S'il y a une vision que je ne supporte pas, et pas seulement pendant cette période électorale, c'est le spectacle affligeant de militants du FN scandant à tue-tête le slogan : "On est chez nous ! On est chez nous !" Or, inlassablement, et depuis de nombreuses années, les partisans du FN reprennent à tout bout de champ ce slogan-phare du logiciel frontiste, lors des meetings ou des réunions du parti. Avec, en corollaires immédiats d'ailleurs, l'affirmation de la préférence nationale, ainsi que le rejet massif de l'islam et des adeptes de cette religion dans notre pays.
Aux critiques de tous bords sur une telle attitude, Marine Le Pen de répondre, comme à Clairvaux-les-Lacs, dans le Jura, en février, mais aussi ailleurs : "Mais non, ce n'est pas un cri de xénophobie ; c'est un cri du coeur, un cri d'amour pour ce qui nous appartient : notre pays. Oui, vous êtes chez vous !" a-t-elle ainsi affirmé, avec une profonde assurance.
Sans se rendre compte d'ailleurs qu'elle se situe ainsi en contradiction totale avec ce que nous enseigne la grande tradition biblique. Il y aurait tant de textes à citer... en voici deux seulement, à titre de témoignage :
- Lévitique 25/23 : "La terre ne vous appartient pas ! Elle appartient à Dieu !"
- Deutéronome 27/19 : "Qu'il soit maudit, celui qui ne respecte pas les droits d'un étranger installé chez vous ! Et tout le peuple répondra : "Nous sommes d'accord !"
Comme l'a exprimé la députée européenne Sylvie Goulard cette semaine lors de l'émission "Face aux chrétiens" sur RCF : "Le programme de Marine Le Pen ne va pas franchement dans le sens de l'Evangile. Quand on fait des différences sur les origines des personnes, on est très loin de l'Epître aux Galates (3/28) : "Vous êtes tous fils de Dieu (...). Là, il n'y a plus de distinctions : il n'y a plus ni juif ni grec, il n'y a plus ni esclave ni homme libre (...). Tous, vous êtes devenus un dans le Christ."
Personnellement, durant plus de 9 ans, j'ai vécu cette condition d'étranger en Afrique, et c'était dans un pays massivement de religion musulmane, au Mali. Mais jamais je n'ai ressenti un quelconque sentiment de rejet de la part de ces populations musulmanes. J'organisais pourtant alors des temps de formation, des rencontres, des camps, des sorties, des activités scolaires, sportives ou autres avec une majorité de jeunes musulmans. On aurait pu me le reprocher, et pour cela, m'écarter, me maudire ou m'exclure : ce ne fut pas le cas ! Les Africains seraient-ils d'un esprit plus ouvert que les adeptes du Front National ? Je ne suis pas loin d'en être persuadé ! Il est vrai que, pour tout vrai musulman, comme me le répétait souvent un imam de mes amis : "d'après le Coran, "l'étranger est un cadeau de Dieu !"
Ah ! J'oubliais... D'après le sondage Pélerin/Ifop, "seuls" 15% des pratiquants réguliers ont voté pour Marine Le Pen ; contre 25% il est vrai aux élections régionales en 2015. Cette baisse est à souligner ! Mais il y a sans doute à redire sans se lasser qu'il y a des valeurs de l'Evangile à ne pas oublier !
dimanche 30 avril 2017
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.054 : "On est chez nous ! On est chez nous !""
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Olivier Gaignet
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22:05
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jeudi 27 avril 2017
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.053 : "Je souffre sans haine"
Il nous arrive souvent de critiquer les médias, qui ont plutôt tendance à nous présenter la face sombre des personnes et des événements. Et pourtant, nous devons beaucoup à ces mêmes médias qui, de temps à autre, mais quotidiennement pourtant, savent aussi nous offrir de réelles paroles de paix et de beaux gestes de lumière.
La Résurrection au jour le jour, cela existe en effet, à qui sait regarder, à qui sait aimer.
Nombre de nos contemporains doutent de la Résurrection de Jésus ; il est vrai que, hors la foi, il n'est pas évident d'y adhérer. Et pourtant, cela n'empêche pas le Christ de répandre sur chaque humain et sur tout l'univers la force de sa victoire sur la haine et la mort.
Il serait possible de partager une foule d'exemples à ce sujet ; je m'en tiendrai à un fait : l'émouvant hommage rendu par son compagnon au capitaine Xavier Jugelé, ce policier tué récemment sur les Champs-Elysées. Lors de l'hommage national rendu le mercredi 26 avril à la préfecture de police de Paris, retransmis sur toutes les télés, Etienne Cardiles, entre autres, a déclaré ceci : "Je suis rentré le soir, sans toi, avec une douleur extrême et profonde qui s'apaisera peut-être un jour, je l'ignore. Je souffre sans haine. J'emprunte cette formule à Antoine Leiris, cette leçon de vie qui m'a tant fait grandir qu'elle me protège aujourd'hui : "Vous n'aurez pas ma haine." Cette haine, Xavier, je ne l'ai pas, parce qu'elle ne te ressemble pas. Parce que la tolérance, le dialogue et la tempérance étaient tes meilleurs armes (...)."
A titre de rappel, Antoine Leiris est un journaliste dont la femme a été assassinée le 13 novembre 2015, au Bataclan. Le 20 novembre, il a publié une lettre aux tueurs intitulée : "Vous n'aurez pas ma haine !"
En entendant les paroles d'Etienne, je me suis dit : devant un tel courage, une telle force de coeur, impossible de douter de la grandeur de l'homme ni de l'avenir de l'humanité ! Je pensais à ces deux citations recueillies il y a quelques jours seulement :
- Maxime Gorki : "Un homme, ça sonne fier !"
- Jean Jaurès : "La fidélité aux morts, ce n'est pas de porter leurs cendres, c'est de brandir leurs flambeaux."
Et voici que, tout à coup, la spirale de la violence et de la mort sont interrompues par un Antoine Leiris, qui entraîne ensuite Etienne Cardiles, et pourquoi pas, bien d'autres, hors des affres et des griffes du ressentiment sans fin, de la soif de la vengeance et de la haine qui n'en finit pas.
Pourquoi ne pas faire alors cette prière au plus profonde de notre coeur : "Victoire, tu régneras, ô Croix, tu nous sauveras."
Imperceptiblement, au coeur de notre société, le Ressuscité est présent.
Comme nous a appris à le chanter le psalmiste, avec foi et espérance : "La terre entière, Seigneur, est remplie de ton amour ! " (psaume 33/5)
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Olivier Gaignet
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16:47
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dimanche 16 avril 2017
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.052 : A la santé du Christ ressuscité !
Parmi les nombreuses joies de Pâques dont, en tant que prêtre, je rends grâce en ce jour, il y a cette sympathique invitation, hier soir à l'issue de la Veillée pascale, et ce matin, après la messe, de venir partager le verre de Pâques, de la part de Fifi, mon sympathique voisin, patron populaire du bar tout proche du presbytère.
Hier soir, c'était trop tard ! Ce matin, après la messe, j'ai pu partager un moment de paix avec les clients du bar, dont aucun d'ailleurs n'avait participé à cette messe.
A la santé du Christ ressuscité ! Et nous avons trinqué.
J'avoue avoir eu alors une pensée peut-être un peu osée : et si ce vin blanc partagé avait quelque chose à voir avec le vin de Pâques, le sang du Christ en croix ?
A tous ces gens présents, je n'allais pas faire un discours sur le mystère de la Résurrection, mais, comme pasteur, j'ai fait, au plus profond de mon coeur, une prière au Ressuscité, pour lui confier tous ses enfants, conscients ou non de son sacrifice pour nous sauver du péché.
"Pas trop fatigué, M. le Curé ?" m'a demandé gentiment l'un des habitués de ce lieu de partage, ajoutant : "Surtout avec ces deux sépultures que vous avez faites..." (C"est ce qui était le plus tangible pour lui, dans ce que j'ai pu faire cette semaine...).
Il est vrai que la semaine a été rude, et que je sens peser sur mes épaules le nombre des années. Mais je ne suis pas le seul ; nombre de prêtres, souvent plus très jeunes, appréhendent de ne plus pouvoir répondre autant qu'ils l'aimeraient aux appels des paroissiens.
Avant que je quitte le bar, l'épouse de Fifi, Sophie m'a fait cadeau d'une belle poche de succulents chocolats de Pâques ; à partager bien sûr !
Cela me donne l'occasion de dire un immense merci à tous ces hommes et ces femmes, ces enfants, qui ont tout donné durant cette grande semaine pour la beauté de nos cérémonies. A la sortie de la messe ce matin, comme à la fin de la célébration du Jeudi-Saint, ou de la Veillée pascale, les uns et les autres ont fait part de leur joie. Je leur ai bien dit que, vu de mon côté, je n'étais pas forcément enchanté de ce que j'avais pu faire ou dire, mais tous alors m'ont arrêté pour me tranquilliser : ils sont trop fraternels !
Il est vrai que, quand je vois le nombre d'enfants présents à la Veillée pascale par exemple, quand je mesure la surprise de voir que, pour la 1° fois en 5 ans de Veillées pascales sur cette paroisse, nous avons enfin réussi à mettre en mouvement la moitié de l'assemblée pour une farandole autour du feu de Pâques, quand l'on compte le nombre de personnes qui se sont mobilisées pour la réussite de cette Veillée, des personnes auxquelles l'on n'avait souvent jamais rien demandé, je mesure les avancées et en remercie le Seigneur !
Un dernier témoignage : hier après-midi, juste avant la Veillée, je prenais connaissance d'un mail d'amis Mortagnais, non pratiquants, m'écrivant ceci :
"Bonjour Olivier ! Nous pensons que tu as bien du travail en cette période de fête, à laquelle s'ajoutent bien d'autres moments émouvants pour certaines familles (allusion aux 2 sépultures de la semaine), même si parfois, un peu de repos te ferait du bien. C'est un réconfort de pouvoir partager et chercher ensemble les réponses à nos questions. Quant à nous, nous sommes actuellement assez occupés par des soucis de santé. X... commence sa chimio la semaine prochaine (cancer). Mais, en cette période où nous fêtons la résurrection, nous croyons en la vie. Nous mettons tous les moyens pour vivre à plein et "gai-rire". X... n'est pas démuni : "je me sens très bien entouré et aimé." Nous tenons à te remercier pour la qualité de ton écoute ; elle nous aide à trouver notre chemin, comprendre notre mission et réagir aux événements de la vie. Bien amicalement " X... et Y..."
Christ est ressuscité ! Oui, il est vraiment ressuscité ! Alleluia !
Et prions-le surtout pour les personnes qui, en souffrance, n'arrivent pas à voir clair dans leur relations difficiles ni dans leur propre vie ! Seigneur, aide-les à comprendre combien, en dépit, envers et contre tout, tu es venu les libérer, les pacifier et les sauver !
P-S : Avec encore mes excuses pour la rareté de mes billets ! Navré de vous décevoir... Mais les journées ne sont-elles pas trop courtes ?
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Olivier Gaignet
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20:02
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vendredi 14 avril 2017
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.051 : La Messe, et après ?
Je me permets de vous transmettre le texte d'une intervention que j'ai faite dimanche dernier, jour des Rameaux, à la basilique de St Laurent-sur-Sèvre, sur le thème de la liturgie de l'envoi, en fin d'eucharistie.
Je ne comptais pas la faire passer sur ce blog, vu sa longueur ; mais je le fais cependant, suite à la demande d'un certain nombre d'auditeurs.
Pour explication, chaque après-midi de dimanche de Carême avait lieu une intervention du même type, qui avait pour but d'aider à mieux découvrir chacun des temps de la messe.
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Olivier Gaignet
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10:04
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dimanche 2 avril 2017
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.050 : La France au fond du tombeau ?
Tout d'abord, je vous prie de m'excuser de ce long silence : je n'ai pas eu la possibilité matérielle d'écrire des billets ces derniers temps, et j'en suis navré !
Je reviens sur ce sentiment étrange que nous partageons tous, vis-à-vis de l'importante élection qui nous attend. Beaucoup ne savent à quel saint se vouer... Si d'ailleurs "saint" il y a ! Alors, les uns de se replier sur eux-mêmes, d'autres de sauter dans le char de celui qui fait le plus de bruit, d'autres encore de souffrir en silence, en essayant de n'en rien laisser paraître...Tandis que quelques-uns s'accrochent désespérément aux basques de tel ou tel candidat pourtant déjà largué et de loin.
En ce 5° dimanche de carême, la liturgie propose à notre méditation la scène de la résurrection de Lazare (Jean 11/1-45). Dans cette histoire, comme aujourd'hui, il y a un mort, mais Jésus n'est pas là, bien que le défunt soit l'un de ses amis très chers. La famille, les proches, sont laissés à eux-mêmes. Le temps passe, aucune solution en vue... Le décès semble bien définitif. D'ailleurs, Marthe, l'une des soeurs de Lazare, dira à Jésus, lorsque celui-ci, enfin arrivé, demandera que l'on ouvre le tombeau : "Seigneur, il sent déjà ; c'est le quatrième jour qu'il est là..."
Adaptons à notre situation : il semblerait qu'il y ait un mort aussi chez nous, en France : c'est l'esprit d'espérance et de fraternité. Collectivement, nous sommes en train de l'enterrer. D'ailleurs, il y a foule aux obsèques ; et tout le monde a les larmes aux yeux et de la peine au coeur. Il est certain que, face à une situation aussi grave, l'on aurait bien besoin d'un homme providentiel, autrement dit, d'un sauveur. Malheureusement, celui-ci ne semble pas être là. De Gaulle est lui-même mort depuis longtemps, et Jésus n'est plus en Galilée... Alors, laissée à elle-même, la famille "France" crie, pleure, trépigne, s'indigne et désespère : "Ah ! S'il y avait un sauveur (un bon dieu) !" Malheureusement, comme disait Marthe, "ça sent déjà", et ça sent le pourri... En un mot, ça sent la mort !
Dès lors, que peut-il se passer ? Il est sûr que Jésus pleure sur notre pays, comme jadis à Béthanie ; mais en même temps, malgré les apparences, il ne reste pas inactif : non seulement il est saisi d'émotion, mais il accompagne la famille France, appelé au secours par notre foi et notre prière (si tel est le cas !). En même temps, lui-même lève les yeux au ciel et prie le Père, en le remerciant par avance pour la résurrection de Lazare qui va advenir. Et alors, Lazare, pieds et mains liés par des bandelettes, est enfin sorti vivant du tombeau.
Eh bien, aux messes d'hier soir à Evrunes comme à Mortagne ce matin, j'ai vu de mes yeux cette résurrection en cours, à travers ces deux messes à l'occasion de la journée nationale du CCFD : de très beaux témoignages, de l'ACAT (Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture, d'une enfant du caté racontant ce que sa mamy lui avait dit d'une innovation avec des enfants Roms en Slovaquie, d'une action avec des femmes aux Philippines et d'un combat avec des ouvrières au Cambodge.
Nicolas Hulot : "Le monde associatif en France mobilise plus de 13 millions de personnes. Ce sont des personnes altruistes, mais qui ne font pas beaucoup de bruit. C'est une sorte de majorité silencieuse qui aide la société à ternir et à laquelle nous demandons aujourd'hui de se compter en répondant "présent". Pour peser dans le sens de la solidarité sur le débat politique ouvert par la présidentielle, mais aussi bien au-delà."
Non, la France n'est pas morte ! Et la Terre est toujours vivante, tant qu'à la base, des hommes, des femmes, des enfants, avec le CCFD comme en lien avec tant d'autres personnes ou associations et engagés politiques, se battront pour faire émerger un monde plus juste, qui sente bon l'espérance et la fraternité !
"Marthe, quiconque vit et croit ne mourra jamais. Crois-tu cela ?" A chacun de se laisser interpeller et réveiller, et même ressusciter, par cette question de Jésus !
Publié par
Olivier Gaignet
à
16:59
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