Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



mardi 30 janvier 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2912 : Le secret des prêtres

 

Le chroniqueur Michel Cool, dans le cadre de "Aleteia" que je remercie, rend hommage à de vieux prêtres de son diocèse qui ont tenu bon, dans la tempête, et qui ont su demeurer jeunes, toujours tournés vers l’avenir, reliés par leur fraternité dans le Christ.
Je le rejoins dans son analyse, ayant le bonheur moi aussi de faire partie d'une petite Fraternité de prêtres du Père de Foucauld en Vendée.
 

La joie de ma semaine : avoir partagé deux petits jours de réflexion avec une quinzaine de prêtres de mon diocèse. Ils provenaient de différents secteurs ruraux, urbains ou maritimes. Ils étaient pour la plupart déjà avancés en âge. Mais toujours bon pied bon œil, en dépit des vicissitudes corporelles et temporelles. Les regardant en face, les écoutant avec attention, je me sentais loin des commentaires caricaturaux circulant souvent sur eux. Je pensais à leur indéniable courage. À leur admirable persévérance, pour être exact.

Jeunes, ils avaient espéré un printemps avec le fr.aleteia.org/tag/vatican/">Vatican II »>concile Vatican II. Et ils récoltèrent la tempête. Beaucoup de leurs collègues prirent leurs cliques et leurs claques et rejoignirent la vie civile. Eux, ils sont restés dans leurs paroisses. Ils ont duré. Ils ont servi du mieux qu’ils pouvaient. Quand ils s’entendent reprocher d’avoir « tout bazardé » et « vidé » les églises, ils font le gros dos. Ils bougonnent. Mais leur cœur saigne. L’ingratitude est une raclée meurtrière. Oui, ces hommes-là méritent mieux que ces avanies. Car ils ont porté, soulagé, donné plus qu’il ne fallait alors qu’un profil d’Église et de société s’écroulait autour d’eux. Même quand l’ouragan ou le diable cherchait à s’engouffrer par leur fenêtre, ils ont tenu bon. Ils ont su tenir leur petite lumière allumée.

Des jardiniers

Je pensais à cela pendant le tour de table où chacun exprimait les raisons de son enthousiasme personnel. Pour le nonagénaire de la bande, « rompu d’épreuves » si l’on peut dire, c’était son arrivée dans un foyer-logement : il appréciait son nouveau voisinage et se réjouissait d’avoir plus de temps à consacrer à l’écoute et à la connaissance des jeunes prêtres. Bel enthousiasme de 90 ans ! Un autre, plus jeune et curé de paroisse, témoigna du « feu de Dieu » que lui procurait parfois le sentiment d’être le simple instrument de « Quelqu’un qui nous veut du bien ». C’était non seulement joliment dit, mais son cri du cœur exprimait — c’était presque palpable — une énorme sympathie pour le monde et une formidable humilité spirituelle. Ce tour de table fut exempt de toute lamentation nostalgique. Au contraire, j’eus l’impression d’entendre des jardiniers — auxquels d’ailleurs se compara l’un d’eux — qui me parlaient de leurs préparations de semis en vue du printemps à venir.

Ces prêtres possèderaient-ils un secret de jouvence ? Je ne sais pas. Je connais en revanche leur trait d’union. Ils sont tous membres de la Fraternité sacerdotale Charles de Foucauld.   Née en France en 1951, elle propose à des prêtres diocésains de vivre leur ministère à la lumière du Frère Charles, proclamé saint en 2022. Ils se retrouvent régulièrement dans leurs diocèses, en petites fraternités, pour un temps de partage de vie, de réflexion et de prière commune. Le témoignage de Charles de Foucauld, « ermite missionnaire » dans le désert du Hoggar, les inspire à mener une vie simple orientée par leur désir de proximité avec des personnes marginalisées dans la société ou dans l’Église. Et par cet autre désir de proximité spirituelle avec le Christ entretenue par l’adoration eucharistique et la récitation de la prière d’abandon du « Frère universel ».

Au fond, le secret de jouvence des prêtres que j’ai fréquentés une poignée d’heures dans une abbaye nichée dans la vallée de la Canche, dans le Pas-de-Calais, c’est peut-être ce qu’on appelle la fraternité : le simple coude-à-coude de personnes reliées entre elles par la Présence ineffable de « Quelqu’un qui nous veut du bien ». Une Présence qui allège de tous les fardeaux. Une Présence qui aide à soulever les montagnes. Une Présence qui peut faire des miracles… 


dimanche 28 janvier 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2911 : Le Père Noël a rejoint les Cieux infinis !

 Depuis une dizaine d'années, Marc était une des figures de l'équipe du Secours Catholique du secteur de Talmont. Il était d'abord venu vers le Secours Catholique car il était dans le besoin ; mais, intéressé, il avait intégré l'équipe animatrice depuis plusieurs années. Il était très fidèle aux rencontres. Tout le monde l'aimait bien, même si Marc, eurasien, préservait le mystère de son existence, un peu fracassée et cabossée apparemment. En tout cas, lors du récent passage de l'évêque à Talmont, il avait affirmé ceci devant lui : "le Secours Catholique, c'est ma famille !"

Aussi, quelle n'a pas été notre stupeur lorsque, il y a quelques jours, nous avons appris qu'il avait été trouvé sans vie chez lui, décédé depuis déjà une quinzaine de jours.  Lui qui ne faisait pas de bruit, qui ne parlait jamais pour ne rien dire, voici qu'il est parti discrètement... Nous n'en saurons pas plus.

Par contre alors, toute l'équipe du Secours Catholique s'est mobilisée, et un temps d'hommage a été organisé en son honneur, car rien n'était prévu pour ses funérailles.  C'est ainsi que, ce dimanche matin, plus d'une trentaine de personnes se sont retrouvées pour faire à Marc un bel au-revoir : bénévoles, mais aussi plusieurs personnes accompagnées..  Non, Marc n'est pas parti seul ! Nous étions là ce matin, autour de lui, représenté par des photos diverses, l'une apportée par Christine déposée sur la table de prière, dans la salle de l'Orangerie de Bourgenay, offerte par les Soeurs qui étaient parmi nous.

Deux très beaux chants ont rythmé notre rencontre, particulièrement le "Alleluia" de Léonard Cohen :

Pourquoi rêver d'un paradis

C'est maintenant et c'est ici

Qu'il faut unir nos espoirs et nos joies..."

Marc était croyant !  Avec lui, nous avons redis aussi notre foi en ce monde nouveau auquel nous croyons. L'évangile du Bon Samaritain nous a rappelé que notre mission est bien d'abord d'être attentifs à celles et ceux qui sont laissés sur le bord de la route, par nous-mêmes et par notre société.

Au cours de la messe, plusieurs ont pu s'exprimer par rapport à ce qu'ils ont retenu de Marc.  En voici quelques trop brefs échos :

-  "On était sa famille !  Il va nous manquer !"

-  "Certes, nous étions sa famille, mais il nous le rendait bien."

-  "Je garde de lui une image d'une personne agréable, courtoise et respectueuse de nous tous."

-  "Notre Père Noël s'en est allé ! Il nous faudra faire sans lui..., mais il ne sera pas possible de l'oublier."

-  "Je constate que nous faisons tous preuve de bienveillance et d'empathie les uns envers les autres !  C'est comme une colle forte qui nous soutient en cas de besoin et qui fait de nous une belle équipe."

-  "Je retiens de lui sa gentillesse et son grand coeur."

L'image la plus forte que nous retiendrons peut-être de Marc, c'est celle du Père Noël, qu'il représentait avec beaucoup de talent lors de chaque soirée annuelle autour de l'Arbre de Noël du Secours Catholique. Il savait si bien présenter les cadeaux aux enfants des familles défavorisées ; il savait faire naître la joie sur les visages et dans les coeurs.

Désormais, c'est du haut du Ciel que Marc continuera de faire pleuvoir Joie et Paix au milieu de nous.  

Marc, merci pour tout, et "bon Ciel !"

vendredi 26 janvier 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2910 : Merci chers amis prêtres !

 Hier jeudi, très belle initiative sur notre diocèse, avec proposition d'une rencontre à la Roche-sur-Yon, à 20h30, pour remercier les prêtres.  Ne pouvant y participer, avec les religieuses de Bourgenay, nous avons proposé de vivre ce merci au cours de la messe de ce jeudi matin à 9h.  L'eucharistie a été célébrée en action de grâce pour les prêtres et, après l'évangile, la parole a été donnée aux personnes présentes pour leur permettre d'exprimer leur merci.

Un certain nombre ont pu partager combien des prêtres les ont aidés, de façons très diverses ; dans de multiples circonstances, ils ont été présents ; voici quelques points dont j'ai souvenir; et j'en ai ajouté quelques autres, suite à diverses réflexions qui m'ont été faites récemment sur ce même sujet !

-  "Un prêtre m'a accompagné depuis mon enfance jusqu'à mon mariage ; j'ai beaucoup reçu de lui !"

-  "Merci aux prêtres qui nous ont nourris de la Parole de Dieu."

-  "J'ai parfois eu quelques problèmes avec certains prêtres, mais la plupart m'ont vraiment guidé vers le Christ."

-  "Les prêtres ont beaucoup compté dans ma vie, comme de beaux exemples, des amis, des frères, compréhensifs, miséricordieux."

-  "Parfois, les prêtres nous ont remonté les bretelles, mais cela nous faisait du bien de nous sentir relancés."

-  "Dans les moments de découragement, j'ai pu trouver appui sur des prêtres, qui ont eu la patience de m'écouter et de me conseiller, du mieux qu'ils pouvaient !"

-  "Les prêtres n'étaient pas des "pères" pour moi ; je n'aimais pas ce mot ; mais des "frères", des grands frères qui comprenaient ce qu'on vivait."

-  "Par leur engagement, nombre de prêtres ont forcé mon admiration ; tandis que j'étais au séminaire, c'est grâce à l'exemple de leur vie que je me suis décidé à suivre le chemin du sacerdoce."

-  "Je ne sais pas si les prêtres savent à quel point ils nous ont aidés.  Mais je pense que l'on n'a sans pas assez pris le temps ni la peine de les en remercier !"

L'on pourrait dire tant d'autres choses à propos de ce que les prêtres nous ont fait découvrir !  A chacun de réfléchir à ce que les prêtres lui ont apporté dans sa propre vie.  Mais ne manquons aucune occasion de manifester à nos prêtres combien leur présence, leur exemple, leur foi ont été pour nous quelque chose d'essentiel ! Et comment cela nous a construit, en tant que femmes ou hommes, et en tant que croyants !

MERCI  A  VOUS,  CHERS  AMIS  PRÊTRES  !

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Ce serait pas mal qu'une telle initiative soir reprise pour dire merci également aux diacres, mais aussi, aux Frères, aux religieuses bien sûr également;

L'Eglise leur doit tant !

mercredi 24 janvier 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2909 : Merci, chers frères et soeurs Protestants !

A vrai dire, c'est ancien, mais j'y repense encore aujourd'hui, au coeur de cette semaine de prière pour l'Unité des chrétiens, ma relation avec les Protestants avait bien mal commencé !  J'avais alors 8 ou 9 ans ; circulant à pied dans les rues de Fontenay-le-Comte avec des membres de ma famille, tandis que nous passions devant ce qui ressemblait à une église, je fis cette proposition : "Est-ce qu'on peut y entrer ?"  La réponse est tombée alors comme un couperet : "Ah non, pas là ; on ne doit pas y entrer."  Cette réaction m'a surpris, mais, trop jeune, sans en saisir la raison, j'ai compris qu'il ne fallait pas insister ! 

A cette époque en effet, et ce n'est pas si ancien que cela, c'était au début des années 50, les Protestants, je l'ai compris plus tard, étaient loin d'être perçus comme des frères aux yeux de catholiques ; tandis que les Temples étaient des lieux un peu perçus comme sous l'emprise du démon, les Protestants étant des hérétiques... Les guerres de religion n'étaient pas loin !

Inutile de dire avec quel sentiment jubilatoire j'ai évoqué cette anecdote lorsque, devenu curé-doyen de Fontenay-le-Comte, j'ai été invité par le pasteur de l'époque à assurer une prédication en ce même Temple, lors de la semaine de prière pour l'Unité, 60 ans plus tard, en janvier 2008. Que de chemin parcouru alors !

L'une des grâces principales de mon ministère de prêtre, c'est d'avoir pu rencontrer, dans les différents lieux où j'ai été affecté, des amis protestants qui m'ont ouvert et initié à leur vision de l'Evangile et de l'Eglise.  Et cela, que ce soit au Mali, à Paris, à Montaigu, aux Sables d'Olonne, à Fontenay-le-Comte et ailleurs.

Et cela en commençant par Grenoble, où j'ai travaillé à l'hôpital au moment du Concile Vatican II.  Boosté par cet événement rénovateur, chaque dimanche, en plus de la messe, j'allais au Temple, et je me régalais de la façon dont s'y vivait la liturgie, de façon bien des fois plus ouverte que dans nos églises catholiques restées très fermées et tradis,  un peu comme aujourd'hui en trop d'endroits.

J'ai appris beaucoup de choses des Protestants :

-  en 1° lieu, la place de la Bible au centre de toute vie et de toute action

-  le rôle des laïcs, qui n'est pas vécu comme en dépendance d'un curé tout puissant

-  la coutume de travailler en synode, chaque années, avec des choix pastoraux précis, pouvant être relus, remis en cause, approfondis

-  la place éminente ouverte au femmes dans les ministères

-  l'engagement financier très fort proposé aux paroissiens (10% !)

-  l'absence de dentelles, de formules telles que "mon Père", "monseigneur", de tenues vestimentaires extravagantes (chapes, mitres au-delà du ridicule, calottes, camails, etc.)

-  une conception plus équilibrée par rapport à la place de Marie, la 1° des disciples, et non la reine du ciel, ce que, dans la modestie de son attitude dans les évangiles, elle n'aurait pas apprécié. 

Comment ne pas évoquer aussi ce que nous ont apporté la musique de Bach, le témoignage du pasteur Martin-Luther King, l'exemple du pasteur Bonhoeffer pendu nu par les nazis, le dynamisme des Eglises évangéliques, ce laïc protestant congolais, Denis Mukwege, le gynécologue qui répare les femmes violées, etc ?

Pour tout cela, et pour tant d'autres aspects que la place ne me permet de citer, chers frères et soeurs Protestants, au nom du Christ Sauveur, un immense MERCI !


dimanche 21 janvier 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2908 : Les Français ont tué 400.000 Algériens

Nous sommes tous sidérés par le terrible pogrom du 7 octobre, au cours duquel de nombreux Israéliens ont été enlevés ou ont trouvé la mort dans des conditions horribles. Et nous n'arrivons ni à comprendre ni à accepter ces milliers de morts à présent, en représailles, sur le territoire de Gaza.  Alors, nous réagissons, et c'est heureux, et nous nous élevons contre ce déluge de mort qui défigure et désespère notre humanité.  Les uns d'accuser violemment les Israéliens de piétiner le beau message biblique de fraternité ; mais si nous avions été nous-mêmes victimes du massacre du 7 octobre, comment aurions-nous réagi ?  N'avons-nous pas nous-mêmes un grave examen de conscience à faire, non pas pour aujourd'hui peut-être, mais par rapport à l'Histoire, face à cette terrible situation ?  Même s'il n'est pas confortable pour nous, à l'abri de nos "certitudes", oublieux de notre passé que nous avons refoulé, repliés sur nos bons sentiments, de nous poser de telles questions.

N'est-ce pas l'Europe en effet, c'est-à-dire nous, à travers nos ancêtres, les gens de notre sang, qui a écrasé, rejeté, incompris, crucifié  les Juifs qui habitaient en son sein, et cela pendant 2000 ans, au nom de notre foi catholique le plus souvent ?  N'est-ce pas chez nous, en Europe, que des millions de Juifs ont été exterminés ?  Et ce n'était pas l'oeuvre de musulmans !!!

Comme le dit un historien juif, Shlomo Sand (voir "La Croix" du 15 janvier, page 19) : " Je vais être très brutal : c'est l'Europe qui nous a vomi sur les Arabes de Palestine.  C'est la raison pour laquelle le comportement des Européens, Allemands, Français, Anglais, m'énerve tellement.  Vous êtes responsables des tragédies des Palestiniens à long terme."

J'en arrive au titre de ce billet.  Quand j'entends des Français et autres pousser des hauts cris contre l'horrible destruction de Gaza et le massacre de 25.000 Gazaouis à ce jour, je ne peux que les comprendre. Mais j'aimerais un peu plus de retenue de leur part. Ne faut-il pas un sacré culot en effet, et de graves oubli de notre part, pour que nous puissions nous permettre de porter des jugements et des condamnations sans appel.

Nous qui nous considérons comme des âmes pures, n'avons-nous pas trop vite oublié que, durant la terrible guerre d'Algérie, et alors que là-bas, nous n'étions pas chez nous, contrairement en partie aux Juifs en Israël, nous Français, nous avons tué au moins 400.000 Algériens ? La plupart des sources s'accordent sur ce bilan de 400.000 Algériens morts, civils et combattants, sans compter des centaines de milliers de blessés et handicapés.

Et je ne dis pas dans quelles conditions : l'utilisation forte de la torture, le fait de jeter des prisonniers vivants du haut des avions ; tandis que, pendant cette guerre, outres des destructions de toute sorte, ce sont des centaines de villages qui ont été rasés au napalm, et les villageois brûlés...  Dieu merci, si je puis dire, on n'en est encore pas là à Gaza, même si la situation y est plus qu'effroyable.  La France a fait bien pire en effet, et il n'y a pas si longtemps que cela : vite passé, vite oublié, conscience tranquille !  Par contre, les petits-enfants qui écument nos banlieues, ainsi que les fils et filles de harkis lâchement abandonnés par la France, eux, s'en souviennent !

Dans le même sens, et je ne parlerai pas de ce qui s'est passé dans d'autres colonies, au Vietnam par exemple, avons-nous déjà oublié ce qui s'est passé en 1947 à Madagascar ?  Mais qu'est-ce que nous étions allés faire là-bas ?  Bien pire que les colons israéliens en Cisjordanie.  Suite à la révolte des Malgaches contre la colonisation française, lorsque celle-ci a été "matée", le Haut-Commissaire lui-même a annoncé le chiffre de 100.000 morts ; tandis que du côté des militaires et des colons, on recensait 550 morts.

Question : comment avons-nous pu oublier tout cela ? "Ah, je ne savais pas..." Mais vous savez à présent !  Et qu'est-ce que vous en faites ? N'est-ce pas pour cela que, sous nos yeux naïfs et étonnés, les nations du tiers monde et du grand Sud se tapent sur le ventre et nous regardent de travers, après ce que nous leur avons fait subir, quand nous leurs demandons de respecter les droits de l'Homme ?

Vous allez me dire : pourquoi parler de tout cela ?  Qu'est-ce que cela va faire avancer ?  Je n'en sais rien !  Peut-être cela pourrait-il aider à une prise de conscience plus forte, bien que tardive, de nos propres failles...  Mais en tout cas, cela peut nous inviter à rester humbles, modestes, et plus prudents dans nos analyses des situations comme en ce qui concerne nos jugements.  Quand les droits de l'Homme, nous n'avons pas su les respecter, sommes-nous bien placés pour reprocher à d'autres de les piétiner ?

En un mot, qui sommes-nous pour juger et condamner ?  Sans vouloir cacher la vérité, un peu de pudeur ne nous fera pas de mal par rapport à notre façon de nous exprimer, face aux grands problèmes de ce temps !


dimanche 14 janvier 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2907 : "Tu iras en enfer !"

 Il y a quelques années, lorsque j'étais curé de Mortagne-sur-Sèvre et St Laurent-sur-Sèvre, un ami prêtre est venu me dire que quelqu'un de bien connu sur le diocèse disait, publiquement, ceci : "Olivier Gaignet ira en enfer". Je n'étais pas seul ; j'étais condamné ainsi en compagnie de 4 ou 5 autres prêtres du diocèse !  En ce qui me concerne, j'étais jugé pour plusieurs raisons, dont voici les principales : 

sur la paroisse, nous ne célébrions quasiment plus de sépultures avec la messe ; ce qui d'ailleurs ne voulait pas dire que je n'en célébrais pas moi-même, mais sans messe ; et en expliquant bien que l'on prierait à l'intention du défunt lors de la messe du dimanche suivant, avec toute la communauté paroissiale, et que la famille du défunt était invitée à être présente ! Mais cela s'expliquait ainsi : il y avait parfois deux sépultures dans la même journée, et l'on n'aurait pu célébrer la messe qu'une fois ; d'où une certaine incompréhension de la part de la famille qui n'aurait pas eu "sa" messe.  D'autre part, nous voulions donner toute leur place aux diacres et aux laïcs qui s'étaient formés pour présider des sépultures.

nous avons maintenu les célébrations collectives de la Réconciliation, malgré certaines consignes officielles  il est vrai. Au lieu de laisser tomber ce cérémonial pour se rabattre seulement comme jadis sur la confession individuelle, deux ou trois fois dans l'année, surtout avant Noël et Pâques, nous invitions les paroissiens à venir nombreux recevoir ensemble, et pas seulement chacun dans son coin, ce beau sacrement de l'action de grâce et du pardon. Durée : une bonne heure, bien plus que cinq minutes dans un confessionnal. En fin de célébration, et l'on avait toujours une église pleine, chacun pouvait s'avancer, exprimer au prêtre une action de grâce et un manque, recevoir un bref pardon. Puis, une prière de pardon était chantée par le prêtre, tandis que j'étendais les mains sur l'ensemble de l'assemblée. Mais, tranquillisez-vous, cela n'empêchait pas les prêtres de recevoir sans cesse dans leur bureau des personnes avides d'échanger et de recevoir individuellement ce beau sacrement de la joie et de la réconciliation !

l'attention apportée aux protestants, juifs, bouddhistes, non croyants et autres, et le fait de ne pas mettre en garde suffisamment contre l'Islam.  A titre d'exemple, j'avais invité mon ami bouddhiste, le lama Thrinlé, à venir présenter sa tradition spirituelle aux catholiques de la paroisse de Mortagne-sur-Sèvre ; une assistance nombreuse était présente. Mais l'on m'a objecté le risque de donner une place trop grande aux autres religions ; alors que, ainsi qu'on me l'a fait comprendre, j'aurais mieux fait de prendre ce temps pour renforcer la foi des catholiques.

il se savait que j'avais coutume d'accompagner des couples en marge des "lois" de l'Eglise (divorcés-remariés, homosexuels...).  Il est vrai que, depuis 20 à 25 ans, j'ai dû accueillir ainsi 25 à 30  couples.  Et je n'étais pas le seul ! Sur la paroisse Ste Marie des Olonnes, Michel Baranger en a peut-être accompagné davantage encore, et de façon très réfléchie. Attention, nous ne les avons ni mariés, ni remariés.  A titre d'exemple, je revois ces deux jeunes femmes qui ont demandé à me rencontrer aux Sables d'Olonne, en fin des années 2000. Elles avaient l'air triste et un peu terrifiées. Je ne les connaissais pas, et ne savais pas de quoi il s'agissait, quand elles m'ont dit que, depuis plusieurs mois, sûres de leur "amour", très croyantes, elles cherchaient à se mettre, dans leur situation qu'elles sentaient bien "hors norme", sous la protection de Dieu.  "Nous sommes déjà allées rencontrer trois prêtres, mais aucun n'a accepté de donner suite à notre demande ; accepteriez-vous de nous aider ?"  J'ai accepté, et  j'ai vu alors leur visage se transfigurer.  Je leur ai proposé que l'on se rencontre et que l'on cherche comment préparer ce temps de prière. Nous nous sommes vus alors sérieusement, à trois reprises.  Près de 25 ans après, elles viennent de m'envoyer leurs voeux il y a quelques jours.

 

Faute de place, je vous fais grâce des autres causes qui font que je suis voué à aller en enfer ! Je n'ai pas de place non plus pour développer comment s'est déroulé le temps de prière avec ces deux femmes.  Mais, si vous suivez l'actualité, vous aurez appris que, récemment, le pape François a proposé que l'on accompagne les couples "hors norme" qui demandent à être éclairés dans leur cheminement entre eux et avec le Seigneur.

Que demandent exactement la plupart de ces couples ?  A être accueillis comme ils sont, à être écoutés, interpellés au besoin, en tout cas, compris dans ce qu'ils vivent ; à ne pas être rejetés hors de l'Eglise, comme indignes des dons de Dieu ; à ce qu'on leur dise que Dieu ne les exclut ni ne les rejette, malgré leur situation, et qu'ils ont droit à un temps de prière pour se sentir aimés par le Seigneur ; et aussi par notre mère l'Eglise ; mais à condition que celle-ci se comporte réellement comme une mère pleine d'Amour. 

Question : comment se fait-il qu'aujourd'hui, des cardinaux, trop d'évêques, par seulement en Afriquey compris dans l'ouest de la France, et bien des catholiques se rebellent, ou émettent des bémols maladroits par rapport à cette ouverture proposée par le pape François, qui ne consiste pas seulement à donner une bénédiction vite fait, sans écoute suffisante, du bout des doigts ; et seulement à chacun des deux demandeurs séparément, et surtout pas au couple en tant que tel. La déclaration du Vatican se situe pourtant dans le droit fil de l'Evangile ! 

Heureusement, le texte publié ensuite par la Conférence des évêques de France a su mieux présenter les choses par rapport à ce qu'avaient dit d'autres évêques en France ou ailleurs. En effet, la Conférence s'est située tout simplement dans la perspective proposée par le pape François, de façon évangélique ; non casuiste ou légaliste, mais pastorale.  Bénir, ce n'est pas donner un sacrement !  C'est quand même tout simple à comprendre !

 En compliquant ce qu'a dit le pape, en jetant le doute sur ce qu'il propose et en vidant ce qu'il exprime de sa clarté, n'y a-t-il pas là  une réaction de peur peut-être ? Mais peur de quoi ? D'autre part, prend-on suffisamment compte de ce que les deux personnes vivent, de leur soif de ne pas se couper de Dieu qui est un Père ?  Et l'on s'étonnera que nos églises se vident !  Les pharisiens ne sont pas morts !

Comme me l'a fait remarquer l'un de mes frères, Dominique, dont j'ai jadis béni, c'est-à-dire, placé sous la protection de Dieu, son union avec une femme divorcée, Martine, union qui n'a cessé de grandir : "Cette réaction des évêques de l'Ouest, n'est-ce pas consternant ?"

En tout cas, un immense merci au pape François !  Lui au moins, comme le Christ, il aime les gens !

vendredi 12 janvier 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2906 : "Tu choisiras la Vie !" (Deutéronome)

 Bonjour à vous !

Nous voici déjà le 12 janvier, et pas de billet sur ce blog depuis le 1° janvier !  Que se passe-t-il ?  Mon ordi est-il en panne ?  Est-ce que je peine à trouver un sujet ?  Etais-je parti faire du ski dans les Pyrénées ? Suis-je mort peut-être ?  J'ai reçu de nombreux mails et coups de fil d'interrogation à ce sujet, témoins seulement ces deux mails reçus ce  matin :

Bonjour Olivier 

J'ai appris que tu traverses une période de fatigue. Comment te sens-tu vraiment ? 

Ta santé m'importe , et je suis là pour t'offrir mon soutien. Ta force intérieure est indéniable, et je suis convaincu que tu trouveras la détermination pour surmonter cela. Sache que tu es dans mes pensées. Prends soin de toi.

Amitiés.
Marie Hélène 
 
 Bonjour Olivier,

Tout en vous sachant bien entouré avec l'Esprit Saint et ange gardien,  l'affection de votre entourage, je m'inquiète un peu de votre silence..

J'espère que vous vous reposez beaucoup et que nous vous retrouverons bientôt sur la toile.

A bientôt ! 

Simone

Tous vos témoignages d'amitié me touchent énormément  !  Et heureusement, je ne suis pas mort ! Mais je viens encore de passer un sale quart d'heure il est vrai !  A Noël, j'avais pu rejoindre la communauté paroissiale pour les célébrations, ce que je n'avais pas pu faire depuis longtemps. Puis, j'avais eu la joie de recevoir le Sacrement des malades, en même temps que ma soeur, le 29 décembre, cependant, déjà, je ne me sentais pas bien.  En effet, dès le lendemain de cette belle cérémonie, mon coeur a recommencé à faire des siennes !  Le caillot de 3cm et demi ?  En tout cas, il n'y avait plus de bonhomme : une fatigue extrême et de grandes douleurs. L'on dit souvent que le Sacrement des malades permet une certaine rémission, quand ce n'est pas une petite amélioration de la situation ; cela n'a pas été le cas pour moi  !  Ce qui ne veut pas dire que je n'y crois pas !

En cette période de fêtes, impossible de contacter un docteur, urgences fermées, je suis resté au lit plusieurs jours, dont le 1° janvier.  Dès le 2 janvier, un médecin intérimaire a accepté de me recevoir, et sur le champ, direction les urgences. Là, au milieu d'une grande sale avec 40 à 50 brancards, j'ai attendu de longues heures.. Puis, examens sur examens : très grande fatigue du coeur ; ne tenant plus debout, je n'ai pu alors me déplacer qu'en fauteuil roulant !

Dans de telles conditions, on se sent vraiment tout petit ! C'est là que j'ai laissé se déployer dans mon coeur les bienfaits du Sacrement des malades. Pas la force de prier, mais seulement celle de me remettre entre les mains du Sauveur. Je recevais des coups de fil à l'hôpital, et je n'avais pas la force d'y répondre.

J'ai quitté l'hôpital le 5 janvier, avec, une fois de plus, de nouveaux médicaments, et suis resté encore au lit plusieurs jours.  Tout cela pour expliquer pourquoi je n'ai pas donné suite à nombre de mails et d'appels divers.  Je vais essayer, à présent où je me sens mieux, de rattraper mon retard.

En ces jours, j'ai souvent repensé dans mon coeur à ce bel appel biblique si fort : "Vois : je mets devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur (...) Alors, tu vivras, et le Seigneur Dieu te bénira (...) C'est la vie et la mort que j'ai mises devant vous (...)  Tu choisiras la vie pour que tu vives (...)  En aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix et en t'attachant à lui.  C'est ainsi que tu vivras !"  (Deutéronome 30/15-20)

Evidemment, j'ai aussi beaucoup porté en moi-même l'immense douleur de ceux qui de peuvent être soignés comme je l'ai été, que ce soit à Gaza ou ailleurs. En offrant mes petites douleurs à leur intention.

Beaucoup d'entre vous m'ont dit qu'ils priaient pour moi, je ne sais comment vous remercier !  Mais c'est  pour le monde entier qu'ils faut intercéder auprès du Sauveur.

En tout cas, portez vous bien ! Et encore merci à tous, avec mes voeux les meilleurs !



lundi 1 janvier 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2905 : En 2024, Dieu ne nous abandonnera pas !

 Comment avons-nous commencé cette nouvelle année ?  Dans l'allégresse ?  Pas sûr.  Avec des inquiétudes ?  Peut-être, et ce n'est pas étonnant...  Mais, pourquoi pas, et malgré tout, dans une certaine Espérance ?  Ne sommes-nous pas dans la main du Sauveur ?  Qu'est-il venu nous rappeler à Noël en effet ?  Que le monde, malgré ses turpitudes, ses guerres, ses misères, ses pauvretés et son péché, ce monde, il est sauvé.

Je vous partage tout simplement, non le beau sermon d'un évêque ou d'un théologien renommé, mais la parole, reçue par sms hier, de la part d'une paroissienne "lambda", dont le langage tout simple m'a touché :

"C'est tout à fait normal d'avoir doutes et craintes.  Surtout, ne restez pas dans le silence. Sentez-vous libre de partager vos joies et vos difficultés, vos fatigues et vos inquiétudes. Reposez-vous.  Ce temps est pour vous. Abandonnez-vous, malgré nos réticences et ce besoin qu'on a de vouloir gérer notre vie. Je vous souhaite un abandon serein dans la volonté miséricordieuse de Dieu.  Je sais qu'il ne vous abandonnera jamais, qu'il est là.  Confiance !  Il sait tellement mieux ce dont nous avons besoin.  Alors, allez à lui sans crainte. Son joug est léger.  Reposez-vous en lui.  Et demain, demain lui appartient. Alors, pourquoi s'inquiéter ?"

Des paroles banales, un peu passe-partout ?  Sans doute pas !  Mais bien plutôt, un appel du Seigneur, comme il nous est donné d'en entendre chaque jour de la part des personnes qui nous entourent, et qui souvent, si nous y sommes attentifs, peuvent nous remettre sur le chemin du Salut.  Et j'en profite pour remercier toutes celles et ceux qui ont pris le temps de m'envoyer un beau message en ce 1° janvier !

A propos, il y a un an, le 1° janvier 2023, je me trouvais sur un lit d'hôpital, et plutôt en mauvaise posture, faisant face à une crise cardiaque aigüe.  Un soir, les médecins sont venus me demander si j'étais conscient de la gravité de mon état ; en effet, malgré la situation, il m'arrivait de blaguer, ce que les médecins ne comprenaient pas. Alors que c'était pour moi une façon de me protéger, et de ne pas m'abandonner au désespoir. En effet, je savais que mon coeur était si abîmé qu'aucune opération n'était possible, et qu'en conséquence, l'avenir était pour moi plus qu'incertain...

Disons qu'à l'époque, je n'aurais parié un kopeck sur le fait d'être encore vivant début 2024.  Et pourtant, je suis encore là !  Et cela, même si j'ai passé ce 1° janvier dans mon lit, complètement crevé, et cela depuis 3 jours...  Je ne fais donc plus de projets sur la comète.  Je suis dans la main de Dieu, des soignants et de mes nombreux amis, dont vous, chers fidèles de ce blog.  Et c'est avec vous qu'en 2024, j'avancerai, à petits pas, dans la confiance, jour après jour, vers la grande et belle rencontre avec le Dieu qui a vaincu la mort ; vers le Dieu de la Vie, de Dieu de la Lumière, le Dieu de la Fraternité, le Dieu de cette belle Humanité qu'il a sauvée.  Merci de continuer à m'accompagner sur ce difficile, mais sur ce très beau chemin !