Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



samedi 31 décembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.025 : "La vieille année s'en est allée..." (Bach)

Pendant les 10 années durant lesquelles je me suis trouvé curé du Pays des Olonnes, ce fut une grand bonheur pour moi que d'entendre, lors de la messe de chaque 1° janvier, notre organiste, Monsieur Yves Poupeau, interpréter, sur les grandes orgues de Notre-Dame de Bon Port, aux Sables d'Olonne, ce merveilleux morceau de Jean-Sébastien Bach : "Le vieille année s'en est allée..."
Chaque fois, je le taquinais, en le reprenant pour dire, malgré ses protestations : "La Belle année s'en est allée."  Mais, en fait, et si la "vieille" année était synonyme de la "belle" année ?  Avec tout ce que la vieillesse peut apporter de beau, de grand, de profond, de plus riche et de sublime, par rapport à la simple beauté...
Méditons cette prière que Bach nous offre :
La vieille année s'en est allée !
Nous te remercions, Seigneur Jésus-Christ,
de nous avoir guidés, avec tant de constance
dans la détresse et le danger,
tout au long de cette année."
A nous de prendre le temps de relire cette année, de repasser dans notre coeur tout ce que nous avons reçu du Christ, minute par minute, sans interruption ni éclipses, malgré les apparences parfois, durant ces 365 journées.

Je vais juste citer quelques exemples, pour vous aider à lancer votre recherche et allumer le feu de votre propre prière personnelle.
-  vous êtes en vie, vous avez des gens qui vous aiment, dites merci !  Sacha Guitry rappelait : "On oublie toujours ceux qui vous ont fait du bien" ...  Tel ou telle, Dieu...
-  vous avez vécu des conflits, la vie est difficile en famille... Vous avez du ressentiment, vous ne vous sentez pas bien, l'année a été trop dure, et vous ne la regretterez pas ...  Ecoutons St Augustin : "Suppose que Dieu veuille te remplir de miel.  Si tu es plein de vinaigre, où mettras-tu ce miel ?"
-  il existe 500 associations sur le Pays de Mortagne, et donc, des milliers de bénévoles, tout autour de nous, au service du vivre-ensemble... Cela me donne envie de chanter le "Magnificat" !  Comme dit le proverbe chinois : "Plus on sera nombreux à ramasser les brindilles, plus le feu sera grand !"
-  en octobre dernier s'est déroulée la marche du mouvement "Les femmes font la paix". Tout de blanc vêtues, plusieurs milliers de manifestantes israéliennes, palestiniennes ou venues de l'étranger ont défilé, en se relayant, durant une quinzaine de jours, du nord au sud du pays, jusqu'à Jérusalem.  Ces femmes réclamaient la reprise des négociations de paix.  "Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon, nous mourrons tous comme des idiots !" (Martin-Luther King)
-  ce mois de décembre, sur Mortagne, lancement d'un service de transport solidaire s'adressant aux personnes âgées, isolées ou dépendantes.  16 conducteurs bénévoles, 52 bénéficiaires inscrits. Le philosophe juif Emmanuel Lévinas disait : "Tu te dois à autrui."  Merci Seigneur pour tous ces gens qui se bougent !
-  cette année, l'OMS a annoncé la fin de l'épidémie de fièvre Ebola en Afrique de l'Ouest.  Encore un exemple de plus pour constater que le mal n'a jamais le dernier mot; mais que, même s'il ne nous épargne pas, il finit toujours par s'épuiser. "L'amour est la seule chose qui double à chaque fois qu'on le donne !" (Albert Schweitzer)

On pourrait poursuivre longtemps ainsi ; je vous laisse continuer la démarche. Vous découvrirez alors d'innombrables étoiles, souvent méconnues, brillant dans l'obscurité du monde comme dans votre propre vie.
A méditer, ce conseil imparable du philosophe et théologien dominicain allemand, Maître Eckhart (1260 - 1327) : "Si tu remerciais Dieu pour toutes les joies qu'il te donne, il ne resterait plus de temps pour te plaindre !"
Merci, mille mercis Seigneur, et merci à tous nos frères et soeurs de la terre, pour les merveilles de la vieille mais belle année 2016 ! Et en retour pour l'avenir !


PS : Ce 11 janvier 2017, je reçois le mail ci-dessous, que je me fais un plaisir de vous partager !
Merci Marie-Jo !

ci-dessous un message de paix et d’espérance auquel on ne peut qu’adhérer…

A très bientôt le plaisir de la rencontre fraternelle.
Mariejo

"Il est arrivé un grand petit miracle presque complètement ignoré par les médias:
des milliers de femmes juives, musulmanes et chrétiennes ont marché ensemble en Israël pour la paix. Dans la nouvelle vidéo officielle du mouvement pour la paix "Women Wage Peace",

la chanteuse israélienne Yael Deckelbaum chante la chanson "Prayer of the Mothers", avec des femmes et des mères de toutes les religions, montrant que la musique est en train de changer et doit changer. Un acte d'amour, un miracle féminin qui vaut mieux que mille mots.

Partagez cette nouvelle tout ce que vous pouvez!

Shalom Salam Paix" Anne Flo Vanden Perre :

vendredi 30 décembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.024 : "C'était mieux avant !"

Avec près de 65 ans de retard, et le recul du temps, je voudrais dire merci à mon sympathique instituteur du Gué de Velluire, Monsieur Paul Joguet, qui m'a appris à ne pas regarder le passé de façon déformée.  Sans cesse, il nous répétait : "Ah ! Vous savez, vous avez de la chance de vivre dans le monde d'aujourd'hui, car autrefois, la vie était bien plus dure..."
Depuis lors, je n'ai cessé d'être étonné en entendant tant de mes contemporains sembler regretter un soit-disant âge d'or, au temps duquel l'on vivait mieux, et où l'on était bien plus heureux.
Récemment, échangeant avec un jeune couple, celui-ci me parlait de sa vie, pas toujours simple. L'épouse avait souffert d'un cancer, heureusement guéri à présent. Ils me parlèrent aussi de leur maison de vacances, qu'ils allaient rejoindre bientôt, etc... Puis, tandis que nous évoquions les difficultés touchant aujourd'hui notre société, ils me firent cette réflexion : "Autrefois, il n'y avait pas tous ces problèmes et l'on vivait mieux."
Je leur ai alors fait part de mon grand étonnement ; étaient-ils donc inconscients à ce point ? "Madame, vous avez eu un cancer ; eh bien, dans ce temps jadis que vous semblez regretter, sans les formidables évolutions relativement récentes de la médecine, vous seriez morte à présent. Et vous, monsieur, si vous aviez vécu dans ce que vous pensez être la belle époque des années 50-60, si vous aviez été mobilisé pour aller faire la guerre en Algérie, vous parleriez autrement : cette "si belle époque", en effet, fut dramatique et destructrice pour des centaines de milliers de jeunes gens !"
C'était mieux avant !  Mais de quel avant parle-t-on ?  Avant quelle catastrophe ou quelle crise ?  C'était mieux avant !  Je me suis laissé dire que la phrase se répète depuis Cicéron, puisque celui-ci , déjà, l'a commentée, et critiquée...
Est-ce que l'avant que vous regrettez, c'était le temps de la guerre froide, où l'on vivait dans la crainte d'un conflit atomique ?  Ou le temps des camps de concentration ?  Ou celui de la crise économique de 1929 ?  Ou celui des Tranchées ? Ou lors de la défaite de Sedan ? Ou de l'écrasement de la Vendée ?  Ou à l'époque de la Guerre de cent ans ? A moins que ce ne soit celle de la Grande Peste, ou de la peur de l'an Mil, ou de la crainte des Vikings ?
Mais où se situe donc ce temps rêvé ?  Ah mais, j'oubliais, on n'apprend plus l'Histoire aux jeunes ni aux enfants... Ils ne savent donc pas ce qu'il y avait "avant".  Tout s'explique...
Pour éclairer notre raisonnement, je vous livre l'extrait d'un sermon de St Augustin (354-430),  "Sur les épreuves de  ce temps" :
"Mes frères, qu'est-ce que le genre humain peut souffrir d'inédit, que nos ancêtres n'aient pas déjà souffert ?  Ou bien, quand nous souffrons tels malheurs, savons-nous s'ils n'ont pas souffert les mêmes ?  On rencontre pourtant des gens qui récriminent sur leur époque et pour qui celle de nos parents était le bon temps !  Si on pouvait les ramener à l'époque de leurs parents, est-ce qu'ils ne récrimineraient pas aussi ?  Le passé, dont tu crois que c'est le bon temps, n'est bon que parce que ce n'est pas le tien."
A bon entendeur, salut !
Et si, être adulte, c'était accepter le temps dans lequel nous vivons, sans faire des rêves inutiles sur un passé qui fut peut-être pire que le temps qui est le nôtre ?
Et il en est de même pour notre foi !Ainsi que l'a souligné le philosophe Marcel Légault : "En vérité, Jésus de Nazareth est plus encore devant, dans l'avenir, que derrière, dans le passé."
Belle fin d'année !  Mais surtout, riche et belle nouvelle année, dans la main de Dieu et de nos frères !

jeudi 29 décembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.024 : Un beau Noël pour des Mortagnais...grâce à un musulman !

En cette période de Noël, quel bonheur de pouvoir toucher du doigt combien la lumière du Christ illumine notre monde. Malheureusement, il est vrai, il existe encore trop d'ombres ; mais Noël nous rappelle que le mal n'aura jamais le dernier mot !
A titre d'illustration, je vous propose de savourer le petit fait ci-dessous, vécu par une famille de Mortagne.

                          En hommage à nos frères musulmans !

  Depuis des mois, la famille prépare un voyage à Paris, pour Noël !  C'est un événement pour les trois filles, la dernière n'a que cinq ans.  Nous logerons chez un oncle, en banlieue parisienne.
  Quelle joie le matin du départ !  C'est bien difficile de canaliser l'énervement des trois filles !  Après plusieurs pauses pour dégourdir les petites jambes, nous laissons la voiture chez l'oncle et en métro, nous rejoignons la capitale.
  La Tout Eiffel... quelle merveille !  Après quelques visites, la nuit tombe, et il faut regagner la maison de l'oncle.
  Nous nous installons à nouveau dans un compartiment.  Les rôles sont bien répartis : Maman s'occupe des deux grandes, Papa de la petite et du sac à dos.  A l'arrivée, il fallait aller très vite.  On se bouscule un peu et voilà tout le monde sur le quai.  Ouf !  Les trois filles sont bien là !  Mais le sac à dos ?  Où est le sac à dos ?
  Il faut se rendre à l'évidence... le sac est resté dans le compartiment...
  Désolation... plus de papiers... plus d'argent...
  Tristement, on retrouve l'oncle... Après un temps de réflexion, nous décidons de repartir en Vendée... Le Commissariat de Police avait accepté de faire un certificat indiquant que nous avions perdu nos papiers.
  La route du retour est bien triste et bien longue !  Nous arrivons enfin, fatigués.  Nous déposons les valises.  Une des filles remarque que le téléphone clignote :  une personne a appelé pendant notre absence ?
  Papa prend.  La banque lui indique que quelqu'un a appelé pour avoir son numéro de téléphone, car il avait ramassé le sac à dos laissé dans le compartiment.  Cette personne s'était identifiée en laissant son numéro.
  Vite, Papa contacte l'inconnu.  En quelques mots, celui-ci lui explique ce qui s'était passé.  Et, continue-t-il, "je suis musulman ; pas fanatique, mais honnête.  Je n'ai rien pris.  J'ai cherché uniquement une adresse."  Il était électricien et travaillait à la Défense.
  Rendez-vous est pris, près de la Défense, à Paris.  Nouveau voyage... A l'heure, au lieu dit, quelqu'un se présente, avec le sac à dos.  Les mains levées, il dit : "Regardez, et vérifiez que je ne vous ai rien pris..."  L'entretien est bref, à peine le temps de le remercier... Heureusement, l'échange des adresses a permis par la suite de concrétiser ce merci.  Papa est comblé ; il est émerveillé devant tant d'honnêteté et de délicatesse.

La leçon de cette rencontre de Noël  :  tous les musulmans ne sont pas des terroristes, ni des ennemis pour notre pays.  L'immense majorité d'entre eux sont des hommes et des femmes comme nous, aimés de Dieu comme nous, aussi proches de Dieu que nous !
"Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde." (Jean 1/9, jour de Noël)
Pas seulement les chrétiens donc, mais aussi, les musulmans, et tous les autres humains...
"Paix sur la terre aux hommes, car Dieu les aime." (finale de l'évangile de la nuit de Noël, Luc 2/14)

  



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mercredi 28 décembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.023 : "Tu y crois encore, à tous ces bobards ?"

Cette catéchiste en était encore toute défaite tandis qu'elle nous racontait la mésaventure qui venait de lui arriver. Venant de rencontrer une amie d'enfance perdue de vue depuis longtemps, au cours de l'échange, notre amie se trouva à lui dire qu'elle faisait du caté ; l'autre alors de s'exclamer, en levant les yeux au ciel : "Quoi ?  Tu y crois encore, à tous ces bobards qu'on a essayé de nous fourrer dans la tête, au caté, quand on était enfant ?"
Au sein de notre société actuelle, cette personne est loin d'être un cas unique !  Croire en Dieu, de nos jours, cela peut apparaître comme un défi à l'intelligence et à la raison : on ne voit pas Dieu, donc il n'existe pas !  Et avec toutes ces guerres, tous les malheurs des hommes, comment croire en un Dieu laissant faire de tels drames ?
Face à l'ironique réaction de son ancienne amie, notre catéchiste eut l'impression que le moment n'était pas venu de rétorquer quelque chose et d'affirmer quoi que ce soit. Et pourtant, nous déclara-t-elle, "j'ai l'impression qu'il n'y a pas que des imbéciles qui mettent leur foi en Dieu !"
Me revinrent alors à l'esprit quelques réflexions de philosophes, intellectuels, savants, écrivains, personnages médiatiques..., posant autrement la question de Dieu :
-  Parménide par exemple, l'un des plus grands philosophes de l'antiquité grecque, écrivit ceci : "Il n'y a pas d'être sans un fondement ultime de l'être."
-  Platon, quant à lui sans doute le plus grand philosophe de tous les temps, ce qui est quand même une référence, poursuivant ce qu'avait exprimé Parménide, déclara, au cinquième siècle avant le Christ : "C'était un homme sage, celui qui inventa Dieu."
-  traversons les siècles !  Savez-vous que Nietzsche, qui n'avait rien d'un pilier de bénitier, fit des réflexions telles que celles-ci : "L'athée savant, ce nain prétentieux" (qui croit que Dieu n'existe pas) ; ou encore : "Refuser la foi en Dieu, c'est vouloir vider la mer."
-  plus sensé que cette amie d'enfance, Malraux, qui se posait la question de Dieu, se considérait comme en recherche, agnostique, vis-à-vis de cette interrogation : "L'agnosticisme disait-il, c'est une discipline de l'esprit qui maintient ouvertes toutes les portes de l'inconnu."
-  l'un des plus grands écrivains anglais du début du XX° siècle, Chesterton, quant à lui, fit la remarque suivante, toujours très valable aujourd'hui : "Depuis que les hommes ont cessé de croire en Dieu, ce n'est pas qu'ils ne croient plus à rien ; ils croient à tout !"  (la magie, l'influence des astres, la soit-disant prochaine fin du monde, la toute-puissance du mal, la force de l'argent, la chance ou la malchance, les forces occultes, etc...)
-  un autre écrivain, Saint-Exupéry, se considérait comme agnostique lui aussi ; mais cela ne l'empêcha pas d'écrire, dans "Pilote de guerre" : "Ma civilisation héritière de Dieu a fait les hommes égaux, frères... Elle a fait de la charité don à l'homme... Elle a fait chacun responsable de tous les hommes..."
-- plus nombreux également qu'on ne le croit, des personnages des médias expriment leur foi en Dieu.  Ainsi, entre autres, le chanteur Laurent Voulzy : "Je cherche des réponses sur le sens de la vie ; mais, en lisant les bouddhistes, je suis revenu aux grands penseurs chrétiens : St Augustin, Ste Thérèse d'Avila, Teilhard de Chardin..."
-  on peut citer aussi Laurence Ferrari, présentatrice de télé, catholique pratiquante : "La foi, ça me porte ; je n'ai jamais douté. La foi est en moi.  Vous pouvez me démontrer par A plus B que c'est faux, moi, je sais !"
-  un billet de ce blog ne peut être trop long ! Je termine donc avec, comme dernier témoin, Albert Einstein, le plus grand physicien du XX° siècle : "Devant l'univers, celui à qui le sentiment religieux est inconnu et qui n'est pas frappé de respect, c'est comme s'il était mort !"  Einstein, qui a beaucoup réfléchi aux rapports entre la science et Dieu, a également écrit ceci : "L'escalier de la science est l'échelle de Jacob ; il ne s'achève qu'aux pieds de Dieu."
Mais, face à des témoins d'un tel poids, qui oserait encore faire de Dieu une espèce de bobard imbécile pour personnes incultes, stupides ou "demeurées" ?
Il est vrai que, comme l'expliquait le grand savant Louis Pasteur : "Un peu de science éloigne de Dieu, mais beaucoup de science ramène à Dieu !"
Bonne réflexion, à poursuivre par chacun...

mardi 27 décembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.022 : Messe de la nuit de Noël à Mortagne (suite)

Je reçois à l'instant en mail la remontée d'une famille qui a participé à la messe de la nuit de Noël à la salle polyvalente, à Mortagne.  Cela traduit sans doute l'atmosphère créée par cette célébration, vécue pendant son déroulement, ainsi que l'écho qu'elle a eu ensuite au sein de nombre des familles y ayant participé. Ce qui a, entre autres, frappé les jeunes, ce fut la chanson chantée en rap : "Ave Maria, salam, shalom".

Noël : une belle occasion de se rassembler en famille. Chez moi, trois générations étaient réunies, de 80 à 8 ans !

Après la Messe de 20 h 30, tous se retrouvent et on échange :

«  Cette célébration était simple ; elle nous rejoignait tous. »

«  Moi, j’ai aimé le diaporama et les photos pendant la messe. Ils accompagnaient bien notre prière. »

A table, Josette, qui a lancé les applaudissements après le chant : «  Louez-le … » du  groupe Glorious, interprété par Sara, entonne le refrain qui est repris par tous …   entre la poire et le fromage …

Les jeunes avaient remarqué le sourire de Sara quand l’assemblée avait chanté avec elle, le dernier refrain.

Avec quel enthousiasme, ils reparlent de : « Ave Maria, Salam, Shalom … ». Tous se promettent d’aller l’écouter à nouveau sur Internet . Quelques expressions reviennent : « Paix pour les hommes … stoppez les armes ! » , « Il est temps de s’unir, on y est condamnés… »

Mamy plaisante :  « Le silence qui a suivi ce chant était éloquent …  pas un seul n’était enrhumé ! … ».

Un silence qui dure, qui est profond dit la qualité de la réflexion.

 Samedi soir, nous étions tous unis dans une même prière, heureux de fêter Noël, ensemble :

« Louez-le, louez-le, voici que Dieu avance … »

lundi 26 décembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.021 : Noël de Lumière !

Parler de "Noël de Lumière", cela peut paraître déplacé, quand on pense aux malheurs qui dévastent notre monde :
-  les enfants auxquels personne n'aura fait de cadeau en ces temps de fête
-  les 92 victimes du crash de l'avion russe le jour même de Noël
-  les personnes écrasées par la maladie
-  les époux qui se déchirent...

Pour éclairer notre réflexion, je vous livre cette histoire typiquement juive, rapportée par Fabrice Hadjadj, lui-même d'origine juive :

"RabbiMendel et Rabbi Bounam se disputaient sur la question de la joie.  Rabbi Mendel disait : "Nous n'avons pas le droit de nous réjouir tant qu'un seul enfant souffre.  Ces temps sont ceux de la destruction du temple.  Notre voix ne sonne juste que dans la lamentation."
A quoi répliquait Rabbi Bounam : "Nous avons au contraire le devoir d'être dans la joie, ou nous serions complices de ceux qui veulent tuer jusqu'à l'esprit d'enfance.  Ces temps sont ceux de l'espérance du Temple céleste.  Notre voix ne sonne juste que dans la justice, et la première justice est de rendre grâce pour les moindres dons de l'Eternel."

Au cours des messes de Noël, nous avons eu l'occasion de nous dire de quel ordre était la joie de Noël : non pas une joie facile, parce que le jour de Noël, nos difficultés se résoudraient comme par enchantement, tandis que nos soucis et nos maladies disparaîtraient brusquement...
La joie de Noël, c'est de savoir que, dans la douleur, Jésus, Emmanuel, est avec nous.  C'est ce que nous rappelait l'évangile de la nuit de Noël : "Paix aux hommes, car Dieu les aime" (Jean 2/14).  Alors, ne pas nous laisser recouvrir, remplir, illuminer intérieurement par cette paix, ce serait fermer notre coeur à l'arrivée en nous du Sauveur !  Et donner dans nos vies, à l'Esprit du mal, plus de place encore : tout le contraire de Noël, quoi !
Alors que le ressentiment n'a jamais apporté la Paix, pas plus que le camion fou à Berlin !
Comme le disait justement le Pasteur Martin-Luther King en effet : "L'obscurité ne peut chasser l'obscurité ; seule la lumière le peut !"
Pendant la messe de la nuit de Noël à la salle polyvalente, au moment du "Notre Père", je me suis trouvé à donner la main à un jeune handicapé, sur son fauteuil roulant. Je sentais qu'il vibrait pendant cette belle prière, au diapason de toute la foule, elle-même traversée alors par la Lumière du Sauveur.
A la fin de la cérémonie, par rapport aux autres années, je n'avais jamais vu autant de personnes dire combien cette célébration les avait marquées. Et pourtant, ce n'était pas que des gens "sans problèmes", je suppose !  Par exemple, les réfugiés Syriens qui étaient présents, de diverses religions d'ailleurs, ou ces parents souffrant de n'avoir pu être accompagnés par leurs enfants...  Mais ils avaient laissé Jésus et sa vraie Joie s'emparer d'eux !

Quand j'étais jeune, j'ai été très marqué par le témoignage de l'Italien Pier Giorgio Frassati (1901- 1925). Extrêmement dynamique, très sportif, alpiniste de renom, il fut béatifié et proclamé patron des sportifs par le pape Jean-Paul II en 1990. Très engagé en politique dans la lutte contre le fascisme en Italie. Ingénieur des mines, pendant ses études, il visitait les malades ; il contracta la polio lors de l'une de ses visites à des nécessiteux et en mourut.  Et c'est là où je veux en venir, à propos de la joie spécifique de Noël car, alors qu'il allait être emporté par la maladie, loin de désespérer, il déclara : "Tant que la foi m'en donnera la force, je serai toujours heureux. Tout catholique ne peut qu'être heureux.  La tristesse doit être bannie des coeurs animés par la foi."

Un sacré acte de foi !  Pas facile...  Pier Giorgio, viens nous donner un peu de ta "niaque" évangélique !
Et nous aurons, non plus un air tristounet, mais "une belle gueule de Ressuscités" !
D'avance, merci à toi Pier Giorgio, merci à l'Emmanuel !

dimanche 25 décembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.020 : NOEL, "Ave Maria, Salam, Shalom"

Hier soir, durant la messe de la nuit de Noël, à la salle polyvalente de Mortagne, à l'initiative d'une jeune de la paroisse, l'immense assemblée a écouté dans un silence religieux la célèbre chanson, en rap : "Ave Maria, Salam, Shalom", interprétée par une chanteuse chrétienne russe, un rappeur juif et un autre de confession musulmane. Cette chanson connaît un buzz mondial, et le clip a été vu des millions de fois sur internet. Nous l'avons passée car elle nous a semblé correspondre exactement au message de Noël, quant à l'acceptation des différences au sein de notre société.  Je vous invite à taper le titre et à l'écouter sur internet.
Impact très fort, d'après ce que l'on m'a dit en fin de cérémonie, et si j'en juge, entre autres, par ce témoignage que je viens de recevoir :

"Dès en rentrant hier soir, S..... (l'un des jeunes enfants) avait trouvé la chanson sur Internet et il l'a fait écouter à notre famille aujourd'hui. Je la ferai écouter aux enfants du caté, d'autant que cela va dans le sens de notre vie.

 Lorsque j'étais étudiante à Nantes, je logeais dans une cité universitaire qui, à l'époque était ouverte au monde entier. Là-bas, j'ai rencontré Sarojia qui était Singapourienne et qui faisait une thèse en sociologie sur le 'portage' des enfants par leur mère. C'est-à-dire qu'elle m'a fait découvrir que dans les pays européens, dès que l'enfant naît, lui qui a passé 9 mois dans le ventre de sa mère, on le sépare pour le mettre dans un lit alors que dans beaucoup de pays, la femme garde son enfant près d'elle dans un lange. Ce que j'ai pu faire finalement avec mes enfants car il avait été conçu de grandes écharpes que l'on s'attachait autour du corps avec le bébé dedans.

J'ai aussi rencontré Meinia et Beignia, deux Iraniennes qui étaient toujours inquiètes de leur famille (c'était l'époque de la guerre Iran - Irak). Il y avait aussi mon voisin, qui était en école d'architecture, qui venait des îles du Cap Vert et avec qui j'ai repris contact il y a deux ans. Et puis encore des Béninois qui étaient principalement en école de marine marchande. Mes meilleurs amis étaient Indonésiens, musulmans, et ils m'avaient appris quelques coutumes de chez eux et, de mon côté, ils étaient venus un week-end chez mes parents et m'avaient dit être déçus de voir que chez nous, on ne respectait pas bien nos parents.

Et voilà, avec tout ce petit monde, nous avons voyagé à Nantes dans des soirées africaines ou bien à faire des plats typiques. J'avoue avoir découvert le monde à cette époque de ma vie, qui restera pour moi un de mes plus grands souvenirs.

Cela pour dire que je suis tout à fait d'accord avec la phrase de Saint Exupéry : 'Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis'.  (c'était la phrase-phare de notre veillée de Noël)

 Voilà, j'ai déjà trop parlé de moi, mais pour dire que cette phrase est tout ce qu'il y a de plus vrai pour inviter à se comprendre les uns les uns et à Vivre Ensemble.

Nous vous souhaitons une très agréable soirée et semaine et vous disons à très bientôt.

 Merci encore pour ce que vous nous apportez."

Mais, chers paroissiens, c'est vous qui m'apportez et m'enrichissez infiniment, de par vos multiples partages et soutiens.

Au cours de la célébration, nous avons prié pour nos "frères aînés", nos "pères dans la foi" que sont les Juifs, en cette fête de Hannoucca, la fête des lumières, qui commençait justement cette année ce même 24 décembre.  Et voici qu'en ce jouir de Noël, je reçois ce message du grand rabbin de France, Haïm Korsia :
"Oui, nous partageons le temps, les fêtes et l'espérance et c'est ce qui fait
de nous des frères.
Belles fêtes et je t'embrasse.
Haïm"


"Que tu fasses Kippour, Ramadan ou Carême,
Tourné vers La Mecque, Rome ou Jérusalem,
Que tu portes l'étoile, la croix ou le croissant,
Il n'y a qu'un Dieu sur terre, et on est tous ses enfants.
Ave Maria, Salam, Shalom"...



dimanche 18 décembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.019 : "L'humanité est en train de mourir à Alep" (un musulman turc)

Au risque de revenir toujours sur les mêmes sujets, j'ai senti la nécessité de parler encore de ce qui se passe à Alep et en Syrie, à partir de ce que, ce soir, BFM/TV nous a présenté dans ses informations : une sorte de tour du monde des peuples se levant pour lancer un immense appel à la paix. En Turquie, au milieu d'une vaste foule réunie pour crier sa douleur, la voix de ce vieil homme : "Je suis musulman, je suis Turc, mais je ne peux me résoudre à regarder l'humanité en train de mourir si près de chez nous, à Alep !"
En Jordanie, beaucoup de monde également, pancartes de paix en main : "On ne peut laisser ces gens souffrir, les bébés mourir..."  Puis, on est allé en Grande-Bretagne, au coeur d'une vaste manifestation : "Quand est-ce que les dirigeants vont ouvrir les yeux et arrêter enfin cette guerre ?" Autres lieux également : les Etats-Unis, l'Allemagne, etc...
Et je repensais à nos messes de ce dimanche pendant lesquelles, comme un peu partout sans doute, nous avions décidé de mettre cette intention au coeur de notre prière. A la Basilique de St Laurent, Michel Guillier, diacre, a fort bien su évoquer ce drame au cours de son homélie.
Hier samedi, déjà, nous nous sommes reconnus pécheurs, partie prenante de ce grand péché, lors de la cérémonie collective de Réconciliation qui s'est déroulée dans l'église pleine de Mortagne.
Hier encore, comme annoncé dans un précédent billet, s'est déroulé à Mortagne notre premier "Cercle de silence", en solidarité avec Alep. Alors que "Ouest-France avait annoncé seulement le matin même la tenue de ce rendez-vous, très nombreuses furent les personnes qui y participèrent, autour de la traditionnelle lampe, et d'un grand dessin représentant Alep en ruines, des victimes gisant à terre. Comme l'ont fait remarquer les participants : "le silence était impressionnant, tant les gens, chez nous aussi, sont touchés par ce drame."
A un moment, plus de cent personnes étaient présentes, de tous âges, croyants ou non ; des élus également, dont M. le Maire ; des gens arrivaient, partaient, des passants s'arrêtaient, tous unis dans un même profond cri de souffrance !
Nous étions en communion avec les autres manifestations qui ont eu lieu à travers la Vendée, à Chavagnes-en-Paillers, aux Herbiers... : "C'est le seul moyen que nous avons pour nous exprimer, pour dire notre soutien aux Syriens et interpeller les pouvoirs publics locaux, nationaux ou européens."  "On se sent impuissant ; certains peuvent penser que cela ne sert à rien, mais, ne pas agir, c'est comme se rendre coupable de non-assistance à personne en danger."  "Il est important d'être là pour que ces personnes martyrisées en Syrie sachent que, dans le monde, il y en a d'autres qui pensent à elles."  Cela fait du bien de se rassembler en communion avec elles et entre nous..."
Pendant ce Cercle de silence me revenait à l'esprit, de façon lancinante, la douloureuse complainte du psalmiste : "Pourquoi, Seigneur, restes-tu si loin ? Jusques-à quand veux-tu te cacher, en ces temps difficiles ?" (psaume 10)
"Viens Emmanuel, viens, viens parmi nous !
Viens, Emmanuel, viens, viens nous sauver !"
Toi, le Prince de la Paix.

vendredi 16 décembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.018 : L'avenir de l'église St Hilaire ?

Il existe trois églises sur la commune de Mortagne : au centre de la commune avec l'église St Pierre, mais aussi à Evrunes et à St Hilaire de Mortagne. Cette dernière a dû être fermée pour cause de risques en 2004. Il y a quelques années, les élus, face au coût élevé d'une éventuelle restauration, et étant donné le petit nombre des fidèles à la fréquenter, mais aussi, à en assurer les services essentiels avant 2004, avaient, par un vote majoritaire, envisagé sa déconstruction. Cependant, l'évêque du diocèse de Luçon fit alors savoir que, légalement, il était en droit de s'opposer à une telle solution.
Qu'allait-il donc advenir de cet édifice qui, entre temps, continuait à se dégrader ? L'équipe municipale ne souhaitant pas engager des fonds au-delà du coût prévu par la déconstruction, le département s'est emparé de l'affaire, et a fait la proposition suivante : restaurer l'église, avec deux objectifs : permettre qu'y soient célébrées des cérémonies, mais aussi, à partir des très beaux vitraux de cet édifice, y installer un centre du vitrail.
Hier jeudi, à la mairie de Mortagne, une conférence de presse a eu lieu pour présenter ce projet. Des architectes nous ont proposé un projet de qualité, bien conçu et innovant, remettant effectivement bien en valeur l'ensemble de l'édifice, et de façon intelligente. L'on m'a alors demandé mon avis. Je l'ai résumé en trois points :
-  une question  :  les élus avaient opté en majorité pour la déconstruction de l'église. Or, l'on nous propose une nouvelle orientation.  Comment cela va-t-il être perçu par la population ?  D'autre part, depuis le début, la paroisse de trouve prise entre deux feux : d'un côté, il a paru inenvisageable à la paroisse de s'opposer frontalement à un vote réalisé démocratiquement, et d'autre part, il est toujours douloureux de voir une église se dégrader et risquer ainsi de disparaître.  En conséquence, il va falloir assurer tout un travail de communication et, ce nouveau projet, il faudra bien l'expliquer si l'on veut qu'il soit compris et accepté, alors qu'il y a tant de besoins "humains" qui sont abandonnés faute de financement, à Mortagne comme sur le département..
-  une inquiétude  :  en tant que curé affectataire, j'ai demandé que soit précisé le futur statut de cet édifice un peu hybride : ce lieu de prière que doit demeurer une église sera-t-il ouvert en permanence aux fidèles désirant se recueillir ?  Va-t-on le présenter encore comme une église, alors qu'il sera ouvert aux visiteurs à certaines heures seulement, et sous surveillance ? Envisage-t-on de faire payer la visite ? Où placer le curseur entre le culturel et le cultuel ? Pour que les choses soient claires, il y aura sans doute à envisager une charte d'utilisation !
-  un souhait  :  on a réussi à trouver de l'argent pour sauver l'édifice ; l'on ne peut que s'en réjouir, pour l'église elle-même comme pour le visage de ce quartier St Hilaire, et cela n'est pas à remettre en cause !  Mais j'ai demandé si l'on était capables de se donner les moyens de partager une somme équivalente au service de projets concernant les plus défavorisés qui, parfois, attendent longtemps une aide urgente, "faute de fonds suffisants"...   Je me suis permis de citer cet appel de St Jean Chrysostome jadis, toujours valable aujourd'hui, même si cela peut sembler un peu naïf et utopique : "Lorsque tu ornes l'église, n'oublie pas ton frère en détresse, car ce temple-là a plus de valeur que l'autre !"
A cette condition en tout cas, ce projet aurait plus de sens aux yeux de tous, et pourrait être à la fois mieux perçu et accepté, et exemplaire.
Ceci dit, il m'est difficile de me montrer mauvais joueur et de rejeter le proposition en cours. A nous tous, paroissiens ou non, de veiller à ce que ce projet soit bien mis au service du plus grand nombre !

jeudi 15 décembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.017 : Solidarité Alep, samedi à Mortagne

Mercredi soir, notre 5° Café-Théo a encore rassemblé une belle participation, près de 60 personnes, au Central-Bar, autour de la question : "La femme est-elle l'égale de l'homme ?"  Le débat fut fort animé et très riche, comme d'habitude. Vous pourrez en avoir une idée lors d'une prochaine édition du journal "L'Echo de l'Ouest".
A la fin de cette rencontre, Elisabeth a demandé si l'on ne pourrait pas organiser quelque chose sur Mortagne, pour marquer notre intérêt et notre solidarité avec ce qui se vit de douloureux sur la ville d'Alep. Tous ont accueilli très positivement cette proposition.  Après avoir étudié plusieurs possibilités, nous avons retenu l'idée d'une prière lors de la messe de dimanche prochain, ainsi qu'au cours de la veillée et de la messe de la nuit de Noël. Et l'idée d'un Cercle de silence a également été retenue.
Chacun s'est engagé à inviter des proches à un temps de silence, de méditation personnelle, sous la forme d'un Cercle de silence, sur le parvis sud de l'église de Mortagne, samedi 17 décembre, de 11h30 à 12h.  Nous serons regroupés en cercle autour d'une petite flamme.  Ce sera tout simple, ouvert aux passants et à tous ; ce sera notre petite participation solidaire avec ce que vivent de terrible ces Syriens bombardés et massacrés sous les yeux du monde entier.
Ce matin, sur France-Inter, excellente idée de nous avoir fait entendre cette douloureuse, mais magnifique chanson de Claude Nougaro, qui est tout à fait adaptée à la situation d'Alep :

"Que se passe-t-il ?
J'n'y comprends rien.
Y avait une ville,
et y a plus rien.(...)

Y a plus rien qu'un désert
de gravats, de poussière
qu'un silence à hurler
à la place où il y avait
une ville qui battait
comme un coeur prodigieux.(...)

Mon Dieu, mon Dieu
Faites que ce soit
un mauvais rêve
Réveillez-moi
réveillez-moi."

"Mon Dieu, mon Dieu", implore Claude Nougaro !
Seigneur, tu souffres avec les habitants d'Alep.
Une nouvelle fois, te voici avec eux mis en croix.
Viens nous réveiller de ce mauvais songe !
Réveille aussi nos dirigeants,
afin qu'un jour enfin,
comme tu nous le promets en ce temps de Noël,
"les épées se changent en faucilles" (Isaïe)
Et que tous ouvrent la route au Prince de la Paix !

mardi 13 décembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.016 : Dieu permet-il la souffrance ?

Hier soir lundi, réunion trimestrielle des catéchistes de St Laurent et Mortagne pour préparer le prochain module, dans lequel sera abordée la question de la souffrance. Les uns et les autres sont un peu inquiets : le problème est complexe !  Comment allons-nous pouvoir l'aborder avec les enfants ?
Une première question surgit : "J'ai entendu dire, par une religieuse très connue, que Dieu permettait la souffrance ; cela m'a choquée ! Je n'ai pas su quoi répondre, mais je n'arrive pas à croire que Dieu puisse "permettre" le mal."
L'ensemble du groupe acquiesce ; de l'avis de tous en effet, si Dieu nous aime avec tendresse, il n'est pas possible qu'il donne son accord à quelque chose de mauvais pour les humains.
Mais alors, et les objections se multiplient, "Pourquoi y a-t-il des enfants gravement atteints, si jeunes, par la maladie ?" "Et les tremblements de terre qui font tant de victimes, est-ce que cela ne vient pas de la Création voulue par Dieu ?"  C'est d'ailleurs ce que pensent nombre de gens autour de nous.
La réflexion se poursuit : "A la rigueur, si Dieu ne permet pas le mal, pourquoi ne l'empêche-t-il pas ? Que fait-il ?  Où est-il quand les gens souffrent ?  Ou alors, s'il ne peut pas arrêter cela, est-il vraiment tout puissant ?"
Lors de la Création pourtant, à plusieurs reprises, dans le premier chapitre de la Genèse, il est répété : "Et Dieu vit que cela était bon." Alors, si la Création a été bonne, d'où vient le mal ?  Et comment l'expliquer ?  Surtout lorsque l'on constate que, dès le départ, on a l'impression que c'est le mal qui prend le dessus dans cette Création... Avec Adam et Eve qui tournent le dos à Dieu, Caïn qui assassine son frère Abel et, dès le chapitre 6, cette constatation : "Yahvé vit que la méchanceté de l'homme sur la terre était grande, et que dans son coeur, il n'y avait de place que pour le mal." (Genèse 6/5)
L'on reste perplexe !  Dieu a-t-il vraiment permis tout cela ?  Relisons la Bible : en divers passages, on a plutôt l'impression que Dieu est profondément surpris, interloqué même, par ce qui arrive à sa Création ; par exemple, lorsqu'il s'exclame (voir Genèse 18/20-21)  : "Est-il vrai, ce cri qui monte de la terre ?"
Surprise de Dieu qui, dans son immense bonté, dans sa tendresse infinie, ne pouvait imaginer que les humains feraient un aussi mauvais usage de leur liberté et se retourneraient contre lui... De même que des parents aujourd'hui ont bien de la peine à croire que leurs enfants bien-aimés puissent éventuellement tourner le dos à toutes leurs valeurs.
Mais, objectèrent certains catéchistes, "Dieu, tout puissant, savait forcément à l'avance que les hommes le trahiraient, que sa belle Création engendrerait des tremblements de terre qui feraient d'innombrables victimes innocentes..."  Est-ce si sûr ?  Là encore, tout au long de la Bible, l'on découvre que Dieu n'imaginait pas les choses ainsi. Par exemple, en Isaïe 5/1-4 : "Mon ami avait une vigne (...) J'en attendais de bons raisins, pourquoi m'a-telle donné des fruits sauvages ?"  Oui, le mal, Dieu lui-même se demande pourquoi !  Mêmes déboires souvent, pour Jésus ; relire par exemple la parabole des vignerons assassins : "Il leur envoie son fils.  Il pensait en effet : "Ils auront du respect pour mon fils." (Matthieu 21/37)  Mais...
En fait, ce qui est sûr, c'est que le mal n'a pas été créé par Dieu ; il surgit, au sein de la Création libre, comme un imprévu de la liberté.  Dieu n'a pas créé des choses imparfaites, mais des personnes libres, et une nature en évolution qu'il a confiée aux hommes de gérer, d'améliorer ; ce que font par exemples les chercheurs scientifiques, face aux maladies, aux tremblements de terre qu'il nous faut apprendre à savoir détecter, etc...  Tandis que d'autres utilisent leur liberté pour faire le mal.
Dieu a créé de l'imprévisible ; ayant créé l'homme imprévisible dans sa liberté, on peut comprendre qu'il soit surpris par le mal.  Poussons au bout le raisonnement : si Dieu sait d'avance ce que je vais faire, si Dieu arrête mon bras malgré moi et m'empêche de faire le mal, suis-je réellement, totalement, libre ?  En tout cas, si Dieu intervient, c'est par l'intermédiaire d'autres personnes qui, autour de moi, vont m'aider à ne pas faire n'importe quoi.
Question : "Pour empêcher le mal d'exister, Dieu aurait-il dû éviter de créer ?"  Mais il aurait ressemblé alors à ces parents égoïstes refusant d'avoir des enfants pour éviter tout problème...
Reconnaissons en tout cas que le mal et la souffrance représentent une immense énigme, face à laquelle l'on se trouve sans réponse.  Jésus lui-même n'est pas venu faire une explication de la souffrance ; par contre, il est venu la partager avec nous, et la combattre de toutes ses forces. De façon fraternelle, comme il l'explique avec de multiples exemples, tel celui du Bon Samaritain, en nous montrant comment nous comporter devant le mal et la souffrance.
Finalement, il ne faut pas prendre Dieu pour un grand sorcier : Dieu ne peut pas tout empêcher, sinon l'homme ne serait plus libre ! Il ne permet pas le mal, il le subit, et il part en guerre contre lui avec nous.
Une catéchiste a cité l'exemple des Haïtiens qui, victimes d'un tremblement de terre, n'ont pas accusé Dieu de ce qui arrivait, ont regretté de ne pas avoir eu les moyens de se construire des maisons plus solides, et ont manifesté une solidarité exemplaire pour faire face ensemble à ce cataclysme.  Et en même temps, au lieu d'être abattus, acculés au désespoir face à une misère extrême, on les voyait prier le Sauveur. 
Il est vrai que Jésus a assumé la souffrance jusqu'au bout, en sa chair. Le mal a semblé l'abattre, mais il est ressuscité ; il a ainsi ouvert une brèche dans le mur de la mort, nous ouvrant en même temps à l'espérance.  Et cette représentation du Christ en croix permet aux croyants de vivre leur souffrance comme ayant un sens, en lien avec la souffrance du Christ, dans une perspective de Résurrection.

dimanche 11 décembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.015 : La maturité du Peuple de Dieu (Sépultures)

En cinq jours, de ce vendredi 9 décembre au mardi 13, quatre sépultures sur Mortagne-Evrunes ; et encore, je ne parle pas de St Laurent. Ces jours-ci donc, comme à tant d'autres moments, l'équipe des personnes qui accompagnent les familles en deuil est sur le pont en permanence.  Mais c'est aussi l'occasion de mesurer combien leur présence active et réconfortante est appréciée des personnes en souffrance. J'en veux pour preuve ce message que vient de recevoir un membre de l'équipe : "Bonjour ! Hier, je suis allé, mais un peu tard, pour vous remercier de la qualité de la célébration... Je n'ai trouvé que la femme du sacristain pour vous transmettre ce message. Merci infiniment de nous avoir fait vivre un moment inoubliable : les textes, l'homélie, l'animateur, la chorale, l'orgue, tout était signifiant.  Encore une fois merci, de la part de toute notre famille;  Fraternellement !  G..."
Quel bonheur, pour un curé, de recevoir de tels mots de reconnaissance par rapport aux responsables laïcs !  Même si nul ne les recherche ni ne les provoque, évidemment. Ils sont fréquents cependant.  Chaque fois, je les fais suivre aux personnes qui ont préparé et animé la sépulture en question ; mais très souvent aussi, comme dans le cas ci-dessus, ils leur sont directement adressés.  Et l'on pourrait citer aussi les mots échangés à l'issue des cérémonies ; de l'avis général, les personnes en deuil apprécient la présence des laïcs chargés de cet important accompagnement.
Je pourrais vous citer un certains nombre de messages reçus en ce sens, dont celui-ci, arrivé récemment et qui résume bien le sentiment général : "Mesdames, au nom de toute ma famille, je tiens à vous remercier du fond du coeur pour l'authenticité et la gentillesse dont vous avez fait preuve en ces derniers jours.  Vous avez parfaitement rendu Papa présent parmi nous lors de cette belle et simple célébration. Avec toute notre gratitude !  P..."
Jusqu'il y a une douzaine d'années, seuls les prêtres et diacres présidaient les sépultures.  Puis, lorsque, après pourtant une solide formation  donnée au plan diocésain, des laïcs ont commencé à conduire également de telles célébrations, certains ont pu être troublés, déstabilisés parfois. Mais, et les deux exemples que je viens de citer, parmi tant d'autres, en sont le signe, il semble que la greffe ait prise. Cette petite anecdote le confirme : l'un des laïcs conduisant les sépultures entendait au départ des personnes s'exclamer : "Encore pas de curé aujourd'hui..."  Tandis que la réaction actuelle est plutôt celle-ci, entendue parfois, à propos de l'animateur laïc : "Ah !  Celui-ci aurait fait un bon curé !"
Quelle conclusion tirer de tout cela ?  Je constate, au fil du temps, une maturité plus grande, de la part du peuple de Dieu, pour en aboutir à une telle compréhension.
Mais le curé de la paroisse, lui, que fait-il ?  Se tourne-t-il les pouces ?  Refuserait-il de présider les sépultures désormais ?  Je vais vous faire une confidence : depuis que je suis sur Mortagne-St Laurent, jamais je n'ai refusé l'opportunité de présider une sépulture, et j'apprécie beaucoup, quand cela m'est possible, d'accompagner les familles dans le deuil ; mais.... Je vais être concret, pour que chacun puisse mieux comprendre, en repartant des 4 sépultures programmées en ces jours : vendredi, quand fut annoncée une sépulture, j'étais déjà engagé pour conduire, à la même heure, la célébration de Noël de l'ensemble des enfants de l'école St Léger, dont je ne pouvais me dispenser !  Mardi prochain, il a été fixé une sépulture à l'heure même où je vivrai le même événement avec les enfants de l'école à St Hilaire. Diffcile là encore de bouleverser le programme de l'école !
Par contre, demain lundi, bien que ce soit mon jour de congé, aucun laïc n'étant disponible, je vais conduire une sépulture le matin à Mortagne, et une autre à Evrunes l'après-midi. Je viens de les préparer ce dimanche après-midi. Ce lundi, en plus de la suppression d'une journée pendant laquelle, à près de 75 ans, j'aurais pu me reposer, j'ai donc dû annuler un rencontre en matinée, et un rendez-vous médical l'après-midi.  Bien entendu, ce n'était pas impossible, et j'ai pu le faire.  Et il y a la rencontre trimestrielle de formation, ce lundi soir, de tous les catéchistes de st Laurent et de Mortagne sur le thème : "Peut-on donner un sens à la souffrance ?"
Mais en même temps, je tiens à exprimer  mon immense reconnaissance envers ces laïcs si courageux, autant qu'eux-mêmes peuvent être présents !  Et sans oublier les diacres bien sûr.
Et avec cette certitude évidente, comme me le répétait en permanence ma chère tante Thérèse, décédée l'an passé à plus de 96 ans : "Si tu es pris le jour de ma sépulture, ne t'en fais pas ; les laïcs feront cela très bien ! Et, de toute façon, avoir un prêtre à sa sépulture, cela ne fait pas arriver plus vite au ciel !"
Dieu merci, ce bon sens, signe d'une grande maturité ecclésiale, est de plus en plus présent et partagé par tous !
Grâce à vous, chers frères et soeurs laïcs !  Merci  !

P-S à ce billet écrit dimanche : Cerise ou chocolat sur le gâteau, ce lundi matin, avant la sépulture que je devais présider, une responsable de l'accompagnement des familles en deuil m'a transmis une pochette de chocolats ; c'était offert par la fille de quelqu'un dont nous avons accompagné la sépulture récemment.  Chocolats offerts aux laïcs de l'équipe, avec des mots exprimant combien la famille s'y était retrouvée et reconnue, lors de la sépulture du papy : belle illustration !

mardi 6 décembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.014 : Connaître et aimer nos frères musulmans

Entre autres réflexions qui ont fait tilt pour moi ces derniers temps, il y a cet aveu fait le 15 novembre dernier par Alain Juppé, le seul homme politique à avoir eu le courage de reconnaître qu'il ne connaissait rien à l'islam.
Tandis que la plupart des politiques se lancent en général allègrement dans des déclarations dont l'indigence intellectuelle est sidérante, par rapport à ce qu'est l'islam et à ce que sont et vivent chez nous la grande majorité des musulmans.
Mais où et quand et avec qui ont-ils pris le temps de réfléchir en profondeur sur ces réalités avant de parler ?  Et les esprits faibles les écoutent, avalent et répètent leurs erreurs d'analyse sur la situation.
Depuis mon retour en France, après neuf années durant lesquelles j'ai eu le bonheur d'être accueilli au Mali, dans un pays très majoritairement musulman, comme un frère, quoiqu'étranger, et, par dessus le marché, blanc, chrétien et prêtre, je m'arrache les cheveux en constatant combien nombre de nos compatriotes disent n'importe quoi concernant cette religion et ceux qui s'en réclament.  En grande majorité en effet, les gens ont tendance à tout mélanger : le voile, le Coran, la guerre d'Algérie, les attentats, la viande de porc, le burkini, les jeunes des banlieues, Le Pen, la charia, les djihadistes et je ne sais quoi encore...  Et on ne peut rien leur dire :  de toute façon, l'islam est suspect, et il faut nous méfier des musulmans, dont les mosquées vont bientôt être plus nombreuses que les églises dans "notre" beau pays de France !
Ah !  C'est ça, la fraternité ?  Alors, rayons tout de suite ce terme de notre devise nationale. Rayons aussi l'égalité, puisque, comme l'a dit récemment Marine Le Pen : "On ne peut quand même pas mettre les chrétiens et les musulmans sur le même plan !"  Malheureusement, un certain nombre de catholiques "identitaires" ne sont pas loin de penser la même chose et se font ainsi "lepéniser" !
Quant à la liberté, si une femme n'a même pas le droit, comme le font certaines religieuses, de porter un voile cachant ses cheveux, n 'en parlons pas non plus, et laissons l'Etat décider de la façon dont les citoyens doivent s'habiller désormais!  C'est à pleurer !
A Mortagne par contre, il y a quelque temps, nous avons apprécié la démarche de Monsieur le Maire, qui a souhaité que l'on se donne un temps de réflexion pour essayer de mieux comprendre les choses ; 130 de nos concitoyens ont répondu à cet appel. Ce jour-là, des musulmans, une quinzaine, se sont joints à nous, et je les entends encore nous dire : "Aujourd'hui, l'immense majorité des musulmans se sentent pleinement français ; mais le discours ambiant les interpelle sans cesse par rapport à la question de la compatibilité entre leur religion et leur nationalité, ce qui est une façon de les mettre à l'écart, de créer de la méfiance, et chez eux, un sentiment de mal-être."
Certains ont même l'impression d'être des boucs émissaires des maux de notre société.  Un peu plus, on leur reprocherait les attentats !  Or, une analyse intelligente aiderait à comprendre que ce n'est pas l'islam qui pose problème, mais la peur de l'autre, et les inégalités sociales.
Voilà pourquoi, nombre de personnalités politiques, même soit-disant de premier plan, de droite comme de gauche, face aux dérives de notre société et pour les contrer, s'attaquent à l'islam et accusent les musulmans de tous les maux, au lieu d'investir leur énergie à faire évoluer la situation dans les quartiers défavorisés, à tout faire pour réduire le chômage, à donner la parole aux musulmans modérés, pour se laisser instruire par les intellectuels de culture musulmane qui auraient tant de choses à nous faire découvrir de ce qu'ils croient et de ce qu'ils sont ; mais on leur "donne" si rarement la parole...
On ne connaît l'islam qu'à partir des attentats, ou de ce que disent de cette religion des gens comme Zemmour ou autres, ou encore, à partir de ce que l'on nous montre de négatif dans les banlieues, là d'ailleurs où il n'y a trop souvent plus un seul policier, ni bureau de poste, ni école, ni commerce.
Un sursaut d'approfondissement de nos façons de réagir serait vraiment salutaire pour notre pays.
Allez, quelques paroles de sagesse pour nous inviter à être moins superficiels dans nos jugements :
-  Bouddha : "Celui qui méprise les autres religions creuse un fossé autour de lui-même."
-  Zacharie 8/23 : "Faisons route ensemble, car près de toi, j'entends Dieu."
-  Albert Camus  :  "L'honnêteté consiste à juger une doctrine par ses sommets, non par ses sous-produits."
Qu'il en soit ainsi !
 

dimanche 4 décembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.013 : "Ouest-France" entre dans le débat !

Tout le monde ne lisant pas quotidiennement le journal "Ouest-France", je me permets de revenir sur l'édito paru dans ce 1° quotidien de France, le jeudi 1° décembre, sous la plume de Jean-François Bouthors. Celui-ci, docteur en sciences économiques, journaliste, éditeur, essayiste, a été longtemps journaliste à "La Croix". Il est aussi auteur de livres centrés sur l'intelligence des Ecritures, animateur d'un groupe biblique, etc... Tout cela pour dire que c'est quelqu'un dont l'avis fait autorité. Et pour que "Ouest-France" lui donne la parole en première page, cela veut sans doute dire quelque chose par rapport à la ligne éditoriale de ce grand quotidien.  Je vous laisse juges !  Extraits :

"La Manif pour tous est l'expression virulente d'une évolution profonde du catholicisme français, commencée avec Jean-Paul II et Jean-Marie Lustiger.  L'un et l'autre ont délibérément accéléré le mouvement déjà entamé de recul de la belle tradition française du catholicisme social.  On a vu monter des générations de jeunes prêtres plus soucieux de piété et d'identité.
Pour faire passer son message nettement antilibéral sur les questions de société, ce nouveau clergé - souvent en rupture avec les choix de ses aînés - a travaillé, consciencieusement et sans état d'âme, le terreau paroissial, les aumôneries, mais aussi la blogosphère.  Si le catholicisme français est désormais minoritaire, en son sein, le courant identitaire l'emporte nettement.
Souvent pris à contre-pied par les déclarations et les gestes du pape François, il trouve dans une partie de l'épiscopat français et dans quelques figures de la Curie romaine de quoi se sentir conforté.  Il voit aussi la poussée de l'islam comme une justification de son retour à une vision passéiste de la Tradition.
Cette "famille" qui s'entend bien à se parler à elle-même et à se rassembler, est-elle capable de convaincre au-delà de son propre cercle ?  On peut en douter, car, au fur et à mesure qu'il raffermit son identité, le catholicisme français se marginalise davantage, sans que monte, dans ses rangs, une figure capable de porter le message d'ouverture de François."

Diable ! Pour que "Ouest-France" prenne ainsi position en publiant en bonne place un tel point de vue, il faut que les responsables de ce journal en aient un peu par-dessus la tête de la situation ecclésiale actuelle dans divers diocèses de l'Ouest et ailleurs.  Un certain nombre de laïcs, de diacres, de religieux-ses et de prêtres se retrouveront dans une telle analyse... qui rejoint d'ailleurs ce que le grand quotidien "Sud Ouest" a publié ce même 1° décembre (une coïncidence ?), à savoir, le fait qu'une soixantaine de prêtres du diocèse de Bayonne, en désaccord profond avec leur évêque, Mgr Aillet, sur la gestion de son diocèse, ont écrit à Mgr Pontier, président de la Conférence des évêques de France, au cardinal Ricard, archevêque de Bordeaux ainsi qu'au nonce à Paris, pour dénoncer cette situation.
Du boulot en perspective pour l'Esprit-Saint  !!!

vendredi 25 novembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.012 : Sous l'horizon de l'Infini...

Chaque année, je retrouve avec bonheur cette homélie de Saint Cyprien de Carthage que l'Eglise propose à notre méditation dans la lecture du Bréviaire, en cette période de l'année, et en l'occurrence aujourd'hui.  Je l'ai lue et relue plusieurs fois.
Elle peut nous aider à mieux nous situer, dans ce que nous vivons à présent, par rapport à la mort et l'au-delà.

"Mes frères bien-aimés, soyons préparés avec une foi solide, une vertu robuste, à tout ce que Dieu voudra de nous.  Chassons la crainte de la mort en pensant à l'immortalité qui la suit. Montrons ainsi ce que nous croyons.
Nous devons considérer, frères bien-aimés, et méditer continuellement que nous passons ici-bas, provisoirement, comme des étrangers et des voyageurs.  Accueillons avec joie le jour qui fixe à chacun son véritable domicile, qui nous délivre de ce monde et de ses filets pour nous rendre au Paradis et au Royaume.
Quel exilé ne serait pas pressé de rentrer dans sa patrie ?  Nous tenons le ciel pour notre patrie.  Un grand nombre de ceux que nous aimons nous y attendent :  une immense foule de pères, de fils, de frères nous désirent.  Ils sont déjà sûrs de leur propre salut, et encore inquiets du nôtre.  Quel bonheur partagé, pour eux et pour nous, de nous revoir, de nous embrasser !  Quel bonheur, dans ce Royaume céleste, de ne plus craindre la mort !  Quelle félicité parfaite et perpétuelle, de vivre pour l'éternité !
C'est là que se trouvent le glorieux groupe des Apôtres, la troupe jubilante des prophètes, le peuple innombrable des martyrs, victorieux dans les combats et les souffrances.  C'est là que se trouvent les vierges triomphantes qui ont vaincu par l'énergie de leur continence les convoitises charnelles.  C'est là que sont récompensés les miséricordieux qui ont accompli la justice en donnant aux pauvres nourriture et aumônes et qui ont observé les préceptes du Seigneur en transférant leur patrimoine de la terre dans les trésors du ciel.
Le Christ Seigneur nous donnera d'autant plus largement sa gloire que nous l'aurons plus fortement désirée."

Vous allez peut-être trouver étrange que cet homme semble accepter aussi facilement la perspective de la mort. Je me permets donc de rappeler que cet évêque de Carthage, né dans une famille païenne, d'origine berbère, converti à l'âge mûr, ne s'est pas contenté de faire de pieux sermons sur la mort ; au moment de la persécution de Valérien, il fut décapité pour sa foi, le 14 septembre 258. 
Pourquoi ne pas nous confier au Seigneur sous son patronage ?

samedi 19 novembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.011 : Vivre ensemble, avec des convictions différentes

Au terme d'une magnifique journée que je viens d'avoir le bonheur de vivre et que j'ai été heureux d'accompagner ce samedi à la Roche s/Yon, à l'initiative du groupe SEL 85 (Solidarité - Eglise - Liberté), avec participation de membres des groupes de dialogue interreligieux de la Roche et des Sables (musulman, bouddhiste), l'on m'a demandé de donner un écho de cette rencontre, et je vous le partage : en matinée, un partage genre Café-Théo, et un topo - échange l'après-midi.
En matinée donc, chaque participant a eu la possibilité de faire part d'une expérience positive de vivre-ensemble qui l'a marqué :
-  telle famille a accueilli des Irakiens pendant plusieurs années ; "au cours du temps, après avoir dépassé les diverses difficultés, c'est comme si, eux et nous, on faisait partie de la même famille."
-  "nous faisons de l'agriculture biologique ; au début, on a été longtemps seuls, pas toujours compris !  Mais à présent, on sent que cela se développe ; on se sent mieux compris !"
-  "plusieurs fois, j'ai navigué à la voile, avec des inconnus ; mais, sur le bateau, nous devions apprendre le vivre-ensemble, pour la marche du voilier, la cuisine, etc... On a appris à compter sur les compétences les uns des autres."
-  "je suis allé au Chili plusieurs fois. Sous la dictature, le vivre-ensemble était organisé d'en haut, par la force ! Avec le retour de la démocratie, il a fallu tout réapprendre d'un réel vivre-ensemble, pas plus simple, car il a fallu que les gens se responsabilisent en ce sens."
-  "nous avons hébergé des Tchétchènes, avec des enfants, un certain temps, dans une caravane, dans notre jardin ; au début, le voisinage a eu peur ; puis, ils se sont aperçus que la maman, même voilée, était une maman comme les autres."
-  "notre famille est très dispersée ; depuis un certain nombre d'années, à intervalles réguliers, nous organisons une cousinade. Nous nous retrouvons très nombreux, de la même famille, mais avec des évolutions différentes. Cela a créé un lieu de rencontres où chacun peut trouver sa place."
-  "j'ai invité deux jeunes musulmanes à prendre un verre ; puis, je me suis inquiétée, car c'était pendant le Ramadan ; mais elles m'ont fait comprendre qu'elles étaient heureuses de cette invitation, et qu'elles se sentaient libres en France."  Ali, interrogé, a cité ce passage du Coran (2/256) disant : "Il n'y a pas de contrainte en religion."
-  "sur la paroisse de Mouilleron-le-Captif ,Venansault..., des personnes très engagées dans l'Eglise ont été démises de leurs fonctions par l'autorité ecclésiale ; cette incompréhension  les a blessées. Beaucoup de paroissiens sont découragés... Mais d'autres sont venus à leur rencontre, les ont écoutés longuement, essayent de les soutenir. Le choix a été fait, non de quitter l'Eglise, mais de tenter, envers et contre tout, de maintenir le dialogue avec le diocèse.  Lors d'une rencontre, pas moins de 72 personnes sont venues échanger à ce sujet. Dans ce conflit, regrettable, l'on a pu mesurer la volonté de vivre ensemble, de garder des liens pour être constructifs, même si l'on ne voit pas clair par rapport à l'avenir."
Impossible malheureusement de reprendre tous les faits apportés, témoignant que le vivre-ensemble est bien une réalité chez nous, et dans tous les domaines possibles, malgré les difficultés.

Après un repas-partage, temps d'approfondissement.
D'abord, regard sur un certain nombre d'exemples montrant comment, au terme souvent d'un combat intérieur, des évolutions ont pu se produire :
-  le rapprochement avec les Protestants : de la haine à la fraternité, avec l'humilité du pape allant en Suède à l'occasion des 500 ans de la Réforme.
-  Gandhi, gâce à la non-violence, luttant pour un rapprochement entre Hindous et Musulmans.
-  Mandela, laissant de côté la lutte armée pour jouer la carte du vivre-ensemble avec l'oppresseur blanc.
-  ce détenu en pèlerinage des prisonniers à Rome, faisant une intervention avec, à ses côtés, la maman du jeune qu'il a assassiné.
-  François allant à la rencontre des prostituées, des prêtres mariés, etc...
Puis, échange à propos des deux modèles de la fraternité :
-  celle des bons sentiments, selon laquelle, dans l'Eglise, on devrait tous s'aimer, point !  Eviter de s'interpeller, penser si possible la même chose, faire le choix des mêmes options pastorales... Mais est-ce que ce serait vrai ?
-  l'autre modèle, ce serait celui de l'alliance, le seul qui permettre de vivre ensemble dans la vérité : une fraternité avec des gens que l'on n'a pas choisis, acceptant des divergences, mais recherchant le dialogue,  non obsédée par un besoin d'uniformité.
La société attend ce type de comportement de la part de l'Eglise et des chrétiens.
L'humanisme nous y engage !  Saint Exupéry : "Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis."  André Malraux : "L'homme moderne appartient à ceux qui vont le créer ensemble".  Lévinas : "Que se passe-t-il quand je regarde quelqu'un en face ?"
Si l'autre est différent de moi, l'erreur, c'est de l'exclure ! Car en effet, il peut me paraître in-compréhensible... Or, "com-prendre", c'est "prendre avec soi" !
A eu lieu alors un échange très riche à propos de ce que le Coran dit de la fraternité, avec plusieurs citations, dont celle-ci : "Si Dieu l'avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté" (sourate 5/48) Mais il nous a fait différents, cela nous invitant à transformer nos différences en complémentarités.
Nous avons survolé alors l'histoire du peuple de Dieu, sans cesse traversé par la tentation du rejet de l'autre, de l'exclusion ; et cela, dès le départ, avec le conflit entre Caïn et Abel, jusqu'à la division entre les deux royaumes d'Israël et de Juda.  Mais, sans cesse, des prophètes ont, au risque de leur vie, appelé le peuple à se rassembler, à retrouver l'unité (Ezéchiel 37/15-28, Isaïe 2/4, etc...).
Quant à Jésus, il a été à la fois l'acteur premier, et la victime de son appel au vivre-ensemble. Sans cesse, en opposition le plus souvent avec les responsables religieux dont il dépendait, il a invité à vivre l'esprit des Béatitudes, dans une totale non-violence ; il a invité chacun à être vrai, à ne pas présenter les offrandes sans s'être réconcilié avec son frère ; il a apaisé les tempêtes, invité à aimer ses ennemis ; il a rappelé aux responsables religieux qu'ils devaient avant tout se comporter comme des serviteurs, ne pas se faire appeler "Pères", ne pas se prendre pour des chefs absolus ; il a su accompagner ceux qui étaient éprouvés, etc..., etc...
Nous avons achevé cet échange en reprenant la lettre récente des évêques intitulée : "Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique" ; lettre dont l'un des thèmes-clefs est justement celui du vivre-ensemble, avec des passages tels que celui-ci (page 59 dans l'édition Bayard) : "Notre engagement doit toujours être soutenu par un véritable respect pour ceux qui ne pensent pas de la même manière.  S'il faut parfois donner un témoignage de fermeté, que celui-ci ne devienne jamais raideur et blocage (...) sur fond de patiente confiance que Dieu ne cesse d'avoir pour l'homme."
Ce conseil étant d'ailleurs tout à fait valable aussi pour nos relations entre prêtres, évêque et laïcs au sein du Peuple de Dieu.
Avec le rappel du respect dû aux laïcs, qui sont, de par leur baptême, "prêtres, rois-serviteurs et prophètes", le Christ en personne étant présent en eux, ainsi que l'Esprit-Saint. St Jérôme n'a-t-il pas dit que "Tout homme naît avec l'Esprit-Saint" ?
Denise, se fondant sur la voie non violente prônée par le Bouddhisme, nous a invités à bien équilibrer notre relation avec prêtres et évêque.
Proposition a été faite en finale de prévoir une réflexion, ouverte à un large public,sur la place et le rôle des laïcs dans l'Eglise, avec l'aide d'un théologien.
Bravo à ceux qui se prennent ainsi en main pour faire exister un réel vivre-ensemble, tant au sein de l'Eglise que de la société, en prenant des initiatives pour briser les cercles de l'incompréhension et du rejet de l'autre, quel qu'il soit !

lundi 14 novembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.010 : Le pape a voulu rencontrer des prêtres mariés et leurs familles

Il m'a paru important de vous communiquer cette info, dûe au journaliste Nicolas Senèze, de l'agence "Urbi et Orbi" reliée au journal "La Croix".
 
 
Le pape François a rencontré vendredi 11 novembre sept familles dans le quartier de Ponte di Nona à Rome, toutes fondées par d’anciens prêtres ayant quitté le sacerdoce.
Dans le cadre des « vendredis de la miséricorde », le pape François s’est rendu dans l’après-midi du vendredi 11 novembre dans le quartier de Ponte di Nona, à l’extrême est de Rome où il a rencontré, dans un appartement, sept familles toutes fondées par d’anciens prêtres ayant quitté le sacerdoce.
Un vendredi par mois, depuis le début du Jubilé, le pape part rendre discrètement visite à des personnes défavorisées ou marginalisées pour illustrer les œuvres de miséricorde.
 
« Le Saint-Père a voulu offrir un signe de proximité et d’affection à ces jeunes qui ont fait un choix pas toujours accepté par leurs frères prêtres et leur famille », note le Vatican dans un communiqué.

Quatre anciens curés du diocèse de Rome

« Après plusieurs années consacrées au ministère sacerdotal en paroisse, il est apparu que la solitude, l’incompréhension, la fatigue causée par les lourdes responsabilités pastorales les ont fait douter de leur choix initial de la prêtrise », continue la Salle de presse du Saint-Siège. « Des mois et des années d’incertitude et de doute les ont souvent conduits à croire qu’ils avaient fait, avec le sacerdoce, le mauvais choix. D’où leur décision de quitter la prêtrise et de fonder une famille. »
Quatre des jeunes pères de famille rencontrés par le pape étaient d’anciens curés du diocèse de Rome, dont le pape est l’évêque, les autres venant de Madrid (Espagne), d’Amérique latine et de Sicile.
Selon le Vatican, l’arrivée du pape dans l’appartement « a été marquée par un grand enthousiasme », les enfants se rassemblant autour de François pour l’embrasser, tandis que les parents « ne retenaient pas leur émotion ».

« Sa parole paternelle a rassuré tout le monde »

« La visite du Saint-Père a été très appréciée par toutes les personnes présentes, qui n’ont pas ressenti un jugement du pape sur leur choix, mais sa proximité et l’affection de sa présence », précise le Saint-Siège, selon lequel le pape a écouté les anciens prêtres et s’est tenu au courant des procédures canoniques en cours.
« Sa parole paternelle a rassuré tout le monde sur son amitié et la certitude de son intérêt personnel », a conclu le Vatican, selon lequel François a une nouvelle fois « voulu donner un signe de la miséricorde à ceux qui vivent une situation de détresse spirituelle et matérielle, et montrer que personne ne doit se sentir éloigné de l’amour et de la solidarité des pasteurs ».

Cette visite s’est terminée vers 17 h 20 , après quoi le pape est rentré au Vatican. Il s’agissait du dernier « vendredi de la miséricorde » de l’année jubilaire.


Tandis que je prenais connaissance de cette démarche du pape, m'est revenue à l'esprit cette phrase de l'Evangile :
"Tandis qu'il était encore loin, son Père l'aperçut et fut pris de pitié :
il courut se jeter à son cou et l'embrassa tendrement."  (Luc 15/20)

Mille mercis à ce bon Pasteur qu'est François !
 

samedi 12 novembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.009 : "N'est-ce pas Dieu qui a choisi de nous envoyer moins de prêtres ?"

Je voudrais commencer ce billet en citant un extrait du mail reçu d'une paroissienne, Vévette, il y a quelques jours : "Lors de l'assemblée des évêques à Lourdes, j'ai bien aimé le père évêque Jean-Marc Eychenne (Pamiers) déclarant : "N'est-ce pas Dieu qui a choisi de nous envoyer moins de prêtres ?"... s'interrogeant sur le mauvais usage du prêtre, qui devient le tout de l'Eglise.  Quelle pertinence !  Je pense à tous les gens qui regrettent le catholicisme des années 50-60. Et aussi aux prêtres qui se dévouent sans compter leur temps, leur santé, qui s'épuisent à tout donner.  Comment vis-tu cette interrogation, qui appelle à des modifications, transformations profondes dans notre Eglise ?  Sache que je suis proche de toi et de tous tes frères prêtres, entièrement au service de Dieu et des hommes de ce temps, par la pensée et la prière, afin que le Seigneur vous donne les grâces nécessaires pour tenir, car vous êtes surchargés."
Que répondre ?  Sinon, tout en remerciant du fond du coeur chacun de ces innombrables laïcs qui soutiennent leurs prêtres,  en commençant par rappeler - même si cela semble prétentieux - qu'il y a bien 20 ans au moins que nombre de prêtres se sont posé la question du P. Eychenne... : Dieu nous fait un clin d'oeil, c'est ce que nous répétons depuis des années, pour que nous fassions évoluer les choses au sein de notre Eglise ! Réflexion qui a mis bien du temps à être enfin prise en compte par les évêques !  Mais il est vrai que ceux-ci n'ont pas la même liberté de parole que nous les prêtres : que va dire Rome en effet ? Ne vont-ils pas se faire crosser ?
Je repense à cette phrase que j'avais surlignée, encadrée et bien souvent citée, tirée d'un ouvrage déjà ancien du frère dominicain André Gouzes, qui a redonné vie à l'Abbaye de Sylvanès, "Une Eglise condamnée à renaître" : "Ce ne sont pas les prêtres qui manquent à l'Eglise d'aujourd'hui, mais des hommes et des femmes qui, dans le champ de l'humanité, soient capables d'ouvrir le monde à Dieu."
Ce type de question, lorsque je me trouvais en mission au Mali, nous ne le vivions pas de façon aussi crispée qu'en France aujourd'hui, où l'on a l'impression que, sans prêtres, l'Eglise n'existe plus. Là-bas, il semblait clair que ce n'était pas le prêtre seul qui constituait l'Eglise, mais bien la communauté locale des chrétiens, autour de leurs catéchistes d'ailleurs, le plus souvent. Et, bien sûr, avec la visite d'un prêtre, à certaines échéances, plus ou moins proches selon les possibilités, pour rencontrer la communauté, échanger, faire le point, conforter, compléter ce qu'ils célèbrent déjà, avec l'Eucharistie...
Je voudrais reprendre ici un passage d'un article récent d'un laïc, René Poujol : "Soyons clair : mon propos n'est pas ici d'appeler à une forme quelconque de résignation face à la crise des vocations sacerdotales, et bien évidemment pas de remettre en cause la spécificité du sacerdoce ministériel ni sa nécessité.  Il est de formuler, publiquement, une question devenue incontournable et jusqu'ici occultée : la place centrale du prêtre qui marque encore l'organisation de l'Eglise, de la base au sommet, est-elle la réponse pertinente - et légitime - aux défis du millénaire dans nos pays de vieille chrétienté ?"
Et si la pénurie des vocations sacerdotales obligeait l'Eglise à se reposer quelques vraies questions ?  Je ne citerai que l'une d'entre elles, parmi les plus fondamentales : celle du P. Blanchet, évêque de Belfort, invitant les évêques à engager un travail sur la notion de "sacerdoce commun des fidèles" ; ce "sacerdoce royal" présenté en 1 Pierre 2/9 ; chaque homme ou femme étant institué au moment de son baptême comme "roi, prêtre et prophète".  Est-ce que Pierre parlait en l'air ?  Il y a sans doute là une piste d'ouverture intéressante, permettant d'éviter de tout faire reposer sur la seule tête des prêtres ; surtout lorsque l'on constate que, s'il ne reste que 5.000 prêtres de moins de 75 ans en France, l'on doit compter - merci Seigneur - avec les 9.000 LEME (laïcs en mission ecclésiale), permanents d'Eglise, nommés par les évêques, jeunes le plus souvent, dynamiques et assurant leur tâche merveilleusement.
Une dernière citation du P. Eychenne : "Les prêtres ne doivent-ils pas renoncer au cumul des charges et accepter le non-cumul des mandats ?  En voulant être partout, ils sont souvent condamnés à être nulle part. Mais cela suppose qu'ils ne soient plus les managers de grands ensembles, et acceptent que d'autres missions soient portées par des laïcs."
Encore faut-il, pour que les choses ne régressent pas, que les prêtres des jeunes générations acceptent la notion de sacerdoce commun des fidèles, plutôt que de vouloir tout faire eux-mêmes, en mettant les laïcs à leur service !!!
Affaire à suivre, plus que jamais !

vendredi 11 novembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.008 : Parole de Poilus pour 2016 : "Ne hais pas les Boches !"

Vous allez me demander : "Mais qu'est-ce que des Poilus, avec leur histoire vieille de plus d'un siècle, peuvent avoir à nous dire d'intéressant aujourd'hui ?"
On les a enterrés, c'est vrai !  Et pourtant, si ces jeunes hommes, qui ont vécu la Grande Guerre à travers le sang et les larmes, avaient un message à nous communiquer ? Je voudrais, par ce blog, donner la parole à deux d'entre eux, et faire résonner en nos coeurs comment ces jeunes soldats, que tout aurait pu faire douter de l'homme et de Dieu, ont su démontrer que, même dans leur enfer, le mal n'a pas eu le dernier mot.
Tout d'abord, un extrait de la lettre à son épouse d'un soldat breton du nom de Le Dénen : "Chère petite aimée, toi qui as du coeur, je suis surpris de t'entendre parler comme tu le fais au sujet des Prussiens.  Certes, ils ne sont pas tous bons, et il y en a qui sont de vrais bandits ; mais ne dis pas qu'ils sont tous mauvais. Ils sont forcés à faire le mal par des chefs, qui sont maudits par leurs hommes et par nous-mêmes.
Souvent, ce sont de pauvres pères de famille. Nous en avons fait prisonnier un l'autre jour, qui a huit enfants en bas âge. Et ces jeunes Allemands que l'on envoie sur les champs de bataille, ils ne sont pas tous mauvais ; ces jeunes maris ont laissé une femme aimée au pays. Leur mère a peiné poutr les élever.  Le bon Dieu ne les aime-t-il pas tous autant que nous ?  Il ne nous a pas créés de race inférieure à l'autre, et nous sommes tous aussi chers à son coeur.
Aussi, si, par moments, en voyant tout le mal qu'ils font, je me révolte, j'entends aussitôt une voix intérieure qui me dit : "Comprends ce qui se passe, et ne te laisse pas entraîner à maudire tous les Allemands.  Mon aimée, ne hais pas les Boches, prie pour eux."
Voici un extrait d'une seconde lettre, d'un certain Gaston Biron à sa mère : "Ma chère mère, pense donc, récemment, nous sommes montés 1.200 au combat, et redescendus 300.  Nous ne pensions pas qu'il fut possible de se tirer d'une pareille fournaise.  Car, à la souffrance morale de penser que la mort peut nous surprendre à chaque instant, sont venues s'ajouter les souffrances physiques de longues nuits sans dormir ; huit jours sans boire et presque sans manger, huit jours à vivre au milieu d'un charnier humain, couchant à côté des cadavres, marchant sur nos camarades tombés la veille...
Ma chère mère, tu as raison de prier pour moi ; nous avons tous besoin que quelqu'un prie pour nous."
Voici donc le témoignage de deux jeunes hommes qui, au plus profond de l'Enfer, au lieu de marcher dans l'ombre de Caïn, sont restés pleinement hommes, n'ont pas cessé d'espérer, ont tourné le dos au mal, ont  continué à croire que l'ennemi pouvait être un frère (ne hais pas les Boches !), ont tenu bon dans l'adversité et, malgré tout, ont cru en Dieu.
En présentant ces deux exemples ce matin, lors de l'homélie de la messe du 11 novembre à Mortagne, je faisais cette prière au Dieu de la Paix : puisse notre communauté humaine de Mortagne, puissent notre pays, notre humanité, savoir puiser, dans la façon dont ces jeunes soldats ont su affronter le mal, la force d'âme nécessaire pour faire face aux graves défis qui nous attendent aujourd'hui.
Cela pour inscrire en lettres d'or, au coeur de notre réel, ce que prophétisait André Malraux : "L'homme moderne appartient à ceux qui vont tenter de le créer ensemble !"

P-S :  Navré d'avoir été silencieux tous ces jours ! Mais, quoique l'on puisse penser de l'emploi du temps des prêtres, je n'ai pas eu une minute à moi tous ces jours... Merci de votre compréhension !

mercredi 2 novembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.007 : Au cimetière en famille

Après un repas sympathique en famille, le jour de la Toussaint, nous nous sommes rendus au cimetière du Gué de Velluire pour y honorer nos parents et connaissances. Auparavant, mes soeurs avaient déjà placé de superbes potées de chrysanthèmes sur les tombes des personnes les plus chères. Un beau-frère avait arrangé et consolidé la tombe de nos parents. Nous comptions passer un peu de temps dans ce cimetière, mais y sommes restés pas loin de 2 heures, sous un soleil éclatant.
Sans cesse, un va-et-vient permanent de connaissances, parfois perdues de vue depuis longtemps : la joie de se revoir, de se saluer, d'échanger des nouvelles des uns et des autres, de parler des défunts comme des vivants.
Réaction générale, en un lieu pourtant synonyme de douleur et de mort : "Qu'est-ce qu'on est bien dans ce cimetière !"  "Il est drôlement bien situé, avec une vue superbe sur le marais." "Quand on était petites, on aimait bien y venir, déjà."  "Avec toutes ces fleurs, tous ces chrysanthèmes qui ornent les tombes, que de jolies couleurs, quelle beauté !"
Et tout en faisant le tour des tombes, tout en évoquant devant chacune la vie et le souvenir des défunts y reposant, nous voici saluant tour à tour d'anciens copains d'école perdus de vue depuis longtemps, des voisins de jadis, monsieur le Maire, des croyants comme des non croyants, des cousins ou autres : tout ce qui a fait jadis notre vie en commun dans cette petite commune perdue du Sud-Vendée ; mais dont les enfants sont répartis dans tous les coins de France à présent, quand ce n'est pas à l'étranger...
Et nous nous sommes dit : finalement, c'est un peu normal de se sentir bien dans un cimetière. En effet, pourquoi devrions-nous arborer des figures sinistres ou des têtes de mort en cheminant dans les allées, de tombe en tombe ?  Cela, les Juifs l'ont bien compris, puisque "cimetière", en hébreu, cela signifie "La Maison des Vivants" !  D'ailleurs, l'une des personnes rencontrées a glissé cette phrase toute brève, que je me suis empressé d'enregistrer : "Moi, je leur parle !"
Voilà pourquoi on aime vivre parfois ce passage dans les cimetières, surtout à l'occasion des fêtes de la Toussaint. Parce que ce n'est pas cette épouvantable faucheuse qu'est la mort que l'on y rencontre, mais des hommes et des femmes qui ont vécu, qui ont agi, qui ont aimé et été aimés ; enfants et vieillards, soldats fauchés dans leur jeunesse, dont la mairie a fait heureusement repeindre les noms glorieux sur le monument aux morts au centre du cimetière ; mais aussi, couples, notables et pauvres gens.
J'en ai profité pour regarder de près ce qui sera ma propre tombe, dans la concession offerte depuis toujours par la mairie aux prêtres originaires du Gué de Velluire, dans un tombeau qui date de près d'un siècle, et où reposent déjà plusieurs prêtres de la famille Gaignet.
Les cimetières donnent finalement à méditer à propos du sens de la vie, de son contenu et de sa durée. Mystère indicible, bribes d'histoire, invitant au respect par rapport à ces vies enfouies dans l'épaisseur du temps.
Une petite prière, afin que toutes ces vies, belles ou difficiles, trouvent, au bout du temps, leur accomplissement total en Dieu, le Père de tous les Vivants.

mardi 1 novembre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.006 : Hommage aux Saints non-croyants

En cette fête de la Toussaint, les chrétiens rendent hommage à ceux que l'Eglise a déclaré "Saints" ; mais pour être ainsi "sanctifié", il faut avoir été baptisé ! Alors, qu'en est-il des autres, de ceux qui, non baptisés, ont mené une vie juste et fraternelle ?  Auront-ils droit quand même à la couronne céleste ?  Les Protestants, peut-être, diront certains ; par exemple Martin-Luther King ; mais pas mal de catholiques, un peu traditionnels, se méfient encore des Protestants...  Quant aux Musulmans, aux Bouddhistes, aux athées, beaucoup hésiteraient à avancer qu'il puisse y avoir aussi des saints parmi eux. En tout cas, aux messes de la Toussaint, l'on chante seulement la gloire des saints chrétiens.  C'est sans doute dommage !
A ce sujet, voici une remarque fort pertinente de Jean d'Ormesson, lui-même agnostique : "J'admire beaucoup les athées. Parce que, les gens qui croient en Dieu, eux, ont le ciel. Ils savent que, s'ils font le bien, ils auront une récompense. Mais les athées qui se sacrifient pour les autres, qui donnent leur argent aux pauvres et vont visiter les malades ou les prisonniers sont des espèces de saints qui donnent réellement gratuitement, puisqu'ils ne croient en rien. Les athées sont peut-être les seuls qui méritent le surnom de "saints", et ils seront sûrement assis un jour à la droite de ce Dieu auquel ils ne croient pas."
Personnellement, parmi ces "saints" venant d'ailleurs, je verrais bien  -  je cite en vrac  -  le roi Cyrus par exemple : ce roi de Perse qui, ayant vaincu l'empire babylonien, permit alors aux Juifs déportés à Babylone en 587 et 597 de rentrer librement à Jérusalem en 538.
Je pense aussi au fondateur historique du Bouddhisme, qui vécut au 6° siècle avant le Christ, et qui mit tout toute son énergie à permettre à des centaines de millions de personnes, jusqu'à aujourd'hui, de combattre les maux qui les accablait et d'atteindre l'Eveil.
Sénèque est une figure marquante également : "Les malheureux appellent ; c'est de l'homme qu'il faut s'occuper, c'est lui qu'il faut affermir, consoler, encourager." Sénèque s'employa à tremper fortement les âmes de ses concitoyens, afin de les armer contre toute terreur. Condamné par Néron, il le paya de sa vie.
Des musulmans de Fontenay-le-Comte m'avaient offert un ouvrage sur Ibn Arabî (1165-1240), qui a exercé une influence majeure sur le Soufisme et reste le grand Docteur mystique de l'Islam. Il faut voir les phrases qu'il a écrites sur Jésus, avec lequel il avait une relation intime profonde : "J'ai souvent rencontré Jésus au cours de mes visions ; c'est auprès de lui que je me suis repenti."
Parmi les figures plus proches, il y a des gens comme Albert Camus, athée, une des plus hautes consciences morales du XX° siècle. Il fit partie de la résistance, lutta très tôt contre la peine de mort, protesta contre les inégalités qui frappaient les musulmans en Algérie, son pays, prit la défense des victimes du franquisme, du stalinisme, etc...
Et il y a les millions d'anonymes, non répertoriés sur les registres des Eglises, qui sont ceux auxquels Jésus fait allusion quand il annonce qu'il leur dira un jour : "Chaque fois que vous avez aidé un de ces plus petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait." (Matthieu 25/40)
Elie Wiesel aimait rappeler cette légende juive : "Le monde subsiste grâce à 36 justes anonymes qui doivent rester inconnus."
A vous à présent de continuer la liste de tous ceux que vous connaissez, croyants ou non, anonymes et effacés le plus souvent, qui mériteraient vraiment de siéger à la droite de Dieu !

N-B  :  Pour la petite histoire, c'est aujourd'hui, 1° novembre, le 9° anniversaire de ce Blog, né le 1° novembre 2007 à Fontenay-le-Comte.
Merci aux fidèles de toujours, et à vous tous, amis de ce Blog !

samedi 29 octobre 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.005 : Souvenirs d'enfance : les enterrements

A ma grande surprise, le billet n° 2.003, publié ce jeudi 27 et relatant quelques souvenirs d'avant les ouvertures de Vatican II, a crevé tous les plafonds de lecture, si j'en crois les courbes, statistiques et paramètres divers auxquels j'ai accès sur mon compte blogger. Je vais donc faire part, dans ce billet et d'autres qui vont suivre, de quelques autres événements qui ont marqué mon enfance, concernant la religion.
Je n'ai pas eu de remarques à ce sujet, mais je voudrais cependant faire une mise au clair. Je ne livre pas ces souvenirs, qui peuvent sembler négatifs, pour démolir l'Eglise ! Je l'admire au contraire d'avoir su, depuis le Concile Vatican II, trop peu connu de nos jours, revenir à l'Evangile. Mon but est plutôt d'apporter un témoignage, parmi d'autres, pour que l'on comprenne mieux d'où l'on vient, et à quoi a su échapper notre Eglise d'aujourd'hui.  Cette fois-ci, à propos des enterrements, dans ce que j'ai pu en connaître entre les années 1950 et 1953, date de mon entrée au séminaire de Chavagnes-en-Paillers, et du commencement d'une autre histoire !
A partir de 1949-1950 donc, étant enfant de choeur, j'ai souvent participé à des sépultures dans l'église de mon village, au Gué de Velluire. Personne ne nous en parlait, mais nous avions bien repéré, avec les autres servants, que les sépultures ne se ressemblaient pas. Pour les unes, l'on installait sur les piliers de l'église de grandes tentures noires, et pas pour d'autres ; certaines sépultures étaient chantées, d'autres pas. C'est ce que l'on appelait les classes !  Nous, on n'y comprenait rien, mais ça nous semblait quand même bizarre. En fait, un jour, quelqu'un (je ne sais plus qui) m'a expliqué qu'il y avait trois classes d'enterrement, suivant le montant du denier du culte. Là, j'avoue que ça m'avait choqué !
Et donc, pour ceux qui avaient les moyens, l'on chantait ; par exemple, "Dies Irae", et tout le monde trouvait cela très beau. Mais que pensaient ceux qui avaient un missel quand ils lisaient sur leur page, dans la colonne de droite, la traduction en français de ce cantique, dont voici un extrait : "Jour de colère que ce jour-là, quelle terreur nous saisira, lorsque le Juge apparaîtra pour tout juger avec rigueur" ?  Après cela, et bien d'autres aspects semblables dans la religion d'alors, comment s'étonner de ce que tant de gens, aujourd'hui encore, aient dans la tête l'image d'un Dieu juge et méchant ?
En tout cas, à mon souvenir, pas un mot à propos de la vie du défunt, que ce soit à l'entrée ou pendant la cérémonie. Les lectures étaient en latin, et je n'ai jamais su ce que ça voulait dire ; dans les sermons, le curé disait toujours la même chose et les chants étaient en latin ; tout cela, je m'en souviens très bien. Avec ça...!!!  Où cela pouvait-il conduire les gens ?  Et nous, les enfants de choeur, de plus, on voyait bien que lorsque c'était une 3° classe, ça ne traînait pas, et l'on était vite de retour à l'école !  Ah, l'on ne s'en faisait pas, à l'époque !
Aux enterrements, parmi les proches du défunt, les hommes avaient un brassard noir, et les femmes un grand voile noir qui leur cachait le visage ; cela me paraissait étrange, et je n'osais pas regarder !  Et tout le monde restait habillé en noir un très long temps ; on avait le sentiment profond que la mort, c'était bien la fin !!!
A 65 ans environ de distance, mes souvenirs d'enfant : tristesse, noirceur, peur, jugement, résignation....
Dieu merci, même si la mort est aussi douloureuse à vivre de nos jours, les sépultures sont préparées et vécues bien autrement aujourd'hui. Rappelons-nous aussi ce mot de l'Abbé Pierre, l'un des grands fils de Vatican II : "La mort, c'est la rencontre prodigieuse, éblouissante, de l'Infini, de l'Eternel, de l'Amour."