Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



mardi 31 mars 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2320 : "Comment vous faites, vous les prêtres, pour célébrer la messe ?"

Comment nous, les prêtres, on célèbre la messe, avec ce virus qui traîne partout ?  Voilà bien une question qui nous est posée plusieurs fois par jour, à nous les prêtres, par téléphone ou par mail, depuis le début du confinement.  En fait, les personnes sont avides de savoir comment prient les prêtres, en ce temps si particulier.  Eh bien, cela va paraître trop simple, mais j'ai envie de répondre : "comment on célèbre ?  Mais comme d'habitude !"  Comme d'habitude ?  Qu'est-ce que ça veut dire ?  En fait, pour moi, et sans doute aussi pour bien d'autres prêtres, comme chaque jour habituellement, nous consacrons une demi-heure environ, et je fais cela depuis plus de 50 ans, à revivre le mystère de la mort et de la résurrection du Christ, en Eglise, en lien avec le monde entier.

Sur le fond en effet, rien ne change, que l'on soit ou non confiné. La seule chose qui diffère, c'est que, actuellement, c'est juste la forme extérieure qui n'est plus "classique" : toujours en Eglise bien sûr, mais plus forcément dans une église. Non plus dans un choeur, autour d'un autel, et pas même dans une sacristie aménagée et chauffée pour la circonstance en hiver, mais tout simplement, sur une petite table, ou dans le coin prière, là où nous sommes enfermés.  Mais c'est le même mystère fondamental qui est prié et célébré.

En ce qui me concerne, si je ne célèbre même pas dans une salle avec les soeurs de Bourgenay, mais dans mon bureau, c'est par ce que les prêtres de plus de 75 en Vendée ont reçu obligation de célébrer la messe en privé, et donc même pas avec les religieuses toutes proches. Because le virus... 

Autre question : "ce ne doit pas être drôle de célébrer tout seul ?"  Ah bon ?  Tout seul ?  Alors, là, voilà bien un sentiment que je n'ai jamais ressenti !  Qu'il n'y ait aucune personne présente ou que l'on célèbre au milieu d'une assemblée paroissiale bien fournie, ou à St Pierre de Rome, c'est toujours la même messe.  Il n'y a pas de messe de 1° classe ou de 3° classe, pas de grande ou de petite messe. En effet, lorsqu'est célébré le salut du monde, chaque fois, par définition, c'est le monde entier qui est présent !

D'ailleurs, les moyens modernes de communication nous y aident bien !  Vous même, lorsque vous participez, tout seul ou à 2 ou 3 dans votre salon, à la messe proposée par le Jour du Seigneur, le dimanche à 11h, avez-vous l'impression d'être seul, marginalisé, isolé, totalement confiné ? Si oui, ce serait vraiment dommage !   Et cela, pour 2 raisons : d'abord, vous êtes loin d'être seul, puisque des centaines de milliers de personnes participent comme vous, unis à vous et au célébrant derrière l'écran, à cette eucharistie cathodique.  La 2° raison, c'est que, quand vous prenez place sur votre chaise à 10h55, ou avant, vous venez avec une foule de visages, connus et inconnus : intérieurement, vous amenez devant le Seigneur les malades du Covid-19 et leurs soignants, les migrants fuyant la guerre en Syrie, le pape François, les membres de votre famille non intéressés par la messe, le président de la République qui doit gérer la crise, celui des Etats-Unis, etc..., etc... C'est donc une foule immense qui est alors convoquée autour du mystère eucharistique, à travers votre prière, dans votre propre maison !  Encore heureux que vous ne soyez pas obligé de leur payer l'apéro à la fin de la messe !!!

Quant à moi, je n'ai pas kto ; mon "autel" se situe donc devant mon ordi, entre mon téléphone et mon imprimante, et aussi deux superbes icônes, avec une petite bougie. Chaque fois, je vais sur google (je l'explique, car on m'a demandé comment faire) ; je tape "messe du pape François du 31 mars sur YouTube", et ça y est, le pape apparaît, en vidéo, dans sa chapelle Ste Marthe, et la messe commence. Quel bonheur de célébrer avec le pape, comme encore  ce 31 mars, tandis qu'à la fenêtre apparaît l'aurore !

 C'est en direct à 7h chaque matin, mais on peut l'avoir ensuite en replay à n'importe quel moment le reste de la journée. Cela ne  remplace pas pleinement la messe "en vrai", quoi que..., avec la communion spirituelle !  Mais c'est déjà si important !   En tout cas, même si c'est "seulement" spirituel, communier an même temps que le pape, c'est quelque chose !  Aussitôt la communion, exposition du St Sacrement ; le pape lit alors une prière, et s'ensuit au moins 15 minutes d'adoration silencieuse, avant l'envoi. Enfin, chaque matin, le pape propose une intention précise de prière ; aujourd'hui, pour les sans abri, avec cette interrogation : comment rester confinés dans un tel cas ?

Si vous souhaitez participer à d'autres types de messes, allez voir sur le site de votre paroisse, ou encore, tapez : "messes sur internet" ; vous aurez un choix infini !  Tout cela en restant unis !

_______________

Je me permets de vous retranscrire la prière dite chaque matin par le pape en ouverture du temps d'adoration, à l'attention de celles et ceux qui suivent sur leurs écrans  :

Mon Jésus,
Je t'adore dans le Saint-Sacrement de ton amour,
désireux de te recevoir dans la pauvre demeure que t'offre mon coeur. 
En attente du bonheur de la communion sacramentelle,
je veux te posséder en esprit.
Viens à moi, ô mon Jésus,
pour que je vienne à toi.
Que ton amour enflamme tout mon être,
pour la vie et pour la mort.
Je crois en toi, j'espère en toi, je t'aime.
Ainsi soit-il. 

C'est le cardinal espagnol Merry del Val (1865-1930), béatifié en 1953, qui a rédigé cette prière, en adaptant une prière de St Alphonse-Marie de Ligori (1696-1787). Ca y est, vous savez tout !

lundi 30 mars 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2319 : Et tout s'est arrêté...

En ce début de 3° semaine de confinement, je voudrais vous partager une réflexion qu m'a été transmise par une paroissienne du doyenné de Talmont, qui a des liens avec le diocèse de Bordeaux. Il s'agit d'un message de l'abbé Pierre Alain Lejeune, curé de quatre paroisses à proximité de Bordeaux  -  merci à lui ! 
Et merci à vous de ne pas hésiter à nous faire part en commentaire de votre réaction.

  Et tout s’est arrêté…


Ce monde lancé comme un bolide dans sa course folle, ce monde dont nous savions tous qu’il courait à sa perte mais dont personne ne trouvait le bouton « arrêt d’urgence », cette gigantesque machine a soudainement été stoppée net. A cause d’une toute petite bête, un tout petit parasite invisible à l’œil nu, un petit virus de rien du tout… Quelle ironie ! Et nous voilà contraints à ne plus bouger et à ne plus rien faire. Mais que va t-il se passer après ? Lorsque le monde va reprendre sa marche ; après, lorsque la vilaine petite bête aura été vaincue ? A quoi ressemblera notre vie après ?

Après ?
Nous souvenant de ce que nous aurons vécu dans ce long confinement, nous déciderons d’un jour dans la semaine où nous cesserons de travailler car nous aurons redécouvert comme il est bon de s’arrêter ; un long jour pour goûter le temps qui passe et les autres qui nous entourent. Et nous appellerons cela le dimanche.

Après ?
Ceux qui habiteront sous le même toit, passeront au moins 3 soirées par semaine ensemble, à jouer, à parler, à prendre soin les uns des autres et aussi à téléphoner à papy qui vit seul de l’autre côté de la ville ou aux cousins qui sont loin. Et nous appellerons cela la famille.

Après ?
Nous écrirons dans la Constitution qu’on ne peut pas tout acheter, qu’il faut faire la différence entre besoin et caprice, entre désir et convoitise ; qu’un arbre a besoin de temps pour pousser et que le temps qui prend son temps est une bonne chose. Que l’homme n’a jamais été et ne sera jamais tout-puissant et que cette limite, cette fragilité inscrite au fond de son être est une bénédiction puisqu’elle est la condition de possibilité de tout amour. Et nous appellerons cela la sagesse.

Après ?
Nous applaudirons chaque jour, pas seulement le personnel médical à 20h mais aussi les éboueurs à 6h, les postiers à 7h, les boulangers à 8h, les chauffeurs de bus à 9h, les élus à 10h et ainsi de suite. Oui, j’ai bien écrit les élus, car dans cette longue traversée du désert, nous aurons redécouvert le sens du service de l’Etat, du dévouement et du Bien Commun. Nous applaudirons toutes celles et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, sont au service de leur prochain. Et nous appellerons cela la gratitude.

Après ?
Nous déciderons de ne plus nous énerver dans la file d’attente devant les magasins et de profiter de ce temps pour parler aux personnes qui comme nous, attendent leur tour. Parce que nous aurons redécouvert que le temps ne nous appartient pas ; que Celui qui nous l’a donné ne nous a rien fait payer et que décidément, non, le temps ce n’est pas de l’argent ! Le temps, c’est un don à recevoir et chaque minute un cadeau à goûter. Et nous appellerons cela la patience.

Après ?
Nous pourrons décider de transformer tous les groupes WhatsApp créés entre voisins pendant cette longue épreuve, en groupes réels, de dîners partagés, de nouvelles échangées, d’entraide pour aller faire les courses ou amener les enfants à l’école. Et nous appellerons cela la fraternité.

Après ?
Nous rirons en pensant à avant, lorsque nous étions tombés dans l’esclavage d’une machine financière que nous avions nous-mêmes créée, cette poigne despotique broyant des vies humaines et saccageant la planète. Après, nous remettrons l’homme au centre de tout, parce qu’aucune vie ne mérite d’être sacrifiée au nom d’un système, quel qu’il soit. Et nous appellerons cela la justice.

Après ?
Nous nous souviendrons que ce virus s’est transmis entre nous sans faire de distinction de couleur de peau, de culture, de niveau de revenu ou de religion. Simplement parce que nous appartenons tous à l’espèce humaine. Simplement parce que nous sommes humains. Et de cela nous aurons appris que si nous pouvons nous transmettre le pire, nous pouvons aussi nous transmettre le meilleur. Simplement parce que nous sommes humains. Et nous appellerons cela l’humanité.

Après ?
Dans nos maisons, dans nos familles, il y aura de nombreuses chaises vides et nous pleurerons celles et ceux qui ne verront jamais cet après. Mais ce que nous aurons vécu aura été si douloureux et si intense à la fois que nous aurons découvert ce lien entre nous, cette communion plus forte que la distance géographique. Et nous saurons que ce lien qui se joue de l’espace, se joue aussi du temps ; que ce lien passe la mort. Et ce lien entre nous qui unit ce côté-ci et l’autre de la rue, ce côté-ci et l’autre de la mort, ce côté-ci et l’autre de la vie, nous l’appellerons Dieu.

Après ?
Après ce sera différent d’avant mais pour vivre cet après, il nous faut traverser le présent. Il nous faut consentir à cette autre mort qui se joue en nous, cette mort bien plus éprouvante que la mort physique. Car il n’y a pas de résurrection sans passion, pas de vie sans passer par la mort, pas de vraie paix sans avoir vaincu sa propre haine, ni de joie sans avoir traversé la tristesse. Et pour dire cela, pour dire cette lente transformation de nous qui s’accomplit au cœur de l’épreuve, cette longue gestation de nous-mêmes, pour dire cela, il n’existe pas de mot.


dimanche 29 mars 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2316 bis : "Rire du coronavirus, blague à part"

Si vous avez lu le journal "Ouest-France" de ce dimanche, vous aurez apprécié l'article de Claire Thévenoux, dont je me suis permis -  sans sa permission..., puisse-t-elle me pardonner  -  de reprendre le titre pour ce billet.
Un n° bis, pour faire référence à ce que j'avais publié sur ce même sujet avant-hier vendredi.
J'ai beaucoup apprécié la façon dont cette journaliste a su reprendre ce thème et l'expliciter clairement,  intelligemment ; je vous y renvoie (en page 11).
Juste quelques citations, très brèves, en vrac et dans le désordre, pour vous inciter à aller consulter cet article :

-  Serge Tisseron, psychiatre  :  "Rire est une revanche de l'esprit (...) 
Pas question de culpabiliser car rire des choses graves est "très sain."

Rire pour prendre du recul, pour "prendre de la distance par rapport à la mort", analyse le dessinateur Chaunu [bien connu des lecteurs, c'est moi Olivier qui précise] c'est un réflexe fréquent en période de crise.  (...)   "Cela ne veut pas dire qu'on ne prend pas les choses au sérieux, mais qu'on a la capacité de retourner la situation mentalement, grâce à la langue, aux images, au dessin..."

Allez lire la suite...
Merci Claire ! 
Et riez bien !


Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2318 : On a condamné les personnes qui n'allaient pas à la messe !

Nombre de catholiques se sentent déstabilisés, frustrés, meurtris même, de ne pouvoir participer, en chair et en os, en ce 5° dimanche de Carême, à une "vraie messe". La messe à la télé, sur YouTube (même avec le pape), sur Rcf, Kto ou encore avec France-Culture le dimanche matin, c'est formidable, et c'est une chance ! Mais, comme l'expriment beaucoup : "ça ne remplace pas !"  Pour les plus fidèles à l'eucharistie, il s'agit vraiment là d'une grande souffrance. Avec cette question : comment allons-nous traverser cette tempête, si nous ne sommes pas nourris, boostés par le Pain de Vie ? Il va nous manquer quelque chose, peut-être même l'essentiel...

Alors là, je voudrais apaiser votre crainte. Non pas que je veuille sous estimer l'importance de l'eucharistie, ni celle du rassemblement dominical, si cher au coeur de tant de catholiques.  Mais la réalité nous invite à prendre un peu de recul.  Excusez-moi si mes mots peuvent vous surprendre, mais il me semble que, parmi les multiples conséquences du tsunami que nous vivons, il y a peut-être à se demander ce que nous avons fait de la messe ???

Attention !  Encore une fois, la messe, j'y crois !  Et, comme beaucoup d'entre vous, je m'y nourris ; chaque jour, je m'y laisse bousculer, construire, envahir par Dieu ; avec mes frères et soeurs catholiques pratiquants.
Ensemble en effet, comme nous le chantons régulièrement, "nous sommes le Corps du Christ...".

Mais, mais, et cela fait bien 20 ou 30 ans, sinon plus, que je me le demande, et je sais que je suis loin d'être seul, avons-nous suffisamment mesuré, étudié, analysé, écouté, compris, ce que signifiait le fait que, d'année en année, de décennie en décennie, nos église se vidaient ?  A quoi cela a-t-il servi d'avoir ainsi fermé les yeux sur la désertion massive de nos églises ?  Pourquoi tant de couples, tant de jeunes, tant d'enfants - et qui n'étaient pas tous des imbéciles, des personnes de mauvaise volonté ni des fainéants ou sans idéal - ne s'y sont pas reconnus ?  Quand ils ne s'en sont pas sentis rejetés, oubliés ou mis de côté ?  Et pourtant, nombre d'entre eux croient en Dieu, aiment le Christ... D'ailleurs, eux aussi peuvent être d'excellents "pratiquants" de l'Evangile...

En outre, je pense ici, comme vous sans doute, aux divorcés-remariés, aux homosexuels, méprisés  pendant tant d'années ; mais aussi aux handicapés (pas souvent de places réservées pour leurs fauteuils, alors que parfois, par contre, la société en a prévu, mais sur le parking, et à l'extérieur de l'église...). Et les plus démunis, osent-ils venir ? Se sentiraient-ils chez eux ?

Est-ce que ça ne pose pas question que tout ce monde-là soit absent ?  Mais alors, il est où, en réalité, le Corps du Christ ?

Comment analyser le fait que, pendant des siècles, on s'est permis d'accuser de "péché mortel" les personnes qui n'étaient pas "pratiquantes" ?  Qui d'entre nous aurait un coeur si peu évangélique, et l'esprit assez méchant pour condamner ainsi à mort certains de ses enfants, même très imparfaits ?  Que pouvait donc en penser, "là-haut", le Bon Berger ?


J'arrête là mon discours, un peu iconoclaste. Loin de moi pourtant de vouloir casser la baraque !  Cette Eglise, j'en ai besoin moi aussi. Et, comme vous je suppose, j'en souffre d'autant plus ! A titre d'éclairage, voici ce que vient d'écrire le théologien dominicain italien Alberto Ambrosio, co-responsable du séminaire des Bernardins à Paris et professeur de théologie et d'histoire des religions au Luxembourg (voir "La Croix" du 23 mars) :

 "On a perdu une partie du peuple, à force de lui faire comprendre que, pour se montrer bon chrétien, il fallait aller à la messe." Et de poursuivre en disant : "Je frappe fort, volontairement, car avec le virus, dans l'Eglise aussi, il y aura une reddition des comptes entre des théologies embourgeoisées, d'apparat, de salon, et d'autres qui vont au centre de l'existence, chrétienne aussi.  Le virus amènera, qu'on le veuille ou pas, un retour à l'essentiel, non seulement dans la société civile et politique, mais aussi dans l'Eglise, trop souvent ankylosée dans des doctrines théologico-liturgiques qui ne parlent qu'à une étroite portion du monde."

Quant à l'autre "portion du monde", la plus nombreuse, puisse cette tempête nous ouvrir les yeux sur elle, et sur ce qu'elle attend de nous !  Et si c'était un appel de l'Esprit-Saint pour que notre Eglise catholique s'ouvre enfin à tous ?  Et si ce jeûne eucharistique était un temps de désert pour nous aider à réfléchir à "l'après" ?  En se demandant si on va alors tout recommencer "comme avant", dans nos messes, comme s'il ne s'était rien passé...

___________

Sur une question aussi cruciale, vos commentaires seront bien sûr les bienvenus !

samedi 28 mars 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2317 : "Nous n'avons pas bougé devant le drame des pauvres..." (Pape François)

Hier soir vendredi, bien que confinés, nous étions certainement des dizaines de millions à avoir les yeux fixés sur la place St Pierre de Rome, là où le pape François avait donné rendez-vous à l
a planète entière, pour cette bénédiction urbi et orbi (à la ville et au monde).  Une paroissienne m'a fait part de son sentiment : "L'émotion de voir ce petit être en blanc, tout seul, marchant si fragilement, en boitant, dans l'immensité de la place St Pierre vide...  La dignité de la bénédiction, qu'on sentait faite à des milliers de personnes, même si physiquement, ils n'étaient que deux ou trois, au loin, dans la pluie...  Inoubliable !"

D'abord, lecture de l'évangile de la tempête apaisée, en Marc 5/35-41.  Sous un ciel d'encre et une pluie battante ! Le décor était planté, tragique ; la tempête était  bien là... Alors, le pape prit la parole ! Vous l'avez entendu sans doute ! Mais son message a été si percutant que je me permets de vous en retransmettre quelques extraits, que j'ai essayé de noter au plus juste. C'est un bonheur pour moi que de vous partager cela, à la volée...

"En ce moment, nos vies sont dans la tempête.
Nous sommes affolés, comme les disciples de l'Evangile.
Tous sur la même barque, tous fragilisés, tous désorientés.
Pendant ce temps, que fait Jésus ?
Il dort paisiblement, confiant dans son Père.
"Maître, nous sommes perdus ; ça ne te fait rien que nous périssions ?"
Ils pensent que Jésus se désintéresse d'eux.
Sa réaction se fait attendre, trop longuement.
Ils réalisent qu'ils sont seuls, et se sentent abandonnés du ciel.
Mais enfin, Jésus se relève et, d'un mot, il apaise la tempête.
"Pourquoi avez-vous peur ?" leur demande-t-il...
Or, il sauve ses disciples.
La tempête n'a pas le dernier mot !

Nous aussi, aujourd'hui, nous avons l'impression que nous sommes perdus.
Tout est paralysé.
Dans nos familles, dans nos pays, il y a le péril qui est tout proche, il y a le danger.
La tempête que nous traversons manifeste nos fragilités.
Comme les disciples, seuls, nous sommes incapables de nous sauver.
Incapables de changer !
Mais cette tempête nous fait découvrir combien nous appartenons les uns aux autres.
Nous sommes appelés à prendre mieux conscience de ce qu'est le bien commun.
Que nous devons apprendre à vivre comme des frères.
Et laisser s'envoler tout ce qui est superficiel !
En séparant enfin, dans notre vie, le nécessaire du superflu.

En fait, nous avons oublié de servir Dieu.
Et nous ne nous sommes pas arrêtés devant les injustices de ce monde ni les appels de nos frères en difficulté.
Nous n'avons pas bougé devant le drame des pauvres !

Par bonheur, il y a tous ceux qui luttent pour faire face.
Car devant la tempête, il ne sert à rien d'abandonner.
Ton appel, Seigneur, résonne, afin que se taise la tempête aussi aujourd'hui !
La peur ne sert à rien.
Il nous faut soutenir les personnes.
Sans céder à la panique, mais en vivant solidairement.
C'est notre histoire qui est en jeu.
Les soignants, les médecins, les policiers, tous ceux qui assurent les services, eux, ont compris que personne ne peut se sauver seul.
"Que tous soient un !"  C'est la prière de Jésus.
E nous tous, par des petits gestes quotidiens, il nous faut changer nos habitudes, avancer dans la prière et le service silencieux : ce sont nos armes silencieuses !
Tel est l'appel de Dieu : faire le bien.

Le Seigneur nous appelle, du milieu de la tempête, pour nous inviter à espérer et à agir ensemble.
Il vit à nos côtés.
Il nous pacifie.
Par sa croix, nous sommes sauvés, relevés.
Pour que personne, nulle part, ne soit séparé de son amour.

Quant à nous, n'éteignons pas les forces de la vie !
Rallumons l'espérance.
Trouvons d'autres formes de fraternité.
Changeons de mentalités.
Dieu est notre force.
Dans la tempête, Dieu prend soin de nous !"

A suivi alors un long et riche moment d'adoration et de prière silencieuse, au terme de laquelle le pape a béni la terre entière, aux quatre coins de l'horizon.

Puis, après avoir rappelé que c'est la mission de l'Eglise de partager le pardon de Dieu, et parce qu'il ne sera pas possible de se confesser lors des fêtes pascales, il a accordé le pardon total du Seigneur à toutes et tous, derrière leurs postes-radio ou leurs écrans, pour tous les péchés. Car la miséricorde de Dieu est surabondante et plus forte que tout.

Extrait de la belle prière universelle finale : "Si la mort nous anéantit, ouvre-nous à l'Espérance,                ô Seigneur !" 



vendredi 27 mars 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2316 : Rire du coronavirus ? Un acte de résistance !

Depuis une huitaine de jours, c'est incroyable ce que l'on reçoit, dans nos boîtes-mails, comme messages assez drôles, illustrés souvent de caricatures ou de dessins marrants, à propos de ce satané (satanique ?) virus. Mais, plusieurs de mes connaissances m'ont fait savoir que cet humour, alors que des gens sont en train de mourir à cause de ce virus, peut paraître un peu déplacé, pour ne pas dire scandaleux... Je me suis dit alors que cela vaudrait la peine de proposer un billet sur ce blog autour d'un tel sujet.

Qu'en pensez-vous ?  C'est bien là que des commentaires de votre part seraient les bienvenus pour éclairer notre lanterne. A titre d'exemple, voici, entre autres, la réaction d'une dame d'un âge canonique certain, mais au coeur est plein de sagesse : "Devant tel dessin, j'ai ri de bon coeur : c'est bon, car confinés en Ehpad, les jours sont tristes." Puis, après m'avoir donné de ses nouvelles, elle reprend ainsi : "Je repense à l'humour. Je culpabilisais un peu ; mais je pense que l'humour est nécessaire si, détendus, nous voulons pouvoir réconforter les personnes qui souffrent autour de nous..."

Mais enfin !  Le covid-19 est en train de détruire la planète, et vous prenez ça à la rigolade ?  Attention, là, il y a une incompréhension, comme qui dirait un quiproquo. Car, de quoi rit-on au juste ?  Et pourquoi ?  Parce qu'on s'en f.... des morts ?  Non, évidemment !  Parce que l'on n'a pas peur de ce mal mystérieux ?  Non plus.  Parce que l'on est inconscient de la gravité de la situation ? Ah non, quand même !  Alors, pourquoi ?  Eh bien sans doute, parce que, face à un danger qui nous menace, le rire peut devenir un acte de résistance, une façon de ne pas se laisser dominer par lui.

Bien entendu, il n'y a rien de drôle dans la situation, mais on peut se donner la peine de ridiculiser le virus.

Fréquentant la synagogue des Sables d'Olonne depuis 2003, à diverses reprises, j'ai eu l'occasion d'entendre, et de noter, des réflexions de nos frères et soeurs Juifs. Je les entends encore me raconter comment, même au plus profond des camps d'extermination, des Juifs  parvenaient à utiliser une arme  : la seule arme qui leur restait pour faire face avec intelligence et dignité au virus nazi, qui voulait les détruire totalement.

Un exemple : des victimes juives vont être abattues par la Gestapo. L'officier qui donne des ordres est pris d'une lubie et se dirige vers un Juif en grommelant : "Dites-moi, vous avez l'air assez aryen. Je vais vous donner une chance. J'ai un oeil de verre, mais il n'est pas facile à reconnaître. Si vous devinez immédiatement lequel est-ce, je vous accorde un sursis."  Le Juif répond sans hésiter : "le gauche !"  "Bravo !  vous êtes sauvé ! Mais, comment l'avez-vous reconnu ?"  "Il a l'air si gentil !"

Difficile de trop prolonger ce billet, mais je voudrais conclure en proposant trois raisons de faire du rire une arme contre le mal :
-  j'ai observé que le fait de faire circuler des choses drôles sur (contre) le virus permettait de renforcer la solidarité et le coude-à-coude, parmi ceux qui riaient et se moquaient ensemble de ce mal.
-  il m'a semblé aussi que cela encourageait à ne pas s'incliner ni tout abdiquer devant ce risque.
-  enfin, l'humour est peut-être un soutien d'ordre psychologique, ou même spirituel d'une certaine façon ; un mécanisme de défense, au même titre que la religion (à ce dernier propos, relire d'autres billets où je souligne que, même si c'est d'une toute autre façon, la prière joue un tel rôle.)

Deux petites citations pour terminer :  
    "Si Dieu n'a pas d'humour, c'est gravissime !"  (Michel Serrault)
    "Le rire, c'est comme les essuie-glaces : il permet d'avancer, même s'il n'arrête pas la pluie !"
                                                                                                  (Gérard Jugnot)


_________________

Evidemment, si un jour je suis atteint, je n'aurai sans doute pas le coeur à rire !
Mais je ne regretterai rien !
Car, rire du virus, cela aura été pour moi ma manière de ne pas me mettre à genoux devant lui... 
"Soyez toujours dans la joie, priez sans cesse, rendez grâce en tout circonstance (...) dans le Christ Jésus."  (Saint Paul,1°Lettre aux Chrétiens de Thessalonique 5/16-18)

jeudi 26 mars 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2315 : Message des Musulmans aux Chrétiens de France

Je vous transmets ce message reçu d'Ali, un ami musulman en responsabilité et en liens très profonds avec l'interreligieux sur la Vendée.
Reçu hier soir, en la fête de l'Annonciation ; mais je n'en ai pris connaissance que ce vendredi 26 au matin.
___________
 

Bonjour à tous,

     Je vous fais part du message du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), merci de transmettre.
Fraternellement
Ali en Saada

Envoyé : mercredi 25 mars 2020 à 20:11:42 UTC+1
Objet :  Message du CFCM aux chrétiens de France à l'occasion de la fête de l'Annonciation



Madame, Monsieur,

Je vous prie de trouver, ci-joint, le communiqué du CFCM intitulé: "Message du CFCM aux chrétiens de France à l'occasion de la fête de l'Annonciation"
En vous priant de bien vouloir en assurer la diffusion.
Bien cordialement,

Mohammed Moussaoui
Président du CFCM

Message du CFCM aux chrétiens de France
  àl’occasion de la fête de l’Annonciation 
 
Nos concitoyens chrétiens vont célébrer, ce mercredi 25 mars 2020, la fête de l'Annonciation de l'ange à la Vierge Marie dans les conditions de confinement avec ses contraintes et ses difficultés.

A cette occasion, le Conseil Français du Culte Musulman tient à exprimer ses vœux de les plus chers à l’ensemble des chrétiens de France et les assure de sa solidarité fraternelle avec l’espoir qu’ils puissent vivre ce moment important dans la joie et l’espérance.

La vierge Marie (Maryam) est pour nous musulmans un grand symbole de pureté, d’espérance et de confiance en Dieu.

En effet, outre le chapitre 19 du Saint Coran qui porte le nom Maryam, de nombreux versets coraniques mentionnent sa vie et son extraordinaire dévouement pour Dieu. C’et le cas du chapitre 3, consacré à la famille (Al ‘Imrane) « Et les anges de dire : Ô Marie ! Dieu, en vérité, t'a choisie, t'a purifiée et t'a préférée à toutes les femmes de l'Univers (…) Un jour, Marie entendit les anges lui dire : « Ô Marie ! Dieu te fait l'heureuse annonce d'un Verbe émanant de Lui, qui aura pour nom le Messie, Jésus, fils de Marie. Il sera illustre dans ce monde et dans l'autre, et comptera parmi les élus de Dieu » (Coran 3.42 et 3.45).

Faisons de ces traits d’union, en ces moments difficiles que nous traversons, le ciment de notre fraternité et de notre solidarité et œuvrons ensemble avec tous nos concitoyens quelle que soit leur conviction pour le réconfort des plus vulnérables et les plus touchées parmi nous.

Paris, le 25 mars 2020
Mohammed MOUSSAOUI
Président du CFCM

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2314 : Opération "Belle Humanité"

Dieu nous avait promis un monde meilleur. Vous vous rappelez sa promesse, en Isaïe 65/17-25   (extraits) :

"Voici que je crée des cieux nouveaux et une terre nouvelle.
Je vais créer fête et joie qui ne passeront pas.
On n'entendra plus ni pleurs ni cris. 
On n'y verra plus de nouveaux-nés qui ne vivent que quelques jours.
Ni de vieillards qui n'atteignent un grand âge.
Les gens de mon peuple dureront autant que les arbres.
Le loup et l'agneau iront ensemble au pré.
Le lion mangera de la paille comme le boeuf.
Le serpent, lui, se contentera de sa poussière.
On ne se fera plus de mal ni de violence sur toute ma terre qui est sainte." 

L'erreur, cela a été de penser que Dieu allait nous donner cela tout cuit !
Qu'il n'y avait qu'à attendre.
Qu'il n'y avait qu'à prier (au sens de rabâcher).
Alors qu'il s'agissait en vérité d'un grand projet que Dieu offrait à l'humanité de mettre en oeuvre.
Ce programme proposait aux humains de s'unir pour bâtir une terre nouvelle.
Où ni mal ni violence ne trouveraient place.
Et sur cette terre, les arbres, les animaux, même sauvages ainsi que les humains pourraient vivre en harmonie.
Malheureusement... ???

Par bonheur, aujourd'hui encore, cette proposition de Dieu n'a rien perdu de son actualité.
Et il se trouve que ce satané virus est en train de nous le rappeler.
De toute part, l'on entend dire que ce mal n'aura pas le dernier mot.
Ici et partout, sur l'ensemble de la planète en effet, hommes, femmes et enfants de toutes nationalités, de toutes religions ou traditions de sagesse, de toutes spiritualités humaines et religieuses, de toutes conditions, ébranlés par la prise de conscience du désastre, relèvent la tête, se retroussent les manches, renouent des  relations, font marcher leur cervelle pour reprendre plus sérieusement la construction de ces cieux nouveaux et de cette terre nouvelle tant attendus.

Et si nous partagions ces signes de renouveau ?
Quelques habitués de ce blog me demandent régulièrement pourquoi je ne fais pas davantage appel à la participation des bloggers ?
Nous pourrions ainsi nous enrichir de la réflexion et de l'expérience des uns et des autres.
De quoi sommes-nous acteurs ou témoins ?
Qu'est-ce que cette crise en train de nous faire découvrir ?
Chacun pourrait le raconter...
D'un mot, d'une phrase, ou en quelques lignes...

Mais, par mail, certains bloggers me disent qu'ils n'osent pas envoyer de commentaires, car il faut faire connaître son nom pour être publié...
 Je fais donc la proposition suivante :
-  soit vous mettez votre mot en commentaire, selon la méthode indiquée en page de garde du blog à gauche, en notant votre prénom ou non d'ailleurs
-  soit, s'il vous est difficile de placer ce commentaire, vous me l'envoyez par mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr, et je le publierai, sans citer de qui il provient.

Dernière précision : j'appellerais cela "OPERATION   BELLE   HUMANITE".
Ce qui signifie que ne sera publié bien sûr que ce qui contribue à transmettre à tous joie et espérance.
Cela répondra-t-il à un besoin ?
De toute façon, merci de votre lecture de ce blog, quelle que soit votre participation !

mercredi 25 mars 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2313 : "La Passion de la Vierge", d'après Charles Péguy

Je crois qu'il n'est pas inutile de signaler que, le 25 mars, nous ne célébrons pas une nième fête de la Vierge Marie ; le titre liturgique de cette solennité, c'est en effet : "l'Annonciation du Seigneur" ; ou encore, l'annonciation de la venue du Seigneur ; ou, neuf mois avant Noël, la fête de l'Incarnation de Fils de Dieu en Marie. Cependant, si l'accent est évidemment mis sur Jésus, c'est en Marie que celui-ci s'incarne, et voici pourquoi elle est pleinement associée à cette fête en ce 25 mars. Car Dieu a eu besoin d'une femme pour venir planter sa tente parmi nous !

Marie accepta cette responsabilité d'accueillir ainsi Dieu en elle, au nom de toute l'humanité. Mais, comme le lui prophétisera le vieillard Syméon au Temple : "Jésus est là pour être un signe contesté, et toi-même, un glaive te transpercera l'âme." (Luc 2/34-35)

Au coeur de ce Carême, alors que l'âme de l'humanité est transpercée de partout, je vous propose de suivre Marie dans sa montée au Calvaire, à la suite de Jésus, alors qu'il est condamné et conduit vers la mort.  Voici de trop brefs extraits de "La Passion de la Vierge", tirés du "Mystère de la Charité de Jeanne d'Arc". C'est en 1910 que Charles Péguy a publié cette vision d'extase de Jeanne, la petite bergère de Domrémy, s'unissant à la passion du Christ et aux souffrances de la Vierge au Calvaire. A chacun de nous de faire le parallèle avec ce que nous vivons aujourd'hui : cette grande douleur qui écrase les personnes et bouleverse l'humanité !

Depuis trois jours elle pleurait.
Depuis trois jours elle errait, elle suivait.
Elle suivait le cortège.
Elle suivait les événements.
Elle suivait comme à un enterrement.
Mais c'était l'enterrement d'un vivant.

Elle aussi, elle avait gravi le Calvaire.
Qui est une montagne escarpée.
Elle ne sentait pas ses jambes sous elle.
Elle aussi elle avait monté, monté.
Dans la cohue, un peu en arrière. 
Monté au Gogotha.
Jusqu'au faîte.
Où il était maintenant crucifié.
Cloué des quatre membres.
Comme un oiseau de nuit sur la porte d'une grange.
Lui le Roi de Lumière.

Les gens respectent beaucoup les parents des condamnés.
Et en même temps ils tapaient sur son fils.
Parce que l'homme est comme ça.
Le monde est comme ça.
Les hommes sont comme ils sont et on ne pourra jamais les changer.
Elle ne savait pas qu'au contraire il était venu changer l'homme.
C'est que tous ces gens n'étaient peut-être pas méchants.
Ils n'étaient pas méchants au fond.

C'était un trop grand malheur.
C'était une trop grande douleur.
On ne peut pas en vouloir au monde pour un malheur qui dépasse le monde.

Aujourd'hui, elle l'abandonnait à cette foule.
Qu'est-ce qu'une femme allait faire dans une foule ? 
Elle allait entendre le cri.
Le cri qui ne s'éteindra dans aucune nuit d'aucun temps.

Elle ne se reconnaissait plus.
Elle n'était plus la même.
Elle ne redeviendrait plus la Reine de Beauté que dans le ciel.
Le jour de sa mort et de son assomption.
Mais aujourd'hui elle devenait la Reine de Miséricorde.
Comme elle sera dans les siècles des siècles. 

____________________

Ce soir, à la Chapelle de Bourgenay aussi, la cloche sonnera, pendant 10 minutes, à partir de 19h30, comme dans toutes les églises de France, pour manifester notre fraternité et notre espoir commun.
Comme les évêques nous y invitent, nous pourrons alors ouvrir notre Bible (ou notre ordinateur) et lire, seul ou en famille, le récit de l'Annonciation, dans l'Evangile selon saint Luc, chapître 1, versets 26 à 38.
Jésus, par Marie, guéris-nous ! Merci !

mardi 24 mars 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2312 : Où est Dieu ?

Plusieurs personnes m'ont fait part de leur effroi face une procession de cercueils en Italie, au décès de plusieurs médecins en France, à ces 20 résidents âgés d'un Ehpad des Vosges décédées du coronavirus. Et chacun alors, au fond de son coeur de se demander : "Mais enfin, qu'est-ce qui se passe ?  A-t-on mérité cela ?  Ces médecins qui se dévouaient pour leurs malades, ces personnes âgées parties sans que l'on ait pu les accompagner comme on l'aurait aimé... Et pourtant, on a prié !  On a même supplié le Seigneur d'arrêter ce mal ; mais on dirait qu'il ne nous a pas entendus...

Cela m'a fait penser à cette scène que décrit Elie Wiesel dans son ouvrage, "La Nuit". Alors qu'il se trouvait dans un camp d'extermination en Pologne, Elie est contraint, avec ses co-détenus, à assister régulièrement à des exécutions. Les SS forcent les détenus à défiler devant les condamnés qui viennent d'être pendus et à les regarder.  Un jour, parmi ces condamnés se trouve un garçon de 12 ans. Trop léger pour mourir sur le coup, il agonise plus d'une demi-heure au bout de la corde.

"Et nous devions le regarder bien en face. Il était encore vivant lorsque je passais devant lui.  Sa langue était encore rouge, ses yeux pas encore éteints.  Derrière moi, j'entendis un détenu demander : "Où donc est Dieu ?"  Et je sentais en moi une voix qui lui répondait : "Où il est ? - Le voici : il est pendu, ici, à ce gibet..."

Où donc est Dieu ?  Tant d'années après Auschwitz, aujourd'hui, la réponse à cette question continue de hanter bien des consciences.  Dieu était-il là, comme l'a écrit Elie Wiesel, en train de mourir au bout d'une corde ?  Etait-il présent mais impuissant ?  Etait-il absent ? Indifférent ?  Dieu, en effet, n'est-il pas censé être bon ?  Certains vont même jusqu'à affirmer que Dieu veut punir notre humanité qui s'est détournée de lui !!!  Tandis que d'autres alors cessent définitivement de croire en lui...

Faut-il donc mettre tous les malheurs, toutes les injustices du monde sur le dos de Dieu ?  Serions-nous alors des irresponsables ?  Que pouvait faire Dieu contre la barbarie nazie, sinon appuyer de sa force tant d'hommes et de femmes, trop peu nombreux pourtant, qui se sont élevés contre ce grand mal, fruit de la méchanceté humaine, et non d'une volonté de Dieu.

Est-ce la faute de Dieu si l'humanité a saccagé la planète, et n'a pas su respecter la création que Dieu lui avait offert de gérer. Rejeter sur Dieu l'origine du mal qui nous accable, ce serait renier notre responsabilité d'hommes et de femmes face à un tel échec.

Dieu est-il absent ?  Non !  Nous le reconnaissons à travers tout ce qui est en train de renaître au milieu des décombres produits par ce diabolique virus. A travers les innombrables gestes de solidarité, de sacrifice comme celui de ces médecins, de fraternité, de renouveau dont nous sommes les témoins, sur toute la surface de la terre.

Comme nous aimons le chanter, les yeux parfois perlés de larmes :
                            "Victoire, tu règneras, ô Croix, tu nous sauveras !"

lundi 23 mars 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2311 : Avec de la boue (!!!), Jésus a ouvert les yeux de l'aveugle... Le combat contre le virus

Incroyable, cette scène d'Evangile que, confinés, nous avons méditée, mais en communion avec les chrétiens de la terre entière, en ce dimanche 22 mars !  Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais, le 13 mars dernier, dans le billet n° 2300 intitulé "Jésus face au coronavirus", je m'étais permis de dire que, si Jésus, aujourd'hui, était pris en train de déposer sur les yeux d'un aveugle le peu ragoûtant mélange de sa salive avec de la terre, c'était l'envoi en taule immédiatement !

Mais, ne faisons pas d'anachronisme : autre temps, autres moeurs... En tout cas, ce qui crève les yeux aujourd'hui - excusez-moi d'utiliser une expression aussi crue - c'est bien le fait que cette boue qu'est le virus est en train de nous obliger à ouvrir enfin nos yeux malades, obstrués depuis notre naissance, sur la vraie réalité de notre vie, sur notre destin !

Que se passe-t-il en effet, depuis seulement huit jours ?  Il semblerait qu'une certaine guérison est en train de s'enclencher tous azimuts ; des signes étonnants apparaissent et se multiplient. Je vais en citer quelques-uns :

-  ce matin, je vais acheter du poisson pour mon repas de midi ; nous sommes plusieurs à faire la queue, à distance respectable. D'habitude, personne ne se parle, mais là, les choses ont changé. Parfois, nos yeux sont encore un peu fermés, et l'on ne voit en l'autre, à un mètre de nous, non pas une soeur ou un frère, mais seulement une personne risquant de nous contaminer... Ce matin, le regard était autre !

-  j'ai bien dit que des yeux s'ouvrent tous azimuts. Le regard mutuel entre Poutine et le reste de l'Europe n'est pas des plus bienveillants (bien-voyants...). Hier pourtant, Vladimir Poutine a annoncé que Moscou allait dépêcher en Italie "des spécialistes pour apporter une assistance pratique et envoyer des moyens de protection et des systèmes mobiles pour la désinfection par aérosol des transports et équipements médicaux."  Tiens, tiens, ça bouge, ça s'ouvre, ça se relie !  Et les nations ouvrent les yeux les unes sur les autres ; j'entendais avec joie sur RTL ce matin égrener la liste des pays très divers envoyant une aide à l'Italie, dont ceux-ci : la Chine, Cuba, la Turquie, l'Inde, le Vénézuela, l'Egypte... Incroyable !!!

-  à la caisse de Super U, j'avoue que j'ai moi-même changé mon regard sur ces personnes qui nous servent ! Mercredi, le temps que je passe mes achats, la caissière nous a raconté la difficulté de son quotidien à présent. A l'avenir, je crois que je ne regarderai plus ces travailleuses d'un oeil indifférent ou distant.

-  une personne âgée m'a appelé hier soir au téléphone et m'a dit ceci : "Moi, le confinement, je connais ; je vis seule, et je n'ai pas de famille, pas de coups de téléphone ou très rarement. Mais, depuis huit jours, plusieurs personnes m'ont appelée, et m'ont demandé comment j'allais, comment je vivais la situation, si j'avais besoin d'une aide pour les achats... Il y a quelque chose qui a changé." Là encore, un nouveau regard est en train de s'affiner !

On en arrive à ce paradoxe que, avec un peu de boue nauséabonde, Jésus a pu guérir les yeux de l'aveugle-né. Et que, par l'entremise pourtant maléfique de ce virus, l'humanité est en train d'ouvrir les yeux et de regarder les autres, de considérer son mode de vie autrement !  Ne s'agit-il pas là d'une nouvelle création, dans laquelle, croyants et non croyants voient guérir enfin leurs yeux de chair et les yeux de leur coeur.

Comme notre espoir humain et notre foi chrétienne nous invite à le croire : le virus n'aura pas le dernier mot, notre aveuglement ne sera pas infini. Jésus a dit en effet à l'aveugle-né, et il nous le redit aujourd'hui : "Je suis venu en ce monde afin que ceux qui ne voient pas puissent voir." (Jean 9/39)  Et cela, malgré le virus, et bousculé par lui, c'est ce qui se passe aujourd'hui !

dimanche 22 mars 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2310 : "On n'a pas pu recevoir l'Eucharistie ce dimanche..."

Merci à notre paroissienne Jennifer, Anglaise habitant à Angles, qui m'a transmis ce dimanche cette belle prière :

Pour prier en période de jeûne eucharistique


Seigneur Jésus, me voici devant toi.
Tu es présent dans le Saint Sacrement.
Puisque je ne peux te recevoir lors de la célébration de l’eucharistie, je viens vivre avec toi une communion spirituelle.

Nous vivons ce temps liturgique du carême de manière particulière. 

Je te confie les personnes malades, âgées, fragiles et celles qui les soignent.

Nous n’avions pas imaginé que le jeûne de notre carême porterait sur la célébration de la messe.

Que ce jeune eucharistique nous fasse communier aux souffrances de ce monde, partout où il y a des persécutions, des maladies qui font obstacles à la vie sacramentelle.

Que ce jeûne du carême me fasse comprendre l’importance de l’eucharistie, le don total de ton amour pour nous.

Que ce jeûne sacramentel creuse ma faim de te recevoir dans l’eucharistie et m’invite à prier pour les prêtres et pour les vocations.

Viens Seigneur nous visiter.
Nous te présentons nos angoisses, nos peurs, nos doutes, mais aussi ces actes de charité dont nous sommes capables en ces temps difficiles.

Nous avons confiance en Toi qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.
Viens par ta grâce nous fortifier dans les épreuves. Amen.

                                                                                            Mgr Nicolas SOUCHU

                                                                                                     évêque d’Aire et Dax
________________

Je joins à cette prière un petit mot de François Bidaud, curé de Fontenay-le-Comte et autres lieux :

  2° dimanche sans se retrouver mais vous étiez invités à privilégier la messe du Jour du Seigneur sur France 2 à 11h. Dimanche dernier, le taux d'audience a dépassé Turbo sur M6 ( émission sur les voitures) et Téléfoot sur TF1 : exploit renouvelable ! Communion avec tant d'habitués confinés spectateurs du Jour du Seigneur.

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2309 : "Seigneur, nous irons au désert avec toi..."

Sur les paroisses de Talmont et Jard-sur-Mer, ce cantique est l'un de ceux qui ont été retenus pour ce temps de Carême. Sur une superbe musique composée par ce grand artiste qu'était le jésuite Joseph Gélineau, c'était paisiblement que, jusqu'ici, ce chant accompagnait nos temps de prière de Carême : oui, on partait chaque année au désert, à cette époque, et c'était un désert assez paisible en général. Mais cette année, ce cantique prend un tout autre sens, car le désert, sans l'avoir recherché ainsi, et tout à fait malgré nous, matériellement, spirituellement, nous y sommes vraiment.

C'est clair : à la lumière de ce que nous vivons, les couplets de ce chant prennent tout à coup un tout autre sens, bien plus criant de vérité !  Par exemple, comme elle sonne juste, cette 1° phrase du 2° couplet : "Seigneur, nous irons au désert pour guérir..., et tu guériras notre mal..."  C'est un acte de foi !  Et ce constat : "Et nous fêterons notre Pâque au désert."  C'est bien en effet sans doute ce qui risque de nous arriver, car le confinement va se prolonger... "Nous vivrons le désert avec toi."  Jusqu'ici, je n'avais jamais réalisé combien étaient justes les paroles de ce chant !

Notre évêque, Mgr François Jacolin, qui a dû quelque temps rester confiné dans son évêché à son récent retour de Rome au Vatican, vient de publier le 19 mars un "Message aux Catholiques de Vendée" qui commence ainsi : "En ce Carême 2020, le Seigneur nous entraîne dans le désert. Il renouvelle d'une façon inattendue aujourd'hui ce qu'il avait entrepris pour son peuple à la sortie d'Egypte."  Et de citer ce texte, tiré du livre du Deutéronome 8, 2.5-6  :

"Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant 40 années dans le désert.  Le Seigneur ton Dieu te l'a imposée pour te faire passer par la pauvreté.  Il voulait t'éprouver et savoir ce que tu as dans le coeur : allais-tu garder ses commandements, oui ou non ?... Tu le sauras dans ton coeur : comme un homme éduque son fils, ainsi le Seigneur ton Dieu fait ton éducation.  Tu garderas les commandements du Seigneur ton Dieu, pour marcher sur ses chemins et pour le respecter."

Puis, notre évêque nous donne toute une série de pistes intéressantes pour permettre que cette fin de Carême porte tous ses fruits :
-  le jeûne des relations, compensé par les coups de fil ou mails aux personnes malades ou isolées.
-  le jeûne eucharistique compensé par la communion spirituelle, de désir.
-  le suivi des messes, chapelet de Lourdes, offices, avec KTO.
-  la découverte peut-être de temps de prière en famille chaque jour, avec un petit coin-prière autour d'une icône, d'une bougie.
-  le suivi sérieux des consignes de confinement.
-  se proposer au besoin pour faire les courses d'une personne en difficulté.
-  avoir pour nos proches patience, bienveillance et respect.
-  prendre le temps de lire les textes du jour et d'y réfléchir, seul ou en famille.
-  se donner le temps de faire le point sur ce qui devrait changer dans notre façon de vivre, et sur le sens profond et les appels ressentis par rapport à ce que nous vivons.

"Seigneur, nous irons au désert pour prier,
poussés comme toi par l'Esprit.
Et nous goûterons le silence de Dieu,
Et nous renaîtrons dans la joie.
Et nous fêterons notre Pâque au désert : 
Nous irons dans la force de Dieu." 

Portons aussi dans notre prière, avec les soignants, les malades et les personnes décédées du coronavirus, dont par exemple plus de 30 prêtres en Italie !

samedi 21 mars 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2308 : "Les coïncidences harmonieuses" entre les méditations d'un lama bouddhiste et d'un prêtre vendéen

Quand je vous disais que Thrinlé et moi, nous étions comme deux frères, en voici un exemple étonnant !
Hier, avant de publier le billet comportant le poème de Thrinlé, je le lui avais envoyé, pour le lui faire contrôler ou corriger au besoin.
Et en retour, voici le message qu'il m'envoie ce matin, sous le titre : "les coïncidences harmonieuses".
En effet, et c'est tout à fait surprenant, sans que nous ne nous soyons donnés le mot, il avait lui-même rédigé un message faisant référence au même article que moi hier dans "Ouest-France", signé par Laurence Tubiana...


----- Message transmis -----
De : Jigmé Thrinlé Gyatso 
À : Gaignet Olivier
Envoyé : samedi 21 mars 2020 à 10:32:08 UTC+1
Objet : Re: article publié ce matin ! Les coïncidences harmonieuses...

L'article du Ouest-France dont voici le lien internet ci-dessous, montre le lien entre la pandémie actuelle et notre mode de vie, l'occupation grandissante du territoire par l'espèce humaine, la pollution que nous produisons, etc. 
https://www.ouest-france.fr/…/entretien-laurence-tubiana-le…
L'enseignement du Bouddha et les Maîtres bouddhistes contemporains expliquent aussi que la manière non respectueuse et dominatrice dont notre espèce humaine se comporte vis-à-vis des autres espèces animales et végétales d'une part, et vis-à-vis des éléments terre, eau, feu, air et espace d'autre part, est à l'origine de ce qui nous arrive aujourd'hui. 
La philosophie bouddhiste nous invite à chercher l'origine même de la manière dont nous nous comportons. Cette origine est double : du domaine des émotions et du domaine de l'ignorance (absence de connaissance). Les émotions perturbatrices sont l'avidité, le désir ou la soif, l'attachement, l'avarice, la colère, la haine, la jalousie, l'orgueil, le doute... L'origine des émotions (liées à l'attraction ou à l'aversion) est l'ignorance de notre nature véritable et de la nature de toute chose, ou absence de connaissance de l'absence d'un soi personnel absolu (ego, ou existence absolue) et de l'absence de soi (ou existence réelle ou absolue) des phénomènes. 
Le chemin proposé est donc de cultiver (ou méditer) la paix intérieure pour remédier aux émotions perturbatrices, et de cultiver (ou méditer) la vision pénétrante pour remédier à l'ignorance. 
C'est notre "écologie" spirituelle ou intérieure qui permettra l'éclosion d'une véritable écologie extérieure.
Lama Jigmé Thrinlé Gyatso
Voici un de mes poèmes, extrait du recueil "À l'estuaire du monde" (publié en 2019 aux éditions de l'Astronome), qui se rapporte à ce même sujet et que le Père Olivier Gaignet vient fraternellement de publier sur son blog. C'est lui qui m'a donné l'idée d'ajouter ici ce poème.

(suit alors ici ce même poème que j'avais cité hier sur mon blog !!!)
Cet enseignement tiré du bouddhisme est à méditer ! 

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2307 : "C'est au coeur de l'homme que la nature enseigne l'humilité de l'humanité." (Thrinlé, moine bouddhiste)

Les habitués de ce blog connaissent bien le lama Thrinlé, moine bouddhiste, de même que ceux qui participent aux rencontres interreligieuses organisées très régulièrement sur Les Sables d'Olonne, par l'association "Dialogue pour la Paix".

Avec Thrinlé, cela fait plus de 20 ans que nous nous connaissons, dialoguons, témoignons ensemble ; jadis, nous avions programmé notre première intervention publique commune le 28 septembre 2000, sur le thème : "A la recherche de l'Absolu".  Aujourd'hui, j'aimerais partager avec vous quelques-unes de ses réflexions, tout à fait en lien avec la difficile période que nous traversons.

Pour info, Thrinlé, moine appartenant au bouddhisme tibétain, président en ce sens de Drukpa Vendée, est aussi un artiste reconnu. Excellent pianiste, c'est également un poète. Parmi les recueils de poésies qu'il a publiés, je vous recommande particulièrement "A l'estuaire du monde", illustré par une de ses amies, Dominique Malardé et publié en 2019 aux Editions de l'Astronome.

Hier vendredi, en page 3 de "Ouest-France", l'économiste Florence Tubiana, directrice de la fondation européenne du climat, faisait ressortir le lien étroit entre la crise que nous traversons et notre manque de respect le plus élémentaire par rapport à notre environnement naturel : "il est important de rappeler que le Covid-19 est une zoonose, une maladie issue du monde animal. Sa propagation a été rendue possible par nos modes de vie.  L'extension de l'habitat humain, par la déforestation, l'artificialisation des sols, provoque de plus en plus d'interactions entre l'espèce humaine et le monde sauvage ; 31% des épidémies telles que les virus Ebola, Zika et Nipah sont liées à la déforestation..."

Thrinlé, dans le poème que - avec son autorisation - je vous transmets, poème rédigé bien avant la crise du Covid-19, nous interpellait déjà, de façon magistrale et visionnaire, quant à ce risque fondamental d'une rupture de l'humanité avec son environnement naturel !

"Plus qu'à la terre
c'est aux concepts
que le monde est rivé

et ses pensées 
se font solides
tellement solides

visage bronzé
mais esprit blême
mental a-coeuré

l'homme n'a plus ni l'air
ni la mer ni la terre ni le feu
ni rien de la nature au coeur

pourtant la nature
accueille l'homme
en son sein

la nature accueille l'homme
sans l'accueillir et l'homme
s'en sépare en s'y imposant

l'homme n'a de cesse
de vouloir   vouloir
et vouloir encore

l'homme n'a de cesse de vouloir
machiner la nature et machiner
sa propre nature d'homme

mais la nature demeure
grand maelström
et l'homme passe

l'homme passe et s'enlise
dans le maelström confus
de ses pensées et envies

pourtant l'accord et l'harmonie
et l'union même sont possibles
quand l'homme y va de tout coeur

c'est au coeur de la nature que l'homme
est apparu et c'est au coeur de l'homme
que la nature enseigne l'humilité de l'humanité

c'est au coeur de la nature que l'homme
est apparu et c'est au coeur de l'homme
que la nature de toutes choses réside

résidence sans résidence
le coeur profond est sans fond ni base
et c'est là que résident la vérité et l'amour"

Un dernier message à méditer : celui du Tunisien Najeh Jegham, maître de conférence en littérature arabe à l'université de Nantes, de culture musulmane. Voici la conclusion de la préface qu'il a rédigée pour ce recueil de poèmes :

"Nous devons remercier le poète pour ce recueil ; car, dans ce moment historique qui est le nôtre, dans lequel se multiplient les murs et l'air se trouve dangereusement pollué, nous avons tellement besoin de pareille conscience capable de nous permettre de réorganiser les choses et de récupérer notre équilibre afin de sortir du labyrinthe de la fermeture et gagner l'ouverture par laquelle nous participons, avec confiance et responsabilité, à l'estuaire du monde".



 


vendredi 20 mars 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2306 : Proverbe brésilien : "L'espoir est le dernier à mourir" (belle illustration chez nos frères et soeurs italiens)

Merci à Rollane qui m'a fait parvenir hier le témoignage d'une religieuse de Milan, suor Olivia.
Bravo à Olivia et à l'Italie pour ce si beau message de victoire de la Vie sur toutes les morts ! 

"La SPERANZA"    [L'Espérance]

 La Speranza en Italie ces jours-ci, c’est le ciel d’un bleu dépollué et provocant, c’est le soleil qui brille obstinément sur les rues désertes, et qui s’introduit en riant dans ces maisonnées qui apprennent à redevenir
familles.

 La Speranza, ce sont ces post-it anonymes par centaines qui ont commencé à couvrir les devantures fermées des magasins, pour encourager tous ces petits commerçants au futur sombre, à Bergame d’abord, puis, comme une onde d’espérance - virale elle aussi - en Lombardie, avant de gagner toute l’Italie : « Tutto andrà bene.» [tout ira bien]  Et comment ne pas penser à ces paroles de Jésus à la bienheureuse Soeur Julienne de Norwich : « ...ma tutto sarà bene e tutto finirà bene» [mais tout ira bien, tout finira bien] ?

La Speranza, c’est la vie qui est plus forte et le printemps qui oublie de porter le deuil et la peur, et avance inexorablement, faisant verdir les arbres et chanter les oiseaux.

La Speranza, ce sont tous ces professeurs exemplaires qui doivent en quelques jours s’improviser créateurs et réinventer l’école, et se plient en huit pour affronter avec courage leurs cours à préparer, les leçons online et les corrections à distance, tout en préparant le déjeuner, avec deux ou trois enfants dans les pattes.

 La Speranza, tous ces jeunes, qui après les premiers jours d’inconscience et d’insouciance, d’euphorie pour des « vacances » inespérées, retrouvent le sens de la responsabilité, et dont on découvre qu’ils savent être graves et civiques quand il le faut, sans jamais perdre créativité et sens de l’humour : et voilà que chaque soir à 18h, il y aura un flashmob pour tous..., un flashmob particulier. Chacun chez soi, depuis sa fenêtre... et la ville entendra résonner l’hymne italien, depuis tous les foyers, puis les autres soirs une chanson populaire, chantée à l’unisson. Parce que les moments graves unissent.

La Speranza, tous ces parents qui redoublent d’ingéniosité et de créativité pour inventer de nouveaux jeux à faire en famille, et ces initiatives de réserver des moments « mobile-free » pour tous, pour que les écrans ne
volent pas aux foyers tout ce Kairos [temps] qui leur est offert.

La Speranza - après un premier temps d’explosion des instincts les plus primaires de survie (courses frénétiques au supermarché, ruée sur les masques et désinfectants, exode dans la nuit vers le sud...) - ce sont aussi les étudiants qui, au milieu de tout ça, ont gardé calme, responsabilité et civisme..., qui ont eu le courage de rester à Milan, loin de leurs familles, pour protéger leurs régions plus vulnérables, la Calabre, la Sicile..., mais surtout, qui résistent encore à cet autre instinct primaire de condamner et de montrer du doigt pleins de rage ou d’envie, ceux qui n’ont pas eu la force de se voir un mois isolés, loin de leur famille, et qui ont fui.

La Speranza, c’est ce policier qui, lors des contrôles des «auto-certificats », tombant sur celui d’une infirmière qui enchaîne les tours et retourne au front, s’incline devant elle, ému : « Massimo rispetto » [Mon plus grand respect].

Et la Speranza bien sûr, elle est toute concentrée dans cette « camicia verde » [blouse verte] des médecins et le dévouement de tout le personnel sanitaire, qui s’épuisent dans les hôpitaux débordés, et continuent le combat. Et tous de les considérer ces jours-ci comme les véritables « anges de la Patrie ».

Mais la Speranza, c’est aussi une vie qui commence au milieu de la tourmente, ma petite sœur qui, en plein naufrage de la Bourse, met au monde un petit Noé à deux pays d’ici, tandis que tout le monde se replie dans son Arche, pour la « survie », non pas des espèces cette fois-ci, mais des plus vulnérables.

Et voilà, la Speranza, par-dessus tout, ce sont ces pays riches et productifs, d’une Europe que l’on croyait si facilement disposée à se débarrasser de ses vieux, que l’on pensait cynique face à l’euthanasie des plus «précaires de la santé »..., les voilà ces pays qui, tout d’un coup, défendent la vie, les plus fragiles, les moins productifs, les «encombrants » et lourds pour le système-roi, avec le fameux problème des retraites...
Et voilà notre économie à genoux ! À genoux au chevet des plus vieux et des plus vulnérables. Tout un pays qui s’arrête, pour eux...

Et en ce Carême particulier, un plan de route nouveau : traverser le désert, prier et redécouvrir la faim eucharistique. Vivre ce que vivent des milliers de chrétiens de par le monde. Retrouver l’émerveillement. Sortir de nos routines...Et, dans ce brouillard total, naviguer à vue, réapprendre la confiance, la vraie. S’abandonner à la Providence. Et apprendre à s’arrêter aussi. Car il fallait un minuscule virus, invisible, dérisoire, et qui nous rit au nez, pour freiner notre course folle.

Et au bout, l’Espérance de Pâques, la victoire de la Vie à la fin de ce long Carême, qui sera aussi explosion d’étreintes retrouvées, de gestes d’affection et d’une communion longtemps espérée, après un long jeûne.
Et l’on pourra dire avec saint François d'Assise : « Loué sois-Tu, ô Seigneur, pour fratello [frère] Coronavirus, qui nous a réappris l’humilité, la valeur de la vie et la communion ! ».
"N'ayez pas peur", nous dit Jésus !   "Courage, Moi, j’ai vaincu le monde !" (Jean 16, 33)
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Peut-être trouvera-t-on naïf, inconscient ou irréaliste le témoignage de cette religieuse...
Ecoutons alors Charles Péguy, comme un correspondant, Benjamin, m'y a invité hier : "La Foi que j'aime le mieux, dit Dieu, c'est l'Espérance !" 




jeudi 19 mars 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2305 : Magnifique message de la paroisse de Fontenay, pour la St Joseph

François Bidaud, mon successeur comme curé de la paroisse de Fontenay-le-Comte et autres lieux, vient de mettre sur le Net ce magnifique message, si adapté à ce que nous vivons.
Je me fais un plaisir de vous le transmettre.
Avec au passage toutes mes amitiés aux anciens paroissiens que j'ai eu le bonheur d'accompagner.
Et un très grand merci à François et à toutes et tous !



Bonne fête à tous les Joseph !   Vous en connaissez sûrement !

St Joseph est aussi l'époux chaste. Cette vertu de chasteté ne vise pas d'abord l'absence de relations charnelles, mais elle est pour chacun la capacité d'établir des relations à bonne distance pour laisser l'autre exister sans l'étouffer et sans indifférence ! Belle vertu pour ce temps d'épreuve où il faut consentir à mettre de la distance physique, y compris avec les lieux (églises), les sacrements que nous aimons recevoir.

J'ai décidé, en concertation avec François  (2 comme vous dites) et Patrick (les autres prêtres), de fermer les églises pour éviter de vous tenter à franchir les bornes des gestes-barrières en vous retrouvant.

RESTEZ CHEZ VOUS !  C'est le lieu de l'expérience spirituelle, comme la Sainte Famille, petite église à la maison (ecclesiola) : c'est là aujourd'hui le lieu de notre sanctification, en plein carême, en plein désert, éprouvant faim et soif ... et découvrant comment les paroisses s'édifient même à distance...

Voilà le texte du répons de la prière des Laudes : "Le juste vit de la foi au Dieu Fidèle. Le juste jamais ne chancelle : le coeur ferme, il se fie au Seigneur. Son coeur est assuré, il ne craint pas : il se lève, lumière des coeurs droits".

Une messe sera célébrée à 11h30 à la Maison paroissiale. Vous pouvez vous unir d'intentions. Si vous risquez d'oublier, faites sonner votre réveil 10 mn avant...

Mgr Aupetit, archevêque de Paris, a proposé cette prière à ses prêtres pour diffusion. Je vous la fais passer en ce jour de la St Joseph :

"Saint Joseph, Homme juste par ta foi, tu as été trouvé digne de recevoir la garde des mystères du Salut.
Toi qui as su prendre soin de la Vierge Marie, et écarter d’elle tout danger, tu t’es fait protecteur du Christ-Seigneur, dans la vulnérabilité de son enfance. Vivante image de la tendresse de Dieu, modèle d’époux et de père, tu es le gardien vigilant de l’Église, le soutien et le consolateur des familles.
Nous te le demandons avec confiance : daigne implorer pour nous la miséricorde de Dieu en ce temps d’épidémie que nous connaissons, afin que le Seigneur écarte de nous le mal.
Intercède pour ceux qui sont morts, réconforte les malades, protège et inspire ceux qui les soignent.
Accorde-nous de demeurer dans la confiance et la paix, et fais que nos cœurs ne se ferment pas aux besoins de nos frères, mais demeurent ouverts à la détresse des hommes, dans un amour de plus en plus sincère et fraternel.
Saint Joseph, prie pour nous, garde-nous, protège-nous.
Amen."


mercredi 18 mars 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2304 : "Le pire n'est pas toujours sûr." (Paul Claudel)

Jadis au séminaire, nous avons eu cette chance, en philo, qu'un professeur nous fasse connaître cette pièce magnifique de Paul Claudel (1929) : "Le Soulier de satin", dont le titre complet est : "Le Soulier de satin ou le pire n'est pas toujours sûr".  Vous comprenez tout de suite qu'avec un tel titre, je vais encore aborder la question du coronavirus... Surtout que, dans cette fresque théâtrale qui se développe sur quatre journées, au début du 1° jour, Claudel annonce : "La scène de ce drame est le monde."  En effet, cette pièce a pour scène le globe terrestre tout entier ; elle se passe à l'âge d'or espagnol ; on y retrouve du burlesque et des déchirements, du mystique et du tragique. Je cite "Télérama" : "C'est à la fois le récit d'un amour fou et un regard profond sur les dérives d'alors de l'Europe ; avec le fracas du monde, son chaos, la chute des individus broyés par des systèmes qui les dépassent ; et cela, au risque d'égarer le public, perdu dans le foisonnement des propos, des paroles, des images. "Mais au fond - conclut "Télérama", et cette conclusion pourrait bien rejoindre nos questions d'aujourd'hui - nul ne sait ordonner le chaos ; le pire est sans doute à venir".
Attention !  Je n'ai pas du tout envie de vous faire peur, et encore moins de suggérer que ce que nous vivons va mal finir !  Mon but est seulement de nous aider à prendre de la distance, en vous faisant partager les incertitudes de la crise mondiale qui a profondément impacté l'Europe entière, au moment de l'âge d'or espagnol, mais peut-être bien plus encore, de l'autre côté de l'Atlantique, les peuples premiers, blessés, méprisés, pillés, massacrés, décimés par le virus européen.
En fait, la crise que nous vivons n'est pas une crise de fin du monde.  Des crises, des terreurs, des  confinements, des malheurs semblant infinis, l'histoire entière en est remplie. Et chaque époque a dû assumer sa part de douleurs. Chaque fois aussi, des prophètes de malheur se sont répandus en fausses prophéties et en imprécations, annonçant que le châtiment divin nous menaçait.
Vous avez peut-être eu connaissance par exemple de cette info que m'a communiqué une de mes soeurs - et ce n'est pas une fake-news - selon laquelle, pour la ministre zimbabwéenne de la Défense, l'épidémie de coronavirus qui frappe l'Europe et les Etats-Unis est le signe d'une vengeance divine contre les pays qui sanctionnent le Zimbabwe. "Le coronavirus est l'oeuvre de Dieu qui punit les pays qui nous ont imposé des sanctions", a déclaré Mme Oppah Muchinguri, lors d'un rassemblement le 14 mars 2020 à Chinhoyi, dans le nord du pays. "Ils sont enfermés [confinés] chez eux. Leur économie souffre comme ils ont fait souffrir la  nôtre", s'est-elle emportée. "Ils doivent sentir les effets du coronavirus - a-t-elle insisté - pour comprendre notre douleur."
Ce n'est évidemment pas ainsi que l'on assume une crise !  Mais le pire peut être vaincu !  Car l'espoir, il réside en ces centaines de milliers, que dis-je, de millions d'humains, de tous les pays du monde, qui sont en train de découvrir qu'il faut apprendre à vivre, à aimer, à gouverner, à soigner, à partager, à réfléchir et, pour les croyants, à prier autrement !

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Vérifié par l'AFP, France infos et France télévision :
 https://mobile.francetvinfo.fr/monde/afrique/politique-africaine/au-zimbabwe-le-coronavirus-est-vu-comme-une-punition-de-dieu-contre-les-occidentaux_3869655.amp?__twitter_impression=true

mardi 17 mars 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2303 : Trente évêques confinés

Vendredi dernier, dans mon billet sur Jésus et le coronavirus, j'imaginais Jésus confiné chez lui, à Nazareth.
S'agissait-il d'un humour mal venu ? Une façon un peu trop cavalière de mettre en scène Jésus ? Jointe à un certain manque de respect ?  Je sais que cette pensée a effleuré certains lecteurs de ce blog qui - ils me l'ont fait savoir - se sont senti, un peu déstabilisés par la façon plutôt cavalière dont je semblais traiter Jésus et l'Evangile.
Or, qu'est-ce que j'apprends ?  Qu'une trentaine d'évêques de  France, dont celui de Luçon, qui se trouvaient la semaine dernière en visite à Rome auprès du pape François, étaient à présent confinés dans leurs évêchés, depuis leur retour en France.
Le vendredi 13 mars en effet, le jour même où je présentais Jésus le visage recouvert d'un masque, "de retour du Vatican, nous est-il expliqué dans "La Croix" de ce mardi, Mgr Delmas, évêque d'Angers, a été testé positif au Covid-19 et doit rester confiné, ainsi que les autres évêques qui l'accompagnaient. "Il a ressenti les premiers symptômes lors de son séjour à Rome, la semaine dernière", explique le diocèse dans un communiqué. L'évêque d'Angers est en repos, à l'isolement ; il suit les traitements prescrits.
Eh oui, de même que Jésus a partagé les peines et les misères de son peuple, les chrétiens, y compris les évêques, n'échappent pas aux souffrances qui marquent l'ensemble de l'humanité.  Ils ne sont pas au-dessus ni en-dehors, ils ne jouissent pas de privilèges spéciaux qui les feraient échapper aux fléaux de ce temps. Ils sont incarnés, et c'est tant mieux.
Et si trente évêques confinés, cela pouvait changer un petit quelque chose dans la façon de se situer de la hiérarchie épiscopale ?  Un évêque aussi peut être fragile, tomber malade, se sentir vulnérable et être atteint par le mal comme tout un chacun.  En conséquence, ne sera-t-il pas encore plus attentif ensuite aux blessés de la vie ?
Demain, ce sera peut-être moi, ou vous, à être touchés, atteints, affectés, confinés... Comment réagirons-nous ?  Ce qui se passe nous rappelle que,"selon que vous serez puissant ou misérable", pour reprendre l'expression de La Fontaine dans un autre contexte, vous serez tous embarqués dans la même aventure humaine, avec ses richesses et ses fragilités.
Etre confiné, cela rappelle ce que l'on nommait autrefois "être en quarantaine", "ce mot très chargé qui - comme l'explique encore "La Croix" - dans notre histoire, renvoie aux léproseries, aux établissements installés dans les ports de Méditerranée pour protéger de la peste ou du choléra."
Aujourd'hui, cela évoque bien sûr pour nous les 40 jours du Carême, qui nous sont offerts comme une sorte d'occasion pour une retraite spirituelle ; cette pause nous donnant enfin un peu de temps pour nous remettre face au Seigneur, aux autres et à nous-même.  Puissions-nous profiter à fond de ce temps qui nous est offert, même si la forme de ce carême n'avait pas été prévue ainsi !

lundi 16 mars 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2302 : 220 millions de malades du paludisme en 2017

Je ne voudrais pas jouer les Cassandre, ni minorer le risque du coronavirus, mais je me permets de signaler à votre attention ce que le journal "La Croix" de ce lundi 16 mars nous rappelle, avec pertinence, à savoir que d'autres maladies excessivement graves existent aussi sur cette terre ; même si nous les connaissons bien peu, car elles ne touchent pas notre pays et ne font pas de bruit.
Dans leur article très percutant, le Dr Dapa Diallo, ancien directeur d'un Centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose au Mali, ainsi que l'un de ses collègues médecins, écrivent ceci : "Le principe d'équité est mis à mal par l'apparente inégalité de traitements entre l'actuelle épidémie et d'autres fléaux, dont souffrent les pays à ressources très limitées comme ceux de l'Afrique subsaharienne. A ce jour, moins de 5000 morts dans le monde (6300 ce lundi 16/03/20, ndlr) sont imputables au Covi-19, essentiellement des personnes âgées ou fragiles. La drépanocytose et le paludisme causent, chaque année, respectivement la mort de plus de 100.000 et de plus de 400.000 personnes (surtout des enfants)."
Pour ceux qui ne le sauraient pas,  le paludisme, que l'on connaissait jadis sous le nom de "malaria", est une maladie infectieuse dûe à un parasite, propagée par la piqûre de certaines espèces de moustiques. Avec ses 220 millions de personnes malades et 435.000 décès en 2017, en Afrique, en Inde et ailleurs, le paludisme, qui affecte les êtres humains depuis plus de 50.000 ans, est considéré comme l'une des maladies les plus mortelles de l'histoire de l'humanité.
Pourquoi je vous raconte tout ça ?  Parce que, lorsque j'étais missionnaire au Mali, j'ai été moi-même touché par cette maladie. Nous voyions ce mal comme une espèce d'épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Pendant 9 ans, chaque jour, j'ai dû prendre un comprimé de nivaquine, dont on connaissait les effets secondaires (abîmant la vue, et...perturbant le cerveau !!!). Et les consignes des médecins, car on ne savait pas soigner convenablement ce mal, pour lequel l'on n'a toujours pas trouvé de vaccin, c'était de s'arrêter immédiatement quand on sentait venir une fatigue ou une petite fièvre. Il m'est ainsi arrivé, à diverses reprises, de clore précipitamment une célébration ou de m'absenter au beau milieu d'une réunion, pour aller m'allonger. Les Maliens comprenaient, étant eux-mêmes très nombreux à être touchés par cette maladie. Des missionnaires, des religieuses aussi en sont morts, ou restent sujets à des crises de palu qui les marquent jusqu'à la fin de leurs jours. J'ai ainsi enterré mon curé belge de la ville de Bamako, Gérard Tempère ; c'était pourtant une force de la nature.  Et peu de jours passaient sans qu'une famille ne nous apprenne le triste décès d'un enfant.
Difficile de prolonger ce billet, mais nous avons aussi vécu dans la psychose du choléra, surtout en 1981-82, quand une épidémie a ravagé le Mali, tuant de nombreuses personnes.  Il fallait alors se protéger de tous et de tout. La vie était suspendue !  Et l'on ne voyait aucune issue... Mais c'est là encore une autre histoire !
Je ne sais pas si, en Occident, l'on se rend compte à quel point tant d'autres peuples vivent accablés en permanence sous le joug et dans la peur des épidémies !!!

dimanche 15 mars 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2301 : Pour une société plus juste

Ce dimanche matin, au retour du vote, je lisais dans le bréviaire la lecture proposée pour ce jour, tirée du livre de l'Exode (22/20-30 et 23/1-9). Et c'est là que j'ai trouvé l'idée de ce billet "politique". Jugez-en aux extraits que je vous cite !  Je vous laisse faire le lien vous-même avec des réalités trop actuelles encore, malheureusement.  A en juger par exemple par la 1° comme la dernière phrase de ce texte, concernant l'accueil et le respect de l'étranger ;  paroles de Dieu seront lues et méditées aujourd'hui, de par le monde entier, par des centaines de milliers de prêtres, évêques, cardinaux, diacres, religieux-ses et laïcs consacrés.
Quel impact formidable tout cela pourrait avoir...

22/20  :  "Tu n'exploiteras ni n'opprimeras l'émigré, car vous avez été des émigrés au pays d'Egypte."

22/21  :  "Vous ne maltraiterez aucune veuve ni aucun orphelin.  Si tu le maltraites et s'il crie vers moi, j'entendrai son cri, ma colère s'enflammera."

22/24  :  "Si tu prêtes de l'argent à mon peuple, au malheureux qui est avec toi, tu n'agiras pas avec lui comme un usurier."

22/27  :  "Tu ne maudiras pas celui qui a une responsabilité dans ton peuple."

22/30  :  "Vous serez pour moi un peuple saint."

23/1    :  "Tu ne rapporteras pas de rumeur sans fondement."

23/2  :  "Tu ne suivras pas une majorité qui veut le mal."

23/7  :  "Tu te garderas de toute parole mensongère."

28/8  :  Tu n'accepteras pas de pot de vin, car le cadeau aveugle les clairvoyants et compromet la cause des justes."

23/9  :  "Tu n'opprimeras pas l'étranger."

Le lien avec nombre de faits actuels se passe de commentaire !!!
Voici le petit chapeau précédant ce texte de l'Exode dans notre livre de "La Liturgie des Heures", aussi appelé le bréviaire :
"Dès les plus lointaines origines, les lois formant le Code de l'Alliance nous montrent le souci de Dieu de faire de son peuple un peuple fraternel, vivant une charité véritable.  Leur portée déjà évangélique n'a certes pas toujours été pleinement vécue, et ne l'est toujours pas, l'histoire en témoigne..."





vendredi 13 mars 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2300 : Et si Jésus était là ? (ou, si vous préférez : Jésus face au coronavirus))

Ouais, d'accord, il n'est pas là !  Si oui, qui est-ce qui l'a vu, et où ça ?  Attention, on n'est plus en l'an 30 environ après son apparition-éclair en Palestine ; il ne faut pas faire d'anachronisme, ni le plaquer trop vite sur notre situation. Jésus et le coronavirus ?  Jésus invitant à fermer les églises pour éviter la propagation du mal ?  Jésus se promenant avec un masque sur le nez, et se tenant à distance respectable (?), à un mètre au moins de ses frères et soeurs humains ?  Jésus peut-être attrapant lui-même le virus ?  Cela pourrait faire le sujet d'une série un peu loufoque pour la télé...
Mais il faudrait éliminer pas mal de scènes !  Interdiction de cracher par terre par exemple, comme il est expliqué que Jésus l'a fait, lisez Jean 9/6.  En temps ordinaire, à Singapour, on vous flanque une amende de 420 € pour un tel méfait ! Mais alors, si en plus, nous dit Jean, "il fit de la boue avec la salive et l'appliqua sur les yeux de l'aveugle", là, c'est la taule, directement... Surtout avec l'épidémie en cours actuellement.
Et lui qui était sur les routes tous les jours, aujourd'hui, il lui serait conseillé de rester à la maison, à l'atelier, avec papa et maman ; et à limiter ses sorties... Sauf peut-être pour aller faire réparer en urgence tel ou tel outil chez le forgeron du coin !
Jésus, lui qui  était suivi sans cesse d'une foule d'hommes et de femmes buvant ses paroles, devrait-il à présent les renvoyer chez eux, comme les disciples souhaitaient qu'il le fasse un certain soir, dans un endroit un peu éloigné où il n'aurait rien dû se passer ?  Vous vous rappelez l'histoire ?  Marc 6/36...
Je me suis même laissé dire que Jésus embrassait les enfants !  (Marc 10/16)  Vous vous rendez compte ?  Mais il ne pourrait pas le faire aujourd'hui... Surtout que le président a bien rappelé hier soir que les bisous étaient strictement interdits ; je ne sais pas ce qu'en aurait pensé Jésus !!!
N'y avait-il pas aussi un risque grave de contagion, quand, je cite Luc 7/37-38, "une femme qui était pécheresse [contaminée par le virus du mal] se mit à baigner de ses larmes les pieds de Jésus ; elle les essuyait de ses cheveux et les couvrait de baisers."  Vous en conviendrez, il y a eu là une suite de gestes très regrettables, chacun pouvant en effet porter un préjudice grave, pour des raisons évidentes d'hygiène, à la santé si précieuse de Jésus...
Mais, dans la même foulée, le pire, c'est peut-être quand Jésus se laisse aborder par une femme contaminée, atteinte d'au moins 5 maux, tous plus graves les uns que les autres. Vous vous rendez compte ?  1°, c'est une femme, ce qui déjà, dans les affaires de religion, mais c'est encore la même chose de nos jours, était considéré comme un énorme obstacle pour être digne de s'approcher de Dieu.  2°, c'est une étrangère ; et on sait bien que les étrangers, par exemple, ces réfugiés que l'on n'accepte qu'à contre-coeur au milieu de nous, ne peuvent nous apporter que des misères.  3°, c'est une Samaritaine, c'est-à-dire, une ennemie traditionnelle du peuple juif.  4°, c'est une hérétique, qui vivait hors de la vraie religion.  Et enfin, 5°, elle en était seulement à son 6° mari. (Jean 4/5-42)
Dimanche prochain, si, avant que je n'aille voter, on me laisse célébrer, ce qui n'est pas certain, vu que j'ai largement dépassé les 70 ans, je crois bien qu'en commentant cet évangile, je ferai un petit lien avec le coronavirus !
Et Jésus sera là, tout à fait à l'aise, au milieu de l'assemblée ; tout comme il est présent au plus profond du corps et du coeur de chacun, en tout temps et en tout lieu ! C'est lui , le Sauveur !