Jadis au séminaire, nous avons eu cette chance, en philo, qu'un professeur nous fasse connaître cette pièce magnifique de Paul Claudel (1929) : "Le Soulier de satin", dont le titre complet est : "Le Soulier de satin ou le pire n'est pas toujours sûr". Vous comprenez tout de suite qu'avec un tel titre, je vais encore aborder la question du coronavirus... Surtout que, dans cette fresque théâtrale qui se développe sur quatre journées, au début du 1° jour, Claudel annonce : "La scène de ce drame est le monde." En effet, cette pièce a pour scène le globe terrestre tout entier ; elle se passe à l'âge d'or espagnol ; on y retrouve du burlesque et des déchirements, du mystique et du tragique. Je cite "Télérama" : "C'est à la fois le récit d'un amour fou et un regard profond sur les dérives d'alors de l'Europe ; avec le fracas du monde, son chaos, la chute des individus broyés par des systèmes qui les dépassent ; et cela, au risque d'égarer le public, perdu dans le foisonnement des propos, des paroles, des images. "Mais au fond - conclut "Télérama", et cette conclusion pourrait bien rejoindre nos questions d'aujourd'hui - nul ne sait ordonner le chaos ; le pire est sans doute à venir".
Attention ! Je n'ai pas du tout envie de vous faire peur, et encore moins de suggérer que ce que nous vivons va mal finir ! Mon but est seulement de nous aider à prendre de la distance, en vous faisant partager les incertitudes de la crise mondiale qui a profondément impacté l'Europe entière, au moment de l'âge d'or espagnol, mais peut-être bien plus encore, de l'autre côté de l'Atlantique, les peuples premiers, blessés, méprisés, pillés, massacrés, décimés par le virus européen.
En fait, la crise que nous vivons n'est pas une crise de fin du monde. Des crises, des terreurs, des confinements, des malheurs semblant infinis, l'histoire entière en est remplie. Et chaque époque a dû assumer sa part de douleurs. Chaque fois aussi, des prophètes de malheur se sont répandus en fausses prophéties et en imprécations, annonçant que le châtiment divin nous menaçait.
Vous avez peut-être eu connaissance par exemple de cette info que m'a communiqué une de mes soeurs - et ce n'est pas une fake-news - selon laquelle, pour la ministre zimbabwéenne de la Défense, l'épidémie de coronavirus qui frappe l'Europe et les Etats-Unis est le signe d'une vengeance divine contre les pays qui sanctionnent le Zimbabwe. "Le coronavirus est l'oeuvre de Dieu qui punit les pays qui nous ont imposé des sanctions", a déclaré Mme Oppah Muchinguri, lors d'un rassemblement le 14 mars 2020 à Chinhoyi, dans le nord du pays. "Ils sont enfermés [confinés] chez eux. Leur économie souffre comme ils ont fait souffrir la nôtre", s'est-elle emportée. "Ils doivent sentir les effets du coronavirus - a-t-elle insisté - pour comprendre notre douleur."
Ce n'est évidemment pas ainsi que l'on assume une crise ! Mais le pire peut être vaincu ! Car l'espoir, il réside en ces centaines de milliers, que dis-je, de millions d'humains, de tous les pays du monde, qui sont en train de découvrir qu'il faut apprendre à vivre, à aimer, à gouverner, à soigner, à partager, à réfléchir et, pour les croyants, à prier autrement !
__________
Vérifié par l'AFP, France infos et France télévision :
https://mobile.francetvinfo.fr/monde/afrique/politique-africaine/au-zimbabwe-le-coronavirus-est-vu-comme-une-punition-de-dieu-contre-les-occidentaux_3869655.amp?__twitter_impression=true
mercredi 18 mars 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2304 : "Le pire n'est pas toujours sûr." (Paul Claudel)
Publié par
Olivier Gaignet
à
18:22
Cliquer ici pour lire l'article et les commentaires
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire