Dans les années 50, avant le Concile Vatican II, l'état de l'Eglise
n'était pas très brillant ; trop d'incompréhensions et de condamnations
entre l'Eglise et le monde ! Citons seulement ce qui nous a marqués en
France, dont bien des choses qui m'ont troublé dans ma jeunesse : condamnation de l'expérience des prêtres-ouvriers, refus de
sépulture religieuse pour les suicidés, enseignement du mépris par
rapport aux Juifs, rejet des autres religions (animisme et autres) dans
les colonies, liturgie dans une langue morte (le latin, chanté il faut voir comment !), pression sur les
consciences à travers la notion terrifiante du péché mortel, salut
final réservé aux "bons" chrétiens seulement, et tant d'autres choses
encore....Déjà d'ailleurs, et pourquoi donc ? ... les églises commençaient à se vider !
Puis,
voici que, au milieu des années 60, sous l'impulsion du pape Jean XXIII,
se tient le Concile Vatican II, au cours duquel l'ensemble des évêques
du monde, réunis à Rome, proposent une immense ouverture, afin de remettre l'Eglise dans le sens de l'Evangile. Un grand enthousiasme
s'empare de nombre de catholiques. Des frontières tombent ! Le monde
n'est plus vu comme un ennemi par l'Eglise, qui ne cherche plus à
imposer ses vues à l'ensemble de la société. Elle invente une nouvelle
manière d'être plus fidèle à l'Evangile. Les valeurs de l'Evangile ne
sont plus réservées aux catholiques seulement. L'Eglise devient un
fourmillement d'initiatives et de réalisations : attention aux migrants,
aumôneries de prisons, des hôpitaux, action caritative, retrouvailles avec les Juifs, dialogue interreligieux, relance du diaconat, Mission de la mer, etc, etc. Et en particulier, le développement de
l'Action catholique, avec de grands rassemblements, tel celui de la JOC,
"Objectif 74", auquel j'ai participé, qui a rassemblé, en 1974, 40.000 jeunes du
monde populaire pendant 3 jours à Paris. Par comparaison, à peu près comme les 40.000 jeunes
Français aux JMJ de Lisbonne en ces jours ; mais dont cette fois-ci peu de jeunes des milieux populaires...
J'abrège ! Pour diverses raisons, parmi lesquelles le fait que l'Eglise n'a pas su encourager ni soutenir suffisamment les mouvements de laïcs à travers l'Action catholique, c'est le Renouveau charismatique qui, à partir des années 70-80, a semblé prendre une certaine relève. Avec l'apparition de multiples communautés nouvelles qui ont obtenu en France un important succès : les Béatitudes, Point-Coeur, le Pain de Vie, les Foyers de Charité, le Verbe de Vie, Fondacio, les Frères de St Jean, Réjouis-toi, etc. On a cru un temps que c'est eux qui allaient sauver l'Eglise. Puis, patatras, en ce début de siècle, l'on vient de s'apercevoir que tout cela a fait long feu. D'autant plus que la plupart de ces communautés ont été disqualifiées par les méfaits d'un nombre hallucinant de leurs fondateurs.
Pour résumer, on a cru que l'Action catholique allait sauver l'Eglise ; puis, que cette tâche allait être réalisée par le Renouveau charismatique. Actuellement, nous sommes dans une nouvelle et troisième phase. Notre Eglise à présent est dominée en effet par des personnes plutôt jeunes, dynamiques, en général de milieu indépendant, des "identitaires" comme l'on dit, qui sont persuadés que le salut se trouve dans une meilleure prise en compte du sacré : le religieux, l'adoration, la louange, la messe et les chants en latin, les pèlerinages des pères ou des mères de famille, la confession, etc. Autant de bonnes choses bien sûr, vécues avec beaucoup d'enthousiasme et d'inventivité. Mais tout cela reste ultra-minoritaire, tout en donnant l'impression d'un retour spirituel et culturel vers les façons de faire du 19° siècle, avec ses dentelles et ses soutanes (Jésus n'en portait pas !).
Cette analyse est évidemment trop brève, et elle laisse de côté bien des aspects... En tout cas, une chose est certaine : c'est que, d'ici quelques années, cette 3° phase elle-même, qui semble être à présent l'avenir de l'Eglise, disparaîtra comme les précédentes, et sera remplacée par de nouvelles options et de nouveaux choix... Car dans l'Eglise, l'expérience nous l'apprend, nul ne tient l'avenir entre ses mains !
Question que se posent des vieux comme moi : pourquoi Vatican II, et ses intuitions évangéliques ont-elles été ainsi oubliées ?
Je vous laisse sur ce mot du pasteur allemand Dietrich Bonhoeffer, l'un des meilleurs théologiens de sa génération, pendu nu par les nazis le 9 avril 1945 :
"Ce n'est pas l'acte religieux qui fait le chrétien, mais sa participation à la souffrance de Dieu dans la vie du monde !"
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