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Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



dimanche 27 août 2023

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2861 : Les fruits du dialogue entre les religions

Hier samedi, j'avais la visite d'un ami indien, de religion hindoue, profondément attaché à sa croyance.  Nous nous connaissons, lui et son épouse, depuis de nombreuses années. Au cours de notre échange à propos de nos religions respectives, j'ai senti l'opportunité de lui partager le sms que je venais de recevoir le matin même, dans lequel l'on me posait la question suivante : "Bonjour Père Olivier. Si je ne vais pas à la messe demain, je fais un péché mortel ?"  Mon ami réagit alors au quart de tour ; voici ce que j'ai retenu de ce qu'il m'a partagé :"Dans notre religion, l'hindouisme ne possède pas le concept de péché, même si les humains peuvent poser des actes mauvais. D'ailleurs, qui offensons-nous par nos actions mauvaises ? Il n'y a pas un Dieu qui va nous juger, comme chez les chrétiens. C'est à chacunde nous de se reprendre, et d'essayer de compenser le mal que l'on a fait. En tout cas, il ne suffit pas pour être soulagé de faire des dévotions à Shiva ou Vishnou..."   Et si nous chrétiens avions des leçons à tirer d'une telle attitude ?

En effet, il n'y a rien de tel que le dialogue avec des croyants d'autres religions pour nous aider à mieux comprendre notre propre foi de chrétiens !  Je repense à ce que nous avait partagé, à Jérusalem, le rabbin Jacques Grunewald, lors de notre "Route biblique" en 2019 avec une trentaine d'amis des Sables d'Olonne : "Le Judaïsme ne connait pas de dogmes ; c'est une libre-pensée. Et nous n'avons jamais considéré que, hors du Judaïsme, il n'y a pas de salut. Un "Goy" (un non Juif) qui respecte son prochain et mène une vie droite a autant de mérites que le grand-prêtre qui observe tous les commandements !"

Autre exemple, lorsque je vivais au Mali, pendant mes 9 années de présence, j'ai vu mon voisin boulanger prier Dieu plusieurs fois par jour, dans sa boutique. Cela m'a interpellé et soutenu dans ma façon de prier. D'ailleurs, je pense à lui chaque fois que j'entends, trop souvent, de bons chrétiens avoir des mots désagréables concernant les musulmans !  Alors même qu'ils n'en ont parfois jamais rencontrés... Quelle misère !

Durant toutes ces années, j'ai toujours pensé qu'il vaudrait la peine que l'Eglise catholique, évêques en tête, mais aussi, l'ensemble du peuple chrétien, se donnent du temps pour écouter des représentants des autres religions, afin de s'inspirer de leur sagesse.  Je pense au bouddhisme par exemple. Témoin ce qu'a écrit l'empereur Asoka, qui régna sur le sous-continent indien, converti au bouddhisme au 3° siècle avant l'ère chrétienne : "On ne devrait pas honorer seulement sa propre religion et condamner les religions des autres, mais on devrait honorer les religions... En agissant ainsi, on aide à grandir sa propre religion et on rend service à celle des autres.... Ainsi, la concorde est bonne : que tous écoutent et veuillent bien écouter les doctrines des autres religions..."  Texte cité par le lama Thrinlé, membre du conseil d'administration de "Dialogue pour la Paix au Pays des Olonnes, lors de son intervention aux Sables d'Olonne le 30 novembre 2022, devant plus de 150 personnes.

Un chantier passionnant nous est ouvert ; à nous de nous en emparer !

 

mercredi 23 août 2023

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2860 : Une certaine "paresse" des paroisses catholiques

 Je n'apprendrai rien à personne en redisant combien nombre de diocèses et de paroisses manquent d'ouverture par rapport à "l'Autre", celui qui est différent de nous, ou qui ne partage pas la même foi que nous. Quand par exemple, lors de la venue aux Sables d'Olonne du grand rabbin de France, qui a prononcé une conférence au lycée Ste Marie du Port le 31 mai dernier, qui s'est senti intéressé ?  Un seul prêtre présent !  Et bien peu de paroissiens des Sables. Et pour qui la semaine de prière pour l'unité des chrétiens a-t-elle encore de l'importance ?  Où ça par exemple ?

Si je reprends ce sujet en ce jour, c'est à la suite de la lecture d'un article paru sur le journal "La Croix" lundi denier, à propos de la communauté du Chemin Neuf.  Je vous livre la réflexion d'une pasteure, membre de cette communauté oecuménique, Anne-Cathy Graber : "Qui souffre encore de la division entre les chrétiens ? Subtilement, nous pouvons nous satisfaire d'une coexistence, certes pacifique, mais qui est surtout un côte à côte poli et paresseux.  Or, il nous faut nous laisser transformer par l'Eglise de l'autre. Nos histoires d'Eglises contredisent l'Evangile.  Il faut être prêt à écrire un récit commun, qui amènerait vers une identité partagée."

Malheureusement, nous en sommes encore trop au triste "Hors de l'Eglise (catholique), pas de salut." Et comme je l'ai entendu dire à de nombreuses reprises, en tant que délégué diocésain à l'unité des chrétiens : "Pourquoi vous parlez si souvent des protestants, mais aussi des juifs, et des musulmans ?  Vous feriez bien mieux de consacrer votre temps et vos forces à soutenir les chrétiens, au moment où les églises se vident !"

Et si l'effondrement de l'Eglise catholique était dû aussi à ses divisions et ses manques d'ouverture ?  Nous aurions tant à apprendre en dépassant notre paresse, en travaillant la question, et en nous laissant enrichir par les valeurs humaines et spirituelles véhiculées par les autres religions, et aussi par les humanistes !  Profitons de cet été pour y réfléchir, et méditer tout cela !


mercredi 16 août 2023

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2859 : "Vous êtes au milieu de nous !"

 C'était l'un de ces derniers dimanches, fin juillet. Je venais de participer, parmi les personnes présentes, à la messe célébrée en plein air, comme chaque été, dans le parc superbe de la propriété des Soeurs de Mormaison, à Bourgenay. A la fin de la célébration, que j'avais vécue non pas en aube à l'autel, mais assis sur mon fauteuil au milieu de l'assemblée, un sympathique paroissien me fit part à la fois de sa surprise et de sa joie de me voir ainsi présent au coeur du peuple de Dieu : "C'est bien !  Vous êtes là au milieu de nous..."

En réalité, j'ignore ce que peuvent penser les personnes présentes en me voyant désormais le dimanche assis au milieu d'eux, et non à l'autel, une seule personne m'ayant fait part de son sentiment ! Mais j'ai la faiblesse de croire que cet homme a dit une certaine vérité.  Quand j'ai fait part de cette réflexion par la suite à un groupe de paroissiens, ceux-ci m'ont dit en effet : "C'est vrai qu'aux messes, les prêtres se situent autrement, pas directement au milieu de nous, mais sans être loin de nous non plus cependant."

Lors de mon dernier passage en cardiologie à l'hôpital de la Roche, fin juillet, les cardiologues, qui souhaitaient, entre autres soins envisagés, me faire un choc électrique, m'ont fait savoir que, mon coeur étant trop abîmé, plus rien n'était possible pour me retaper, sinon faute de mieux, des médicaments appropriés, que d'ailleurs j'apprécie beaucoup. L'un des cardiologues ne m'a-t-il pas dit : "Sans les médicaments, vous seriez mort !"  Et pan !

Cet état de santé délabré entraîne pour moi une grande faiblesse, dont les paroissiens n'ont pas forcément conscience car, apparemment, dans mon attitude, cela ne se voit pas vraiment. Mais concélébrer est devenu pour moi difficile ; et si je dois vivre la messe en aube à l'autel assis la moitié du temps, il me semble que là n'est plus ma place désormais.

Pendant plus de 50 ans, que ce soit en Vendée, au Mali pendant 9 ans ou à Paris durant 6 années, je n'ai pas craint de célébrer à l'autel, et ce fut chaque fois pour moi une joie immense. Mais à présent, la situation a changé. Comme me l'a demandé quelqu'un avec étonnement : "Vous ne concélébrez pas ! Mais alors, est-ce que vous êtes encore prêtre ?"  Mais bien sûr ! Car, Dieu merci, être prêtre n'oblige pas à se montrer à tout prix à l'autel si on est fatigué.

Est-ce un signe du ciel ?  Tandis que je rédige ce billet, un ami de Dijon me passe un coup de fil. Il me demande des nouvelles de ma santé, suite à quoi il me raconte que récemment, un dimanche soir, il a participé à une eucharistie à la cathédrale de Dijon où il habite, célébrée par un prêtre âgé qui est resté assis derrière l'autel tout le temps de la messe, homélie comprise.  Il en est sorti abasourdi. Cela me laisse pantois moi aussi.  Je ne sais pas si c'est en se comportant ainsi que l'on prépare l'avenir de l'Eglise et celui de nos communautés paroissiales locales !  Comme Jésus le dit à Pierre en st Jean 21/18 : "Quand tu étais jeune, tu nouais ta ceinture et tu allais où tu voulais ; lorsque tu seras devenu vieux, tu étendras les mains, et c'est un autre qui nouera ta ceinture et qui te conduira là où tu ne voudrais pas."

Les prêtres de la paroisse de Talmont m'ont sans doute rendu service en ne me confiant plus la présidence des eucharisties dominicales, avec mon accord total d'ailleurs, sinon en semaine à la chapelle de Bourgenay. Il y a un âge auquel on doit savoir lâcher prise... Mais une chose est certaine, et elle me remplit le coeur de joie : c'est un bonheur pour moi de vivre le mystère de l'eucharistie côte à côte avec les paroissiens désormais, et pas au-dessus d'eux !

dimanche 13 août 2023

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2858 : Chaque personne rencontrée, c'est un ange du ciel

Les personnes que chacun de nous rencontre tout au long de son existence, tant dans notre passé qu'en ce jour, la liste serait longue : une série d'étincelles de Lumière dans nos vies.  Je cite en vrac, et pas forcément dans un ordre établi : la personne qui me fait un signe de la main sur le passage piétons alors qu'en voiture, je me suis arrêté pour lui laisser le passage, la caissière aimable du super U, tel ami qui me passe un coup de fil pour me demander de mes nouvelles, cette personne malade ou solitaire que je suis allé visiter, un de mes petits-enfants qui me demande pourquoi je veux aller à la messe, tel présentateur de télé qui présente un fait de société positif, tel couple, entouré de ses enfants, qui avance la main dans la main sur la jetée de Bourgenay, ce commerçant qui m'accueille avec le sourire, mon voisin à la messe de ce matin, je vous laisse continuer cette évocation des nombreuses rencontres qui nous sont données tout au long de nos journées.

On pourrait se contenter de dire : "Oh ! C'est vrai, j'ai rencontré des gens, mais je n'ai pas eu de contact particulier avec eux."  Est-ce bien si certain ?  En effet, et si notre vie était faite d'une suite de rencontres, qui n'ont peut-être rien de banal, car elles nous sont probablement données par Dieu.  D'ailleurs, si nous prenons le temps de relire, même brièvement, chacune d'entre elles, nous comprenons pourquoi. En effet, lors de chacun de ces contacts, c'est une étincelle d'humanité qui se communique entre deux personnes, et c'est un monde fraternel qui se construit.

Toute personne que je trouve sur ma route, c'est peut-être un ange que Dieu a placé près de moi pour m'aider, pour me guider, pour me faire comprendre un message, pour m'éclairer sur le chemin de ma vie.

Et c'est depuis notre naissance que cela "fonctionne", sans que nous en ayons toujours conscience malheureusement. Depuis ce docteur qui nous a sauvé quand nous étions petits, en passant par l'accompagnement des parents qui ont veillé sur nous, avec l'appui des éducateurs qui nous ont régulièrement remis dans le droit chemin, etc., etc.

Chacun de nous pourrait raconter une foule de situations dans lesquelles il s'en est sorti grâce à des inconnus parfois.  Relisons notre existence avec cet outil d'analyse, et nous prendrons mieux conscience de tout ce que nous devons à des hommes ou des femmes qui ont croisé notre vie.

Belle occasion de rendre grâce au Seigneur, représenté par tous ces anges qui, tels des éclairs lumineux parfois, nous ont permis d'éviter le mal et ont, par la petite étincelle de leur existence, illuminé notre vie.

Relisons par exemple le psaume 91 (90), 11-13 :  "Le Seigneur donnera un ordre à ses anges, pour qu'ils t'escortent sur tous tes chemins.  Dans leurs mains, ils te porteront pour que ton pied ne bute pas sur la pierre. Tu passeras sur les fauves et les serpents, tu piétineras le lion et le dragon..."

samedi 5 août 2023

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2857 : La synagogue des Sables d'Olonne fête ses 20 ans.

 Ce samedi matin, grande joie à la synagogue des Sables d'Olonne, pleine à craquer, avec la participation de nombreux estivants et la présence appréciée de Haïm Korsia, le grand rabbin de France, qui a des attaches familiales sur les Sables, non loin du presbytère Notre-Dame ; belle occasion d'évoquer et de rendre grâce pour la création d'une synagogue aux Sables il y a juste 20 ans.

J'étais alors curé des Sables d'Olonne lorsque, le lundi 4 août 2003 au soir, à 21h30, je reçois un coup de fil surprenant : c'est un rabbin qui appelle  -  j'ai tout d'abord cru qu'il s'agissait d'un canular ! -  pour me demander si je pourrais le recevoir. Rendez-vous est pris pour le lendemain. Je ne savais même pas, à l'époque, qu'il y avait des Juifs aux Sables. J'en dis un mot à un membre du bureau du conseil de paroisse, Marie-Jo Rossignol, afin qu'elle m'accompagne pour cette rencontre.

Arrive alors Haïm, jeune rabbin, accompagné du responsable de la communauté juive locale, Paul Chicheportiche, qui était présent aussi ce matin.  Tous les trois, dans la matinée, nous avons évoqué avec joie cette 1° rencontre.

Jusqu'ici, les Juifs se retrouvaient chez Paul, dans sa grande demeure, chaque fin de semaine, pour célébrer le shabbat. Mais l'assistance étant de plus en plus nombreuse, ils sont venus tous deux demander si la paroisse aurait un local à leur prêter pour qu'ils puissent s'y retrouver.

Sur le champ, avec Marie-Jo, nous leur avons fait visiter l'une de nos salles pouvant être disponible, disposant d'une entrée sur la rue.  Après en avoir parlé avec les prêtres de la paroisse, le conseil de paroisse et Hubert, le vicaire épiscopal, un avis a été demandé à l'évêque, qui a donné son accord.

Une boîte à lettres a été installée à leur nom et, après l'aménagement des lieux et la mise en place du mobilier adapté, pour accueillir la Tora, le 1° shabbat a été célébré le 12 septembre suivant.  Ils nous ont invités à prendre l'apéro sur place le samedi 13 septembre à midi.  Ce sont des moments que je n'oublierai jamais, et eux non plus.  Comme l'a dit alors le rabbin Haïm Korsia, nous n'avons fait que reprendre cet appel d'Isaïe 56/8 : "Ma maison sera appelée maison de prière pour tous les peuples."

L'écho de cet accueil, que nous n'avions pas imaginé, a été immense : des articles dans "Ouest-France", "Vendée Matin", "France-Soir", "Aujourd'hui en France","Témoignage chrétien", "L'Echo de l'Ouest"..., des émissions sur Télé 102, TF1, M6, FR3...  C'était le début d'un compagnonnage magnifique, qui n'a fait que s'amplifier depuis 20 ans. Même si malheureusement, localement et au plan du diocèse, l'on n'a pas su, par la suite, quelques années plus tard, profiter de cette proximité, et de ce grand souffle biblique que nous transmettaient, là, chez nous, nos frères aînés.  De "l'enseignement du mépris", pendant 2000 ans, nous n'avons évolué que vers une certaine distance, et de l'indifférence...

En fin de cérémonie, le rabbin m'a remis officiellement une nouvelle kippa, en rappelant que je faisais partie à 100% de leur communauté.  Encore une longue vie à l'unique synagogue de la Vendée, et le souhait d'une plus grande ouverture de l'Eglise locale à cette synagogue cadeau du Très-Haut !

mardi 1 août 2023

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2856 : Les différents âges de l'Eglise en France depuis 70 ans

 Dans les années 50, avant le Concile Vatican II, l'état de l'Eglise n'était pas très brillant ; trop d'incompréhensions et de condamnations entre l'Eglise et le monde !  Citons seulement ce qui nous a marqués en France, dont bien des choses qui m'ont troublé dans ma jeunesse : condamnation de l'expérience des prêtres-ouvriers, refus de sépulture religieuse pour  les suicidés, enseignement du mépris par rapport aux Juifs, rejet des autres religions (animisme et autres) dans les colonies, liturgie dans une langue morte (le latin, chanté il faut voir comment !), pression sur les consciences à travers la notion terrifiante du péché mortel, salut final réservé aux "bons" chrétiens seulement, et tant d'autres choses encore....Déjà d'ailleurs, et pourquoi donc ? ... les églises commençaient à se vider !

Puis, voici que, au milieu des années 60, sous l'impulsion du pape Jean XXIII, se tient le Concile Vatican II, au cours duquel l'ensemble des évêques du monde, réunis à Rome, proposent une immense ouverture, afin de remettre l'Eglise dans le sens de l'Evangile. Un grand enthousiasme s'empare de nombre de catholiques. Des frontières tombent ! Le monde n'est plus vu comme un ennemi par l'Eglise, qui ne cherche plus à imposer ses vues à l'ensemble de la société. Elle invente une nouvelle manière d'être plus fidèle à l'Evangile. Les valeurs de l'Evangile ne sont plus réservées aux catholiques seulement.  L'Eglise devient un fourmillement d'initiatives et de réalisations : attention aux migrants, aumôneries de prisons, des hôpitaux, action caritative, retrouvailles avec les Juifs, dialogue interreligieux,  relance du diaconat, Mission de la mer, etc, etc. Et en particulier, le développement de l'Action catholique, avec de grands rassemblements, tel celui de la JOC, "Objectif 74", auquel j'ai participé, qui a rassemblé, en 1974, 40.000 jeunes du monde populaire pendant 3 jours à Paris. Par comparaison, à peu près comme les 40.000 jeunes Français aux JMJ de Lisbonne en ces jours ; mais dont cette fois-ci peu de jeunes des milieux populaires...

J'abrège ! Pour diverses raisons, parmi lesquelles le fait que l'Eglise n'a pas su encourager ni soutenir suffisamment les mouvements de laïcs à travers l'Action catholique, c'est le Renouveau charismatique qui, à partir des années 70-80, a semblé prendre une certaine relève. Avec l'apparition de multiples communautés nouvelles qui ont obtenu en France un important succès : les Béatitudes, Point-Coeur, le Pain de Vie, les Foyers de Charité, le Verbe de Vie, Fondacio, les Frères de St Jean, Réjouis-toi, etc.  On a cru un temps que c'est eux qui allaient sauver l'Eglise.  Puis, patatras, en ce début de siècle, l'on vient de s'apercevoir que tout cela a fait long feu. D'autant plus que la plupart de ces communautés ont été disqualifiées par les méfaits d'un nombre hallucinant de leurs fondateurs.

Pour résumer, on a cru que l'Action catholique allait sauver l'Eglise ; puis, que cette tâche allait être réalisée par le Renouveau charismatique. Actuellement, nous sommes dans une nouvelle et troisième phase.  Notre Eglise à présent est dominée en effet par des personnes plutôt jeunes, dynamiques, en général de milieu indépendant, des "identitaires" comme l'on dit, qui sont persuadés que le salut se trouve dans une meilleure prise en compte du sacré : le religieux, l'adoration, la louange, la messe et les chants en latin, les pèlerinages des pères ou des mères de famille, la confession, etc.  Autant de bonnes choses bien sûr, vécues avec beaucoup d'enthousiasme et d'inventivité. Mais tout cela reste ultra-minoritaire, tout en donnant l'impression d'un retour spirituel et culturel vers les façons de faire du 19° siècle, avec ses dentelles et ses soutanes (Jésus n'en portait pas !).

Cette analyse est évidemment trop brève, et elle laisse de côté bien des aspects... En tout cas, une chose est certaine : c'est que, d'ici quelques années, cette 3° phase elle-même, qui semble être à présent l'avenir de l'Eglise, disparaîtra comme les précédentes, et sera remplacée par de nouvelles options et de nouveaux choix... Car dans l'Eglise, l'expérience nous l'apprend, nul ne tient l'avenir entre ses mains !

Question que se posent des vieux comme moi : pourquoi Vatican II, et ses intuitions évangéliques ont-elles été ainsi oubliées ?

Je vous laisse sur ce mot du pasteur allemand Dietrich Bonhoeffer, l'un des meilleurs théologiens de sa génération, pendu nu par les nazis le 9 avril 1945 :  

"Ce n'est pas l'acte religieux qui fait le chrétien, mais sa participation à la souffrance de Dieu dans la vie du monde !"