Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



mercredi 7 janvier 2015

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.824 : "Il faut rallumer tous les soleils !" (Jean Jaurès)

Avec l'attentat qui vient de se produire contre les journalistes et dessinateurs de "Charlie-Hebdo", nous venons d'assister en direct, impuissants et tétanisés, à une véritable catastrophe humaine !
Alors que nous sommes encore dans le temps des voeux, est-il vraiment possible d'y croire ?
Il serait bon, bien sûr, que l'année 2015 soit meilleure que celles qui l'ont précédée,  mais est-il bien raisonnable d'y compter, au regard des menaces ou des malheurs égrenés tout au long de l'année qui vient de s'écouler, du terrorisme international aux plans sociaux chez nous ?
Tout semble justifier la peur en effet ; et nous sommes tentés de penser que notre avenir nous échappe, qu'il est le jouet de forces obscures sur lesquelles nous n'aurions pas de prise...
Cependant, la peur est mauvaise conseillère. D'ailleurs, la peur, comme le dit l'adage, n'évite pas le danger !
Mais alors, quelle autre solution ?  Une espérance est-elle possible ?  Je repense à ce proverbe kurde qui m'a toujours impressionné : "Notre passé est triste, notre présent est tragique ; heureusement, nous n'avons pas d'avenir !"
Comment, dans de telles conditions, se souhaiter une bonne année en vérité ?  C'est si long, une année ! C'est si précaire, une santé !  C'est si fragile, le vivre-ensemble !
Nous ne sommes donc pas en mesure de nous offrir des voeux faciles, à toute épreuve !  Nous sommes, vous et moi, si fragiles devant la vie, qui va comme elle peut.
Finalement, nous n'avons sans doute qu'une chose à nous souhaiter: oser vivre l'année qui vient, comme elle viendra...
J'ai cité dans mon homélie de la nuit de Noël ce bel appel de Jaurès : "Il faut rallumer tous les soleils !"  A chacun de nous de s'y employer, même si la flamme de notre vie est bien faible.
Je vous laisse aussi en méditation ce merveilleux conseil de Frère Roger, de Taizé : "Ne l'oublie pas !  Ce qui te préoccupe, Dieu s'en occupe..."
"La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée !"  (Jean 1/5)

jeudi 1 janvier 2015

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.823 : "Que chaque matin soit une année nouvelle !"

En ce nouvel an, tout en vous présentant tous mes voeux les meilleurs, principalement de santé et de fraternité, j'ai plaisir à vous partager une méditation d'un écrivain et homme politique italien, Antonio Gramsci, à propos du 1° janvier. Un peu déroutante à première lecture, mais si interpellante finalement !
A. Gramsci (1891 - 1937), qui a milité contre le fascisme, a passé onze années dans les prisons de Mussolini, ce qui a gravement altéré sa santé. Mais c'est à 25 ans déjà, dans la fougue de la jeunesse, qu'il avait écrit cette page, parue en 1916 dans un journal de Turin.

Je hais le nouvel an

Chaque matin, à me réveiller encore sous la voûte céleste, je sens que c’est pour moi la nouvelle année. C’est pourquoi je hais ces nouvel an à échéance fixe qui font de la vie et de l’esprit humain une entreprise commerciale avec ses entrées et sorties en bonne et due forme, son bilan et son budget pour l’exercice à venir. Ils font perdre le sens de la continuité de la vie et de l’esprit. On finit par croire sérieusement que d’une année à l’autre existe une solution de continuité et que commence une nouvelle histoire, on fait des résolutions et l’on regrette ses erreurs etc. etc. C’est un travers des dates en général. On dit que la chronologie est l’ossature de l’Histoire; on peut l’admettre. Mais il faut admettre aussi qu’il y a quatre ou cinq dates fondamentales que toute personne bien élevée conserve fichée dans un coin de son cerveau et qui ont joué de vilains tours à l’Histoire. Elles aussi sont des nouvel an. Le nouvel an de l’Histoire romaine, ou du Moyen Âge, ou de l’Époque moderne. Et elles sont devenues tellement envahissantes et fossilisantes que nous nous surprenons nous-mêmes à penser quelquefois que la vie en Italie a commencé en 752, et que 1490 ou 1492 sont comme des montagnes que l’humanité a franchies d’un seul coup en se retrouvant dans un nouveau monde, en entrant dans une nouvelle vie. Ainsi la date devient un obstacle, un parapet qui empêche de voir que l’histoire continue de se dérouler avec la même ligne fondamentale et inchangée, sans arrêts brusques, comme lorsque au cinéma la pellicule se déchire et laisse place à un intervalle de lumière éblouissante.Voilà pourquoi je déteste le nouvel an. Je veux que chaque matin soit pour moi une année nouvelle. Chaque jour je veux faire les comptes avec moi-même, et me renouveler chaque jour. Aucun jour prévu pour le repos. Les pauses je les choisis moi-même, quand je me sens ivre de vie intense et que je veux faire un plongeon dans l’animalité pour en retirer une vigueur nouvelle. Pas de ronds-de-cuir spirituels. Chaque heure de ma vie je la voudrais neuve, fût-ce en la rattachant à celles déjà parcourues. Pas de jour de jubilation aux rimes obligées collectives, à partager avec des étrangers qui ne m’intéressent pas. Parce qu’ont jubilé les grands-parents de nos grands parents etc., nous devrions nous aussi ressentir le besoin de la jubilation. Tout cela est écœurant.
(Antonio Gramsci, 1er janvier 1916 sur l’Avanti!, édition de Turin, rubrique « Sotto la Mole ») Traduit par Olivier Favier.