Ce dimanche matin, j'ai entendu sur France-Inter une interview du Dr Frédéric Tangy, chef du laboratoire d'innovation vaccinale à l'Institut Pasteur, qui vient de publier, avec le Dr Jean-Nicolas Fournier, médecin militaire : "L'homme façonné par le virus", aux éditions Odile Jacob.
J'entendais en même temps des nouvelles de la course du "Vendée Globe", et je me suis posé la question suivante : qu'est-ce qui façonne l'homme exactement ? Si l'influence mortifère du virus sur nos existences confinées n'est évidemment pas à négliger, n'y aurait-il pas des leçons à retirer de l'expérience étonnante que représente cette "chevauchée fantastique" sur toutes les mers du globe ?
Tandis que nous entrons, la tête basse et le visage un peu triste, dans une nouvelle période de distanciation et de déception, façonnés, déformés par la peur du virus en effet, voici qu'une poignée d'hommes et de femmes viennent de nous donner une sacrée leçon de vie. Damien Seguin, par exemple, né sans main gauche, qui aurait pu se replier sur son handicap, et qui déclare : "Il faut aller au bout de ses rêves ! La différence qui est la mienne, j'en ai fait une force ; et aujourd'hui, je la mets au service des autres." Damien ne s'en est pas vanté, mais il suit de très près un foyer d'accueil spécialisé, à son nom ; foyer qui se situe à Luçon, en Vendée, et qui accueille une trentaine de personnes souffrant de troubles autistiques ou psychiques.
"Merci pour nous !" Voilà le message qu'une femme en fauteuil roulant est venue adresser à Damien, jeudi, lors de sa conférence de presse, à lui qui est bien moins handicapé avec une seule main que la plupart d'entre nous. Damien pourrait écrire son histoire avec un titre tel que : "L'homme est façonné par son courage". Arrivé 4°, le roi Jean a confié : "Peu de gens me voyaient à ce niveau-là, mais je pensais en être capable."
Quelle magnifique leçon de vie nous donne également Jean Le Cam, se plaçant à contre-courant de ce qui fait boiter notre société ! Sans foils, avec un budget modeste, sur son vieux bateau "Hubert" un peu démodé (2008), ce qui ne l'a pas empêché de se tenir tout un moment en pole position, avec une côte cassée en fin de parcours, s'étant battu avant le départ contre la spirale inflationniste des coûts des bateaux, qui exclut les PME et les jeunes skippers, voici un homme qui illustre ce qu'est une vraie liberté, un irréductible optimiste, au mépris du poids de l'âge (62 ans). La leçon : même petit, même fracassé, même sans grands moyens, si tu le veux vraiment, tu peux y arriver !
L'exemple de ténacité de Yannick Bestaven peut nous être fort utile également, à nous qui sommes atteints par une certaine déprime en ces temps-ci : "Quand j'ai perdu 450 miles, au large du Brésil, dans la pétole, je me suis accroché. J'étais 5°. Je ne vais pas le cacher, j'ai peté un plomb ! Arriver à retrouver les ressources pour repartir et pour y arriver, ça a été très dur ; mais j'ai pu remonter à la force des bras. J'ai cru en mes chances, je ne voulais pas mollir. On a eu des conditions difficiles ; dans un "Vendée Globe", on doit aller chercher la force bien au fond de soi."
C'est avec regret que, faute de place, je ne peux citer d'autres skippers aussi méritants, à commencer par Charlie Dalin ; mais leur message est identique. Question : notre société sera-t-elle capable de se laisser interpeller par un tel souffle de vie ? Arrêtons de pleurer sur nous-mêmes, n'hésitons pas à foncer dans le brouillard de l'existence avec une lumière au fond du coeur, développons et vivons notre sens de la fraternité, donnons du sens à ce temps que nous traversons, aidons les naufragés autour de nous à garder la tête hors de l'eau, confions en permanence notre traversée de l'existence, sur les flots tumultueux de la vie, au Skipper suprême, le Christ Sauveur. Celui qui a vaincu le virus de la mort saura nous donner la main en temps voulu, et nous sortir, vivants et lavés de tout mal, des terribles eaux de l'anéantissement final !
Pour rejoindre le message de l'évangile de ce dimanche, puisse Jésus chasser de notre société, ainsi que de nos coeurs, avec notre concours actif, le démon, le virus diabolique, du mal et de la peur !
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SANTIANO : cette chanson magnifique de Hugues Auffray, qui ne vieillit pas, interprétée par les Marins d'Iroise :