l’adversité, tout en remettant cette beauté dans la main de Dieu. Car au milieu des tourments qui affligent notre humanité, « la beauté sauvera le monde », ainsi que le disait si justement ce grand croyant russe qu’était Dostoïevski.

Prier, en été, c’est prendre enfin, sur notre temps libre, le temps d’être avec Dieu, le temps de respirer en sa présence. Pas forcément en récitant des formules, mais en nous baignant dans cette nature, en nous laissant imprégner du souffle de vie du Créateur. Par exemple, en étant attentif au chant d’un oiseau, en flânant le long des petits sentiers de la forêt, en contemplant l’infini des  vagues et de la mer, en admirant avec nos petits-enfants l’habileté besogneuse d’une armée de fourmis, en nous réjouissant de la beauté d’une toute petite fleur ; ou en nous plongeant avec délice, quand l’heure est venue, selon la formule de Baudelaire, dans « l’harmonie du soir ».

Puissions-nous, en tout cas, ne pas oublier Dieu, au long des belles journées de cet été. Ce serait tellement formidable si, seul ou en famille, nous pouvions lui consacrer ainsi quelques instants.  Dieu veille sur nos vacances ; sachons casser notre routine, quand le bruit, le stress, les soucis nous détruisent ; sachons trouver du temps pour, au cœur de ce bel été, faire un beau chemin d’action de grâce sous la conduite de notre Créateur. Et, sans nous prendre la tête, passer ainsi des vacances reposantes avec Dieu.

Bel été priant à vous !    Amen !

dimanche 17 juillet 2022

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2758 : Avec le Christ, dans la lumière de l'été

Voici l'homélie que j'ai partagée ce samedi 16 juillet en l'église St Hilaire de Talmont

En cette mi-juillet, nous voici à présent bien engagés dans le temps de l’été. L’été, un temps de repos, de retrouvailles familiales, un temps de paix. Avec les joies de la mer, la beauté du ciel et les heures de sérénité. Ainsi que le chantait le poète Charles Péguy : « J’en ai vu, des beautés dans le monde. J’ai vu des journées ardentes comme des flammes, des jours d’été de juin, de juillet et d’août. J’ai vu des soirs d’été calmes et doux, comme une tombée de paradis. » Merci Charles Péguy !  Mais notre belle région n’est-elle pas comme un grand jardin justement, une petite image du paradis, si, au-delà de nos misères,  nous savons apprécier ses beautés ?

Et voici qu’au milieu de tout cela, Jésus vient chez nous.  Et il trouve à la fois, en chacun de nous, un peu de Marthe et aussi quelque chose de Marie.  Car chacun de nous est en même temps fort occupé, très pris par une foule de soucis (la santé, le travail, la famille…) ; et pourtant, tels Marie aux pieds de Jésus, nous avons fait le beau choix de donner au Christ cette belle fin d’après-midi, à travers cette messe que nous vivons.

Prier Dieu en effet, surtout bien au frais dans cette belle église St Hilaire, c’est beau !  Et cela nous permet de retrouver la force nécessaire pour continuer à traverser les embûches de notre vie. Mais parfois, l’on se demande si l’on a le droit d’être en paix, de prier en toute tranquillité, comme Marie, tandis que tant d’autres souffrent et peinent ; tout près de nous peut-être, mais aussi dans le monde entier ?  Quand des personnes sont malades, ou endeuillées, alors que tout va bien pour nous… Alors, on se sent mal, pris d’un certain remords.

Dans un article publié cette semaine, une journaliste de « La Croix » va plus loin, je la cite, en paraphrasant un peu : s’imagine-t-on bronzer paisiblement sur la plage, ou savourer un bon apéro avec des amis, ou encore partir faire une ballade en famille à vélo, tandis que d’autres, dans le même moment, sont écrasés sous les bombes en Ukraine, ou alors que tant de frères et sœurs vivent dans un grand dénuement ?

Se pose alors cette question qui ressemble à celle que Marthe a posée à Jésus : mais pourquoi nous laisse-t-on travailler, peiner, souffrir, tandis que pour d’autres tout va bien, ce qui leur donne la possibilité de se réfugier, comme Marie, dans la prière aux pieds de Jésus ?  Non, je vous rassure, il ne s’agit pas, pour nous, pendant ce temps de prière, d’oublier la guerre, ni la crise, économique, politique, climatique ou autre ; ni le souvenir terrible de la rafle du Vèl d'Hiv, il y a 80 ans.

Mais le temps de l’été, comme le temps de cette messe, n’est-il pas, comme l’a vécu Marie, un temps de recueillement, un temps de réflexion, un temps de profondeur, aux pieds de Jésus ?  Qu’est-ce que Dieu attend donc de nous ?  Quel message veut-il nous partager au cours de cette messe ? C’est simple : 1°, que nous sachions, chaque jour, lui donner un peu de notre beau temps libre.  Et 2°, qu’au lieu d’oublier ou de fuir nos problèmes, nous sachions nous arrêter pour les relire, les repenser avec Dieu, seul, ou avec notre époux ou notre épouse, ou avec des amis.  En un mot, il ne s'agit pas, durant ce temps d'été, de faire des choses "en plus", mais, tout simplement, "d'être", et autrement.

Et si les vacances en effet, c’était le moment idéal pour repenser notre vie, pour penser aux autres, pour prendre le temps de les écouter, à la manière de Jésus, le temps de mieux les comprendre, de mieux les aimer ?  Les aimer, au lieu de nous contenter de les côtoyer.  Les vacances, un temps pour se poser, à la manière de Marie, attentive, paisible, enfin en paix, aux côtés de Jésus son ami. Un temps pour nous émerveiller aussi, au coeur de cette superbe nature que Dieu nous offre, sur ce littoral vendéen.

Alors, ainsi apaisés, et reconstruits de l’intérieur, nous serons mieux armés pour assumer les soucis et les épreuves que la vie quotidienne ne manquera pas de nous envoyer.  Le Christ est notre espérance.  Demain dimanche, et pendant la semaine qui vient, ne ratons pas, avec lui, ce beau rendez-vous ; à l’horizon de la mer, et dans la belle lumière de l’été !    Bel été à vous, de la part de Dieu, avec Dieu, en Dieu, amen !

vendredi 15 juillet 2022

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2757 : A propos de la rafle du Vèl d'Hiv

  80 ans après cette rafle, il ne faut pas oublier !

Voici le courrier que j'ai reçu de la Synagogue des Sables d'Olonne :

   -  d'abord, le message des autorités juives en France

   -  suivi par le message de Mgr Saliège, qui sera lu ce week-en dans toutes les Synagogues de France

Je le partagerai également en l'église de Talmont.


Monsieur le Grand Rabbin, 

Monsieur le Rabbin,

Madame la Présidente, Monsieur le Président,

Madame, Monsieur,

Il y a quatre-vingt-ans, les 16 et 17 juillet 1942, plus de 13 000 personnes, hommes, femmes, enfants, vieillards furent arrêtés avec la complicité de la police française, parce que Juifs. D’abord détenus au Vélodrome d’Hiver dans des conditions d’hygiène déplorable, ils furent ensuite transférés dans des camps de transit avant d’être envoyés vers la mort dans des wagons à bestiaux.

Peu de voix se sont alors élevées pour dénoncer les atrocités commises par les Nazis et le régime de Vichy. Monseigneur Jules Géraud Saliège, archevêque de Toulouse, fait partie de ceux qui dénoncèrent très tôt l’antisémitisme et les exactions nazies. Il y eut aussi Monseigneur Théas puis le Pasteur Boegner.

Le 23 août 1942, Monseigneur Saliège ordonne la lecture, dans toutes les paroisses de son diocèse, de la lettre pastorale intitulée Et clamor Jerusalem ascendit ( voir PJ). «Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier», écrit-il notamment.

Cela réveilla clairement les consciences chrétiennes.

Pour rendre hommage à son courage, nous vous invitons à lire ce chabbat à vos fidèles la lettre qu’il avait adressée alors à ses fidèles, afin de susciter la résistance et l’engagement du plus grand nombre.

Avec notre Cordial Chalom

Elie KORCHIA                                                        Haïm KORSIA

Président du Consistoire de France                          Grand Rabbin de France

                                                               =o=o=o=o=

Lettre de Mgr Saliège   (23 août 1942)

     (lue dans la cathédrale de Toulouse et dans toutes les églises de son diocèse)

"Mes Très Chers Frères,

Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits.  Ces devoirs et ces droits tiennent à la nature de l'homme.  Ils viennent de Dieu.  On peut les violer. 

Il n'est au pouvoir d'aucun mortel de les supprimer. 

 Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d'une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce vil spectacle.

Pourquoi le droit d'asile dans nos églises n'existe plus ?

Pourquoi sommes-nous des vaincus ?

Seigneur, ayez pitié de nous !

Notre-Dame, priez pour la France. Dans notre diocèse, des scènes d'épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récézbédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes.  Tout n'est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes ; contre ces pères et ces mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos frères, comme tant d'autres. Un chrétien ne peut l'oublier.

France, patrie bien-aimée, France qui porte dans la conscience de tous tes enfants la tradition du respect de la personne humaine.  France, chevaleresque et généreuse, je n'en doute pas, tu n'es pas responsable de ces horreurs.

Recevez, mes Chers Frères, l'assurance de mon affectueux dévouement."

_______________________________

J'ai pu lire la lettre de Mgr Saliège à la fin de la messe ce samedi 16 juillet à St Hilaire de Talmont, en union avec ce qui a été fait le même jour dans toutes les Synagogues de France.

mercredi 13 juillet 2022

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2756 : Isaïe annonçait l'invasion de l'Ukraine !

Avez-vous lu et médité la 1° lecture de ce mardi, tirée du livre du prophète Isaïe, chapitre 10 ?  Chaque jour, à la chapelle de Bourgenay, je fais une très brève homélie, simplement pour donner quelques clefs de compréhension par rapport aux textes que la liturgie nous propose, et qui ne sont pas toujours simples. Ce matin, aussitôt la fin de la lecture de l'évangile, j'ai posé cette question aux personnes présentes : "N'y a-t-il pas quelque chose qui vous a frappé dans le texte d'Isaïe qui vient de nous être partagé ?"

S'ensuivit un petit moment de silence étonné. Chacun tentait peut-être de se souvenir de quoi il avait été question... J'allais intervenir, lorsque, du fond de la chapelle, Madeleine, ancienne responsable d'une aumônerie en collège public, sortit un mot, que je ne compris pas ; je lui demandai de le redire : "la Russie" ; ce fut sa réponse.

Tout le monde semblant surpris, je me permis de relire certains passages de cette lecture, jugez vous-mêmes ; il était question du roi Assour, "l'instrument de la colère de Dieu" contre le peuple d'Israël.

"Assour, ce qu'il veut, c'est détruire, exterminer quantité de nations. Car le roi d'Assour a dit : "C'est par la vigueur de ma main que j'ai agi, et par ma sagesse, car j'ai l'intelligence. J'ai déplacé les frontières des peuples, j'ai pillé leurs réserves ; fort entre les forts, j'ai détrôné les puissants.  J'ai mis la main sur les richesses des peuples, comme sur un nid.  Comme on ramasse des oeufs abandonnés, j'ai ramassé toute la terre, et il n'y a pas eu un battement d'aile, pas un bec ouvert, pas un cri." 

Qu'est-ce que vous pensez de cette déclaration ? Si ce n'est pas une annonce prémonitoire de l'invasion de l'Ukraine, cela y ressemble bougrement !  Mais pourquoi en être surpris ? L'on a trop longtemps considéré que ces lectures tirées du 1° Testament étaient peu intéressantes, loin de ce que nous vivons. et l'on peine toujours à en trouver la signification... Malheureusement !  Alors que ces textes sont pourtant pleins de sens par rapport à ce que nous vivons aujourd'hui, plus ou moins 2.500 ans après qu'ils aient été écrits.

A la sortie de la messe, la personne qui avait fait la lecture m'avoua ceci, avec une belle humilité : "On m'avait demandé de lire ; alors, je m'étais préparée ; j'avais pourtant lu 2 ou 3 fois le texte, pour bien m'en imprégner, mais je n'en avais pas du tout compris la proximité avec ce que nous vivons aujourd'hui. Et tous ces textes de l'ancien Testament, où il est question de guerres, de massacres et autres, je me demandais toujours pourquoi on nous faisait lire aux messes des choses comme ça. Je comprends un peu mieux à présent."

Eh oui, à travers ces textes, c'est l'histoire de l'humanité qui nous est rappelée, avec ses grandeurs, mais aussi ses bassesses ; et il nous faut y découvrir le sens que cela a pour nous encore aujourd'hui ! C'est en effet là encore pour nous la même histoire du Salut. En témoignent d'ailleurs les derniers versets de cette lecture d'aujourd'hui : 

"Le Seigneur Dieu de l'univers fera dépérir les soldats bien nourris du roi d'Assour, et au lieu de sa gloire s'allumera un brasier, le brasier d'un incendie."  Parole du Seigneur. 

Quant à ce qui se passe aujourd'hui près de chez nous, même si l'on entend guère des battements d'aile, si nos frères et soeurs Ukrainiens sont un peu laissés à eux-même, en définitive, pourtant, ce n'est pas le mal qui aura le dernier mot ! 

jeudi 7 juillet 2022

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2755 : A propos du suicide d'un prêtre

 Extrait du journal "La Vie"

Les funérailles du prêtre du diocèse de Versailles seront célébrées ce 8 juillet au Vésinet (Yvelines). Le suicide de l’ancien curé de Bois-d’Arcy interroge sur cette issue dramatique malheureusement de moins en moins rare dans l’église.

Il s’appelait François de Foucauld, comme le saint – son arrière-grand cousin. Il aurait eu 50 ans quelques jours plus tard et était prêtre depuis 18 ans dans le diocèse de Versailles. Ce vendredi 8 juillet, ses funérailles seront célébrées à 15 heures à l’église du Vésinet, à une vingtaine de kilomètres du Bois-d’Arcy, paroisse dont il avait été le curé pendant sept ans, de 2014 à 2021.

« Le père François de Foucauld a mis fin à ses jours. Son corps a été retrouvé cette nuit en forêt de Rambouillet », annonce le court communiqué du diocèse signé de la main de l’évêque Luc Crépy, avant de préciser « suite à des difficultés dans l’exercice de son ministère, il n’avait pas de mission depuis septembre 2021 ».

Le communiqué du diocèse apparaît d’autant plus bref que, sur les réseaux sociaux, la mort du père François provoque de nombreuses réactions. Beaucoup citent la tribune, rédigée par le défunt et publiée par La Croix en décembre dernier, qui prend soudain des allures de lettre posthume. Il y fait part d’abus de pouvoir, et détaille les mécanismes conduisant à ces abus de la part de ses supérieurs hiérarchiques, mais également d’un « petit cercle de clercs et laïcs autour de l’évêque qui s’arroge le dernier mot ».

Un zèle missionnaire

Sur le réseau social Facebook, certains dénoncent ses difficultés dans son ancienne paroisse, les relations compliquées avec le diocèse ; d’autres racontent la personnalité complexe du prêtre, dont le « tempérament intransigeant le prêtait peu aux concessions, aux compromis, convaincu qu’il était de son devoir de contribuer au réveil d’une Église saisie de torpeur mortifère », écrit sur son blog personnel René Poujol, ancien directeur de l’hebdomadaire Le Pèlerin et ami de longue date du prêtre.

Tous, en tout cas, s’accordent sur le zèle missionnaire du père François, doté de « beaucoup de qualités pastorales, ayant le souci d’une Église renouvelée, missionnaire, qui a toujours cherché à rendre l’Église plus proche des autres, plus vivante », rappelle Luc Crépy, évêque de Versailles, dans une vidéo publiée le mercredi 6 juillet sur le site du diocèse.

La mort de François de Foucauld a provoqué l’émotion et l’incompréhension. Mais elle a surtout choqué. « Un suicide est toujours dramatique. Il nous plonge dans le désarroi. Mais le suicide d’un prêtre est encore plus rude car un prêtre est porteur d’espérance », explique Luc Crépy dans sa vidéo, avant de préciser « le suicide est tragique quand ce prêtre ne voit plus d’issue dans son ministère, dans sa mission personnelle et ecclésiale. »

« On se demande ce qu’on a raté »

Supérieur du séminaire pontifical français à Rome pour encore quelques semaines, Vincent Siret a vu défiler plusieurs générations de prêtres. « Comme dans une famille, quand l'un de nous souffre autant au point de prendre cette décision, ça retentit sur tout le corps. On se demande ce qu’on n’a pas fait, ce qu’on a raté, comment on aurait pu empêcher ça. » Pourtant, les suicides de clercs ne sont malheureusement pas si rares. Tous se souviennent des deux passages à l’acte en 2018 des jeunes prêtres Jean-Baptiste Sèbe et Pierre-Yves Fumery dans les diocèses de Rouen et Orléans, à seulement quelques jours d’intervalle.

Cas isolés ou victimes d’un système ? « Si l’on pouvait faire le décompte des suicides depuis l’an 2000 parmi les prêtres, religieux et religieuses, moines et moniales, membres des communautés nouvelles et laïques en mission ecclésiale… et que l’on faisait le pourcentage de suicides par rapport au nombre de personnes “en activité”, nous serions horrifiés », maintient Yann Vagneux, prêtre des Missions étrangères de Paris (MEP) actuellement en Inde et camarade de séminaire de François de Foucauld… mais également de Jean-Baptiste Sèbe. Le prêtre des MEP n’hésite pas à utiliser l’adjectif « structurel » pour évoquer ce phénomène.

Ancien supérieur du séminaire des Carmes, où ont étudié entre autres Jean-Baptiste Sèbe et François de Foucauld, Robert Scholtus fait le même constat. « À ma petite échelle, sur plusieurs générations de prêtres et de religieux, je compte quatre suicides de prêtres et deux de religieux. » Tabou dans la société, le suicide l’est encore plus dans le clergé. « Il n’y a aucune statistique, on n’en parle jamais, chaque mort est traitée comme un cas particulier… Certes, il y a une fragilité, une vulnérabilité personnelle préexistante. Mais je pense que le suicide des prêtres, religieux et religieuses est un phénomène systémique. »

L’impression de n’être que des pions

Le prêtre du diocèse de Metz nuance cependant : les causes sont multifactorielles. La vulnérabilité peut jouer, d’autant qu’être prêtre requiert une certaine sensibilité. Mais, parmi les prêtres et religieux qui se sont donné la mort autour de lui, Robert Scholtus reconnaît des traits communs : « Ils avaient une ambition spirituelle, une grande inventivité pastorale, intellectuelle, une largeur de vue. Mais, pour des motifs différents, ils ont un jour découvert qu’ils ne pouvaient pas aller plus loin. »

L’ancien supérieur de séminaire décrit des hommes qui ne se sont pas sentis respectés dans leur charisme, leur singularité, « qui ont eu le sentiment qu’on abusait de leur générosité, de leur capacité de travail. L’impression de n’être au fond rien que des pions au service du salut de l’institution en péril. »

« Il ne faut surtout pas généraliser », insistent Bérénice Gerbreaux et Béatrix Bréauté, toutes deux coachs Talentheo. Depuis 2006, ce réseau de 80 coachs professionnels accompagne bénévolement des prêtres, des évêques, des supérieurs de congrégations et leurs équipes dans l’exercice de leur ministère. Des prêtres, elles en rencontrent beaucoup. « Le suicide est une question très complexe. Il y aura toujours quelque chose qui nous échappera dans cet acte d’une violence inouïe. Toute personne en extrême souffrance peut être dépassée par des pulsions de mort. »

Un exercice du ministère radicalement différent

Chaque suicide revêt une part de mystère. Les conditions du passage à l’acte sont si complexes qu’il serait malhonnête d’établir un schéma type, de chercher un responsable. Ce que l’on peut dire, en revanche, c’est que dans une société où la religion ne tient plus le rôle social d’autrefois, les conditions d’exercice du ministère presbytéral sont radicalement différentes.

« Être prêtre aujourd’hui, c’est quasiment être condamné à être un curé… Et ce curé n’a pas comme autrefois son petit village, son église, son jardin. Il devient quasiment le petit évêque d’un territoire immense », analyse Robert Scholtus, qui parle du presbytérat comme un « métier de manager qui vous place dans l’institutionnel, l’organisationnel, privant les prêtres de la relation immédiate, du contact ».

« Le rapport à l’autorité n’est plus non plus le même », insiste Luc Forestier, professeur de théologie à l’Institut catholique de Paris, qui lui parle de crise de l’épiscopat. L’évêque est le seul intermédiaire entre le curé et le pape. « Le concile Vatican II stipule que l’épiscopat est la plénitude du sacrement de l’ordre, que l’évêque doit être pour ses prêtres un père, un frère et un juge, en restant vigilant sur les questions d’abus. Mais c’est impossible ! Tout dans le diocèse dépend de l’évêque ! » Des difficultés dont ces derniers sont conscients lorsqu’ils sont nommés : le taux de refus à la nomination d’évêque avoisinerait les 50 %.

D’autres évoquent la baisse des vocations, donc l’ordination d’hommes parfois fragiles dont les failles s’ouvrent dans l’exercice du ministère ;la solitude et l’isolement des prêtres imposés par le maillage territorial étendu ; la déchristianisation ; le côté « homme-sandwich » entre l’évêque d’un côté et la communauté paroissiale de l’autre, le tout dans le contexte de la réforme synodale et de la lutte contre le cléricalisme.

Certains prêtres, dotés d’une grande liberté intérieure, parviennent à ne pas se laisser déborder par tout ça, à prendre des décisions qui leur permettent de jouer un autre rôle, d’être pasteur… « Mais la liberté intérieure ne s’apprend pas dans les livres ! observe Robert Scholtus. Cela nous oblige à considérer que l’effondrement du système de chrétienté est une catastrophe au sens étymologique, c’est-à-dire qu’il nous oblige à changer de direction, à comprendre autrement l’Église, à inventer de nouvelles communautés plus petites et plus humbles. »

Accompagnement psychologique et spirituel

Dans ces difficultés que rencontrent les prêtres, qu’en est-il de leur accompagnement psychologique et spirituel ? Requis dans les communautés religieuses, l’accompagnement spirituel est seulement conseillé aux prêtres diocésains. Nombre d’entre eux n’en bénéficient pas – ou ne prennent pas le temps d’en bénéficier.

« Tout dépend de l’idée qu’ils ont du prêtre, explique Vincent Siret. Ils peuvent avoir une image du prêtre surplombant, magnifique, d’un superprêtre. C’est difficile de reconnaître qu’on a besoin d’aide. » Néanmoins – et peut-être est-ce dû au fait que la grande majorité des séminaires proposent un accompagnement psychologique pour les candidats au sacerdoce –, Vincent Siret affirme que les jeunes générations de prêtres sont beaucoup plus demandeuses d’accompagnement spirituel et/ou psychologique. « Les jeunes, tout ce qui peut les aider, ils sont preneurs. »

« Ce que la disparition du père de Foucauld interroge, ce sont justement les lieux où les prêtres peuvent déposer et dire leur mal-être », insiste Béatrix Bréauté. Constatant les charges pastorales fortes, l’épuisement, les dysfonctionnements relationnels et surtout le besoin de partager encore davantage, Talentheo a prévu d’ouvrir, dès l’année prochaine, des sessions pour prêtres et consacrés ayant pour but de traiter le burn out et le pré-burn out. « Les propositions sont là. Il faut maintenant qu’ils s’en saisissent. »

 
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Pour info, les proches et les amis de François ont demandé à Luc Crépy, l'évêque de Versailles, de ne pas être présent aux funérailles de  ce prêtre !!! Il n'était sans doute pas aisé de tout expliquer en détail dans l'article ci-dessus.

dimanche 3 juillet 2022

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2754 : Sur les pas du Petit Prince, un été selon le coeur de Dieu !

 Voici l'homélie que j'ai partagée ce matin sous les grands arbres du parc de Bourgenay !  Messe en plein air tous les dimanches de juillet-août, très appréciée !

Vous avez tous lu, je pense, « Le Petit Prince », ce conte superbe de Saint-Exupéry, qui se passe en grande partie dans le désert. Dans l’une des scènes, un marchand vante des pilules-miracles, censées apaiser la soif : « On en avale, dit-il, une par semaine, et l’on n’éprouve plus le besoin de boire. C’est une grosse économie de temps », dit le marchand.  « Et que fait-on de ces heures supplémentaires ? » demande le Petit Prince. « On en fait ce que l’on veut », répond le marchand !  Réponse aujourd’hui : on peut regarder la télé, flâner dans les magasins, surfer sur internet… « Moi, se dit le Petit Prince, si j’avais 2 ou 3 heures à occuper, ou même une heure, je marcherais tout doucement vers une fontaine. »

Eh bien, frères et sœurs, c’est ce même choix que vous avez fait ce matin. Vous êtes venus vers cette fontaine, que représente l’Evangile entendu en cet endroit magnifique ; cette fontaine dont Dieu lui-même est la source, la fontaine du repos en Dieu. La fontaine de la paix dont nos vies ont tant besoin. N’avons-nous pas entendu Jésus dire à l’instant, à chacun de nous personnellement : « Paix à vous, paix à votre maison. »

Et quand Jésus nous dit : « « N’emportez ni argent, ni sac, ni sandales », qu’est-ce que cela signifie ? Sinon que, durant ce temps d’été, c’est sans doute l’occasion, pour nous, de nous débarrasser de tout ce qui alourdit notre marche en avant, vers la fontaine de Dieu.  Et si l’été, les vacances, c’était l’occasion, enfin, de vivre au ralenti, de fonctionner autrement, et de nous débarrasser de nos mauvaises habitudes, de nos vieilles peaux ?

Paix à cette maison, paix à nos familles, qu’est-ce que cela veut dire ? En d’autres termes, bronzer, c’est bien ; s’habiller légèrement, c’est agréable. Mais au-delà de cela, c’est surtout l’occasion, pour chaque papa par exemple, d’être enfin un père ; parce que, ordinairement, il n’a guère le temps de s’occuper de ses enfants. Tandis que, de son côté, chaque mère peut redevenir une vraie maman, de façon plus attentive, pour chacun de ses enfants. Rappelons-nous cette parole d’Isaïe dans la 1° lecture : « De même qu’une mère console son enfant, moi-même, je vous consolerai ; vous serez comme des nourrissons que l’on porte sur son bras, que l’on caresse sur ses genoux. » Très belle description du rôle de la maman, identifié au rôle même de Dieu…

Quant aux grands-parents, ils savent bien qu’une semaine avec les petits-enfants, ce n’est pas de tout repos, mais certainement que du bonheur.  Comme me le disait un papy cette semaine : « Les petits-enfants, nous voulons qu’ils se sentent bien chez nous, qu’ils se sentent écoutés, qu’ils découvrent de nouveaux repères. » Et si c’était tout simplement cela, être envoyé en mission ?  Et pour toutes les personnes qui sont seules ou isolées, c’est la même mission qui vous est confiée : être attentifs, et ouverts, à tous ceux et celles qui sont près de vous. C’est à ce prix-là que notre humanité retrouvera le sens de la fraternité !

D’autre part, redisons-nous que ces vacances, ou ce temps d’été, ne seront réussis que si nous avons su nous arrêter pour regarder longuement le papillon qui se pose sur la fleur, et le ciel où s’entrecroisent les nuages. Marcher pieds nus sur le sable, même quand le temps est gris, tout en contemplant l’infini de la mer ; « La mer toujours recommencée », selon la belle formule du poète Paul Valéry.  Dans ce grand livre de la Création que représente notre superbe région, prendre le temps de regarder ce que la main de Dieu a fait, par amour pour nous, et de prier, de rendre grâce à partir de tout cela.

Et puisque nous aurons un peu plus de temps, nous n’oublierons pas de porter dans notre prière nos amis de l’Ukraine, qui eux sont loin de pouvoir profiter comme nous de cet été… Sans oublier les Russes, victimes d’une autre façon eux aussi, ni les populations qui, à travers le monde, sont écrasées de souffrance.

En tout cas, puissions-nous profiter de ces longues journées d’été pour marcher lentement vers la fontaine de Dieu, au pas du Petit Prince ; pour contempler, pour méditer et pour aimer. Alors, nous serons mieux à même de comprendre le sens de la phrase qui concluait l’évangile de ce jour :  « Le règne de Dieu s’est approché de vous », il est ici, il est en vous !   Amen ! Belles vacances à toutes et à tous, dans ce bel Esprit !