Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



dimanche 30 août 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2452 : Aimer les gens, et être utile !

Pour un prêtre, l'une des plus grandes joies, c'est d'accompagner des jeunes couples vers le mariage, puis de le célébrer.

J'ai eu la joie de vivre hier encore un tel événement.  Des centaines de mariages "au compteur", depuis le 1° que j'ai assuré, jadis, à St Jean de Monts, en juillet 1967... Il y a presque des années-lumière ! Mais c'était dans une grande lumière, déjà, justement.

C'est fou ce que ces jeunes couples nous apportent, à nous les prêtres, à travers leur jeunesse, leur fraîcheur, leurs idéaux, leurs espoirs : ils nous aident à croire en la force infinie de l'amour !

Hier, en la belle église St Pierre de Talmont, auprès du célèbre château, j'ai eu le plaisir de partager à la nombreuse assistance les perspectives dans lesquelles Mathilde et Thibault envisagent de conduire leur vie de couple, dans la ligne de ce qu'ils vivent déjà, à travers de nombreux engagements, depuis plusieurs années.

Antoine de Saint-Exupéry n'a-t-il pas dit : "Voyez-vous, dans la vie, il n'y a pas de solutions toutes faites. Mais il y a des forces en marche : il faut les créer, et les solutions les suivent."

Mathilde a exprimé ainsi l'une des forces essentielles qui déjà animent sa vie et ses engagements (professionnels, sociaux, au plan politique également) : "l'essentiel, c'est d'aimer les gens."

Pour réussir sa vie de couple en effet, pour qu'un couple porte de beaux fruits, selon l'évangile que ce couple avait choisi (Jean 15/12-17), il faut non seulement s'aimer l'un l'autre, mais il faut créer de l'amour, sans cesse, autour de soi.  Comme le chantait Balavoine : "il faut sauver l'amour".

Une autre de ces forces dont parlait Saint-Exupéry, pour Thibault, c'est de se rendre utile à la société.

N'y a-t-il pas un risque que le couple se referme sur lui-même, et qu'il n'ait comme objectif que de faire de l'argent, profiter de la vie ?  Thibault, déjà, depuis des années, à travers ses engagements (gendarme dans la réserve, avec une dizaine d'interventions par an, etc.), se donne comme priorité d'être présent, actif, efficace, utile, au service de la société.

Lors de la cérémonie, nous avons confié à Dieu, source de l'Amour, l'engagement de Thibault et Mathilde l'un envers l'autre, et au service de leurs frères et soeurs de la terre !  Que Dieu rende féconde leur union et leurs engagements !

vendredi 28 août 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2451 : "Politique, ces évêques qui s'engagent"


Voici le message que je viens de recevoir de Jean-Pierre, diacre en Loire-Atlantique ; il rejoint ce que j'exprime parfois, comme dans les billets 2446 et 2432. Merci Jean-Pierre.  Toutes les réactions seront les bienvenues !


Cher Olivier,

L'article paru dans "La Croix" le 25/08/, intitulé "Politique, ces évêques qui s'engagent", m'a fait réagir par rapport au positionnement de l'épiscopat français.

Tu trouveras en P.J. un texte qui traduit ma pensée. Est-il trop subjectif et peut-être injuste? Mais je t'autorise à le publier sur ton blog si tu considères qu'il peut suggérer le débat et non le fermer. Tu peux aussi le réduire à ce qui te paraît essentiel. Dans ce cas j'assumerai par ma signature, mes propos.

Merci une nouvelle fois de nourrir notre foi et de nous inviter à la rendre agissante.

Fraternellement

Jean-Pierre


 Le mardi 25 Août, le journal "La Croix" titrait à la une : « Politique, ces évêques qui s’engagent ».  Je me réjouissais d’avance de ce titre, croyant qu’il concernait l’épiscopat français. Ma joie fut de courte durée en lisant l’article, qui faisait référence aux prises de positions courageuses d’évêques d’Amérique latine. Ces évêques s’intéressent  aux réalités sociales de leurs pays et ne privilégient pas les positions sur la morale personnelle. En cela, ils rejoignent les orientations du Pape François.

Nous sommes sur un autre continent, avec une autre histoire, une autre réalité culturelle, mais nous sommes de la même Eglise, celle du Christ et de son évangile. Nos évêques français ne sont-ils pas trop centrés aujourd’hui sur les questions morales. La bioéthique occupe aujourd’hui l’espace et les débats au détriment de d’autres missions de dimensions sociales, économiques, écologiques… L’Eglise n’a pas à se taire elle est dans son rôle quand elle défend la vie de la conception jusqu’à la mort, la dignité inaliénable de tout être humain, mais pour autant, elle ne peut plus, dans un monde de plus en plus sécularisé, diriger toutes les consciences individuelles et collectives. 
 
Les évêques seraient-ils devenus aphones sur les grandes questions sociales actuelles : la question des migrants, les inégalités sociales, les rapports entre les peuples, la violence, les dictatures… N’y aurait-il plus place pour des grandes déclarations nourries par l’évangile et qui pourraient conforter, soutenir ceux et celles qui agissent sur ces terrains et éveiller les consciences des autres baptisé ?

De grands textes ont été publiés par les évêques de France :
-         1993 : «  Face au chômage changer le travail »
-         1996 : « L’écart social n’est pas une fatalité »
-         1972 : « Pour une pratique chrétienne de la politique »
-         2005 : « Repères dans une économie mondialisée »

Plus près de nous, la grande impulsion donnée par la Conférence des évêques de France de 2011 à 2013 :  « Diacona 2013 : Servons la fraternité. »
Cette proposition a été diversement suivie selon les diocèses et les paroisses, mais elle avait eu le mérite de rappeler, à tous les clercs ou laïcs, que le service du frère est au cœur de la mission de tous les baptisés.

Je reprendrai simplement quelques éléments de la déclaration d’envoi du grand rassemblement de clôture de Lourdes (9-13 Mai 2013) :
Début de la déclaration : « Personne n’est jamais trop pauvre pour n’avoir rien à partager. La fraternité n’est pas une option, c’est une nécessité »
Fin de la déclaration : « Le rassemblement «  Diacona », voulu par l’Eglise de France, est une étape. Le temps de l’engagement se poursuit. Les participants appellent tous les baptisés, et tous les hommes et femmes de bonne volonté, qui se retrouvent dans les valeurs de l’évangile, à se mettre en route ensemble, pour construire une société juste et fraternelle. Une société où l’attention aux pauvres guide toutes nos actions. »

Cette déclaration reste d’actualité ; nos évêques ne pourraient-ils pas reprendre les fruits des travaux de cette grande démarche, pour réactiver le questionnement et la recherche des actions à entreprendre aujourd’hui pour rester fidèles à l’évangile du Christ ?

mercredi 26 août 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2450 : Non, Gaby n'est pas mort tout seul !

Gaby, c'est un copain de toujours ; un gars du Gué de Velluire, né un mois plus tôt que moi, que je connais et fréquente depuis la maternelle. Un type exceptionnel, entre autres ancien pilote d'essai chez Peugeot à Poissy.  Revenu dans le sud-Vendée pour sa retraite, il vivait seul et on l'a trouvé mort, suite à une chute au sol dans sa maison. Sa famille, ses amis en furent consternés, atterrés : "Gaby est mort tout seul ; c'est terrible !"  "Il n'y avait personne auprès de lui, en un moment où il en aurait tant eu besoin..." Et cette réflexion d'une de ses belles-soeurs, aux larmes : "Je suis révoltée ! Qu'il soit parti comme ça, qu'on n'ait rien pu faire..."

En écoutant toute cette désolation, je me suis dit : "Gaby est-il vraiment parti tout seul ? N'y a-t-il alors aucune consolation possible ?"  Car j'avais l'impression que cette fin douloureuse était en train de faire oublier la richesse et la beauté du reste de sa vie !  Mais heureusement, lors du mot d'accueil, ce matin, dans l'église du Gué de Velluire, au début de la cérémonie, un message très positif a été partagé. Il a été rappelé que "Gaby avait de l'or au bout des doigts et dans la tête, qu'il était le génie du bricolage, le champion de la mécanique, en même temps d'une générosité infinie", etc, etc...

Je me permets de vous partager à présent ce que j'ai exprimé, en fin d'homélie, pour essayer d'apaiser, de rassurer les esprits.

Chers amis, ce que je vais vous dire va vous surprendre : Malgré ce que l'on peut penser, Gaby n'est peut-être pas mort tout seul !  Dieu, par exemple, aurait-il pu oublier Gaby, l'abandonner comme ça au bord du chemin, lui le bon Berger ?  Personne ici-bas, malgré les apparences parfois, ne meurt jamais seul ; c'est notre foi qui nous l'assure.  Bien sûr, nous, en effet, on n'était pas là, auprès de lui, pour tenir sa main ni éponger son front, ou appeler au secours. Mais Quelqu'un était là.

-  la Vierge Marie qui était sans doute auprès de lui, comme jadis au pied de la croix ; présente, comme on le dit dans le "je vous salue Marie", "maintenant et à l'heure de notre mort."

-  il y avait peut-être aussi saint Joseph, pourquoi pas ?  Ne dit-on pas de lui qu'il est "le patron de la bonne mort" ?  Alors, on peut supposer qu'il fait bien sou boulot quand on a besoin de lui...

-  une des amies de Gaby m'a dit tout à l'heure qu'avec ce beau prénom, Gabriel, il devait être protégé et sauvé. L'archange Gabriel, dont le prénom en hébreu signifie "la force de Dieu", n'était sûrement pas, en cette occasion, aux abonnés absents !

Mais surtout, relisons la Bible ; la messe d'hier, en l'honneur de saint Louis, nous faisait lire le pasume 40 où il est affirmé ceci : "le pauvre et le malheureux, le Seigneur l'assistera sur son lit de douleurs ; il le sauvera au jour de malheur."

Et cette citation biblique du prophète Isaïe (49/14) : "Le Seigneur m'aurait-il oublié ?  Mais enfin, une femme peut-elle oublier son enfant ?  En tout cas, même si l'une d'entre elles oubliait, moi, Dieu, je ne t'oublierais pas."

Avec cette magnifique promesse de Jésus, en finale du texte d'évangile choisi par la famille : "Vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, je vous procurerai le repos." (Matthieu 11/28)


J'aurais pu ajouter à ma réflexion les deux points suivants :
-  l'éclairage que nous donne le grand saint Thomas : "Dieu est un Père qui saura toujours trouver les moyens qu'il faut pour sauver ses enfants." 
-  une parole du Concile Vatican II, dans "Gaudium et Spes", n° 22 : "L'Esprit-Saint offre à tous, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associés au mystère pascal" (de mort et de résurrection) 


Je dédie cette réflexion à tous ceux et celles dont on dit qu'ils sont partis "tout seuls", dans les hôpitaux ou les Ehpad, suite à cette maudite pandémie.

samedi 22 août 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2449 : Quand l'humanité avance dans le sens de l'Evangile !

Qu'elle est belle, notre humanité, malgré toutes ses laideurs, quand elle s'engage au service des plus démunis !  Mercredi dernier 19 août, comme vous le savez sans doute, a eu lieu la Journée mondiale de l'aide humanitaire. Journée qui chaque année a pour but de sensibiliser sur l'aide humanitaire dans le monde entier et rendre hommage aux personnes qui risquent leur vie pour la fournir. Pour info, cette Journée mondiale a été instaurée le 19 août 2009 ; elle correspond au jour de l'attaque contre le siège de l'ONU à Bagdad, le 19 août 2003, qui, vous vous souvenez, avait coûté la vie à 22 personnes, dont celle du Secrétaire général pour l'Irak, le brésilien Sergio Vieira de Mello, qui était une personnalité très attachante.

De nombreux articles, dans divers journaux, comme des émissions à la télé, ont mis l'accent cette semaine sur le rôle important des humanitaires. Il était bon de rappeler que plus de 570.000 personnes travaillent dans le secteur de l'humanitaire, croyants ou non, évidemment, de tous pays et de tous milieux, d'après les chiffres de 2017.  Et leur nombre croît chaque année, pour faire face à des besoins de plus en plus importants malheureusement. Surtout que le nombre de personnes nécessitant une assistance humanitaire est passé de 62 millions en 2012 à 168 millions en 2020 !

Parmi eux, il y a tous les types de profils : des jeunes, mais pas seulement, des anciens qui sont là depuis toujours, des personnes motivées par le service de leurs frères, et souvent des gens sur-diplômés, fort bien formés ; en effet, ce n'est pas un service au rabais qu'il s'agit d'assurer, mais bien plutôt un accompagnement des populations pour les aider à s'en sortir par elles-mêmes, là où c'est possible évidemment.

Sachons d'ailleurs que les premiers à répondre aux besoins sont aussi, souvent, des personnes dans le besoin elles-mêmes : réfugiés, membres d'ONG locales, qui apportent nourriture, abri, soins de santé, protection et espoir lors de conflits, de déplacements, de catastrophes naturelles et de maladies.

Mercredi, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, Mark Lowcock, a déclaré : "Aux travailleurs humanitaires du monde entier qui accomplissent un travail important et courageux en première ligne, nous disons "Merci".  Vous sauvez des vies chaque jour, et ce alors que de nouveaux défis et de nouvelles crises s'ajoutent à ceux qui existent déjà. Votre persévérance est source d'inspiration. Vous aidez les personnes qui en ont le plus besoin..."

Et trop souvent, ceux-ci risquent leur propre vie pour sauver celle des autres. Par exemple, en 2019, 483 travailleurs humanitaires ont été attaqués, 125 tués, 234 blessés et 124 kidnappés, lors de 277 incidents distincts. Nous pensons aux huit personnes tuées au Niger récemment.

Les Eglises ni les religions n'ont le monopole de la charité, heureusement !  Quel bonheur, quel encouragement de voir que tant de frères et soeurs humains s'engagent ainsi, sans le savoir forcément, dans le sens de l'Evangile !

jeudi 20 août 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2448 : Gérard, pasteur baptiste, dans la lumière du Ressuscité

Mardi, nous avons accompagné le pasteur Gérard Risy dans son entrée en la vie éternelle. Mais bien sûr, il en vivait déjà parmi nous, de cette vie là !  Il vient de nous quitter très brutalement, à l'âge de 77 ans.

Gérard était une figure connue et appréciée sur la région des Sables d'Olonne. La présence officielle d'un représentant de la municipalité sablaise, lors du culte célébré à sa mémoire, en a témoigné. Il était, jusqu'à l'an passé, le pasteur de "l'Eglise Protestante Baptiste des Olonnes", et cela depuis plus de 15 ans. Personnellement, j'avais fait sa connaissance au début des années 2000, en tant que curé des Sables, lorsque, lors de sa nomination sur le Pays des Olonnes, il avait intégré le groupe oecuménique que nous avions mis en place.

Les années ont passé, Gérard devint président du groupe interreligieux du Pays des Olonnes, qui regroupait déjà des représentants, outre l'Eglise Baptiste en sa personne, de l'Eglise Protestante Unie, du Bouddhisme, du Judaïsme, de l'Islam et du Catholicisme. Je l'ai remplacé il y a deux ans à la présidence de ce groupe, dont il était toujours un membre actif et très fidèle au conseil d'administration. Et ces traditions religieuses ou de sagesse étaient représentées mardi.

Ce qui m'a frappé lors de la cérémonie, c'est que le pasteur qui lui a succédé a déclaré dès le départ qu'il ne s'agissait pas de faire quelque chose autour de la figure de Gérard, si belle fut-elle, mais que nous allions vivre un culte d'adoration et d'action de grâce joyeuse au Seigneur. Au cours de la célébration, la mort n'a pas été gommée, bien sûr, mais, malgré la dureté et la brutalité de ce départ,  l'atmosphère générale (chants, témoignages...) était plutôt à la louange, à l'espérance.

Ce n'était pas une cérémonie avec un rituel un peu crispé, ordonné, avec un déroulement un peu précis ou des paroles toutes faites. On sentait fortement une dynamique entraînante, simple, proche de ce que l'on peut ressentir en un tel moment, avec un parti-pris de foi profonde en la merveille du salut en Christ.

Allusion a été faite au baptême reçu par Gérard, à l'âge adulte, lors de sa "conversion" ; disons, de son retour à ce que les Baptistes appellent "la foi des origines". La particularité des Baptistes en effet, c'est cette découverte qu'ils ont tous fait, à l'âge adulte, de la rencontre avec le Christ.  Il ne s'agit pas, en ce qui les concerne, d'une foi sociologique. C'est vrai que ces églises, qui font partie du grand courant évangélique, sont d'un autre type que ce que nous vivons au sein de l'Eglise catholique, même s'il n'est pas question de faire des comparaisons.

Il nous faut quand même reconnaître que, tandis que nos Eglises, Catholique ou Protestante Réformée, perdent de plus en plus de fidèles, ces Eglises dites du "Réveil", constituent de loin, dans le monde, et aussi en France, le courant chrétien le plus dynamique. En 40 ans, le nombre de leurs fidèles a plus que quadruplé et atteint en 2020 quelques 660 millions à la surface de la planète, selon le chiffre donné par l'historien Sébastien Fath, spécialiste des évangéliques en France. On peut relire à ce propos l'article paru dans "La Vie" du 6 août dernier, pages 48-49.

Lors de la célébration, le saxo, la guitare, les instruments de musique, la jeunesse des chanteurs et musiciens et leur enthousiasme nous ont entraîné dans la prière. Avec, entre autres, un très beau cantique en français reprenant  la mélodie d' "Amazing Grace" : "Grâce infinie" :
    Il m'a sauvé et libéré
    Mon Dieu, mon sauveur m'a racheté
    Sa grâce coule comme la pluie
    Amour immense, grâce infinie. 

Je suis sorti de ce temps de prière en me disant que, vraiment, nous avions beaucoup à apprendre de la foi et du dynamisme de cette Eglise Baptiste de chez nous !

mardi 18 août 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2447 : "Créer les conditions d'existence d'un monde humain." (Frantz Fanon)

Ce sont des amis algériens, rencontrés en 1964 tandis que je travaillais avec eux à l'hôpital de Grenoble, qui m'ont fait découvrir l'oeuvre de Frantz Fanon (1925-1961). Tandis que l'on déboulonne ici et là des statues d'esclavagistes, la parole de feu de ce psychiatre martiniquais, engagé volontaire dans la 2° guerre mondiale, figure de la lutte anticoloniale et de l'antiracisme, garde toute sa pertinence aujourd'hui !


"Peau noire, masques blancs", livre de Frantz Fanon paru en 1952
Extraits de la conclusion
Seront désaliénés Nègres et Blancs qui auront refusé de se laisser enfermer dans la Tour substantialisée du Passé. Je suis un homme, et c’est tout le passé du monde que j’ai à reprendre. En aucune façon je ne dois tirer du passé des peuples de couleur ma vocation originelle.


Ce n’est pas le monde noir qui me dicte ma conduite. Ma peau noire n’est pas dépositaire de valeurs spécifiques. N’ai-je donc pas sur cette terre autre chose à faire qu’à venger les Noirs du XVIIème siècle ? Dois-je sur cette terre, qui déjà tente de se dérober, me poser le problème de la vérité noire ? Dois-je me confiner dans la justification d’un angle facial ? Je n’ai pas le droit, moi homme de couleur, de rechercher en quoi ma race est supérieure ou inférieure à une autre race. Je n’ai pas le droit, moi homme de couleur de souhaiter la cristallisation chez le Blanc d’une culpabilité envers le passé de ma race. Je n’ai pas le droit, moi homme de couleur, de me préoccuper des moyens qui me permettraient de piétiner la fierté de l’ancien maître. Je n’ai pas le droit ni le devoir d’exiger réparation pour mes ancêtres domestiqués. Il n’y a pas de mission nègre ; il n’y a pas de fardeau blanc.


Je me découvre, moi homme, dans un monde où les mots se frangent de silence. Dans un monde où l’autre, interminablement, se durcit. Non, je n’ai pas le droit de venir et de crier ma haine au Blanc. Je n’ai pas le devoir de murmurer ma reconnaissance au Blanc. Il y a ma vie prise au lasso de l’existence. Il y a ma liberté qui me renvoie à moi-même. Non, je n’ai pas le droit d’être un Noir.


Si le Blanc me conteste mon humanité, je lui montrerai, en faisant peser sur sa vie tout mon poids d’homme, que je ne suis pas ce « Y a bon banania » qu’il persiste à imaginer. Je me découvre un jour dans le monde et je me reconnais un seul droit : celui d’exiger de l’autre un comportement humain. Un seul devoir. Celui de ne pas renier ma liberté au travers de mes choix.


Ma vie de doit pas être consacrée à faire le bilan des valeurs nègres. Il n’y a pas de monde blanc, il n’y a pas d’éthique blanche, pas davantage d’intelligence blanche. Il y a de part et d’autre du monde des hommes qui se cherchent. Je ne suis pas prisonnier de l’Histoire. Je ne dois pas y chercher le sens de ma destinée. Je dois me rappeler à tout instant que le véritable saut consiste à introduire l’invention dans l’existence. Dans le monde où je m’achemine, je me crée interminablement.


Vais-je demander à l’homme blanc d’aujourd’hui d’être responsable des négriers du XVIIème siècle ? Vais-je essayer par tous les moyens de faire naître la Culpabilité dans toutes les âmes ? La douleur morale devant la densité du Passé ? Je suis nègre et des tonnes de chaînes, des orages de coups, des fleuves de crachats ruissellent sur les épaules. Mais je n’ai pas le droit de me laisser ancrer. Je n’ai pas le droit d’admettre la moindre parcelle d’être dans mon existence. Je n’ai pas le droit de me laisser engluer par les déterminations du passé. Je ne suis pas esclave de l’Esclavage qui déshumanisa mes pères.


Moi, l’homme de couleur, je ne veux qu’une chose : Que jamais l’instrument ne domine l’homme. Que cesse à jamais l’asservissement de l’homme par l’homme. C’est-à-dire de moi par un autre. Qu’il me soit permis de découvrir et de vouloir l’homme, où qu’il se trouve. Le nègre n’est pas. Pas plus que le Blanc. Tous deux ont à s’écarter des voix inhumaines qui furent celles de leurs ancêtres respectifs afin que naisse une authentique communication. Avant de s’engager dans la voix positive, il y pour la liberté un effort de désaliénation. Un homme, au début de son existence, est toujours congestionné, est noyé dans la contingence. Le malheur de l’homme est d’avoir été enfant. C’est par un effort de reprise de soi et de dépouillement, c’est par une tension permanente de leur liberté que les hommes peuvent créer les conditions d’existence d’un monde humain.



lundi 17 août 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2446 : Quand les Eglises entendent les cris des hommes...

Quel exemple magnifique, dans l'évangile d'hier, que l'histoire de cette étrangère, païenne, dont les cris de douleur ont été entendus par Jésus ! Il y a certainement là comme un appel à ce que notre Eglise, après des hésitations peut-être, comme Jésus en a ressenties, puisse à son tour répondre aux appels des hommes qui lui arrivent de tous les poins de la planète. En voici quelques exemples, repérés dans la presse - merci les médias - depuis le début du mois d'août.


-  le 4 août, au Pakistan
L'Eglise catholique vient d'apporter son appui à la construction d'un temple hindou à Islamabad, dans ce pays de plus de 200 millions d'habitants, musulmans à près de 97%, où les hindous sont considérés comme "des citoyens de 3° classe." L'Eglise a fait remarquer que "c'est un droit fondamental de tout citoyen pakistanais que de prêcher et professer sa religion librement, ainsi que le reconnaît l'article 20 de la Constitution du Pakistan."

-  le 6 août, au Japon
Il y a 75 ans, Hiroshima et Nagasaki étaient rayées de la carte par la bombe atomique. A cette occasion, les évêques du Japon ont déclaré, une fois de plus : "le chemin vers la paix véritable exige que le monde abolisse les armes nucléaires."  Les politiciens des puissances nucléaires vont-ils entendre cet appel ?

-  le 8 août, en Allemagne
J'ai déjà fait écho à l'initiative, unique en Europe de l'Eglise protestante allemande, soutenue par l'Eglise catholique de ce pays, d'affréter un bateau pour porter secours aux migrants en Méditerranée. Voir mon billet sur ce blog à ce sujet.

-  le 10 août, au Brésil
Malgré leurs divisions, une partie importante des évêques brésiliens viennent de publier un manifeste exigeant des politiques plus cohérentes de la part du gouvernement du président Bolsonaro : 152 évêques, appuyés par un millier de prêtres, qui ont également publié leur propre manifeste.

-  le 11 août, aux Philippines
Les évêques ont réitéré leur "ferme opposition à la décision de rétablir la peine de mort", laquelle "viole la dignité inhérente à une personne, qui ne disparaît pas suite à la perpétration d'un crime."

-  le 12 août, à propos des Ouïgours en Chine
Le cardinal Birman Charles Bo, président de la Fédération des conférences épiscopales asiatiques, et le cardinal indonésien Ignatius, archevêque de Djakarta, ont signé une déclaration interreligieuse qui condamne le "potentiel génocide du peuple Ouïgour". Ils appellent à la prise de responsabilités de l'Eglise catholique, assez muette à ce sujet sur le reste de la planète.


Prions l'Esprit-Saint d'aider nos Eglises à être toujours plus attentives aux multiples appels des citoyens de cette terre.  C'est par là seulement qu'elles seront crédibles aux yeux de nos contemporains !

samedi 15 août 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2445 : Prière à Notre Dame de la plage et de la mer

 J'aurais aimé rédiger un billet autour du sens de la fête de l'Assomption, mais un emploi du temps chargé ne m'a pas permis de le faire. C'est peut-être une chance car, en échange, je suis heureux de vous partager une super prière à Marie qui nous vient du Morbihan (auteur inconnu). Je l'ai lue ce matin en fin de messe de l'Assomption dans le parc de Bourgenay. Plusieurs me l'ayant demandée, j'en fais profiter tous les amis !

 

Notre Dame du fond des âges,

Notre Dame du temps qui passe,

prends pitié de nous

qui sommes de passage sur la plage.


Notre Dame des flux et des reflux,

Notre Dame des allées et des venues,

marche avec nous sur le sable,

avant qu'à jamais ne s'efface 

la trace de nos pas.

 

Notre Dame des dunes blanches,

et des courbes collines modelées par la main du vent,

apaise et guérit nos soucis,

avant qu'à jamais nous disparaissions

dans les sables du temps.


Notre Dame des airs, de l'air léger du matin,

du vent crissant dans les oyats tremblants,

emplis nos poumons de plein air,

avant qu'à jamais ne nous manque

le souffle de la vie.


Au moment du dernier passage, ô Notre Dame,

du dernier soupir comme du dernier regard,

et du dernier baiser comme de la dernière poignée de mains,

souviens-toi de notre pélerinage

sur la plage.


Et conduis-nous

dans l'éblouissement

de la lumière éternelle.  

Amen !

 

vendredi 14 août 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2444 : "La mer, lieu de ressourcement spirituel.'" (Claude Babarit)

 C'est une joie pour moi de vous transmettre l'écho que nous donne Claude Babarit, prêtre aux Sables d'Olonne, skipper lui-même, en lien étroit avec les marins et les plaisanciers, à propos d'une très belle initiative fort bien nommée "Avance au large".  Merci Claude !


Plus que jamais l’été, la mer est à tous. La mer des marins pêcheurs, de ceux du commerce, des tourdumondistes et autres surfistes. La mer des estivants qui recherchent les bienfaits les plages. Avec « Avance au large », chaque année, aux Sables d’Olonne, c’est la mer à portée de main, la mer partagée sans aucune préoccupation mercantile, la mer offerte à qui veut bien l’admirer, à qui veut la rencontrer au-delà du simple rivage. C’est ce que proposait cette année encore la paroisse des Sables d’Olonne et le service diocésain de la Pastorale du Tourisme. Un aller et retour Les Sables et Bourgenay à la voile ou au moteur, ou la marche ensemble sur le sentier du bord de mer.

 La mer à vivre aussi comme lieu de ressourcement spirituel à partir de textes bibliques. René Cougnaud, aumônier diocésain et à l’équipe nationale de Pastorale du Tourisme, a commencé par présenter à tous, marcheurs et embarqués, le bref livre de Jonas dans la Bible, 3 jours et 3 nuits dans le monstre marin, un symbole repris par Jésus dans l’Evangile.

Après cet exposé au local du Club-House, 4 navires prenaient la mer, non sans quelques hésitations pour l’un d’entre eux, en raison d’une météo annoncée comme orageuse.  Avec les marcheurs, Roland Mornet, marin retraité et écrivain, s’est arrêté au lieu où avait atterri la vedette des sauveteurs naufragés en juin 2019. Après une marche sans soleil pour certains, et une navigation paisible pour d’autres, tous se retrouvaient dans le parc des Religieuses à Bourgenay. Accueil par Olivier Gaignet, prêtre résident.  Pique-nique sous les ombrages pour une quarantaine de participants de tous âges.

Puis vint le moment de retrouver un peu de fraicheur dans la petite chapelle de Bourgenay. Les bateaux attendront le réembarquement au ponton d’accueil.  René Cougnaud présente à ceux qui le veulent un texte proposé par le cardinal Turkson pour le dimanche de la mer au 12 juillet 2020, assurant les marins de la proximité de l’Eglise.  Ce cardinal affirme pour Stella Maris  :  « La pandémie de COVID 19 a contraint de nombreux pays à imposer un confinement complet et à fermer de nombreuses entreprises pour tenter d’empêcher la diffusion du virus. Il ajoute :  « au mois d’août prochain, l’intention de prière universelle qui exprime la grande préoccupation du pape François pour l’humanité et la mission de l’Eglise, sera consacrée au monde maritime. Les communautés catholiques du monde seront invitées à prier pour tous ceux qui travaillent et vivent de la mer, notamment les marins, les pêcheurs et leurs familles." 

Nous y sommes, et c’est le moment peut-être de faire nôtre l’appel de Jonas dans la Bible : « Dans ma détresse, je crie vers le Seigneur et lui me répond ; du ventre infernal j’appelle, tu écoutes ma voix. » Mais aussi de chanter : « Tu es le Dieu des grands espaces et des vastes horizons ».  Et sans la nommer, Notre Dame de Bourgenay, en entonnant ce chant traditionnel : « Astre béni du marin, Conduis ma barque au rivage, Garde-moi de tout naufrage, Blanche étoile du matin ».

Puis chacun s’en est allé, les uns pour un réembarquement au port de Bourgenay, les autres par le sentier du littoral.  Les navires ont affronté la houle, moins redoutable qu’annoncé.  Les marcheurs ont refait le même chemin en sens inverse.

Au n° 42 de  l’encyclique du pape François « Laudato Si » on peut lire : « Toutes les créatures sont liées, chacune doit être valorisée avec affection et admiration, et tous en tant qu’êtres, nous avons besoin les uns des autres. »  Les habitants du littoral et ceux qui les rejoignent, notamment l’été, n’épuiseront jamais les forces de vie qui leur viennent par la mer. Ceux qui s’y aventurent parce que c’est leur métier ou leur passion, quelquefois l’un et l’autre, n’en finiront jamais de transmettre quelque chose de ce mystère de mort et de résurrection qui nous arrive aussi par la mer.  CB

  

 

 

 

 

 


mercredi 12 août 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2443 : "Tuez-les, emplissez les cours de cadavres..."

Le temps m'a manqué, mais je voulais rédiger ce billet hier, après avoir lu un récit terrible, dont voici quelques extraits : "Frappez. N'ayez pas un regard de pitié, n'épargnez personne : vieillards et jeunes gens, jeunes filles, enfants, femmes, tuez-les, exterminez-les. Commencez l'extermination par mon sanctuaire." Ils commencèrent donc par les vieillards qui adoraient les idoles... "Emplissez les cours de cadavres, puis sortez." Ils sortirent donc et frappèrent à travers la ville."

C'est tout le texte qu'il faudrait lire, un récit terrifiant !  Mais d'où sort donc cette histoire ?  S'agit-il du récit d'un massacre perpétré par les nazis, à Oradour-sur-Glane par exemple ? Ou d'un triste épisode des guerres de religion ?  Mais il s'agit peut-être d'une évocation des méfaits de Daech au Moyen-Orient ?  Certains penseront même qu'il s'agit d'un texte tiré de ce dangereux ouvrage qu'est, selon eux, le Coran...

Vous n'y êtes pas ! Cependant, seuls ceux qui ont participé à l'eucharistie d'hier mardi auront compris de quoi il s'agit : tout simplement, de brefs extraits de la 1° lecture de la messe de ce mardi. 

Ah ! me direz-vous... C'est vraiment ce qui est écrit ?  Dans la Bible ???  Eh oui !  C'est une parole du prophète Ezékiel (9, 1-7 ; 10, 18-22).  Et je n'ai pas ouï-dire que l'Eglise avait mis ce texte à l'index... Pire encore : si on lit de près l'ensemble de la Bible, et pas seulement le Premier Testament, mais aussi les Evangiles, l'on y trouve nombre d'autres textes du même type, belliqueux et sanguinaires à point.  Mais, penseront certains, on imaginait que des textes comme cela n'existaient que dans le Coran ?  Détrompez-vous ! 

J'ai toujours été très choqué d'entendre des catholiques tomber sur le dos des musulmans quand apparaissait une phrase sanguinaire tirée du Coran. Chaque fois alors, je me dis en moi-même : "s'ils avaient connaissance de certains textes de la Bible comme celui que je viens de citer, ils serait moins critiques et plus modestes !"

Dimanche dernier, un paroissien m'a interpellé ainsi : "Mais pourquoi ne supprime-t-on pas de tels textes de la Bible, si scandaleux ?"  Cela demande en effet toute une explication. Dans le cas d'Ezékiel, ce prophète était bouleversé de voir que le peuple de Dieu se détournait de Yahvé ; même les vieillards adoraient les idoles. Lui qui était rempli d'amour envers le Seigneur, on peut imaginer qu'une telle situation l'empêchait de dormir. Et quand il dormait, tout cela traversait et animait ses rêves, les transformant en cauchemars.

Le texte que je vous ai partagé ressort d'un genre littéraire appelé "apocalyptique" : Ezékiel y raconte la vision qu'il a eue en rêve ; et c'est pour lui une autre forme de prédication : provoquer un électro-choc sur ses auditeurs et ainsi, les inviter à se réveiller et à changer de vie, s'ils veulent éviter de subir un châtiment pour leur manque de foi. Cependant, les paroles sanguinaires qu'il met dans la bouche de Yahvé ne sont donc pas à prendre au premier degré, comme si Dieu pouvait s'exprimer ainsi.  Et même si trop souvent alors, même les prophètes faisaient parler Dieu ainsi...  D'où notre scandale aujourd'hui, si nous n'avons pas pu décoder le genre littéraire utilisé.

En fait, à travers une façon de parler que nous n'utiliserions pas aujourd'hui, le projet d'Ezékiel, c'était avant tout d'oeuvrer à remettre Israël dans le droit chemin, pour l'inviter, en bon prophète, à retourner vers le Seigneur son Dieu !

lundi 10 août 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2442 : Tribulations et fraternité

Il nous arrive parfois de douter de nos frères humains, de les trouver égoïstes ou renfermés sur eux-mêmes. C'est sans doute une erreur de notre part !  En effet, quand on regarde de près ce qui se passe, et c'est particulièrement clair à l'occasion de catastrophes, malheurs ou tribulations diverses, l'on découvre que le coeur de l'homme est plus grand qu'on ne le croyait, et que la fraternité n'est pas un vain mot.

Nous avons tous remarqué par exemple - merci les médias - combien les jeunes Libanais se sont mobilisés en masse, venant de tout le pays, et le plus souvent avec des moyens dérisoires, pour venir en aide aux personnes victimes de la grande catastrophe qui vient de terrasser leur pays.  Or, l'on avait l'habitude de dire que le iban était en train de s'effondrer, qu'on ne pouvait plus y faire confiance à personne pour lui permettre de se relever ; mais si...

Impressionnante aussi, cette initiative prise par la municipalité de Tel-Aviv, toujours considéré au Liban comme un pays ennemi : la télé, les journaux ont publié la photo émouvante de la mairie de Tel Aviv, illuminée en grand aux couleurs du drapeau national libanais, dès mercredi dernier. Un geste de solidarité, après l'explosion qui a dévasté Beyrouth. Israël a également proposé son aide au Liban, comme de nombreux autres pays d'ailleurs : solidarité mondiale, signe d'une humanité en marche vers la fraternité, au-delà des trop nombreuses divisions.

Bel exemple donné aussi par l'Eglise protestante allemande, qui a initié un projet de financement d'un navire de sauvetage en Méditerranée. Cette Eglise dynamique  - on rêverait de voir le même engagement évangélique en France - a entraîné un collectif de pas moins de 500 organisations civiles dans la réalisation d'un tel défi, grâce à une campagne de financement participatif. Il est intéressant de signaler que cette mission est issu d'une réflexion menée au cours du dernier synode de cette Eglise. Est-ce que l'on imagine cela chez nous, sous l'impulsion de l'archevêque de Paris par exemple ?  Une ombre au tableau : le président de l'Eglise protestante, Heinrich Bedford-Strohm, a reçu des menaces de mort liées à son engagement pour le sauvetage des migrants en Méditerranée : certains fidèles protestants jugent son engagement trop politisé !!! Le cardinal Marx soutient cette initiative depuis le début.

Victor Hugo disait : "La vie, le malheur, l'isolement, l'abandon, la pauvreté sont des champs de bataille qui ont leurs héros ; héros obscurs plus grands parfois que les héros illustres."

A chacun de repérer de tels signes de fraternité plus forts que tous les malheurs et découragements !

dimanche 9 août 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2441 : La possession même d'armes nucléaires est "un outrage continuel qui crie vers le ciel."



Il y a 75 ans aujourd'hui, jour pour jour, le 9 août 1945, un avion américain larguait une bombe atomique sur Nagasaki, faisant des dizaines de milliers de morts. Un désastre non seulement pour le Japon, mais pour l'ensemble de l'humanité !  Et pourtant, à présent encore, les trois pays qui disposent du plus grand nombre d'ogives nucléaires, la Russie, les USA et la France, mais également six autres nations, disposent d'un arsenal nucléaire important.
76% des Français souhaiteraient que la France signe enfin le Traité d'interdiction de l'arme nucléaire, approuvé à l'ONU, en 2017, par 122 Etats.  Cet armement coûte chaque année à notre pays 6 milliards d'euros, qui seraient plus utiles face à tant d'autres besoins... Par exemple, pour aider nos frères et soeurs du Liban qui ont tout perdu ; mais là, je suis trop naïf !

Voici des extraits du message du pape François prononcé à Nagasaki en 2019.  L'on pourra noter qu'une fois de plus, le pape se situe radicalement à contre-courant de la pensée d'un certain nombre de catholiques, ainsi que de bien des responsables politiques.  Sans juger ni condamner personne, lequel ou lesquels sont le plus dans la ligne de l'Evangile ?

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 « Ce lieu nous rend davantage conscients de la souffrance et de l’horreur que nous, les êtres humains, sommes capables de nous infliger ; l’utilisation de l’énergie atomique à des fins militaires est immorale »
 

  "A Nagasaki, ce fut un crime, non seulement contre l’homme et sa dignité, mais aussi contre toute possibilité d’avenir dans notre maison commune. »  La seule « possession d’armes atomiques  est immorale».  Les armes nucléaires « ne nous défendent pas des menaces contre la sécurité nationale et internationale de notre temps ».


"La possession des armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive n’est pas la réponse la plus appropriée » au désir de paix de l’humanité ; le pape a longuement dénoncé « la perverse dichotomie de vouloir défendre et garantir la stabilité et la paix sur la base d’une fausse sécurité soutenue par une mentalité de crainte et de méfiance qui finit par envenimer les relations entre les peuples et empêcher tout dialogue possible ».

« La paix et la stabilité internationales sont incompatibles avec toute tentative de compter sur la peur de la destruction réciproque ou sur une menace d’anéantissement total.  La véritable paix est une paix désarmée. »

À Nagasaki, il a donc redit son soutien aux « principaux instruments juridiques internationaux de désarmement et de non-prolifération nucléaire, y compris le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires .»

Au-delà d’une dénonciation de principe de l’arme nucléaire, François, qui estime « qu’un monde sans armes nucléaires est possible et nécessaire », plaida pour « une éthique globale de solidarité et de coopération . Notre réponse à la menace des armes nucléaires doit être collective et concertée, sur la base de la construction, ardue mais constante, d’une confiance mutuelle qui brise la dynamique de méfiance qui prévaut actuellement."

Le pape a dénoncé avec les mots de Paul VI à l’ONU les « énormes dépenses » militaires qui « arrêtent les projets de solidarité et d’utile travail » et « faussent la psychologie des peuples. Dans le monde d’aujourd’hui, où des millions d’enfants et de familles vivent dans des conditions inhumaines, l’argent dépensé et les fortunes gagnées dans la fabrication, la modernisation, l’entretien et la vente d’armes toujours plus destructrices sont un outrage continuel qui crie vers le ciel », a-t-il lancé  à Nagasaki, appelant à l’emploi de ces ressources en faveur du développement.

« Personne ne peut être indifférent face à la souffrance de millions d’hommes et de femmes qui continuent aujourd’hui à interpeller notre conscience (…) ; personne ne peut fermer les yeux face aux ruines d’une culture incapable de dialoguer », a-t-il ajouté, au pied d’un pilier, seul vestige de la cathédrale d’Urakami, rasée par la bombe, mais jadis la plus vaste d’Extrême-Orient.

Et parce que la prière fait partie des « armes dans lesquelles nous mettons notre confiance »
il a achevé son message par les mots de François d’Assise, le saint dont il a choisi de porter le nom : « Seigneur, fais de moi un instrument de paix."

vendredi 7 août 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2440 : "Prière d'abandon" du Père de Foucauld

Dans mon billet n° 2428, daté du 22 juillet dernier, je vous faisais part de "l'acte d'abandon" d'un prêtre italien, et je faisais référence à la "prière d'abandon" du Père Charles de Foucauld. 

Plusieurs d'entre vous m'ayant demandé de vous faire connaître celle-ci, la voilà donc ci-dessous. Mais je vous préviens, elle est plus rude et plus difficile à prier que l'acte d'abandon, également très beau, du prêtre italien !

En communion avec nombre de personnes dans la mouvance du P. de Foucaud,, depuis des années, j'essaye de reprendre sa prière chaque soir juste avant de m'endormir : cela vaut tous les euphorisants, anxiolytiques et calmants !!!

                                                               ***** 

Béatifié en novembre 2005,  Charles de Foucauld a beaucoup écrit. Parmi les nombreux textes spirituels retrouvés après sa mort, l'un d'eux est   passé à la postérité sous le nom de «la prière d'abandon».

Longtemps, on s'est interrogé sur l'origine de cette prière, récitée dès 1940 par les premières Petites sœurs de Jésus, à l'initiative de leur fondatrice, Magdeleine de Jésus. C'est plus tard, en 1955, que cette prière s'est généralisée dans toutes les branches de la famille spirituelle du Père de Foucauld. Aujourd'hui, elle est récitée chaque jour par les Petits Frères de Jésus, le soir, en commun, après une brève relecture de la journée.


Ce texte date en fait de 1896. A cette époque, Charles de Foucauld n'était qu'un simple moine trappiste sur le point de quitter son monastère. Depuis sa conversion, en 1886, il avait pris l'habitude de méditer les Évangiles et de mettre par écrit ces pensées et réflexions. Ce texte, transmis après sa mort de disciples en disciples, est donc une méditation de la toute dernière prière de Jésus à son Père : "Mon Père, je remets mon âme entre tes mains". Parce qu'elle commence par le fameux "Mon Père, je m'abandonne à toi", elle est devenue la "Prière d'abandon".

Ce don total de soi, cette confiance d'un fils qui se sait aimé, Charles de Foucauld en fera une véritable expérience spirituelle. Ses écrits sont pleins de formules diverses qui témoignent de la plénitude de sa relation à Dieu au travers d'une attitude confiante et joyeuse.


                    Mon Père,
                    Je m'abandonne à toi,
                    Fais de moi ce qu'il te plaira.
                    Quoi que tu fasses de moi,
                    Je te remercie.

                    Je suis prêt à tout, j'accepte tout,
                    Pourvu que ta volonté
                    Se fasse en moi,
                    En toutes tes créatures,
                    Je ne désire rien d'autre, mon Dieu.

                    Je remets mon âme entre tes mains.
                    Je te la donne, mon Dieu,
                    Avec tout l'amour de mon cœur,
                    Parce que je t'aime,
                    Et que ce m'est un besoin d'amour
                    De me donner,
                    De me remettre entre tes mains sans mesure,
                   Avec une infinie confiance
                   Car tu es mon Père.

jeudi 6 août 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2439 : Le Liban, terre biblique, impérissable !



Une terrible catastrophe vient de s'abattre sur ce pays-frère qu'est le Liban.  Nous en sommes tous atterrés ! Je n'en dis pas plus, référez-vous à vos journaux.

Par contre, pour ne pas perdre toute espérance, déjà, il nous faut noter de très près les petits signes de relèvement de ce pays : cette pharmacienne interwievée en train de balayer son officine, entourée de jeunes armés de pelles pour dégager les débris : "je ne les connais même pas, et ils sont en train de m'aider..."  Des groupes de jeuens volontaires sont venus en effet des quatre coins du pays pour offrir leur aide et soutenir les personnes les plus touchées.

Je vous propose un article de Joseph W. Zoghbi, tiré du journal "L'Orient - Le Jour", le 1° quotidien francophone du Liban.  Il nous rappelle que nous avons une partie de nos racines dans ce pays.

Ainsi que le titre ce journal dans son édition de ce jour : 
                 "Balayer, nettoyer,  et surtout, RESTER  DEBOUT !" 

                                                                *******

   Pour ceux qui par ignorance ou par haine dénigrent le Liban et son cèdre, ils n'ont qu'à se référer à la Bible car c'est bien le commencement de tout. Je ne pense pas que leurs pays aient été mentionnés une seule fois, que ce soit dans la Bible ou dans les récits antiques. S'ils lisent, ce que je doute qu'ils le fassent, car leur chemin ne croise certainement pas la culture, ils pourront compter le nombre de fois où le Liban a été mentionné dans ce Livre saint qui est vénéré par les trois religions monothéistes. Mais pour leur rendre la tâche plus facile, car il est certain qu'ils ne sont pas assez cultivés pour le faire, le Liban, avec ou sans le cèdre, a été mentionné 70 fois dans ce Livre saint. Il n'est pas nécessaire d'alourdir le texte pour tout citer car ils peuvent bien faire la recherche eux-mêmes, ils pourront alors élargir leur savoir et dégager les œillères de leur champ de vision, mais nous donnerons quelques exemples.

Pour leur faciliter la tâche, l'un des plus beaux textes de la Bible est le Cantique des cantiques de Salomon où les deux fiancés ont donné le Liban en exemple pour se décrire. Les cantiques 3, 4, 5 et 7 en sont un exemple. L'un des plus beaux est mentionné dans le cantique 4 verset 15 « 4.15 » : « Une fontaine des jardins, une source d'eaux vives, des ruisseaux du Liban » ou le « 5.15 » : « Ses jambes sont des colonnes de marbre blanc, posées sur des bases d'or pur. Son aspect est comme le Liban, distingué comme les cèdres. » Nous pouvons encore citer le livre de Jérémie 18,14 : « La neige du Liban abandonne-t-elle le rocher des champs, ou voit-on tarir les eaux qui viennent de loin, fraîches et courantes ? », ou dans le Deutéronome « 1,7 » (où Moïse exhorte son peuple au départ en lui rappelant les paroles du Seigneur à l'Horeb) : « Tournez-vous et partez, allez à la montagne des Amoriens et dans tout le voisinage, dans la plaine, sur la montagne, dans la vallée, dans le midi, sur la côte de la mer, au pays des Cananéens et au Liban, jusqu'au grand fleuve, au fleuve d'Euphrate. » Citons aussi les paroles du grand prophète Isaïe « 35, 2 » : « La gloire du Liban lui sera donnée, la magnificence du Carmel et de Sarron, ils verront la gloire de l'Éternel. »

Un autre exemple est cité dans le Deutéronome, par la bouche de Moïse, œuvre écrite du temps du roi David qui relate des événements du temps de l'Exode et de la traversée du désert du peuple juif, conduit par Moïse, vers la terre de Canaan : « En ce temps-là, j'implorai la miséricorde de l'Éternel, en disant : Seigneur Éternel, Tu as commencé à montrer à Ton serviteur Ta grandeur et Ta main puissante ; car quel dieu y a-t-il, au Ciel et sur la Terre, qui puisse imiter Tes œuvres et Tes hauts faits ? Laisse-moi passer, je Te prie, laisse-moi voir ce bon pays de l'autre côté du Jourdain, ces belles montagnes et le Liban » (Deutéronome, 3, 23-25).

Il est certain que dans l'Ancien Testament, le Liban est cité plus de fois que Jérusalem, Damas, Canaan, l'Égypte, l'Euphrate ou le Tigre réunis !

Nous pouvons aussi citer Ézéchiel, le troisième des quatre grands prophètes, environ six siècles av. J.-C., donnant une vision inhabituelle du Liban :
« La parole de l'Éternel me fut adressée en ces termes : Fils de l'homme, propose une énigme, dis une parole à la maison d'Israël. Tu diras : Ainsi parle le Seigneur : Un grand aigle, aux longues ailes, aux ailes déployées, couvert de plumes de toutes couleurs, vint sur le Liban, et enleva la cime d'un cèdre. Il arracha le plus élevé de ses rameaux, l'emporta dans un pays de commerce, et le déposa dans une ville de marchands. Et il prit un rejeton du pays, et le plaça dans un sol fertile ; il le mit près d'une eau abondante, et le planta comme un saule. Ce rejeton poussa, et devint un cep de vigne étendu, mais de peu d'élévation ; ses rameaux étaient tournés vers l'aigle, et ses racines étaient sous lui ; il devint un cep de vigne, donna des jets, et produisit des branches. Il y avait un autre aigle, grand, aux longues ailes, au plumage épais... » (Ezéchiel, 17, 1-10).




Avec un tel passé, il n'est pas possible qu'un tel pays disparaisse...
Puisse-t-il compter sur tous ses enfants, et sur tous ses frères et soeurs du monde entier !

mercredi 5 août 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2438 : Prier Dieu dans les bras de mère nature !

Psaume 8 : "O Seigneur, notre Dieu, qu'il est grand ton nom, par tout l'univers !"

Dormir les pieds dans l'herbe,
le front dans les étoiles.
Courir après les papillons
dans la bruyère.
Partir au gré du vent
et au gré des voiles.
Rire comme un enfant dans les bras de la terre.

Ecouter le silence
et le chant de la mer.
Respirer le parfum
des arbres et des fleurs.
Rencontrer l'étranger,
y découvrir un frère.
Briser les lois du temps, vivre au rythme du coeur.

Boire l'eau fraîche des sources
et le bleu du ciel.
Vouloir prendre du bon temps,
goûter l'imprévu.
Vouloir habiter son corps,
danser au soleil.
Savoir à nouveau que l'homme n'est pas l'absolu.

Attendre un inconnu
sur le pas de sa porte.
Surprendre son ombre
au détour d'un sous-bois.
Entendre l'écho de sa voix
que le vent apporte.
Réapprendre le Bonheur si proche de moi.
Tout simplement...

Père Michel Hubaut

mardi 4 août 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2437 : John Hume, un artisan de paix

Merci à Gilles pour cette intéressante contribution !


Le 31 juillet, Olivier partageait un moment profondément prophétique, le moment où, en Allemagne, les cloches de l'église catholique et celles du temple protestant ont sonné de concert, ensemble, pour saluer le départ d'une femme de bonne volonté.

Et voilà que nous apprenons aujourd'hui le décès de quelqu'un dont le nom ne nous dit sans doute pas grand-chose, un homme politique irlandais, John Hume. Il était catholique, il avait fondé le parti social démocrate d'Irlande du Nord. La guerre entre catholiques et protestants a fait 3 500 morts en trente ans dans ce pays de 4,5 millions d'habitants, déchiré entre les fanatiques de deux religions se réclamant du même Dieu, du même Evangile. On se souvient peut-être davantage du Bloody Sunday - le dimanche de sang - qui vit l'armée britannique tuer 13 manifestants pacifistes.

John Hume avait compris  que la solution n'est pas dans la victoire d'un camp sur l'autre, mais dans l'acceptation de l'autre et dans le partage. "La division, a-t-il dit, n'est pas dans une ligne sur une carte, mais dans les esprits et les cœurs de son peuple".

Son engagement et celui de David Trimble, le leader du camp protestant, avaient abouti, grâce aussi à la médiation du Président américain Bill Clinton, aux accords du Vendredi Saint 1998 qui ont permis d'apaiser un conflit toujours latent.

La disparition de John Hume, Prix Nobel de la Paix, en même temps que David Trimble, les hommages qui lui sont rendus partout dans le monde, nous invitent à nous souvenir aujourd'hui de ce que les conflits religieux, en France comme ailleurs, ont coûté de sang et de larmes. Au nom d'un même Dieu que l'on voulait s'accaparer. Tout en égorgeant ses frères.

"Heureux les artisans de paix, ils seront appelés Fils de Dieu."
                                                                                                                                                                            Gilles Bély

lundi 3 août 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2436 : "On voudrait un prêtre "normal" !"

Cela fait plusieurs années que diverses paroisses, un peu partout en France, d'après ce que j'entends de la part de nombre d'estivants, mais aussi dans notre diocèse de Luçon, traversent une période plutôt tourmentée : comme elles sont gérées de façon maladroite, autoritaire, cléricale, de nombreux paroissiens perdent courage. Aucun travail pastoral n'est effectué en lien par exemple avec de solides conseils paroissiaux, susceptibles de pouvoir conseiller le curé. Les avis de l'évêque ne sont pas respectés. Quant à la place des femmes, n'en parlons pas !  On retrouve des formes surannées de liturgie. Les prêtres ne travaillent pas en équipe. Les problèmes sont multiples, et on les retrouve dans trop d'endroits, ce qui fait que le diocèse, désarçonné, est en quasi-déprime !

A diverse reprises, j'ai entendu des paroissiens, qui n'ont rien de révolutionnaire, s'écrier avec angoisse : "Ah, si on pouvait avoir comme curé un prêtre normal !" Mais qu'est-ce qu'un prêtre normal ?  Quand on demande cela aux paroissiens, ils répondent : un prêtre qui sache tout simplement dire bonjour, ou merci ; un prêtre qui sache écouter, qui ne cherche pas à tout diriger tout seul, qui ne soit pas clérical ; un curé qui ait le souci de mettre en place, entre autres, un conseil de paroisse, après avoir su consulter largement, etc... En gros, un vrai pasteur, empli de l'amour du Christ pour ses frères et soeurs, un bon berger.

Il y a longtemps que je voulais écrire ce type de billet, mais je n'osais pas... Quelle prétention de ma part en effet !  Mais est-il possible de passer sous silence un tel disfonctionement, une telle souffrance ?  Notre Eglise ne mérite pas cela, et les paroissiens encore moins.  Surtout que l'on a l'impression que l'on ne sait plus du tout où l'on va !

Ce qui m'a conduit en ce jour à aborder cette question d'un prêtre "normal", ce sont trois articles de "Ouest-France" en ce lundi :
-  dans l'édito, Dominique Moïsi évoque comme étant un souhait fort pour nombre d'Américains "le retour à la Maison Blanche d'un président "normal".
-  page 6, Anne-Marie Trégouët, 95 ans, qui vient enfin de recevoir la Légion d'honneur à Nantes, pour le rôle qu'elle a joué dans la Résistance, ce qu'elle trouvait normal : "J'ai fait ce que j'avais à faire, rien de plus."
-  page 10, honneur à un célèbre entrepreneur du Sud-Vendée, originaire de Fontenay-le-Comte, Frédéric Mazzella, fondateur de BlaBlaCar; Il avoue ceci : "J'ai eu une enfance formidable à la campagne, qui me donne un recul de bon sens. Ca m'aide, je pense, beaucoup à rester qui je suis. Normal, simple."

"Je suis le bon berger, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent,
comme mon Père me connaît et que je connais le Père.
Et je me dessaisis de ma vie pour les brebis. 
J'ai d'autres brebis qui ne sont pas de cet enclos-là,
et celles-là aussi, il faut que je les accompagne..."  (Jean 10/14-16) 

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 P-S  :  Cela va sans dire, mais cela va peut-être mieux en le disant... Ce que j'ai écrit ne concerne pas l'ensemble des prêtres !  En effet, ils sont encore très nombreux, Dieu merci, à vivre à fond leur rôle de pasteurs fraternels, sans chercher à être parfaits, et j'en rends grâce à Dieu avec vous. 

Ce billet est un coup de sang seulement par rapport à des situations qui peuvent poser question, et dont nous avons tous connaissance malheureusement.

Par bonheur, de nombreux bons pasteurs cheminent toujours au milieu de nous.

Prêtres, diacres, religieux-ses et laïcs, soutenons-nous mutuellement au sein de notre belle Eglise : telle est notre commune Mission !

dimanche 2 août 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2435 : Questionner le ciel ?

Même si vous ne suivez pas de très près les infos en cette période de l'été, vous avez peut-être repéré que ce mois de juillet a été fertile en ce qui concerne l'envoi de missions spatiales vers le ciel. J'ai signalé ce fait ce matin, en commençant la messe dans la cour du presbytère de Longeville. En effet,

-  les Emirats arabes unis ont lancé, il y a quelques jours, une sonde, vers Mars, sous le nom "Al-Amal" ("Espoir").

-  toujours en ce mois de juillet, et également vers Mars, la Chine a fait décoller "Tiannwen-1" ("Questionner le ciel").

-  et jeudi, à Cap Canaveral, décollage, vers Mars encore, de "Atlas 5", qui emporte un robot explorateur dénommé "Perseverance".

Comment ne pas cacher notre admiration face à ces missions prestigieuses, en direction de notre lointaine voisine ?  "Mon Dieu, tu es grand, tu es beau,... Par l'infiniment grand, l'infiniment petit...", comme nous aimons le chanter...

Mais ce qui a retenu mon attention, ce sont les noms de ces trois missions, dont le sens est très parlant :

-  l'espoir, psaume 129 : "Je mets mon espoir dans le Seigneur", mais aussi, dans la capacité des humains à avancer vers l'infini.

-  la persévérance : "Courons avec persévérance sur le chemin qui nous est ouvert." (Hébreux 12/1)

-  questionner le ciel !  N'est-elle pas intéressante, cette dénomination trouvée par le Chinois, eux-mêmes se définissant comme "fils du ciel" ? "Et vous, leur demanda Jésus, qui dites-vous que je suis ?" (Marc 8/29)

Et si, à travers ces appellations significatives, c'était trois pistes de qualité qui nous étaient indiquées pour que nous-mêmes, nous ne rations pas notre décollage et notre envol, en ces jours, vers les réalités d'en haut ?