Lundi dernier, à Stuttgart, en Allemagne, sépulture d'une grand-mère allemande reliée par alliance à la famille. Ma nièce et son époux y ont participé. "Oma", 93 ans, était très croyante. Elle est partie dans la paix. Un prêtre l'avait accompagnée jusqu'au bout, avec le sacrement du grand Passage. Elle vivait à la maison, chez sa fille, qui l'a servie avec courage, à la limite des ses forces, mais avec un immense amour.
Ce qui fut frappant, c'est que, comme me l'a écrit mon frère, "à l'annonce de son décès, les cloches de l'église catholique (sa religion) ont sonné, mais aussi, celles du temps protestant." Quelle belle image de fraternité, au-delà de nos regrettables divisions !
Face à notre destin infini, que représentent en effet ces oppositions funestes qui nous opposent et nous séparent depuis trop de siècles ? Ne sommes-nous pas les frères et soeurs du même Christ ? N'avons-nous pas le même Evangile ? Jésus ne nous a-t-il pas confié la même mission ? N'y a-t-il pas un seul Dieu, pour une humanité unique et unifiée en lui ? Pourquoi avons-nous majoré à ce point l'importance des formulations dogmatiques qui nous ont divisés, alors qu'il s'agissait surtout de suivre l'Evangile ?
Grâce à Dieu, cette sonnerie de cloches à l'unisson nous fait un peu oublier ce long passé d'hostilité qui nous a fait tant de mal. J'y vois là déjà un début de résultat de la grande prière de Jésus dans l'évangile de Jean : "Qu'ils soient un, pour que le monde croie !" (Jean 17/21)
Comme la écrit le P. Joseph Moingt dans "Croire quand même", p. 200 : "L'essentiel, c'est que l'on soit d'accord sur l'enseignement de l'Evangile. Un accord existe déjà sur cela, qui est la base de la foi (...) Le principal est qu'un sentiment de profonde fraternité s'implante au coeur des chrétiens de toutes confessions."
Comme aiment à le chanter nos frères et soeurs Juifs (psaume 133-132) :
"Oh qu'il est bon pour des frères de vivre ensemble et d'être unis !
C'est la rosée qui descend de l'Hermon
vers la montagne de Sion.
C'est là que le Seigneur envoie la bénédiction,
il y a mis la vie éternelle."
En terminant, et pour en revenir à la sonnerie simultanée des cloches dans une église et un temple, une pensée du grand metteur en scène suédois Ingmar Bergman :
"Quand deux personnes se réconcilient sur la terre, il se produit dans le ciel quelque chose de plus important que toutes les trompettes du paradis."
vendredi 31 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2434 : Les cloches catholiques et protestantes ont sonné ensemble
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Olivier Gaignet
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mercredi 29 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2433 : "Croire quand même" (Père Joseph Moingt)
Le théologien jésuite Joseph Moingt est décédé hier mardi 28 juillet, à 104 ans. Actif et en recherche jusqu'au bout, en 2018, il publiait encore un ouvrage remarquable intitulé "L'Esprit du Christianisme". C'est un des prêtres qui m'a le plus marqué dans mon ministère ainsi que dans mes choix. Je l'ai déjà cité à de multiples reprises sur ce blog ; vous pouvez entre autres retrouver un billet le concernant au 8 juin 2012, le n° 1471, ou un autre le 24 février 2018, le n° 2142. En son hommage, je me permets de vous retranscrire quelques extraits du billet n° 1174, que j'avais écrit le 10 juillet 2011, et que l'on peut retrouver sur le tome 4 de "Ma paroisse.com", publié en nov. 2011 : quelques fiorettis, en vrac, tirés de l'un de ses livres, le plus facile sans doute à aborder : "Croire quand même", publié aux Editions "Temps Présent" (20 € environ).
- "Une phrase de Lévinas résume le message de la Bible : "Tu te dois à autrui".
- "L'Eglise, qui est en train de dépérir en tant que religion, a intérêt à rappeler qu'elle n'est pas seulement "religion", mais d'abord "Evangile".
- "L'Eglise doit aller vers un visage moins rituel, moins cultuel, avec l'Evangile comme idéal de vie humaine."
- "La foi, c'est l'acte de marcher avec Dieu, la main dans la main."
- Le péché originel, c'est cet égoïsme qui renferme l'homme sur lui-même, et cela, depuis les origines ; c'est ce qui empêche aussi bien nos communautés que l'humanité de parvenir à l'unité, ce mal qui nous ronge du dedans depuis notre naissance."
- "Croire à Dieu, ce n'est pas comme croire au pape ; c'est s'engager à la suite de Jésus."
- "Dieu est occupé à parcourir l'univers, pour l'habiter, l'unifier, l'aimer, le spiritualiser. C'est cette même tâche qui nous incombe : travailler ainsi à faire advenir le salut ici-bas."
- "La vie est une, avant et après la mort. D'ailleurs, nous ressuscitons dès maintenant, par la façon dont nous vivons pour les autres."
- "Quand nous voyons des athées nous donner des leçons de charité, nous devons nous réjouir et savoir reconnaître que le royaume de Dieu est là."
Croire quand même, mais autrement, pourquoi pas ?
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Olivier Gaignet
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22:25
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lundi 27 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2432 : L'Eglise doit-elle donner des leçons au monde entier ?
Nous sommes en plein débat par rapport au projet de loi bioéthique ; l'Eglise (catholique), fort inquiète face à des propositions sans doute parfois très transgressives, courageusement, fait feu de tout bois, espérant être comprise et écoutée. Mais rien de bien certain apparemment... Pourquoi ?
Il n'est sans doute pas superflu de rappeler que, pendant de nombreux siècles, l'Eglise (catholique) a cherché à imposer son emprise sur le monde, qu'elle dominait : le calendrier, la pensée, la façon de traiter les personnes "déviantes"..., tandis que souvent, c'est aussi elle qui dictait la politique à mener, etc.
Cependant, à notre époque, les médias, les personnes qui ne se reconnaissent pas dans le magistère de l'Eglise, les membres des autres religions et autres ne se situent plus en dépendance de la pensée ni des volontés de l'Eglise (catholique) : ils ont repris leur liberté ! Et désormais, ils n'hésitent pas à défendre haut et fort, et sans complexe, des projets qui n'ont pas l'aval des autorités catholiques.
Faut-il s'en plaindre ou s'en réjouir ? Le terrain est glissant ! Commençons par reconnaître comme une avancée le fait que nombre de personnes sont autonomes désormais dans leur pensée, et n'attendent plus la permission de monsieur le curé ou de monseigneur pour savoir ce qu'ils ont à dire ou à faire. L'Eglise en a pris acte lors du Concile Vatican II, témoin cet extrait, parmi d'autres, du texte "L'Eglise dans le monde de ce temps", au § 41 : "L'homme moderne est en marche vers un développement plus complet de sa personnalité, vers une découverte et une affirmation toujours croissante de ses droits."
Ceci dit, des enjeux sont très graves en effet, dans ce projet de loi qui, d'après les évêques, "s'apparente à un changement anthropologique radical" : ouverture de la PMA aux femmes seules, fabrication d'embryons chimères homme-animal, procédé du "bébé-médicament", etc. Je vous renvoie aux articles sur le sujet.
Face à de tels enjeux, deux attitudes sont possibles : faire une étude approfondie des questions en cours et donner connaissance des choix possibles ; c'est positif, car cela consiste à apporter notre pierre à la réflexion des diverses instances de notre société. L'autre attitude par contre peut sembler déplacée, lorsque des responsables ecclésiaux, ou certaines associations cathos semblent vouloir imposer leurs choix à l'ensemble de la société française. En effet, faut-il aller jusqu'à dénoncer bruyamment le projet en cours ? L'histoire de l'Eglise ne nous a-t-elle rien appris ? Ni ses déboires, anciens ou récents ? L'Eglise a le droit, et la liberté de dire ce qu'elle pense ; mais modestement, et sans vouloir imposer ses conceptions, si bonnes lui semblent-elles, au reste de la société !
Comme l'a dit monsieur le pasteur J-A de Clermont : "Les chrétiens n'ont pas à dicter au monde sa conduite ; ils ont à marcher eux-mêmes sur le chemin de la droiture et de la justice."
Entre parenthèses, comment se fait-il que l'on soit si présent, si offensif, sur un tel projet, alors que l'on n'entend pas ou si peu la voix de l'Eglise (catholique) sur d'autres questions aussi vitales, comme le sort des migrants, des sans-abri, la politique économique, la course aux armements, etc. ? Par exemple, il y a un danger de mort en Méditerranée ; qui a entendu un évêque sur ce sujet ?
J'en reviens au titre de ce billet : vous savez que beaucoup, à Lourdes, autour de Bernadette, étaient sceptiques par rapport à ce qu'elle leur disait à propos des apparitions de la Vierge et de son message. Face à leurs critiques, parfois ironiques et méprisantes (à l'image des critiques qui sont faites à notre Eglise aujourd'hui), elle se contentait de répliquer : "Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, je suis chargée de vous le dire."
Puisse l'Eglise (catholique) apprendre à dire les choses dans ce même esprit ; en acceptant que tous ne se rangent pas automatiquement sous la bannière de ses beaux discours. Faire du forcing, faire pression sur les consciences, n'est-ce pas agir dans un sens contraire à l'Evangile ? A l'exemple du Christ-serviteur, réapprenons l'humilité ! Au coeur même, et non au-dessus de la société !
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dimanche 26 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2431 : Le monde plus fraternel est déjà là !
Hier soir et ce dimanche matin, dans les homélies que j'ai partagées, j'ai cité, entre autres, trois faits invitant à ne pas désespérer de notre monde : quelques-unes des perles fines dont nous parlait l'évangile de ce dimanche, autour du trésor de la fraternité, caché, mais bien présent, dans ce grand champ que représente notre société.
- le week-end dernier, 27 chefs d'Etat européens, après avoir longuement échangé, sont parvenus à établir un accord pour financer un plan historique de 750 milliards d'euros ; ceci pour affronter ensemble la crise la plus dure depuis la seconde guerre mondiale. Malgré les divergences, il a été possible d'arriver à un compromis ; imparfait peut-être, mais finalement, la solidarité a pu l'emporter sur le chacun pour soi. Et heureusement, car les nations européennes ont un destin commun à sauvegarder et à faire grandir, dans un esprit de fraternité.
- mardi, à Grenoble, un incendie s'est déclenché dans un appartement situé au 3° étage. Deux enfants, piégés par les flammes, se réfugièrent alors sur le rebord d'une fenêtre, à 12 m. de hauteur. Au-dessous, les voisins et les passants, impuissants, assistent à la scène, terrifiés à l'idée de voir ces enfants se jeter dans le vide ! C'est alors que, sans hésiter, 5 ou 6 jeunes se placent juste au-dessous de la fenêtre, comprenant que les enfants, pour fuir les flammes, vont probablement sauter... Ce qu'ils font en effet, l'un après l'autre ; d'abord le plus jeune, âgé de 3 ans ; puis, l'aîné, 10 ans. L'un après l'autre, ils atterrissent indemnes, dans les bras de leurs sauveteurs, plutôt remués par le choc. L'un d'eux, Athoumani Walid, originaire des Comores, qui a été blessé à un bras en recevant les enfants, a déclaré, modestement : "Je passais par là par hasard ; c'était la moindre des choses..."
- j'ai aussi évoqué le souvenir du Père Hamel, assassiné il y a juste 4 ans aujourd'hui. En communion avec la cérémonie du souvenir se tenant ce matin, au même moment que notre messe, à St Etienne du Rouvray, c'était l'occasion de mettre en valeur le sentiment de fraternité qui s'est manifesté autour de cet événement : le maire communiste, l'évêque de Rouen, le ministre de l'intérieur, le curé de St Etienne, d'origine africaine, le président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) au coude à coude... Le maire, Joachim Moyse, se félicite que sa commune, "qui brasse une grande diversité", soit restée "fidèle à ses valeurs." Ajoutant que, pour les habitants, le père Hamel, "homme d'Eglise et citoyen", reste "le symbole d'une fraternité apaisée", "alors que l'on s'interroge constamment sur la mise en oeuvre du bien vivre-ensemble".
"Vous êtes tous frères", dit Jésus. (Matthieu 23/8)
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vendredi 24 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2430 : Pourquoi les femmes ont-elles si peu de place dans l'Eglise ?
J'en finis parfois par me demander si, pour certains, dans l'Eglise Catholique, y compris au plus haut niveau, les femmes ont bien une âme : la plupart du temps laissées au second plan, traitées trop facilement en mineures, exclues des responsabilités les plus importantes, sous la tutelle forte d'un clergé masculin souvent plein de lui-même, interdites de choeur en ce qui concerne les servantes d'autel, moquées en 2008 par l'ancien archevêque de Paris qui avait déclaré sur Radio Notre-Dame : "Le tout n'est pas d'avoir une ,jupe, il faut avoir quelque chose dans la tête"... Mais notre pauvre Eglise est-elle consciente du scandale causé par la façon dont elle traite nos soeurs les femmes en son sein ? Personnellement, j'éprouve un grand sentiment de honte, face à une telle situation, dans laquelle les valeurs des personnes ne sont pas reconnues ni honorées, en fonction simplement de leur sexe...
Dès la naissance de l'Eglise, le rôle des femmes est resté cantonné au second plan. Aujourd'hui cependant, beaucoup plaident pour que l'Eglise reconnaisse et valorise le service rendu par les femmes. A titre d'exemple, voici une interview, tiré du jounal "La Croix", de Sylvaine Landrivon, théologienne, auteur de "Marie-Madeleine, la fin de la nuit".
******
Sophie de Villeneuve : Certaines femmes dans la Bible semblent avoir eu un rôle très important, comme Marie-Madeleine, ou d’autres au premier siècle dans les communautés chrétiennes. Or par la suite cette importance a considérablement diminué. Pourquoi ?
S. L. : La première raison est anthropologique : depuis des millénaires, ce sont les hommes qui ont le pouvoir, et ils n’ont pas envie de le partager avec les femmes. Dans la Bible, Dieu crée un être humain unique, à partir duquel il crée un homme et une femme. Rien ne dit que le premier humain était un homme. Ce sont les traductions qui ont introduit un rapport de subordination, et on a fait des femmes des subalternes.Il y a donc dans la Bible de belles figures féminines qui ont sauvé la foi…
S. L. : Oui, mais on en parle un peu comme d’une légende, et sans jamais chercher à y trouver un sens ni à donner un rôle aux femmes. Dans le second livre de la Genèse, Dieu ne dit pas « Je vais donner une aide à l’homme », comme on l’a traduit. Le mot hébreu signifie « secours », ce qui n’a pas un sens de subordination. On dit que Marie-Madeleine est l’apôtre des apôtres, mais elle n’a jamais eu le titre d’apôtre, elle n’a pas créé d’évêque… Et cela n’a pas modifié la condition des femmes.Pourtant, elle a été secourable !
S. L. : En effet, dès que Jésus l’a guérie de ses maladies, qu’on a considéré on ne sait pourquoi comme des péchés, elle a secouru de ses biens Jésus et l’Église naissante, elle a toujours été fidèle, sans rien attendre en échange. Quand les apôtres masculins n’osent pas aller au pied de la Croix, ou même renient Jésus, Marie et Marie-Madeleine sont présentes. Après quoi on leur demandera de rentrer sagement chez elles, au point que les Actes des apôtres et saint Paul n’en parlent même plus.Tout de même, dans les Actes des apôtres, on voit beaucoup de femmes s’activer auprès de saint Paul.
S. L. : En acceptant des femmes autour de lui, Jésus était déjà très subversif. Autour de saint Paul, on voit Phoebé ou d’autres. Quand les femmes prophétisent, il leur demande de se voiler les cheveux, ce qui montre bien qu’il les laisse jouer un rôle dans la communauté. Mais la société dans laquelle il vit n’est pas du tout prête à recevoir cette façon de vivre.Quand la place de la femme s’est-elle estompée dans l’histoire ?
S. L. : Dès la naissance de l’Église. On n’était pas capable à l’époque même de Jésus d’entendre l’idée qu’il fallait laisser une place aux femmes. Par la suite, au Moyen Âge et pendant la Renaissance, le pouvoir est resté aux mains des hommes. Saint Thomas d'Aquin, qui a pourtant écrit de très belles choses sur Marie-Madeleine, dit des femmes qu’elles sont des imbéciles, des êtres inférieurs, récitant ainsi les leçons d’Aristote. Il a fallu attendre Vatican II pour que l’Église considère que les femmes ne sont pas seulement des objets sexuels, mais qu’elles aussi un cerveau et les moyens de penser réellement.Les femmes ont-elles toujours ce rôle de « secours » qu’elles avaient au départ ?
S. L. : Elles l’ont au sens le plus caricatural du terme. On les appelle dans les diocèses pour faire tout ce qui ne demande pas de pouvoir ou de responsabilité. Et quand elles ont des responsabilités, c’est au second plan, sans visibilité. Le pape François est en train de le comprendre, et il se passe des choses extraordinaires. Il a compris que la différence homme-femme passe par une différence de transmission de la Parole, des façons de voir le monde qui sont complémentaires, et que les deux sont nécessaires.Quelle est la spécificité des femmes dans la transmission de la Parole ?
S. L Jean-Paul II a parlé de LA femme en l’idéalisant et en survalorisant, ce qui est pire que tout. Mais je crois, même si cela fâche les féministes, qu’il y a une spécificité féminine qui réside dans le secours, dans l’accueil, dans le soin et l’attention aux autres, dans une manière différente d’accueillir et d’intégrer, de discerner aussi. Les femmes ne lisent pas l’Écriture comme les hommes. Les théologiennes ont un autre regard que les hommes.En quoi est-il différent ?
S. L. : Il est plus centré sur le soin, le « care » sur lequel les Américaines ont beaucoup réfléchi. Carol Gilligan a montré que les hommes sont davantage du côté de la justice, et les femmes du côté du soin. Si le soin n’est pas dévalorisé, si on revalorise ce que prêche le Christ, c’est-à-dire le service, je pense qu’une place peut être donnée aux femmes. Les femmes ne peuvent être réduites à leur maternité, car elles sont mères en amont, sans forcément avoir des enfants.Dans l’Église telle qu’elle est aujourd’hui, quel peut être le rôle des femmes ?
S. L. : Je pense qu’il pourrait être exactement le même que celui des hommes, dans la mesure où il serait vécu différemment. Cela ne veut pas dire qu’il faut revendiquer la prêtrise pour les femmes. On a besoin de postes de responsabilité où la parole des femmes puisse être entendue.Les femmes pourraient-elles faire des homélies par exemple ? Être diaconesses ?
S. L. : Bien sûr. Pourquoi une mère abbesse ne pourrait-elle pas faire une homélie ? Quant aux diaconesses, il y en avait dans l’Église au temps de saint Paul. Qu’est-ce qui l’interdit ?Vous êtes prête à vous battre pour cela ?
S. L. : Je le fais déjà dans mes livres ! Et oui, c’est un combat pour moi, car je crois que la spécificité féminine dans la transmission de la Parole est important.
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Olivier Gaignet
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jeudi 23 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2429 : Les temps sont-ils plus mauvais aujourd'hui qu'autrefois ?
Imagine un moment que tu sois né en 1900.
Quand tu as 14 ans commence la Première Guerre Mondiale et celle-ci se termine quand tu as 18 ans avec un solde de 22 millions de morts.
Peu de temps après, une pandémie mondiale, la grippe espagnole, tue 50 millions de personnes. Tu en ressors vivant et indemne, tu as 20 ans.
Puis à 29 ans, tu survis à la crise économique mondiale qui a commencé avec l'effondrement de la bourse de New York, provoquant l'inflation, le chômage et la famine.
À 33 ans, les Nazis arrivent au pouvoir.
Tu as 39 ans quand commence la Seconde Guerre Mondiale et elle se termine quand tu as 45 ans. Pendant l'Holocauste, 6 millions de Juifs meurent. Il y aura plus de 60 millions de morts au total.
Quand tu as 52 ans commence la guerre de Corée.
Quand tu as 64 ans, la guerre du Vietnam commence et se termine quand tu as 75 ans.
Un enfant né en 1985 pense que ses grands-parents n'ont aucune idée à quel point la vie est difficile, mais ils ont survécu à plusieurs guerres et catastrophes.
Un enfant né en 1995 et aujourd’hui âgé de 25 ans pense que c’est la fin du monde quand son colis Amazon prend plus de trois jours à arriver ou quand il n’obtient pas plus de 15 « likes » pour sa photo publiée sur Facebook ou Instagram ...
En 2020, beaucoup d’entre nous vivons dans le confort, avons accès à plusieurs sources de divertissement à la maison, et pouvons grâce aux aides gouvernementales survivre paisiblement à une nouvelle pandémie.
Mais les gens se plaignent parce que pendant plusieurs semaines ils doivent rester confinés chez eux. Ils ont pourtant de l'électricité, le téléphone, de la nourriture, de l'eau chaude et un toit sur la tête.
Rien de tout cela n'existait autrefois. Mais l'humanité a survécu à des circonstances beaucoup plus graves et n'a jamais perdu leur joie de vivre.
Et depuis des jours, nous nous plaignons parce que nous devons porter des masques pour entrer dans les supermarchés, faire les boutiques, prendre le transport en commun ...
Il serait peut-être temps d’être moins égoïste, d’arrêter de se plaindre et de chialer.
Auteur inconnu
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mercredi 22 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2428 : Acte d'abandon au Christ
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Olivier Gaignet
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dimanche 19 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2427 : Suivre Rambo ou Jésus ?
Dans mon homélie de ce dimanche, j'ai osé cette comparaison entre Rambo et Jésus ; cela, à propos de l'évangile de ce jour, dans lequel Jésus se montre profondément patient vis-à-vis de l'ivraie, qui risque pourtant d'étouffer le bon grain.
Quand son supérieur lui dit : "Rambo, tu dois aller au Viet-Nam, en Afghanistan ou ailleurs, pour éradiquer l'ivraie, et sauver le bon grain de l'Amérique en danger", celui-ci, tous muscles dehors, se précipite là-bas pour faire le job. Et, pour extirper l'ivraie, il n'y va pas de main morte, à coups de kalachnikovs et d'explosifs, jusqu'à ce que tous "les mauvais" soient éliminés, et que "les bons" puissent enfin respirer !
Mais, face au mal, cela n'est pas du tout dans la façon de faire de Jésus, qui refuse de classer les humains entre bons et mauvais. Pendant son séjour parmi nous, Jésus a vécu au milieu de l'ivraie ; on le retrouve dans l'Evangile s'assoyant à toutes les tables, y compris chez les pécheurs ou les voleurs ; il a parcouru des terres païennes ; il a défendu une femme adultère, échangé longuement avec une autre femme qui avait eu cinq maris, et promis le ciel à un larron qui représentait l'ivraie de la société. Tandis que nous, nous considérons comme de l'ivraie, comme des gêneurs, parfois même des ennemis, ceux qui ne pensent pas comme nous, ne prient pas comme nous, ne font pas partie du même bord politique que nous, etc.
Question : et si l'ivraie, ce n'était pas seulement les autres ? Et s''il y avait aussi de l'ivraie en chacun de nous ? Soljenitsyne écrivait ceci dans "L'Archipel du Goulag", en 1973 : "Peu à peu, j'ai découvert que la ligne de partage entre le bien et le mal ne sépare ni les Etats, ni les classes ni les partis, mais qu'elle traverse le coeur de chaque homme et toute l'humanité." Et il ajoutait ceci : "Si seulement il y avait quelque part des gens mauvais commettant des actes insidieusement mauvais et qu'il était nécessaire de seulement les séparer du reste du monde et de les détruire..."
Conclusion : arrêtons d'imiter Rambo, en cataloguant comme "mauvais" et en fustigeant ou en dégommant ceux avec lesquels nous sommes en désaccord ; au contraire, entrons plutôt dans la façon de faire de Dieu, "lent à la colère et plein d'amour" ! (psaume 86 (85), de ce dimanche, verset 15)
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21:53
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samedi 18 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2426 : Fraternité !
Extraits de : "Le Droit et la Loi", de Victor Hugo (1875)
Sur la devise républicaine
"La formule républicaine a su admirablement ce qu'elle disait
et ce qu'elle faisait; la gradation est irréprochable. Liberté,
Égalité, Fraternité. Rien à ajouter, rien à
retrancher. Ce sont là les trois marches du perron suprême.
La liberté, c'est le droit, l'égalité, c'est le fait,
la fraternité, c'est le devoir. Tout l'homme est là...
Les heureux doivent avoir pour malheur les malheureux; l'égoïsme
social est un commencement de sépulcre; voulons nous vivre, mêlons
nos coeurs, et soyons l'immense genre humain...
Tout ce qui souffre accuse, tout ce qui pleure dans l'individu saigne dans
la société, personne n'est tout seul, toutes les fibres vivantes
travaillent ensemble et se confondent, les petits doivent être sacrés
aux grands, et c'est du droit de tous les faibles que se compose le devoir
de tous les forts. J'ai dit."
Le rêve de Victor Hugo : la Fraternité universelle
"Cette société de l’avenir sera superbe et tranquille. Aux batailles
succéderont les découvertes ; les peuples ne conquerront plus, ils
grandiront et s’éclaireront ; on ne sera plus des guerriers, on sera
des travailleurs ; on trouvera, on construira, on inventera ; exterminer
ne sera plus une gloire. Ce sera le remplacement des tueurs par les
créateurs.
La civilisation qui était toute d’action sera toute de
pensée ; la vie publique se composera de l’étude du vrai et de la
production du beau ; les chefs-d’œuvre seront les incidents ; on sera
plus ému d’une Iliade que d’un Austerlitz. Les frontières s’effaceront
sous la lumière des esprits."
*********
"C'est par la fraternité qu'on sauve la liberté."
(phrase extraite de l'allocution prononcée par Victor Hugo le 5 septembre 1870,
à propos de la défense de la ville de Paris)
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Olivier Gaignet
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vendredi 17 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2425 : Egalité !
Poème de Victor Hugo (1802-1885) : L'Egalité
Extrait du recueil : "Les chansons des rues et des bois" (1865)
Dans un grand jardin en cinq actes,
Où les branches étaient exactes,
Où les fleurs se tenaient debout,
Quelques clématites sauvages
Poussaient, pauvres bourgeons pensifs,
Parmi les nobles esclavages
Des buis, des myrtes et des ifs.
Tout près, croissait, sur la terrasse
Pleine de dieux bien copiés,
Un rosier de si grande race
Qu'il avait du marbre à ses pieds.
La rose sur les clématites
Fixait ce regard un peu sec
Que Rachel jette à ces petites
Qui font le choeur du drame grec.
Ces fleurs, tremblantes et pendantes,
Dont Zéphyre tenait le fil,
Avaient des airs de confidentes
Autour de la reine d'avril.
La haie, où s'ouvraient leurs calices
Et d'où sortaient ces humbles fleurs,
Écoutait du bord des coulisses
Le rire des bouvreuils siffleurs.
Parmi les brises murmurantes
Elle n'osait lever le front ;
Cette mère de figurantes
Était un peu honteuse au fond.
Et je m'écriai : — Fleurs éparses
Près de la rose en ce beau lieu,
Non, vous n'êtes pas les comparses
Du grand théâtre du bon Dieu.
Tout est de Dieu l'oeuvre visible.
La rose, en ce drame fécond,
Dit le premier vers, c'est possible,
Mais le bleuet dit le second.
Les esprits vrais, que l'aube arrose,
Ne donnent point dans ce travers
Que les campagnes sont en prose
Et que les jardins sont en vers.
Avril dans les ronces se vautre,
Le faux art que l'ennui couva
Lâche le critique Lenôtre
Sur le poète Jéhovah.
Mais cela ne fait pas grand-chose
À l'immense sérénité,
Au ciel, au calme grandiose
Du philosophe et de l'été.
Qu'importe ! croissez, fleurs vermeilles !
Soeurs, couvrez la terre aux flancs bruns,
L'hésitation des abeilles
Dit l'égalité des parfums.
Croissez, plantes, tiges sans nombre !
Du verbe vous êtes les mots.
Les immenses frissons de l'ombre
Ont besoin de tous vos rameaux.
Laissez, broussailles étoilées,
Bougonner le vieux goût boudeur ;
Croissez, et sentez-vous mêlées
À l'inexprimable grandeur !
Rien n'est haut et rien n'est infime.
Une goutte d'eau pèse un ciel ;
Et le mont Blanc n'a pas de cime
Sous le pouce de l'Éternel.
Toute fleur est un premier rôle ;
Un ver peut être une clarté ;
L'homme et l'astre ont le même pôle ;
L'infini, c'est l'égalité.
L'incommensurable harmonie,
Si tout n'avait pas sa beauté,
Serait insultée et punie
Dans tout être déshérité.
Dieu, dont les cieux sont les pilastres,
Dans son grand regard jamais las
Confond l'éternité des astres
Avec la saison des lilas.
Les prés, où chantent les cigales,
Et l'Ombre ont le même cadran.
Ô fleurs, vous êtes les égales
Du formidable Aldébaran.
L'intervalle n'est qu'apparence.
Ô bouton d'or tremblant d'émoi,
Dieu ne fait pas de différence
Entre le zodiaque et toi.
L'être insondable est sans frontière.
Il est juste, étant l'unité.
La création tout entière
Attendrit sa paternité.
Dieu, qui fit le souffle et la roche,
Oeil de feu qui voit nos combats,
Oreille d'ombre qui s'approche
De tous les murmures d'en bas,
Dieu, le père qui mit dans les fêtes
Dans les éthers, dans les sillons,
Qui fit pour l'azur les comètes
Et pour l'herbe les papillons,
Et qui veut qu'une âme accompagne
Les êtres de son flanc sortis,
Que l'éclair vole à la montagne
Et la mouche au myosotis,
Dieu, parmi les mondes en fuite,
Sourit, dans les gouffres du jour,
Quand une fleur toute petite
Lui conte son premier amour.
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Olivier Gaignet
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jeudi 16 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2424 : Liberté !
Dans le sillage de la fête nationale du 14 juillet, aujourd'hui, demain et samedi, je vous présente une illustration en poésie, grâce au talentueux Victor Hugo, du sens des mots "Liberté", "Egalité" et "Fraternité".
Poème de Victor Hugo : Liberté !
Extrait du recueil : "La légende des siècles" (1859)
De quel droit ôtez-vous ces chanteurs aux bocages,
Aux sources, à l'aurore, à la nuée, aux vents ?
De quel droit volez-vous la vie à ces vivants ?
Homme, crois-tu que Dieu, ce père, fasse naître
L'aile pour l'accrocher au clou de ta fenêtre ?
Ne peux-tu vivre heureux et content sans cela ?
Qu'est-ce qu'ils ont donc fait tous ces innocents-là
Pour être au bagne avec leur nid et leur femelle ?
Qui sait comment leur sort à notre sort se mêle ?
Qui sait si le verdier qu'on dérobe aux rameaux,
Qui sait si le malheur qu'on fait aux animaux
Et si la servitude inutile des bêtes
Ne se résolvent pas en Nérons sur nos têtes ?
Qui sait si le carcan ne sort pas des licous ?
Oh! de nos actions qui sait les contre-coups,
Et quels noirs croisements ont au fond du mystère
Tant de choses qu'on fait en riant sur la terre ?
Quand vous cadenassez sous un réseau de fer
Tous ces buveurs d'azur faits pour s'enivrer d'air,
Tous ces nageurs charmants de la lumière bleue,
Chardonneret, pinson, moineau franc, hochequeue,
Croyez-vous que le bec sanglant des passereaux
Ne touche pas à l'homme en heurtant ces barreaux ?
Prenez garde à la sombre équité. Prenez garde !
Partout où pleure et crie un captif, Dieu regarde.
Ne comprenez-vous pas que vous êtes méchants ?
À tous ces enfermés donnez la clef des champs !
Aux champs les rossignols, aux champs les hirondelles ;
Les âmes expieront tout ce qu'on fait aux ailes.
La balance invisible a deux plateaux obscurs.
Prenez garde aux cachots dont vous ornez vos murs !
Du treillage aux fils d'or naissent les noires grilles ;
La volière sinistre est mère des bastilles.
Respect aux doux passants des airs, des prés, des eaux !
Toute la liberté qu'on prend à des oiseaux
Le destin juste et dur la reprend à des hommes.
Nous avons des tyrans parce que nous en sommes.
Tu veux être libre, homme ? et de quel droit, ayant
Chez toi le détenu, ce témoin effrayant ?
Ce qu'on croit sans défense est défendu par l'ombre.
Toute l'immensité sur ce pauvre oiseau sombre
Se penche, et te dévoue à l'expiation.
Je t'admire, oppresseur, criant: oppression !
Le sort te tient pendant que ta démence brave
Ce forçat qui sur toi jette une ombre d'esclave
Et la cage qui pend au seuil de ta maison
Vit, chante, et fait sortir de terre la prison.
A chacun de réfléchir comment la situation ici décrite correspond à ce dont souffrent tant d'hommes et de femmes
encore opprimés, de toutes sortes de façons, aujourd'hui !
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Olivier Gaignet
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mardi 14 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2423 : "Notre société a besoin de repères." (président Macron)
Lors de son passage parmi nous, Jésus a fondé une nouvelle manière de vivre et renouvelé le type de relations entre les humains, en basant tout sur la liberté, l'égalité et la fraternité. Depuis, ces valeurs, qui prennent appui sur l'amour de Dieu, ont largement débordé le champ religieux du christianisme; Et l'on considère à présent comme universelles l'égalité entre tous les humains, la liberté de choix et la fraternité. L'on peut dire que le message de Jésus a été entendu, puisque les valeurs évangéliques ont pénétré jusqu'au coeur de notre société.
Liberté
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable, sur la neige
J’écris ton nom
Sur les champs, sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Paul Eluard
(trop brefs extraits de ce poème, tiré de Poésie et vérité 1942 (recueil clandestin)
Egalité
"Réinventons-nous !' Cité ce matin sur France-Inter, l'exemple magnifique d'un président qui a su réinventer le style présidentiel dans son pays, le Mexique, qui est quand même le dixième pays le plus peuplé du monde (près de 130 millions d'hab.). Andrés Manuel Lopez Obrador a déclaré que "les avions présidentiels privés étaient la marque de l'élite néolibérale". Il refuse de prendre son Boeing 787, qui a été mis en vente, et voyage en classe économique, "pour des motifs écologiques et financiers." Une fois dans l'avion, comme mardi dernier 7 juillet, en allant à Washington pour y rencontrer le président Trump, il se comporte comme un passager standard, et n'hésite pas à discuter avec son voisin de siège.
En France, le président Macron confie souvent que "la société a besoin de repères". Eh bien, en voici un, que je me permets citoyennement de lui transmettre, pour info !
Fraternité
En ce jour de réflexion nationale, pour répondre, de façon concrète, au souhait de notre président, je vous propose donc les trois repères suivants : celui de la poésie, l'exemple du président d'un pays deux fois plus peuplé que la France, et enfin, le témoignage d'Européens qui ne se contentent pas de parler, mais agissent pour empêcher la fraternité de se noyer dans le bla-bla.
Trois navires sont à l'action en Méditerranée, sur la route migratoire maritime la plus meurtrière du monde : l'Océan Viking, norvégien, de l'association SOS Méditerranée, le Sea-Watch, de l'ONG allemande Sea-Watch, et le Mare Jonio, de l'association italienne Mediterranea Saving Humans.
Merci à vous, frères et soeurs norvégiens, allemands, italiens !
Vous faites honneur à l'humanité !
A propos, la fraternité fait-elle partie de la devise de votre nation ?
Mais où se trouve donc Jésus, sinon dans ces bateaux, en pleine tempête Nord-Sud ?...
"Venez à moi, vous tous qui peinez, et je vous donnerai le repos." (Matthieu 11/28)
Esprit-Saint, veille à ce que les chrétiens pratiquants, dont je suis, ne pensent pas, et surtout, ne fassent pas le contraire de l'action fraternelle de Jésus !
"C'est par la fraternité qu'on sauve la liberté." (Victor Hugo, le 5 septembre 1870) )
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Olivier Gaignet
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dimanche 12 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2422 : "Ma création regorge de beautés..." (Charles Péguy)
Avec le temps superbe qu'il fait en ces jours, on peut dire, avec Rimbaud le poète, surtout au bord de la mer :
"Le ciel est joli comme un ange,
l'azur et l'onde communient."
Le coronavirus vient de nous lancer un signal d'alarme, face à la bêtise de nos comportements vis-à-vis de la création. Et si nous avions capté cet appel ? Et si le temps était venu pour nous de jeter un regard nouveau sur cette belle création ? Quel temps allons-nous prendre en ces jours, pour admirer par exemple nos frères les arbres, leurs formes chaque fois uniques, si harmonieuses, qui s'élancent vers le ciel ?
Quoi de plus beau que l'été en effet ? C'est alors qu'il est bon de sentir la terre, le sable sous ses pas, le soleil sur sa peau, tout en admirant, le soir, les étoiles, illuminant le ciel.
D'autant plus que, sur cette belle côte vendéenne, tout commence et tout finit par la mer. Et si nous regardions aussi la mer comme une fenêtre immense, ouverte, pour nous, sur l'infini divin ?
Et si la grâce des vacances, c'était de nous offrir du temps, avec un grand "T" - comme Trésor - pour nous permettre de découvrir, dans le reflet argenté des vagues, la source de la vie sans fin, le visage caché, mais pourtant présent et lumineux de notre Dieu ?
Et si nous relisions Péguy ?
"J'en ai vu, des beautés dans le monde,
et je m'y connais (dit Dieu).
Ma création regorge de beautés.
Ma création regorge de merveilles.
J'ai vu des millions et des millions d'astres
rouler sous mes pieds,
comme les sables de la mer.
J'ai vu des journées ardentes comme des flammes,
des jours d'été de juin, de juillet et d'août.
J'ai vu des soirs d'été calmes et doux,
comme une tombée de paradis,
tous comblés d'étoiles.
J'ai vu la profonde mer, et la forêt profonde,
et le coeur profond de l'homme.
... Si beaux que je les garderai dans le ciel."
___________
Ceci est un extrait de mon homélie de ce dimanche, au cours de la messe célébrée en plein air, comme chaque dimanche de l'été, dans le magnifique parc arboré du Centre spirituel de Bourgenay, où je réside.
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Olivier Gaignet
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vendredi 10 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2421 : Le prénom, un programme de vie
Je viens de préparer, avec 3 couples, le baptême de leurs enfants, dimanche prochain : Augustin, Marceau et Arya. Cela m'a donné l'idée de ce billet. Pourquoi le choix de tels prénoms ? Quel sens veut-on leur donner ? Qu'est-ce que les parents en attendent ? Comment le justifient-ils ?
Attention ! Ce n'est pas une question légère ! L'enfant va porter ce prénom tout au long de sa vie. et pour certains, cela pourra être très pénible. J'entendais cette semaine une femme me dire combien elle a eu de la peine à se faire au prénom que ses parents avaient cru bon de lui donner : Camille... Et, me disait-elle, "Où sont-ils aller chercher ça, alors qu'il y a tant de jolis prénoms que j'aurais bien préféré porter..."
Revenons sur deux des prénoms cités plus haut. Pour Augustin, c'est clair ; les parents ont souhaité mettre leur fils dans les pas du grand St Augustin. Une telle démarche est peu courante de nos jours ! Et pourtant, placer son enfant dans le sillage d'une grande figure, cela témoigne aussi du projet que l'on a pour son enfant... : Augustin, le chercheur de Dieu, au talent si profond !
En ce qui concerne Arya, deux sens étaient possibles. J'ai pensé d'abord qu'il s'agissait de Aria, en référence à la musique ; par exemple, l'aria de Bizet, dans l'opéra "Carmen" : "l'amour est enfant de Bohème"... Mais en fait, il s'agissait d'Arya avec un "y". J'ai donc appris que le prénom Arya est d'origine indienne ; il vient du sanskrit, et signifie "noble", ou "honorée". Pas mal, finalement. Si cela invite la porteuse d'un tel prénom à traverser l'existence de façon "noble", et de faire "honneur" à l'humanité, pourquoi pas ?
Aria, comme prénom, finalement, cela ne m'aurait pas déplu. Un jour, je devais baptiser une petite "Harmonie". Alors que la famille s'installait dans l'église, le grand-père s'est approché pour me dire : "Quand même, ce prénom, il n'a rien de chrétien..." J'ai donc essayé d'expliquer le sens profond que l'on pouvait donner à un tel prénom : et si les parents voulaient proposer ainsi un projet de vie à leur fille ? Celui d'être une créatrice d'harmonie, auprès de toutes les personnes qu'il lui serait donnée de rencontrer ? Est-ce que cela, ce ne serait pas chrétien ?
Est de passage en ces jours, au centre spirituel de Bourgenay, une religieuse malgache que ses parents ont fait baptiser sous le prénom de Soa. Je me suis permis de lui demander si ce prénom signifiait quelque chose en malgache. Avec un petit sourire, elle m'a répondu que Soa voulait dire "belle", dans sa langue. Là encore, rien de chrétien ? Ah mais si ! Qu'y a-t-il de plus proche du Divin que la beauté ? Cela d'ailleurs n'invite-t-il pas cette religieuse à mener une vie qui soit belle, à l'image de la beauté de Dieu ?
Et nous voici renvoyés à St Augustin. Au Livre X de ses "Confessions", il fait part, en des termes magnifiques, après un temps de jeunesse un peu facile, de sa découverte de la beauté de Dieu : "Bien tard, je t'ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard je t'ai aimée..." Voilà pourquoi le prénom d'Augustin peut engager celui qui le porte à avancer dans l'existence avec clarté.
Ne pas se contenter de choisir un prénom parce qu'il est à la mode, original ou joli... Nos enfants méritent mieux que cela !
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09:56
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jeudi 9 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2420 : "C'est en Afrique que Dieu ne se trompe presque jamais !"
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Olivier Gaignet
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mercredi 8 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2419 : Cher Ennio Morricone l'enchanteur, merci pour ta musique !
On se plaint parfois de ce que, dans le monde du showbizz ou parmi les artistes, les gens semblent irreligieux, plus personne ne croit à rien. Reconnaissons que notre oeil, un peu pharisien, a toujours certains préjugés, et notre esprit, des jugements tout faits, quant à ces milieux un peu étranges, ces catégories qui nous échappent, et dont nous connaissons si peu de leur vie intérieure. Et si nous cherchions à mieux nous informer ? Sylvain Tesson, dans son émission quotidienne sur Arthur Rimbaud, rappelait encore ce matin cet appel du poète : "Je dis qu'il faut être Voyant." En effet, qui savait, par exemple, qu'un géant du cinéma et de la musique tel qu'Ennio Morricone était un fervent croyant ?
Dans une interview qu’il a donnée en
2015 à l’occasion de la messe qu’il a écrite en l’honneur du pape François et du
deuxième centenaire de la restauration de la Compagnie de Jésus (Missa Papae Francisci. Anno
duecentesimo a Societate Restituta), Morricone dit
ceci :
« Des messes,
des non-croyants en ont aussi écrites. Moi je suis croyant parce que l’éducation
dans ma famille a été ainsi et par conséquent, je suis resté ainsi. Il me semble
que dans toute cette débâcle (NDLR:« questo sfacelo ») de
notre temps, et
aussi des temps passés, pour dire la vérité, il me semble qu’on doit
s'attacher à quelque chose de certain, ou qui nous semble certain. »
Dans une interview rapportée par Aleteia, Morricone raconte sa rencontre avec le pape François:
« Un peu avant l’exécution (la « première » de la messe), le pape est venu en visite à l’église (très probablement l'église du Gesù, à Rome) et on me l’a fait rencontrer. Seuls avec lui, moi et Maria mon épouse, nous nous sommes mis à pleurer; François nous regardait en silence. Après quelques minutes, j'ai réussi à parler et je lui ai raconté que j’avais écrit la musique du film « Mission », qui est l’histoire des Jésuites en Amérique du Sud, et je lui ai parlé de la Messe que j’avais écrite".
Dans l’église romane du Gesù, lors de la toute première représentation de la Missa Papae Francisci. Anno duecentesimo a Societate Restituta, on a vu Morricone lui-même sur le podium pour diriger la petite symphonie de Rome et les chœurs de l’Académie de Sainte Cécile et de l’Opéra de Rome. « Il y a de cela quelques jours, je suis allé au Vatican pour porter au pape la partition ».
Lundi 6 juillet 2020, "Ennio Morricone s'est éteint à l'aube avec le réconfort de la foi, a précisé sa famille. Il est resté pleinement lucide et d'une grande dignité jusqu'au dernier moment."
A-Dieu, l'Harmonica !
Des croyants tels que "le Maestro", cela nous fait du bien au coeur, n'est-ce pas ?
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Olivier Gaignet
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08:39
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mardi 7 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2418 : Quelle place pour les "sans-grade", chers à Edmond Rostand
Je vous parlais hier des "sans-grade", de ceux qui oeuvrent dans l'ombre au service de la société et ne sont pas reconnus. J'ai repensé alors à un célèbre passage de la pièce d'Edmond Rostand, "L'Aiglon" (1900), que je me permets de proposer à votre réflexion.
Le Roi de Rome, Duc de Reichstadt et fils de l'Empereur Napoléon I°, connu sous le titre de l'Aiglon,
vit des jours malheureux dans le palais autrichien de Schoenbrunn. Il
cherche à savoir qui il est. Qui était ce père dont tout le monde parle.
Qui "suis-je", moi l'héritier du créateur du Premier Empire français ?
L'Aiglon a cette nostalgie de l'épopée paternelle. Mon père ce héros...
Au
milieu de cette pièce d'Edmond Rostand, il y a le personnage de
Flambeau ! Un ancien "Grognard" de la Garde, qui s'est battu avec courage, mais dont le combat n'a guère été reconnu. Si je vous cite ce passage, c'est parce que j'y trouve une ressemblance avec ce qu'éprouvent, dans notre société, les invisibles et les sans-grade d'aujourd'hui !
Dont quelqu'un a dit qu'ils étaient "en guerre" ; eh bien, en lisant ces vers, poussons à bout la comparaison !
Sans espoir de duchés ni de dotations;
Nous qui marchions toujours et jamais n'avancions;
Trop simples et trop gueux pour que l'espoir nous berne
De ce fameux bâton qu'on a dans sa giberne;
Nous qui, par tous les temps, n'avons cessé d'aller,
Suant sans avoir peur, grelottant sans trembler,
Ne nous soutenant plus qu'à force de trompette,
De fièvre et de chansons qu'en marchant on répète;
Nous sur lesquels pendant dix-sept ans, songez-y,
Sac, sabre, tourne-vis, pierres à feu, fusil,
- Ne parlons pas du poids toujours absent des vivres ! -
Ont fait le doux total de cinquante-huit livres;
Nous qui, coiffés d'oursons sous les ciels tropicaux,
Sous les neiges n'avions même plus de shakos;
Qui d'Espagne en Autriche exécutions des trottes;
Nous qui pour arracher ainsi que des carottes
Nos jambes à la boue énorme des chemins,
Devions les empoigner quelquefois à deux mains;
Nous qui pour notre toux n'ayant pas de jujube,
Prenions ds bains de pied d'un jour dans le Danube;
Nous qui n'avions le temps quand un bel officier
Arrivait, au galop de chasse, nous crier :
"L'ennemi nous attaque, il faut qu'on le repousse !"
Que de manger un blanc de corbeau sur le pouce,
Ou vivement, avec un peu de neige, encor,
De nous faire un sorbet au sang de cheval mort;
Nous....
Ne cessions de marcher...
Que pour marcher, - et de marcher que pour nous battre,
Marchant et nous battant, maigres, nus, noirs et gais...
Nous, nous ne l'étions pas, peut-être, fatigués ?"
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Olivier Gaignet
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08:56
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lundi 6 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2417 : Les petits enfin reconnus !
Quel bel Evangile la liturgie nous a proposé hier dimanche, et en particulier à travers ce passage dans lequel Jésus fait cette prière : "Père, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits." (Matthieu 11/25)
S'il est une parole d'Evangile qui soit d'actualité, c'est bien celle-là ! "La Croix L'Hebdo" publiait récemment, en pleine page, un dessin de Micaël présentant, défilant sur un tapis rouge, devant une nuée de photographes, un éboueur, de type maghrébin, tirant une poubelle archipleine, suivi d'une infirmière, blanche, avec son masque, et enfin, un livreur, noir, transportant une commande à déposer chez un client.
Pour une fois, les vedettes, ce sont les petits, les sans-nom, les sans-grade, les anonymes qui défilent sur le tapis rouge. Ce dessin voulait faire honneur à celles et ceux qui ont fait tourner la France dans la plus grande discrétion, pendant le confinement.
Quelle nouveauté en effet, dans notre société un peu malade, dans laquelle l'on a plutôt tendance à croire que les grands, les riches, les costauds, les princes seraient seuls dignes d'être honorés publiquement et enfin mis en avant !
Et pourtant, Jésus nous avait avertis ! Il nous a révélé qu'il s'agit là d'une grave erreur de jugement, et que ceux qui ont le plus de valeur auprès du Père, ce sont plutôt les petits et les obscurs, les invisibles et les blessés de la vie.
Jésus en effet avait reçu une formation autre que la nôtre, dans cette si belle tradition juive qui nous dit par exemple, si on lit ce livre sacré des Juifs qu'est le Talmud : "J'ai vu un monde bizarre : les grands étaient en bas, et les petits étaient en haut."
Cela veut tout dire ! Il faut savoir que Dieu est vraiment un bricoleur de génie dans l'oeuvre qu'il construit, en s'appuyant principalement sur des gens "d'en bas", auxquels on ne penserait pas : avec un couple stérile, Abraham et Sara, il engendre un peuple immense, dont d'ailleurs nous sommes les descendants. Il a choisi un bègue, Moïse, pour être son porte-parole. Avec un petit berger, David, il liquide le dangereux Goliath. Avec une femme qui avait cinq maris, il évangélise la Samarie. D'une ancienne prostituée, Marie-Madeleine, il fait la première témoin de sa résurrection. D'un chef de commando anti-chrétien, Paul, il fait "l'apôtre des nations". Et de chacun de nous aujourd'hui, si petit, si faible, si fragile soit-il, il fait les témoins vivants de son amour en ce monde. (1)
St Paul disait aux premiers chrétiens : "Il n'y a pas parmi vous beaucoup de gens grands selon le monde ; mais Dieu choisit les faibles pour confondre les puissants." (1 Corinthiens 1/26-27)
Puisse notre société, ainsi que notre Eglise, oeuvrer enfin pour mettre à la première place, comme on a commencé à le faire durant le confinement, les invisibles, les sans-grade et les plus petits !
Je reviendrai sur ce même thème dans le billet de demain.
(1) libre interprétation d'une méditation de Mgr Jean-Baptiste Pham Minh Man
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Olivier Gaignet
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samedi 4 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2416 : As-tu dis merci aujourd'hui ?
L'idée de ce billet m'est venue en lisant hier cette phrase assez connue de l'écrivain américain William Arthur Ward (1921-1994) : "Dieu t'a offert 86 400 secondes aujourd'hui. En as-tu utilisé une pour dire "merci" ?"
Avant-hier, me présentant chez le dentiste, je le félicitais, ainsi que sa secrétaire, pour le bon accueil que je venais de recevoir. Aussitôt, celui-ci démarra en flèche : "Juste avant vous, un monsieur de 80 ans est arrivé et, malgré les consignes affichées sur la porte, a forcé l'entrée et a voulu s'imposer, alors qu'il n'avait pas pris rendez-vous. En plus, il n'avait pas de masque ; et il a élevé le ton très fort, face aux remarques qu'on lui faisait ; j'ai dû sortir de mon cabinet pour prendre la défense de la secrétaire. On dit que les jeunes sont impolis, mais il n'y a pas qu'eux..."
Savoir dire merci, être respectueux, attentif, reconnaissant, ce n'est pas très glamour aujourd'hui. Tout d'un coup, il est vrai, pendant le confinement, on s'est aperçu que la moindre des politesses serait de faire savoir à celui qui nous apporte le journal, aux éboueurs, aux caissières, combien nous apprécions le service qu'ils nous rendent.
En cette fin d'année pastorale, j'entendais des laïcs, auxquels on a suggéré de laisser leur charge, exprimer leur surprise de ne pas avoir reçu ne serait-ce qu'un petit mot de merci. Il est surprenant que, même dans notre Eglise, certains, prêtres, laïcs,qui ont essayé de donner le meilleur d'eux-mêmes, n'ont presque jamais entendu ce mot de "merci" ; et cela, parfois après avoir servi une paroisse ou rendu tel service pendant même des dizaines d'années !!! Incroyable négligence !
Sait-on assez dire merci en Eglise ? Parfois, on a l'impression que, pour certains laïcs en responsabilité ou certains prêtres, le mot "merci" leur arrache la bouche. Question d'éducation sans doute... Ce sont des choses qu'il faudrait apprendre dans les séminaires. Personnellement, j'entends encore ma mère nous répéter sans cesse : "dites merci !" Parfois, quand un voisin offrait quelque chose, ou si la grand-mère avait laissé un gâteau à la porte, elle nous envoyait chez lui ou chez elle, pour les remercier en son nom.
Jésus a connu telle situation ! Vous vous rappelez cette scène, lorsqu'il avait guéris 10 lépreux, dont 9 Juifs et un Samaritain, qui fut le seul à revenir lui dire merci : "Jésus dit : "Les 10 n'ont-ils pas été guéris ? Et les 9 autres, où sont-ils ? Il ne s'est trouvé que cet étranger pour revenir et remercier Dieu !" (Luc 17/17-18)
Bien sûr, l'on n'oeuvre pas au service des autres pour recueillir des louanges ou des remerciements. Si l'on ne nous remercie pas, ne tombons pas dans la jalousie ou le ressentiment. "Vengeons-nous", si je peux m'exprimer ainsi, en en profitant pour remercier d'autant plus toutes celles et ceux qui, autour de nous, ont le souci de servir les autres. Et nous trouverons la paix du coeur !
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Olivier Gaignet
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jeudi 2 juillet 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2415 : Jésus serait-il gênant ?
La liturgie de la messe nous a proposé hier, comme scène d'évangile, un moment de la mission de Jésus qui m'a toujours marqué : c'est lorsque, ayant appris qu'il avait expulsé les démons dans un troupeau de porcs, qui s'étaient alors jeté dans la mer du haut d'une falaise (vous imaginez la scène !), "toute la ville, nous dit St Matthieu, sortit à à la rencontre de Jésus ; et lorsqu'ils le virent, les gens le supplièrent de partir de leur territoire." (Mt 8/28-34) Allez relire cet évangile : cela vaut le coup !
Diable ! Voici que l'on a chassé Dieu hors de la ville ! Jésus serait-il gênant ? Il est vrai que, souvent, son message dérange... L'on menait une vie tranquille, chacun tourné sur lui-même, sans embêter les autres, en croyant bien faire ; et voici qu'arrive Jésus, qui met les pieds dans le plat, ouvrant le tombeau obscur de notre vie, mettant au grand jour les dessous inavouables de notre existence, et interpellant les démons qui dormaient en nous, en nous invitant à nous en débarrasser.
Aujourd'hui encore, je m'imagine très bien les chrétiens que nous sommes sortant dans la rue pour dire à Jésus de ne pas trop nous déranger dans notre petite vie tranquille, et d'aller plutôt prêcher ses bons sentiments dans les paroisses d'à côté. Aussi, il faut dire que son message en général n'est pas facile à supporter ni à digérer... Quelques exemples :
- "aimez vos ennemis" (Mt 5/44) : "ah non, ce type m'a fait trop de mal ; je ne peux pas travailler avec lui ; jamais je ne pourrai lui pardonner. J'étais responsable de ceci ou de cela dans la paroisse, et on m'a mis de côté. Si c'est comme ça, j'abandonne tout !"
- "qui vous accueille m'accueille" : "oui, on a entendu cela dans l'évangile de dimanche dernier (Mt 10/37-42) ; mais on ne peut quand même pas accueillir toute la misère du monde... On nous demande de voir le Christ dans chaque immigré ? Mais il faut aussi penser à nous, Français, à nos problèmes et à nos pauvres..."
- "restez éveillés et priez en tout temps ; ainsi, vous aurez la force d'échapper à ce qui doit arriver." (Luc 21/36) : "oh, moi, je ne vais pas à la messe ; mais ceux qui y vont ne sont pas meilleurs que les autres. Ca ne m'empêche pas de faire ce que j'ai à faire ; je ne crois pas être plus mauvais que les autres !"
Oui, malheureusement, l'on peut se croire bon prêtre, bon chrétien et, par notre façon de faire, chasser Jésus de notre ville en refusant de nous laisser interpeller en profondeur par son message, décapant il est vrai. A chacun de voir si tel n'est pas le cas, dans sa propre vie, par rapport aux points avec lesquels on ne se sent pas à l'aise, ou que l'on préfère ignorer, dans l'enseignement de Jésus !
Publié par
Olivier Gaignet
à
08:41
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