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...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



lundi 19 octobre 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2476 : Et si, face au terrorisme, on redonnait une place, même petite, au "religieux" ?

 Suite au meurtre affreux de cet enseignant, Samuel, à bon droit, la France entière s'est émue. Il y a quelque temps, l'on avait égorgé un prêtre, le Père Hamel, et c'est à présent le tour d'un enseignant. Tristesse, douleur, impression d'un immense gâchis ! L'Eglise est attaquée, l'école également, comme d'autres institutions. L'on sent que notre pays est sidéré. J'avais déjà cité sur ce blog la réflexion toujours actuelle du grand dramaturge Bertold Brecht : "Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde."

Cette bête à l'affût n'attendait que cela pour se manifester à nouveau. La réalité : on ne peut se contenter de rire de ses méfaits. Montrer les fesses nues du Prophète, accroupi dans une position humiliante, nombre d'enseignants reconnaissent que ce n'est pas forcément l'exemple le mieux choisi pour expliquer à des ados la beauté de la liberté d'expression ; et cela d'autant plus s'il y a des jeunes de culture musulmane parmi eux !!!  Témoin la réaction d'Amélie : "Mes élèves ne sont pas assez mûrs pour saisir le second degré, ils n'ont pas encore la perception de l'ironie." De plus, comment expliquer que cela n'est pas en contradiction avec la loi de 1881 sur la liberté d'expression dans la presse, qui (en principe ???) réprime les injures publiques et la diffamation...

On a voulu, envers et contre tout, traiter ce problème comme ça, à la rigolade ; mais le résultat est là, horrible et patent : un terrible échec, une piste sans issue... Au point que certaines grandes voix tirent la sonnette d'alarme, à l'image de Jean-Pierre Obin, ancien inspecteur général de l'Education nationale déclarant, dans "Ouest-France" de ce dimanche : "Seuls 6% des enseignants sont formés à la laïcité, seuls 25% ont suivi un cours spécifique sur le sujet, et 50% de ceux-ci affirment qu'ils étaient très mauvais. La plupart des enseignants ne comprennent ni la religion, ni l'idéologie de leurs élèves. On est vraiment dans une situation très dangereuse. Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est un plan de formation massif qui fasse une large place à la laïcité, à l'histoire des religions."

Une autre grande voix se fait entendre en ces jours, celle du Père Adrien Candiard, islamologue, maîtrisant la langue arabe, dominicain vivant au Caire parmi les musulmans, considéré comme l'un des plus grands spécialistes de l'Islam, ce qui est loin d'être le cas de nombre de nos commentateurs patentés sur nos plateaux de télé... Il propose à notre société une autre façon, plus neuve, moins étriquée,  d'aborder cette question du terrorisme soit-disant "islamique", quoique n'ayant que peu à voir avec la religion musulmane ; la preuve étant, souligne encore Jean-Pierre Obin, que "92% des victimes des attentats qui ont eu lieu dans le monde entre 1979 et 2019 sont des musulmans."  L'analyse d'Adrien Candiard semble si pertinente que, lors des revues de presse de ce lundi matin, il a été signalé que 4 journaux au moins reprenaient ses analyses en ces jours. Aujourd'hui même : "Ouest-France", "Le Monde", "La Croix", mais aussi "Le Point". Impossible de tout citer, je vous renvoie à ces journaux. Voici son interview à "Ouest-France", recueillie par Alan Le Bloa, que nous pouvons remercier pour la qualité de cet entretien :

"L'absence de Dieu, terreau du fanatisme religieux

On pense, depuis que les philosophes des Lumières ont théorisé le fanatisme, qu'il s'agit d'un excès de Dieu. Et que, pour faire face, la bonne politique est de réduire la place de la religion. Ce diagnostic est faux.  Quand on écoute ce que disent les fanatiques, on constate que ce n'est pas de Dieu dont ils parlent. Que l'idolâtrie, qui provoque le fanatisme, peut conduire à lui substituer des commandements divins. La loi divine devient alors aussi indiscutable que Dieu lui-même.

Quels remèdes à cela ?

Les pouvoirs publics auraient un rôle à jouer, en favorisant une approche rationnelle et critique de la foi.  En France, depuis la fin du XIX° siècle, on a fait sortir la question religieuse de la raison commune et des universités. Ce qui a rendu les esprits vulnérables face à des enseignements religieux délirants.

Cet "analphabétisme théologique" dont vous parlez met nos sociétés en danger. Pourquoi ?

Face à un discours séducteur qui fait appel à des idées puissantes comme l'infini, l'absolu, la sainteté, qui cherche à vous entraîner dans un grand n'importe quoi, comment se défendre si vous ne savez pas lire un texte religieux ?  Comment prendre de la distance si on ne vous l'a pas appris ?  Cet analphabétisme théologique désarme les citoyens. Et les non croyants sont encore plus vulnérables, car ils n'ont aucune formation dans le domaine.

Estimez-vous nécessaire d'inscrire la théologie dans les programmes d'enseignement ?

On fait reposer ça sur les professeurs d'histoire. On a intégré l'enseignement du fait religieux, le général... Mais sur la pensée religieuse, la théologie, il y a un angle mort. Cela mériterait que des pédagogues se penchent sur le sujet.  En France, la théologie est perçue comme un discours vain et dogmatique. Cette absence de  discours critique et raisonné de la foi favorise le fanatisme. La logique qui prévaut, c'est : "N'en parlons pas, car c'est compliqué."  Résultat : on laisse d'autres en parler, dont certains qui peuvent manipuler."

 

Problème : la théologie au service de la laïcité !!! Mais est-on prêt, en France, à suivre ce chemin ?

Adrien Candiard a publié, entre autres : "Comprendre l'Islam, ou plutôt : pourquoi on n'y comprend rien" (Flammarion), et aussi : "Du fanatisme, quand la religion est malade" (Cerf). A lire et à offrir !

 

1 commentaires:


Elodie a dit…

Merci pour ce billet très intéressant Olivier.

Rien de ce qui conduit à la discorde, à la haine, à la différence et à l'indifférence, à la moquerie en général, ne devrait être pris à la légère.

Tout ce qui ne nourrit pas le coeur de tous les Hommes, tout ce qui n'unit pas les Hommes, tout ce qui "cause du tort", doit être reconnu, pensé et considéré véritablement en tant que tel.

L'humour peut permettre d'aborder un peu tout mais il ne suffit pas de rire de tout pour que les choses s'arrangent ou rentrent dans l'ordre, surtout si l'on ne possède pas les outils pour bien comprendre le sens de ce qui est dit ou sous-entendu.

Bien sûr, l'on peut dire à juste titre que l'Education Nationale ne peut pas tout faire ni tout instruire à nos jeunes mais il revient à nous toutes et tous, chacune et chacun, à l'école et en-dehors de l'école, de les éveiller au Monde, de nourrir leur curiosité, et surtout de les accompagner à penser par eux-mêmes.

On néglige parfois trop le temps passé par nos jeunes devant leurs écrans d'ordinateur, tablette ou téléphone. A un âge où l'on se construit une identité, où l'on cherche à se faire une place dans le monde et dans la société, à un âge où l'on découvre que l'on peut penser par soi-même, il est primordial d'être suivi, soutenu et accompagné.

Difficile de savoir vraiment ce qui relève ici du rôle de l'Education Nationale ou de l'Education Familiale et parentale ; simplement, en discutant avec nos jeunes et en maintenant un dialogue sur tout ce qui fait notre monde, en ne les laissant pas seuls avec leurs questions, face à leurs écrans et face aux médias où il y a, comme partout, du bon et du moins bon, il est fort probable que l'on pourrait limiter de nombreuses dérives et incompréhensions, des malentendus et de maladroites interprétations.

Il ne devrait y avoir aucun sujets tabous ou "laissés volontairement de côté" dans l'éducation de nos jeunes, à l'école comme à la maison. Passer sous silence certains sujets aussi importants que les religions, c'est conduire nos jeunes à aller s'informer par leurs propres moyens, comme ils le peuvent, au risque pour eux de tomber aussi sur des informations "déviantes", interprétées ou erronées.