Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



mardi 31 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.354 : "On prie ensemble depuis 66 ans !"

C'est au sortir de la guerre de 39-45 que ces deux-là, qui se connaissaient déjà depuis plusieurs années, se sont unis devant Dieu : "Nous n'avons pas eu de vraie jeunesse, avec la guerre, les années passées dans un camp de prisonniers, la peur, les restrictions ; mais toujours, nous avons mis notre confiance en Dieu. Dès avant notre mariage, nous avions déjà commencé à prier ensemble ; et depuis, sauf séparations ou raisons diverses, jamais nous n'avons manqué, chaque soir, avant de nous coucher, ce temps de prière en commun, avec, au centre, la prière scoute."
En entendant cela, je comprends mieux la qualité de la flamme qui anime toujours ce couple, malgré son grand âge : il n'y a pas de secret ! Quand vous rencontrez des croyants paisibles, sereins, fraternels, au coeur rempli d'espérance et d'amour pour leur prochain, le plus souvent, derrière tout cela, vous trouvez la prière. Et pourtant, Dieu sait si ce couple en a rencontré, des difficultés, et en tout genre ; mais celles-ci, justement, n'ont jamais eu le dernier mot, et n'ont jamais pu casser ce couple ni détruire son espérance et sa fraîcheur.
Le plus charmant, c'est qu'ils ne la ramènent pas ! Ils parlent très peu d'eux-mêmes ; mais surtout, jamais un jugement sur d'autres couples, en situation plus délicate parfois. Vous me direz : "Mais tout le monde ne peut pas être aussi parfait qu'eux !" Evidemment ! Voilà pourquoi j'ai même hésité à vous transmettre ce témoignage. Mais je crois pourtant utile de vous partager celui-ci, car il peut nous aider à regarder plus haut et plus loin, tout en nous indiquant tout simplement la bonne direction.
Jésus, en effet, ne nous a pas dit : "Vous êtes des petites loupiotes qui n'éclairent rien du tout", mais bien : "Vous êtes la lumière du monde (...). Que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu'en voyant vos bonnes actions, ils rendent gloire à votre Père qui est au cieux." (Matthieu 5/14-16)

lundi 30 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.353 : "Je ne connais pas la solitude !"

Parmi bien d'autres il est vrai, une paroissienne, très âgée, handicapée, qui vit seule et ne peut plus sortir de chez elle, fait vraiment mon admiration ! Par exemple, elle se débrouille pour faire passer chaque mois à la paroisse une somme représentant la quête qu'elle ne peut plus déposer elle-même dans une corbeille à l'église. Elle est très attachée au petit journal du doyenné, "Vivre Ensemble", qui lui permet de rester au diapason de la vie de la paroisse : elle le parcourt attentivement et se réjouit par exemple de la richesse de l'agenda paroissial, heureuse de découvrir la grande richesse des propositions. Bien entendu, chaque jour, longuement, elle prie pour la communauté paroissiale et plus largement. Elle parle des Cafés-Théo, se réjouit de ce qu'il existe un groupe d'amitié avec les musulmans, s'inquiète de me voir en charge d'une deuxième paroisse... Et elle ne se plaint jamais, ni de ses plaies, ni de ses ulcères, ni de ses multiples handicaps ; elle n'a que la vie des autres à la pensée et à la bouche !
Voici quelques-unes des réflexions qu'elle m'a faites récemment : "Je ne peux plus lire aussi facilement, mais je ne manque pas le bulletin "Vivre Ensemble". Je regarde ma messe le dimanche. J'ai de la considération pour les prêtres. Je ne m'ennuie jamais ; je ne connais pas la solitude : les prières en sont la cause."
J'avoue avoir été bluffé par cette réflexion ! L'on entend beaucoup plus souvent en effet des personnes, fort malheureuses il est vrai, prendre beaucoup de temps pour exprimer leurs misères et se plaindre de leur solitude... Mais comment leur en faire reproche ? Chacun, chacune a son histoire !
En tout cas, cette amie handicapée me semble ouvrir pour tous une porte d'espérance lorsqu'elle dit, avec beaucoup de simplicité, et sans vouloir faire la leçon à personne : "Je ne connais pas la solitude : les prières en sont la cause." Quelle leçon pour nous ! Autant pour les bien-portants que pour les personnes en difficulté... Remettre son existence entre les mains du Seigneur, cela permet en effet - la preuve - de lâcher prise et de rester serein et paisible face à l'adversité. Ce n'est pas moi qui le dit ; c'est une grande handicapée ! Je crois qu'elle a raison : elle le prouve par sa vie, et il me semble qu'il faut l'écouter.
Grâce à sa prière confiante en effet, elle a vraiment assimilé cet appel merveilleux de Jésus disant : "Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos âmes. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger." (Matthieu 11/28-30)
Attention ! Ne me faites pas dire que je fais l'éloge de la souffrance ou du handicap ! Jésus au calvaire n'a pas dit : "C'est merveilleux, cette croix" ! Mais, face à l'exemple de cette femme courageuse, j'aurais envie de m'écrier, comme le fait Shakespeare dans "Le Marchand de Venise" : "Que ce petit flambeau jette loin ses rayons..."
Chère paroissienne, merci !

dimanche 29 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.352 : La conduite des sépultures

Le 14 janvier dernier, je lançais un appel solennel aux paroissiens de Saint Hilaire de Fontenay-le-Comte, dans mon billet n° 1.337, à propos de la surcharge actuelle des prêtres : ils sont de moins en moins nombreux puisque, comme je l'expliquais, en un an, nous sommes passés de cinq prêtres en charge pastorale sur la paroisse, non retraités, à deux seulement.
Je crois que cet appel commence à être entendu. J'en veux pour preuve les deux faits suivants. Le premier m'a beaucoup touché ! Un lecteur de ce blog a photocopié le billet et est allé voir un de ses amis pour le lui montrer en disant : "On ne peut pas continuer comme ça, sur la paroisse ! Il faut qu'on fasse quelque chose, il faut qu'on soutienne nos prêtres." Et pourtant, ces deux là en font déjà beaucoup, sur Saint Hilaire de Fontenay. L'ami qui a été sensibilisé est venu me voir ; nous avons échangé longuement, et pensé à deux choses : la mise en place d'une petite équipe ayant pour mission d'étudier de quelles charges on peut soulager les prêtres, et comment appeler des personnes à s'engager ; d'autre part, nous organiserons un dimanche du bénévolat dans l'Eglise, le dimanche 11 mars, afin de sensibiliser l'ensemble des paroissiens par rapport à cette question.
Deuxième fait : tout récemment, une famille demande une sépulture avec messe. Ce jour-là, l'autre prêtre, Loïc était déjà pris, et moi de même, pour l'une des multiples charges pastorales qui remplissent nos journées, et qu'il n'est pas forcément évident d'annuler lorsqu'il s'agit de rencontres réunissant un certain nombre de personnes. "Et les prêtres retraités", m'a-t-on demandé ? Ils font ce qu'ils peuvent, et ils en font déjà beaucoup, je trouve ! Ils ont aussi leur vie, et leurs impératifs ! En fait, ce n'était pas possible pour eux non plus. J'ai bien aimé alors la réflexion de la famille ; mise devant le fait accompli, elle aurait pu protester, faire du forcing, comme je l'ai vu faire parfois. Ainsi, récemment, alors que je faisais savoir que je ne pourrais assurer une sépulture, devant accompagner un ami malade, l'on exigeait de moi que je m'occupe de mon ami un autre jour ! Incroyable !!!
A propos du fait précédent donc, pour la première fois, depuis cinq ans que je suis à Fontenay-le-Comte, j'ai entendu cette famille me faire la réflexion suivante : "Nous sommes des pratiquants réguliers ; nous aurions vraiment aimé avoir une messe avec communion pour la sépulture, mais nous voyons que pour vous, c'est difficile, et nous le comprenons. Nous savons que les sépultures avec des laïcs sont très belles aussi. Nous acceptons donc que la sépulture soit faite par un laïc."
Bravo, chère famille ! J'admire votre intelligence, et la grande ouverture de votre coeur. Comme me le répète souvent ma chère tante Thérèse (93 ans) : "Tu sais, si tu as quelque chose d'important le jour de ma sépulture, ne t'en fais pas ! Cela ne me fait rien que ce soit un laïc qui fasse ma cérémonie : ils font ça très bien sur la paroisse de Chaillé ! Et je sais que ce n'est pas parce qu'il y aura un prêtre que j'irai plus vite au ciel."
Certains pourraient croire que l'absence des prêtres aux sépultures signe la mort de l'Eglise. Quelle erreur ! Lorsque l'on voit ces laïcs qui prennent toute leur place de baptisés et accompagnent leurs frères dans la douleur, n'est-ce pas le signe d'une grande solidarité et d'une belle vitalité au sein du Peuple de Dieu ? Cela fait vivre nos communautés humaines et chrétiennes d'une autre manière, tandis que l'Eglise ne repose plus uniquement sur les épaules, limitées, des prêtres, mais sur chacun des baptisés, ce qui est bien plus conforme à l'Evangile finalement.
Pour en revenir aux sépultures, les familles des défunts sont invitées à participer à l'eucharistie l'un des dimanches suivants ; la messe est alors célébrée, par un prêtre, à l'intention toute spéciale des défunts en question.
Probablement désormais, ce cas de figure se produira de plus en plus souvent à l'avenir. Merci à tous de votre compréhension, et surtout, de votre actif soutien !
Quant à moi, un exemple de plus, je pars à présent célébrer dans ma deuxième paroisse, dont le prêtre est bien fatigué lui aussi !

samedi 28 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.351 : Portes ouvertes à Saint Jo

L'on pouvait croiser beaucoup de jeunes familles, hier, avec leurs enfants en âge de rentrer en 6°, dans les couloirs du collège Saint Jo, à l'occasion des journées "Portes ouvertes" : des enfants un peu intimidés, des tout-petits, les accompagnant, éblouis par tout ce qu'ils découvraient, mais aussi, des parents semblant parfois aussi angoissés que leurs enfants. Entrer ainsi dans la cour des grands, à la sortie de la "petite école", n'est-ce pas en effet une étape importante, dans la vie d'une jeune existence ?
En tout cas, hier en fin d'après-midi, cela nous a permis à tous de découvrir, ou de mieux saisir combien est importante, dans un tel établissement, la présence d'éducateurs accueillants, motivés, capables de faire partager leur enthousiasme et leur foi dans les jeunes. J'en veux pour preuve cet enseignant, en Segpa, expliquant que quand un élève n'y arrive pas, cela ne veut pas dire qu'il n'est pas intelligent, mais peut-être qu'il a besoin d'être accompagné, afin que ses potentialités, qu'il a de le peine à exprimer, puissent se développer au mieux.
Passionnant également de découvrir combien le travail, au collège, peut permettre une immense ouverture, avec, selon les classes, les moments, les niveaux, je cite en vrac, une réflexion sur l'Odyssée, la possibilité d'écrire un conte, l'ouverture sur l'histoire du monde et de notre région, la joie d'aprendre à jouer d'un instrument, l'invitation à se documenter au CDI, qui recèle pas moins de 7 à 8.000 documents, livres, journaux divers.
En début de visite, une salle de classe était réservée à la présentation de ce qui se fait à Saint Jo dans le cadre de la Pastorale. Pas banal de voir ces jeunes capables d'expliquer, sans papier, ce qu'ils font en aumônerie ou autres, lors des temps forts, bol de riz, marche de fin d'année et autres, pour permettre à tous d'avancer dans la lumière de l'Evangile.
Suite à la richesse de ce qui se vit en ce sens sur Saint Jo, les jeunes de ce collège ont d'ailleurs été sollicités pour animer l'émission "Questions de jeunes" pas plus tard que jeudi soir, à 19h30 ; émission que l'on peut retrouver sur le net.www.rcf.fr Le thème de l'émission était le suivant : "Collégiens et croyants, avec des jeunes de Fontenay-le-Comte".
Mais non ! Tout n'est pas perdu ! Les jeunes ne sont pas tous des ignares ; les enseignants ne sont pas tous des incompétents ; les parents ne sont pas tous des irresponsables ; les collèges ne sont pas tous des repaires de fainéants. Arrêtons de croire qu'aujourd'hui, il ne se fait plus rien de bon au niveau de l'éducation. Au contraire, apprenons à connaître et soutenons tout ce qui se fait de positif, tant dans l'enseignement public que dans l'enseignement libre d'ailleurs, pour le plus grand bien des enfants, des parents et de l'ensemble de notre société ! Car c'est là que se vit l'Evangile au quotidien !

vendredi 27 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.350 : "Vada a bordo !"

Tiens, il se met à parler italien ? Non, bien sûr ! Mais le "Vada a bordo, cazzo !" du commandant de la capitainerie de Livourne, Gregorio De Falco, adressé au capitaine du Costa-Concordia, a fait le tour du monde : "Remonte à bord, crétin !" Et encore, vu le sens du mot "cazzo", je suis poli ! Mais qui d'entre nous, face à un tel défi, ne s'est senti interpellé ? Ne nous arrive-t-il pas souvent, nous aussi, de fuir, d'essayer de disparaître, de nous cacher, d'éviter que l'attention se porte sur nous, afin d'esquiver une responsabilité ou de nous dérober à un appel ?
Le capitaine du paquebot, on ne sait pas encore exactement pour quelle raison, peut-être, selon lui, parce qu'il serait tombé à la mer lors du chavirage, faisait alors des ronds dans l'eau dans sa chaloupe, accompagné de son commandant en second, tandis qu'une pagaille extrême régnait sur le bateau. La conduite honteuse de ce capitaine, refusant de remonter à son bord, où les survivants se débattaient encore pour atteindre les chaloupes, a été déplorable en effet. Pendant ce temps, pour l'honneur de la marine italienne, le commissaire de bord luttait, auprès des passagers, pour en sauver le plus grand nombre ; la jambe brisée, il n'a été sauvé que 36 heures après le naufrage. Tandis que l'adjoint au maire de l'île Giglio fut le dernier à quitter le navire, alors même qu'il n'était ni passager ni membre de l'équipage. "Ils ont restauré l'honneur perdu de la collectivité", a écrit "La Stampa".
Y aurait-il donc, dans notre humanité, des bons et des méchants, des héros et des lâches, des ordures et des saints ? Et si le commandant de la capitainerie, le commissaire de bord, l'adjoint au maire et bien d'autres dont malheureusement nous ne savons pas les noms, plutôt que des surhommes, étaient tout simplement des hommes normaux, faisant simplement leur devoir de frères, assurant leur mission naturelle de citoyens responsables ? Ne cherchant surtout pas à se vanter de l'action menée. J'aime bien ce qu'a déclaré aux journalistes le commandant De Falco, militaire de devoir : "Rendez-moi un service : oubliez-moi !" Mais l'Italie n'en a pas envie. Enfin, pas tout de suite. "Les héros sont modestes, c'est d'ailleurs à cela qu'on les reconnaît", ainsi que l'explique Philippe Ridet dans son article remarquable à lire dans le journal "Le Monde" daté du 24 janvier.
Relisons notre vie ! N'est-il pas temps pour nous de remonter à bord, dans la société, en famille, au travail, dans une association, sur la paroisse ou ailleurs ? Non pas pour notre gloire à nous, mais pour le service de nos frères. Et cela, même si, et même d'autant plus si le bateau coule, si on a une jambe brisée, ce qui pourrait nous servir d'excuse pour ne rien faire ; et même s'il fait nuit, si c'est la panique, si l'eau environnante et noire semble vouloir nous engloutir ; et même si nous regrettons les belles soirées festives et faciles, sur le grand paquebot, aux temps meilleurs.
"Remonte à bord, crétin !" Et si c'était un appel de nos frères ? Et si c'était un appel de Dieu !

jeudi 26 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.349 : Honneur aux commerçants

Quand nous circulons à pied dans les rues de nos cités, nous aimons bien admirer les vitrines des commerçants, surtout lorsque celles-ci sont attirantes, originales, présentées avec art et beaucoup de goût. L'on sent alors des commerçants qui aiment leur profession, qui aiment leurs clients également.
Ainsi, lorsque, récemment, je suis allé me faire couper les rares cheveux qui me restent chez Sonia, dans le Passage du Commerce (le bien nommé), en plein coeur de Fontenay-le-Comte, je me suis dit, en admirant son salon, qu'elle savait aussi faire autre chose que simplement couper les tifs des gens !
Lorsque l'on entre chez elle, voici ce que l'on peut lire, sur une affiche quasi-séculaire qu'elle a su récupérer : "La maison ne fait pas crédit, sauf aux personnes de plus de 95 ans, accompagnées par leurs parents". D'entrée de jeu, l'on comprend que l'on ne va pas s'ennuyer ! L'oeil est alors attiré en tout sens par une multitude d'objets les plus divers, depuis le téléphone qui date de 1924 jusqu'au fauteuil 1920 dans lequel l'on prend place, sans parler des fauteuils d'attente qui affichent à peine leurs 130 ans (1880 !), le tout sous une plaque en émail du plus bel effet, annonçant que nous sommes bien chez un "coiffeur".
Et voici, un peu pêle-mêle, ce que l'on trouve dans ce salon : un affuteur de lames, une tasse à moustaches, que l'on plaçait sous le nez du client, une brosse à moustaches, pour mettre celles-ci en valeur, un coupe-choux comme l'on en voyait dans notre enfance, un plat à barbe en faïence de Nevers avec, écrit au fond : "rasez-moi", un essuie-rasoir, bien utile quand on faisait la barbe, un hydro-cappe, datant de 1900 : ce système ingénieux que l'on utilisait, quand il n'y avait pas le service d'eau, pour mouiller les cheveux du client, des boîtes de lames bleues, un chauffe-pieds dans lequel on mettait de la braise, pour le bien-être des clients au coeur de l'hiver, des photos du temps jadis, des pubs d'époque également : "se raser devient un plaisir", "Gibbs, sa mousse ne sèche pas", "contre la chute des cheveux, le Capillozol détruit les pellicules, fait repousser les cheveux, les empêche de blanchir". Diable ! Que n'aie-je connu cette lotion plus avant !
Mais là où je veux en venir, et vous l'avez deviné, c'est qu'il est important de soutenir nos commerçants des centres-bourgs, de les valoriser, de les inviter au besoin à savoir se vendre, au sens le meilleur du mot bien sûr ; est-ce que ce n'est pas d'eux et nous réunis, en effet, que dépendent en bonne partie le vivre-ensemble et la vitalité de nos communes et de nos villes ?
Vous allez me dire : mais, aujourd'hui, à travers ce billet, est-ce que l'on ne s'éloigne pas de la spiritualité pour entrer dans le marketing ? Je ne crois pas ! Rien de ce qui est humain en effet, mais surtout, rien de ce qui fait bouger, se rencontrer, grandir un groupe social n'est étranger au projet de Dieu.
En tout cas, une chose est certaine : "Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu !" (Luc 21/18)

mercredi 25 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.348 : L'année du dragon et de la fraternité

Ce lundi 23 janvier, vous en êtes-vous aperçus ? Nous venons de quitter l'année du lapin pour entrer dans la très attendue année du dragon. La légende raconte qu'un certain nouvel an chinois, Bouddha appela à lui tous les animaux de la création en leur promettant une récompense, à condition qu'ils daignent se déranger. Douze animaux seulement se rendirent à cet étrange rendez-vous : le rat, le buffle, le tigre, le lapin, le dragon, le serpent, le cheval, la chèvre, le singe, le coq, le chien et le cochon. A chacun d'eux, Bouddha offrit une année qui porterait son nom. Selon la tradition, en Chine, le dragon est l'animal le plus puissant. Il paraît, en conséquence, qu'il porte chance. En tout cas, pour célébrer cette nouvelle année, plus d'un milliard d'Asiatiques se sont rassemblés dans les rues, dans un concert étourdissant de pétards censés éloignés les mauvais esprits. Vous en avez peut-être entendu un échantillon aux infos à la télé : impressionnant en effet !
Mais, me direz-vous, ça ne nous intéresse pas ; ce n'est pas notre culture ! Peut-être ! Attention cependant : les Chinois font partie de la même humanité que nous. Si différents soient-ils de nous, nous habitons la même planète, le même sang coule dans nos veines, et notre destin est lié à jamais. Comme le disait si bien le poète latin Térence (- 190, - 159 avant JC) : "Je suis un homme, et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger." Et Térence pouvait se permettre de parler ainsi : né en Afrique du Nord, à Carthage, jeune esclave africain, recueilli par un sénateur romain, pétri de culture grecque, ne résumait-il pas en sa personne une belle partie de l'humanité de son époque, dans sa diversité ?
Nous aurons beau faire, rien n'y changera : il nous sera désormais impossible de vivre comme si les autres n'existaient pas, comme s'il n'y avait que les Français, que les Vendéens, que les Bocains, que les chrétiens !
Je commentais hier, lors de la messe à la chapelle de l'Union Chrétienne, cet évangile de Marc (3/31-35) dans lequel, alors qu'on dit à Jésus : "Ta mère et tes frères sont là dehors qui te cherchent", celui-ci répond : "Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ?" Et, continue Marc, parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, Jésus dit : "Voici ma mère et mes frères(...)."
Une fois de plus, Jésus, le Frère universel, nous fait aller au-delà des liens qui nous unissent à nos proches ; il nous entraîne encore et toujours vers une fraternité qui n'a pas de frontière. Bouddhistes, Chinois, mais aussi, Arméniens, Turcs, ou encore, gens de droite, de gauche ou du centre en France, vous êtes mes frères. Et dans le Christ, nous osons croire que déjà, entre les Etats et dans les coeurs, la fraternité universelle est en train de l'emporter !

mardi 24 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.347 : Merci aux journalistes

L'Eglise catholique fête aujourd'hui saint François de Sales (1567-1622). Dans l'exercice de sa mission, François de Sales entreprit d'écrire des lettres à l'intention des gens qu'il ne pouvait atteindre directement. il innova d'ailleurs en faisant appel à l'imprimerie pour diffuser ses textes. Il les placarda dans de nombreux lieux publics. Ces publications imprimées de façon périodique sont considérées comme l'un des premiers journaux catholiques au monde. En raison de son usage novateur du progrès que constituait l'avènement de l'imprimerie, saint François de Sales est considéré par l'Eglise catholique comme le saint patron des journalistes et des écrivains. Sans doute également aussi, comme le saint patron des blogueurs, pourquoi pas ?
En tout cas, je voudrais en profiter aujourd'hui pour adresser un grand merci à notre frères et soeurs journalistes qui, malgré les difficultés, et même s'ils ne sont pas tous parfaits (le sommes-nous nous-mêmes ?), s'efforcent chaque jour de nous faire entrer au coeur de l'histoire du monde et de ses secrets ; en nous laissant toute latitude de faire appel à notre discernement d'adultes éclairés, bien évidemment.
Et si, au lieu de se plaindre d'eux, l'on prenait un peu de temps pour prier à leur intention, afin qu'ils se laissent guider par l'Esprit dans leur recherche de la vérité ? Le journaliste Karl Zéro disait qu'avant chaque émission, il faisait appel à l'Esprit-Saint. Et je ne suis pas prêt d'oublier ce journaliste-vedette de la radio nationale du Mali, à Bamako, Matthieu, venant me demander s'il pourrait recevoir le sacrement de Confirmation : "J'en ressens le besoin, me disait-il, afin de ne dire que des choses qui puissent aider mes frères et mon pays." Dans un pays d'immense majorité musulmane, mais très ouvert, cela veut dire quelque chose !
Vous vous souvenez de Georges Hourdin (1899-1999), fondateur de l'hebdomadaire "La Vie Catholique", qui fut le modèle par excellence du journaliste ? Puisse sa prière nous éclairer encore aujourd'hui !

"Seigneur Christ, père de tous les hommes, je viens vers toi avec l'intention de te rendre grâce pour cette profession de journaliste que j'exerce depuis longtemps avec amour et passion. Tu m'as conduit là par des chemins imprévus, là où je ne voulais pas aller. Je suis désormais un homme comblé par toi, Seigneur, parce que ma profession me donne des raisons de penser que l'Histoire profane n'est pas contraire à l'Evangile. Elle peut devenir une histoire sainte. Dans ce passage décisif, le chrétien journaliste peut servir de guide à quelques-uns. Aide-moi à mettre en lumière le bien qui est dans l'actualité. Aide-moi avant tout, Seigneur Christ, à me dépouiller de moi-même, de ce que je crois être ma supériorité."

lundi 23 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.346 : Avec les marins du Costa Ecclesia

Connaissez-vous la différence entre le Costa Concordia et le Costa Ecclesia ? Le premier vient de s'empaler tristement sur le rocher de la vanité et de la bêtise, tandis que le deuxième, depuis 2.000 ans, malgré les rochers et les tempêtes, continue de voguer, difficilement peut-être, mais clairement, vers l'infini de l'horizon.
C'est toute la différence entre le Titanic et l'Arche de Noé : l'un mène ses passagers au désastre, tandis que l'autre leur permet de sortir vivants, et même grandis, sauvés en tout cas, de l'épreuve assumée.
J'oubliais : il y a une autre différence entre le Concordia et le paquebot Ecclesia. Le premier avait pour but de faire passer un moment agréable et peinard à ses passagers, qui n'avaient que l'embarras du choix entre piscines, restaurants, soirées dansantes et farniente ; ils étaient simplement là pour se reposer et regarder les autres, les marins, le personnel, s'agiter, à leur service dévoué bien entendu, si sympathique soit-il. Sur le Costa Ecclesia par contre, pas de passagers ! Non, non ! Que des marins ! C'est-à-dire, que des acteurs, que des personnes actives, efficaces, priantes, servantes, pleines de foi, d'espérance et d'humour, animées d'un esprit d'équipe comme l'on en trouve sur ces formidables voiliers qui font le tour du monde, et où chacun joue un rôle irremplaçable et bien précis.
Problème : quand, sur un bateau, l'équipage est divisé, ou incertain, quant à la route à suivre ou aux manoeuvres à effectuer, cela risque de tourner mal, et le bateau peut chavirer ! Cela, Jésus nous le rappelle justement dans l'évangile de ce jour : "Si un royaume se divise, ce royaume ne peut pas tenir. Si une famille se divise, cette famille ne pourra pas tenir." (Marc 3/24-25) Nous savons que certains, sur le Costa Concordia, avaient conseillé au capitaine de ne pas s'approcher aussi près de la côte, mais celui-ci n'a pas voulu les écouter. Sur le paquebot Ecclesia, c'est malheureusement ce qui s'est passé lorsque, il y a près de 1.000 ans pour les orthodoxes, quelques centaines d'années avec les protestants, l'on n'a plus été d'accord sur le chemin à suivre... Il s'en est fallu de peu alors que ce grand navire aille précéder le Titanic dans les bas-fonds de l'océan de l'histoire ! Dieu merci, il n'en a rien été, même si les dommages ont été immenses ; mais non irréparables cependant. En effet, tout au long des siècles, il s'est toujours trouvé, sur ce paquebot, des marins qui n'ont cessé de manier avec foi, ferveur et ténacité, les avirons de la prière et de la fraternité.
Hier encore, lors de la messe solennelle de 10h30, devant une chapelle de l'Union Chrétienne archi-comble, avec le pasteur Michel Paret, nous avons fait de notre mieux pour permettre au Costa Ecclesia de poursuivre sa course avec détermination et enthousiasme, dans l'unité, déjà là, d'un même amour !

P-S : Il semble d'ailleurs que les marins présents ont apprécié les différentes initiatives prises, durant cette semaine de prière pour l'unité, pour faire avancer le bateau, si j'en crois, outre vos nombreux témoignages de satisfaction, ce mail reçu hier de la part de Dominique, adressé au pasteur Michel Paret et à moi-même :
"Juste un petit mot pour vous remercier et vous féliciter. A l'occasion des voeux oecuméniques, j'ai trouvé ce temps très réussi, vos interventions à chacun toniques. La cérémonie oecuménique, très réussie aussi, très beaux textes et interventions. Un grand merci de nous entraîner dans ce rapprochement ."

dimanche 22 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.345 : "Je suis contente de ma paroisse de Fontenay-le-Comte !"

Hier soir, à l'issue de la célébration oecuménique qui a rassemblé beaucoup de monde à l'église saint Jean, une paroissienne est venue me dire : "C'était vraiment très beau, très émouvant ! Il n'a manqué qu'une chose : on aurait dû applaudir à la fin !" Les membres présents de l'Eglise réformée de France étaient également enchantés. Cette fois-ci, c'est le pasteur Michel Paret qui a assuré l'enseignement, sur Marie, exemple du disciple du Christ : c'était tout à fait remarquable, merci à lui ! Cela ne peut que nous rendre pleins d'espérance par rapport à l'unité de nos Eglises, déjà bien avancée dans le coeur des chrétiens de toutes confessions. Il y a plusieurs dizaines d'années, le Père Yves Congar faisait la réflexion suivante : "Nous vivons une union des chrétiens sans union des Eglises." Mais n'est-ce pas merveilleux, déjà, que le peuple des chrétiens ait bien compris, au plus profond de lui-même, que nous ne formons qu'un seul et même corps, dans le Christ ? Michel Paret et moi-même, nous rendons grâce à Dieu pour cette chance de voir nos paroisses aussi engagées dans le dialogue oecuménique désormais : heureux curé, heureux pasteur !
Autre fait : hier matin, j'ai eu l'occasion d'échanger un peu en profondeur avec une jeune dame, à propos de divers sujets. A la fin de notre conversation, elle m'a dit, dans un grand sourire : "Moi, en tout cas, je suis contente de ma paroisse de Fontenay-le-Comte, dont j'apprécie l'ouverture, etc.., etc..." Ce qui est intéressant dans ce témoignage, c'est qu'il vient de quelqu'un qui n'est pas des plus engagés dans notre Eglise : "Oh, moi, je ne pratique pas ; je ne suis pas vraiment fidèle ! Mais je suis croyante. De l'extérieur, je vois ce qui se fait sur la paroisse, les initiatives qui sont prises, les efforts que vous faites, et je m'y retrouve tout à fait." Venant d'une jeune femme plutôt moderne, exigeante, bien dans sa peau, attentive à l'impact du message évangélique sur l'ensemble de la société, il m'a semblé que je pouvais vous livrer ce témoignage, comme un petit baromètre révélateur de la façon dont est perçue la paroisse par ceux qui ne la fréquentent pas mais la côtoient de l'extérieur, côté parvis. En tout cas, si je vous livre cette réflexion, c'est surtout pour vous remercier, vous, les paroissiens de saint Hilaire de Fontenay, grâce auxquels la paroisse peut être porteuse, à travers vous, votre façon d'être et les actions que vous menez, d'un message évangélique crédible, authentique, dans le service quotidien de l'Eglise et de vos frères.

samedi 21 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.344 : Chef d'entreprise

Surprise récente d'un paroissien apprenant qu'il existait, sur le Pays de Fontenay-le-Comte, deux équipes du mouvement "Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens" (EDC), réunissant mensuellement, chez l'un ou l'autre, des chefs d'entreprise désireux de réfléchir avec d'autres, à la lumière de l'Evangile, à propos de leurs responsabilités. De la même façon d'ailleurs qu'existent aussi chez nous plusieurs équipes d'ACO (Action Catholique Ouvrière), dont l'objectif est de relire leur vécu selon la grille "Voir, juger, agir", traditionnellement utilisée par les mouvements d'Action Catholique.
Eh oui, il peut y avoir, il y a, des dirigeants d'entreprise qui essayent, comme chacun de nous, de mettre leurs choix, leurs projets, leur vie, en conformité avec l'Evangile. Vous en connaissez forcément. De même que vous connaissez des dirigeants qui, quelle que soit la taille de leur entreprise, même s'ils n'ont que quelques salariés, se battent pour maintenir du boulot, ce qui, de nos jours, n'est pas une sinécure et mérite d'être souligné !
En réunion hier soir, les membres de l'une de ces deux équipes réfléchissaient autour du thème "Diriger en temps de crise", avec des questions telles que celles-ci : "Quelle vision avons-nous de cette crise, tant au plan local que national ou international ? Comment essayons-nous de réagir, de nous adapter ? Quel partage avec nos collaborateurs, qui travaillent avec nous, dans les divers secteurs de l'entreprise ? Comment préparer l'avenir ? Que nous dit l'Evangile par rapport à tout cela ? Une espérance est-elle possible ?"
Il est bon de savoir que des chefs d'entreprise savent prendre du temps, se donner des moments de recul, comme Jésus l'a fait : les décisions sont souvent difficiles à prendre en effet ; elles doivent être mûrement réfléchies, aller dans l'intérêt de tous. Ils essayent de prendre les plus respectueuses de chacun, disons, les moins mauvaises parfois, donner un regard d'espoir.
Nous nous disions hier soir que le dirigeant chrétien a en main des outils pour "réparer " ce monde et l'aider à progresser dans le bon sens : l'Evangile, la doctrine sociale de l'Eglise, les réunions EDC, la réflexion sur les réalités au plan économique, le temps de retraite proposé annuellement... Ces responsables d'entreprise sont très conscients d'avoir à jouer un rôle majeur, dans notre société, au niveau des choix économiques et humains, au plan des initiatives à prendre, des encouragements à donner : non pas critiquer ce monde et ses lenteurs, mais le servir, et créer des conditions qui élèvent l'homme et le rapprochent de ses frères.
D'ailleurs, comme ils se le redisent chaque fois : "Tout ce que nous sommes, nous le puisons dans le Christ ; il nous faut contempler le Christ, afin d'en tirer une vision cohérente pour notre mission au service de la société."
Si tel ou tel désirait des renseignements par rapport aux EDC, ou souhaitait rejoindre ce mouvement, qu'il se fasse connaître.
A chacun de nous, en tout cas, de mettre nos talents et de faire jouer notre intelligence et notre coeur au service de tous !

vendredi 20 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.343 : Le Café-Théo de l'unité

Si certains pensent que l'oecuménisme est en panne, ils peuvent avec intérêt venir faire un petit tour au Pays de Fontenay-le-Comte ! Le dialogue oecuménique un peu officiel a un peu plus de cent ans, depuis la Conférence d'Edimbourg en 1910. Et, depuis 1968, chaque année, du 18 au 25 janvier, se déroule la traditionnelle semaine - temps fort - en faveur de l'unité des chrétiens. Le 18, nous avions la soirée des voeux oecuméniques, dont "Ouest-France" rend compte de façon sympathique dans son édition de ce vendredi. Demain soir samedi, en l'église saint Jean, célébration oecuménique. Dimanche, à l'Union Chrétienne, messe pour l'unité des chrétiens. Au cours de ces deux cérémonies, prédication par le pasteur Michel Paret. Mercredi prochain, à l'Union Chrétienne, conférence par le pasteur Paret sur les Mennonites. Décidément, pour ceux et celles qui sont attachés à cette unité voulue par le Christ, les occasions de prier, d'agir, de se réconcilier et d'espérer ne manquent pas.
Au milieu de tout cela, un Café-Théo (le 15°), hier soir jeudi, sur "Le Vivre Ensemble", tiens donc, chez Serge, qui nous a fort bien accueillis, rue des Loges, dans son vaste bar "L'Arlequin". Une bonne quarantaine de personnes, extrêmement motivées, ont cheminé ensemble justement, sous la houlette pleine d'humour du pasteur Paret, la Bible à la main. "Il n'est pas bon que l'homme soit seul" en effet, dit Dieu ! Mais, entre la Tour de Babel de jadis et nos divisions et clans d'aujourd'hui, y a-t-il une grande distance ? L'humanité, il est vrai, peine à trouver son unité. Pas facile de vivre au rythme de l'autre, tant dans nos associations ou quartiers ici chez nous qu'à l'échelle du monde ! Les peuples eux-mêmes en effet doivent apprendre à exister ensemble.
Pour avancer dans cette convivialité, la tolérance ne suffit pas ! Ainsi que l'a bien souligné Jean-Christian, "ce qui est essentiel, plutôt que la tolérance, c'est le respect de la différence de l'autre."
C'est une grande richesse que de rencontrer des gens qui ne sont pas comme nous, vivent autrement que nous, dans la mesure où l'on se respecte mutuellement. Liberté, d'accord, mais à condition que cette liberté se vive dans la fraternité, et tout cela dans une réelle égalité, et non dans un sentiment de supériorité des uns par rapport aux autres. Le vivre ensemble en effet demande des règles et des lois, et aussi un certain abandon de ses propres tendances ou désirs, si l'on veut allumer un feu d'amour autour de soi. En sachant que l'on ne peut vivre ensemble que si l'on est profondément bien en soi.
Et si le vivre ensemble était tout simplement le fruit de l'équilibre intérieur de chacun, acquis dans le retrait, dans le silence, dans la nourriture reçue au contact de la Bible, de Dieu ou de l'infini de l'homme ? Saint-Exupéry a été cité à cet effet ! A chacun de nous alors de savoir être un efficace acteur de ce vivre ensemble, à son propre niveau comme, en même temps, dans le même mouvement, à l'échelle du monde !

P-S : La réflexion continue, témoin ce mail reçu ce matin de Marcel, qui participait hier soir au Café-Théo :

"Père Olivier
Suite au café théo d’hier soir, vivre ensemble, c’est aussi le rapprochement du cœur profond dans la prière personnelle pour les religions.
2 pistes :
- Adopter l’icône entre les orthodoxes, les protestants et les catholiques
- Transposer à notre manière les cinq piliers de l’Islam"

Bien évidemment, tout cela est à discuter et à adapter, "à notre manière", comme le dit bien Marcel, et sans rien délaisser de notre foi ; mais en nous enrichissant mutuellement en ce qui est possible et louable.
Toutes vos réactions sont ainsi les bienvenues ! Merci !

jeudi 19 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.342 : "Nous vivons l'ouverture !"

Hier soir, lors de la 2° soirée-voeux oecuménique organisée sur le Pays de Fontenay-le-Comte, la réaction de ce responsable d'une Amicale Laïque était significative de l'évolution en cours. Tandis que je lui faisais part de ma joie de l'accueillir, ce monsieur m'a répondu : "Nous avons reçu une invitation, nous avons trouvé normal d'y répondre. A l'Amicale, nous avons le souci de vivre l'ouverture à tous !"
Un certain nombre de maires étaient là également. Tel ou tel a pu pu dire qu'ils étaient là pour se faire voir, en vue des élections ; quitte à paraître naïf, je trouve un peu injuste ce type de réaction ! Et les présidents d'associations, le Capitaine représentant le CMFP, les responsables ou délégués des divers groupes qui étaient présents, étaient-ils là seulement pour se montrer ? Evidemment non ! En tout cas, ce type de soirée permet sans doute un intéressant brassage, non seulement entre catholiques et protestants, mais aussi, tout simplement, entre citoyens, habitants du Pays de Fontenay-le-Comte : les occasions ne sont pas si fréquentes de se retrouver ainsi, gratuitement, sans idées préconçues, dans une belle expérience du "vivre-ensemble".
En ce qui me concerne, j'ai trouvé passionnant d'avoir un peu de temps ainsi pour écouter les uns et les autres : ce responsable des Restos du coeur me faisant part de son expérience de la maraude, à la recherche nocturne des sans-logis ; une nuit, l'une de ces personnes que nous appelons trop vulgairement "clochards", éveillé, lui a expliqué, puisqu'il couchait dehors, avec quelle soif il attendait l'aube et le lever du jour : "Tout ce qui est beau, comme le lever du soleil, lui a-t-il ainsi confié, c'est Dieu ; et en plus, c'est gratuit." Notre responsable, encore tout retourné, ne regarde plus désormais le soleil se lever de la même façon !
Je pense aussi à cette Arménienne, en France depuis cinq ans, sans travail, sans papiers, après avoir dû fuir son pays... Je l'ai revue à la fin de la soirée ; je ne sais ce qui s'est passé, mais elle était toute joyeuse : elle a rencontré une personne, dans l'assistance, qui lui a offert de faire des heures de ménage ! Un petit miracle confirmant la pertinence de telles rencontres ! D'autre part, j'ai appris aussi qu'elle avait rencontré quelqu'un de la Pastorale des migrants, qui l'a invitée à la prochaine rencontre.
Je repense aussi à la joie de la responsable d'Amnesty International, prenant plaisir à faire part des diverses activités impulsées par son mouvement en faveur des personnes ou des peuples opprimés.
Aujourd'hui, alors que trop de signaux nous feraient croire que notre pays court à sa perte, de telles rencontres, en nous invitant à nous percevoir autrement, prouvent que ni l'économie, ni la maladie, ni la finance, ni la haine, ni la solitude, ni les divisions n'auront le denier mot, face aux forces de la vie et de la paix. Un autre monde est possible, grâce à la fraternité ; et ce monde, nous ne pourrons le construire que tous ensemble, à l'image de ce qui s'est vécu lors d'une telle soirée.
Avec un très grand merci à celles et ceux qui l'on préparée, organisée et animée, en nous faisant goûter de belles et bonnes choses : un goût d'éternité !

mercredi 18 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.341 : Le grand ou le petit Jésus ?

Les mots d'enfants sont souvent révélateurs, et ils peuvent aussi être interpellants pour nous, les adultes. Témoin ce fait qu'une catéchiste me racontait hier : Pierrot, appelons-le ainsi, en CE2, voyait sa catéchiste préparer la salle pour la prière, au début d'une séance de caté. Dans le coin-prière, habituellement, il y a une belle image de Jésus, le représentant lors de sa vie publique ; mais, à l'occasion de Noël, l'on a installé une crèche et prié à plusieurs reprises devant celle-ci ; Jésus dans sa mangeoire, tout petit, souriant, les bras grands ouverts, cela touche beaucoup les enfants. D'où la question de Pierrot quand est arrivé le moment de prier : "Madame, aujourd'hui, est-ce qu'on va faire la prière au petit Jésus ou au grand ?" Ah ! Vous n'y aviez pas pensé ! Et pourtant, la question n'est pas si saugrenue que cela ! Avec la différence que, nous, nous sommes des grands ! Du moins, le croyons-nous...
Ce qui serait grave, ce serait d'avoir perdu l'esprit d'enfance ! Lors de l'une des messes de Noël cette année, tandis que je me préparais à aller porter en procession l'enfant-Jésus à la crèche, sans que je n'aie rien dit, tous les enfants qui m'entouraient ont cherché, les uns après les autres, à toucher Jésus, les yeux éblouis ; j'ai trouvé cela merveilleux. Par contre, deux ou trois paroissiens, un peu blasés sans doute, m'ont fait remarquer, après la messe : "Vous aviez l'air fin, avec "votre" baigneur dans les mains !" En ajoutant, l'air un peu supérieur : "Jésus, le message de Noël, c'est quand même autre chose que ça !"
Bien sûr, je comprends ces adultes, qui craignent que l'on infantilise la religion et que l'on donne trop d'importance au petit Jésus par rapport au grand, ou que l'on fasse de lui une relique pieuse. Il faudra sans doute que j'explique mieux, à Noël prochain, pourquoi il était essentiel que Jésus nous apparaisse sous les traits d'un enfant. C'est toute l'importance de l'incarnation : Dieu s'est fait réellement enfant parmi nous ; de sa naissance à sa mort, il a été réellement homme. On ne peut pas minimiser son enfance, pas plus que sa mort réelle sur la croix.
Bien sûr, spirituellement, l'on peut être davantage sensible au Jésus adulte et actif durant sa vie publique ; mais il n'y a rien d'infériorisant à contempler Jésus-enfant, comme a su le faire, parmi tant d'autres, sainte Thérèse de l'enfant-Jésus, et vous comprenez pourquoi ! Nous sommes-nous suffisamment demandé pourquoi Jésus avait accepté, choisi de vivre, lui-même, la vie d'un enfant et ce que signifie ce symbole ?
D'autre part, dans l'ensemble de la Bible, depuis le petit Samuel (1° lecture de dimanche dernier) jusqu'au jeune David (1° lecture de ce jour), sans cesse, les enfants symbolisent les authentiques disciples, car "c'est à leurs pareils qu'appartient le Royaume des Cieux" (Matthieu 19/14). Quant au secret de la vraie grandeur, il est de "se faire petit" comme un enfant (Matthieu 18/4).
Moïse jadis dans son berceau d'osier sur le Nil, Jésus dans sa mangeoire à Bethléem : de quoi nourrir notre prière, notre espérance, comme celles des enfants !

mardi 17 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.340 : "J'apprends l'espagnol"

Hier soir, après la messe, en retournant au presbytère, je tombe sur un groupe de personnes échangeant gaiement. Nous nous saluons, et l'une d'entre elles, en laquelle je reconnais une paroissienne, me déclare : "On sort du cours d'espagnol. J'apprends cette langue car cela me permettra de mieux communiquer avec mes enfants, petits-enfants et leurs proches, qui vivent en Espagne."
Vous me direz : "Mais en quoi cela nous intéresse-t-il ? Vous n'avez pas de choses plus intéressantes, de faits plus marquants à nous commenter aujourd'hui ?" Si, j'aurais bien eu autre chose en effet, mais il m'a semblé que cette démarche était réellement digne d'attention, et qu'elle pouvait nourrir notre réflexion.
Lorsque je vivais au Mali, un sage m'avait alors révélé cet adage, d'origine musulmane, que l'on attribue au Prophète Mohammed, selon lequel, "plus l'on connaît de langues, plus l'on est homme !"
Autrement dit, si j'apprends que quelqu'un fait l'effort d'entrer dans une langue nouvelle, cela représente pour moi l'une de ces bonnes nouvelles dont ce blog est friant. En effet, cela veut dire que ce quelqu'un fait un pas en avant vers l'autre, afin d'essayer de mieux le comprendre, de découvrir au mieux qui il est en profondeur, d'entrer dans sa façon de voir, de découvrir sa culture, de se rapprocher de lui et du peuple particulier auquel il appartient.
Souvent, malheureusement, les peuples semblent s'opposer sur cette terre, comme si celle-ci n'était pas faite pour tous, comme si nous n'étions pas tous frères : quelle tristesse ! Au contraire, lorsque l'autre sent que vous faites l'effort de le comprendre, voici qu'il s'apaise et peut alors ouvrir son coeur, laisser éclater sa joie.
Au risque de vous fatiguer avec mes souvenirs personnels, je ne suis pas prêt d'oublier l'accueil chaleureux que je recevais, lorsque j'exerçais mon ministère sur Paris, sur la ligne de métro reliant St Denis à Châtillon-Montrouge : les Maliens étaient nombreux à l'emprunter ; ils s'exprimaient en bambara, la langue que j'ai essayé d'apprendre jadis à Bamako. Je les écoutais un moment, puis, j'intervenais dans la conversation. Très vite, leur étonnement de voir un "toubab" parler leur langue faisait place à une grande joie de se sentir reconnus, dans leur propre langue !
Apprendre la langue de l'autre, c'est en quelque sorte lui dire qu'il compte beaucoup à nos yeux ! De la même façon que Dieu a parlé la langue des hommes, et que nous, les humains, nous apprenons chaque jour un peu quelque chose du langage de Dieu !
"Alors, Yahvé étendit la main et me toucha la bouche, et il dit : "Vois, je place mes paroles dans ta bouche." (Jérémie 1/9) Puisse-t-il ne sortir de notre bouche que des paroles de fraternité ! Toute autre parole ferait de nous de ridicules, sombres et inutiles messagers de satan !

P-S : J'espère que vous n'avez pas oublié ! Demain mercredi, vous êtes tous invités aux voeux oecuméniques, organisés conjointement par l'Eglise catholique et l'Eglise réformée de France, qui auront lieu à la salle des OPS, entre 17h et 21h. Venez à l'heure que vous voudrez, restez le temps qu'il vous plaira. Belle occasion de rencontres autour de toasts, pâtisseries, boissons... A demain !

lundi 16 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.339 : Espoir, Amour

Samedi, hors paroisse, je suis allé rendre visite à un couple d'amis dont l'épouse souffre d'une maladie très grave. Ils savent tous les deux qu'il n'y a pas d'issue. En arrivant, ce qui m'a frappé, c'est de voir, écrits sur une simple ardoise, posée sur la cheminée, ces deux mots, en lettres majuscules : AMOUR, ESPOIR. J'ai fait celui qui n'avait rien vu et nous avons échangé tout un moment, avant de passer dans une autre pièce où j'ai remarqué une autre petite ardoise, placée elle aussi bien en évidence, avec ces deux mêmes mots. "Amour, Espoir", leur ai-je demandé, vous avez placé ces deux mots pour vous imprégner de leur force ?" "Oui, pour nous, c'est évident, l'espoir doit rester le plus fort, appuyé sur notre amour." Et le mari d'ajouter : "Dans ce genre de maladie, les médecins nous ont expliqué qu'il y avait à peine 5 à 10% de chances de guérison ; on veut y croire, et on fait tout pour cela." Quant à l'épouse, qui sent peu à peu ses forces la quitter, mais dont la tête est toujours aussi forte, elle ne baisse pas les bras non plus : "C'est incroyable, l'aide que l'on reçoit des voisins, et l'attention de tous à notre égard ! On se sent vraiment bien accompagnés, et cela nous aide beaucoup ! Les visites, les coups de fil nous font beaucoup de bien. On ne perd pas l'espoir. Et notre foi nous permet aussi de savoir où va notre vie !"
Cela m'a rappelé un très beau poème, que je me relis de temps en temps avec toujours autant de bonheur. Vous avez déjà certainement entendu parler de Nâzim Hikmet, ce poète turc qui est un des grands noms de la poésie mondiale. Ami de Picasso, de Jean-Paul Sartre, il a partagé, en 1950, avec Pablo Neruda, le Prix Mondial de la Paix. Suite à son combat pour la justice et la liberté, il a dû passer dix ans en prison dans son pays, loin de son amour. Je vous livre l'un de ses poèmes, qu'il a écrit en captivité en 1948 :

"Je suis dans la clarté qui s'avance
Mes mains sont toutes pleines de désir, le monde est beau.
Mes yeux ne se lassent pas de regarder les arbres,
les arbres si pleins d'espoir, les arbres si verts.
Un sentier ensoleillé s'en va à travers les mûriers.
Je suis à la fenêtre de l'infirmerie.
Je ne sens pas l'odeur des médicaments.
Les oeillets ont dû fleurir quelque part.
Et voilà, mon amour, et voilà, être captif, là n'est pas la question,
la question est de ne pas se rendre…"

Extrait de "Il neige dans la nuit et autres poèmes", éditions Gallimard, 2002, page 84.

Dans ce poème, le monde est beau ; et pourtant, il a été écrit tandis que son auteur était en prison ! Mais il semble nous dire que tant que la vie n'est pas détruite, il faut continuer à se battre pour la faire exister ! Merci à vous, cher couple, de nous y inviter !
Une pensée de saint Augustin pour nourrir aussi notre capacité d'espérance et d'amour : "La force du Christ t'a créé, la faiblesse du Christ t'a recréé."

dimanche 15 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.338 : La vie des communes

Tout d'abord, je voudrais remercier les maires de l'ensemble des 13 communes dont je suis le curé de m'avoir envoyé leurs voeux et invité, pour ceux qui en organisaient, aux cérémonies ouvertes à la population à l'occasion de la nouvelle année. Qu'est-ce que cela veut dire, sinon que la dimension religieuse est bien reconnue, chez nous, comme étant l'un des éléments qui compte au sein de notre société.
Ce que je retiens de ces rencontres m'a été fort bien résumé par le maire de Fontenay-le-Comte, M. Hugues Fourage, auprès duquel j'étais assis lors de l'une de ces réceptions dans la périphérie de Fontenay-le-Comte : "Il s'en fait des choses, dans toutes nos communes !" Voilà pourquoi je souhaite rendre hommage aux maires et à leurs équipes municipales pour la qualité du travail qu'ils réalisent ainsi au jour le jour, dans la discrétion le plus souvent, au service de leurs concitoyens. Et cela, même si tous ne veulent pas s'en rendre compte !
Aménager un stop, améliorer l'éclairage public, entretenir des chemins centenaires, créer un sentier pédestre, ouvrir une supérette, lancer une bibliothèque, développer l'emploi, assurer les services sociaux, être attentifs à ceux qui traversent des épisodes douloureux dans leur vie, soutenir le tissu associatif, réparer les cloches de l'église..., ce sont mille soucis qu'il faut avoir à l'esprit, et une multitude de projets qu'il faut sans cesse préparer, suivre et faire aboutir, dans l'intérêt de tous. Mais tout cela n'est pas facile ! Comme l'a souligné Mme Marie-Jo Chatevaire, conseillère générale : "La vie d'un élu n'est pas un long fleuve tranquille !"
J'ai bien apprécié aussi que, chaque fois, les maires, après avoir présenté leurs projets, ont quasiment tous posé la question suivante, que M. François Brunet, maire de Fontaines, exprimait ainsi hier soir : "Et si l'essentiel était ailleurs, dans la qualité du vivre ensemble ?" Juste auparavant, tandis que je me trouvais à Velluire, M. le Maire, Dominique Pillette, déclarait également : "De temps en temps, il faut savoir faire une pause, pour trouver la force de croire." Croire qu'il vaut la peine de se battre ! Dans un contexte économique incertain en effet, la tentation serait grande de se décourager. Il n'en est rien, heureusement, dans nos communes du Sud Vendée, dont il nous faut arrêter de douter, ainsi que nous y invite Mme Chatevaire : "Pour ne prendre que l'exemple du taux de chômage, celui-ci est de 7,8% dans le Sud Vendée, contre 7,4% dans le reste du département." Arrêtons donc de douter de nous-mêmes, et travaillons tous ensemble à ce que notre région continue d'avancer et de progresser.
Pour conclure, je vous livre cette réaction reçue par mail, avant-hier, de la part d'un maire d'une commune du Sud Vendée, suite à un de mes récents billets : "J'essaierai de m'inspirer des dix commandements de l'homme politique." Plusieurs réactions me font penser que ce billet a été très apprécié, et le commentaire avisé d'Henri l'a bien confirmé. N'hésitez pas à le relire : il s'adresse aussi à chacun de nous en tant que citoyens !
Relisons au besoin la lettre publiée par les évêques de France le 3 octobre dernier : "Nous ne pouvons pas attendre du pouvoir politique plus qu'il ne peut donner(...) Il convient de ne pas se laisser entraîner par des calomnies ou des médisances, de rechercher avec précaution ce qui est vrai et ce qui est juste(...) Depuis longtemps, avec d'autres, le pape et les évêques appellent chacun à reconsidérer sa manière de vivre , à privilégier l'être plus que l'avoir, à chercher à promouvoir un "développement intégral" pour tous."
A méditer !

samedi 14 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.337 : Mais jusqu'où va la tâche des prêtres ?

Sur la paroisse de Fontenay-le-Comte, nous avons perdu trois prêtres en un an : les abbés Daniel Bouleau, Christian Allemand et Antoine Nouwavi. Jusqu'en juin, Antoine garde les eucharisties dominicales et le suivi de divers groupes, mais nous ne serons plus que deux à porter la tâche pastorale au jour le jour, avec ses diverses activités et ses multiples imprévus : l'abbé Loïc Bellais et moi-même. Sans oublier cependant le rôle important joué par le diacre de la paroisse, Jojo, dont nous sommes très proches. Bien sûr, l'appui de deux prêtres retraités est apprécié, mais ils ont l'un près de 80 ans et l'autre 87 ans... Il ne serait ni respectueux pour eux-mêmes, ni réaliste face à l'avenir, d'attendre trop de leur part et plus qu'à un tel âge ils ne peuvent donner !
Vous n'êtes pas restés sans réagir face à une telle situation ! Une dame est venue me dire : "Je vois que votre charge est lourde ! Si vous voulez, je peux venir assurer des services, si cela peut vous soulager." Loïc me disait avoir reçu des mails de soutien de la part de divers paroissiens ; Dieu merci, il est plein d'enthousiasme et dans la force de l'âge ! Plusieurs aussi se sont inquiétés de ma santé, en nous demandant : "Comment allez-vous faire pour tout assurer ?" L'un de vous s'est exclamé : "Mais jusqu'où peut aller la tâche des prêtres ? Est-ce que c'est sans limite ?"
En tout cas, nous n'avons plus le droit d'être malade, comme je le dis parfois avec un brin d'humour ! Et même, ne nous voilons pas la face, d'ici quelque temps, il peut n'y avoir plus qu'un prêtre sur Fontenay-le-Comte, sans parler de la paroisse voisine de Fontaines, dont je suis également le curé. Quant à la retraite à 60 ans, quand j'y songe, cela me fait sourire ! Tandis que les 35 heures, je les apprécie tellement que je les fais trois fois par semaine, à près de 70 berges, au grand effroi de mon médecin.
Il va donc falloir tailler dans le vif, et assez vite, et nous avons déjà commencé une réflexion, en conseil de paroisse, par rapport au nombre de messes par exemple. D'autre part, il ne sera plus possible sans doute de participer à toutes les réunions de mouvements, d'avoir la messe automatiquement lorsque c'est souhaité pour les sépultures, etc.
Heureusement, Loïc et moi, nous sommes énormément soutenus par les paroissiens, qui font déjà tout leur possible pour nous encourager et nous soulager. La collecte paroissiale en cours, au bout de trois mois seulement, et il en reste neuf, est en train de crever le plafond, signe de votre accord profond avec la pastorale conduite sur notre paroisse. Je sais aussi que, vous qui lisez ces lignes, vous êtes en communion fraternelle avec nous. N'ayant plus suffisamment le temps de faire des visites à domicile, comme je l'aimerais, je me rends chez vous par l'intermédiaire de ce blog, pour vous accompagner quand même, spirituellement et par la prière. Je me console ainsi en me disant que je rencontre 300 personnes chaque jour, ce qui n'est pas superflu, et compris de vous unanimement.
Je lance aujourd'hui un appel, solennellement. J'invite toutes les personnes qui le peuvent, de tous âges, à se faire connaître pour servir notre Eglise ! Venez nous voir, Loïc et moi, et nous verrons ce qui peut vous être confié comme mission, matérielle ou autre, même toute petite, en fonction du temps dont vous disposez, mais aussi de vos goûts, affinités et possibilités. Auparavant, vous pouvez relire le petit guide des activités paroissiales à votre disposition dans les églises, afin d'y rechercher éventuellement des pistes possibles d'activités. Mais le mieux sera que vous en discutiez entre paroissiens, ou avec nous, afin d'y voir plus clair.
En tout cas, Loïc et moi, nous comptons sur vous pour ne pas nous abandonner, et afin que la tâche des prêtres ne reste pas sans limite effectivement.
De toute façon, c'est le Seigneur qui appelle ! C'est lui qui nous anime et nous invite à faire fructifier le ou les talents qu'il nous a confiés. Ne les enfouissons pas dans le sol de notre petite vie tranquille de tous les jours. Mais mettons-les au service, non d'abord des prêtres de la paroisse, mais de tout le Peuple de Dieu dont nous sommes les acteurs joyeux et vivants.
Avec par avance, de la part de Dieu, un immense merci !

vendredi 13 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.336 : Les dix commandements de l'homme politique

Dans son numéro du 1° décembre dernier, l'hebdomadaire "La Vie" présente une photo extraite du célèbre film de Cecil B. DeMille : "Les Dix Commandements" (1955), dans lequel Charlton Heston incarne Moïse de façon magistrale. L'on y voit l'acteur au regard de braise, sous un ciel d'orage, brandissant du haut de la montagne les Tables de la Loi ; mais en l'occurrence, le contenu de celles-ci a été remanié par les experts du journal "La Vie". Cela donne les dix commandements de l'homme politique, dont nos responsables auraient effectivement grand intérêt à s'inspirer, qu'ils soient croyants ou non, s'ils veulent remplir réellement leur mission. Le billet ci-dessous tente de résumer, tant bien que mal, l'article excellent du journal "La Vie", que je remercie et auquel je vous renvoie (n° 3457).
1 - Tu serviras le bien commun.
Relisons la constitution pastorale "Gaudium et Spes" (Les joies et les espoirs), ce texte fondamental du concile Vatican II : "Que tous les citoyens se souviennent à la fois du droit et du devoir qu'ils ont d'user de leur libre suffrage en vue du bien commun." Le jésuite Paul Valadier définit ainsi le bien commun : "Il s'agit, d'une part, d'assurer la qualité des biens matériels, la propriété, la sécurité, la prospérité de la commune ou du pays, et d'autre part, de s'intéresser à l'immatériel : favoriser le vivre ensemble."
2 - Tu porteras attention au plus faible.
"Maudit soit celui qui porte atteinte au droit de l'étranger, de l'orphelin et de la veuve, selon l'Evangile", rappelle Etienne Pinte, député UMP des Yvelines, engagé pour la défense des immigrés. De son côté, Pierre Dharréville, élu PC des Bouches-du-Rhône, se reconnaît dans la radicalité du message du Christ et cite l'épître de saint Jacques : "C'est par les actes que je te montrerai ma foi."
3 - Tu respecteras ton adversaire.
En politique, on prend des coups. On se trouve amené aussi à en donner ! Cependant, "tout n'est pas permis", affirme Bernard Gérard, député UMP du Nord. Ce qui avilit l'adversaire, trahit ou discrédite sa pensée, ce qui frappe l'homme plutôt que ses idées n'est pas chrétien.
4 - Tu te méfieras de l'argent.
Qui se comporte aujourd'hui comme le général de Gaulle, ainsi que nous le raconte "La Vie" ? Quand il organisait des goûters pour ses petits-enfants à l'Elysée, il faisait un chèque au trésor public, distinguant ainsi dépenses privées et publiques.
5 - Tu ne mentiras pas à tes électeurs.
Le langage véhicule parfois des mensonges, du non-dit, des contre-vérités, voire des rumeurs. Or, rappelle Jérôme Vignon, l'ancien bras droit de Jacques Delors, "la démarche évangélique est une quête de vérité et de lumière."
6 - Tu repousseras la vanité.
Ainsi que le résume Pierre Dharréville (PC), "être trop médiatique fait perdre de vue l'humilité, ce pourquoi on s'est engagé. On finit par ne penser qu'à soi seul, on peut représenter la solution, ce qui est faux bien sûr !"
7 - Tu cultiveras l'amitié.
Plus on a de pouvoir, plus il est difficile d'accepter la critique. "Il faut des conseillers qui sachent dire : attention, tu es en train de dérailler", explique le P. Valadier. Machiavel soulignait que le Prince soit se méfier de son entourage, des flatteurs, et ne pas hésiter à changer d'amis.
8 - Tu feras preuve de vigilance.
Alors que les pressions se font de plus en plus insistantes et dans tous les domaines, comment se donne-t-on le temps de la réflexion, et par quels moyens ? Comment faire l'effort de discerner avant de parler ou de légiférer ? La vigilance, vertu négligée, est pourtant mise en avant par Jésus quand il lance à ses disciples : "Veillez."
9 - Tu assumeras les compromis.
Ecoutons Mgr Vingt-Trois : "Dans les décisions politiques, nous devons soigneusement distinguer ce qui relève de l'impossibilité de conscience et ce qui relève d'un choix encore acceptable, même s'il ne correspond pas totalement à nos convictions. Une sorte de théorie du "moindre mal" que Mgr Vingt-Trois préfère nommer "le meilleur possible", qu'il s'agit, écrit-il, de "promouvoir humblement, sans illusion ni défaitisme, et simplement avec réalisme." La politique ne choisit pas le bien en soi, mais le moindre mal. Le consensus majoritaire est toujours moins ambitieux que l'idéal religieux en effet !
10 - Tu n'idolâtreras pas la politique.
La tentation est grande de se croire tout-puissant, de viser une logique de carrière. Or, l'homme politique doit se souvenir qu'il est seulement un homme, élu pour le service de ses frères, et pour un temps seulement.
Que nous soyons élus ou simples citoyens, souvenons-nous de ces dix commandements !

jeudi 12 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.335 : Témoin de l'Evangile à 93 ans

Désormais, depuis deux ou trois ans, je ne peux me déplacer en Vendée sans que l'on me parle de ce blog ; mais ce n'est pas cela qui importe ! Ce qui est intéressant, c'est que vous, chers lecteurs, vous soyez des centaines chaque jour à trouver dans ces billets quotidiens nourriture pour l'âme et espérance pour l'humanité. Il est évident en effet que si ces quelques lignes quotidiennes ne représentaient pour vous aucun intérêt, vous ne prendriez pas la peine de vous connecter et vous auriez bien raison. Par contre, si ce blog vous fait réagir, s'il vous remue quelque part, s'il contribue à semer dans votre coeur quelques graines de bonheur, j'aurai accompli ma mission.
Je voudrais souligner en même temps que je considère de mon devoir de mettre l'accent avant tout, non sur les noirceurs et insuffisances du monde et celles de mes frères, mais bien sur ce qu'ils réalisent de beau et de bien, sur ce qui fait honneur à l'humanité. Réaliser "un blog de bonnes nouvelles", comme le soulignait Dominique de Beaupré dans un commentaire récent, telle est bien effet mon ambition !
Passons à la bonne nouvelle du jour : hier, je rendais visite dans une maison de retraite, hors de la paroisse, à une dame de 93 ans. "Ah ! Je m'en allais arroser les fleurs dans le petit jardin. Dans les couloirs, je salue tout le monde, même ceux et celles qui n'ont plus trop leur conscience. Tout à l'heure, j'en ai reconduit une vers sa chambre : elle était perdue. Le matin, je lis le journal, et je raconte aux uns et aux autres ce que j'ai appris, ce qui peut les intéresser. Je vais toujours aux ateliers, et j'aide l'animatrice pour les petites activités qu'elle nous propose. Souvent, je discute avec les filles qui s'occupent de nous ; elles nous aiment bien, mais elles n'ont pas beaucoup de temps ! Elles font un travail difficile et je les sens fatiguées, surtout celles qui viennent de loin. L'autre jour, l'une d'elles m'a dit qu'elle ne croyait plus en Dieu. Je l'ai écoutée et lui ai demandé pourquoi. Elle m'a expliqué, mais quand je lui ai dit que j'étais croyante, ça l'a étonnée. J'ai essayé de lui dire pourquoi je mettais ma confiance en Dieu. J'ai ajouté que je prierais pour elle chaque jour, et elle a paru très touchée ; elle m'a remerciée. Et quand je lui ai dit que je ne cherchais pas à la convertir, elle a souri."
Cette petite dame, âgée, courbée, pourrait passer son temps et dépenser son énergie à répandre du fiel sur tout ce qu'elle touche ! Mais non ! Bien au contraire, elle laisse l'Esprit-Saint faire monter à son esprit et faire surgir de ses lèvres uniquement des pensées et des mots d'espérance et de fraternité ! Quel bel exemple ! Oui, vraiment, les témoins de l'Evangile sont présents et actifs, à tout âge, partout et toujours, au milieu de nous ! Merci, Seigneur !

mercredi 11 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.334 : Tâchez d'être heureux !

Je dois de plus en plus me méfier de ma mémoire ; je ne me souviens plus de la personne qui m'a fait parvenir il y a quelque temps - qu'elle en soit remerciée - le texte suivant, plein de sagesse, d'un auteur inconnu ; en tout cas, je me fais un plaisir de le livrer à votre méditation, avec quelques compléments.
"Allez tranquillement parmi le vacarme et la hâte, et souvenez-vous de la paix qui peut exister dans le silence. Sans aliénation, vivez autant que possible en bons termes avec toutes personnes. Dites doucement et clairement votre vérité ; écoutez les autres, même le simple d'esprit et l'ignorant ; ils ont eux aussi leur histoire. Evitez les individus bruyants, fielleux, cyniques et agressifs : ce sont de pauvres gens, sans idéal et sans culture, qui ne savent que critiquer et détruire ; ils sont une vexation pour l'esprit, une honte pour l'humanité. Jouissez de vos projets, de vos espérances et de la vie qui passe. Soyez vous-même. Prenez avec sagesse le conseil des années, en renonçant avec grâce à votre jeunesse. Fortifiez-vous intérieurement, afin d'être protégés en cas de malheur soudain. Ne vous chagrinez pas avec des chimères, ne courez pas après l'impossible. De nombreuses peurs naissent de la fatigue et de l'incompréhension. Prenez votre distance avec le réel. Vivez dans une certaine discipline, mais en demeurant doux avec vous-même. Rappelez-vous que vous êtes un enfant de l'univers, et qu'il vous faut vivre en harmonie avec vos frères, pas moins que les arbres et les étoiles. De toute façon, qu'elle soit claire ou non, votre vie se déroule imperturbablement. Sachez prendre vos responsabilités, afin que le cours du temps ne vous entraîne pas dans une voie sans issue. Soyez en paix avec Dieu, quelle que soit votre conception de lui, et quels que soient vos sentiments ou vos rêves. Dans le désarroi bruyant de la vie, gardez la paix dans votre âme. Malgré ses perfidies, ses besognes fastidieuses, ses ratés de santé et ses rêves brisés, le monde est pourtant beau, et l'humanité peut redevenir plus fraternelle. Si vous y mettez du vôtre bien sûr ! Si vous tendez en permanence la main à vos frères, et si vous levez quand il le faut les yeux vers le ciel, pour y trouver lumière, force et paix. Prenez attention aux autres et à vous-mêmes, et alors, quelle que soit votre condition, vous serez heureux !"
Pour compléter, ou plutôt, assurer les bases d'une telle réflexion, je vous invite à méditer également le psaume 4 :
"Ils sont nombreux à dire : "Qui nous fera voir le bonheur ?"
Fais lever sur nous la lumière de ta face, Seigneur !
Tu m'as mis plus de joie au coeur qu'au temps où abondait leur blé et leur vin.
Pareillement comblé, je me couche et m'endors,
Car toi seul, Seigneur, me fait demeurer en sécurité."

mardi 10 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.333 : Bonne nouvelle au Nigéria

Puisque tant de gens s'obstinent à faire circuler sur le Net toutes sortes d'infos inexactes et de vidéos incitant à la haine entre chrétiens et musulmans, je voudrais vous partager aujourd'hui un fait dont personne ne parlera dans les médias. Cela s'est passé le 30 décembre dernier. A bord de l'avion présidentiel qui décolle de Niamey à destination d'Abuja, la capitale politique du Nigéria, se trouvent le Ministre des Affaires Etrangères, un député, un conseiller du Président de la République du Niger, le Président de l'Association Islamique du Niger et l'Archevêque de Niamey, de qui nous tenons cette information. Ils sont envoyés en mission officielle au nom du Président de la République du Niger afin d'apporter un message de compassion au peuple du Nigéria, meurtri par les événements douloureux de la nuit de Noël où 50 chrétiens ont été massacrés par des membres de la secte Boko Haram.
Voici quelques extraits du compte-rendu qu'a fait de cette mission Mgr Michel Cartatéguy : "Le président de l'Association Islamique du Niger, Cheick Ismaël, reçoit lui-même, régulièrement, des messages pour lui dire qu'il n'est pas dans la droiture de l'Islam. "Nous devons être vigilants, m'a-t-il dit, et combattre ensemble ceux qui veulent nous diviser. Nous devons faire la paix et l'unité en interne, sinon, les diviseurs qui nous guettent pourront profiter de notre faiblesse pour nous dresser les uns contre les autres. Monseigneur, tous les deux, nous sommes dans la même situation et nous ne devons pas nous décourager".
Arrivés au palais présidentiel, en présence du Président de la République du Nigéria, Goodluck Jonathan, le Ministre nigérien demande aux deux religieux de la délégation de faire une prière. L'Iman prononce une Fatiha en arabe et moi, une prière circonstanciée sur la paix et le pardon à partir du Notre Père.
Le Président de la République du Nigéria nous a remerciés très chaleureusement pour cette visite qui le touche profondément. Il souligne l'originalité de cette mission composée de l'Iman et de l'Archevêque. C'est le signe que ce qui se passe au Niger peut advenir aussi au Nigéria. C'était suffisant pour déceler chez les autorités politiques du Nigéria l'émotion de nous voir auprès d'elles pour traduire la compassion du peuple nigérien. Le Président Nigérian a manifesté sa détermination à combattre la secte Boko Haram qui n'a rien à voir avec la religion.
Puis, c'est l'heure de la grande prière à la mosquée du Vendredi. La délégation est entrée à la mosquée pour la prière et je suis resté dans la voiture. De la cour de la mosquée, j'ai aperçu la croix de la cathédrale et je me suis mis à prier en communion avec tous ceux qui priaient à quelques mètres de moi. J'ai prié aussi pour tous ces fanatiques qui continuent à perpétrer des actes ignobles et qui n'ont dans le coeur que la haine. A nos yeux de chrétiens et de musulmans, soucieux du message de paix, de respect et de tolérance que Dieu nous enseigne, ces terroristes, manipulés et embrigadés par des idéologies destructrices, ne peuvent aucunement se réclamer de Dieu. Leurs barbaries sans nom ne trouvent aucune justification, surtout pas dans les Livres Saints.
A l'atterrissage, au retour à Niamey, de nombreux journalistes attendaient, caméra au poing, avec tous la même question : "Quel message leur avez-vous apporté ?" Le Ministre des Affaires Etrangères de répondre : "Au Niger, on a un autre sens des relations entre les confessions, nous vivons en très bonne harmonie. Comme quoi, ce qui est en cause, ce ne sont pas les religions, mais plutôt les hommes qui ont des agissements politiques et qui ne méritent pas de s'adosser à des religions pour se comporter ainsi."
A la sortie de l'aéroport, Issaka, le chauffeur, me dit que la secte Boko Haram vient de faire exploser une bombe à la mosquée de Maiduguri. Elle s'attaque aussi aux musulmans... Le lendemain, une forte délégation de dignitaires de la communauté musulmane est venue à l'Archevêché de Niamey nous souhaiter "Bon Noël", et nous nous sommes promis de continuer à fraterniser pour aller vers Dieu par nos chemins particuliers."
Merci, Monseigneur, pour ce magnifique témoignage. Et surtout, chers amis blogueurs, ne vous laissez pas rouler dans la farine par ceux qui veulent vous faire croire que tous les musulmans veulent la mort de tous les chrétiens !

lundi 9 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.332 : Dieu intéresse-t-il toujours ?

La question est peut-être mal posée, mais vous comprenez tous ce que je veux dire, et c'est le principal ! De nos jours en effet, parce que la fréquentation des églises n'est plus celle que les anciens ont connue dans leur jeunesse, parce qu'il y a des critiques publiques par rapport à l'institution "Eglise", parce que les jeunes ne conçoivent pas les temps de prière et la manière liturgique de célébrer de la même façon que les personnes plus âgées, nous aurions tendance à conclure que Dieu n'intéresse plus nos contemporains et à nous considérer comme "les derniers des Mohicans" ! Cela me laisse toujours un peu rêveur ! Mais de quelle Eglise rêvons-nous en effet ? Et quel est le Dieu en qui nous avons mis notre foi ? Aurions-nous oublié qu'il est venu dans la nuit, que bien peu de personnes étaient là pour l'accueillir, qu'il a partagé notre existence au milieu des hommes dans l'ombre pendant trente années, qu'on l'a critiqué, insulté, et en finale éliminé ? Désirerions-nous par hasard jouir d'un statut plus tranquille que le sien ? Aurions-nous oublié que "le disciple n'est pas au-dessus du maître" (Matthieu 10/24), et que le projet de vie des chrétiens ne peut être ni plus paisible ni plus simple que celui de Jésus ? Tout en regardant les journaux de la semaine, je suivais d'un oeil, hier soir, le superbe film de Francis Ford Coppola, "Le Parrain", dont les dernières images m'ont horrifié : l'on y voit l'un des chefs de la Mafia, interprété par Al Pacino, participer au baptême de son petit-fils et répondre sans broncher, aux questions du prêtre lui demandant d'exprimer, en tant que "parrain", au nom de l'enfant, comme cela se faisait dans l'ancien rituel du baptême, s'il était prêt à marcher toute sa vie dans la lumière de l'Evangile ; et le chef mafieux de répondre "oui" sans sourciller. Le lendemain même, apprenant que le père de cet enfant, son gendre, l'a trahi, il le fait étrangler, dans une scène hyperviolente, toujours sans sourciller ! A cette époque pourtant, les églises étaient pleines, en Sicile comme en Italie ou en France ; comme quoi !!! La scène se passe dans les années cinquante en effet.
Hier matin aussi, j'allais dire : "encore", l'église saint Jean était remplie de jeunes couples, et des dizaines d'enfants étaient présents pour notre messe mensuelle des familles, toujours très priante et très enjouée. Au cours de celle-ci, deux filles, Clara et Charlotte, ont exprimé devant tous leur désir de recevoir le baptême. Charlotte nous a dit que c'est parce qu'elle aimait Jésus ; Clara, plus âgée, sans papier, a fait devant tous, une véritable profession de foi : "Je veux rentrer dans la famille des chrétiens !" Je lui ai répondu : "Ta famille est là, autour de toi, pour te soutenir et prier pour toi." Et nous les avons applaudies. Elles n'étaient que deux ? Mais Jésus aussi a rencontré et appelé ses disciples un par un, ou deux par deux ! En tout cas, je me suis permis de souligner que ces deux jeunes représentaient bien hier, dans notre église, la preuve que Dieu continue d'intéresser, d'appeler, d'inviter, parmi nos contemporains, jeunes ou plus anciens, tous ceux qui acceptent d'ouvrir leur coeur, comme les rois mages, humblement, à sa lumière !
Vue dans ce sens, l'Eglise-institution intéressse toujours ! Ces jeunes filles l'ont bien compris, qui y reconnaissent leur famille et veulent y entrer ! D'ailleurs, n'est-ce pas l'Eglise qui leur a révélé le vrai visage de Dieu ?

dimanche 8 janvier 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.331 : Marcher vers une étoile

Chaque année, au moment de la fête de l'Epiphanie qui met en scène ces sages partis de l'Orient lointain, guidés par une étoile, à la recherche d'un mystérieux Enfant, je me souviens d'avoir jadis, au Mali, retrouvé mon chemin grâce à une étoile justement.
Puisque l'Epiphanie, chaque année, c'est, dans l'Eglise universelle, la fête des Eglises d'Afrique, je me permets de vous citer ce petit fait. Je me trouvais sur une piste, au Mali, en route vers un village, avec un jeune malien, lorsque la nuit est tombée. Suite à quelques imprévus, nous étions en retard. La route à suivre n'était pas évidente. Le jeune qui était avec moi me dit alors : "De toute façon, il faut suivre ces étoiles, c'est dans cette direction." Il parlait de la Croix du Sud, cet ensemble de quatre étoiles, invisibles dans le ciel de l'hémisphère nord, qui forment une sorte de croix, sous les Tropiques, juste au-dessus de l'horizon. Effectivement, même s'il nous fallait parfois largement obliquer pour trouver un chemin, nous savions vers où, finalement, nous devions nous diriger.
Eh bien, c'est un peu cela, l'histoire de l'humanité. Les jeunes du collège Saint Joseph l'ont fort bien mimé, dans leur scénette dont je vous ai parlé dans mon billet d'hier, vendredi dernier : l'on voyait les trois rois mages cheminer dans la grande salle, les yeux fixés sur l'une de leurs camarades qui portait une étoile resplendissante sur le visage. De temps en temps, celle-ci se camouflait dans un coin de la salle, et les mages ne savaient plus où aller. Puis, finalement, cette étoile s'arrêta au-dessus de la crèche placée sur la scène, et les mages purent enfin reconnaître leur Seigneur.
Eh bien, dans nos vies, c'est la même chose : nous avançons vaille que vaille ; mais sans lumière, sans berger, sans étoile, nous risquons de nous perdre dans la nuit. Certains disent : "Mais pourquoi l'étoile divine disparait-elle si souvent ?" Est-ce bien si sûr ? N'est-ce pas plutôt nous qui regardons du mauvais côté, ou qui gardons les yeux fixés à terre, au lieu de les lever vers le ciel et vers les hauteurs de l'espérance et de l'avenir ?
Je nous invite tous à suivre ce merveilleux conseil du philosophe Martin Heidegger : "Marcher vers une étoile, rien d'autre !"