Invité par les amis Juifs des Sables d'Olonne, j'ai eu l'honneur de participer, ce dimanche après-midi, à la cérémonie organisée à la Roche-sur-Yon à la mémoire des 39 Juifs vendéens arrêtés dans la nuit du 30 au 31 janvier 1944. Ensuite, dirigés d'abord vers Drancy, ils furent embarqués le 30 mai pour Auschwitz, d'où un seul d'entre eux, Moïse Akriche, décédé en 1984, revint vivant.
Une plaque commémorant cet événement a été dévoilée par Roger, le président de la Communauté juive des Sables d'Olonne, accompagné par Mgr Castet ; plaque apposée sur le mur de la cour du presbytère Notre-Dame de la Roche-sur-Yon, à l'endroit même où les Juifs furent brièvement détenus avant d'être envoyés sur Drancy.
Peu de réactions à l'époque, tant chez les catholiques que du côté des personnes alors en responsabilité sur le département ; mais il est vrai que l'affaire avait été menée très promptement puisque, arrêtés le 30 janvier, ils furent transférés, vers Poitiers d'abord, dans la nuit du 1° au 2 février 1944.
Le maire de la Roche-sur-Yon, dans son intervention, a d'ailleurs fait remarquer que l'on avait attendu bien longtemps avant de commémorer un tel drame, 72 ans après son déroulement.
Riche intervention de Mgr Castet, citant le Cardinal Saliège qui, alors, n'avait pas eu peur d'élever la voix pour prendre la défense de ces hommes et de ces femmes conduits vers la mort par le seul fait qu'ils étaient Juifs.
Mais le moment le plus émouvant fut celui où les Juifs présents, dont une belle délégation venue d'Angers, mais aussi de Nantes et d'ailleurs, entonnèrent en hébreu le "kaddish" (la prière des endeuillés), qu'ils nous ont traduite ensuite. En voici un extrait :
"Dans le monde qui sera renouvelé, Il ressuscitera les morts et les élèvera à la vie éternelle.
Il rebâtira la ville de Jérusalem et rétablira son temple en son enceinte.
Et le service céleste reprendra.
Et le Saint, béni soit-il, règnera, dans sa royauté et sa splendeur."
Et, sur la plaque, ce verset 23 du psaume 44 dit "de lamentation nationale":
"Pour toi, nous subissons chaque jour la mort."
Diantre, nous sommes-nous dit en a-parté, pour nos frères Juifs, la mort est donc toujours là, et ils continuent d'en éprouver le sentiment !
Il est vrai que ce psaume 44 frappe plutôt dur :
15 Tu fais de nous la fable des nations, à l'étranger, on fait des gestes de mépris.
16- 17 Tous les jours, je porte mon humiliation. Je vais le visage couvert de honte sous les cris d'insulte et les blasphèmes, et j'ai sous les yeux celui qui hait et se venge.
18 Que de coups ! Et nous ne t'avions pas oubliés, nos coeurs ne s'étaient pas repris, nos pas n'avaient pas dévié de ta route.
20 Mais tu nous as écrasés au désert des serpents, tu as fait tomber sur nous l'obscurité (...)
23 Mais c'est pour toi qu'on nous massacre tous les jours et qu'on nous traite comme moutons d'abattoir.
24 Réveille-toi, pourquoi dors-tu Seigneur ? (...)
Relire et méditer ce psaume peut nous aider à mieux entrer dans la douleur et la foi des Juifs de chez nous et de tous les temps ! Mais aussi, de tant d'autres habitants de notre planète, réduits à néant par leurs propres frères humains !
dimanche 28 février 2016
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.923 : En souvenir des Juifs vendéens déportés
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Olivier Gaignet
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21:59
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dimanche 14 février 2016
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.922 : Les Seniors, c'est de l'or !
"Quand on pense que ce sont des personnes d'un certain âge, dont plusieurs de plus de 80 ans, qui ont préparé cela !!!" Intéressante, cette réflexion entendue ce matin, au terme de l'une des messes préparées sur la paroisse par des membres du SEM (Service Evangélique des Malades), à l'occasion du dimanche annuel de la Santé ; messes qui, soit dit en passant, ont marqué l'assistance par leur dynamisme et l'intelligence des symboles utilisés.
Eh oui ! Et c'est une joie de le constater : l'imagination, le dynamisme, l'inventivité, l'appel à la participation de tous, ce ne sont pas l'apanage des jeunes seulement, et tant mieux !
Je cite en vrac : ils ont trouvé pas mal de personnes pour la procession d'entrée : 2 jeunes réfugiées Syriennes malades handicapées, 2 aide-soignantes, une hospitalière, 3 personnes de plus de 80 ans, plusieurs membres du SEM...
Mais auparavant, plusieurs personnes ont accueilli les arrivants aux trois portes de l'église, et leur ont proposé de noter sur un papier un prénom de malade, ou une intention de prière.
Une jeune Syrienne et une membre du SEM ont apporté trois corbeilles pleines de billets, qu'elles ont déposées sur l'autel dans le cadre de la prière universelle, etc...
Oui vraiment, on peut compter sur les seniors pour nous préparer de belles messes très vivantes !
Mais il est vrai que le pape François, qui va sur ses 80 ans et avec une sacrée pêche, par son dynamisme et son allant, malgré le poids des ans, revalorise cette tranche d'âge de façon éclatante !
Et si nous faisons le compte des plus de 80 ans actifs dans nos services paroissiaux, j'en reste bluffé !
Surtout si l'on ajoute tous ceux, et ils sont nombreux, qui ne peuvent plus jouer un rôle aussi actif que jadis, mais qui pourtant sont là, et soutiennent de leur mieux tout ce qui bouge, tout ce qui progresse, grandit, avance, dans tant de domaines. Parfois par la prière seulement, mais c'est si important !
Ce qui me frappe enfin, alors que l'on sent des plus jeunes réticents, parfois, face à certaines formes de participation, d'engagement ou de service des autres, nombreux sont les seniors à faire preuve d'une ouverture tout à fait exemplaire. C'est vrai qu'ils ont eu cette chance inouïe de vivre le Concile, qui a fait enfin entrer de l'air frais dans notre Eglise, après tant de siècles de fermeture, face à la place des laïcs, vis-à-vis des membres des autres religions ou des non-croyants, etc...
Un dernier exemple : dimanche dernier 7 février, je visitais ma tante Thérèse, qui approchait de ses 97 ans. C'était la dernière fois que je devais la voir, puisqu'elle nous a quittés dans la nuit de dimanche à lundi. Elle sentait sa fin toute proche ! Et qu'est-ce qu'elle a trouvé le moyen de me dire ? Mais je le savais déjà, car j'étais en possession de son testament : "Tu sais, Olivier, me dit-elle, un peu oppressée, et en hachant ses mots, je sais que tu as beaucoup de travail ! Pour ma sépulture, tu n'es pas obligé d'être là. Je ne veux pas que tu te fatigues davantage. Aujourd'hui, tu viens encore de faire tant de kilomètres... (210) Fais attention à ta santé ! Tes paroissiens ont besoin de toi ! Pour la cérémonie, si aucun prêtre ne peut venir, un laïc, homme ou femme le remplacera. Ce n'est pas la présence du prêtre qui me fera entrer plus tôt au Ciel !"
Merci, Seigneur, de nous donner des laïcs, même d'un âge certain, capables de si bien comprendre les priorités de l'Evangile, et d'aller à l'essentiel !
P-S du mardi 16 février :
Après avoir parcouru et médité les lectures proposées ce jour par le Bréviaire, dont la première est tirée du Livre de l'Exode, je ne peux m'empêcher d'apporter l'éclairant additif suivant au billet ci-dessus :
"Le Seigneur dit à Moïse : "Vois, je t'établis comme dieu pour Pharaon et ton frère Aaron sera ton prophète(...)
Moïse avait quatre-vingts ans et Aaron quatre-vingt-trois quand ils parlèrent à Pharaon."
(traduction du Bréviaire, Exode 7/1 et 7/7)
On sait ce qu'il s'en est suivi ! Courage à tous les Seniors, et merci à vous !
Publié par
Olivier Gaignet
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18:25
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vendredi 12 février 2016
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.921 : "Quand tu jeûnes, parfume-toi la tête !" (Matthieu 6/17)
Je pense à ce paroissien m'avouant récemment, avec un sourire en coin cependant : "Chaque année, c'est avec beaucoup d'appréhension que je vois approcher la période du Carême ; car cela me fait penser qu'il va falloir renoncer aux sympathiques petits plaisirs de l'existence : se priver de dessert, aller un peu plus régulièrement à l'église, ne plus pouvoir prendre l'apéro avec les copains... Et il y a cette image de Jésus qui souffre, à laquelle alors il nous faut réfléchir, etc... Tout cela ne m'emballe pas du tout, et il me tarde que ce soit fini !"
Mais quelle idée du Carême avons-nous dans la tête ? Celle d'une période durant laquelle il va falloir "faire des sacrifices pour plaire au Bon Dieu" ? Comme si le Carême, c'était un temps pénible d'effort, de tristesse et de renoncement... Avant-hier, lors de la Célébration des Cendres, j'ai cité cette phrase du prophète Osée, reprise deux fois par Jésus dans l'évangile de Matthieu, ce qui n'est pas rien : "Ce que je veux, c'est la miséricorde, non les sacrifices." (Matthieu 9/13 et 12/7)
Bien sûr, dans ces deux citations, Jésus ne condamne ni ne juge comme nuls et non avenus les efforts que nous pouvons faire, dans la mesure où nous prenons sur nous-mêmes pour vivre plus sobrement par exemple, en solidarité avec nos frères et soeurs souffrants, avec des gestes de partage, financiers ou autres. Mais ce que Jésus veut nous faire comprendre, à la suite du prophète Osée, c'est qu'il nous faut bien mettre en premier le commandement capital de la miséricorde.
On a dit du mal de moi ? Je pardonne ! Comme me l'a confié un jour un paroissien : "J'essaye désormais, avec la force du Seigneur, de toujours rendre le bien pour le mal qu'on m'a fait." Une personne m'en veut à mort, je fais un pas vers elle. Telle famille me semble vivre de façon étrange, je ne la juge pas, j'essaie de comprendre, d'accompagner au besoin, etc...
Je vous cite un passage du texte superbe du pape François sur la miséricorde, au n° 15 : "J'ai un grand désir que le peuple chrétien réfléchisse sur les oeuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Ce sera une façon de réveiller notre conscience, souvent endormie face au drame de la pauvreté, et de pénétrer toujours davantage au coeur de l'Evangile, où les pauvres sont les destinataires privilégiés de la miséricorde divine.
Et au n° 17 : "Puisse le Carême de cette Année Jubilaire être vécu plus intensément comme un temps fort pour célébrer et expérimenter la miséricorde de Dieu."
Et cela, vécu avec le sourire et en toute simplicité ! Cette année, comme l'an passé, après avoir reçu les Cendres, chaque participant était invité à plonger sa main dans une coupelle d'eau parfumée, pour s'en laver le visage, ainsi que Jésus nous y invite dans l'évangile de la messe des Cendres.
Non, vécu dans ces perspectives, le Carême n'est plus une sorte de temps mort triste et pesant, mais une entrée joyeuse dans une période de joie, de partage, de fête, de miséricorde et de salut.
Joyeux Carême à toutes et à tous, dans les pas du Christ !
Publié par
Olivier Gaignet
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17:51
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samedi 6 février 2016
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.920 : Les Français sont-ils meilleurs que les autres ?
La paroisse Monfort-sur-Sèvre organise une "Route biblique" d'une douzaine de jours, début avril, en Israël-Palestine. Avec les 35 participants, nous nous sommes retrouvés cette semaine afin de faire le point sur le contenu de ce séjour, son déroulement, les attentes et souhaits de chacun, etc...
Je voudrais revenir sur un point qui a retenu notre attention ; celui de l'attitude à avoir lorsque nous serons sur cette terre.
Par exemple, surtout dans le quartier juif de Jérusalem, nous rencontrerons des Loubavitch, cette catégorie de Juifs que, à partir de leur apparence vestimentaire,, en "bons Français", nous risquons un peu vite de classer comme "tradis", ou comme des personnes au style un peu dépassé. Attention ! En mettant le pied en Israël, mettons tout de suite nos réflexes franco-français dans notre poche, avec notre mouchoir dessus ! A Jérusalem, nous ne sommes pas chez nous, quand les Loubavitch, eux, sont des fils de ce pays. Préparons-nous à regarder d'un oeil bienveillant, ouvert, fraternel, tous les habitants de ce pays.
Autre exemple : à la Basilique du saint Sépulcre, nous risquons de pousser des haut-cris en découvrant, un peu tard, qu'il existe des tensions entre chrétiens des différents rites, capables même d'aller jusqu'à se taper dessus à coups de balais. "C'est scandaleux", risquons-nous de nous écrier... Là encore, gardons notre sang froid ; ne jouons pas les vierges effarouchées ! Essayons de comprendre pourquoi cette situation susbsiste, comment elle est le fruit d'une histoire. N'arrivons pas là-bas avec notre naïveté, nos préjugés et nos jugements tout faits. D'ailleurs, comme l'a fait remarquer alors un paroissien, est-ce que nous ne vivons pas nous aussi, chez nous, en Vendée, de grosses oppositions entre catholiques ? Prenons-en conscience avant de juger les autres, sans d'ailleurs savoir grand chose de leur situation. Et pourquoi, par exemple, ne pas repérer ce qui progresse ? Par exemple, le fait que les responsables des 13 Eglises chrétiennes plus ou moins divisées qui existent sur Jérusalem ont l'habitude de se retrouver une fois par mois pour faire le point !
Un dernier exemple : nous butterons à diverses reprises sur le mur que l'Etat d'Israël est toujours en train de construire pour se protéger d'attaques "terroristes". Là encore, le réflexe sera d'arriver assez vite à condamner ce pays. Pas question bien sûr de dire que la construction de ce mur est quelque chose de normal. Mais ne condamnons pas trop vite le peuple Juif dans son ensemble. Rappelons-nous que de nombreux Juifs oeuvrent pour la paix et la fraternité avec les Palestiniens, au sein de dizaines d'associations et autrement. De plus, comme le dit Mgr Sabbah, "nous avons besoin de pèlerins, de témoins ; pas de petits juges qui viennent jeter de l'huile sur le feu." Et n'oublions pas le mur que nous avons dressé à Calais pour bloquer les réfugiés qui croyaient pouvoir être soutenus par le soit-disant "pays des droits de l'homme" !
En résumé, dans ce pays dont nous ne devrons pas oublier que nous sommes des hôtes, comportons-nous comme des frères, toujours à l'écoute, dans une pédagogie de dialogue. N'oublions pas que, dans la logique de la Bible, l'Histoire est conçue comme la réussite d'une fraternité !
Publié par
Olivier Gaignet
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21:42
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