Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



samedi 31 octobre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2487 : Message de Thrinlé, moine bouddhiste

 Voici un message de notre ami le lama Thrinlé, moine bouddhiste, avec lequel nous sommes en contact sur le Pays des Olonnes depuis de nombreuses années, dans le cadre de nos rencontres interreligieuses. Message rédigé avant le triple assassinat de Nice.

Nous devions le recevoir le mercredi 4 novembre, à 20h, à la salle des Nouettes, au Château d'Olonne, soirée au cours de laquelle Thrinlé devait nous présenter la figure de Bouddha et son message. Mais ce n'est que partie remise.

Dans ce qu'il nous partage ci-dessous, Thrinlé nous donne des arguments qui montrent certains points d'insistance de sa spiritualité, tout en mettant en avant les arguments de deux intellectuels musulmans, un imam philosophe et  un historien; Bonne lecture !



Cher-e-s ami-e-s dans le dialogue interreligieux

Je me permets de vous copier ici en partage ce que j’ai écrit sur les pages Facebook des associations Drukpa Vendée et Drukpa Grenoble il y a quelques jours...


Après l'assassinat de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie, je pense qu'il est bon de diffuser ici l'émission spéciale Islam du dimanche matin 18 octobre sur France2. 
Le dialogue interreligieux est important, et le dialogue au sein d'une même tradition est important, le dialogue entre les hommes et les femmes est important... Il est important d'écouter autrui, de connaître un minimum les valeurs et les traditions d'autrui, et de ne pas se méprendre sur notre propre tradition, quelle qu'elle soit. 
Si l'attachement à un point de vue est nocif, l'attachement à un point de vue erroné l'est plus encore. 
Soyons donc vigilant envers nous-même en premier lieu ! C'est notre principale responsabilité personnelle en tant que pratiquant-e spirituel-le.
Si nous veillons à cette responsabilité principale, alors nos autres responsabilités — à l'égard d'autrui, de toute forme de vie et de la nature — seront beaucoup plus faciles à assurer.
J'écris cela principalement pour les pratiquants bouddhistes de ma lignée, pensant que tout évènement devrait nous amener d’abord à tourner notre regard vers nous-même pour voir où nous en sommes intérieurement avec notre propre pratique et notre manière de nous identifier à notre chemin ou à notre propre tradition...
Prières pour Monsieur Paty, sa famille, prières pour tous les êtres, y compris ceux qui sont aveuglés par des points de vue erronés et qui agissent de manières nocives sous l'emprise de leurs points de vue erronés.
Souhaits pour que l'humanité puisse vivre en paix, en se libérant des attachements et aversions, et de l'ignorance qui les conditionne !
Puissent advenir les bons augures de la paix et de la clarté intérieures !
Lama Thrinlé
https://www.france.tv/…/1999033-foi-et-liberte-nulle-contra…

Trente minutes consacrées à la religion musulmane et à l'Islam.
 
__________________
 
Je me permets d'ajouter ce mot du Dalaï-Lama :
"La religion ne transforme pas les hommes en criminels ;
ce sont les criminels qui utilisent la religion pour leur soif de pouvoir." 
___________________
 
D'autre part, en ce 31 octobre, n'oublions pas, dans nos pensées et nos prières, nos frères et soeurs protestants qui célèbrent chaque année, le 31 octobre, la fête de la Réformation, en commémoration de la Réforme protestante au XVI° siècle, avec Luther.  

vendredi 30 octobre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2486 : Soutien des musumans aux familles des victimes et aux catholiques de France

 Un très grand merci à Ali, très engagé dans le dialogue interreligieux en Vendée, pour son soutien fraternel et pour le message du CFCM qu'il nous transmet.

Chers amis,

       Je vous joins le message du CFCM faisant suite à l'innommable acte portant atteinte à la vie de catholiques à Notre Dame de Nice.
Je ne trouve pas de mots assez forts pour exprimer la condamnation de cet acte, et mon incompréhension à ce genre de comportement qui porte atteinte à la vie de personnes innocentes, et de surcroit catholiques. S'en prendre à un lieu qui est la maison du Seigneur et à ses fidèles est condamnable en Islam.
        A tous les chrétiens, j'exprime mon respect et ma solidarité, et, aux familles des victimes, mes sincères condoléances.

Ali Bensaada
aumônier musulman des Maisons d'Arrêt de Vendée
référent aumônerie musulmane hospitalière de Vendée.


Les musulmans en deuil après l’attentat terroriste qui a visé les fidèles de la basilique Notre-Dame de Nice

 

 

Le Conseil Français du culte Musulman (CFCM) condamne avec la plus grande vigueur l’attentat terroriste qui a visé ce matin la basilique Notre-Dame de Nice faisant trois morts et plusieurs blessés.

 

Le CFCM présente ses sincères condoléances aux familles des victimes et à leurs proches et souhaite un prompt rétablissement aux blessés.

 

En signe de deuil et de solidarité avec les familles des victimes et les catholiques de France, le CFCM appelle les musulmans de France à annuler toutes les festivités du Mawlid, commémorant la naissance du Prophète Muhammad (PBSL).   

 

Le CFCM appelle également les responsables musulmans à fermer leurs mosquées jusqu’à nouvel ordre, dès ce soir après la prière de la nuit et de faire de ce dernier moment de prière l’occasion d’un hommage et d’un recueillement en la mémoire des victimes.

 

Le CFCM a été profondément touché par le message de paix et de fraternité que Mgr. Éric De Moulins-Beaufort a transmis au Président du CFCM. Très affecté par cet acte terroriste, le Président de la Conférence des Evêques de France (CEF) a formé le vœu pour que « la peur ne l’emporte pas, ni la haine ; la colère doit se transformer toujours en énergie pour le plus grand bien. ».    

 

Paris, le 29 octobre 2020

Le CFCM


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Extrait du "Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune", signé à Abou Dhabi le 4 février 2019 par le grand imam d'Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyeb et le pape François : "Dieu, le Tout-Puissant, n'a besoin d'être défendu par personne et ne veut pas que Son nom soit utilisé pour terroriser les gens."

jeudi 29 octobre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2485 : "La nation toute entière se tient aux côtés des catholiques." (Emmanuel Macron)

 Une fois encore, notre pays est sidéré par cette horrible attaque terroriste dans une église catholique, à Nice. Je ne détaille pas les faits, vous les connaissez : trois paroissiens, assassinés alors qu'ils étaient en prière dans ce lieu sacré. Terrible de réaliser qu'il y a parmi nous, en France, et peut-être tout près de nous, des fous en liberté ! Et la litanie commence à être longue : 25 septembre, attaque au hachoir, 2 blessés graves, devant les anciens locaux de "Charlie-Hebdo" ; puis, affreuse décapitation de Samuel Paty, qui avait montré à ses élèves les caricatures de "Charlie-Hebdo" ; et aujourd'hui, par mimétisme peut-être  -  le mal entraînant le mal  -  voici qu'on égorge des chrétiens. On dirait une spirale sans fin.

Cet après-midi, importante déclaration du président de la République, devant la basilique où a eu lieu la triple agression ; j'en cite quelques extraits dans lesquels Emmanuel Macron assure "le soutien de la nation toute entière aux catholiques, attaqués une nouvelle fois, après l'assassinat du Père Hamel. La nation toute entière se tient à leurs côtés. (...) Que (nos concitoyens) croient ou qu'ils ne croient pas, j'appelle à l'unité de tous."

Notre douleur est grande, mais une telle déclaration met un peu de baume au coeur.  Cependant, peu après, sur les ondes, j'ai entendu un commentateur se demander si le président n'était pas allé trop loin, par rapport à la laïcité, et s'il n'aurait pas dû se contenter de dire par exemple que des citoyens avaient été assassinés dans une église. Il est vrai que j'ai été moi-même surpris d'entendre le président dire qu'à travers les catholiques, c'était la nation entière qui était attaquée, et qu'elle les soutenait  !

De nos jours en effet, aux yeux de certains, la religion est plutôt considérée comme obscurantiste et "enfumeuse de consciences". Effectivement, et malheureusement, les religions sont loin de correspondre à l'idéal qu'elles prêchent... Mais cela n'a pas empêché le président en personne de reconnaître clairement et publiquement que les catholiques aussi avaient droit au respect, ainsi qu'au soutien de la nation. N'est-ce pas cela, d'ailleurs, la vraie laïcité ?  Dans un respect mutuel, comme il l'a répété deux fois dans son allocution, entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas.

Questions : égorger, dans une église, un prêtre, trois paroissiens, n'est-ce pas aussi une atteinte violente et inadmissible à la liberté d'expression, sous sa forme religieuse ?  En sera-t-il donc aussi question dans les établissements scolaires lundi ?

Une chose est sûre : cela fait 2 000 ans que des chrétiens sont pourchassés, violentés, tués. Eux-mêmes d'ailleurs ont trop souvent été acteurs de violence. Mais, cela est certain aujourd'hui, les catholiques ne vont pas chercher à se venger : cela consisterait à utiliser les mêmes armes que leurs bourreaux, et donc, à se mettre à leur niveau. Mgr Aupetit, archevêque de Paris : "La réponse n'est pas dans la vengeance, mais dans la prière."

Les catholiques ont été aux côtés de la famille de Samuel Paty et de la nation, suite à son assassinat. Comme de très nombreux prêtres dans toute la France, le week-end suivant, je l'ai recommandé aux prières de l'assistance, ainsi que sa famille, aux messes à Jard et à Angles. Merci à la nation d'être, de la même façon, aux côtés des catholiques également, en ce douloureux moment. Et merci aux courageux soldats de l'opération "Sentinelle" qui vont veiller sur les églises, comme à toutes les forces de sécurités et aux autorités de notre pays ; comme bien entendu à tous les acteurs du monde de la santé, comme des autres multiples services dans notre société.

Martin-Luther King : "L'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité ;  seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine, seule l'amour le peut."

mercredi 28 octobre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2484 : Appel de Yahvé aux puissants (rois et autres responsables en tout genre...)

 Chaque jour, le Bréviaire nous propose de méditer deux grands textes, tirés de la Bible et de la tradition de l'Eglise. Aujourd'hui, entre autres, un passage du livre biblique de la Sagesse (6, 1-27). Je vous en partage quelques extraits.  Un appel qui s'adresse aux rois, mais pas seulement... Peut-être aussi à chacun (e) de nous !

 

"Vous, rois, écoutez et comprenez, laissez-vous instruire, vous dont la juridiction s'étend à toute la terre. Prêtez l'oreille, vous qui dominez sur les foules et qui êtes si fiers de la multitude de vos nations : vous avez reçu du Seigneur votre pouvoir, du Très-Haut votre souveraineté, et c'est lui qui examinera vos actes et scrutera vos desseins, si vous, les ministres de sa royauté, vous n'avez pas jugé selon le droit, ni respecté la loi, ni agi selon la volonté de Dieu. De façon terrible et soudaine, il surgira devant vous, car un jugement rigoureux s'exerce contre les grands.

Le petit, lui, est excusable et digne de pitié, mais les puissants seront examinés avec rigueur.  Le souverain de tous ne reculera devant personne et ne tiendra pas compte de la grandeur : il a créé le petit comme le grand et sa providence est la même pour tous.  Mais aux forts, une dure enquête est réservée. (...)

La Sagesse brille et ne se flétrit pas, elle se laisse voir aisément par ceux qui l'aiment et trouver par ceux qui la cherchent. Elle devance ceux qui la désirent, en se faisant connaître la première. Quiconque part tôt vers elle ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte.  Se passionner pour elle,c'est la perfection du discernement. Et quiconque aura veillé à cause d'elle sera bientôt sans inquiétude, car, de son côté, elle circule en quête de ceux qui sont dignes d'elle, elle leur apparaît avec bienveillance sur leurs sentiers et, dans chacune de leurs pensées, elle vient à leur rencontre.

Le commencement de la Sagesse, c'est le désir vrai d'être instruit par elle. (...) Ainsi, le désir de la Sagesse élève jusqu'à la royauté. (...) La multitude des sages assure le salut du monde, et un roi très avisé, le bien-être d'un peuple. Aussi, laissez-vous instruire par mes paroles, et vous y trouverez profit."

 

Dans un autre domaine, cela m'a fait penser à cette phrase fameuse de Saint-Exupéry dans "Terre des hommes" : "Etre homme, c'est être responsable. C'est connaître la honte en face d'une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. C'est être fier d'une victoire que les camarades ont remportée. C'est sentir, en posant sa pierre, que l'on contribue à bâtir le monde."

Pas si facile, en fait, d'être roi, chef, président de la République ou responsable de ceci ou cela !  Mais quel enjeu !  Pour citer encore Saint-Exupéry, dans ce même passage à propos de l'exploit de Guillaumet perdu quelque part au sommet de la cordillère des Andes : "La grandeur de l'homme, c'est de se sentir responsable (...) de ce qui se bâtit de neuf, là-bas, chez les vivants, à quoi il doit participer. Responsable (...) du destin des hommes."

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Encore un courrier des lecteurs très nourrissant aujourd'hui, sur "La Croix".

mardi 27 octobre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2483 : "La vieillesse, un émerveillement !" (Père Guy Gilbert)

Pas jeune lui non plus, Guy Gilbert, né en 1935 à Rochefort, 85 ans. Ce qui ne l'empêche pas d'être tout à fait à l'aise avec son vieillissement ; témoin son ouvrage au titre si "vivifiant" : "La vieillesse, un émerveillement."  Voici comment ce livre est présenté :

"Dans un monde qui prône la jeunesse avec acharnement, bien vivre son âge n'est pas si simple. Guy Gilbert a voulu ce livre pour rappeler à chacun que le meilleur moment de notre vie, c'est toujours aujourd'hui. Et que rester jeune, ce n'est pas se faire tirer la peau ! C'est ouvrir les yeux et les oreilles à tout ce que la vie apporte de magie et d'émerveillement, c'est offrir un regard d'espérance où les autres pourront lire la joie de vivre que donnent la sérénité, l'amour et la miséricorde.
Au lieu d'écraser, la vieillesse doit être un maître intérieur : une vieillesse acceptée ne sera pas un handicap. Car elle est une grâce à vivre, elle a la sagesse, la sérénité d'une belle vie écoulée. L'expérience est source de connaissance, et la force intérieure est bien plus importante que celle des muscles.
Guy Gilbert offre de précieuses recommandations pour appréhender avec bonheur les derniers âges de la vie.
Un livre contenant bon nombre de conseils pratiques, fruits d'une longue expérience au service des autres, conseils empreints de beaucoup d'intelligence des situations, de psychologie et de foi.
des récits d'histoires vécues mettant en scène diverses problématiques
des conseils pour faire face à ces situations
des encadrés avec des extraits de textes de sagesse
une bibliographie des meilleurs ouvrages sur la question."

A peu près chaque mois, depuis deux ans et demi, à l'Ehpad Sainte Marie de Talmont, en collaboration très étroite avec Mme la Directrice de l'Ehpad ainsi que les animatrices, suite au souhait d'une résidente, Geneviève (94 ans), qui en est toujours la cheville ouvrière, une bonne quinzaine de résidents se retrouvent, joyeusement et fidèlement. Il y a un grand esprit d'ouverture en effet dans cet Ehpad. Un groupe de parole s'est donc mis en place autour de thèmes choisis par eux, durant une bonne heure chaque fois. Cela me rappelle d'ailleurs tout à fait l'esprit des Cafés-Théo. Nous avons déjà abordé des thèmes aussi divers que nos meilleurs souvenirs d'école, la situation israélo-palestinienne, la virginité de Marie, le péché mortel, l'islam, le confinement...

Thème retenu en septembre : la vieillesse, une chance ?  Il y avait un point d'interrogation évidemment. Moyenne d'âge du groupe : 90 ans facile, les deux plus âgés, deux hommes de 95 et 97 ans, n'étant pas, de loin, les moins bavards. Le fait qu'il y ait, dans le groupe, plusieurs mal-entendants (il y a u micro), 2 ou 3 mal-voyants, d'autres en fauteuils roulants, rien de tout cela ne les empêche de s'exprimer : l'on veille à ce que tout le monde puisse prendre la parole, même si c'est parfois très sobrement.  Quelques-unes des réflexions de cette fois-là, parmi bien d'autres :

-  "Le corps nous lâche, mais on veut réagir."

-  "On est déjà contents d'être encore vivants !"

-  "On ne va pas faire que penser à sa mort..."

-  "Il faut goûter le temps qui passe."

-  "C'est vraiment une chance d'exister."

-  "On a le temps de dire merci à Dieu."

-  "Je regarde par la fenêtre le ciel, les arbres, les oiseaux..." 

La semaine dernière, poursuite un peu sur le même sujet, autour du thème : "Y'a d'la joie" (chanson que nous avons reprise, ainsi que "L'hymne à la joie" et d'autres airs encore ; l'un des résidents présents nous accompagnant de son harmonica.

Oui, l'on a droit d'être joyeux, même si on est malade ou âgé !  Et, comme le disait Jacques Lebreton (sans yeux et sans mains, suite à une grenade qui avait éclaté dans ses mains après la bataille d'El-Alamein, dans le désert de Libye) : "Le plus bel âge, c'est l'âge que l'on a."

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Ceux qui ont la chance d'être abonnés à "La Croix" auront apprécié  -  outre le courrier des lecteurs, encore très riche en ce mardi  -  le portrait de la médiatique Laure Adler, sous le titre interpellant :   "La fierté d'être vieille""Je suis vieille, et je n'ai pas peur de le dire."  Plus tonique que jamais, elle défend avec ardeur cette dernière partie de la vie, se révoltant contre l'effacement des aînés" : "Le pacte de civilisation est rompu dans notre société par le sort qu'elle réserve à ses anciens. En visionnaire, Simone de Beauvoir considérait que cette question serait le problème majeur des décennies à venir."

lundi 26 octobre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2481 : "Il faut reconquérir la confiance des musulmans" (Michel Wieviorka)

Samedi, puis dimanche, j'ai eu l'occasion d'écouter avec intérêt à la télé l'analyse un peu neuve de Michel Wieviorka à propos de la crise actuelle. Sociologue de talent, je le retrouve avec bonheur dans l'édito de "Ouest-France" de ce lundi, auquel je vous invite à vous référer.  Il exprime ce que j'aurais aimé vous partager avec la même justesse que lui, à savoir : dans notre société de défiance, comment ne pas abandonner ni mépriser les musulmans ? Ci-après donc, la 2° partie de son édito. Avec mes excuses pour les abonnés à "Ouest-France", mais tout le monde ne l'est pas ; et d'autre part, ce blog est lu dans d'autres régions que l'ouest de la France, non atteintes par ce journal.

 

 ET   L' ISLAM  ?      Mettre fin au soupçon !

(...)   Que la répression soit nécessaire et urgente, personne n'en disconviendra.  Mais ce n'est pas une raison pour être sourd et aveugle à la façon dont les musulmans de France peuvent vivre la situation présente. Or, au coeur des valeurs républicaines, l'enjeu de la laïcité n'est plus de séparer les Eglises et l'Etat, comme en 1905, mais à l'inverse, d'aller vers l'intégration de l'islam, ce qui implique des dispositions la facilitant et l'accélérant.

Les musulmans de France, dans leur majorité, attendent que soit réprimé l'islam radical.  Ils attendent aussi que soit mis fin à la méfiance à leur encontre.  Or, ils sont sommés d'adhérer sans discussion à notre devise, "Liberté", égalité, fraternité", sans y être aidés ni encouragés.  Où sont les efforts pour favoriser leur socialisation, quand ils habitent des territoires délaissés, livrés à l'exclusion sociale, à la délinquance, à la drogue et aux tentations du repli communautaire ?  Quelles dispositions, quels messages autres que répressifs ou lénifiants leur sont-ils prodigués ?  Certes, il est de bon ton de distinguer l'islam tout court, et la grande majorité des musulmans d'une part, et d'autre part, l'islamisme radical.  Mais ici et là, le vernis se craquelle.

Sont-ils des citoyens de la République quand le ministre de l'intérieur croit possible de déclarer à la télévision : "Ca m'a toujours choqué d'entrer dans un hypermarché et de voir qu'il y avait un rayon de telle cuisine communautaire et de telle autre à côté (...) C'est comme ça que commence le communautarisme."

Il est grand temps qu'un message politique se montre confiant dans la capacité de la République à faire sa place à l'islam, et mette fin au soupçon qui entoure les musulmans.  Cela évitera aussi que les plus dynamiques émigrent, et, en matière géopolitique, que l'image de la France devienne douteuse aux yeux de pays majoritairement musulmans.

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-  le courrier des lecteurs, dans "La Croix" de ce lundi, est également particulièrement éloquent.

-  en complément, entendu mardi matin 27 octobre sur France-Culture, où il était interviewé, le Président du Conseil français du culte musulman, Mohammed Moussaoui, qui avait fait part de son indignation lors de l'assassinat de Samuel Paty, a précisé ceci : "Je ne souhaite pas que l'on montre à nouveau les caricatures dans les écoles. Le devoir de la fraternité nous impose à tous de renoncer à certains droits pour que la fraternité règne dans notre pays."

-  pour info, déjà 10 connexions aux USA sur ce blog depuis ce matin, sans parler de celles d'autres pays du monde (il est 11h15 en France au moment où je rajoute cette info).

 

dimanche 25 octobre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2480 : "Reconstruire le Temple de la fraternité." (grand rabbin Haïm Korsia)

 Je situe ce billet en continuité avec l'appel de Jésus dans l'évangile de ce dimanche  :                                 "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu..., et ton prochain comme toi-même."


 Mardi dernier 20 octobre, je vous en parlais d'ailleurs dans mon blog de ce même jour, se tenait à Rome, en ce haut-lieu emblématique de la ville qu'est la place du Capitole, une rencontre de responsables des religions pour la paix, venus du monde entier.

Cet événement s'est déroulé au même moment que l'hommage rendu à Paris à Samuel Paty. J'ai vu là une coïncidence très riche, un peu comme dans un même mouvement dans lequel nations et religions, au lieu d'avoir peur les unes des autres et de s'exclure mutuellement, essayeraient d'unir leurs énergies au service d'une humanité plus fraternelle. Nous en avons déjà un bel exemple à travers l'intervention, citée ci-dessous, du président italien de la République, dans un respect total d'une saine laïcité.

C'était retransmis sur KTO. J'ai noté au vol quelques échos de cette veillée romaine, mais vous pourrez retrouver sur internet l'intégralité des discours des divers responsables religieux ainsi que celui du pape François. 

 

Le président italien de la République, Sergio Mattarella  :  "Le témoignage des religions est prophétique et peut aider le monde à sortir de ses enfermements."

Le Dr Karmaljit Singh Dillon, de religion Sikh  :  "Comme l'a dit le fondateur du sikhisme, Sri Guru Nanak Dev Ji : "La plus haute religion est de cultiver la fraternité universelle et de considérer toutes les créatures comme semblables à soi-même."

Le grand imam d'Al-Azhar au Caire, Ahmed-al-Tayyeb  :  "Je me dissocie, ainsi que les préceptes de la religion musulmane et les enseignements du Prophète Mohammed, de cet acte criminel et pécheur (à Conflans), et de tous ceux qui poursuivent cette idéologie perverse et fausse."

Le pape François  :  "Nous constituons une communauté mondiale qui navigue sur le même bateau, où le mal de l'un porte préjudice à tout le monde... Personne ne se sauve tout seul, il n'est possible de se sauver qu'ensemble."

Le Vénérable Shoten Minegishi, moine bouddhiste japonais  :  "La violence et les guerres sont des comportements créés par l'homme. De sorte que si un homme est à l'origine de la guerre, il peut aussi être à l'origine de la paix. Le dialogue est le moyen d'ouvrir nos coeurs et de faire un pas de plus vers le coeur de l'autre."

Le grand rabbin de France Haïm Korsia  :  bien connu sur le Pays des Olonnes, placé symboliquement juste à côté du pape, sans doute puisque, en tant que Juif, il est notre frère aîné dans la foi, il a lancé l'appel suivant : "Notre fraternité a besoin de s'exercer dans la rencontre, dans le débat, parfois même dans la vive discussion ; mais toujours dans l'espérance de trouver l'autre, pour pouvoir se trouver soi-même. Nous devons tous rebâtir une fraternité digne du temple de Jérusalem. Et c'est peut-être le plus beau des temples à reconstruire : celui de la fraternité."


Impossible de citer l'ensemble des intervenants, de diverses autres religions ou traditions de sagesse. Puissent l'ensemble des dirigeants et des populations des nations entendre cet appel des religions et saisir cette main tendue à l'ensemble de notre société, en France ou ailleurs. Car, ainsi que l'a rappelé le pape François : "Aucun peuple, aucun groupe social ne pourra atteindre tout seul la paix, la sécurité et le bonheur."



samedi 24 octobre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2479 : Oui à une Eglise qui arrête de condamner

 Comme vous l'avez sûrement appris - les médias en ont largement parlé - une petite phrase du pape François vient de faire la une de l'actualité : celle dans laquelle il se prononce en faveur des unions civiles pour les personnes de même sexe. Voici ce qu'il a dit :

"Les personnes homosexuelles ont des droits à être dans une famille, ils sont enfants de Dieu, ils ont droit à une famille. On ne peut pas expulser quelqu'un d'une famille ou lui rendre la vie impossible pour cette raison. Ce que nous devons faire, c'est une loi d'union civile, car ils ont droit à une couverture légale. C'est ce que j'ai défendu."

En 2010 déjà, en effet, en Argentine, alors qu'il était archevêque de Buenos-Aires, il avait défendu la possibilité d'une union civile - l'équivalent du pacs en France.  Comme le dit Mgr Pierre Dubergé (journal "La Croix" du 23/10/20) : "Ceci est l'énoncé d'une conviction forte de la part d'un pasteur attentif à ce que vivent les femmes et les hommes d'aujourd'hui.  (...) Le pape est soucieux que les couples homosexuels puissent être accueillis, sans pour autant qu'il y ait confusion entre l'union civile et le mariage."

Comme le précise le Père Lemoine, théologien, moraliste et psychanalyste, dans ce même journal : "L'Eglise pourrait décider d'arrêter de protester contre la légitimité civile de ces unions - ce qui serait déjà énorme -, conformément à ce que Vatican II nomme "prendre acte de l'autonomie des réalités terrestres". Puis, elle pourrait lancer un travail théologique et pastoral en vue de permettre aux couples et familles homosexuelles d'être véritablement accueillies dans les communautés (ecclésiales), et non pas seulement tolérés. Mais, ajoute-t-il, l'Eglise catholique est-elle mûre pour cela ?"

En effet, j'ai entendu aux infos qu'un cardinal, dont je n'ai pas saisi le nom, aurait dit que "cette déclaration était hérétique" !!!  "La Croix" encore, d'après l'édito de Dominique Greiner : "Cest parce qu'il a pris conscience de la fragilité de la situation des couples homosexuels que le pape se prononce en faveur d'une union civile. Pour autant, souhaiter que le droit protège mieux ces couples, ce n'est pas entériner leur choix de vie.  Sur ce point, François ne rompt donc pas avec le discours de l'Eglise, mais il le prolonge, en tirant les conséquences sur le plan juridique d'un enseignement qui en appelle à l'accueil et au respect de toute personne. Quelle que soit sa tendance sexuelle."

 Très bon accueil des médias en général, sur toutes les ondes et toutes les chaînes ; pour une fois que l'Eglise a une parole d'ouverture, et non de condamnation - et au plus haut niveau.  Lors du "28 minutes" de jeudi soir sur Arte, alors que l'on disait que c'était nouveau comme attitude, une journaliste s'est permis de signaler que, il y a près de 30 ans, le "Catéchisme de l'Eglise catholique" disait déjà ceci, au n° 2358, qu'elle a cité - ce n'est pas tous les jours sur Arte : "Un nombre non négligeable d'hommes et de femmes présentent des tendances homosexuelles foncières. Ils ne choisissent pas leur condition homosexuelle ; elle constitue pour la plupart d'entre eux une épreuve. Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste. Ces personnes sont invitées à réaliser la volonté de Dieu dans leur vie, et si elles sont chrétiennes, à unir au sacrifice de la Croix du Seigneur les difficultés qu'elles peuvent rencontrer du fait de leur condition."

Tout le monde apparemment dans l'Eglise n'a pas bien lu ce texte, déjà ancien. Merci au pape François pour ce salutaire rappel, à diffuser largement !

mercredi 21 octobre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2478 : Assassinat de Samuel Paty : "Pardon pour notre aveuglement."

 Je vous propose un intéressant témoignage paru dans le journal "La Vie", celui du père Laurent Stalla-Bourdillon, directeur du Service pour les professionnels de l'information du diocèse de Paris et enseignant au collège des Bernardins, qui réagit à l'assassinat du professeur d'histoire-géographie Samuel Paty, décapité par un terroriste le 16 octobre dernier.

 

Rien de plus difficile que d’apprécier la dangerosité réelle d’une personne fichée pour radicalisation. Cependant, la République pourra-t-elle encore longtemps se contenter de rendre l’hommage de la nation à ceux qu’elle n’a pas su protéger ? Comment honorer la mémoire d’un enseignant soucieux de la réflexion critique, sinon en lui demandant pardon pour ce que nous n’avons voulu voir, ce que nous n’avons pas fait pour qu’il n’ait pas à payer de sa vie son zèle et ses efforts ? 
 
Pardon pour notre aveuglement, pardon pour notre lâcheté, pardon même pour ces honneurs qui viennent trop tard et que rendent ceux-là mêmes qui auraient dû agir ! Nous pourrons louer son héroïsme, ses qualités humaines et pédagogiques, nous ne dirons jamais assez notre part de lâcheté devant l’islamisme, nos inhibitions devant les fanatismes et nos manques de considération pour les nouveaux défis éducatifs. Voici que l’héroïsme des uns est révélé par l’inconséquence des autres : Samuel Paty est devenu la proie d’un islamisme que nous pensions faussement sous contrôle. La mise en avant de la lutte contre le terrorisme islamiste dans les rues n’a que trop servi d’alibi à l’inertie pour en combattre son idéologie dans les esprits.

Pardon aussi pour ces années d’un traitement médiatique de l’islam radical qui ont peu à peu installé une tolérance à l’intolérable, comme si l’on pouvait s’en accommoder en y voyant un simple fait social ou une inoffensive diversité culturelle. Pardon enfin pour notre naïve complaisance avec ceux qui font des réseaux sociaux un terrible catalyseur de haine. Comment neutraliser un bras armé si l’on a neutralisé sa propre capacité de réfléchir ? Notre histoire nous enseigne que les totalitarismes naissent du silence des consciences anesthésiées par la recherche du confort, préféré à la vérité. Nous n’avons rien fait de cette expérience. Pardon Samuel. 

France, parle à tes enfants pour désarmer les haines. 

Avons-nous besoin des indécentes surenchères politiciennes de ceux qui veulent renouveler la virginité de leurs ambitions sur la dépouille de celui qu’ils ont abandonné en première ligne ? Les Français sont-ils assez exigeants avec ceux qui les dirigent ? Sont-ils seulement assez lucides sur leur propre démission culturelle et spirituelle ? Si la faillite de l’État se voit plus clairement, la dérive est bien collective.

Comme avant lui le père Hamel, Samuel Paty a été égorgé par le bras d’un jeune de moins de 20 ans ! La violence n’attend pas les années, et la folie meurtrière se fantasme en justicière. 

Tout ça pour des dessins, destinés à illustrer et éveiller à la liberté et au travail de la conscience. Cette liberté n’est jamais acquise une fois pour toute. Au contraire, elle est toujours l’objet d’un âpre combat qui ne se remporte qu’à la faveur d’une grande considération pour notre fragile nature humaine. N’est-ce pas parce que nous ne savons plus qui nous sommes, que nous ne savons plus ce que nous avons à devenir ensemble que le fanatisme germe si bien dans nos territoires ? Ce qui monte à l’esprit emporte notre vision du monde. Quel est notre idéal ? Quel nouvel humanisme pourra nous délivrer de l’islamisme ? Il n’est plus temps de penser à des actions, mais d’agir en hommes de pensée. Le sang d’un professeur d’histoire vient de mettre la France face à son destin.

mardi 20 octobre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2477 : Prière du pape François pour la Paix

En cette fin d'après-midi, je viens de suivre, retransmise sur KTO, la très belle rencontre organisée à Rome en anniversaire de l'engagement d'Assise en 1986 : des responsables de nombreuses religions et traditions de sagesse étaient réunis, hommes et femmes, auprès du pape François. Juste à la gauche du pape, le grand rabbin de France, Haïm Korsia. Tous sont intervenus en faveur de la paix.  L'événement se déroulait dans le cadre magnifique de la place du Capitole, au coeur de Rome, en présence du président de la République italienne, sous un superbe soleil couchant. Un appel solennel a été lancé aux dirigeants des nations et à toute l'humanité : "Qu'il n'y ait plus sur cette terre "les autres", mais "un grand nous".

  En ces jours où se répandent la discorde, la haine, le meurtre, la division au sein de nos sociétés, en écho à cette rencontre, prenons un peu de temps pour rencontrer le Père, et nous laisser transformer intérieurement auprès de celui qui est la Source même de toute vraie Paix !

« Seigneur Dieu de paix, écoute notre supplication ! Nous avons essayé tant de fois et durant tant d’années de résoudre nos conflits avec nos forces et aussi avec nos armes ; tant de moments d’hostilité et d’obscurité ; tant de sang versé ; tant de vies brisées, tant d’espérances ensevelies… Mais nos efforts ont été vains. 

A présent, Seigneur, aide-nous Toi ! Donne-nous Toi la paix, enseigne-nous Toi la paix, guide-nous Toi vers la paix. Ouvre nos yeux et nos cœurs et donne-nous le courage de dire : « plus jamais la guerre » ; « avec la guerre tout est détruit ! ». Infuse en nous le courage d’accomplir des gestes concrets pour construire la paix.

 Seigneur, Dieu d’Abraham et des Prophètes, Dieu Amour qui nous a créés et nous appelle à vivre en frères, donne-nous la force d’être chaque jour des artisans de paix ; donne-nous la capacité de regarder avec bienveillance tous les frères que nous rencontrons sur notre chemin. Rends-nous disponibles à écouter le cri de nos concitoyens qui nous demandent de transformer nos armes en instruments de paix, nos peurs en confiance et nos tensions en pardon. 

Maintiens allumée en nous la flamme de l’espérance pour accomplir avec une patiente persévérance des choix de dialogue et de réconciliation, afin que vainque finalement la paix. 

Et que du cœur de chaque homme soient bannis ces mots : division, haine, guerre ! Seigneur, désarme la langue et les mains, renouvelle les cœurs et les esprits, pour que la parole qui nous fait nous rencontrer soit toujours « frère ».

  Et que le style de notre vie devienne : shalom, paix, salam ! Amen. » 

 

 
 

 

lundi 19 octobre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2476 : Et si, face au terrorisme, on redonnait une place, même petite, au "religieux" ?

 Suite au meurtre affreux de cet enseignant, Samuel, à bon droit, la France entière s'est émue. Il y a quelque temps, l'on avait égorgé un prêtre, le Père Hamel, et c'est à présent le tour d'un enseignant. Tristesse, douleur, impression d'un immense gâchis ! L'Eglise est attaquée, l'école également, comme d'autres institutions. L'on sent que notre pays est sidéré. J'avais déjà cité sur ce blog la réflexion toujours actuelle du grand dramaturge Bertold Brecht : "Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde."

Cette bête à l'affût n'attendait que cela pour se manifester à nouveau. La réalité : on ne peut se contenter de rire de ses méfaits. Montrer les fesses nues du Prophète, accroupi dans une position humiliante, nombre d'enseignants reconnaissent que ce n'est pas forcément l'exemple le mieux choisi pour expliquer à des ados la beauté de la liberté d'expression ; et cela d'autant plus s'il y a des jeunes de culture musulmane parmi eux !!!  Témoin la réaction d'Amélie : "Mes élèves ne sont pas assez mûrs pour saisir le second degré, ils n'ont pas encore la perception de l'ironie." De plus, comment expliquer que cela n'est pas en contradiction avec la loi de 1881 sur la liberté d'expression dans la presse, qui (en principe ???) réprime les injures publiques et la diffamation...

On a voulu, envers et contre tout, traiter ce problème comme ça, à la rigolade ; mais le résultat est là, horrible et patent : un terrible échec, une piste sans issue... Au point que certaines grandes voix tirent la sonnette d'alarme, à l'image de Jean-Pierre Obin, ancien inspecteur général de l'Education nationale déclarant, dans "Ouest-France" de ce dimanche : "Seuls 6% des enseignants sont formés à la laïcité, seuls 25% ont suivi un cours spécifique sur le sujet, et 50% de ceux-ci affirment qu'ils étaient très mauvais. La plupart des enseignants ne comprennent ni la religion, ni l'idéologie de leurs élèves. On est vraiment dans une situation très dangereuse. Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est un plan de formation massif qui fasse une large place à la laïcité, à l'histoire des religions."

Une autre grande voix se fait entendre en ces jours, celle du Père Adrien Candiard, islamologue, maîtrisant la langue arabe, dominicain vivant au Caire parmi les musulmans, considéré comme l'un des plus grands spécialistes de l'Islam, ce qui est loin d'être le cas de nombre de nos commentateurs patentés sur nos plateaux de télé... Il propose à notre société une autre façon, plus neuve, moins étriquée,  d'aborder cette question du terrorisme soit-disant "islamique", quoique n'ayant que peu à voir avec la religion musulmane ; la preuve étant, souligne encore Jean-Pierre Obin, que "92% des victimes des attentats qui ont eu lieu dans le monde entre 1979 et 2019 sont des musulmans."  L'analyse d'Adrien Candiard semble si pertinente que, lors des revues de presse de ce lundi matin, il a été signalé que 4 journaux au moins reprenaient ses analyses en ces jours. Aujourd'hui même : "Ouest-France", "Le Monde", "La Croix", mais aussi "Le Point". Impossible de tout citer, je vous renvoie à ces journaux. Voici son interview à "Ouest-France", recueillie par Alan Le Bloa, que nous pouvons remercier pour la qualité de cet entretien :

"L'absence de Dieu, terreau du fanatisme religieux

On pense, depuis que les philosophes des Lumières ont théorisé le fanatisme, qu'il s'agit d'un excès de Dieu. Et que, pour faire face, la bonne politique est de réduire la place de la religion. Ce diagnostic est faux.  Quand on écoute ce que disent les fanatiques, on constate que ce n'est pas de Dieu dont ils parlent. Que l'idolâtrie, qui provoque le fanatisme, peut conduire à lui substituer des commandements divins. La loi divine devient alors aussi indiscutable que Dieu lui-même.

Quels remèdes à cela ?

Les pouvoirs publics auraient un rôle à jouer, en favorisant une approche rationnelle et critique de la foi.  En France, depuis la fin du XIX° siècle, on a fait sortir la question religieuse de la raison commune et des universités. Ce qui a rendu les esprits vulnérables face à des enseignements religieux délirants.

Cet "analphabétisme théologique" dont vous parlez met nos sociétés en danger. Pourquoi ?

Face à un discours séducteur qui fait appel à des idées puissantes comme l'infini, l'absolu, la sainteté, qui cherche à vous entraîner dans un grand n'importe quoi, comment se défendre si vous ne savez pas lire un texte religieux ?  Comment prendre de la distance si on ne vous l'a pas appris ?  Cet analphabétisme théologique désarme les citoyens. Et les non croyants sont encore plus vulnérables, car ils n'ont aucune formation dans le domaine.

Estimez-vous nécessaire d'inscrire la théologie dans les programmes d'enseignement ?

On fait reposer ça sur les professeurs d'histoire. On a intégré l'enseignement du fait religieux, le général... Mais sur la pensée religieuse, la théologie, il y a un angle mort. Cela mériterait que des pédagogues se penchent sur le sujet.  En France, la théologie est perçue comme un discours vain et dogmatique. Cette absence de  discours critique et raisonné de la foi favorise le fanatisme. La logique qui prévaut, c'est : "N'en parlons pas, car c'est compliqué."  Résultat : on laisse d'autres en parler, dont certains qui peuvent manipuler."

 

Problème : la théologie au service de la laïcité !!! Mais est-on prêt, en France, à suivre ce chemin ?

Adrien Candiard a publié, entre autres : "Comprendre l'Islam, ou plutôt : pourquoi on n'y comprend rien" (Flammarion), et aussi : "Du fanatisme, quand la religion est malade" (Cerf). A lire et à offrir !

 

samedi 17 octobre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2475 : Prière avant la dernière étape

             Je vous transmets ce beau message, qui m'est communiqué par Gilles Bély  :

  ‌Bonjour Olivier,

En écho à "Ma France" de Jean Ferrat - chanson que j'aime beaucoup - voici "Le moment venu", un bel hommage à  notre Vendée. Nous le devons à Claude Mercier, écrivain, poète, comédien, animateur de radio, que les Vendéens ont bien connu.
Il avait enregistré ce texte qui a été diffusé lors de ses obsèques, en l'église de Beauvoir-sur-Mer, en 2016. Nous avons entendu sa voix... Elle peut encore trouver un écho  aujourd'hui, à l'approche de la Toussaint et dans le souvenir de ceux qui, "le moment venu ", sont allés sans crainte vers la Maison du Père.

Amitiés.

Gilles
 
 
 
 
Le Moment venu

 

Le jour où moi aussi j'aurai fini mon temps

Et où ta voix, d'en haut, me dira: "Maintenant!"

Fais, Seigneur, que ce soit un jour où la Vendée

Est au matin de juin, de soleil inondée.

Je prendrai mon bâton pour faire le voyage

Et je me lèverai. Sur le bord du rivage,

Debout et face au flot qui découvre le Gois

Je humerai la mer une dernière fois.

Et puis, à travers prés, en sautant les rigoles,

En longeant les fossés, en glissant dans la yole,

Le nez dans le soleil et le dos dans le vent,

Je vivrai là mon dernier matin de vivant.

Foulant la terre rude et les herbes sauvages,

Saluant de la main mes amis au passage,

Marchant toujours vers toi et sans même un arrêt,

Je dirai doucement adieu à mon marais.

 

Le soleil sera haut quand, de mon pas tranquille,

Je rejoindrai la Vie aux abords de Saint-Gilles,

Flânant près des bateaux, scrutant à marée basse

Les grands oiseaux de mer posés sur les pinasses.

Alors je trouverai la petite rivière

Qui me ramènera au moulin de mon père.

Un adieu aux parents, aux anciens de mon âge

Et je m'enfoncerai à travers le bocage.

Dans les champs, de soleil et de chaleur comblés,

Je prendrai dans mes mains l'épi gorgé de blé,

Je sentirai mes pieds fouler l'herbe bien grasse,

"L'année s'annonce bonne" et je te rendrai grâce.

Au bout des chemins creux, d'humbles croix de granit

Me donneront déjà une odeur d'infini.

Près des logis cachés sous un front de verdure,

Dans les fermes enfouies, partout dans la nature,

Mon pas résonnera sur un sol de tombeau

Et j'entendrai le bruit d'une armée en sabots.

 

Alors je partirai pour ma dernière étape

Et lorsque les derniers rayons de soleil frappent,

Lorsque l'ombre s'étire et la chaleur descend,

Dans le bleu mordoré du ciel resplendissant,

Je gravirai enfin les pentes des Alouettes.

Il me viendra alors plein de noms dans la tête,

Charette, Clemenceau, Jean Yole, Milcendeau,

Roussière et Astoul, Simon et Véronneau,

Visages disparus, voix qui se sont éteintes

Mais qui tous dans mon cœur ont laissé une empreinte.

 

  En arrivant en haut, derrière la colline,

Ce sera l'heure où le Puy du Fou s'illumine.

Tout ce que j'ai aimé, en ce jour de départ,

Je l'embrasserai tout dans un dernier regard,

Debout sur cette terre mille fois fécondée,

Une dernière fois, je verrai ma Vendée.

Pour ce jour de bonheur, je te crierai "Merci"

Et puis, me retournant, je dirai "Me voici!"

 

                                                Claude Mercier

 

 

 

 

 


jeudi 15 octobre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2474 : "Que rien ne te trouble... Dieu seul suffit !" (Sainte Thérèse d'Avila)

Je me suis aperçu, avec beaucoup de bonheur, que les grands textes que je vous partage de temps en temps étaient très appréciés ; ainsi par exemple "La Messe sur le monde" du P. Teilhard de Chardin (n° 2366), ou la prière d'abandon du P. de Foucauld (n° 2440), pour ne citer que ces deux-là. Je vous présente donc aujourd'hui, avec la même joie, la prière bien connue, que nous pouvons faire nôtre, d'une des plus grandes saintes de l'Eglise catholique, l'espagnole Thérèse d'Avila.

Voici donc cette "Prière de confiance" : « Que rien ne te trouble… Dieu seul suffit ! » de Sainte Thérèse d'Avila (1515-1582), la grande sainte Thérèse de Jésus, première femme reconnue comme Docteur de l'Église Catholique, réformatrice des couvents carmélites et sainte patronne de l’Espagne. Prière qui tombe sans toute à pic, en ce temps de pandémie !


« Que rien ne te trouble, que rien ne t'épouvante, tout passe, Dieu ne change pas, la patience obtient tout ; celui qui possède Dieu ne manque de rien : Dieu seul suffit. 

Elève ta pensée, monte au ciel, ne t'angoisse de rien, que rien ne te trouble. Suis Jésus Christ d'un grand cœur, et quoi qu'il arrive, que rien ne t'épouvante. 

Tu vois la gloire du monde ? C’est une vaine gloire ; il n'a rien de stable, tout passe. Aspire au céleste, qui dure toujours ; fidèle et riche en promesses, Dieu ne change pas. Aime-Le comme Il le mérite, Bonté immense ; mais il n'y a pas d'amour de qualité sans la patience. 

Que confiance et foi vive maintiennent l'âme, celui qui croit et espère obtient tout. Même s'il se voit assailli par l'enfer, il déjouera ses faveurs, celui qui possède Dieu. Même si lui viennent abandons, croix, malheurs, si Dieu est son trésor, il ne manque de rien. 

Allez-vous-en donc, biens du monde ; allez-vous-en, vains bonheurs : même si l'on vient à tout perdre, Dieu seul suffit. Amen. » 

 

Je joins à cette prière un trop bref extrait de "l'Autobiographie de Ste Thérèse d'Avila" :

"En présence de Jésus-Christ, si bon ami et si bon capitaine qui s'exposa le premier à la douleur, on peut tout souffrir.  Il nous vient en aide et nous donne des forces ;  jamais il ne nous fait défaut ; c'est un véritable ami.  Tous les biens nous viennent de ce Seigneur, le nôtre. Il vous instruira ; considérez sa vie, c'est le meilleur modèle.  Nous devons marcher librement sur ce chemin, et nous abandonner dans les mains de Dieu."

mercredi 14 octobre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2473 : "Ma France" (Jean Ferrat)

 Jean Ferrat fut un chanteur populaire d'un immense talent.  Son père était russe, de confession juive, immigré en France en 1905. 

Jean Ferrat fut fidèle sa vie durant à ses idéaux communistes ; cela ne l'empêcha pas, au contraire, de chanter cette véritable déclaration d'amour à son pays d'adoption, la France, ainsi qu'au peuple qui a fait son histoire, et a exporté à travers le monde le flambeau de la liberté.  Même si cette lumière a été assombrie par les actes désastreux d'u Robespierre comme par le racisme ou l'antisémitisme en France encore aujourd'hui.


De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saison
 De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine 
Je n'en finirai pas d'écrire ta chanson 
Ma France

Au grand soleil d'été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche
Quelque chose dans l'air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France

Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France

Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille
Ma France

Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes
Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu'il est temps que le malheur succombe
Ma France

Leurs voix se multiplient à n'en plus faire qu'une
Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs
En remplissant l'histoire et ses fosses communes
Que je chante à jamais celle des travailleurs
Ma France

Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches
Pour la lutte obstiné de ce temps quotidien
Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche
A l'affiche qu'on colle au mur du lendemain
Ma France

Qu'elle monte des mines descende des collines
Celle qui chante en moi la belle la rebelle
Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France

lundi 12 octobre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2472 : Ah, le bon vieux temps !

Voici ce que je viens de recevoir d'une amie religieuse au pays de Fontenay, Soeur Gaby.

Merci à elle !

 

Un jeune homme demande à son grand-père  : 

"Grand-Père, comment as-tu pu vivre avant...

 - sans technologie
 - sans internet
 - sans ordinateur
 - sans drones
 - sans bon coin
 - sans téléphones portables
 - sans face-book ?"

 

Le Grand-Père répondit :

"Ta génération vit aujourd'hui...
 - sans humanité
 - sans dignité
 - sans compassion
 - sans honte
 - sans honneur
 - sans respect
 - sans personnalité
 - sans caractère
 - sans amour
 - sans modestie


 Nous, aujourd'hui quand vous nous appelez "vieux", nous avons été bénis, notre vie en est la preuve...

-  A vélo nous n'avons jamais utilisé le casque.
 
-  Après l'école, nous avons fait nos devoirs nous-mêmes et nous sommes toujours allés jouer dans les prés jusqu'au coucher du soleil.

-  Nous avons joué avec de vrais amis, pas avec des amis sur internet.

-  Si jamais nous avions soif, nous avons bu de l'eau de la fontaine, pas de l'eau en bouteille.

-  Nous n'avons jamais été malades pour avoir utilisé le même verre que nos amis.

-  Nous ne sommes pas devenus obèses en mangeant souvent du pain et des pâtes.

-  Nous avons créé de nos mains nos jouets et joué avec eux.

-  Nos parents n'étaient pas riches mais ils nous ont donné de l'amour.

-  Nous n'avons jamais eu de téléphone à la maison, ni de téléphones portables, de télévision, DVD, Play-station, Xbox, jeux vidéo, ordinateurs personnels, internet... 

 

Mais nous avons eu de vrais amis !

Nous avons visité la maison de nos amis sans avoir été invités et nous avons apprécié avec eux du pain-beurre avec une barre de chocolat pour le goûter.

Les membres adultes de la famille vivaient à proximité pour profiter du temps.

Nous sommes une génération unique et plus compréhensive, car nous sommes la dernière génération qui a écouté leurs parents... 

-  Et aussi la première qui a dû écouter ses enfants !"

 

Nous sommes une édition limitée,

              à tirage maintenant très limité !"

 

dimanche 11 octobre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2471 : Savoir repérer les belles nouvelles

 Lorsque je publie un billet, je ne sais pas du tout s'il va être apprécié ou non, et heureusement ! Parfois cependant, lorsque je consulte mon compteur personnel sur ce blog, je suis surpris des résultats. Par exemple, l'un des billets les moins lus ces derniers temps, c'est celui du 23 septembre dernier, le n° 2458, où j'avais présenté quatre belles figures de chrétiens, jeunes et modernes : Olivier Giroud, puis deux jeunes dont je venais de présider le sacrement de mariage le jour même, et enfin Agnès Chow, militante de la liberté à Hong-Kong. 

Cela a donc beaucoup moins accroché l'attention que des billets plus "polémiques", bien plus lus, comme ceux concernant certaines caricatures. Mais, en termes de communication, on sait bien que, pour faire le buzz, il vaut mieux parler de ce qui est sordide et provoquant que de ce qui parle de beauté et de fraternité... Mais il faut de tout, et je sais que vous appréciez la diversité des sujets abordés.

Certains d'entre vous me rappellent régulièrement qu'ils attendent surtout de mes billets une aide, un encouragement à vivre cette époque difficile dans la lumière de l'Espérance ; avec une préférence pour les bonnes nouvelles qui font honneur à la grandeur de l'homme et à la fraternité.  Mais souvent, ils ajoutent aussitôt : "C'est difficile à vivre, car les médias ne nous racontent que des souffrances et des drames, rien d'encourageant."

Nous allons donc aujourd'hui essayer de jeter un autre regard, plus positif, plus constructif, sur l'actualité ; et cela, dans une sorte de travail pratique, à partir du "Dimanche Ouest-France" de ce 11 octobre, et en réponse à la souffrance exprimée par Line Renaud en page 7 : "Quand je regarde les chaînes d'info, je suis forcément pessimiste."  Examinons donc de plus près ce qui nous est proposé sur ce journal.

-  page 2 : Frédéric Delohen, maire d'une commune de 1 343 h dans la Somme, a baissé son indemnité d'élu de 600 € pour pouvoir embaucher à plein temps un jeune employé au service entretien de sa commune.

-  p. 10 : Pascal Sancho, secouriste en montagne, déclare : "Pour s'engager dans cette voie, il faut d'abord avoir la volonté de tendre la main. Le secourisme en montagne s'accompagne d'une prise de risque. Cette activité a un sens qui consiste à sauver des vies. Donc, il vaut mieux aider son prochain, c'est sûr..."

-  p. 11  :  Depuis le début des années 60, il est de bon ton de répéter que le pape Pie XII n'a rien fait pour sauver les Juifs pendant le Seconde Guerre mondiale. Les historiens qui disaient le contraire n'étaient pas entendus. Mais le 2 mars dernier, le pape François a ouvert les archives du Vatican. Les documents d'époque, qui ont tous été conservés, soulignent largement l'immense action menée par le pape, au plan diplomatique, caritatif et autres, dans le secret souvent, en faveur des Juifs. Des documents inconnus jusqu'à ce jour, qui infirment complètement les infos données par erreur par exemple dans le triste film "Amen" de Costa-Gavras, qui a contribué, parmi d'autres, à donner une image faussée de la réalité. (1)

-  p. 12-13  : Le 18 décembre 2008, pendant le Vendée-Globe, le skipper Yann Eliès a subi une terrible blessure en effectuant une réparation sur son voilier ; son pronostic vital était de 72 h seulement. Il put cependant  lancer un appel au secours. Aussitôt, toute une chaîne de solidarité se mit en place, du PC course à Paris et aux Sables d'Olonne jusqu'au centre de sauvetage de Canberra en Australie, en passant par le skipper en course le plus proche, le breton Marc Guillemot, qui n'hésita pas une minute à mettre le cap sur le voilier et qui fit tout pour sortir Eliès de sa torpeur en attendant les sauveteurs. Yann Eliès écrira : "Marc ne m'aura pas porté assistance ni n'aura procédé au moindre sauvetage. Il m'aura simplement sauvé la vie."

Dans tout journal ou presque, qu'il soit de papier, radiodiffusé ou télévisé, il y a de quoi repérer au minimum une belle nouvelle. Il y va de la qualité de notre espérance, que de pouvoir la repérer, pour retrouver du courage et rendre grâce à Dieu, acteur avec nous et en nous de ces "beaux faits" !


(1)  comme le rappelle d'ailleurs fort à propos le journal "La Vie" du 24 septembre dernier, cet artiste soucieux de vérité qu'était Michael Lonsdale avait catégoriquement refusé d'être le pape d' "Amen" de Costa-Gavras, en raison de la vision faussée et contraire aux faits, quant au rôle de Pie XII que le cinéaste proposait dans ce film.

samedi 10 octobre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2470 : Colonisation : et si quelqu'un venait s'installer chez moi ?

Les "bienfaits" de la colonisation !  Et si quelqu'un venait s'installer chez moi, pour soit-disant me civiliser, tout en me volant mes terres, restant là pendant 150 ans, me battant dès que j'ose élever une protestation, est-ce que je continuerais à prétendre que la colonisation a tout de même eu de bons côtés ?

 

 Nombre de téléspectateurs ayant suivi, mardi soir 6 octobre, sur France 2, le documentaire intitulé "Décolonisations, du sang et des larmes", malgré l'ampleur et la complexité du problème, je me suis résolu à faire un billet à ce sujet, qui sera forcément très incomplet. Cette soirée exceptionnelle, qui s'est terminée après minuit, avait pour but de "lever le dernier grand tabou de l'histoire en France : les décolonisations françaises en Asie et en Afrique".

Un tabou solide en effet ! Car dans notre pays, oser remettre en cause les bienfaits de la colonisation, tels que ceux-ci nous ont été enseignés dans les écoles de la République depuis un siècle et au-delà, cela est considéré comme une attaque directe du nationalisme français, un combat perfide contre la France.

Cependant, l'objectif de ce documentaire n'était en rien de dénigrer sans raison notre pays, mais tout simplement d'avoir le courage de regarder ce passé, de l'affronter, de ne pas se voiler la face sur cette période de notre histoire. A quoi bon remuer tout cela, pensent certains ?  Parce qu'il est de l'honneur d'un pays de savoir reconnaître ses erreurs, même si on ne peut pas corriger le passé.  Et parce que, comme l'a dit le leader antillais Aimé Césaire : "une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde." Alors que la France a voulu préserver l'universalisme des Lumières (!), et ne montrer que ce qui valorisait son histoire coloniale, tout en en cachant soigneusement les échecs et les ratés.

Or, ce n'est pas mentir, ni exprimer des choses inexactes que de souligner des faits historiquement vérifiés, même s'ils nous ont été longtemps cachés. Le documentaire a rappelé par exemple que la construction de la voie ferrée "Congo-Océan", par le travail forcé, a fait 20.000 victimes. Durant les deux guerres mondiales, de très nombreux Africains ou Asiatiques ont eu le droit de venir se battre pour la France, mais ils n'avaient pas le droit de voter. A Thiaroye, près de Dakar, quand les tirailleurs sénégalais, à leur retour du front, en 1944, ont réclamé leur solde, la troupe leur a tiré dessus sans sommations, faisant plus de 50 mort et condamnant les survivants à la prison. En Indochine, on a utilisé le napalm, de même que sur les villages au Cameroun, lors d'une terrible guerre qui fut éclipsée par celle d'Algérie, à la fin des années 50, alors qu'elle a fait des dizaines de milliers de morts. Et la place me manque pour évoquer les "Oradours malgaches", tandis que les prisonniers malgaches étaient jetés vivants du haut des avions sur les villages rebelles : plusieurs dizaines de milliers de morts. Je ne reviendrai pas sur les guerres en Indochine et en Algérie, encore bien plus terribles, mais mieux connues, quoique... Aux Antilles aussi, en mai 67, les gendarmes ont tiré sur les Guadeloupéens, faisant plus de 60 morts ; mais cela également a été occulté !  Etc.

Vous allez me dire : mais enfin, grâce à la colonisation, tous ces pays ont pu profiter d'un certain développement, de l'éducation, etc... Quelle hypocrisie !  8% seulement des enfants de l'Empire ont pu aller à l'école : "on nous a appris à avoir honte de notre culture, de nos rites religieux, pour adopter le langage et la culture du colonisateur."  Quant aux infrastructures, réalisées, rappelons-le, par le travail forcé, elles n'avaient pour but que de faciliter l'exploitation économique du pays, au profit de la métropole. 40 territoires étaient sous domination française ; on les a exploités plutôt qu'on les a mis en valeur. Et pour être certain que nul n'échapperait au travail forcé, on marquait les hommes au visage avec une lame de rasoir. A la fin de la guerre d'Algérie, le gouvernement français ayant interdit d'accueillir les harkis en France, des dizaines de milliers furent assassinés !

Et pendant ce temps, dans les années 47-48, tandis que l'on massacrait les Malgaches par dizaines de milliers, la France se gargarisait en se considérant comme une actrice essentielle de la Déclaration universelle des Droits de l'homme signée à Paris, au Palais de Chaillot ; or, le pays des Droits de l'homme était un pays qui, un peu partout, réprimait la liberté ! Mais peu à peu, alors que la France ne voulait rien lâcher, l'Empire s'est effondré. En Algérie, aucune rébellion ne devait être tolérée, et les colons n'imaginaient pas que les Arables puissent être indépendants, tandis que la torture entachait l'image de la France.  Quant on pense à qu'il a été envoyé en Algérie plus d'un million et demi de jeunes Français, faire une guerre qui n'était pas la leur... ; avec tous les traumatismes que cela a entraîné, et qui ne sont toujours pas réglés ! Dans tous les territoires, les autorités françaises, incapables de gérer la crise autrement que par la force et la violence, ont tout fait pour décapiter les chefs indépendantistes.  Mais comme l'Empire se disloquait peu à peu et se fissurait de toute part, la France n'a eu d'autre choix que d'accepter les indépendances, à son corps défendant.

Mais l'Etat français n'a pas été beau joueur dans cet effort de décolonisation. La France n'a jamais renoncé totalement à son pouvoir sur ces territoires perdus ; au contraire, elle s'est acharnée à préserver sa domination. Sa tactique : placer des amis de la France à la tête des pays indépendants, tout faire pour que ce soit des leaders politiques qui jouent la carte de la France (Houphouët, Ahidjo,...). On a appelé cela "la françafrique", l'un des grands scandales de la République. L'on peut continuer à piller les richesses... Depuis les origines, nombre des présidents Africains des anciennes colonies sont les gardes-chiourmes des intérêts de la France, qui est d'ailleurs intervenue au moins une vingtaine de fois depuis la décolonisation dans les affaires de divers Etats. Encore aujourd'hui, la France place ses hommes et oeuvre à neutraliser les opposants.

Cela tandis qu'elle gère à présent seulement quelques débris de son Empire, 4% de la population française, répartis en 12 territoires, qu'elle ne veut pas lâcher : des territoires qu'elle a placés sous perfusion, en souhaitant bloquer ainsi les éventuels ou réels désirs d'indépendance ou d'autonomie, dans un néo-colonialisme d'un autre âge. Ainsi, elle a muselé le leader indépendantiste Paul Vergès à la Réunion par exemple. D'ailleurs, la départementalisation  n'a été et n'est encore qu'un leurre.

Tout cela fait partie de notre histoire, même si ce n'est guère enseigné dans nos écoles ; il y a eu un énorme déficit d'information. Et le gâchis est immense ! Emmanuel Macron a lui-même affirmé, lors d'une visite en Algérie, quitte ensuite à faire marche arrière, que "la colonisation a été un crime contre l'humanité."  En tout cas, les blessures demeurent très vives, et il en reste des traces indélébiles dans les coeurs.

Et aujourd'hui, en est-il fini du colonialisme ? Aimé Césaire a déclaré en 1989 : "L'esprit du colonialisme perdure à travers le racisme", toujours très sensible en France. Et il y a un monde entre l'universalisme proclamé haut et fort par la France et ce qui est vécu et ressenti par les "gens de couleur" dans la métropole, aux Antilles ou ailleurs !  Ce que certains appellent "les suites de la domination" ! Quand serons-nous enfin "tous frères" ?  Ceci reste un combat plus actuel que jamais !