A vrai dire, c'est ancien, mais j'y repense encore aujourd'hui, au coeur de cette semaine de prière pour l'Unité des chrétiens, ma relation avec les Protestants avait bien mal commencé ! J'avais alors 8 ou 9 ans ; circulant à pied dans les rues de Fontenay-le-Comte avec des membres de ma famille, tandis que nous passions devant ce qui ressemblait à une église, je fis cette proposition : "Est-ce qu'on peut y entrer ?" La réponse est tombée alors comme un couperet : "Ah non, pas là ; on ne doit pas y entrer." Cette réaction m'a surpris, mais, trop jeune, sans en saisir la raison, j'ai compris qu'il ne fallait pas insister !
A cette époque en effet, et ce n'est pas si ancien que cela, c'était au début des années 50, les Protestants, je l'ai compris plus tard, étaient loin d'être perçus comme des frères aux yeux de catholiques ; tandis que les Temples étaient des lieux un peu perçus comme sous l'emprise du démon, les Protestants étant des hérétiques... Les guerres de religion n'étaient pas loin !
Inutile de dire avec quel sentiment jubilatoire j'ai évoqué cette anecdote lorsque, devenu curé-doyen de Fontenay-le-Comte, j'ai été invité par le pasteur de l'époque à assurer une prédication en ce même Temple, lors de la semaine de prière pour l'Unité, 60 ans plus tard, en janvier 2008. Que de chemin parcouru alors !
L'une des grâces principales de mon ministère de prêtre, c'est d'avoir pu rencontrer, dans les différents lieux où j'ai été affecté, des amis protestants qui m'ont ouvert et initié à leur vision de l'Evangile et de l'Eglise. Et cela, que ce soit au Mali, à Paris, à Montaigu, aux Sables d'Olonne, à Fontenay-le-Comte et ailleurs.
Et cela en commençant par Grenoble, où j'ai travaillé à l'hôpital au moment du Concile Vatican II. Boosté par cet événement rénovateur, chaque dimanche, en plus de la messe, j'allais au Temple, et je me régalais de la façon dont s'y vivait la liturgie, de façon bien des fois plus ouverte que dans nos églises catholiques restées très fermées et tradis, un peu comme aujourd'hui en trop d'endroits.
J'ai appris beaucoup de choses des Protestants :
- en 1° lieu, la place de la Bible au centre de toute vie et de toute action
- le rôle des laïcs, qui n'est pas vécu comme en dépendance d'un curé tout puissant
- la coutume de travailler en synode, chaque années, avec des choix pastoraux précis, pouvant être relus, remis en cause, approfondis
- la place éminente ouverte au femmes dans les ministères
- l'engagement financier très fort proposé aux paroissiens (10% !)
- l'absence de dentelles, de formules telles que "mon Père", "monseigneur", de tenues vestimentaires extravagantes (chapes, mitres au-delà du ridicule, calottes, camails, etc.)
- une conception plus équilibrée par rapport à la place de Marie, la 1° des disciples, et non la reine du ciel, ce que, dans la modestie de son attitude dans les évangiles, elle n'aurait pas apprécié.
Comment ne pas évoquer aussi ce que nous ont apporté la musique de Bach, le témoignage du pasteur Martin-Luther King, l'exemple du pasteur Bonhoeffer pendu nu par les nazis, le dynamisme des Eglises évangéliques, ce laïc protestant congolais, Denis Mukwege, le gynécologue qui répare les femmes violées, etc ?
Pour tout cela, et pour tant d'autres aspects que la place ne me permet de citer, chers frères et soeurs Protestants, au nom du Christ Sauveur, un immense MERCI !
3 commentaires:
J'ai déjà dû te dire quelque chose de ce genre, mais je me répète " J'aurais pu écrire toute une partie de ton billet, cette partie où tu énumères ce que tu as appris des protestants !!!
Heureusement il y a eu des avancées, et nous venons de vivre à Foussais une belle célébration œcuménique ce dimanche 21/01, catholiques protestants et anglicans réunis.
Auparavant, comme chaque année depuis que tu avais proposé cette démarche, nous avions vécu la soirée des vœux œcuméniques, amicale et chaleureuse.
Pour ma part j'aime beaucoup me joindre à certains cultes, ouverts à tous, et j'apprécie la simplicité de ces rassemblements. J'ai même participé à la Sainte Cène !!! Mais oui ! Alors, irai-je en enfer moi aussi ? ;)
Merci Olivier ...je partage aussi ce que tu dis dans le précédent billet....
Bonjour Olivier
Au nom du Christ Sauveur un immense merci chers frères et sœurs Protestants.
Olivier quand j'ai laissé l'ACO
Les protestants mon accueillis autour de la Bible les pasteurs du Sud de la France mon été d'un grand réconfort. J'ai eu un entretien avec une pasteur femme.
Avec eux j'ai découvert que la place de la Bible est au centre de toute vie et de toute action.
Ces quelques rencontres avec les protestants m'ont motivée pour faire des formations
Études de la Bible le nouveau et l'ancien testament et les autres formations qui ont suivies. Ma découverte a été immense.
Merci cher Olivier et moi de mon côté j'ai appris à mieux connaître mes frères catholiques.
Quand comme le demandait déjà Michel de L'Hospital laisserons nous tomber toutes ces étiquettes pour ne prendre simplement que le nom de chrétiens?
Mais après tout cela a-t-il tellement d'importance? Le principal n'est-il pas cette fraternité que nous découvrons et notre diversité une richesse immense?
Je garde un si bon souvenir de nos promenades "œcuméniques"
Dieu vous bénisse tous et soit avec vous.
Janine Gassen
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