Hier, en la fête du Jeudi-Saint, j'ai assuré la cérémonie d'action de grâce et d'au-revoir d'une de mes jeunes soeurs, Monique, décédée d'un cancer du foie. On m'a demandé le texte de l'homélie, le voici.
Monique, réjouis-toi ! Il y a plein de gens qui t’aiment autour de toi ! Parlons-en ensemble !
Vous avez suivi les nouvelles
dernièrement ? Depuis vendredi
dernier, c’est un grand choc au Royaume-Uni. Kate, la princesse de Galles, âgée
de 42 ans seulement, vient d’annoncer à son peuple, pâle et fatiguée, qu’elle
était atteinte d’un cancer. Comme
Monique, elle vient d’être opérée à l’abdomen.
Tout le monde se pose des questions quant à son avenir. Tandis que le roi lui-même, Charles III, lui
aussi atteint d’un cancer, vient d’arrêter toutes ses activités
Pourquoi je vous parle de cela ? Mais parce que, que l’on soit puissant ou misérable, que l’on soit célèbre ou non, que l’on habite à Buckingham Palace, au château de Windsor ou à La Taillée, la maladie et la mort guettent chacun de nous. Et elles s’attaquent à notre santé, à nos familles, à celles et ceux que nous aimons, comme un monstre qui voudrait nous dévorer de l’intérieur et nous faire tomber dans le néant.
Question : comment peut-on continuer à vivre, tranquillement, à rire malgré tout, et aussi à espérer, quand l’un d’entre nous souffre et meurt ?
Monique, avec Jean, tu as eu de beaux enfants et six belles petites filles ; toute ta vie, tu as semé des fleurs chez toi et par ton amour des autres ; tu as accompagné de nombreuses familles en deuil ; et je ne vais pas répéter ce que Paul nous a déjà expliqué de ta vie dans le mot d’accueil. Tu as essayé de vivre à fond ta foi de chrétienne, tu as assuré le service des autres dans la paroisse et la vie locale, etc. Si bien qu’à la fin, malgré la maladie, il n’est pas sûr que ce soit la mort qui ait gagné !
Dimanche après-midi, j’en ai été le témoin, il en est passé du monde, auprès de Jean, pour te saluer, Monique ! Et cela a été la même chose chacune de ces dernières journées. Mais, c’était frappant, l’on ne sentait pas une atmosphère d’échec, ni un écrasement dans la tristesse, ni une ambiance de mort. Les uns et les autres évoquaient des souvenirs. Ton beau visage, Monique, à travers une jolie photo, toute récente, rayonnait au milieu de nous. On a même bu un bon coup ensemble en ta présence, même si ce n’était que du jus de fruit ou de l’eau plate…
L’on sentait bien qu’il ne fallait pas que l’on se taise, ou qu’on se lamente autour de ton cercueil. Monique, tu n’aurais pas aimé cela !
D’où cette réflexion qui m’est
venue à l’esprit : parfois, dans notre société ou notre Eglise, on fait
des différences bizarres, qui m’ont toujours choqué personnellement, entre les
personnes qui croient, et celles qui ne croient pas ou ne pratiquent pas. Ceci est totalement ridicule ! Ne sommes-nous pas tous des croyants en la
vie, en la lumière, au bonheur, en l’espérance ?
Croyants ou non religieusement, ne sommes-nous pas totalement unis, aujourd’hui par exemple, autour de Monique, rassemblés dans un même hommage ? Ensemble en effet, nous refusons de laisser la mort prendre le dessus, et gâcher le cœur de nos vies et de nos familles.
Monique, toi-même, tu t’es battue pour rester debout ; et tu as pu ainsi participer au mariage de l'une de tes petites filles, Lise, et Vincent, le 16 septembre dernier. Et ensuite, malgré ce que tu devais souffrir, on ne t’a jamais entendu te plaindre, alors que cela devait être insupportable souvent !
Comme il était beau ce poème, que nous a lu pour toi ton fils Christian en 1° lecture ; poème écrit pourtant il y a près de 2.500 ans, tiré de la Bible, du Livre de Job (11/15-19 et 19/25-27) :
« Un jour, tu relèveras la tête.
Libérée de la maladie, tu ne craindras plus.
Alors, la vie se lèvera, plus radieuse que le soleil de midi.
L’obscurité deviendra comme une aurore.
Tu seras sûr qu’il existe une espérance.
Et beaucoup caresseront ton visage. »
Telle était ta foi, Monique. Et ceci est sans doute le testament que tu nous laisses. Car, comme l’a dit Jean ton mari : « Monique est partie dans les bras de Dieu. » Même s’il peut sembler difficile de croire en tout cela, tant c’est surprenant et tant c’est infini…
Avec le rappel, en ce
Jeudi-Saint, de ce que Dieu attend des hommes et des femmes d’aujourd’hui ;
à savoir, qu’ils soient capables d’aimer leurs proches et tous leurs
concitoyens ; surtout ceux qui ont
le plus besoin de soutien, d’affection et d’entraide, comme cela est signifié
dans le geste du lavement des pieds que l’évangile vient de nous rappeler. Tel est le message principal que Jésus nous
laisse
Croire en l’humanité, croire en la lumière, croire en la fraternité, c’est en effet la seule foi, la seule attitude que Jésus attend de nous, croyants ou non, dans le respect des convictions de chacun.
Puisses-tu, Monique, nous aider à vivre cela, à fond, à ton exemple, désormais !
A présent, pendant un petit
moment musical, imaginons Monique semant des fleurs au ciel, et les faisant
pleuvoir sur nous, avec son grand sourire d’éternité. Amen ! Qu'il en soit ainsi !