Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



jeudi 28 février 2019

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2256 : Les sauveteurs sont là !

Vous avez suivi comme moi l'échouage malheureux du "Léviathan II", dans la nuit de dimanche à lundi, sur la Grande plage des Sables d'Olonne, à la suite d'une avarie de barre qui a rendu le chalutier ingouvernable. Sans tarder, vers 3h30, les secours ont été déclenchés. L'équipage des sauveteurs bénévoles, à bord du "Patron Jack Morisseau", a appareillé à 4h. Christophe, le patron de la SNSM, a pris la décision, en parallèle, d'engager deux hommes par la côte. Ceux-ci ont nagé jusqu'au bateau, qui se trouvait à 200 m du rivage. David, sauveteur, explique : "dans la nuit, le chalutier de 11 m se couchait dans tous les sens, au milieu des déferlantes et dans les creux, par un gros coefficient de marée. Notre crainte, c'était que les marins se jettent à l'eau. Heureusement, un hélicoptère est arrivé rapidement de la Rochelle ; les deux marins ont pu être hélitreuillés sains et saufs.  (d'après l'article de Laurence Monard, "Ouest-France" du 27 février)
Quel magnifique geste de fraternité, tout à l'honneur des sauveteurs de la SNSM, toujours présents pour assurer chaque sauvetage à effectuer. J'y vois un très beau symbole de la richesse humaine de notre société, dont on dit trop souvent, et bien à tort, qu'elle est égoïste et désaxée. On n'est pas loin de l'Evangile, dans un tel cas  : pour paraphraser Matthieu 25 : "j'étais en train de sombrer dans les abîmes de la mer, et vous êtes venus me sauver."
J'aime aussi ce qu'exprime le psalmiste sauvé des eaux de la mort :
"Les flots de la mort m'enveloppaient,
les torrents diaboliques m'épouvantaient,
j'étais pris dans les filets du monde infernal,
je voyais devant moi les pièges de la mort.
Dans mon angoisse, j'ai appelé le Seigneur,
j'ai crié vers mon Dieu (...)
D'en haut, il a étendu sa main,
il m'a pris et m'a arraché aux eaux.
Il m'a mis au large,
il m'a sauvé car il m'aime." (psaume 18 (17), v. 5, 6, 7, 17, 20)
Tout ceci est une belle leçon de vie pour notre monde qui tend trop souvent à s'entredéchirer. Et pourtant, comme le conseillait Charles Péguy : "Il faut se sauver ensemble !" A quoi servirait-il en effet de nous en sortir tout seul, chacun dans son coin. Sauver les élites de la France ?  Sauver les gilets jaunes ?  Sauver le monde rural ?  Oui, oui !  Mais dans un salut vraiment collectif ; tout ensemble et en même temps, sinon rien !  A l'image de ce qu'expliquait Paul Claudel disant : "L'amour entre les hommes est tout autre chose que la civilité, tout autre chose qu'un essai intermittent et languissant du côté de la sympathie, autre chose qu'une patience incertaine. Il est fait de ce besoin sacré que nous avons les uns des autres. (...)  Nous ne pouvons nous passer d'une coopération de plus en plus générale."
De même que les sauveteurs bénévoles de la SNSM n'hésitent jamais une seconde à partir au secours des marins en détresse, au risque de leur vie, puissions-nous être animés d'un même esprit fraternel, pour sauver, libérer ceux qui nous entourent de l'échec, du ressentiment ou de la mort... Ou aussi savoir nous laisser sauver par eux !

mercredi 27 février 2019

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2255 : Sommes-nous perdus ?

Cet après-midi, en méditant l'évangile de dimanche prochain dans le but de préparer mon homélie, tout en repensant à ce qui assombrit l'Eglise en ce moment, je ne me sentais pas bien ! Que nous dit Jésus en effet ?  Entre autres : "Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ?" Jésus déclare aussi : "Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri."  Ou encore : "On ne vendange pas du raisin sur des ronces"... Mais alors, quel avenir pour notre Eglise ?  pour les chrétiens ?  Et surtout, pour l'Evangile ?
Ce matin justement, comme je disposais d'un peu de temps, j'ai relu l'intéressant petit ouvrage de Patrick Kéchichian : "Petit éloge du christianisme" Gallimard - folio - 2009 - 120 pages - 0,90 € sur Amazon). Patrick, écrivain, journaliste, essayiste, y témoigne avec force de sa conversion au catholicisme.  Au fil des pages, j'y ai retrouvé des réflexions très éclairantes, des rayons de lumière que je suis heureux de vous partager :

-  cette citation célèbre du poète Hölderlin : "Là ou croît le péril croît aussi ce qui sauve." (comme l'expliquait Edgar Morin, les contradictions d'un système - c'est valable sans doute aussi pour l'Eglise - peuvent sécréter les bases de son propre dépassement ou renouvellement.)
-  "derrière l'Eglise, institution humaine, une autre Eglise - non, la même - invisible, d'institution divine, est ouverte. Et c'est bien à elle que le porche de pierre, construit de main d'homme, donne accès."
-  "tant qu'à être catholique, autant l'être absolument."
-  "mais vous, quelle est votre espérance ? (...) L'espérance attend qu'on lui apporte nourriture, que je lui fasse honneur avec tout ce que je suis, ai été, avec mon angoisse autant qu'avec ma joie, avec mes doutes et tous les instants de mon tremblement, avec mes larmes."
-  "celui qui n'aime pas croit en vain."  (St Augustin)
-  une réflexion qui peut sembler provocante aujourd'hui : "la démocratie surnaturelle instituée par le Christ est sans faille, sans retour, sans exception aucune (...) Le criminel et l'enfant de choeur (...) sont reçus selon leurs mérites."
-  Kierkegaard : "le salut marche invisible avec les affligés sur la route.  Le bien suprême nous est plus proche que tout."
-  "le cardinal Lustiger indiquait sans complaisance que la société chrétienne n'est pas la figure du Royaume éternel, "elle n'en est que la caricature souvent infernale."  Et d'ajouter : "Ce temps-ci n'est qu'un temps obscur d'espérance et de fidélité, et non pas le temps de la gloire."
-  "si l'Eglise se prétendait la société des "parfaits", son amour ne serait pas pur, et sa sainteté serait plus spectaculaire que libératrice."  (père François Varillon)
-  "c'est toujours au pied de l'autel et de la Croix qu'on est appelés à prier pour tous les pécheurs - car la colère n'interdit pas de prier. Et c'est aussi pour les imbéciles que l'on prie, y compris pour ceux qui avaient mission d'être pasteurs."
-  "j'aime l'Eglise douloureusement", écrivait Bernanos de l'Eglise ; "je l'aime comme la douloureuse vie elle-même, je l'accepte telle quelle, et il me semble qu'au terme de cette acceptation, je recevrais mon humble part dans l'immense effort de son ascension."
- Kierkegaard : "dans l'éternité, il n'y a ni avancement ni promotions, ni de grands dîners chez les Excellences."
-  Bernanos : "le monde du Mal échappe tellement à la prise de notre esprit. Le Mal, c'est l'ébauche d'une création  hideuse, avortée, à l'extrême limite de l'être,... une énorme aspiration du vide, du néant..."
-  "l'on ne fait pas oraison devant la surface du Christ, mais dans les profondeurs du Christ."
-  "pourquoi chercher à faire bonne figure quand on a la gueule tordue ? On prie avec ce qu'on est, avec ce qu'on a, même si ce n'est rien."

Voici donc un petit florilège, mais le livre entier est à méditer ! Très nourrissant et réconfortant par rapport à notre vécu actuel.

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P-S  :   Un rappel à tous !

 Il n'est pas trop tard pour envisager de participer à la journée de ce samedi 2 mars 2019, de 9h à 17h30, au Lycée Notre-Dame du Roc, à la Roche s/Yon, sur les enjeux du dialogue inter-religieux.  Elle sera animée par des intervenants de grande qualité : Abdessalem SOUIKI, imam et théologien, ainsi que Sr Colette HAMZA, directrice adjointe du service national pour les relations avec les musulmans. 
Vous pouvez arriver le jour même, un peu avant 9h.
N'hésitez pas à inviter autour de vous pour cette journée !
Participation adultes : 12 € ; en couple : 20 €

samedi 23 février 2019

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2254 : Ce que nous devons aux Juifs

Ce que nous venons de vivre, avec les violences antisémites en ces jours, est tellement marquant que j'ai pensé opportun de proposer une réflexion aux paroissiens à propos de nos relations avec les Juifs, au cours de mes homélies, ce week-end, à Avrillé et au Poiroux. En voici un long extrait.

Pendant près de 20 siècles, jusqu'en gros au Concile Vatican II dans les années 60, le peuple chrétien s'est nourri de préjugés malsains à l'égard des Juifs, assimilés au personnage ignoble de Judas. Quand on imagine que St Augustin a pu dire que les Juifs étaient "les enfants du diable", l'on reste effaré ! Au XI° siècle en France, pour venger la mort du Christ, dans les villes où il y avait des Juifs, le jour de Pâques, les responsables de l'Eglise convoquaient le chef de la communauté juive, qui était alors giflé publiquement. Plus près de nous, Pie X  -  St Pie X !  -  reprochait publiquement aux Juifs, il y a un peu plus d'un siècle seulement, d'avoir rejeté Jésus.
Décidément, aujourd'hui, on revient de loin ! Cet "enseignement du mépris" des Juifs, pour reprendre l'expression de Jules Isaac, n'a pas totalement disparu de nos esprits. Les enquêtes réalisées par maints médias cette semaine le font ressortir ! Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt ! Il reste en chacun de nous, quelque part dans un endroit obscur de notre cerveau, plus ou moins enfoui, cet espèce de sentiment selon lequel les Juifs ne sont pas une race comme les autres, qu'ils sont parfois un peu louches et qu'il vaut mieux se méfier d'eux car ce ne sont pas des gens "comme nous" !
En tout cas, l'une des grandes erreurs de l'histoire des chrétiens, c'est d'avoir tenté d'arracher les racines qui reliaient Jésus au peuple juif, afin que soit passée sous silence l'identité juive de Jésus ; ceci pour faire de lui seulement le 1° chrétien, une victime chrétienne que les Juifs auraient tuée. En même temps, pendant 20 siècles, l'Eglise a carrément tourné le dos au soit-disant "Dieu méchant" présenté" dans le livre des Juifs : l'ancien Testament ! Et on a remplacé ce Dieu lointain par Jésus, considéré, lui, comme le Dieu bon, d'ailleurs bien plus proche de nous.
L'une des conséquences tragiques de ce rejet du Juif, c'est que, ce n'est pas dans un pays musulman sanguinaire que l'on a massacré 6 millions de Juifs, en Arabie Saoudite ou ailleurs, mais bien dans un pays aux racines chrétiennes, près de chez nous, en Europe. Et c'est chez nous que l'on continue aujourd'hui encore à dire parfois du mal des Juifs, dans les discussions entre nous, comme ça... ; jusqu'à ce que certains, dans nos rues et nos cimetières aillent jusqu'à casser du Juif, à coups de croix gammées. Georges Bernanos avait raison de constater que "la colère des imbéciles remplit le monde !"
Heureusement, en réaction au drame de la Shoah, des personnalités prophétiques se sont levées pour inviter Juifs et Chrétiens à se réconcilier : côté catholique, le bon pape Jean XXIII, et côté juif, Jules Isaac, cette grande figure du judaïsme français, dont d'ailleurs la femme et la fille avaient été assassinées à Auschwitz.
Alors, peu à peu, des liens très forts se sont tissés ; l'on repense par exemple à ce qu'a dit le pape Jean-Paul II en 1986, lors de sa  visite à la Grande Synagogue de Rome : "Chers frères juifs, vous êtes nos frères préférés, et l'on peut dire, nos frères aînés."
Quel dommage que les chrétiens aient persécuté les Juifs pendant 2000 ans, en contradiction totale avec le message du Christ ; par exemple, celui entendu ce dimanche : "soyez miséricordieux, ne jugez pas, ne condamnez pas", etc...
Et regardez l'exemple qui nous a été donné dans la 1° lecture : David, traqué par le roi Saül, qui refuse de tuer son ennemi... Voilà le genre d'exemple, parmi tant d'autres dans le 1° Testament, que le peuple juif, à travers la figure pacifique de David, donne aux chefs d'Etat qui peuvent être assoiffés de vengeance. Message plus actuel que jamais !
D'ailleurs, il faut reconnaître que, ce qu'il y a de meilleur dans notre culture, nos valeurs et notre foi, nous le devons, sans en avoir vraiment conscience, à nos "frères aînés", que le pape Benoît XIV appelait, lui, nos "pères dans la foi". Par exemple, ce ne sont pas LES Juifs qui ont tué Dieu : en 1997, Jean-Paul II a reconnu qu'une lecture erronée des évangiles, attribuant à TOUS les Juifs la condamnation à mort de Jésus, fut la cause de l'antisémitisme chrétien. Or, ce ne sont pas les Juifs qui ont tué Dieu ; mais, au contraire, ce sont eux qui ont inventé Dieu . Ils ont apporté l'Infini, dans le fini de l'humanité !
Autre point : ce sont les Juifs aussi qui ont mis en lumière ce type de relation unique au sein des religions, entre l'homme et Dieu, que l'on appelle "l'Alliance", ce rapport intime d'amour qui illumine encore notre coeur aujourd'hui, dans notre relation avec Dieu
C'est aussi des Juifs que nous avons reçu ce qui constitue les bases de notre vie en société : "tu honoreras ton père et ta mère, tu aimeras ton prochain, tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, aimez vos ennemis", etc...
Des Juifs également, nous tenons le souci de la sauvegarde de la création, avec l'exemple de l'Arche de Noé, dont la liturgie nous a fait relire l'histoire au cours des messes de cette semaine ; puisque Dieu a voulu que soient sauvés du déluge, non seulement des humains, mais aussi les animaux, purs, mais aussi impurs, comme le porc ou le serpent, embarqués également dans l'arche du salut.
J'arrête ici cette énumération de ce que nous devons aux Juifs, car on n'en finirait pas, tant nous leur sommes redevables de tout ce que nous vivons.
En tout cas, puisse aucun chrétien ne jamais proférer une parole de méfiance, ni exprimer un sentiment de mépris vis-à-vis des Juifs !  Car, comme le disait Claudel, "l'antisémitisme chrétien, c'est un péché contre la personne du Christ", contre Jésus, Juif parmi les Juifs. Jésus en effet reste un Juif de Galilée, et pour l'éternité !

vendredi 22 février 2019

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2253 : Tous les Chinois sont méchants ! (non, c'est une blague)

LES politiciens sont corrompus, LES gilets jaunes sont antisémite et ce sont des casseurss, LES médias ne disent que des choses inexactes, LES musulmans sont tous des terroristes, LES agriculteurs polluent et maltraitent les animaux, LES prêtres sont tous des homosexuels, LES Juifs ne pensent qu'à l'argent, LES blondes n'ont rien dans le cerveau, LES fonctionnaires se la coulent douce, LES migrants viennent piquer le pain des Français... Je vous laisse continuer la liste !
Je suis un peu terrorisé par la façon dont, dans les échanges au jour le jour, et pas seulement sur LES réseaux sociaux, l'on généralise souvent à outrance nos jugements.
-  "les enseignants sont des paresseux ! Moi, je vois mon beau-frère : toujours en vacances ; il ne fait rien !"
-  "tous les Chinois sont méchants ! Je peux le dire : j'en connais deux, ils ont vraiment un sale caractère !"
Un exemple : dans le journal "Libération" du lundi 18 février, on a pu lire ceci : "il est généralement admis, dans les milieux cléricaux qui acceptent d'en parler, que plus de la moitié des clercs catholiques sont gays." Loin de moi l'intention de monter au créneau pour dire que cela est sans doute assez exagéré ! Et  pas question de crier : "TOUS LES journalistes disent n'importe quoi." Car ce serait tomber dans le même panneau : celui du manque de discernement, ce qui est sans doute une des failles principales de notre cerveau limité !  Surtout qu'il y a plein de bons journalistes qui font très bien leur boulot !
Talleyrand l'avait bien compris, qui disait que "tout ce qui est exagéré est insignifiant."  Or, comment se fait-il que, quand des terroristes, se réclamant de l'Islam, commettent un attentat, beaucoup crient, sans réfléchir le moins du monde : "LES musulmans ont une religion qui les pousse à tuer ceux qui ne croient pas comme eux" ?  Le milliard et plus de musulmans serait-il composé uniquement de personnes prêtes à tuer leur prochain ? Et d'abord, un terroriste, même s'il se réclame de l'Islam, peut-il être encore considéré comme un authentique musulman ?  Quand je vivais au Mali, j'aimais bien ce proverbe disant : "on ne rend pas justice au lion en ne parlant que de ses puces."  (comprenne qui pourra !)  De la même façon, quelle erreur de penser que les musulmans ont le monopole de l'antisémitisme !
Personnellement, je place ce type d'exagération dans la case des trop nombreux ratés de la communication au sein de notre société. Le manque de réflexion nous joue des tours ; avec cette façon de parler qui consiste à mettre tout le monde dans le même sac, sans discernement, en contradiction avec une réalité souvent bien plus subtile ; la simple réalité serait-elle trop subtile à saisir ?  On prétend en effet démontrer une réalité universelle, par exemple, en assurant que tous les gilets jaunes sont des antisémites et des casseurs, à partir d'exemples inadmissibles en effet, en surfant sur l'absence de soit-disant porte-parole qui n'en sont pas. En un mot, face à une réalité trop complexe pour nous..., c'est une bonne façon de décrédibiliser et de renvoyer dans l'obscurité les gilets jaunes pacifiques qui se sont levés en disant qu'ilos souhaitaient être priss en compte, écoutés, et non ainsi caricaturés par "des gens d'en haut", qui n'ont jamais mis les pieds sur un rond-point.
En 1944, Albert Camus nous avait pourtant prévenus du danger de tels sophismes quand il écrivait : "Mal nommer un objet, c'est ajouter à la misère du monde."  Avant de porter un jugement trop rapide et trop simpliste, apprenons à réfléchir et à discerner.  Il n'est jamais trop tard pour bien faire ni bien penser !
Un mot de Mère Teresa à méditer : "Qu'est-ce qui ne va pas dans le monde ?" demandait un journaliste à Mère Teresa. "Vous et moi, monsieur !" répondit-elle. Examinons ce que nous valons vraiment !  Et veillons à ne pas être des courroies de transmission des faux jugements et de la bêtise autour de nous.  "La colère des imbéciles remplit le monde", s'exclamait Bernanos. N'en soyons pas les vulgaires artisans, dénués de tout discernement !

P-S  :  Une petite histoire pour vous détendre !
Un marin s'adresse à Jojo, aumônier des marins, en lui certifiant que "les curés, c'est tous des pédophiles !" 
Et Jojo de lui répondre, avec sa grande sagesse : "C'est pas parce que t'es un c... que je vais dire que tous les marins sont des c... !" 

mercredi 20 février 2019

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2252 : L'origine des Sacrements

L'on vient de me demander un article expliquant l'origine des sacrements, en vue d'une parution prochaine sur le bulletin du doyenné de Talmont. Comme la plupart d'entre vous, vivant loin de Talmont, n'aura pas l'occasion de lire cet article, je vous le propose sur ce blog.



            L’ORIGINE   DES   SACREMENTS

.  L’Eucharistie  :  chaque première communauté chrétienne célébrait l’eucharistie, se rappelant que le jeudi-saint, Jésus avait dit à ses amis : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang, faites cela en mémoire de moi. » (Luc 22/17-20)  C’est là le fondement de ce sacrement.

.  Le Baptême :  Jésus avait demandé à ses apôtres : « Baptisez-les, au nom du Père… » (Matthieu 28/19)  Dans l’Eglise naissante, l’on a très vite baptisé celles et ceux qui voulaient devenir disciples du Christ. Dès le jour de la Pentecôte, l’Eglise a célébré le baptême, en réponse à l’appel de Pierre déclarant alors à la foule : « Convertissez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser. » (Actes 2/38)

.  La Confirmation :  il n’est pas question de confirmation dans les Evangiles. Cependant, le don de l’Esprit par Jésus à ses disciples a eu lieu le jour de Pâques : « Ayant ainsi parlé, Jésus souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit-Saint. » (Jean 20/22). Dès lors, les apôtres, en imposant les mains, appelleront sur les baptisés la venue de l’Esprit-Saint.

.  Le Pardon :  quand Jésus déclare à ses disciples : « Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis » (Jean 20/23), il leur donne clairement la mission et le pouvoir de pardonner les péchés. Par la suite, l’Eglise vivra diverses façons de proposer le sacrement de pénitence et de réconciliation, dont la forme variera notablement au cours des temps. Par exemple, la confession avec aveu individuel, exceptionnelle durant le premier millénaire, ne deviendra effective qu’avec le 4° concile de Latran, en 1215 !

.  L’Onction des malades :  Jésus a guéri de nombreux malades et invité ses disciples à suivre son exemple. Le texte le plus clair à propos de l’origine de ce sacrement se trouve dans la lettre de Jacques (5/13-15) : « Quelqu’un parmi vous est-il malade, qu’il fasse appeler les Anciens et que ceux-ci prient après avoir fait sur lui une onction d’huile au nom du Seigneur Jésus. »

.  L’Ordre :  L’Eglise rattache l’institution du sacrement de l’Ordre, c’est-à-dire, de l’ordination en vue du service du peuple de Dieu, à la parole de Jésus à la Cène : « Faites ceci en mémoire de moi. » Ceci a fait d’eux des ministres de l’Eglise. Et quand nous voyons les apôtres imposer les mains aux « Anciens » (presbytres, prêtres), comme en Timothée 4/14, pour les instituer come responsables, ce sont là les prémices du sacrement de l’Ordre.

.  Le Mariage :  « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni ! » (Matthieu 19/4-6) Jésus souligne ici l’importance d’un lien de qualité au sein du couple, mais sans instituer un sacrement à ce sujet. Cependant, pendant de longs siècles, les chrétiens, sans vivre un rite spécifique de mariage chrétien, ont essayé de rester fidèles à  cet idéal évangélique. Ce n’est qu’au 4° concile de Latran, en 1215, que sera établie la liste officielle des sept sacrements, dont fera enfin partie le mariage. Sera alors instauré un rite officiel de célébration à l’église de ce sacrement.

lundi 18 février 2019

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2251 : "Lorsque j'aperçois un Juif, je contemple l'Eternité !" (Tolstoï)

Mercredi dernier 13 février, lors d'une rencontre du groupe interreligieux du Pays des Olonnes  -  c'était avant le triste épisode dont fut victime l'académicien juif Alain Finkielkraut  -  Hélène, femme juive, nous fit part de son appréhension à la veille d'un départ pour Paris.
Cela m'a rappelé, lorsque nous avions l'honneur d'accueillir la synagogue des Sables dans les murs du presbytère de la ville, les consignes de prudence que les parents donnaient à leurs enfants le jour du Shabbat : "Attention les enfants, enlevez bien votre kippa avant de sortir dans la rue ; on ne sait jamais !"
J'ai aussi encore en mémoire la manifestation violente d'une cinquantaine jeunes lefebvristes qui, chapelet à la main, en mars 2010, ont réussi à empêcher le rabbin Rivon Krygier de donner, à Notre-Dame de Paris, sa conférence de Carême sur le dialogue judéo-chrétien.
Quant au grand rabbin de France Haïm Korsia, habitué des Sables d'Olonne, il déclarait déjà, le 1° octobre 2015 : "Notre société est au bord de l'implosion ! D'où l'importance de nous rappeler qu'il est possible de retrouver un élan de fraternité, que celle-ci n'est pas juste un mot inscrit sur les frontons des mairies et des écoles. Dans une France non pas uniforme, mais rassemblée dans sa diversité et ses différences."
Depuis deux jours, tout le monde a l'air surpris de ce qui vient d'arriver à Alain Finkielkraut !!! Sauf les Juifs bien sûr... Eux ont bien remarqué, beaucoup mieux que nous, et depuis bien longtemps, la dangereuse recrudescence de l'antisémitisme en Europe et dans notre pays. Avec une hausse de 74% des actes antisémites en 2018 en France : violences, menaces, atteintes aux biens... 541 délits constatés, contre 311 en 2017 ! En Allemagne  -  où il n'y a pourtant pas de "gilets jaunes"  -  1646 actes antisémites ont été recensés en 2018 : une hausse de 9,4% par rapport à 2017. Et je ne parle pas de l'antisémitisme bien vivant dans d'autres nations soit-disant de racines chrétiennes, comme la Pologne, la Hongrie et autres...
Plus grave : depuis 12 ans, onze Juifs ont été assassinés, en France, parce que Juifs ; parmi eux, Ilan Halimi en 2006, trois enfants d'une école juive par un certain M... en 2012, Mireille Knoll en 2017... Malheureusement, comme l'ont remarqué, non avec jalousie, mais quand même un peu d'amertume, les membres de la communauté juive, à aucune de ces occasions le peuple de France ne s'est dressé en masse pour prendre leur défense, réservant ses larmes aux caricaturistes sulfureux de "Charlie-Hebdo ...   Pourquoi ?  En sera-t-il encore de même aujourd'hui ?
Je repense souvent à la douloureuse complainte du psalmiste se tournant vers Yahvé, le coeur ravagé de douleur (psaume 13 (14) :
Jusques à quand, Yahvé, m'oublieras-tu ?  Jusqu'à la fin ?
Jusques à quand me vas-tu cacher ta face ?
Jusques à quand mon adversaire aura-t-il le dessus ? 
Regarde, réponds-moi, Yahvé mon Dieu !
Illumine mes yeux, que dans la mort je ne m'endorme !
Que mes oppresseurs n'exultent à me voir chanceler !
Pour moi, en ton amour, je me confie, Yahvé !
Que je chante à Yahvé pour le bien qu'il m'a fait !
Et c'est là que l'on retrouve le sens étymologique et originel du terme "Juif", venant d'un verbe qui signifie : "celui qui a de la gratitude".  Quant à nous, saurons-nous soutenir fortement ceux dont Jean-Paul II disait, lors de sa visite à la Grande Synagogue de Rome, le 13 avril 1986 : "Vous êtes nos frères préférés et, d'une certaine manière, on pourrait dire, nos frères aînés !"
A l'intention des personnes intéressées, je signale deux pistes pour concrétiser cette fraternité :
-  rejoindre le groupe interreligieux "Dialogue pour la paix", à travers l'une ou les deux de ses antennes, "en Pays Yonnais", et aussi "au Pays des Olonnes", qui regroupent six traditions religieuses différentes, dont le Judaïsme,
-  et également l'association de l'AJCF (Amitié Judéo-Chrétienne de France), bien vivante en Vendée.
Mais ces trois groupes ne rassemblent pas suffisamment d'adhérents... Je souhaite qu'il ne s'agisse pas là d'un désintérêt, ce qui serait dramatique ; mais seulement d'une ignorance, qu'il est toujours possible de réparer !
Pardonnez-moi ! Mais, si cela peut faciliter la chose, pour rejoindre ces groupes, ou tout simplement recevoir de plus amples renseignements, il suffit d'envoyer un mail à :
-  AJCF                                                                          francoise.kessler@sfr.fr
-  Dialogue pour la Paix en pays Yonnais (DPY)              kia.noel@free.fr
-  Dialogue pour la Paix au pays des Olonnes (DPO)       olivier.gaignet@yahoo.fr                      Merci !

P - S  :  J'ai écrit le billet ci-dessus le lundi 18 février. Ce mardi 19, 19h30, j'arrive du rassemblement départemental, à la Roche s/Yon, en soutien à nos frères et soeurs Juifs. Comme je le craignais, malgré l'enjeu, ce n'était pas la foule : environ 300 personnes pour toute la Vendée !  Cependant,  c'est déjà ça ! Mais assemblée très chaleureuse, dans laquelle nombre de personnes se connaissaient, à travers une même participation aux associations, syndicats ou partis. Il y aurait peut-être pu y avoir davantage de membres de nos communautés chrétiennes, mais il y a tant à faire dans les programmes de vie de chacun, au plan familial ou autres....  En tout cas, belle représentation pour la Roche et les Sables, dont un certain nombre de Juifs du Pays des Olonnes, bien entourés, Dieu merci !   Et ce rassemblement a permis entre nous de riches échanges ; c'est un beau premier pas ! Espérons qu'il pourra permettre une prise de conscience collective plus profonde quant à l'importance de l'enjeu poursuivi !


samedi 16 février 2019

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2250 : La Foi, c'est quoi au juste ?

Sur le doyenné de Talmont, l'on m'a demandé d'assurer deux matinées-dimanche de catéchèse pour adultes, sur le thème : "la Foi, c'est quoi au juste ?" Cela ne m'a pas étonné de sentir les participants fortement motivés : croire en Dieu aujourd'hui en effet, c'est forcément un élan, une passion, un appel à partir au large, une soif d'absolu. En quelque sorte, cela ne peut être une démarche banale ! Les cathos sociologiques, allant à la messe par routine, ne croyant en Dieu que par la force de l'habitude, c'est en grande partie terminé ! Les chrétiens d'aujourd'hui ne sont pas meilleurs que ceux d'hier, mais plus que jamais, ils sont persuadés de la nécessité de fonder leur foi, de nourrir leur foi ; cela dans une tentative journalière d'entrer dans un lien d'amour personnel avec Dieu, à la fois tout proche et infini.
Croire en effet, c'est donner une réponse à un appel de Dieu. Car on n'entre pas dans la foi de soi-même, mais, comme l'a fait Abraham, on répond à un appel ; aujourd'hui celui de Jésus nous disant : "Viens, suis-moi." Nous faisons alors l'expérience d'une rencontre, d'un dialogue avec Dieu. Du matin au soir, cette rencontre irrigue notre vie, mais à certains moments, on s'arrête (messe, prière, oraison, réco...), afin d'avoir un dialogue plus suivi avec Dieu.
Est-il facile de croire ? Non ! Thérèse d'Avila, Thérèse de Lisieux, Mère Teresa ont connu de longues périodes de doute et d'obscurité. Comme l'explique Isaïe (45/15) : "Vraiment, tu es un Dieu qui se cache !" Cela peut sembler étrange ! Thérèse d'Avila s'en est étonnée, qui disait à Dieu : "Si c'est ainsi que vous traitez vos amis, cela explique que vous en ayez si peu !" Pourquoi ces trois Thérèse ont-elle tenu malgré l'obscurité ? Parce que, comme Job éprouvé, elles ont compris que jamais les ténèbres ne pourront arrêter la lumière. (Jean 1/5)  Mais, comme disait St Augustin : "Si tu comprends, ce n'est plus Dieu..."  Autrement dit, si Dieu se montrait facilement, on ne serait plus libre de croire en lui ou non. J'aime bien cette réflexion de Tolstoï disant : "Tout ce que je comprends de toi, je ne le comprends que parce que je t'aime." Pascal disait d'ailleurs : "C'est le coeur qui sent Dieu, et non la raison. Voilà ce que c'est que la foi : Dieu sensible au coeur et non à la raison."  Avec ce témoignage marquant d'Edith Stein, en pleine déréliction à Auschwitz où elle fut mise à mort, "s'inclinant devant le silence de Dieu."
La foi, c'est aussi un acte d'amour partagé, c'est une question de désir et d'amour ; c'est marcher sur les routes de l'existence la main dans la main avec Dieu. Comme nous le chantions dans notre jeunesse avec le Père Duval : "Seigneur, mon ami, tu m'as pris par la main, j'irai avec toi sans effroi jusqu'au bout du chemin."  La présence à nos côtés d'un Dieu qui aime, qui guérit, qui redonne l'espérance, qui pardonne, c'est comme une lumière qui illumine notre vie. Et en même temps, Dieu, ce n'est pas quelqu'un qu'on peut saisir, sur lequel on peut mettre la main. Il ne s'agit pas de le prendre, mais de se laisser prendre par lui. D'ailleurs, on n'a pas la foi comme on a un trousseau de clés dans sa main ; on n'a pas la foi, c'est la foi qui nous a ! Il est vrai que; comme le disait François Mauriac : "Il faut déjà croire pour être persuadé ! C'est ce qui rend vaine toute apologétique, et nous ne persuadons jamais que ceux que Dieu incline (vers lui)."  Avec ce mystère qui fait que tous ne vivent pas de façon identique le chemin vers la foi.
Peut-on "perdre la foi" ?  Attention, c'est comme pour l'entretien d'une voiture (toutes proportions gardées !) : la foi ne peut se maintenir que si on la replonge sans cesse dans l'Evangile et si on l'entretient !  Cela implique fidélité, recherche, nourriture...  Et si les églises se sont vidées ces dernières décennies, il faut sans doute comprendre que, ce qui s'estompe, en Occident, ce n'est pas la foi, mais le catholicisme comme coutume sociale. En tout cas, nul ne peut dire que Dieu est plus absent aujourd'hui qu'hier.
En résumé :
-  la foi chrétienne, c'est la confiance totale de la personne humaine en un Dieu personnellement recherché et rencontré ;
-  la foi doit être en même temps écoute de Dieu et service du prochain. Car c'est à la qualité de ce service de l'Autre que l'on peut mesurer l'authenticité et la profondeur d'une démarche de foi. En effet, comme le disait François Mauriac : "Perdre la foi dans les créatures [l'homme, la création], volià le péril !"

dimanche 10 février 2019

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2249 : "Avance au large !" (Jésus, en Luc 5/4)

Face à l'immensité de la mer, qui n'a jamais ressenti l'appel de l'infini ? Partir, se laisser emporter par la vague vers les grands horizons, dans le souffle du vent... De quoi rêver à des matins sans fin !  Mais, parmi nous, certains ne se sont pas contentés de rêver. Nombreux  même sont ceux qui, à l'image du valeureux Jean-Luc Van Den Heede, ont consacré leur vie à voguer vers le grand large, plus loin, toujours plus loin... En tout cas; ces gens-là nous donnent de sacrées leçons !  Et si, au fond, il nous indiquaient la direction à suivre pour que notre vie ne reste pas stérile ?  Nous appelant à quitter le gris de nos petites existences, nous invitant à aller au-delà de nos vieilles habitudes ?  "Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau", comme l'écrivait Baudelaire...
Sur notre planète, par bonheur, ils sont nombreux aussi ceux qui ont le souci d'avancer au large, comme Jésus y invitait Simon dans l'évangile de ce dimanche ; et parfois jusqu'aux périphéries les plus lointaines, ainsi que vient de le faire François, ce pape toujours en mouvement. Le grand large, pour lui, ce fut récemment Abu Dhabi où, apparemment, la pêche a été bonne ; en lien avec plus de 400 responsables de diverses religions réunis à deux pas du berceau de l'Islam, pour lancer, avec eux tous et en particulier, avec celui qu'il appelle "mon frère le Grand Imam d'Al-Azhar", un magnifique appel à la fraternité !
Cloué dans son fauteuil roulant, en Ehpad, cette situation n'empêche pourtant pas H... d'avancer vers le grand large. Vendredi, nous avons déjeuné ensemble, et il m'a expliqué que, grand nageur jadis, il aimait avancer au plus loin en mer, tendu vers l'horizon. Aujourd'hui, cela n'est pas un rêve ; car je le sens, dans toute sa réflexion, ses boutades, son humour, malgré une maladie bien invalidante, sa tête, son coeur, son âme restent toujours tendus vers l'infini !
Marina Foïs, cette merveilleuse comédienne qui fait un tabac dans le film "Une intime conviction" sorti mercredi dernier, nous invite également à bouger, à travers le coup de gueule qu'elle vient de lancer en faveur de l'accueil des migrants en France : "Comment les Français ne peuvent-ils pas comprendre la douleur de celui qui est obligé de quitter son pays ? Le discours dominant est celui de la peur, du rejet de l'autre. Il faut arrêter avec ce fantasme de l'invasion migratoire qui va mettre en péril notre pays. Regardons en face la réalité des chiffres de l'accueil des migrants en France. Ce n'est rien en comparaison à d'autres pays européens qui se sont montrés beaucoup plus accueillants que nous." (extraits de son interview dans "Ouest-France" du 3 février)
Ce matin, dans une église pleine, au Bernard, nous avons célébré le dimanche de la santé. Une militante du SEM (Service évangélique des malades) a donné un magnifique témoignage. A la fin de la messe, un jeune retraité, touché par ce qui avait été exprimé, s'est approché d'elle et lui a fait part de son désir de servir les malades au sein du SEM. Voici quelqu'un qui, comme Simon jadis au bord du lac, a entendu l'appel du Christ l'invitant à aller au large !  A la suite de tant de membres du SEM, ou de croyants, on non croyants, déjà engagés dans le service de leurs frères.
Puissions-nous être toujours plus nombreux à entendre ce bel appel de Jésus invitant chacun de nous à avancer au large, toujours plus loin ; au service de la fraternité sans fin !

lundi 4 février 2019

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2248 : Mais qu'est-ce que le pape est parti faire à Abu Dhabi ?

En un moment où, selon les sondages, une grande partie des catholiques pratiquants, en France et au-delà, se situent dans une extrême réserve par rapport aux musulmans, pour ne pas dire pire, et dans une méfiance qui semble s'accentuer d'année en année, comment comprendre ce désir du pape François de sans cesse rester attentif aux musulmans ?
Notre pape n'est-il pas un peu naïf ?  Se rend-il compte que "les musulmans veulent tous nous bouffer, et bâtir des mosquées partout, chez nous ?"... pour reprendre une critique entendue régulièrement. Et essayez donc de rétablir un minimum d'appel à la compréhension, dans la façon de considérer les musulmans, que ce soit dans les échanges au jour le jour comme à travers les homélies, et vous verrez aussitôt nombre de visages se fermer !
Ce qui ne nous empêche pas de chanter dans nos églises, allègrement et sans complexe, parfois même en allant à la "communion" (!) : "laisserons-nous à notre table un peu de place à l'étranger..."  Sans que cela ne semble nous gêner non plus, dans nos prières universelles, de prier le Seigneur de nous aider à mieux vivre ensemble ! Mais ensemble avec qui ? Entre chrétiens seulement, ou avec les étrangers seulement s'ils sont chrétiens  ?
Hier, la liturgie nous montrait Jésus en butte à l'hostilité de ses coreligionnaires juifs, parce qu'il avait osé leur faire la leçon en leur donnant en exemple deux païens ; comme si ceux-ci avaient quelque chose à apprendre à ces "bons Juifs", croyants et pratiquants !
Jésus était-il naïf ?  J'aime bien la réflexion de Michel Houellebecq, que j'ai citée hier dans mon homélie à Jard-sur-Mer, quand il écrit, en parlant de ces Juifs qui étaient réticents aux enseignements du Christ, à la dernière page de son récent ouvrage "Sérotonine" : "Je comprends le point de vue du Christ, et son agacement, face à l'endurcissement des coeurs. Ils ont tous les signes et n'en tiennent pas compte !" Et les compatriotes de Jésus, à Nazareth, ont même failli pour cela le précipiter dans le vide du haut d' "un escarpement de la colline sur laquelle leur ville est construite" !
De la même façon, le pape est vilipendé par un certain nombre de catholiques "fervents", sur les réseaux sociaux et ailleurs, quand il fait le choix d'aller en visite pastorale jusque dans le berceau même de l'Islam, aux Emirats Arabes Unis, à la porte de la redoutable Arabie Saoudite. De la même façon que Jésus était incompris quand il sortait de la Terre sainte pour aller à Tyr, à Sidon et ailleurs, en terre païenne.
Si Jésus était resté enfermé sur sa religion juive, aurait-il accompli sa mission de sauveur de tous les humains ?  Et si le pape se contentait de visiter ses ouailles catholiques, assurerait-il totalement sa mission de pasteur universel ?  Musulmans, catholiques, bouddhistes, non croyants, juifs... ne sont-ils pas tous frères ?
Ce lundi après-midi, dans la grande mosquée d'Abu Dhabi, l'une des neuf plus grandes mosquées du monde, le pape François prendra part à une rencontre dénommée "Fraternité humaine", un sommet interreligieux qui va réunir 600 responsables religieux, musulmans, chrétiens, juifs, etc., venus du monde entier. Ensemble, tous rechercheront comment faire grandir la fraternité sur notre planète déchirée.
L'apôtre Paul avait raison quand il nous rappelait, hier dimanche, dans la 2° lecture, que "l'amour supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L'amour ne passera jamais." (1 Corinthiens 13/7-8)
Et je ne résiste pas au bonheur de vous partager ces deux versets du Coran, souvent cités par les musulmans modérés qui sont bien majoritaires (sourate 49/9-10) : "Si deux groupes de croyants se combattent, rétablissez la paix entre eux. Les croyants sont frères. Etablissez donc la paix entre vos frères."

P-S  :  Pour la petite histoire, à Abu Dhabi, en posant sa main sur sa tête, le pape François a béni un petit garçon de 5 ans dont les parents sont originaires de la paroisse de Talmont-St Hilaire, commune de Poiroux.
La photo est parue dans le journal "La Croix" ! 

vendredi 1 février 2019

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2247 : Le vieil homme et la mer

Je suis sûr que ce cher Ernest Hemingway ne va pas m'en vouloir d'avoir emprunté le titre de l'un de ses livres pour introduire ce billet. Et je suis certain également que, de l'infini où il se trouve à présent, Hemingway se réjouit avec nous de la victoire du vieux marin qui vient de gagner la Golden Globe Race.
Un vieux marin de 73 ans, chaumois d'adoption depuis 30 ans je crois, Jean-Luc Van den Heede, qui a quelque chose à voir avec Santiago, le vieil homme héros du roman d'Hemingway. Jean-Luc, Santiago, tous les deux se sont battus vaillamment, au coeur des océans, pour donner un sens absolu à leur vie de marins.
Sur le Pays des Olonnes comme au-delà, nous avons suivi de près cette magnifique épopée que vient de vivre Jean-Luc. Avec un lien particulier : sa jeune soeur, Françoise, est une paroissienne fidèle, engagée dans une chorale, militant activement au sein de l'équipe du Secours Catholique sur le Talmondais ; avec elle, nous avons suivi de très près, pleins d'émotion, ce fameux périple à l'ancienne, sans GPS, sans ordinateur, sans assistance. Rien moins que son 6° tour du monde en solitaire !
En tout cas, Jean-Luc vient de nous donner à tous une sacrée leçon, dont il a livré le secret lors de son arrivée : ce qui lui a permis de terminer cette Golden Globe ? "Il faut être en phase avec soi-même !"  C'est-à-dire, si  l'on sent que l'on peut engager une aventure, ne pas avoir peur d'y aller ; à condition de bien s'y préparer.
Le 5 novembre dernier avait bien failli voir cette aventure avorter : un chavirage, un mât fragilisé ; Jean-Luc a même pensé abandonner. Mais il s'est repris et, avec des moyens de fortune, il a réussi à reprendre la course, avec le succès que l'on sait.
Nombre de leçons à retenir, pour nous terriens : accepter au besoin de se lancer dans l'inconnu, ne pas craindre d'avancer au large, ne pas forcément s'embarrasser de tous les moyens les plus sophistiqués pour tout ce que nous avons à faire, ni être esclaves en permanence de son smartphone ou de l'ordi, être tenaces dans l'effort, refuser de démissionner quand c'est trop dur, aimer ce que l'on fait et ce que l'on vit, même si c'est difficile, etc.
Une dernière leçon très forte : ne pas se cacher derrière son âge pour fuir les engagements, pour refuser d'inventer ou d'innover. Au contraire, faire de cette expérience des années une chance supplémentaire de mener à bien le projet de notre vie ; sans pour cela jouer au jeune, mais en étant conscient que, souvent, comme l'affirme le dicton avec raison, "c'est dans les vieux pots que l'on fait la meilleure soupe !"
Ainsi que je l'avais déjà cité dans un billet précédent, il y a quelques années, sachons méditer cet hommage de Péguy déclarant, dans son ouvrage "Victor Marie, comte Hugo : "Les vieux sont malins. Les vieux sont tenaces. Les vieux vaincront."