Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



jeudi 31 décembre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2549 : "J'ai raté ma vie !"

 En tant que prêtre  -  mais tout homme ou femme, croyant ou non, a pu faire le même constat  -  quand quelqu'un vous déclare : "J'ai raté ma vie", on se sent bien impuissant... Combien de fois j'ai entendu cette triste réflexion ? Voici un fait qui remonte déjà à des années, mais qui m'a beaucoup marqué.  Un jour, c'est un prêtre qui nous a fait ce triste aveu ; autour de lui, nous ne savions que dire... "Je souhaitais vivre de belles choses ; je me sentais capable de faire progresser les paroisses qui m'étaient confiées ; j'avais confiance en moi, en mes possibilités ; mais j'ai eu de gros échecs ; souvent, je n'ai pas été compris, je n'ai pas été suivi dans ce que je proposais... Je ne sais pas pourquoi ! Si bien que maintenant, à l'âge où j'arrive, j'ai l'impression d'avoir raté ma vie. Quand je vois certains confrères qui semblent avoir bien réussi, même si ça ne sert à rien de se comparer, je ne suis pas fier de moi. A quoi a servi ma vie ?"

Aujourd'hui encore, trop souvent, j'entends des hommes, des femmes, expliquer combien leur vie, leur mariage, leur profession, leur carrière, leurs enfants les ont déçus. Souvent, ils sont inconsolables. Lorsqu'il y a la possibilité d'échanger plus longuement avec eux, on essaye alors de rechercher ce qui a pourtant pu être positif dans leur vie, de ne pas retenir que le négatif ou les échecs.  Je lisais récemment un article où il était question de Françoise Sagan déclarant : "J'ai eu une vie très facile, mais bâclée."  Là encore, je me disais  -  réflexe "professionnel"  : quand même, cette femme n'a peut-être pas tout raté dans sa vie ?  Qui l'aura aidée à le découvrir ?

Pourquoi j'aborde ce thème, en ce dernier jour de l'année ?  Vous le devinez facilement : c'est en effet un jour propice aux bilans.  Qu'avons-nous fait de cette année 2020 ?  Non pas en faisant seulement un retour sur nos échecs ou ce qui n'a pas marché, mais surtout, en recherchant ce qui a pu progresser en nous, en  repensant aux jours et aux moments heureux de cette année ; ou encore, en prenant conscience de nos chances : nous sommes encore en vie, nous avons des proches, des gens qui nous aiment ; nous mangeons à notre faim, nous n'avons pas attrapé le virus, etc.  

C'est à chacun de faire ce travail de relecture positive ; peut-être pas aujourd'hui, même s'il est bon d'y penser déjà fortement en ce jour ; mais sans trop laisser traîner le fait de faire ce bilan, afin d'aborder plus sainement l'année qui vient.  Et pour cela, sachons nous faire aider au besoin ; en effet, nous sommes souvent aveugles vis-à-vis de nous-mêmes !  Et surtout, prenons le temps de rendre grâce à Dieu de tout ce que nous avons vécu de positif, et remercier toutes les personnes qui ont été lumière et encouragement pour nous.

A présent, voici un petit florilège de maximes de sagesse susceptibles de nous aider à l'avenir :

-  cette demande de Jésus à sainte Catherine de Sienne  :  "Fais-toi capacité, je me ferai torrent."

l'écrivain Michel Foucaud  :  "N'oubliez pas d'inventer votre vie."

-  Guy Béart  :  "Mon idéal, c'est d'avancer doucement vers Dieu."

-  André Gide  :  "Dans la vie, heureusement, rien ne se passe comme on l'attendait."

Nietzsche  :  "Tu dois devenir celui que tu es."

Benjamin Franklin  :   "L'humanité se divise en trois catégories : ceux qui ne peuvent pas bouger, ceux qui peuvent bouger et ceux qui bougent."

-  Mère Teresa  :  "Ce que nous accomplissons n'est qu'une goutte dans l'océan.  Mais si cette goutte n'existait pas dans l'océan, elle manquerait."

___________ 

 https://youtu.be/UDiV3KpymQM

comme d'hab, passer l'annonce...

mercredi 30 décembre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2548 : "Croire aux cieux, croire aux dieux..." (Serge Gainsbourg)

Le pape François, puis Michel Barnier, et aujourd'hui Serge Gainsbourg... Mais que Serge vient-il donc faire dans cette galère (arche) ? Avec une chanson qui doit nous dire quelque chose, en ces temps de Noël !  Ecoutez-la, relisez les paroles, méditez-les, et vous comprendrez...  Une chanson qui donne des frissons !  Ne nous lance-t-elle pas, invisiblement, un appel à croire au Ciel, à nous en remettre au vrai Dieu ?  Une chanson si bien interprétée par son égérie, Jane Birkin, et qui invite à l'espérance : le soleil vient après la tempête, le bonheur aura le dernier mot.  Savez-vous que Gainsbourg s'est inspiré d'une mélodie composée par J-S Bach ? Vous vous souvenez peut-être aussi que ce texte, lu la gorge serrée par Catherine Deneuve, servira au poète d'oraison funèbre un triste printemps de 1991. Avant que Serge ne gagne, nous l'espérons, le ciel de Bach et des poètes, où l'attendait le vrai Dieu ! 

 

Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
Que le ciel azuré ne vire au mauve
Penser ou passer à autre chose
Vaudrait mieux
 
Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
Se dire qu'il y a over the rainbow
Toujours plus haut le soleil above
Radieux
 
Croire aux cieux, croire aux dieux
Même quand tout nous semble odieux
Que notre cœur est mis à sang et à feu
Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
Comme une petite souris dans un coin d'alcôve
Apercevoir le bout de sa queue rose
Ses yeux fiévreux
 
Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
Se dire qu'il y a over the rainbow
Toujours plus haut le soleil above
Radieux
 
Croire aux cieux, croire aux dieux
Même quand tout nous semble odieux
Que notre cœur est mis à sang et à feu
Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
Avoir parfois envie de crier sauve
Qui peut savoir jusqu'au fond des choses
Est malheureux
 
Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
Se dire qu'il y a over the rainbow
Toujours plus haut le soleil above
Radieux
 
Croire aux cieux, croire aux dieux
Même quand tout nous semble odieux
Que notre cœur est mis à sang et à feu
Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
Dis-moi que tu m'aimes encore si tu l'oses
J'aimerais que tu te trouves autre chose
De mieux
 
Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
Se dire qu'il y a over the rainbow
Toujours plus haut le soleil above
Radieux
 
 
Voici cette chanson (1983), qui est considérée comme un chef-d'oeuvre  :
         (comme souvent, d'abord, cliquer pour passer l'annonce) 



 

mardi 29 décembre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2547 : Une belle figure d'homme politique : Michel Barnier

 Hier, une homélie du pape François ; aujourd'hui, une attention portée à un homme politique hors du commun : c'est cela, le blog, dans sa diversité !  Mais les points communs sont nombreux entre le pape François et Michel Barnier, dans la lumière de Noël. S'il est un homme aujourd'hui, dans le microcosme politique français et européen, qui fait honneur à ce que doit être la "politique" au sens le plus noble du terme, c'est bien ce Savoyard, aussi efficace que discret, qu'est Michel Barnier, trop peu connu et même sous-estimé dans son propre pays ; jalousé par le président Macron, qui s'est opposé à ce qu'il devienne président de l'Union Européenne.  Et pourtant, si l'on en croit les médias en ces jours, cet homme, qui était chargé depuis quatre ans de représenter les intérêts des Vingt-Sept face aux tergiversations britanniques par rapport au Brexit, a réussi au-delà de toute espérance la mission qui lui avait été confiée ; ce dont, au départ, beaucoup pourtant avaient douté.

Michel Barnier fut, à 22 ans, le plus jeune conseiller général de France ; puis le plus jeune député, à 27 ans. Ministre à de nombreuses reprises sous Mitterrand, Chirac, Sarkozy. A l'image de Jacques Delors, une autre de ces belles figures politiques trop rares, il est engagé avec passion au service de l'Europe depuis 1999.

Un homme politique "hors normes" ! Voici comment les médias le présentent, depuis que le Brexit a fait de lui une star en Europe.  Voici quelques-unes des qualifications que j'ai glanées dans la presse à son sujet : discret, sérieux, rigoureux, sobre, appliqué, homme de conviction, fidèle dans ses engagements, respectueux de chacun de ses interlocuteurs ; chez lui, pas de concours de petites phrases, ni de mots méprisants pour quiconque ; pas de vacheries sur les autres, et toujours un immense respect de chacun. Quelqu'un aussi qui a refusé de retourner sa veste en changeant de parti : LR, pour info ; il se dit gaulliste de gauche, d'orientation sociale.

Autres traits forts : un homme sans arrogance, une belle réputation d'homme politique "serviteur", et surtout, une personne qui a le talent de savoir bien s'entourer, et de ne pas être du genre à exercer le moindre pouvoir personnel. Pendant ces quatre années de négociations, il n'a eu cesse d'en appeler au fair-play légendaire des Britanniques, sans jamais s'énerver ni répondre aux provocations. Figure consensuelle, les Vingt-Sept n'ont jamais cessé de renouveler leur confiance à cet homme qui a toujours eu le souci de consulter et informer chaque nation européenne des suites à donner à la négociation.

S'il semble parfois que trop de politiques paraissent arrogants ou pourris, j'ai voulu donner ce témoignage pour souligner qu'il n'en est pas ainsi de tous ceux et celles qui ont pour mission de gérer le bien commun.Quelques références à présent tirées de l'encyclique "Tous frères", dont le chapitre sur la politique est relativement développé ; ne manquez pas d'aller vous y référer !

n° 113  :  "Donner une réalité concrète au concept de famille des Nations."

n° 178  :  "Face à tant de formes mesquines de politique et à courte vue (...) penser au bien commun à long terme." 

n° 180  :  "Le champ de la plus grande charité, la charité politique." (Pie XI)

n° 190 : "La charité politique... : celui qui a  la charge de gouverner est appelé à des renoncements permettant la rencontre ; et il recherche la convergence, au moins sur certaines questions.  Il sait écouter le point de vue de l'autre, faisant en sorte que tout le monde ait de l'espace."

n° 196  :  "La bonne politique unit l'amour, l'espérance la confiance dans les réserves de bien qui se trouvent dans le coeur du peuple, en dépit de tout."

Je signale en terminant que Michel Barnier est engagé aussi, au plan humanitaire, dans l'Association Fraternité Universelle, au service de Haïti.

Avec des personnes de cette qualité, oui, un salut est possible pour notre monde en difficulté !

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Un chant sur l'Espérance...

https://youtu.be/_ts48s_kMjI

lundi 28 décembre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2546 : "A Noël, Dieu nous a embrassés !" (pape François)

 Voici le texte de l'homélie du pape François lors de la messe de la nuit de Noël à Rome.

En souhaitant que nous sachions tous ouvrir nos portes à l'étranger et au plus défavorisé, comme il nous y invite de la part du Sauveur !

                                                            =o=o=o=o=

Marie « mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Luc II, 7). Par cette expression simple mais claire, Luc nous conduit au cœur de cette nuit sainte : Marie mit au monde, Marie nous donna la Lumière. Un récit simple pour nous immerger dans l’événement qui change pour toujours notre histoire. Tout, dans cette nuit, devenait source d’espérance.

Retournons en arrière de quelques versets. Par décret de l’empereur, Marie et Joseph se sont vus obligés de partir. Ils ont dû quitter leurs proches, leur maison, leur terre et se mettre en route pour être recensés. Un trajet pas du tout commode ni facile pour un jeune couple qui était sur le point d’avoir un enfant : ils étaient contraints de quitter leur terre. Dans leur cœur, ils étaient pleins d’espérance et d’avenir à cause de l’enfant qui était sur le point de naître ; leurs pas, au contraire, étaient chargés d’incertitude et des dangers propres à qui doit quitter sa maison.

Et ensuite, ils se trouvaient à affronter la chose peut-être la plus difficile : arriver à Bethléem et faire l’expérience que c’était une terre qui ne les attendait pas, une terre où il n’y avait pas de place pour eux.

Et justement là, dans cette situation qui était un défi, Marie nous a offert l’Emmanuel. Le Fils de Dieu a dû naître dans une étable parce que les siens n’avaient pas de place pour lui. « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu » (Jean I, 11). Et là… dans l’obscurité d’une ville qui n’a ni espace ni place pour l’étranger qui vient de loin, dans l’obscurité d’une ville en plein mouvement et qui, dans ce cas, semblerait vouloir se construire en tournant le dos aux autres, précisément là, s’allume l’étincelle révolutionnaire de la tendresse de Dieu. À Bethléem, s’est ouverte une petite brèche pour ceux qui ont perdu leur terre, leur patrie, leurs rêves; même pour ceux qui ont cédé à l’asphyxie causée par une vie renfermée.

Dans les pas de Joseph et de Marie, se cachent de nombreux pas. Nous voyons les traces de familles entières qui, aujourd’hui, se voient obligées de partir. Nous voyons les traces de millions de personnes qui ne choisissent pas de s’en aller mais qui sont obligées de se séparer de leurs proches, sont expulsées de leur terre. Dans beaucoup de cas, ce départ est chargé d’espérance, chargé d’avenir ; dans beaucoup d’autres, ce départ a un seul nom : la survie. Survivre aux Hérode de l’heure qui, pour imposer leur pouvoir et accroître leurs richesses, n’ont aucun problème à verser du sang innocent.

Marie et Joseph, pour qui il n’y avait pas de place, sont les premiers à embrasser Celui qui vient nous donner à tous le document de citoyenneté. Celui qui, dans sa pauvreté et dans sa petitesse, dénonce et manifeste que le vrai pouvoir et la liberté authentique sont ceux qui honorent et secourent la fragilité du plus faible.

En cette nuit, Celui qui n’avait pas de place pour naître est annoncé à ceux qui n’avaient pas de place aux tables et dans les rues de la ville. Les bergers sont les premiers destinataires de cette Bonne Nouvelle. Par leur travail, c’étaient des hommes et des femmes qui devaient vivre en marge de la société. Leurs conditions de vie, les endroits où ils étaient contraints à se trouver, les empêchaient d’observer toutes les prescriptions rituelles de purification religieuse et, par conséquent, ils étaient considérés comme impurs. Leurs peaux, leurs vêtements, leur odeur, leur façon de parler, leur origine les trahissaient. Tout en eux suscitait de la méfiance. C’étaient des hommes et femmes dont il fallait se tenir éloigné, avoir peur ; on les considérait comme des païens parmi les croyants, des pécheurs parmi les justes, des étrangers parmi les citoyens. À eux – païens, pécheurs et étrangers –, l’ange dit : « Ne craignez pas, car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur » (Luc II, 10-11).

Voilà la joie qu’en cette nuit nous sommes invités à partager, à célébrer et à annoncer. La joie par laquelle Dieu, dans son infinie miséricorde, nous a embrassés, nous païens, pécheurs et étrangers, et nous incite à faire de même.

La foi de cette nuit nous porte à reconnaître Dieu présent dans toutes les situations où nous le croyons absent. Il se trouve dans l’hôte indiscret, bien des fois méconnaissable, qui marche par nos villes, dans nos quartiers, voyageant dans nos autobus, frappant à nos portes.

Et cette même foi nous incite à faire de la place à une nouvelle créativité sociale, à ne pas avoir peur de faire l’expérience de nouvelles formes de relation dans lesquelles personne ne doit sentir qu’il n’a pas de place sur cette terre. Noël, c’est le temps pour transformer la force de la peur en force de la charité, en force pour une nouvelle créativité de la charité. La charité qui ne s’habitue pas à l’injustice comme si celle-ci était naturelle, mais qui a le courage, au milieu des tensions et des conflits, de se faire « maison du pain », terre d’hospitalité. Saint Jean-Paul II nous le rappelait. « N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ. » (Homélie de la Messe d’inauguration du Pontificat, 22 octobre 1978).

Dans l’Enfant de Bethléem, Dieu vient à notre rencontre pour faire de nous des protagonistes de la vie qui nous entoure. Il s’offre afin que nous le prenions dans les bras, afin que nous le soulevions et l’embrassions. Afin qu’en Lui, nous n’ayons pas peur de prendre dans les bras, de soulever et d’embrasser celui qui a soif, l’étranger, celui qui est nu, celui qui est malade, le détenu (cf. Matthieu XXV, 35-36). « N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ. » En cet Enfant, Dieu nous invite à prendre en charge l’espérance. Il nous invite à être des sentinelles pour beaucoup de personnes qui ont cédé sous le poids du désespoir qui naît du fait de trouver fermées de nombreuses portes. En cet Enfant, Dieu fait de nous des protagonistes de son hospitalité.

Émus par la joie du don, petit Enfant de Bethléem, nous te demandons que tes pleurs nous réveillent de notre indifférence, ouvrent nos yeux devant celui qui souffre. Que ta tendresse réveille notre sensibilité et fasse que nous nous sentions invités à te reconnaître dans tous ceux qui arrivent dans nos villes, dans nos histoires, dans nos vies. Que ta tendresse révolutionnaire nous amène à nous sentir invités à prendre en charge l’espérance et la tendresse de nos gens.

https://youtu.be/TbV3CrQ6Sa0

dimanche 27 décembre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2545 : Prendre Jésus dans nos bras...

 Voici le texte de mon homélie de ce dimanche de la Sainte Famille, à partir de l'évangile de ce jour, en Luc 2/22-40.


Le vieux Siméon qui reçoit l'Enfant Jésus dans ses bras ! Et dont le coeur rayonne d'allégresse... Cela ne vous fait pas penser à quelque chose ?  Je songe tout spécialement à vous, les grands-parents, au bonheur que vous avez lorsque vous prenez votre petit-fils nouveau-né dans vos bras. Alors, on vous sent transfigurés ! Vous avez vécu cette expérience inoubliable... Même si nous en sommes un peu privés en ce moment !

"Prendre un enfant dans ses bras, et pour la première fois, sécher ses larmes en étouffant de joie, prendre un enfant dans ses bras."

Oui, cette scène de l'Evangile nous rappelle que Jésus n'est pas resté cloitré dans une grotte, ni confiné dans une mangeoire.  Les bras du vieux Siméon symbolisent les bras de l'humanité entière, qui n'est pas toute jeune elle non plus, qui a même pris un coup d'vieux ces derniers temps, et qui est en attente d'elle ne sait quoi, mais appelée pourtant, comme Siméon, à recevoir le Sauveur, le Salut, dans ses bras, et dans sa vie !

En tout cas, c'est à nous, chrétiens, aujourd'hui, de prendre le relais de Siméon, afin de porter à notre tour, à bras le corps, les bras grands ouverts, Jésus le Sauveur.

Pas seulement de le prendre comme ça, du bout des doigts, un bref instant, puis de le reposer, ou de le fourguer à un voisin, car le poids de Jésus nous fatiguerait. Non !  Ce matin, en cette église, c'est chacun de nous, et tous ensemble, qui sommes invités à être de vrais, de solides porteurs de Dieu.

Faisons bien attention tout à l'heure, au moment de la communion, quand nous recevrons ce corps divin dans nos mains.  Celui qui accueille un bébé dans ses bras, en est en général ému, transfiguré.  Qu'il en soit de même pour nous, en permanence, dans nos vies de croyants !

Partout où nous irons cette semaine. Dans nos familles en premier lieu ; mais aussi, au travail, dans le quartier et partout, nous aurons encore Jésus dans les bras, et tout contre notre coeur.  Nous rencontrerons sans doute des douleurs, des souffrances ; rappelez-vous alors :

"Verser des larmes..., consoler les chagrins..."  :  telle sera notre mission !

D'autre part, en cette fête de la Sainte Famille, même s'il nous est parfois difficile de parler de Dieu, en famille par exemple, n'oublions pas qu'à travers nous, Dieu est quand même présent ; invisible peut-être, mais, espérons-le, rayonnant, puisque nous le portons dans notre coeur.

Surtout, ne le lâchons pas, ne le laissons pas tomber. Il n'a que nous pour le porter. Au coeur de ce monde qui a peur, au sein de cette société, au milieu de ces familles, de ce monde qui se déchire, par notre façon de parler, mais surtout, grâce à notre comportement, laissons entrevoir, à travers notre pauvre petite personne, la joie que nous avons de porter, invisiblement, Jésus, qui apporte le Salut.

Je termine avec ces belles paroles du pape François, dans son homélie de la nuit de Noël : "Jésus s'offre afin que nous le prenions dans nos bras, afin que nous le soulevions et l'embrassions. Que la tendresse de l'Enfant de Bethléem nous invite à prendre en charge l'espérance de tous !"     

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Prendre un enfant par la main...   (cliquer sur "passer les annonces")

                        https://youtu.be/_IQu9R253Fo

samedi 26 décembre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2544 : Le MERCI de Noël

 En ce lendemain de Noël, s'il y a un mot qui nous revient à l'esprit, à vous comme à moi je pense, c'est bien le terme de "merci". J'aime bien citer cette réflexion du grand poète chilien Pablo Neruda  (1904-1973) : "Un seul mot, usé, mais qui brille comme une vieille pièce de monnaie : merci !"

Peut-être peut-on penser : oui mais, moi, je n'ai rein vécu d'intéressant en ce Noël, que j'ai mal vécu, ou même, que j'ai détesté. Peut-être ! Mais est-ce bien si sûr que tu n'aies rien qui ne t'invite à rendre grâce ?  D'abord, tu es vivant ; ensuite, tu as pu voir le soleil briller hier toute cette journée de Noël, etc.

Il n'y a aucune honte à prendre du temps pour dire "merci", "merci" et encore "merci", tous azimuts, même si c'est parfois sans attendre de retour. Si l'on est croyant, merci d'abord pour ce formidable message d'espérance que vient de nous donner ce tout petit enfant qui est venu nous sortir enfin du pays de l'ombre ; et cela, pour injecter en nous le vaccin le plus efficace contre la pandémie de la désespérance qui risque de mettre à mort notre humanité, et de tuer ce qu'il y a de meilleur en nous

Merci pour les coups de fil donnés et reçus, pour les sms, les mails que l'on nous a adressés., ou que nous avons pris le temps d'envoyer.  Dans la nuit de Noël, à la fin de la messe, j'ai proposé à toutes les personnes présentes d'envoyer au moins, chacun, ce 25 décembre, un coup de fil à une personne isolée. Merci Seigneur pour tous les messages fraternels qui se sont multipliés à l'occasion de cette venue du Sauveur au milieu de nous. Pour toutes les poignées de mains, toutes les bises que l'on aurait aimé partager, mais que nous avons échangées par l'intermédiaire de nos yeux enchantés, ensoleillés par le message de Noël.

Merci pour tous ces gestes de tendresse qui se sont multipliés en ces jours : ceux dont nous avons été les témoins oculaires, ceux aussi que les médias nous ont révélés ! La nuit de Noël, durant mon homélie, j'ai brandi "en chaire" la dernière page de "Ouest-France" du 24 décembre, qui citait de multiples faits de solidarité vécus à travers le monde entier... Si l'on ne devinait pas que tout cela est bien le signe de la tendresse de Dieu, c'est que l'on serait vraiment aveugles !  Et cela, même si, dans la description de ces faits, l'on ne parle pas de Dieu.

Ce matin, je retrouve encore des traces de l'action de l'Esprit en feuilletant toujours "Ouest-France" ; mais l'on pourrait en dire autant à la lecture d'autres journaux évidemment. Voici quelques titres parmi d'autres : "Ils accueillent les plus isolés chez eux pour Noël" ; "A Benet, près de 300 aînés ont reçu un colis et une carte de voeux" ; "Une vie d'engagement dans le monde agricole" ; "Historien, j'étais pour la paix en Algérie ; je partage une certaine vision du monde avec les croyants".  Etc.

Je n'en dis pas plus !  A vous de compléter cette liste de mercis avec ceux que vous avez ou que vous souhaitez vous-mêmes exprimer : ce ne sera pas du temps perdu !

C'est cela qui nous permet de reprendre dans notre coeur cette superbe chanson - prière : "C'est Noël chaque jour..."

vendredi 25 décembre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2543 : Le Sauveur sillonne le monde, en cette nuit de Noël !

Voici l'homélie que j'ai partagée en cette nuit de Noël, dans l'église de Jard-sur-Mer.

Comme sous-titre possible : Jésus ne naît pas que dans les églises et pendant les messes...

 

Chut, entendez-vus ?  Il se passe quelque chose.  Tendez l’oreille, écoutez : on dirait un souffle, comme un fin silence, ou le bruit discret d’une ombre, qui se faufile furtivement, ici, là, au milieu de nous…

 Est-ce la brise du soir ?  Le pâle reflet de la lune ?  Ou le bruit souple de la vague arrivant sur la grève ? Oui, c’est sûr !  En cette nuit profonde, voici que quelqu’un arrive, accroché à une étoile.  Quelqu’un qui n’a pas peur de nous, qui n’a pas peur de ce monde ; et cela, malgré nos bassesses, nos misères, ce maudit virus et notre péché.

 Alors que la peur étreint nos cœurs, et que ce monde malade est en train de dépérir, voici que quelque part, ça et là  sur cette terre, et sans doute même ici, quelqu’un, de totalement inattendu, sinon ignoré de beaucoup, est en train de naître chez nous, en pleine pandémie.

 Mais sommes-nous capables de comprendre ce qui est en train de se passer ?  Saint-Exupéry pourtant nous avait prévenu, mais nous n’avons pas su l’entendre : « l’essentiel est invisible pour les yeux », disait le petit Prince.  Mais qui donc, dans notre société, a été en mesure de nous expliquer la différence exacte entre l’essentiel, et le non-essentiel ?

 Et si, en cette nuit, c’était la fin d’un mauvais jour, le terme d’un temps de tristesse, de découragement et d’effondrement ?  Et s’il était possible que commence à présent, à l’aube de ce Noël hors-normes, un jour nouveau, qui porterait enfin la trace de l’éternité ?

 En ce monde dans lequel chacun de nous avance un peu à tâtons, tous autant que nous sommes plus ou moins anormaux ou abîmés par la vie, claudiquant dans l’existence, avançant cahin-caha, dans un monde confiné et masqué, sans rien comprendre de la crise que nous sommes en train de traverser ?Il y a en ce moment 30% de rendez-vous en plus dans les cabinets de psy, sans parler de la casse sociale...

 Nous pensions que ce monde, et notre pays, se gargarisant de ses soit-disant « lumières », serait capable de se guérit tout seul de ses misères. Mais voici que les plus grandes puissances mondiales semblent démunies, et que même les dirigeants de nos nations sont eux-mêmes atteints, impuissants et ébranlés.  D’où pourra donc nous venir le Salut ?

 Et comment donc alors, un petit enfant, tout nu, né en marge de la société, qui ne sait même pas parler, né de parents inconnus, pourrait-il nous être d’un réel secours ?  Ah ! Autrefois, les choses se passaient différemment ! Les Noëls se vivaient autrement ; ils étaient riches d’une gaieté quelque peu insouciante… Mais aujourd’hui, l’on entend Michel Polnareff déclarer : « Je déteste Noël », la solitude au moment des fêtes ; pas moyen de se retrouver en famille comme on l’aimerait, ni même de s’embrasser !

 Mais cette situation justement, Jésus l’a connue. Sa famille, restée à Nazareth, n’a pu être présente lors de sa naissance.  Seuls des bergers, méprisés, marginalisés dans la société d’alors, se sont retrouvés autour de lui ; avec peut-être un bœuf, un âne et quelques moutons comme seuls compagnons.  Symbole magnifique cependant de ce que le Sauveur n’était pas venu seulement pour les bien portants, les gens bien, les familles sans problèmes ou les personnages importants.  Mais c’est bien au cœur de contraintes un peu semblables aux nôtres que Jésus a pu naître lui aussi.

 Et si, aujourd’hui, Jésus apparaissait, naissait, non seulement ici, d’ailleurs, comme il nous l’a promis en Luc 12/36 : « Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller » ; en tout cas, honneur à vous, chers amis, qui avez fait le choix, en cette nuit à nulle autre pareille, de faire une place au Sauveur dans la crèche de votre cœur !

 Mais peut-être qu’en ce moment, Jésus est aussi à l’extérieur, hors les murs et loin des églises ; par exemple,  en train de frapper à la porte de familles qui ne sont pas venues à la messe, mais sont en train de vivre des retrouvailles familiales. Car, et ce fut un scandale lors de sa vie publique, le Sauveur est venu pour les chrétiens pratiquants, mais pas que… Rappelons-nous comment il s’était annoncé : « Je ne suis pas venu pour les bien portants, mais pour les pécheurs. » Ou encore : « Je suis venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

 Nous pouvons donc sans peine l’imaginer sillonnant le monde en cette nuit, plus déconfiné que jamais !  En train de naître dans telle famille en deuil ou en détresse, ou au cœur d’un village amérindien dans la forêt amazonienne ; et pourquoi pas en Chine, dans un de ces immenses camps de travail et de rééducation où des centaines de milliers de musulmans Ouïghours sont parqués de façon ignoble, sous le silence peureux de nos autorités politiques ; ou aussi dans une embarcation surchargée et prête à chavirer en Méditerranée…  Qui peut savoir jusqu’où peut aller le salut de Dieu ? Et si Noël a vraiment un sens, invisible, pour toute l’humanité ?

 Dans sa célèbre chanson « La France », Jean Ferrat lançait l’appel suivant : « Il faut que le malheur succombe. »  C’était déjà bien le projet de Jésus, si bien développé dans son beau programme des Béatitudes : tuer la peur, et permettre à tous les humains de vivre en frères. Vous connaissez cette injonction du pasteur M-L King : « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon, nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. »

 Je termine avec un dernier point. Ces temps-ci, j’ai entendu plusieurs personnes semblant navrées de ce que notre société ait fermé à Dieu la porte de notre terre. Quelle erreur, quel manque de foi ! Comme si Dieu était désormais absent de notre terre, alors qu’un minimum de réflexion nous apprend qu’il est plus vivant que jamais, au sein de notre société. Lisez le journal : de partout, l’on voit surgir des gestes de tendresse. Prenez par exemple le « O-France » de ce jour, relisez la dernière page, qui présente une multitude de projets solidaires à travers le monde entier : « j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger, etc. »  Ceci, c'est l'Evangile en actes !  Avant cette célébration, je viens de suivre l'émission "C dans l'air" intitulée "Noël quand même" ; j'ai été impressionné par la touche positive des échanges quant au sens de Noël, ainsi que par la multiplicité des initiatives de gestes de solidarité qui ont été présentés. Je voyais littéralement Jésus naître ainsi en plein coeur de notre monde, que l'on prétend égoïste et allergique aux affaires de Dieu.

 Il y a de quoi être émerveillés par les innombrables gestes de solidarité qui illuminent notre monde. Je pourrais vous en citer une tonne. Deux seulement : le président de la Banque alimentaire de Vendée vient de faire savoir ceci : « les Vendéens ont fait preuve d’un élan du cœur exceptionnel. La collecte 2020 est la plus importante jamais réalisée en Vendée. »  2° fait : parmi les multiples actions du Secours catholique sur le Talmondais, ce coup de fil d’un monsieur proposant une trentaine de repas antillais à emporter ce soir, le 24 décembre.

 Ah ! Question : est-ce qu’on parle de Dieu en distribuant les repas ? Je ne sais pas ! Mais à Bethléem non plus, Jésus ne parlait pas ! Je vais aller plus loin, en citant un cardinal récemment nommé par le pape, et qui est même son théologien personnel, le cardinal Cantalamessa ; il dit en gros ceci : contrairement à ce que l’on peut croire, ce qui intéresse Dieu, ce n’est pas d’abord qu’on parle beaucoup de lui ; ce qui plait surtout à Dieu, c’est quand les hommes apprennent enfin à vivre en frères.  Et avec cette pandémie, qui nous oblige à remettre l’humain au coeur, ce n’est pas le mal, le négatif, qui auront le dernier mot, mais bien Jésus qui, à travers nos gestes de foi et de charité, trouve peu à peu sa place dans cette crèche immense que représente pour lui notre société.  

Viens, Seigneur Jésus, viens, viens nous sauver ! 

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Aujourd'hui, on va changer de style !  Un petit "Minuit Chrétiens", ça vous ferait plaisir ?  Avant la messe d'hier soir, l'un des musiciens présents m'a demandé s'il pouvait jouer cet air durant la célébration, en ajoutant que c'était quand même "un chant païen".  Je me suis écrié : "Non, pas du tout : ce chant honore le Rédempteur."  Oh, il y a bien cette phrase : "Et de son Père apaiser le courroux" ; mais quand j'étais en paroisse, on la remplaçait par : "Et de son Père manifester l'Amour"... Les images de la vidéo vous étonneront, je les ai choisies exprès : elles montrent bien que c'est toute la société qui s'est emparée de ce grand Mystère !  Joyeux Noël à vous !

 https://youtu.be/rQZ6N8aN6JU   

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C'est sans doute plus qu'une coïncidence :  

-  lors de l'office en l'église méthodiste de Rome, en Eurovision, ce matin, superbe interprétation, chez des Protestants ! du "Minuit Chrétiens", en italien. 

-  puis, à l'offertoire de la messe en Eurovision célébrée en Suisse, re "Minuit Chrétiens"  !!! 

 

jeudi 24 décembre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2542 : Paul Claudel et le mystère de Noël

 La crèche, vue par Paul Claudel

Les temps sont accomplis, c’est la nuit de Noël. Regardez ! Il y a ce trou, un recoin quelconque, une étable de fortune où l’on a garé tant bien que mal ces deux camarades, ces deux présences à quatre pattes qui sont le bœuf et l’âne. On a fait propre par terre, un petit peu. On a déballé toutes ces pauvres choses que l’on a apportées. Ça ne fait pas un gros paquet. À part, bien rangés, comme à la sacristie, il y a les humbles langes du petit : la chemise, la brassière. L’ange a dit qu’il n’y avait pas à s’occuper d’autre chose, mais comme tout de même il faut bien manger, les deux époux ont communié dans ce vieux morceau de pain.

 On a suspendu dans un coin la lanterne qui fait une drôle de lumière. Joseph s’est assis quelque part. Il ne dit rien. Il n’a pas beaucoup de chemin à faire pour trouver la compagnie de l’Éternel et ce profond Précepteur dont le soin continuel est de lui apprendre le mot “Oui” “Amen”. La Vierge aussi est assise et si l’on m’assure qu’il y a un moment où elle s’est mise à genoux, je ne demande pas mieux. Je regarde. Elle est tranquille. Elle a les yeux fermés. Et c’est bien assez pour moi d’être présent sans désirer qu’elle me voie. 

Il n’y a pas d’autre bruit que la respiration et le vague remuement des animaux. L’âne tout à l’heure s’est abandonné à une espèce de braiment formidable et qui n’en finissait plus, un cri qui ébranlait le ciel et la terre et le silence a été long à se rétablir. Mais le temps passe cependant, une heure, deux heures, et celle qui les suit s’annonce par un accroissement de solennité.

 Il y a dans le cœur de Joseph une récitation de psaume. Il comprend. Il tressaille. Tel verset en lettres hébraïques lui apparaît avec autorité et douceur. Et tel autre, le voilà qu’il se met à pleurer. Lui succède celui qui apporte le verbe irréfragable (1). Ô mon Dieu, ainsi c’est vrai, c’est à moi qu’on a mis ça dans le cœur et entre les bras. C’est moi l’héritier d’Abraham et de Jacob et de Juda et de David. C’est moi qui ai été choisi pour être le témoin. Et vous dites plus que le témoin, le père...

         (1)   "irréfragable" : irréfutable, incontestable

 

 Paul Claudel raconte sa conversion le jour de Noël

Tel était le malheureux enfant qui, le 25 décembre 1886, se rendit à Notre-Dame de Paris pour y suivre les offices de Noël. Je commençais alors à écrire et il me semblait que dans les cérémonies catholiques, considérées avec un dilettantisme supérieur, je trouverai un excitant approprié et la matière de quelques exercices décadents.

C’est dans ces dispositions que, coudoyé et bousculé par la foule, j’assistai, avec un plaisir médiocre, à la grand-messe. Puis, n’ayant rien de mieux à faire, je revins aux vêpres. Les enfants de la maîtrise en robes blanches et les élèves du petit séminaire de saint Nicolas du Chardonnet qui les assistaient, étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. J’étais moi-même debout dans la foule, près du second pilier à l’entrée du chœur à droite du côté de la sacristie.

Et c’est alors que se produisit l’événement qui domine toute ma vie. En un instant mon cœur fut touché et je crus. Je crus, d’une telle force d’adhésion, d’un tel soulèvement de tout mon être, d’une conviction si puissante, d’une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute, que, depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d’une vie agitée, n’ont pu ébranler ma foi, ni, à vrai dire, la toucher.

 

Laissons-nous entraîner par les Anges dans la Joie de Noël !

https://youtu.be/1HsQuCOouLM

mercredi 23 décembre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2541 : L'approche de Noël vue par une non baptisée, Elodie

 Vous connaissez déjà Elodie, cette jeune femme qui dépose régulièrement des commentaires sur ce blog. Ne manquez pas celui qu'elle vient de poster suite au billet d'hier ! A l'approche de Noël, elle vient également de m'envoyer un témoignage que je me fais un plaisir de vous partager.


En réaction à ton billet n°2435 de jeudi 17 décembre au sujet de Noël et de Michel Polnareff qui disait “je déteste Noël !”, j’aimerais te faire part de mon témoignage que peut-être tu choisiras de faire partager en partie ou en totalité sur ton blog si cela te semble juste.

Je te laisse introduire si tu le souhaites le fait que ne suis pas baptisée et que je suis, comme tu le dis avec tes mots, "en chemin" depuis la Pâques de cette année 2020 où j'ai commencé à découvrir et explorer l'Evangile de Jésus-Christ ainsi que la Bible, après avoir cheminé longtemps avec le "Tao Te King" de Lao-Tseu, plus proche du bouddhisme.


Je comprends et mesure l'importance de parler de Noël et de s'interroger sur le sens de cette fête.

Bien sûr, on le sait tous, croyants et non croyants, Noël est une fête religieuse qui symbolise quelque chose d'important pour les Chrétiens.

Mais il ne faut pas oublier aussi tous les gens qui n'ont pas connaissance de cela.

Pour les Chrétiens, qui eux sont allés au catéchisme et ont grandi dans la religion chrétienne, tout cela est facile à comprendre, accessible.

Mais pour celles et ceux qui ont été dépourvus de cet enseignement, de cette richesse, et qui, comme cela a été mon cas jusqu'à Pâques de cette année 2020, ne savent pas ce que signifie l'arrivée du Sauveur ni même de qui il s'agit vraiment, comment leur demander de croire ou d'espérer quelque chose ou "quelqu'un" dont ils n'ont jamais entendu parler dans leur quotidien, ni même dans leurs écoles, et qui ne fait pas partie "de leur éducation" ou de leur "vie" ?

Comme beaucoup, j'ai passé de nombreux Noël en famille, bien sûr.

Comme certains, j'ai passé quelques soirs et jours de Noël aussi à avoir ce sentiment de devoir faire un effort pour partager un moment de convivialité et de bienséance qui me dépassait un peu et que je ne comprenais pas toujours bien.

Comme quelques-uns parmi ceux dont il est question dans ton billet de jeudi, Olivier, j’ai passé également plusieurs Noël seule, de mon plein gré, à lire, écouter de la musique, écouter la radio, peindre ou méditer.

Tant de Noël aux saveurs si "ordinaires" que je vivais simplement parce qu'ils étaient là, mais où je n'attendais rien ni personne en particulier.

C'est la première fois cette année que Noël a pour moi une connotation religieuse et un vrai sens, que je comprends parce que j'ai entrepris depuis plusieurs mois ce chemin de découverte et de rencontre vers Jésus-Christ et vers les Chrétiens que je ne connaissais pas et dont j’ignorais tout.

C'est la première fois que j'ai les outils pour comprendre ce que signifie Noël et ce que signifie l'idée du Sauveur ou d'être sauvé(e) par Lui.

Il y a tant de gens qui sont dans l'ignorance !

Il ne faut pas l'oublier !

C'est beau et admirable de vouloir apporter de l'Espoir, de la Joie et de l’Espérance chez ceux qui semblent en être comme dépourvus.

Mais inviter quelqu'un, par exemple au moment de Noël, à Croire ou Espérer alors qu'il ne sait pas (ou plus), et n'a peut-être jamais su ou pu expérimenter ou comprendre la Croyance, la Foi et l'Espérance... comment peut-il voir, recevoir et saisir cette “main tendue" ?

Lui qui peut-être ne connaît pas toutes ces choses !

Lui qui ne les a pas vues !

Lui qui ne les sait pas !


Bien plus que l'Espoir et l'Espérance, ce qu'il est important de Communiquer et de Partager, ce sont les Connaissances et les Expériences.

C'est cela qui rapproche les humains, toutes religions, toutes origines, toutes cultures et tous peuples confondus.

C'est par le partage des connaissances, par le témoignage et la mise en commun des expériences, que l'on peut permettre à ceux qui ne croient pas (ou plus) et qui n'espèrent pas (ou plus) que quelque chose d'autre est possible.

Nous oublions parfois que tout n'est pas acquis pour Tous de la même manière !

Oui, nous sommes toutes et tous semblables, c’est certains, mais nos chemins sont si singuliers.

Si nous n’échangeons pas, si nous ne partageons pas, si nous ne communiquons pas sur ce que nous vivons, sur ce que nous sommes et comprenons, si nous ne faisons pas l’effort d’aller vers l’autre, de lui tendre la main en lui ouvrant notre porte et notre Coeur, comment pourrons-nous nous rencontrer, cheminer ensemble et pourquoi pas se retrouver autour d’une même table à partager un repas, par exemple pour la Noël ?

Je suis très heureuse de pouvoir fêter cette année mon premier Noël dans l'attente bienheureuse de la venue du Sauveur.

Et je te remercie sincèrement, Olivier, tu le sais, parce qu’à travers nos partages et ton blog, tu as participé, ainsi que vous toutes et tous qui y laissez des commentaires toujours intéressants, à rendre tout cela possible.

J'aurai une pensée particulière pour vous toutes et tous, chacune et chacun, en cette première nuit de Noël que je célébrerai en union de pensée et de prière avec Vous !

Joyeuse attente à tous et surtout, surtout, joyeux et nombreux partages !!!

 

Et si on chantait ensemble ? 

 

Douce nuit

mardi 22 décembre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2540 : Et si on ne peut pas aller à la messe de Noël ?

Depuis quelques jours, j'entends un certain nombre de personnes me faire part de leur désolation de ne pouvoir aller à la messe la nuit ou le jour de Noël ; et cela, pour diverses raisons : les résidents des Ehpad par exemple, qui sont plus confinés que jamais ; mais aussi, des personnes seules, âgées, en mauvaise santé ou se sentant "à risques"...  Je résume ainsi les réflexions entendues : "Cela ne m'était jamais arrivé ! D'habitude, chaque année, je me réjouissais de participer à cette si belle messe de la nuit de Noël ; mais cette année, mes enfants m'ont fait comprendre que je devrais me contenter de regarder la messe à la télé ; cela va beaucoup me manquer.  Je vais avoir l'impression de ne pas avoir vécu un vrai Noël !"

Alors là, je voudrais tranquilliser ces personnes. Du moins, autant que cela est possible.. ; en effet, cette impression de "rater" Noël leur est si traumatisante...  Et l'on peut comprendre cette grande souffrance, cette profonde frustration. Mais pourtant, si on réfléchit... Et j'ai à diverses reprises essayé d'expliquer cela lors des fêtes de la Nativité les années passées ; je disais aux personnes présentes dans l"église : "Et si Jésus n'était pas là dans cette église en cette nuit ?  Et s'il était plutôt en train de naître dans tel quartier à problèmes de notre ville, ou dans telle famille en deuil ou en difficulté ?  Ou dans un camp de réfugiés en Irak ?  Ou au coeur d'un village amérindien dans la forêt amazonienne ? Et pourquoi pas en Chine, dans un de ces immenses camps de prisonniers Ouïghours ? Ou dans une embarcation surchargée et prête à chavirer en Méditerranée... Qui peut savoir ?"

En effet, le Sauveur, c'est  tout sauf un petit Jésus en sucre, tout blanc et tout mignon, venant faire plaisir seulement aux personnes qui pourront participer à une messe de Noël, dans une église où l'on chante gaiement "Il est né le divin Enfant.". Ceci est très bien évidemment, et je me réjouis pour tous ceux qui auront le bonheur de pouvoir se retrouver  en chair et en os dans une église bien décorée et bien chauffée. Mais Jésus n'est pas venu seulement pour les chrétiens présents dans les églises...

Je vous invite à lire à ce sujet le commentaire de Jean-Pierre suite au billet de dimanche, je le cite : "Dieu continue de naître aujourd'hui chez les sans grade, les gens sans toit, sans terre, sans droit... Mais il ne peut naître que si, comme Marie, nous répondons "oui" pour faire vivre la fraternité universelle."

Bien sûr, pouvoir se retrouver dans une église la nuit de Noël, c'est merveilleux. Mais cela ne doit pas nous faire oublier que Jésus a fait le choix de ne pas naître dans un lieu religieux, comme une synagogue, et évidemment pas dans une église. Ou plutôt, l'on devrait dire que tout lieu, y compris une étable ou une grotte, est digne de recevoir Jésus. Y compris notre maison bien sûr. Tout lieu devenant alors comme une petite église domestique, dans laquelle le Sauveur pourra se sentir aussi à l'aise que dans des édifices plus solennels.

Alors, que l'on soit dans une église ou pas, réjouissons-nous, partout où nous serons la nuit de Noël, d'accueillir le Sauveur naissant en tout lieu où se vivra alors un peu de foi, d'espérance et de fraternité. Un exemple en terminant, celui de ces grands-parents qui, devant recevoir des enfants n'ayant pas l'idée d'aller à une messe de Noël, ont fait une crèche, et les inviteront à prendre un moment, avant le réveillon, autour de cette crèche, pour lire ensemble, tout simplement, l'évangile de Noël.

Rappelons-nous aussi que la messe, même dans la nuit de Noël, ce n'est pas le tout de la Foi :

-  Mgr Teissier, ancien archevêque d'Alger : " Le Royaume ne se construit pas là où l'on fait des baptisés, mais là où l'on travaille à plus d'humanité."

-  le théologien Dietrich Bonhoeffer  :  "Ce n'est pas l'acte religieux qui fait le chrétien, mais sa participation à l'action et à la souffrance de Dieu dans le monde."

 

Allez, un peu de tendresse pour terminer !   (passer les 3 secondes d'annonces pour voir la vidéo)

https://youtu.be/rEjvRktXeis

lundi 21 décembre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2539 : "Ne retiens qu'une chose : il faut croire à Noël !"

Samedi, Dominique, un de mes frères, m'a envoyé un mail me disant qu'il avait beaucoup apprécié que, dans l'école où se trouvent ses petits-enfants, en région parisienne, dans un endroit très "arc-en-ciel" au niveau des origines et des cultures, "le chant principal à l'école était "Le Noël des enfants du monde" : "Enfants de Palestine, ou enfants d'Israël". C'était très beau."  Je vous laisse le lire, l'écouter et le méditer !  C'est un magnifique appel à la Fraternité, un hommage profond au sens le plus haut de Noël :

"Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur terre aux hommes, car il les aime !"  (Jean 2/14) 

 

Enfant de Palestine, ou enfant d'Israël
D'Amérique ou de Chine, en ce jour de Noël
Que ton regard se pose, sur la terre ou le ciel
Ne retiens qu'une chose, il faut croire à Noël

Matin couleur de cendre, ou matin d'arc-en-ciel
Qu'importe il faut attendre en ce soir de Noël
Que les fusils se taisent et répondent à l'appel
De cette parenthèse, qui s'appelle Noël

[Refrain]
Enfant de Palestine, ou enfant d'Israël
D'Amérique ou de Chine, en ce jour de Noël
Que ton regard se pose, sur la terre ou le ciel
Ne retiens qu'une chose, il faut croire à Noël

Un jour viendra peut-être, un jour au goût de miel
Où l'on verra paraitre un oiseau dans le ciel
Aux plumes de lumières un oiseau éternel
Colombe pour la terre, un oiseau de Noël

[Refrain]
Enfant de Palestine, ou enfant d'Israël
D'Amérique ou de Chine, en ce jour de Noël
Que ton regard se pose, sur la terre ou le ciel
Ne retiens qu'une chose, il faut croire à Noël

Enfant de Palestine, ou enfant d'Israël
D'Amérique ou de Chine, en ce jour de Noël
Que ton regard se pose, sur la terre ou le ciel
Ne retiens qu'une chose, il faut croire à Noël.

https://youtu.be/PnHmE5xtx8o 

 

 


dimanche 20 décembre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2538 : Laisser naître Jésus en nous, comme Marie !

Homélie partagée en ce 4° dimanche de l'Avent, autour de l'évangile de l'Annonciation (Luc 1/26-38), en l'église St Pierre de Talmont.

 

Voici que, tout à coup, dans la longue histoire du peuple de Dieu, du peuple juif, sans crier gare, débarque une femme qui sort d'on ne sait où, et que l'on n'attendait pas.

Par contre, Dieu, lui, connaissait l'adresse de ce petit village de Galilée, sans renommée particulière.  Du haut de son ciel, si l'on peut dire, de façon imagée, il avait repéré cette jeune femme.  En effet, dans le monde obscur d'alors, invisible aux yeux des humains, émergeait ce visage de foi et de lumière. Un de ces visages comme l'on en rencontre trop rarement, mais de ceux qui sauvent le monde de ses bassesses.

Et voici que, scène inconcevable, Dieu, à travers son ange, son messager, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le grand Dieu maître de l'Histoire, dans une attitude inouïe, semble s'incliner devant cette simple femme, pour la louer, la féliciter de sa foi : "Je te salue, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi..."

Et que fait Dieu alors ?  Rien de moins que de lui demander la permission de faire alliance avec elle ; pour que, à eux deux, ils puissent donner la vie humaine au Sauveur.

L'Evangile nous dit que, "à cette parole, Marie fut toute bouleversée..."  On le serait à moins !  Elle aurait pu répondre... ; enfin, nous, nous aurions répondu, comme nous le faisons souvent : "ah non, Seigneur ; moi, je ne suis pas capable ; demande plutôt à la femme d'en face ou à l'autre là-bas, qui sont bien plus douées que moi."

Les prophètes aussi, quand Dieu les appelait, commençaient par dire, comme Moïse également (Exode 4/10) : "Je bégaye, va chercher quelqu'un d'autre." D'ailleurs, comment se fait-il que dans ce monde plutôt machiste de l'époque, Dieu demande à une femme la permission de passer par elle pour sauver le monde, plutôt que par un bon prophète ?  Choisir une femme, ce n'était pas anodin !  A ce moment-là en effet, c'était déjà des hommes qui dirigeaient tout, qui décidaient de tout, y compris dans le domaine religieux bien sûr, et surtout pas les femmes...

Mais revenons à Marie.  Au lieu de se terrer, d'essayer de se défiler ou de se taire, elle engage le dialogue avec l'ange, afin de tenter de comprendre ce que l'on attend d'elle : "comment cela pourra-t-il se faire, puisque je ne connais pas d'homme ?"  Réponse de l'ange : c'est Dieu lui-même qui est le père de cet enfant !

Or, en général, quand on vous demande quelque chose, lorsque l'on est fier, orgueilleux, on commence par se regarder, et on pense que l'on n'est pas capable. Marie réagit autrement ;  elle ne perd ni temps ni énergie à se demander si elle est capable ou pas. Elle est humble en effet ! Ce qui lui permet de répondre : "Dieu, si c'est toi qui parle, OK !  Si c'est toi, Seigneur, qui me le demande, j'accepte."

Pourtant, quantité de questions auraient pu amener Marie à refuser. Mais, de son expérience profonde de la vie du peuple de Dieu, elle sait que jamais Dieu n'a conduit son peuple dans une impasse, et donc elle non plus.

Remarquez que, Dieu n'a pas décidé à sa place. Il a pris le temps de dialoguer avec elle ; et cela, dans une relation d'égalité profonde, qui peut nous laisser pantois !  Au point que, sans la réponse positive de Marie, le plan de Dieu n'aurait pu aboutir !

D'ailleurs, ainsi, c'est un beau visage de Dieu, peu connu, que nous révèle cette scène : Dieu est arrivé auprès d'elle en ami ; et Marie, contrairement à ce qu'il nous arrive parfois, n'a pas eu peur de Dieu, ne s'est pas trouvée complexée devant lui.

Nous avons aussi sous les yeux le visage d'un Dieu qui croit en la capacité profonde de cette femme. Marie n'est pourtant ni une femme de renom dans le peuple juif, ni une supérieure générale ; mais simplement, une femme qui a cru.

Il y a même, vous l'avez remarqué, un certain suspense dans cette histoire. Marie allait-elle accepter ? Peut-être même que Dieu a appréhendé son refus... Sinon, cela voudrait dire que Dieu n'aurait pas respecté sa liberté de choix. Or, Dieu n'aurait pas pu agir sans cette réponse positive de Marie... Ceci, Péguy l'a bien saisi quand il écrit : "Toute l'histoire de l'humanité est suspendue à ce "oui".

Dieu donne le salut ; mais il fait participer une femme, en première ligne, à cette histoire du salut. Entre parenthèses, d'un tel type de choix, notre Eglise catholique n'a pas tellement su tirer la leçon ; en effet, elle considère toujours un peu, sans l'avouer, les femmes comme moins capables, moins dignes, inférieures et subordonnées à une certaine domination  culturelle ancestrale du pouvoir masculin. Ceci est d'ailleurs l'un des points sur lequel travaille le pape François, sensible à cette question.

Pas forcément d'ailleurs pour que des femmes deviennent prêtres tout de suite, ou évêques, mais pour que l'on sache, dans l'Eglise catholique, leur donner des responsabilités fortes.  Par exemple, en tant que théologiennes compétentes, biblistes, formatrices dans les grands séminaires ; ou encore, comme conseillères avec de vrais pouvoirs dans les conseils auprès des évêques comme au Vatican. D'autre part, quand on considère les assemblées d'évêques à Lourdes, totalement masculines, l'on peut aussi se poser des questions quant au respect accordé aux femmes dans notre religion !  Les idées ne manquent pas. Encore faut-il que les hommes au pouvoir dans l'Eglise catholique méditent davantage cette parole biblique de la Genèse : "il n'est pas bon que l'homme soit seul" ; et ceci, pas seulement dans le mariage, mais y compris dans le pouvoir  ecclésial.  Les tristes événements récents qui ont mis à jour une certaine perversité dans le monde clérical, certains évêques et même le Nonce à Paris y compris, ont illustré ce manque de façon évidente !

C'est peut-être pour cette raison que Dieu, pour trouver la femme qu'il fallait pour enfanter son fils, n'a pas demandé aux responsables religieux juifs de l'époque de lui en chercher une : pas plus qu'aujourd'hui, ils n'auraient pas su faire...

Je termine, avec une constatation étonnante : au moment de la conception de Jésus en elle, Marie ne fait rien : pas de grands gestes, ni de mouvements d'humeur. Elle ne fait pas non plus de grandes considérations ni de grands projets. Pas plus qu'une grande action miraculeuse.  Elle laisse simplement son coeur s'ouvrir, elle accueille Dieu qui veut naître en elle ; nous montrant ainsi l'attitude qui doit être la nôtre à l'occasion de Noël : laisser nous aussi Jésus naître et grandir en nous, chaque jour un peu plus, pour le salut du monde. 

Un monde blessé, malade et replié sur lui-même ; qui risque même, en dépit de tous les vaccins, d'étouffer, de mourir, si ne naît pas en nous, et pour tous, le Sauveur !

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J'invite ceux qui le veulent à poursuivre en musique leur prière à Marie, mère du Sauveur.  Pour cela, nous allons nous déconfiner un peu, en allant entendre à Moscou un choeur d'enfants chantant un Ave Maria composé en 1970 par le compositeur russe Vavilov (1925-1973).

https://youtu.be/aihWt9KAq4A

samedi 19 décembre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2537 : L'orange de Noël

 Vous connaissez sans doute l'écrivain Jean Guéhenno (1890-1978), membre de l'Académie Française, écrivain populaire de grand talent. Dans l'un de ses meilleurs livres, "Changer la vie" (1961), cet auteur livra l'un de ses plus beaux souvenirs, autour de ce que nous mêmes, du moins les plus anciens, avons pu connaître, autour de l'orange de Noël.  Voici un extrait de cet épisode si bien raconté, qui m'a été envoyé cette semaine par une paroissienne que je remercie en votre nom à tous !

 

Noël, dans mon enfance, c'était le jour où on me donnait une orange, et c'était un grand événement. Sous la forme de cette pomme d'or, parfaite et brillante, je pensais tenir dans mes mains le bonheur du monde.

 Il dut y avoir un temps où je la trouvais le matin au coin du feu ou plutôt au pied du fourneau, mise dans mon soulier par quelque spécial messager du ciel. Mais de ce temps, je me souviens mal. Mes souvenirs ne remontent qu'à une époque où la veillée de Noël n'était pas pour moi moins pleine d'un profond mystère, mais c'était un mystère que déjà j'essayais de penser. J'avais dans les huit ans. Donc, cette nuit-là, il semblait que tout soudain nous fussions devenus magnifiquement riches. On attendait la messe de minuit et, pour passer le temps, on grillait des châtaignes en buvant du cidre avec les voisins. Vers les onze heures, ma mère me donnait quelques sous et m'envoyait acheter une orange et une demi-livre de chocolats mélangés.

Je partais comme pour une expédition, comme pour découvrir un nouveau monde. Le monde ne devait-il pas changer cette nuit-là ? Je courais, je volais. J'entends encore le claquement de mes sabots sur les dalles de granit qui bordaient le trottoir. Ah ! dans l'air glacé, quelle étrange ardeur ! C'est peut-être que je n'avais pas souvent l'occasion de sortir à cette heure-là, mais il est bien vrai aussi que tout annonçait un miracle. La nuit était lourde d'un Dieu. La rue, si noire d'ordinaire, était illuminée. Le brouillard autour des réverbères formait comme de grands cercles d'or et des auréoles toutes prêtes pour des hommes d'une nouvelle vertu. Les vitrines des épiciers, des marchands de jouets, des cafés, étaient, parmi les masses d'ombre des maisons, comme autant d'abîmes de lumière. Je passais en frémissant de l'ombre à la clarté.

Je sautais de vitrine en vitrine. Car on pense bien que je ne dilapidais pas sans réflexion cette fortune que je serrais dans ma main fermée. Je réfléchissais, j'examinais, je calculais. Mon trésor ne devait payer que la plus belle orange. Je bondissais chez Fichepoil, courais chez Ealet, revenais encore chez Fichepoil. Qui dira ce que peut être dans un enfant l'intensité du désir et sa certitude de toucher bientôt au bonheur ? C'est ce désir et cette certitude qui ne doivent pas être trompés, et un Dieu naissait cette nuit-là précisément pour les combler.  Je revenais un peu avant minuit portant dans une main une admirable orange enveloppée d'un papier de soie. Puis, les femmes et les enfants s'en allaient à la messe pour assister à la naissance d'un Dieu.

Et puis, après une visite à la crèche, dans une chapelle retirée où je contemplais, au-delà d'une rampe de chandelles, le divin enfançon entre Joseph et Marie, le bœuf et l'âne, au-dessous d'une étoile en papier doré qui, sur des sentiers de mousse, guidait les bergers et les mages, nous rentrions à la maison. Le feu était éteint déjà, la fête finie. Il fallait vite aller dormir. Je regardais ma belle orange. Et voici ce qui, rituellement, arrivait : ma mère la tirait de son papier de soie ; tous deux nous en admirions la grosseur, la rondeur, l'éclat ; je prenais dans le buffet un de ces beaux verres à pied en cristal ; je le renversais, le mettais à droite, au bout de la cheminée, et ma mère posait dessus la belle orange. La pomme d'or prenait ainsi sa place parmi tous nos fétiches, tout près du petit Christ d'argent cloué sur sa croix de buis et de la petite Vierge en faïence, entre le moulin à café et la boîte à sel. Pendant des mois, elle nous assurait par ses belles couleurs que le bonheur et la beauté étaient de ce monde. Quelquefois je la palpais, je la tâtais. Il m'arrivait d'insinuer qu'elle serait bientôt trop mûre.

 - Attendons encore ! répondait ma mère. Quand nous l'aurons mangée, qu'est-ce qui nous restera ? Nous attendions. En avril ou mai, il fallait la jeter, parce qu'elle était gâtée. Je n'ai pas souvenir d'avoir jamais mangé l'orange de Noël.

 J'ai vénéré en Jésus l'un des maîtres de la joie. Mais toujours, dans ma pensée, la nuit de Noël devra sa grandeur à ces souvenirs que j'ai rapportés, et il m'arrive encore de songer au bonheur comme à une belle orange de Noël qu'il faudrait partager entre tous les hommes pour que réellement ils la mangent. 

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Deux citations complémentaires de Jean Guéhenno :

"Ecrire, c'est pour apprendre aux hommes à espérer."

-  "Les peuples, comme les hommes, se mesurent à leurs rêves." 

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Texte complet de "L'orange de Noël"   :   

 samuelhuet.com   

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vendredi 18 décembre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2536 : Quelques bémols dans la famille de Jésus !

 Il faut en convenir : Jésus n'est pas né dans une famille bien sous tous rapports. On peut même dire que ça pouvait paraître un peu perplexe : des parents non mariés, un père dont la paternité pouvait paraître un peu ambigüe, une naissance apparemment hors normes, en pleine nature, dans une étable peut-être, ou pire encore, dans une grotte ?  On devine que, pour les bien-pensants de Jérusalem, pour les familles juives "normales", ayant pignon sur rue, tout cela pouvait paraître déplacé : le Messie attendu ne pouvait naître ainsi !

Mais il y a plus grave !  Et l'évangile de la liturgie d'hier jeudi le rappelait, tout n'était pas clair non plus dans la parenté de Jésus et dans ses ascendants. Au tout début de son Evangile, Matthieu nous donne la généalogie de Jésus, et si on l'étudie de près, certaines informations peuvent nous déconcerter. Il y aurait beaucoup à dire à ce sujet, car la vie et l'action d'un certain nombre des ancêtres de Jésus n'a pas été au-dessus de tout soupçon. Je ne prendrai que quelques exemples parmi d'autres, celui de quatre des femmes citées dans l'arbre généalogique de Jésus :

Tamar, victime d'un inceste, de la part de son beau-frère Onan, et qui dut aussi jouer les prostituées pour obtenir une postérité. C'était aussi une non-juive, une étrangère. (Genèse 38/6-26)

Rahab, une prostituée, étrangère elle aussi, du pays de Canaan. (Josué 2)

Ruth, ancêtre plus directe de David, était également une païenne, un étrangère, du pays de Moab. (Ruth)

Bethsabée, femme d'un officier étranger hittite du nom d'Urie (Ourias) ; elle devint, de façon adultère, l'épouse de David, l'ancêtre direct de Jésus ; David fit tuer son mari pour pouvoir profiter d'elle.

Mais enfin, on ne comprend pas la façon de faire de Dieu ! Comme ancêtres de Jésus, n'aurait-il pas pu éviter ces "erreurs", et choisir de "vraies" aïeules israélites, comme Sara ou Rébecca ?  Cependant, en préférant ces quatre femmes païennes, étrangères, pécheresses, pour en faire des ancêtres de Jésus, Dieu songeait sans doute à la solidarité future du Christ avec le monde païen.  Voilà pourquoi Dieu a accepté de passer par des chemins "irréguliers" pour assurer la lignée de son Messie.

Cette façon de faire de Dieu témoigne ainsi, par avance, de l'universalité du salut en Christ, ainsi que de son amour inconditionnel pour tous, par-delà les défaillances, les fragilités et les fautes.  Cette généalogie de Jésus, ne comprenant pas que des personnes bien sous tous rapports, atteste ainsi que, dans son incarnation, Jésus est venu habiter pleinement l'histoire humaine, avec ses obscurités et ses ombres, pour la conduire vers la lumière, celle que Noël inaugure et annonce. 

Et si, à cette lumière, désormais, nous ne faisions plus de jugements du genre : "ah, ceux-ci, ils ne sont pas de bonne famille". Ou encore : "ceux-là, leur vie n'est pas claire ; ce ne sont pas de bons chrétiens." Sans parler des étrangers qui débarquent chez nous : "ils n'ont pas vocation à faire partie de la famille française ou européenne ; ils ne sont pas de notre famille ; ils n'ont qu'à rester chez eux..." 

Le pape Jean-Paul II aimait répéter : "Il n'y a qu'une seule race sur la terre, la race des fils de Dieu !"

jeudi 17 décembre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2535 : "Je déteste Noël !" (Michel Polnareff)

 Interviewé sur le sens de Noël, Michel Polnareff s'est confié ainsi, à diverses reprises  :  "A titre personnel, je n'aime pas Noël, car je n'en garde pas de bons souvenirs.  J'aime uniquement Noël à travers Louka, mon fils.  Il aura la fête qu'il mérite car j'en ai les moyens, mais ce n'est pas le cas de tout le monde sur la terre.  C'est là le sens de ma chanson : "L'homme en rouge", où j'aborde la solitude au moment des fêtes, comme le reste de l'année."

Sapin éteint,
Les boules tombent et cassent au son des ohohoh
Les parents dorment indifférents ohohoh
Fait noir dedans et blanc dehors
J'ai faim, j'ai froid, j'ai peur, je pleure, j'suis seul
Y'a pas d'soleil dans mon hiver
L'homme en rouge n'a rien pour moi
Pas d'cadeau dans le sac à dos
L'homme en rouge ne passera pas
J'suis personne je n'existe pas
L'homme en rouge ne viendra pas
Il se moque de gens comme moi
L'homme en rouge ne me connait pas
Qu'on n'me dise pas que j'ai mérité d'être ignoré à ce point là
Que les gosses d'en face gâtés pourris sont bien, bien mieux que moi
Ils dansent, ils chantent et me narguent au son des ohohoh
Je suis seul sur une terre qui tourne sans moi
Y'a pas d'soleil dans ma misère
L'homme en rouge ne me réchauffe pas
Y'a pas de… 
 
Impressionnante, cette chanson en effet !  Mais Michel Polnareff a-t-il tort ?   "La Croix l'Hebdo" signalait récemment que "29% des Français considèrent la fête de Noël comme une obligation (pénible !)... Le deuil pour ceux qui ont perdu un proche récemment, ou même longtemps avant. Ou encore, le sentiment de solitude pour ceux qui n'auront personne avec qui célébrer ce moment. Nous pourrions tous avoir une raison de ne pas aimer Noël..."
 
L'on pourrait multiplier les raisons de considérer cette période des fêtes comme une corvée !  Sans parler de l'attitude de membres de nos familles qui ne voudront pas aller à la messe en cette occasion bénie...Mais alors, pourquoi continuer à fêter Noël si cela fatigue, écoeure, stresse, rouvre les blessures ?
 
Peut-on vraiment espérer quelque chose ?  Cependant, ne reste-t-il pas au fond de nous, malgré nos amertumes et déceptions, une envie de croire ?  Un désir fou d'espérer que quelque chose peut bouger dans nos vies, que le Messie va venir nous sauver ?  
 
Par contre, on ne sait ni le jour ni l'heure ! Mais on ose se dire que le Messie va peut-être entrer dans nos vies et venir éclairer notre histoire. On ne sait jamais ; pourquoi pas ?  Il peut venir à tout instant... Comme un souffle invisible..., à la façon d'une petite étoile ?  Marie et Joseph s'attendaient-ils à ce qu'il allait leur arriver ?  Et si le projet de Dieu était de venir visiter en priorité ceux que nous avons oubliés dans la rue, la Méditerranée, le froid et la solitude ?  Tous ceux que nous traitons comme des "déchets", pour reprendre le mot terrible du pape François ?

Pour "aimer Noël", pourquoi ne pas méditer ces deux réflexions de Tauler et de St Augustin, qui nous invitent à ne pas rester enfermés dans nos malaises et nos ressentiments ?

St Augustin (évêque d'Hippone, renommée Bône, puis Annaba en Algérie, 354-430)  :  "Vide-toi, afin de pouvoir être rempli. Sors afin de pouvoir entrer."
 
Jean Tauler (dominicain, théologien et mystique alsacien, 1300-1361)  :  "C'est en écoutant et en se taisant que l'on va au-devant du Verbe.  Sors de toi-même et il entrera.  Plus tu sors, plus il entre."
 
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Voici la chanson de Polnareff  :