TOUSSAINT 2021 (Jard-sur-Mer)
C’est bien beau de promettre aux
gens que leur récompense sera grande dans les cieux, et de chanter qu’autour du
trône de Dieu se tient la foule des sauvés ; mais qu’est-ce qu’on en
sait ? Qui est revenu nous dire
qu’il y avait vraiment, après la mort, une autre vie, dans un au-delà incertain
? Est-ce que cde n’est pas une
fake-news ? Rassurez-vous : je
n’ai pas perdu la foi ! Mais reconnaissons que beaucoup, y compris dans
nos familles, doutent de tout cela ! Et l’on connaît cette réflexion de
Staline disant : « A la fin, c’est toujours la mort qui
gagne ! »
La seule chose dont l’on soit
sûr, c’est que, toute notre vie, on passe de boîte en boîte. D’abord, on passe notre jeunesse dans une
boîte (un collège, puis un lycée) ; ensuite, pour se détendre, on va en
boîte, et on y va dans notre caisse (notre voiture) ; puis, quand on
travaille, on est dans une grosse boîte, ou une petite boîte ; et enfin, au
dernier jour, on finit dans une boîte, et vous savez laquelle !
En fait, pour nombre de nos contemporains,
non croyants ou mal croyants, notre existence est réduite à cela. Et même de grands philosophes, comme Freud,
Marx, Sartre et autres, sont restés silencieux devant la mort, et bien en peine
de nous éclairer par rapport à une aussi
importante interrogation. Mais ça nous tracasse, nous ! Et on aimerait bien savoir ce qu’il peut y
avoir après la mort…
Malheureusement, si j’en juge à
un article paru dans le « Ouest-France » de ce jour, je suis un peu
inquiet ! Avez-vous repéré ce
titre, p. 5 : « La mort à l’école, un sujet tabou » ? Selon une enquête de l’Ifop, 7 enseignants
sur 10 se sentent mal à l’aise pour aborder ce sujet avec leurs élèves, et
évitent de le faire…
Cependant, au sein de l’humanité,
depuis la nuit des temps, il y a toujours eu des hommes et des femmes pour
croire que la mort n’était pas la fin de tout.
Bien avant les promesses de la Bible, il y a plus de 100.000 ans, les
humains déposaient déjà, auprès de leurs défunts, comme, plus près de nous, les
Egyptiens dans les pyramides, ou dans les sépultures en Chine, des vivres, des
vêtements, et parfois des armes, pour les accompagner dans leur dernier voyage.
Etaient-ils, ces humains primitifs, plus clairvoyants que Staline ou
Sartre ? Peut-être bien que oui…
Mais, pour faire court, c’est
avec Jésus que la conception que l’on se fait de l’au-delà a connu une vraie
révolution. Car le Christ est venu offrir, à la face du monde, la joyeuse figure
d’un Dieu d’amour, capable de vaincre la mort.
Et c’est sur cet enseignement que nous basons notre foi dans l’au-delà.
A propos de cet au-delà, on entend parfois dire que personne n’en est
revenu ? Mais si pourtant ! Et qui donc ? Après sa mort, Jésus ! Oui, il est revenu !
Le philosophe Pascal résume ainsi,
face à Sartre et autres maîtres du doute, l’attitude chrétienne :
« Si tu crois que l’homme peut disparaître à jamais, c’est que tu ne crois
pas en sa dignité infinie. » C’est
d’ailleurs là l’un des apports essentiels du christianisme à la civilisation
universelle ; pensez donc : alors qu’il pourrait disparaître comme un
tas de feuilles mortes au fond d’un tombeau, notre religion donne à l’homme,
au-delà de sa mort, un destin nouveau et infini. Et ce qui nous attend dans l’au-delà, ce n’est
que du bonheur, si l’on en croit notre foi.
Mais, me direz-vous, le paradis,
l’au-delà, qu’est-ce qu’on en sait ?
En fait, Jésus nous a donné des indices, à travers des images comme
celle du repas de fête quand, souvenez-vous, le Seigneur dit qu’à l’arrivée de
ses amis dans le royaume du ciel, il prendra un tablier, les fera s’asseoir à
sa table et les servira chacun à leur tour.
En Vendée, où l’on aime bien les repas de fête, eh bien, cette image de
convivialité rend assez sympathique l’idée que l’on peut se faire du
paradis !
Autre image, celle de la 1°
lecture, tirée du Livre de l’Apocalypse, dans laquelle St Jean nous présentait,
lui, le ciel sous la forme d’une liturgie grandiose, vécue autour de Dieu et du
Christ glorieux. Attention, ceci n’est
pas une description du ciel, mais cette évocation a pour but d’ouvrir nos
esprits à une réalité, certes inconnue, mais dont on peut être certains qu’elle
émerveillera notre cœur pour l’éternité.
En tout cas, cette lecture nous
apprend qu’au ciel, nous ne serons pas assis comme à un grand spectacle au Puy du Fou, dans des fauteuils
bien rembourrés ; au contraire, nous serons acteurs, nous serons actifs,
et nous mènerons une vie qui dépassera en beauté et en lumière tout ce que l’on
peut imaginer.
Autre question : ce paradis,
où se trouvera-t-il ? Attention, il
ne faut pas penser le paradis en termes d’espace : plutôt en haut ? Ici ?
Ou là ? Mais on n’en sait
rien ! D’ailleurs, il faut sans doute envisager le paradis plutôt en
termes de relations. Je m’explique : à Jean-Paul Sartre décrétant que
« l’enfer, c’est les autres », Sr Emmanuelle objectait :
« les autres, c’est le paradis. »
Mais ce n’est pas ce que nous enseignent les réseaux sociaux
généralement.
C’est pourtant cette conception
du paradis qui nous a été présentée à travers l’évangile de la Toussaint. Le
paradis sera ouvert à ceux qui, ici-bas, auront essayé d’être doux,
miséricordieux, passionnés de justice ; en un mot à tous ceux et celles
qui auront travaillé, ici-bas, à faire exister un monde autre, un monde plus
humain ; ce monde dont, face au chaos actuel de notre société, tous déjà,
nous rêvons. Mais j’ai bien peur que,
face à tous ces enjeux, la COP 26 n’aille pas très loin. Une bonne réunion des
chefs d’Etat autour de l’Evangile des Béatitudes…On peut toujours rêver !
Et le contraire de ce monde
nouveau, le contraire du paradis, c’est l’enfer, dont on a prétendu parfois
qu’il n’existait pas. Et pourtant, c’est une tragique possibilité, même pour
quelqu’un qui a été croyant et pratiquant ; par exemple, si, bien que bon
pratiquant régulier, l’on a tourné le dos à des personnes en souffrance, si
l’on s’est brouillé à mort avec certains de nos proches, en refusant de nous
réconcilier, si nous avons fermé notre porte ou celle de notre pays à des malheureux,
si nous avons été profondément injustes et méprisants, sans chercher à nous
convertir… Comme l’a dit St Jean en
effet, dans sa 1° lettre, 2/9 : « Celui qui prétend aimer Dieu et qui
n’aime pas son frère, celui-là marche dans les ténèbres, et c’est un
menteur ! » D’ailleurs, dans
ses exigences et dans sa netteté, cet évangile de la Toussaint tire le signal
d’alarme pour chacun d’entre nous, moi prêtre y compris bien sûr ! Que voulons-nous faire de notre
vie ? Là est la seule question qui
vaille !
Je termine avec le purgatoire,
dont cependant, Jésus n’a jamais parlé. C’est une notion qui n’est apparue
qu’au 12° siècle. Quand on arrive chez quelqu’un, à la porte, on commence par
s’essuyer les pieds, surtout si on a marché dans la boue. On peut concevoir qu’avant d’entrer au paradis,
nous ayons besoin de nous laisser purifier, et purger ; d’où le mot
« purgatoire ». En effet, le mal ne peut entrer au ciel ; il
faut d’abord s’en laisser purger. Et cela dès aujourd’hui, y compris pendant
cette messe : nous sommes là pour ça !
Je termine ! Le ciel, le
purgatoire, l’enfer, il y n a de quoi s’y perdre, pouvons-nous penser !
Pas du tout car, dans le ciel, de nombreuses étoiles éclairent notre route, au
milieu des obscurités de notre vie. Ces
étoiles, ce sont les saints de tous les temps qui, par leur exemple d’amour de
Dieu et de respect des autres, éclairent notre chemin. Plus que cela, les saints et les saintes du
ciel nous portent dans leurs bras et nous soutiennent de leur prière, afin que
nous puissions nous aussi parvenir un jour dans la gloire du ciel. Confions leur notre vie ! Amen !