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Vous avez des choses à dire...
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...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



samedi 23 janvier 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2572 : Lettre du Sahel aux frères et soeurs de l'Occident

La Covid, quelle plaie !  Nous en souffrons tous. Mais encore... Bernard Robert vient de faire suivre à ses réseaux un "message - coup de poing" reçu d'un missionnaire italien présent au Niger.  Souffrance indicible...  Jusqu'à quand, Seigneur, resterons-nous aveugles et insensibles, en Occident, à ce qu'endurent injustement tant de nos frères et soeurs, perdus, noyés dans les sables du Sahel et au-delà  ???

 

                                 Désertions de sable. Héros, poètes et saints du Sahel

Apparemment Dieu aussi, semble-t-il, a déserté le ciel, du moins depuis la dernière Noël. Depuis lors, plusieurs l’ont imité ou, dans certains cas, l’ont même anticipé. Par exemple Antoine, sa femme et leurs 4 enfants qui abandonnent le Congo Démocratique de la République pour aller à l’Eldorado. Ils font une étape au Burkina Faso afin de gagner suffisamment pour continuer leur voyage. Algérie, Libye, Maroc ou ailleurs, qui sait. La mère des enfants y meurt de maladie et le papa décide de retourner au Congo avec eux. Ils débarquent à Niamey l’autre samedi, après avoir traversé les frontières encore fermées, Covid oblige. Pour ce faire ils ont payé aux forces de l’ordre, douaniers et d’autres, tout ce qu’ils avaient mis de côté pour le Tchad, d’où ils auraient atteint la (très peu) République Centrafricaine. Ensuite ils auraient tenté de retourner à la case de départ, la RDC, qu’ils avaient quittée deux ans auparavant. Ils sont maintenant hôtes dans une maison protégée en attendant le jour de leur retour qui viendra, peut être, le jour qu’ils ne le penseront plus. 

Dans le Sahel nous nous engageons à déserter les priorités ‘durables’ planifiées par les bailleurs de fonds de l’humanitaire à bon marché. Nous désertons les mesures barrière, la distanciation sociale, les masques, le couvre-feu, le confinement et surtout l’amour à distance. Notre Sahel est, comme vous le voyez, en lui-même, une désertion par rapport au monde que vous voulez nous organiser à votre image et ressemblance. Le peuple déserte la politique parce que la politique a déserté le peuple.  Les politiciens sont des déserteurs de manière différente par rapport aux migrants, qui ont fait de la désertion de la réalité existante le sens d’une instabilité permanente. La double absence dont parlait Abdelmalek Sayad s’unit en noces avec les morts de la Méditerranée Centrale : plus de 17 mille depuis 2013.

Nos naissances sont des pures désertions, il faut l’assumer sans honte, des défis permanents à tout ce qui représente une raisonnable attitude aux plans de développement ‘ durable’ du colonialisme idéologique des programmes des Nations Unies. Les enfants désertent l’école, le jeunes le futur et les femmes leur destinée, déjà marquée par l’histoire. Chacun à sa manière invente un monde qui n’existe nulle part. C’est exactement ce que le Sahel essaye de faire, désertant à son risque et péril la route indiquée par les mensonges et l’argent. 

Les déserteurs sont des héros qui écrivent des poésies sur le sable pour les saints qui intercèdent pour eux, sans trop de succès, d’ailleurs. Les utopies que ces derniers racontent ne sont rien d’autre que des désertions qui se cachent au milieu de tentes qui offrent un abri aux milliers de réfugiés qui continuent de se multiplier en cachette. Le temps du Sahel est une désertion permanente et effrontée des lois et des plans d’ajustement structurel de la Banque Mondiale. Déserter, terme qui fait allusion au désert, à l’abandon, s’adapte bien à notre situation du Sahel.

 La défection de la place sans autorisation, l’abandon de ses ‘responsabilités’ et surtout l’intention de ne pas retourner en arrière, tout cela le Sahel l’a assumé. Ne nous attendez pas, car nous ne retournerons pas à tout ce qui a créé et à quoi nous assistons partout. La Grande Réinitialisation dont parle l’Occident et ses complices ne nous aura pas, ni comme membres ni comme sympathisants. Nous désertons votre pouvoir, votre prestige et l’accumulation de la richesse dans les mains des puissants. Notre plus grande satisfaction sera celle de former et initier des nouveaux déserteurs.

Déserter les armes, les batailles gagnées et les guerres perdues, déserter les stratégies, les opérations Barkhane et Takouba, nom d’une épée touareg prise par les militaires européens au Sahel. Nous désertons les dictateurs, les présidents qui allongent leur mandat présidentiel, les milices des gouvernements, les idéologies religieuses, les camps de détention, l’externalisation des frontières, les documents de voyage, les vaccins obligatoires et les alliances politiques pour les deuxièmes tours des élections. Nous n’avons aucune intention de retourner en arrière. Nous sommes des déserteurs de sable, poètes et saints. Au sable nous le devons, tout et à lui nous retournerons, en héros, un jour de fête...

                                                               Mauro Armanino, prêtre, Niamey, Niger, 17 janvier 2021

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 Et pour les migrants, chez nous, en Europe, ce n'est pas très facile non plus...

 

 

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