Chaque année, je retrouve avec bonheur cette homélie de Saint Cyprien de Carthage que l'Eglise propose à notre méditation dans la lecture du Bréviaire, en cette période de l'année, et en l'occurrence aujourd'hui. Je l'ai lue et relue plusieurs fois.
Elle peut nous aider à mieux nous situer, dans ce que nous vivons à présent, par rapport à la mort et l'au-delà.
"Mes frères bien-aimés, soyons préparés avec une foi solide, une vertu robuste, à tout ce que Dieu voudra de nous. Chassons la crainte de la mort en pensant à l'immortalité qui la suit. Montrons ainsi ce que nous croyons.
Nous devons considérer, frères bien-aimés, et méditer continuellement que nous passons ici-bas, provisoirement, comme des étrangers et des voyageurs. Accueillons avec joie le jour qui fixe à chacun son véritable domicile, qui nous délivre de ce monde et de ses filets pour nous rendre au Paradis et au Royaume.
Quel exilé ne serait pas pressé de rentrer dans sa patrie ? Nous tenons le ciel pour notre patrie. Un grand nombre de ceux que nous aimons nous y attendent : une immense foule de pères, de fils, de frères nous désirent. Ils sont déjà sûrs de leur propre salut, et encore inquiets du nôtre. Quel bonheur partagé, pour eux et pour nous, de nous revoir, de nous embrasser ! Quel bonheur, dans ce Royaume céleste, de ne plus craindre la mort ! Quelle félicité parfaite et perpétuelle, de vivre pour l'éternité !
C'est là que se trouvent le glorieux groupe des Apôtres, la troupe jubilante des prophètes, le peuple innombrable des martyrs, victorieux dans les combats et les souffrances. C'est là que se trouvent les vierges triomphantes qui ont vaincu par l'énergie de leur continence les convoitises charnelles. C'est là que sont récompensés les miséricordieux qui ont accompli la justice en donnant aux pauvres nourriture et aumônes et qui ont observé les préceptes du Seigneur en transférant leur patrimoine de la terre dans les trésors du ciel.
Le Christ Seigneur nous donnera d'autant plus largement sa gloire que nous l'aurons plus fortement désirée."
Vous allez peut-être trouver étrange que cet homme semble accepter aussi facilement la perspective de la mort. Je me permets donc de rappeler que cet évêque de Carthage, né dans une famille païenne, d'origine berbère, converti à l'âge mûr, ne s'est pas contenté de faire de pieux sermons sur la mort ; au moment de la persécution de Valérien, il fut décapité pour sa foi, le 14 septembre 258.
Pourquoi ne pas nous confier au Seigneur sous son patronage ?
vendredi 25 novembre 2016
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.012 : Sous l'horizon de l'Infini...
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Olivier Gaignet
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samedi 19 novembre 2016
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.011 : Vivre ensemble, avec des convictions différentes
Au terme d'une magnifique journée que je viens d'avoir le bonheur de vivre et que j'ai été heureux d'accompagner ce samedi à la Roche s/Yon, à l'initiative du groupe SEL 85 (Solidarité - Eglise - Liberté), avec participation de membres des groupes de dialogue interreligieux de la Roche et des Sables (musulman, bouddhiste), l'on m'a demandé de donner un écho de cette rencontre, et je vous le partage : en matinée, un partage genre Café-Théo, et un topo - échange l'après-midi.
En matinée donc, chaque participant a eu la possibilité de faire part d'une expérience positive de vivre-ensemble qui l'a marqué :
- telle famille a accueilli des Irakiens pendant plusieurs années ; "au cours du temps, après avoir dépassé les diverses difficultés, c'est comme si, eux et nous, on faisait partie de la même famille."
- "nous faisons de l'agriculture biologique ; au début, on a été longtemps seuls, pas toujours compris ! Mais à présent, on sent que cela se développe ; on se sent mieux compris !"
- "plusieurs fois, j'ai navigué à la voile, avec des inconnus ; mais, sur le bateau, nous devions apprendre le vivre-ensemble, pour la marche du voilier, la cuisine, etc... On a appris à compter sur les compétences les uns des autres."
- "je suis allé au Chili plusieurs fois. Sous la dictature, le vivre-ensemble était organisé d'en haut, par la force ! Avec le retour de la démocratie, il a fallu tout réapprendre d'un réel vivre-ensemble, pas plus simple, car il a fallu que les gens se responsabilisent en ce sens."
- "nous avons hébergé des Tchétchènes, avec des enfants, un certain temps, dans une caravane, dans notre jardin ; au début, le voisinage a eu peur ; puis, ils se sont aperçus que la maman, même voilée, était une maman comme les autres."
- "notre famille est très dispersée ; depuis un certain nombre d'années, à intervalles réguliers, nous organisons une cousinade. Nous nous retrouvons très nombreux, de la même famille, mais avec des évolutions différentes. Cela a créé un lieu de rencontres où chacun peut trouver sa place."
- "j'ai invité deux jeunes musulmanes à prendre un verre ; puis, je me suis inquiétée, car c'était pendant le Ramadan ; mais elles m'ont fait comprendre qu'elles étaient heureuses de cette invitation, et qu'elles se sentaient libres en France." Ali, interrogé, a cité ce passage du Coran (2/256) disant : "Il n'y a pas de contrainte en religion."
- "sur la paroisse de Mouilleron-le-Captif ,Venansault..., des personnes très engagées dans l'Eglise ont été démises de leurs fonctions par l'autorité ecclésiale ; cette incompréhension les a blessées. Beaucoup de paroissiens sont découragés... Mais d'autres sont venus à leur rencontre, les ont écoutés longuement, essayent de les soutenir. Le choix a été fait, non de quitter l'Eglise, mais de tenter, envers et contre tout, de maintenir le dialogue avec le diocèse. Lors d'une rencontre, pas moins de 72 personnes sont venues échanger à ce sujet. Dans ce conflit, regrettable, l'on a pu mesurer la volonté de vivre ensemble, de garder des liens pour être constructifs, même si l'on ne voit pas clair par rapport à l'avenir."
Impossible malheureusement de reprendre tous les faits apportés, témoignant que le vivre-ensemble est bien une réalité chez nous, et dans tous les domaines possibles, malgré les difficultés.
Après un repas-partage, temps d'approfondissement.
D'abord, regard sur un certain nombre d'exemples montrant comment, au terme souvent d'un combat intérieur, des évolutions ont pu se produire :
- le rapprochement avec les Protestants : de la haine à la fraternité, avec l'humilité du pape allant en Suède à l'occasion des 500 ans de la Réforme.
- Gandhi, gâce à la non-violence, luttant pour un rapprochement entre Hindous et Musulmans.
- Mandela, laissant de côté la lutte armée pour jouer la carte du vivre-ensemble avec l'oppresseur blanc.
- ce détenu en pèlerinage des prisonniers à Rome, faisant une intervention avec, à ses côtés, la maman du jeune qu'il a assassiné.
- François allant à la rencontre des prostituées, des prêtres mariés, etc...
Puis, échange à propos des deux modèles de la fraternité :
- celle des bons sentiments, selon laquelle, dans l'Eglise, on devrait tous s'aimer, point ! Eviter de s'interpeller, penser si possible la même chose, faire le choix des mêmes options pastorales... Mais est-ce que ce serait vrai ?
- l'autre modèle, ce serait celui de l'alliance, le seul qui permettre de vivre ensemble dans la vérité : une fraternité avec des gens que l'on n'a pas choisis, acceptant des divergences, mais recherchant le dialogue, non obsédée par un besoin d'uniformité.
La société attend ce type de comportement de la part de l'Eglise et des chrétiens.
L'humanisme nous y engage ! Saint Exupéry : "Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis." André Malraux : "L'homme moderne appartient à ceux qui vont le créer ensemble". Lévinas : "Que se passe-t-il quand je regarde quelqu'un en face ?"
Si l'autre est différent de moi, l'erreur, c'est de l'exclure ! Car en effet, il peut me paraître in-compréhensible... Or, "com-prendre", c'est "prendre avec soi" !
A eu lieu alors un échange très riche à propos de ce que le Coran dit de la fraternité, avec plusieurs citations, dont celle-ci : "Si Dieu l'avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté" (sourate 5/48) Mais il nous a fait différents, cela nous invitant à transformer nos différences en complémentarités.
Nous avons survolé alors l'histoire du peuple de Dieu, sans cesse traversé par la tentation du rejet de l'autre, de l'exclusion ; et cela, dès le départ, avec le conflit entre Caïn et Abel, jusqu'à la division entre les deux royaumes d'Israël et de Juda. Mais, sans cesse, des prophètes ont, au risque de leur vie, appelé le peuple à se rassembler, à retrouver l'unité (Ezéchiel 37/15-28, Isaïe 2/4, etc...).
Quant à Jésus, il a été à la fois l'acteur premier, et la victime de son appel au vivre-ensemble. Sans cesse, en opposition le plus souvent avec les responsables religieux dont il dépendait, il a invité à vivre l'esprit des Béatitudes, dans une totale non-violence ; il a invité chacun à être vrai, à ne pas présenter les offrandes sans s'être réconcilié avec son frère ; il a apaisé les tempêtes, invité à aimer ses ennemis ; il a rappelé aux responsables religieux qu'ils devaient avant tout se comporter comme des serviteurs, ne pas se faire appeler "Pères", ne pas se prendre pour des chefs absolus ; il a su accompagner ceux qui étaient éprouvés, etc..., etc...
Nous avons achevé cet échange en reprenant la lettre récente des évêques intitulée : "Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique" ; lettre dont l'un des thèmes-clefs est justement celui du vivre-ensemble, avec des passages tels que celui-ci (page 59 dans l'édition Bayard) : "Notre engagement doit toujours être soutenu par un véritable respect pour ceux qui ne pensent pas de la même manière. S'il faut parfois donner un témoignage de fermeté, que celui-ci ne devienne jamais raideur et blocage (...) sur fond de patiente confiance que Dieu ne cesse d'avoir pour l'homme."
Ce conseil étant d'ailleurs tout à fait valable aussi pour nos relations entre prêtres, évêque et laïcs au sein du Peuple de Dieu.
Avec le rappel du respect dû aux laïcs, qui sont, de par leur baptême, "prêtres, rois-serviteurs et prophètes", le Christ en personne étant présent en eux, ainsi que l'Esprit-Saint. St Jérôme n'a-t-il pas dit que "Tout homme naît avec l'Esprit-Saint" ?
Denise, se fondant sur la voie non violente prônée par le Bouddhisme, nous a invités à bien équilibrer notre relation avec prêtres et évêque.
Proposition a été faite en finale de prévoir une réflexion, ouverte à un large public,sur la place et le rôle des laïcs dans l'Eglise, avec l'aide d'un théologien.
Bravo à ceux qui se prennent ainsi en main pour faire exister un réel vivre-ensemble, tant au sein de l'Eglise que de la société, en prenant des initiatives pour briser les cercles de l'incompréhension et du rejet de l'autre, quel qu'il soit !
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Olivier Gaignet
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21:38
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lundi 14 novembre 2016
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.010 : Le pape a voulu rencontrer des prêtres mariés et leurs familles
Un vendredi par mois, depuis le début du Jubilé, le pape part rendre discrètement visite à des personnes défavorisées ou marginalisées pour illustrer les œuvres de miséricorde.
Quatre anciens curés du diocèse de Rome
« Après plusieurs années consacrées au ministère sacerdotal en paroisse, il est apparu que la solitude, l’incompréhension, la fatigue causée par les lourdes responsabilités pastorales les ont fait douter de leur choix initial de la prêtrise », continue la Salle de presse du Saint-Siège. « Des mois et des années d’incertitude et de doute les ont souvent conduits à croire qu’ils avaient fait, avec le sacerdoce, le mauvais choix. D’où leur décision de quitter la prêtrise et de fonder une famille. »Quatre des jeunes pères de famille rencontrés par le pape étaient d’anciens curés du diocèse de Rome, dont le pape est l’évêque, les autres venant de Madrid (Espagne), d’Amérique latine et de Sicile.
Selon le Vatican, l’arrivée du pape dans l’appartement « a été marquée par un grand enthousiasme », les enfants se rassemblant autour de François pour l’embrasser, tandis que les parents « ne retenaient pas leur émotion ».
« Sa parole paternelle a rassuré tout le monde »
« La visite du Saint-Père a été très appréciée par toutes les personnes présentes, qui n’ont pas ressenti un jugement du pape sur leur choix, mais sa proximité et l’affection de sa présence », précise le Saint-Siège, selon lequel le pape a écouté les anciens prêtres et s’est tenu au courant des procédures canoniques en cours.« Sa parole paternelle a rassuré tout le monde sur son amitié et la certitude de son intérêt personnel », a conclu le Vatican, selon lequel François a une nouvelle fois « voulu donner un signe de la miséricorde à ceux qui vivent une situation de détresse spirituelle et matérielle, et montrer que personne ne doit se sentir éloigné de l’amour et de la solidarité des pasteurs ».
Cette visite s’est terminée vers 17 h 20 , après quoi le pape est rentré au Vatican. Il s’agissait du dernier « vendredi de la miséricorde » de l’année jubilaire.
Tandis que je prenais connaissance de cette démarche du pape, m'est revenue à l'esprit cette phrase de l'Evangile :
"Tandis qu'il était encore loin, son Père l'aperçut et fut pris de pitié :
il courut se jeter à son cou et l'embrassa tendrement." (Luc 15/20)
Mille mercis à ce bon Pasteur qu'est François !
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Olivier Gaignet
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20:10
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samedi 12 novembre 2016
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.009 : "N'est-ce pas Dieu qui a choisi de nous envoyer moins de prêtres ?"
Je voudrais commencer ce billet en citant un extrait du mail reçu d'une paroissienne, Vévette, il y a quelques jours : "Lors de l'assemblée des évêques à Lourdes, j'ai bien aimé le père évêque Jean-Marc Eychenne (Pamiers) déclarant : "N'est-ce pas Dieu qui a choisi de nous envoyer moins de prêtres ?"... s'interrogeant sur le mauvais usage du prêtre, qui devient le tout de l'Eglise. Quelle pertinence ! Je pense à tous les gens qui regrettent le catholicisme des années 50-60. Et aussi aux prêtres qui se dévouent sans compter leur temps, leur santé, qui s'épuisent à tout donner. Comment vis-tu cette interrogation, qui appelle à des modifications, transformations profondes dans notre Eglise ? Sache que je suis proche de toi et de tous tes frères prêtres, entièrement au service de Dieu et des hommes de ce temps, par la pensée et la prière, afin que le Seigneur vous donne les grâces nécessaires pour tenir, car vous êtes surchargés."
Que répondre ? Sinon, tout en remerciant du fond du coeur chacun de ces innombrables laïcs qui soutiennent leurs prêtres, en commençant par rappeler - même si cela semble prétentieux - qu'il y a bien 20 ans au moins que nombre de prêtres se sont posé la question du P. Eychenne... : Dieu nous fait un clin d'oeil, c'est ce que nous répétons depuis des années, pour que nous fassions évoluer les choses au sein de notre Eglise ! Réflexion qui a mis bien du temps à être enfin prise en compte par les évêques ! Mais il est vrai que ceux-ci n'ont pas la même liberté de parole que nous les prêtres : que va dire Rome en effet ? Ne vont-ils pas se faire crosser ?
Je repense à cette phrase que j'avais surlignée, encadrée et bien souvent citée, tirée d'un ouvrage déjà ancien du frère dominicain André Gouzes, qui a redonné vie à l'Abbaye de Sylvanès, "Une Eglise condamnée à renaître" : "Ce ne sont pas les prêtres qui manquent à l'Eglise d'aujourd'hui, mais des hommes et des femmes qui, dans le champ de l'humanité, soient capables d'ouvrir le monde à Dieu."
Ce type de question, lorsque je me trouvais en mission au Mali, nous ne le vivions pas de façon aussi crispée qu'en France aujourd'hui, où l'on a l'impression que, sans prêtres, l'Eglise n'existe plus. Là-bas, il semblait clair que ce n'était pas le prêtre seul qui constituait l'Eglise, mais bien la communauté locale des chrétiens, autour de leurs catéchistes d'ailleurs, le plus souvent. Et, bien sûr, avec la visite d'un prêtre, à certaines échéances, plus ou moins proches selon les possibilités, pour rencontrer la communauté, échanger, faire le point, conforter, compléter ce qu'ils célèbrent déjà, avec l'Eucharistie...
Je voudrais reprendre ici un passage d'un article récent d'un laïc, René Poujol : "Soyons clair : mon propos n'est pas ici d'appeler à une forme quelconque de résignation face à la crise des vocations sacerdotales, et bien évidemment pas de remettre en cause la spécificité du sacerdoce ministériel ni sa nécessité. Il est de formuler, publiquement, une question devenue incontournable et jusqu'ici occultée : la place centrale du prêtre qui marque encore l'organisation de l'Eglise, de la base au sommet, est-elle la réponse pertinente - et légitime - aux défis du millénaire dans nos pays de vieille chrétienté ?"
Et si la pénurie des vocations sacerdotales obligeait l'Eglise à se reposer quelques vraies questions ? Je ne citerai que l'une d'entre elles, parmi les plus fondamentales : celle du P. Blanchet, évêque de Belfort, invitant les évêques à engager un travail sur la notion de "sacerdoce commun des fidèles" ; ce "sacerdoce royal" présenté en 1 Pierre 2/9 ; chaque homme ou femme étant institué au moment de son baptême comme "roi, prêtre et prophète". Est-ce que Pierre parlait en l'air ? Il y a sans doute là une piste d'ouverture intéressante, permettant d'éviter de tout faire reposer sur la seule tête des prêtres ; surtout lorsque l'on constate que, s'il ne reste que 5.000 prêtres de moins de 75 ans en France, l'on doit compter - merci Seigneur - avec les 9.000 LEME (laïcs en mission ecclésiale), permanents d'Eglise, nommés par les évêques, jeunes le plus souvent, dynamiques et assurant leur tâche merveilleusement.
Une dernière citation du P. Eychenne : "Les prêtres ne doivent-ils pas renoncer au cumul des charges et accepter le non-cumul des mandats ? En voulant être partout, ils sont souvent condamnés à être nulle part. Mais cela suppose qu'ils ne soient plus les managers de grands ensembles, et acceptent que d'autres missions soient portées par des laïcs."
Encore faut-il, pour que les choses ne régressent pas, que les prêtres des jeunes générations acceptent la notion de sacerdoce commun des fidèles, plutôt que de vouloir tout faire eux-mêmes, en mettant les laïcs à leur service !!!
Affaire à suivre, plus que jamais !
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Olivier Gaignet
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22:48
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vendredi 11 novembre 2016
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.008 : Parole de Poilus pour 2016 : "Ne hais pas les Boches !"
Vous allez me demander : "Mais qu'est-ce que des Poilus, avec leur histoire vieille de plus d'un siècle, peuvent avoir à nous dire d'intéressant aujourd'hui ?"
On les a enterrés, c'est vrai ! Et pourtant, si ces jeunes hommes, qui ont vécu la Grande Guerre à travers le sang et les larmes, avaient un message à nous communiquer ? Je voudrais, par ce blog, donner la parole à deux d'entre eux, et faire résonner en nos coeurs comment ces jeunes soldats, que tout aurait pu faire douter de l'homme et de Dieu, ont su démontrer que, même dans leur enfer, le mal n'a pas eu le dernier mot.
Tout d'abord, un extrait de la lettre à son épouse d'un soldat breton du nom de Le Dénen : "Chère petite aimée, toi qui as du coeur, je suis surpris de t'entendre parler comme tu le fais au sujet des Prussiens. Certes, ils ne sont pas tous bons, et il y en a qui sont de vrais bandits ; mais ne dis pas qu'ils sont tous mauvais. Ils sont forcés à faire le mal par des chefs, qui sont maudits par leurs hommes et par nous-mêmes.
Souvent, ce sont de pauvres pères de famille. Nous en avons fait prisonnier un l'autre jour, qui a huit enfants en bas âge. Et ces jeunes Allemands que l'on envoie sur les champs de bataille, ils ne sont pas tous mauvais ; ces jeunes maris ont laissé une femme aimée au pays. Leur mère a peiné poutr les élever. Le bon Dieu ne les aime-t-il pas tous autant que nous ? Il ne nous a pas créés de race inférieure à l'autre, et nous sommes tous aussi chers à son coeur.
Aussi, si, par moments, en voyant tout le mal qu'ils font, je me révolte, j'entends aussitôt une voix intérieure qui me dit : "Comprends ce qui se passe, et ne te laisse pas entraîner à maudire tous les Allemands. Mon aimée, ne hais pas les Boches, prie pour eux."
Voici un extrait d'une seconde lettre, d'un certain Gaston Biron à sa mère : "Ma chère mère, pense donc, récemment, nous sommes montés 1.200 au combat, et redescendus 300. Nous ne pensions pas qu'il fut possible de se tirer d'une pareille fournaise. Car, à la souffrance morale de penser que la mort peut nous surprendre à chaque instant, sont venues s'ajouter les souffrances physiques de longues nuits sans dormir ; huit jours sans boire et presque sans manger, huit jours à vivre au milieu d'un charnier humain, couchant à côté des cadavres, marchant sur nos camarades tombés la veille...
Ma chère mère, tu as raison de prier pour moi ; nous avons tous besoin que quelqu'un prie pour nous."
Voici donc le témoignage de deux jeunes hommes qui, au plus profond de l'Enfer, au lieu de marcher dans l'ombre de Caïn, sont restés pleinement hommes, n'ont pas cessé d'espérer, ont tourné le dos au mal, ont continué à croire que l'ennemi pouvait être un frère (ne hais pas les Boches !), ont tenu bon dans l'adversité et, malgré tout, ont cru en Dieu.
En présentant ces deux exemples ce matin, lors de l'homélie de la messe du 11 novembre à Mortagne, je faisais cette prière au Dieu de la Paix : puisse notre communauté humaine de Mortagne, puissent notre pays, notre humanité, savoir puiser, dans la façon dont ces jeunes soldats ont su affronter le mal, la force d'âme nécessaire pour faire face aux graves défis qui nous attendent aujourd'hui.
Cela pour inscrire en lettres d'or, au coeur de notre réel, ce que prophétisait André Malraux : "L'homme moderne appartient à ceux qui vont tenter de le créer ensemble !"
P-S : Navré d'avoir été silencieux tous ces jours ! Mais, quoique l'on puisse penser de l'emploi du temps des prêtres, je n'ai pas eu une minute à moi tous ces jours... Merci de votre compréhension !
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Olivier Gaignet
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18:37
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mercredi 2 novembre 2016
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.007 : Au cimetière en famille
Après un repas sympathique en famille, le jour de la Toussaint, nous nous sommes rendus au cimetière du Gué de Velluire pour y honorer nos parents et connaissances. Auparavant, mes soeurs avaient déjà placé de superbes potées de chrysanthèmes sur les tombes des personnes les plus chères. Un beau-frère avait arrangé et consolidé la tombe de nos parents. Nous comptions passer un peu de temps dans ce cimetière, mais y sommes restés pas loin de 2 heures, sous un soleil éclatant.
Sans cesse, un va-et-vient permanent de connaissances, parfois perdues de vue depuis longtemps : la joie de se revoir, de se saluer, d'échanger des nouvelles des uns et des autres, de parler des défunts comme des vivants.
Réaction générale, en un lieu pourtant synonyme de douleur et de mort : "Qu'est-ce qu'on est bien dans ce cimetière !" "Il est drôlement bien situé, avec une vue superbe sur le marais." "Quand on était petites, on aimait bien y venir, déjà." "Avec toutes ces fleurs, tous ces chrysanthèmes qui ornent les tombes, que de jolies couleurs, quelle beauté !"
Et tout en faisant le tour des tombes, tout en évoquant devant chacune la vie et le souvenir des défunts y reposant, nous voici saluant tour à tour d'anciens copains d'école perdus de vue depuis longtemps, des voisins de jadis, monsieur le Maire, des croyants comme des non croyants, des cousins ou autres : tout ce qui a fait jadis notre vie en commun dans cette petite commune perdue du Sud-Vendée ; mais dont les enfants sont répartis dans tous les coins de France à présent, quand ce n'est pas à l'étranger...
Et nous nous sommes dit : finalement, c'est un peu normal de se sentir bien dans un cimetière. En effet, pourquoi devrions-nous arborer des figures sinistres ou des têtes de mort en cheminant dans les allées, de tombe en tombe ? Cela, les Juifs l'ont bien compris, puisque "cimetière", en hébreu, cela signifie "La Maison des Vivants" ! D'ailleurs, l'une des personnes rencontrées a glissé cette phrase toute brève, que je me suis empressé d'enregistrer : "Moi, je leur parle !"
Voilà pourquoi on aime vivre parfois ce passage dans les cimetières, surtout à l'occasion des fêtes de la Toussaint. Parce que ce n'est pas cette épouvantable faucheuse qu'est la mort que l'on y rencontre, mais des hommes et des femmes qui ont vécu, qui ont agi, qui ont aimé et été aimés ; enfants et vieillards, soldats fauchés dans leur jeunesse, dont la mairie a fait heureusement repeindre les noms glorieux sur le monument aux morts au centre du cimetière ; mais aussi, couples, notables et pauvres gens.
J'en ai profité pour regarder de près ce qui sera ma propre tombe, dans la concession offerte depuis toujours par la mairie aux prêtres originaires du Gué de Velluire, dans un tombeau qui date de près d'un siècle, et où reposent déjà plusieurs prêtres de la famille Gaignet.
Les cimetières donnent finalement à méditer à propos du sens de la vie, de son contenu et de sa durée. Mystère indicible, bribes d'histoire, invitant au respect par rapport à ces vies enfouies dans l'épaisseur du temps.
Une petite prière, afin que toutes ces vies, belles ou difficiles, trouvent, au bout du temps, leur accomplissement total en Dieu, le Père de tous les Vivants.
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Olivier Gaignet
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22:18
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mardi 1 novembre 2016
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.006 : Hommage aux Saints non-croyants
En cette fête de la Toussaint, les chrétiens rendent hommage à ceux que l'Eglise a déclaré "Saints" ; mais pour être ainsi "sanctifié", il faut avoir été baptisé ! Alors, qu'en est-il des autres, de ceux qui, non baptisés, ont mené une vie juste et fraternelle ? Auront-ils droit quand même à la couronne céleste ? Les Protestants, peut-être, diront certains ; par exemple Martin-Luther King ; mais pas mal de catholiques, un peu traditionnels, se méfient encore des Protestants... Quant aux Musulmans, aux Bouddhistes, aux athées, beaucoup hésiteraient à avancer qu'il puisse y avoir aussi des saints parmi eux. En tout cas, aux messes de la Toussaint, l'on chante seulement la gloire des saints chrétiens. C'est sans doute dommage !
A ce sujet, voici une remarque fort pertinente de Jean d'Ormesson, lui-même agnostique : "J'admire beaucoup les athées. Parce que, les gens qui croient en Dieu, eux, ont le ciel. Ils savent que, s'ils font le bien, ils auront une récompense. Mais les athées qui se sacrifient pour les autres, qui donnent leur argent aux pauvres et vont visiter les malades ou les prisonniers sont des espèces de saints qui donnent réellement gratuitement, puisqu'ils ne croient en rien. Les athées sont peut-être les seuls qui méritent le surnom de "saints", et ils seront sûrement assis un jour à la droite de ce Dieu auquel ils ne croient pas."
Personnellement, parmi ces "saints" venant d'ailleurs, je verrais bien - je cite en vrac - le roi Cyrus par exemple : ce roi de Perse qui, ayant vaincu l'empire babylonien, permit alors aux Juifs déportés à Babylone en 587 et 597 de rentrer librement à Jérusalem en 538.
Je pense aussi au fondateur historique du Bouddhisme, qui vécut au 6° siècle avant le Christ, et qui mit tout toute son énergie à permettre à des centaines de millions de personnes, jusqu'à aujourd'hui, de combattre les maux qui les accablait et d'atteindre l'Eveil.
Sénèque est une figure marquante également : "Les malheureux appellent ; c'est de l'homme qu'il faut s'occuper, c'est lui qu'il faut affermir, consoler, encourager." Sénèque s'employa à tremper fortement les âmes de ses concitoyens, afin de les armer contre toute terreur. Condamné par Néron, il le paya de sa vie.
Des musulmans de Fontenay-le-Comte m'avaient offert un ouvrage sur Ibn Arabî (1165-1240), qui a exercé une influence majeure sur le Soufisme et reste le grand Docteur mystique de l'Islam. Il faut voir les phrases qu'il a écrites sur Jésus, avec lequel il avait une relation intime profonde : "J'ai souvent rencontré Jésus au cours de mes visions ; c'est auprès de lui que je me suis repenti."
Parmi les figures plus proches, il y a des gens comme Albert Camus, athée, une des plus hautes consciences morales du XX° siècle. Il fit partie de la résistance, lutta très tôt contre la peine de mort, protesta contre les inégalités qui frappaient les musulmans en Algérie, son pays, prit la défense des victimes du franquisme, du stalinisme, etc...
Et il y a les millions d'anonymes, non répertoriés sur les registres des Eglises, qui sont ceux auxquels Jésus fait allusion quand il annonce qu'il leur dira un jour : "Chaque fois que vous avez aidé un de ces plus petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait." (Matthieu 25/40)
Elie Wiesel aimait rappeler cette légende juive : "Le monde subsiste grâce à 36 justes anonymes qui doivent rester inconnus."
A vous à présent de continuer la liste de tous ceux que vous connaissez, croyants ou non, anonymes et effacés le plus souvent, qui mériteraient vraiment de siéger à la droite de Dieu !
N-B : Pour la petite histoire, c'est aujourd'hui, 1° novembre, le 9° anniversaire de ce Blog, né le 1° novembre 2007 à Fontenay-le-Comte.
Merci aux fidèles de toujours, et à vous tous, amis de ce Blog !
Publié par
Olivier Gaignet
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09:24
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