Je me doute que vous ne faites pas partie de celles et ceux qui ont cru que, de cette crise, allait tout à coup surgir, comme par magie, un monde nouveau, "tout nouveau-tout beau" ! Bien sûr, durant la période de confinement, nous avons espéré que des choses ensuite allaient changer, qu'on ne pouvait plus continuer à vivre comme ça... Mais à la sortie, le "maudit" monde d'avant était toujours là, en pire même parfois ! Et cependant, des choses ont bougé ; tous, nous avons regardé notre vie et réfléchi. Et des signes, même minimes, parfois peu lisibles, peuvent nous aider à croire que le monde nouveau émerge quand même, peu à peu, si nous savons y être attentifs !
L'apôtre Paul nous avait prévenus : "Nous le savons en effet : la création tout entière gémit maintenant encore dans les douleurs de l'enfantement. Elle n'est pas la seule : nous aussi, qui avons reçu les premiers dons de l'Esprit, nous gémissons intérieurement, attendant la délivrance..." (Romains 8/22-23)
Au risque de sembler aller trop loin pour certains, peut-être, je perçois, comme un petit pas hors du monde ancien, le fait qu'Europe-Ecologie-Les Verts a gagné une trentaine de villes aux élections municipales, dont de grandes métropoles comme Lyon, Strasbourg et Bordeaux. Dans tous ces endroits, a été largué l'ancien monde dont, comme disait le poète Arthur Rimbaud, "les astronomes ne voient pas la comète..."(1) ; des femmes, des jeunes générations ont émergé. Cela manifeste une grande aspiration, qui a le vent en poupe, pour organiser un monde différent. Evidemment, tout cela, c'est de la politique ; mais, soyons réalistes, il y a dans cette démarche une réelle consonance avec l'appel du pape François dans son encyclique "Loué sois-tu", en faveur du respect de l'environnement :
"J'adresse une invitation urgente à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l'avenir de la planète. Nous avons besoin d'une conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental que nous vivons et ses racines humaines nous concernent et nous touchent tous. Le mouvement écologique mondial a déjà parcouru un long chemin, digne d'appréciation, et il a généré de nombreuses associations citoyennes qui ont aidé à la prise de conscience." (Laudato si, n° 14)
Autre signe, même s'il est ambigu également lui aussi, c'est le culot, l'audace avec laquelle la bibliste Anne Soupa a remis les pieds dans le bénitier. Non pas, précise-t-elle, en faveur de l'ordination de femmes à la prêtrise, mais pour suggérer que celles-ci devraient pouvoir être invitées à trouver une place, à jouer un rôle, aux côtés du monde masculin et avec les mêmes droits (pourquoi pas ?), en ce qui concerne la gouvernance de l'Eglise.
Ainsi qu'elle l'explique : "J'ai préféré aborder la question de la gouvernance et des responsabilités pour lesquelles il n'y aucune objection qui tienne. Les femmes ont le droit de voter les grandes décisions de l'Eglise." Et, précise-t-elle : "Au-delà de cette démarche qui peut paraître provocante, il s'agit de tendre une main à l'Eglise pour qu'elle fasse quelque chose pour les femmes. Mais, pour l'instant, l'institution reste sourde."
Surdité de la hiérarchie en France, sans doute ! Mais l'institution-Eglise n'est peut-être pas si sourde que cela, si l'on en juge au fait qu'une autre bibliste française, théologienne remarquable, Anne-Marie Pelletier, vient d'être nommée, par le pape François, dans la nouvelle commission qu'il a chargée de réfléchir sur le diaconat féminin, pour un travail de créativité et d'actualisation..
https://youtu.be/jXB0E3-cVIA
Plus largement, à chacun de nous d'essayer de repérer des signes du "monde d'après", dans la société comme au sein de notre Eglise, et de contribuer, par notre prière, notre réflexion collective et notre action déterminée, à leur donner chair et vie !
(1) d'après l'émission de ce matin à 7h55 sur France-Inter : "Un été avec Rimbaud", de Sylvain Tesson.
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Désormais, le blog ne sera plus forcément quotidien ; je publierai un billet, en début de matinée, tous les 2 ou 3 jours, durant cet été.
Merci de votre compréhension !
Vous m’avez allumée et vous me regardez, rêveur, pensif.
Vous êtes peut-être heureux, un petit peu, de me voir.
Moi, en tout cas, je me réjouis d’être allumée.
Si je ne brûlais pas, je serais comme les autres,
dans une boîte en carton.
Mais dans une boîte, nous n'avons pas de sens, pas de signification.
Ma raison d’être, je l’ai seulement, lorsque je suis allumée,
et lorsque je suis allumée, j’existe.
Mais depuis que je suis allumée,
j’ai rapetissé et bientôt je ne serai plus qu’un petit lumignon.
Mais il en est ainsi : il n'y a que deux possibilités...
- ou bien je reste entière, intacte dans ma boîte,
et dans ce cas, je ne sais pas vraiment ce que je fais sur terre...
- ou bien je répands lumière et chaleur et alors je sais pourquoi je suis là, pourquoi j’existe.
Pour cela, je dois donner quelque chose de moi, me donner moi-même.
C’est mieux que d’être dans une boîte en carton, inutile.
Il en est de même pour vous....
- ou bien vous vivez pour vous, il ne vous arrive rien, vous ne perdez rien,
- ou bien, vous donnez lumière et chaleur, alors les gens se réjouissent de votre présence.
Vous n’êtes pas pour rien sur terre.
Mais vous devez aussi donner quelque chose de vous.
Quelque chose de vivant, un peu de votre joie, un peu de votre affection.
De votre fidélité, de votre vie, de vos espérances, de vos désirs.
De tout ce qui est en vous.
N’ayez pas peur si, ce faisant, vous devenez plus petit...
C'est seulement de l'intérieur, mais vous serez plus serein.
Je suis une bougie unique.
Pensez-y, lorsque vous voyez une bougie allumée...
Car vous êtes comme celle-ci ! (auteur inconnu)
Il m'a semblé que présenter ce petit conte, très interpellant, c'était une façon de d'illustrer la dernière phrase de la première lecture de la messe de ce jour en l'honneur de Saint Jean-Baptiste :
"Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu'aux extrémités de la terre."
Ceci est notre tâche en effet, même si c'est beaucoup plus modestement que pour Jean le Baptiste !