Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



dimanche 30 avril 2017

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.054 : "On est chez nous ! On est chez nous !""

S'il y a une vision que je ne supporte pas, et pas seulement pendant cette période électorale, c'est le spectacle affligeant de militants du FN scandant à tue-tête le slogan : "On est chez nous !  On est chez nous !" Or, inlassablement, et depuis de nombreuses années, les partisans du FN reprennent à tout bout de champ ce slogan-phare du logiciel frontiste, lors des meetings ou des réunions du parti.  Avec, en corollaires immédiats d'ailleurs, l'affirmation de la préférence nationale, ainsi que le rejet massif de l'islam et des adeptes de cette religion dans notre pays.
Aux critiques de tous bords sur une telle attitude, Marine Le Pen de répondre, comme à Clairvaux-les-Lacs, dans le Jura, en février, mais aussi ailleurs : "Mais non, ce n'est pas un cri de xénophobie ; c'est un cri du coeur, un cri d'amour pour ce qui nous appartient : notre pays. Oui, vous êtes chez vous !" a-t-elle ainsi affirmé, avec une profonde assurance.
Sans se rendre compte d'ailleurs qu'elle se situe ainsi en contradiction totale avec ce que nous enseigne la grande tradition biblique. Il y aurait tant de textes à citer...  en voici deux seulement, à titre de témoignage :
-  Lévitique 25/23 : "La terre ne vous appartient pas !  Elle appartient à Dieu !"
-  Deutéronome 27/19 : "Qu'il soit maudit, celui qui ne respecte pas les droits d'un étranger installé chez vous !  Et tout le peuple répondra : "Nous sommes d'accord !"
Comme l'a exprimé la députée européenne Sylvie Goulard cette semaine lors de l'émission "Face aux chrétiens" sur RCF : "Le programme de Marine Le Pen ne va pas franchement dans le sens de l'Evangile. Quand on fait des différences sur les origines des personnes, on est très loin de l'Epître aux Galates (3/28) : "Vous êtes tous fils de Dieu (...).  Là, il n'y a plus de distinctions : il n'y a plus ni juif ni grec, il n'y a plus ni esclave ni homme libre (...). Tous, vous êtes devenus un dans le Christ."
Personnellement, durant plus de 9 ans, j'ai vécu cette condition d'étranger en Afrique, et c'était dans un pays massivement de religion musulmane, au Mali. Mais jamais je n'ai ressenti un quelconque sentiment de rejet de la part de ces populations musulmanes.  J'organisais pourtant alors des temps de formation, des rencontres, des camps, des sorties, des activités scolaires, sportives ou autres avec une majorité de jeunes musulmans. On aurait pu me le reprocher, et pour cela, m'écarter, me maudire ou m'exclure : ce ne fut pas le cas ! Les Africains seraient-ils d'un esprit plus ouvert que les adeptes du Front National ?  Je ne suis pas loin d'en être persuadé !  Il est vrai que, pour tout vrai musulman, comme me le répétait souvent un imam de mes amis : "d'après le Coran, "l'étranger est un cadeau de Dieu !" 
Ah ! J'oubliais... D'après le sondage Pélerin/Ifop, "seuls" 15% des pratiquants réguliers ont voté pour Marine Le Pen ; contre 25% il est vrai aux élections régionales en 2015. Cette baisse est à souligner ! Mais il y a sans doute à redire sans se lasser qu'il y a des valeurs de l'Evangile à ne pas oublier !

jeudi 27 avril 2017

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.053 : "Je souffre sans haine"

Il nous arrive souvent de critiquer les médias, qui ont plutôt tendance à nous présenter la face sombre des personnes et des événements.  Et pourtant, nous devons beaucoup à ces mêmes médias qui, de temps à autre, mais quotidiennement pourtant, savent aussi nous offrir de réelles paroles de paix et de beaux gestes de lumière.
La Résurrection au jour le jour, cela existe en effet, à qui sait regarder, à qui sait aimer.
Nombre de nos contemporains doutent de la Résurrection de Jésus ; il est vrai que, hors la foi, il n'est pas évident d'y adhérer. Et pourtant, cela n'empêche pas le Christ de répandre sur chaque humain et sur tout l'univers la force de sa victoire sur la haine et la mort.
Il serait possible de partager une foule d'exemples à ce sujet ; je m'en tiendrai à un fait : l'émouvant hommage rendu par son compagnon au capitaine Xavier Jugelé, ce policier tué récemment sur les Champs-Elysées. Lors de l'hommage national rendu le mercredi 26 avril à la préfecture de police de Paris, retransmis sur toutes les télés, Etienne Cardiles, entre autres, a déclaré ceci : "Je suis rentré le soir, sans toi, avec une douleur extrême et profonde qui s'apaisera peut-être un jour, je l'ignore. Je souffre sans haine. J'emprunte cette formule à Antoine Leiris, cette leçon de vie qui m'a tant fait grandir qu'elle me protège aujourd'hui : "Vous n'aurez pas ma haine."  Cette haine, Xavier, je ne l'ai pas, parce qu'elle ne te ressemble pas. Parce que la tolérance, le dialogue et la tempérance étaient tes meilleurs armes (...)."
A titre de rappel, Antoine Leiris est un journaliste dont la femme a été assassinée le 13 novembre 2015, au Bataclan. Le 20 novembre, il a publié une lettre aux tueurs intitulée : "Vous n'aurez pas ma haine !"
En entendant les paroles d'Etienne, je me suis dit : devant un tel courage, une telle force de coeur, impossible de douter de la grandeur de l'homme ni de l'avenir de l'humanité !  Je pensais à ces deux citations recueillies il y a quelques jours seulement :
-  Maxime Gorki : "Un homme, ça sonne fier !"
-  Jean Jaurès : "La fidélité aux morts, ce n'est pas de porter leurs cendres, c'est de brandir leurs flambeaux."
Et voici que, tout à coup, la spirale de la violence et de la mort sont interrompues par un Antoine Leiris, qui entraîne ensuite Etienne Cardiles, et pourquoi pas, bien d'autres, hors des affres et des griffes du ressentiment sans fin, de la soif de la vengeance et de la haine qui n'en finit pas.
Pourquoi ne pas faire alors cette prière au plus profonde de notre coeur : "Victoire, tu régneras, ô Croix, tu nous sauveras."
Imperceptiblement, au coeur de notre société, le Ressuscité est présent.
Comme nous a appris à le chanter le psalmiste, avec foi et espérance : "La terre entière, Seigneur, est remplie de ton amour ! " (psaume 33/5)

dimanche 16 avril 2017

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.052 : A la santé du Christ ressuscité !

Parmi les nombreuses joies de Pâques dont, en tant que prêtre, je rends grâce en ce jour, il y a cette sympathique invitation, hier soir à l'issue de la Veillée pascale, et ce matin, après la messe, de venir partager le verre de Pâques, de la part de Fifi, mon sympathique voisin, patron populaire du bar tout proche du presbytère.
Hier soir, c'était trop tard ! Ce matin, après la messe, j'ai pu partager un moment de paix avec les clients du bar, dont aucun d'ailleurs n'avait participé à cette messe.
A la santé du Christ ressuscité !  Et nous avons trinqué.
J'avoue avoir eu alors une pensée peut-être un peu osée : et si ce vin blanc partagé avait quelque chose à voir avec le vin de Pâques, le sang du Christ en croix ?
A tous ces gens présents, je n'allais pas faire un discours sur le mystère de la Résurrection, mais, comme pasteur, j'ai fait, au plus profond de mon coeur, une prière au Ressuscité, pour lui confier tous ses enfants, conscients ou non de son sacrifice pour nous sauver du péché.
"Pas trop fatigué, M. le Curé ?" m'a demandé gentiment l'un des habitués de ce lieu de partage, ajoutant : "Surtout avec ces deux sépultures que vous avez faites..."  (C"est ce qui était le plus tangible pour lui, dans ce que j'ai pu faire cette semaine...).
Il est vrai que la semaine a été rude, et que je sens peser sur mes épaules le nombre des années.  Mais je ne suis pas le seul ; nombre de prêtres, souvent plus très jeunes, appréhendent de ne plus pouvoir répondre autant qu'ils l'aimeraient aux appels des paroissiens.
Avant que je quitte le bar, l'épouse de Fifi, Sophie m'a fait cadeau d'une belle poche de succulents chocolats de Pâques ; à partager bien sûr !
Cela me donne l'occasion de dire un immense merci à tous ces hommes et ces femmes, ces enfants, qui ont tout donné durant cette grande semaine pour la beauté de nos cérémonies.  A la sortie de la messe ce matin, comme à la fin de la célébration du Jeudi-Saint, ou de la Veillée pascale, les uns et les autres ont fait part de leur joie.  Je leur ai bien dit que, vu de mon côté, je n'étais pas forcément enchanté de ce que j'avais pu faire ou dire, mais tous alors m'ont arrêté pour me tranquilliser : ils sont trop fraternels !
Il est vrai que, quand je vois le nombre d'enfants présents à la Veillée pascale par exemple, quand je mesure la surprise de voir que, pour la 1° fois en 5 ans de Veillées pascales sur cette paroisse, nous avons enfin réussi à mettre en mouvement la moitié de l'assemblée pour une farandole autour du feu de Pâques, quand l'on compte le nombre de personnes qui se sont mobilisées pour la réussite de cette Veillée, des personnes auxquelles l'on n'avait souvent jamais rien demandé, je mesure les avancées et en remercie le Seigneur !
Un dernier témoignage : hier après-midi, juste avant la Veillée, je prenais connaissance d'un mail d'amis Mortagnais, non pratiquants, m'écrivant ceci :
"Bonjour Olivier ! Nous pensons que tu as bien du travail en cette période de fête, à laquelle s'ajoutent bien d'autres moments émouvants pour certaines familles (allusion aux 2 sépultures de la semaine), même si parfois, un peu de repos te ferait du bien.  C'est un réconfort de pouvoir partager et chercher ensemble les réponses à nos questions. Quant à nous, nous sommes actuellement assez occupés par des soucis de santé. X... commence sa chimio la semaine prochaine (cancer). Mais, en cette période où nous fêtons la résurrection, nous croyons en la vie. Nous mettons tous les moyens pour vivre à plein et "gai-rire".  X... n'est pas démuni : "je me sens très bien entouré et aimé." Nous tenons à te remercier pour la qualité de ton écoute ; elle nous aide à trouver notre chemin, comprendre notre mission et réagir aux événements de la vie.  Bien amicalement "  X... et Y..."
Christ est ressuscité !  Oui, il est vraiment ressuscité !  Alleluia !
Et prions-le surtout pour les personnes qui, en souffrance, n'arrivent pas à voir clair dans leur relations difficiles ni dans leur propre vie !  Seigneur, aide-les à comprendre combien, en dépit, envers et contre tout, tu es venu les libérer, les pacifier et les sauver !

P-S : Avec encore mes excuses pour la rareté de mes billets !  Navré de vous décevoir...  Mais les journées ne  sont-elles pas trop courtes ?

vendredi 14 avril 2017

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.051 : La Messe, et après ?

Je me permets de vous transmettre le texte d'une intervention que j'ai faite dimanche dernier, jour des Rameaux, à la basilique de St Laurent-sur-Sèvre, sur le thème de la liturgie de l'envoi, en fin d'eucharistie.
Je ne comptais pas la faire passer sur ce blog, vu sa longueur ; mais je le fais cependant, suite à la demande d'un certain nombre d'auditeurs.
Pour explication, chaque après-midi de dimanche de Carême avait lieu une intervention du même type, qui avait pour but d'aider à mieux découvrir chacun des temps de la messe.



Les différentes formes de la présence du Christ dans l’Eucharistie.
La liturgie de l’envoi

Bonjour à vous chers amis, et bravo pour votre courage à être présents et priants en cette Basilique alors qu’au dehors s’épanouissent les fleurs de printemps et que le soleil brille de tous ses éclats.
C’est donc à moi qu’il revient, et je remercie le Père Paulin et le conseil du sanctuaire pour leur confiance (mais vous serez peut-être déçus…), c’est donc à moi qu’il revient de clore ce cycle d’enseignement de carême, autour de la présence de Jésus, sous différentes formes, au fil de la liturgie de la messe.
 Aujourd’hui donc, la liturgie de l’envoi. Vous allez penser : « Mais il ne va pas avoir grand-chose à dire : Ite, Missa est, et tout est fini » ! Ça, c’est plus facile à comprendre que le mystère de la transsubstantiation. En un mot, tout est fini, vous pouvez circuler !  Oui mais, attention, ce n’est pas si sûr ! 

1 - Quelle est la signification de la liturgie de l’envoi ?

Reprenons la formule traditionnelle : « Ite, missa est », formule traduite habituellement par « Allez, la messe est dite, la messe est finie ». Je vous mets en garde, il s’agit ici d’un contre-sens. « Missa » est un adjectif féminin qui vient du verbe latin « mittere », qui signifie « envoyer » (et non « terminer »). Littéralement il faut traduire : « Ita : allez », « missa est : elle est envoyée ». « Missa » étant au féminin, on peut dire que cela signifie vraisemblablement : « Missa est », « l’Église est envoyée ». Vous arrivez à suivre ?
Le problème, c’est que le contre-sens dont je viens de parler demeure vivace dans la tête d’un certain nombre de chrétiens pour lesquels, à la fin de la messe, tout est terminé jusqu’au dimanche suivant.
Or, il y a un mouvement très dynamique dans ces quelques mots, tant dans la formule latine « Ite, missa est », « Allez, l’Église est envoyée », que dans la formule actuelle : « Allez dans la paix du Christ ».
« Allez » en effet ne veut pas dire : « retournez tranquillement chez vous, vous avez accompli votre « devoir » dominical, vous êtes en règle avec le Seigneur jusqu’à dimanche prochain ». C’est beaucoup plus que cela ! Lors de la messe, nous avons vécu un temps d’écoute de la parole, un temps de communion avec le Christ et avec tous nos frères et, je vous renvoie aux enseignements précédents, nous avons été regonflés, nourris, transformés. Mais à présent, à l’appel du prêtre, ou du diacre : « Allez dans la paix du Christ », nous sommes invités à nous disperser, à passer de ce sanctuaire de pierres qu’est l’église, pour nous répandre dans cet autre sanctuaire qu’est l’univers.
Nous avions formé une communauté de louange à l’église, nous allons à présent faire retentir cette louange dans nos quartiers, dans nos familles et sur toute la terre, par notre façon de nous comporter, de servir. En d’autres termes, lorsque nous avons quitté l’église, nous avons quitté le Christ sous la forme de la Parole, de l’Hostie, pour le chercher, le trouver autrement dans la vie quotidienne, et le servir à travers les autres.
Je vais vous poser une devinette : « Savez-vous quelle est la différence entre une messe et un match de foot » ? Au foot, on s’entraîne pendant toute la semaine pour ne jouer le dimanche que 90 minutes et rentrer des buts. Mais chez les chrétiens, le dimanche, à la messe, on s’entraîne à rencontrer le Christ pendant 60 à 70 minutes, pour jouer ensuite sur le grand terrain du Royaume de Dieu, et rentrer des buts de fraternité pendant tout le reste de la semaine ; soit 1 heure d’entraînement pour mieux vivre les 167 autres heures de la semaine.
En conclusion de ce premier point, 4 précisions :
·          Les annonces, ou plutôt, la vie de la paroisse, ne donnent pas que les heures de temps de prières dans le sanctuaire, elles nous invitent à nous bouger pendant la semaine qui suit, à mettre en pratique ce que nous avons découvert lors de l’eucharistie du dimanche. Par exemple, comme cela nous a été proposé ce matin à la messe, cette semaine, à nous demander à qui autour de nous, nous pourrions proposer de recevoir le sacrement des malades… En un mot, nous sommes invités à ne pas garder le Christ pour nous.
·          « Le Seigneur soit avec vous ». Formule banale, à laquelle on peut répondre sans réfléchir. 4 fois pendant la messe elle est utilisée, elle exprime le mystère même de Jésus, dont le prêtre vous souhaite qu’il vous accompagne, afin que vous ne demeuriez pas seuls à vous débattre face à vos difficultés. L’Emmanuel, Dieu avec nous jusqu’à la fin des temps.
·          « Que Dieu tout puissant vous bénisse… ». Au moment de quitter cette terre au jour de l’Ascension, avant d’envoyer ses disciples en mission, l’évangéliste nous dit que Jésus, levant les mains, les bénit. Ce n’est pas le prêtre qui bénit ; mais il demande au Seigneur de bénir les chrétiens présents, et il les marque de la croix de Jésus.
·          « Allez dans la paix du Christ ».

2 - Á quoi nous sommes envoyés ? Á qui ?

A servir Dieu parmi les plus démunis.
Renouvelés, réconfortés, ressuscités, libérés, par cette action transformante du Christ  expérimentée au cours de la messe, pourquoi ne lutterions-nous pas pour travailler à libérer nos frères ?
Là, il nous faut faire mentir ces remarques terribles selon lesquelles, pour Nietzsche par exemple, « au sortir des messes, les chrétiens n’ont pas des têtes de ressuscités », mais plutôt parfois, comme le regrette le pape François, « des têtes de piment au vinaigre ».  Ou ce dicton horrible selon lequel : « Ouais, ils vont à la messe, mais ils ne sont pas meilleurs que les autres » !
Car la mission qui nous est confiée commence dès la façon dont les paroissiens se situent les uns par rapport aux autres, lors des fins de messe. Avec cette façon d’éviter telle personne car on est en désaccord avec elle, de ne pas saluer telle autre qui passe près de votre groupe, ou de dénigrer dans la liturgie telle façon de faire, telle attitude du prêtre, d’un lecteur, de la chorale, qui nous a déplu…
Préférons le type d’échange suivant : un dimanche après la messe un couple en lien avec des Syriens a été invité à déjeuner chez des amis non pratiquants. Ce couple qui sortait de la messe a partagé son souci de voir que Youssouf, malgré ses démarches à Pôle Emploi, ne trouvait pas de travail. Leur ami dit alors : « Comment cela se fait-il ? Je cherche un manœuvre depuis 2 mois et Pôle Emploi ne m’a pas signalé cette demande, pourquoi » ? Dès le lendemain, le lundi, Youssouf, accompagné de ses soutiens du Secours Catholique, est repassé à Pôle Emploi, où il a fallu insister, mais il a eu enfin l’accord pour accéder à ce travail. En servant Youssouf, ce couple croyant, mais aussi leur ami non croyant, ont ensemble servi le Christ présent dans ce migrant.
J’ai cité ce geste car le conseil du sanctuaire a souhaité que j’insiste sur le fait que la liturgie de l’envoi, à la fin de la messe, invite bien les chrétiens à porter le souci, hors de l’église, de rencontrer Jésus, présent dans chaque personne, particulièrement dans celles que le monde délaisse : les pauvres, les réfugiés, les personnes qui vivent dans la solitude, les malades. C’est le Père Joseph Wrésinsky, fondateur d’ATD-Quart Monde, qui déclarait : « D’emblée, il faut faire la jonction entre le Christ et les pauvres, car ils ne font qu’un ».
Certains vont peut-être s’exclamer : « Mais là, on est loin de la messe, de la liturgie dont il devait être question »… Ce serait oublier le lien fondamental entre l’acte liturgique de l’eucharistie, et l’acte liturgique du lavement des pieds au cœur de la liturgie du jeudi saint. Et ce à quoi le chrétien est appelé, c’est à vivre une existence eucharistique à travers toute sa vie. La place de l’Église en effet, la place du chrétien, c’est d’être à genoux aux pieds du monde, et particulièrement devant les plus pauvres, qui sont comme les icônes du Christ.
Dans le journal « La Croix » du 30 mars, un supérieur de séminaire du Sri Lanka déclarait : « Je constate que la nouvelle génération de prêtres vient chercher une vie facile et confortable, au milieu d’un peuple pauvre et éprouvé, alors que, ajoute-t-il, nous devons prendre des risques, et nous confronter aux dangers du monde. »
Le diocèse de Rennes vient de lancer un synode avec 4 axes principaux, dont la place à donner aux plus pauvres, à tous ceux qu’on ne voit pas dans nos églises : les réfugiés, les homosexuels, les isolés, etc… En reprenant cet appel du prophète Isaïe : « Tu partageras ton pain avec celui qui a faim (épicerie solidaire), tu accueilleras chez toi les pauvres sans abri (migrants), tu vêtiras celui que tu vois nu, tu ne te déroberas pas à ton semblable, car il est ta propre chair » (Isaïe 58,7).
« Tu vêtiras celui qui est nu ». Le Père de Montfort, avant d’être prêtre, lorsqu’il faisait ses études, fit une quête dans sa classe pour que l’on puisse fournir un costume à un jeune de la classe dont les habits étaient en loques.
Pour illustrer ce qui est demandé au sortir de la messe, dans une attention particulière aux plus démunis, pas de meilleur exemple que la façon dont se comportait le Père de Montfort, dont toute la vie a consisté à se soucier des plus démunis. Ce n’était pas là pour lui un choix politique, mais un choix évangélique. En eux, il reconnaissait et honorait le Christ. Et il y avait, dans sa spiritualité, un grand équilibre, une belle complémentarité entre la messe et la vie.
L’on s’attriste parfois de ne pas voir nos églises pleines lors des eucharisties. Mais ne perdons pas nos énergies à nous lamenter, avec des « têtes de piment au vinaigre ». Rendons plutôt grâce à Dieu pour tous ces chrétiens qui mènent une existence eucharistique à travers toute leur vie, c’est-à-dire, une existence imprégnée du mystère sauveur de Jésus.
  Je pourrais citer de nombreux exemples de la façon dont chez nous, des chrétiens se mettent à genoux devant les plus démunis comme devant le Christ en lui :
·        L’hospitalité montfortaine,
·        Les visites des malades et des personnes âgées à l’EHPAD Sagesse, à la maison de retraite Montfort, à l’hôpital Saint-Alexandre, dans les quartiers…
·        Le transport solidaire,
·        L’alphabétisation,
·        L’action de l’ACAT,
·        L’épicerie solidaire
·        L’accueil d’un enfant handicapé dans l’école Saint-Léger,
·        Les invitations à des repas (Noël, fêtes…)
Cette révélation, selon laquelle Dieu est présent dans les plus petits, les plus pauvres, qui court à travers tout l’Évangile, elle va, il est vrai, à contre-courant de notre inclination à aller vers ce qui brille, ce qui est riche et puissant ; c’est une vérité contrariante pour certaines figures en politique, mais aussi, pour nous chrétiens.
Or, si l’on souhaite vraiment trouver le Christ, c’est bien le plus exclu, le plus rejeté, le pauvre Lazare de l’Évangile que personne ne songe à visiter ou à inviter, qu’il faut rechercher.
D’ailleurs je vais vous faire une confidence : s’occuper des autres, c’est s’occuper de soi, ou plus exactement, permettre au Seigneur de se révéler en soi et, à travers notre petite personne, de faire rayonner sa lumière. Comme si c’était Dieu en personne qui agissait alors, à travers les hommes et les femmes de bonne volonté.
Oui, je viens de parler des hommes et des femmes de bonne volonté, et pas seulement des chrétiens. Car l’un des miracles de l’eucharistie, c’est que, à travers le salut célébré, c’est non seulement nous, mais le monde entier qui est transfiguré. Si bien qu’il ne faut pas s’étonner de voir de nombreux non pratiquants très actifs dans le Secours Catholique, par exemple.
Ne nous plaignons pas qu’ils ne soient pas à la messe, mais c’est grâce à notre propre participation à la messe, à notre prière, faite en leur nom, qu’ils trouvent peut-être la force de servir le plus petit comme le ferait Jésus. Chacun devenant alors comme le disait Isaïe « lumière de midi » : « Si tu partages ton bien, ta lumière alors se lèvera dans les ténèbres, et tes nuits deviendront lumière de midi » (Isaïe 58, 9-10).
Pratique cultuelle, pratique évangélique : les deux temps de la respiration du chrétien.
Et puisqu’on est en période de réflexion par rapport aux grands choix à prendre pour l’avenir de notre pays, de l’Europe et du monde, donnons-nous toujours plus de temps pour prier, pour contempler l’action du Christ lavant les pieds de ses disciples, et puisons dans son exemple la route à suivre, les choix à faire, pour que le sacrifice eucharistique porte en nous de beaux fruits tout au long de la semaine qui suit.



C’est notre vie qui nourrit notre prière eucharistique et vice-versa :
·        Quand on se rassemble à l’église, c’est un appel à vivre davantage dans une belle relation entre nous hors de l’église.
·        Quand on se reconnait pécheur, il ne s’agit pas seulement de chanter un beau cantique de pardon, ni d’accomplir un rite formel : on reconnait telle faiblesse précise commise dans la semaine.
·        Chanter « Gloire à Dieu », c’est s’habituer à chanter « Gloire à Dieu » aussi dans la semaine pour tout ce que l’on voit de beau autour de nous.
·        Écouter une lecture, comme le lavement des pieds, c’est trouver en Jésus la force ensuite de laver les pieds, de servir comme lui.
·        L’offertoire : un temps mort ? Un moment où l’on chante un beau chant ? Attention, n’oublions pas le sens de l’offertoire : apporter notre vie, la vie du monde, les présenter au Seigneur.
·        La prière eucharistique : on se rappelle chaque fois que ce n’est pas la mort qui a le dernier mot ; c’est utile pour notre propre vie, pour aider les familles endeuillées ; par rapport aux élections, notre pays ne court pas vers sa mort. C’est l’Amour qui aura le dernier mot !

Tout cela c’est la respiration de l’Église ; à la messe, on aspire la force de Dieu, on s’y remplit les poumons de sa présence et de son amour ; puis, par nos attitudes et nos paroles , dans notre vie ensuite, l’on peut répandre ensuite ce souffle mystérieux et plein de l’oxygène du ciel, autour de nous.
Et le dernier mot de la messe, ce n’est pas « Amen », car cette respiration ne s’arrête jamais, si on se laisse sans cesse oxygéner et ventiler le cœur par le Seigneur.

Père Olivier GAIGNET,
                                                                                              Curé de Montfort-sur-Sèvre

dimanche 2 avril 2017

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.050 : La France au fond du tombeau ?

Tout d'abord, je vous prie de m'excuser de ce long silence : je n'ai pas eu la possibilité matérielle d'écrire des billets ces derniers temps, et j'en suis navré !
Je reviens sur ce sentiment étrange que nous partageons tous, vis-à-vis de l'importante élection qui nous attend. Beaucoup ne savent à quel saint se vouer... Si d'ailleurs "saint" il y a !  Alors, les uns de se replier sur eux-mêmes, d'autres de sauter dans le char de celui qui fait le plus de bruit, d'autres encore de souffrir en silence, en essayant de n'en rien laisser paraître...Tandis que quelques-uns s'accrochent désespérément aux basques de tel ou tel candidat pourtant déjà largué et de loin.
En ce 5° dimanche de carême, la liturgie propose à notre méditation la scène de la résurrection de Lazare (Jean 11/1-45). Dans cette histoire, comme aujourd'hui, il y a un mort, mais Jésus n'est pas là, bien que le défunt soit l'un de ses amis très chers.  La famille, les proches, sont laissés à eux-mêmes.  Le temps passe, aucune solution en vue... Le décès semble bien définitif. D'ailleurs, Marthe, l'une des soeurs de Lazare, dira à Jésus, lorsque celui-ci, enfin arrivé, demandera que l'on ouvre le tombeau : "Seigneur, il sent déjà ; c'est le quatrième jour qu'il est là..."
Adaptons à notre situation : il semblerait qu'il y ait un mort aussi chez nous, en France : c'est l'esprit d'espérance et de fraternité. Collectivement, nous sommes en train de l'enterrer. D'ailleurs, il y a foule aux obsèques ; et tout le monde a les larmes aux yeux et de la peine au coeur. Il est certain que, face à une situation aussi grave, l'on aurait bien besoin d'un homme providentiel, autrement dit, d'un sauveur.  Malheureusement, celui-ci ne semble pas être là. De Gaulle est lui-même mort depuis longtemps, et Jésus n'est plus en Galilée... Alors, laissée à elle-même, la famille "France" crie, pleure, trépigne, s'indigne et désespère : "Ah ! S'il y avait un sauveur (un bon dieu) !"  Malheureusement, comme disait Marthe, "ça sent déjà", et ça sent le pourri...  En un mot, ça sent la mort !
Dès lors, que peut-il se passer ?  Il est sûr que Jésus pleure sur notre pays, comme jadis à Béthanie ; mais en même temps, malgré les apparences, il ne reste pas inactif : non seulement il est saisi d'émotion, mais il accompagne la famille France, appelé au secours par notre foi et notre prière (si tel est le cas !). En même temps, lui-même lève les yeux au ciel et prie le Père, en le remerciant par avance pour la résurrection de Lazare qui va advenir. Et alors, Lazare, pieds et mains liés par des bandelettes, est enfin sorti vivant du tombeau.
Eh bien, aux messes d'hier soir à Evrunes comme à Mortagne ce matin, j'ai vu de mes yeux cette résurrection en cours, à travers ces deux messes à l'occasion de la journée nationale du CCFD : de très beaux témoignages, de l'ACAT (Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture, d'une enfant du caté racontant ce que sa mamy lui avait dit d'une innovation avec des enfants Roms en Slovaquie, d'une action avec des femmes aux Philippines et d'un combat avec des ouvrières au Cambodge.
Nicolas Hulot : "Le monde associatif en France mobilise plus de 13 millions de personnes. Ce sont des personnes altruistes, mais qui ne font pas beaucoup de bruit. C'est une sorte de majorité silencieuse qui aide la société à ternir et à laquelle nous demandons aujourd'hui de se compter en répondant "présent".  Pour peser dans le sens de la solidarité sur le débat politique ouvert par la présidentielle, mais aussi bien au-delà."
Non, la France n'est pas morte !  Et la Terre est toujours vivante, tant qu'à la base, des hommes, des femmes, des enfants, avec le CCFD comme en lien avec tant d'autres personnes ou associations et engagés politiques, se battront pour faire émerger un monde plus juste, qui sente bon l'espérance et la fraternité !
"Marthe, quiconque vit et croit ne mourra jamais.  Crois-tu cela ?"  A chacun de se laisser interpeller et réveiller, et même ressusciter, par cette question de Jésus !