Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



dimanche 28 février 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2595 : Graines de Pâques dans notre société...

 C'est en suivant les infos vendredi soir, sur la Cinq, en entendant le présentateur dire, d'un ton un peu triste : "Les bonnes nouvelles se font rares en ces jours", que j'ai eu l'idée de rédiger ce billet.  Je me suis posé alors cette question : cela vient-il du fait qu'il ne se vit plus de belles choses sur cette terre ?  Ou est-ce que nous ne savons pas les repérer ?

Chacun de nous en effet a une grande facilité à noter ce qui va mal autour de lui ; cela cause en nous bien des dégâts et fait naître beaucoup de tristesse. Alors que le bien existe aussi ; mais nous sommes moins exercés et habitués à y être attentifs...

Est-ce que vous vous souvenez que, dans mon billet du mercredi des Cendres, parmi les cinq pistes que je vous proposais pour ce temps de Carême, il y avait celle-ci : noter chaque jour, ou de temps en temps, un fait positif, "afin de se nourrir de l'Espérance de Pâques déjà en train de se réaliser sous nos yeux" ?  Si nous chrétiens, nous ne faisons pas cet effort, qui le fera ?  Comment pourrons-nous alors être des femmes et des hommes d'Espérance pour notre temps ?  

Partant du principe que je ne dois pas me contenter de dire aux autres ce qu'il faut faire, mais que je dois mettre en oeuvre moi-même ce que j'ose proposer, à titre d'illustration, et pour aider à comprendre qu'une telle démarche est tout à fait possible, voici quelques points positifs que je me suis noté, soir après soir, depuis une douzaine de jours.

-  mercredi des Cendres, 17 février :  échange téléphonique avec une amie, sous l'emprise de l'alcool, mais qui a décidé par elle-même de se faire soigner ; des proches se soucient d'elle et l'accompagnent au mieux.

-  jeudi 18  :  j'apprends qu'il y a 45 personnes qui suivent, en visio-conférence, une école d'oraison, sur le diocèse, une soirée par semaine, pendant ce Carême.

-  vendredi 19  :  quelqu'un prend le temps de téléphoner tous les jours à 16h, à une personne, seule dans la vie, hospitalisée pour une maladie assez grave.

-  samedi 20  : une jeune femme, artiste à ses temps libres, a donné son après-midi, à l'hôpital psychiatrique, pour aider par la peinture une adolescente handicapée en grande souffrance psychique.

-  dimanche 21  :  magnifique interview, sur la Cinq, d'un prêtre des Canaries accueillant les migrants.

-  lundi 22  :  je suis de temps en temps la messe quotidienne à la grotte de Lourdes ; je remarque que, depuis que le pape François a un peu ouvert la porte, il y a de temps à autre, ce qui ne s'était jamais fait, une femme qui anime ces messes au niveau des chants.

-  mardi 23  :  en marchant dans les rues de Talmont, j'ai remarqué un couple de soixantenaires revenant du marché, la main dans la main, discutant et riant avec un bonheur  évident.

-  mercredi 23  :  la presse met en valeur le fait que, dans les manifestations en Birmanie, les différentes ethnies, jusqu'ici assez divisées, se retrouvent à vivre une certaine unité.

Pour ne pas être trop long, je m'arrête ici.  Ce petit travail ne demande pas beaucoup de temps, mais il peut nous aider à regarder d'un autre oeil la marche de notre monde.

En effet, la Transfiguration, qu'évoque l'évangile de ce dimanche, ne passe-telle pas par ces "graines de Pâques" semées par Dieu en nous et au coeur de notre société ?  Et faire ce petit "travail" donne de la matière fraîche à notre prière !

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Une chanson émouvante...: "Try not to cry", "Essaye de ne pas pleurer"  (de ne pas voir que le mal...)

Avec cette question entre autre :  "Est-ce que le monde entier est devenu aveugle ?"

 TRY NOT TO CRY: Uziya Tzadok Sings Shema Yisrael -   עוזיה צדוק שר שמע ישראל

jeudi 25 février 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2594 : "Mon Dieu, je ne vous aime pas." (la poétesse Marie Noël)

Le mercredi des Cendres, le 17 février, je vous proposais cinq pistes, parmi d'autres bien sûr, pour vivre à fond le Carême : la Joie, la Prière, le Partage, l'Espérance et la Confiance.

Pour qu'il y ait un certain suivi, un vrai soutien, je reprendrai une à une, au cours de ce Carême, chacune de ces propositions. Ceci pour nous aider à voir où nous en sommes et à progresser utilement, en invitant chacun à la responsabilité et pour éviter que l'on avance à l'aveugle, en papillonnant. 

Aujourd'hui, la Prière ; ou plutôt, la difficulté de prier, telle que la grande poétesse Marie Noël l'a exprimé dans ses "Notes intimes" (1959) : un véritable "texte de feu", a-t-on dit, une "non-prière". Je connais un prêtres, passionné par les poèmes et prières de Marie Noël, qui récite chaque jour la prière ci-dessous !

Pour info, Marie Noël (1883-1967) a reçu, entre autres titres, celui de "grand prix de poésie de l'Académie Française" en 1962.  Elle fut très proches de grands intellectuels de son époque, tels Henry de Montherlant, François Mauriac, Colette, Jean Cocteau...

Son procès en béatification a été ouvert en 2017.

Voici un extrait de cette "non-prière", intitulée : "La communion pauvre"  :


"Mon Dieu, je ne Vous aime pas, je ne le désire même pas, je m'ennuie avec Vous.

Peut-être même que je ne crois pas en Vous.

Mais regardez-moi en passant.

Abritez-Vous un moment dans mon âme, mettez-la en ordre d'un souffle, sans en avoir l'air, sans rien me dire.

Si Vous avez envie que je Vous aime, apportez-moi l'amour.

Moi, je n'en ai pas et je n'y peux rien.

Je Vous donne ce que j'ai : ma faiblesse, ma douleur.

Et cette tendresse qui me tourmente et que Vous voyez bien...

Et ce désespoir... Et cette honte affolée... 

Mon mal, rien que mon mal... C'est tout !

Et mon espérance !

Je suis là, être infirme et misérable.

Je suis là, dans un trou, dans la nuit.

Je suis là, au bord extrême du néant.

Mais dans ce nulle part où je gis, je demeure en sentinelle, envers et malgré tout.

Au plus loin de Dieu, à l'évidence.

Au plus près de Dieu, mystérieusement.

Entre douleur, mortel ennui et espérance.

Veille vivace."


Que fait naître en nous une telle prière ?

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Pour soutenir notre méditation, le chant "Abide with me" ("Demeure avec moi")... :

St. Olaf Cantorei and Congregation - "Abide With Me" (EVENTIDE)

 

 

dimanche 21 février 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2593 : "Il manque quelque chose à mon bonheur : c'est le bonheur des autres !" (St Augustin)

De temps à autre, l'on me demande le texte de mes homélies. J'hésite toujours à les donner, car une homélie est surtout faite pour être "écoutée" ; sans parler des gestes, sourires ou mimiques qui donnent du piment à ce qui est exprimé...  Voici celle que je partage, ce 1° dimanche de Carême, en l'église St Pierre de Talmont.

 

Il n'y aura personne aujourd'hui pour se plaindre de ce que l'évangile était trop long ! Marc  5/12-15 : cinq lignes seulement !  Et pas le moindre détail croustillant sur ces bêtes sauvages qui rôdaient autour de Jésus, ni sur la façon dont il occupait ses journées, tout seul perdu en plein désert !  Et il n'y avait pas encore BFM/TV pour en rendre compte !

Cinq lignes seulement !  En réalité, qu'est-ce que cela veut dire ?  Eh bien, que cet évangile nous invite tout simplement à aller au désert avec Jésus.  C'est-à-dire, pendant ce temps de carême, à nous écarter de notre façon de vivre habituelle, à prendre du recul, à lutter contre les bêtes sauvages qui sont en nous et que nous connaissons bien, comme la superficialité, l'égoïsme, une certaine désespérance, le manque de vie intérieure, etc... Par contre, laisser Jésus envahir notre coeur, voilà le projet de vie qui nous est proposé durant ces 40 jours.

Pour y parvenir, l'Eglise nous propose trois pistes.  C'est ce que l'on appelle "le trépied du carême" : la prière, le jeûne (ou la sobriété de vie) et le partage.  Nous prendrons un bref temps de réflexion personnelle entre chaque point.

1° piste : la prière.  Il était une fois un monsieur pressé qui, au volant de sa voiture, fonçait à toute allure, afin de pouvoir réaliser le programme qu'il s'était fixé.  Ce jour-là, il n'avait pas eu le temps de prier.  Tandis qu'il avalait les kilomètres, voici qu'il aperçoit, sur le bord de la route, un jeune qui faisait du stop ; il se dit en lui-même : "on dirait que ce jeune a une tête de Christ".  Vous savez, ces visages de Jésus comme on en voit dans les films de Zéffirelli ou Pasolini...

Quoique pressé, sans trop réfléchir, notre homme freine et s'arrête. Et le jeune homme, au visage très ouvert, de lui dire : "Bonjour ! Tu ne me reconnais pas ?"  Un peu interloqué, le monsieur de lui répondre par la négative ; et le jeune homme de reprendre : "Tu m'as oublié en prenant la route ce matin.  Alors, je t'ai rattrapé.  Mais, continue le jeune homme, je vois que tu as l'air fatigué.  Veux-tu que je prenne le volant ?  Ainsi, tu pourras te reposer, pendant que je conduirai..." "Non", répondit le monsieur, agacé ;  ça va, ça va...   Monte à l'arrière.  Sur le siège avant, à côté de moi, j'ai toutes mes affaires. Et je préfère que ce soit moi qui conduise ma voiture."

Et voilà la parabole de notre vie.  Oh ! Jésus est là, sur notre route ; ce n'est as qu'on l'oublie ; mais on ne lui confie pas le volant de notre existence.  Par exemple, on va regarder avec attention la revue qui donne les programmes de télé, mais on utilisera peu, ou bien moins longtemps, "Prions en Eglise" ou "Magnificat" pour savourer les lectures bibliques de chaque jour, souvent très belles et pas si compliquées que ça ; se donner du temps pour prier, prendre du temps quotidiennement pour parler de notre vie avec Dieu, même si c'est 5 ou 10 minutes seulement...

Avec ce 1°dimanche de carême, voici le moment d'inverser les rôles, et de confier à Dieu le volant de notre vie.  Pendant quelques brèves secondes, regardons où nous en sommes au plan prière en ce moment.     (...)

Hier matin, à la radio, j'entendais un écrivain, dont je n'ai pas retenu le nom, dire ceci : "quand on naît, on est un peu..."  Je ne dirai pas le mot qu'il a prononcé, mais vous le devinez tous. Disons plus poliment que, "quand on naît, on est un peu bête ; mais on a toute la vie pour devenir un peu moins... bête." Eh bien, c'est la même chose pour le temps du carême : au début de ce temps, comme aujourd'hui, on se sent... pas très performant au plan chrétien ; mais on a 40 jours devant nous pour repeindre à neuf notre vie.

J'en arrive au 2° point de notre trépied du carême : le jeûne, ou si vous préférez, la sobriété dans notre vie.  Le mercredi des Cendres par exemple, avons-nous su marquer notre entrée en carême ?  A chacun de nous bien sûr d'adapter sa façon de jeûner en fonction de ce qu'il vit.  Il y a le jeûne alimentaire, oui : c'est à discuter en famille. Mais on pourrait parler aussi du jeûne de la langue, en arrêtant toute parole mauvaise qui pourrait monter à nos lèvres. Il y a le jeûne de la télé aussi, avec ce slogan si interpellant : "éteignez la télé et allumez l'Evangile." 

Il y a le jeûne de la vitesse sur la route aussi.  Ou encore, pour nous qui passons ce temps de la pandémie à nous plaindre de tout, le jeûne des lamentations, sur le virus, sur les voisins, sur le gouvernement, sur tout ce qui ne va pas à notre gré : le jeûne des plaintes, là où les Français sont semble-t-il champions du monde. Ecoutons plutôt l'interpellation du pape François : "Il y a des chrétiens qui semblent avoir un air de carême sans Pâques ; un chrétien ne devrait pas avoir une tête d'enterrement !"

Pendant quelques instants, laissons le Seigneur nous révéler sur quels points nous pourrions être plus sobres et jeûner.   (...)

3° piste : le partage.  Vous connaissez peut-être cette histoire que raconte Dostoïevski : il s'agit d'un homme, un vagabond, qui erre comme une âme en peine, de village en village, à la recherche de personnes acceptant de l'accueillir et de l'écouter.  Fatigué de recevoir un mauvais accueil de la part des chrétiens, un jour, dans un village, il entre dans une église, trouve une icône du Christ et, de colère et de déception, la balance par terre, où elle se casse en deux.

Cette image du Christ, cassée en deux, c'est le symbole de l'échec de l'homme, de l'échec du partage, de l'échec de Dieu.  Allons-nous être, nous aussi, les auteurs d'un tel échec ?  Face à tant de difficultés dont nous sommes témoins dans notre monde d'aujourd'hui : chez nous, en France et au-delà ?

St Augustin disait : "il manque quelque chose à mon bonheur, c'est le bonheur des autres."  Et si le carême nous donnait l'occasion de penser à rendre des personnes heureuses autour de nous ?

Voici donc trois pistes pour que notre marche vers Pâques soit fructueuse, joyeuse et lumineuse.  Alors, "satan" aura beau nous tenter, et les bêtes sauvages nous environner, nous n'aurons plus rien à craindre.  Et Jésus pourra nous dire, comme à la fin de l'évangile de ce jour : grâce à votre attitude, "le royaume de Dieu est proche", et vous en êtes les bâtisseurs !  Amen !

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Sur proposition de Jennifer, pour soutenir notre prière, je vous propose la vidéo réalisée par un orchestre de religieuses de l'île de Java, en Indonésie.  En utilisant des instruments de percussion en bambou, elles interprètent la célèbre chanson de Josh Groban : "You raise me up"... "Tu me relèves... Quelquefois, je pense apercevoir l'Eternité"...  La marche vers Pâques !

You Raise Me Up by Sisters from Indonesia


 

mercredi 17 février 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2592 : Confie à Dieu ta route

 Chacun de vous va ou aura participé à la cérémonie des Cendres, en ce début de Carême ; ça y est, c'est parti !  Comme je vous l'ai fait savoir, désormais, comme m'y a invité mon ophtalmo, je ne ferai plus de longs billets, et vous n'en serez pas surpris.  Simplement quelques pistes pour la route...  Car, comme vous le sentez bien, c'est à chacun de s'inventer ses propres pistes, sans forcément suivre celles que je propose, parmi tant d'autres aussi valables.

JOIE

Dans "La joie de l'Evangile", le pape François écrit : "Il y a des chrétiens qui semblent avoir un air de Carême sans Pâques. Un chrétien ne devrait pas avoir une tête d'enterrement."  Ce que notre monde attend de nous, c'est que les chrétiens, malgré leurs soucis, soient rayonnants !

PRIERE

Quand tu marches, de quoi te nourris-tu ?  Et si on écoutait aussi ce brave Benoît XVI : "Rechercher la rencontre avec Jésus, rechercher son visage, ce doit être l'aspiration de tout chrétien."  Et si l'on essayait un peu, pendant ces 40 jours, ce que l'on n'arrive pas bien à faire le reste du temps ?  Prendre chaque jour 10, ou 15 minutes, ou un peu plus, pour lire, tout simplement, se nourrir, savourer tranquillement avec Dieu, sans se prendre la tête, l'une ou l'autre des lectures du jour ?

PARTAGE

Un exemple simple : établir une liste de personnes à qui téléphoner, au-delà de nos relations habituelles ; un coup de fil par jour = 40 personnes écoutées durant ces 40 jours de Carême... 

ESPERANCE

Prendre un carnet et noter chaque jour, ou tous les 2 ou 3 jours, un fait positif repéré, soit au cours d'un échange, ou entendu à la télé ou lu dans la presse. Dans un monde pessimiste, se nourrir ainsi de l'Espérance de Pâques déjà en train de se réaliser sous nos yeux.

CONFIANCE

Je vous proposer un chant choral comme nos amis Protestants en ont le secret  :  "Confie à Dieu ta route."

 Confie à Dieu ta route

 

dimanche 14 février 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2591 : Homélie du 6° dimanche du temps ordinaire

 Ce n'était pas vraiment dans mes habitudes !  Mais plusieurs me demandant de temps en temps le texte de mes homélies, je me dis que, le dimanche, cela peut aussi faire l'effet d'un billet.   Voici donc celle que j'ai donnée à Jard-sur-Mer ce week-end.


Cet épisode de l'évangile selon Marc (1/40-45) me fait penser à une célèbre icône orthodoxe que j'aurais bien aimé pouvoir vous montrer, tant elle est parlante.  On y voit un pauvre hère, un lépreux justement, la peau grêlée, les doigts des mains et le nez mangés par la lèpre.

Ce malheureux se trouve au fond d'un trou ; il est "confiné" ! ; c'est le symbole du rejet dont il fait les frais ; il essaye d'en escalader les parois, mais en vain ; il ne peut agripper la terre avec ses pauvres doigts abîmés, alors qu'il voudrait rejoindre Jésus qui, en haut, est en train de passer par là.  Image terrifiante !

Personnellement, cela me renvoie à ce quartier, hors de la ville de Bamako, au Mali, où j'ai été envoyé en mission pendant 9 ans ; quartier dans lequel on parquait les lépreux, bien à l'écart, et où seuls les religieuses-infirmières, tel ou tel prêtre chargés des malades ou quelques agents de santé osaient aller.

Et quand nous avons appris que le cuisinier de la mission était à son tour atteint de la lèpre, je ne vous dis pas la tête que nous avons fait, car cette maladie est très contagieuse.  Pensez donc : c'est lui qui brassait la salade avec ses mains, etc.

Vous avez suivi la 1° lecture (Lévites 13/1-2, 45-46) : "Devant le lépreux, on criera : "impur, impur" ; c'est pourquoi il habitera à l'écart, son habitation sera hors du camp."

J'en reviens à l'icône dont je parlais.  Entre ce malade, au fond de son trou, et de l'autre côté, Jésus, le guérisseur, que va-t-il se passer ?

Sans doute, tout cela nous paraît un peu lointain, exotique même : il n'y a pas de lépreux dans nos rues... Mais remplacez le mot "lépreux" par "malade du covid" par exemple, ou par quelqu'un qui est placé dans un cantou, et tout de suite, cette scène d'évangile prend une dimension qui peut nous atteindre davantage ; car nous connaissons tous des personnes atteintes de maladies psychiques, ou contagieuses comme le sida ou autres.

Mais, à propos, chez nous, ne met-on pas certains malades en quarantaine en ce moment ?  Et ne confine-t-on pas aussi nos anciens dans leur Ehpad, et dans leur chambre parfois, comme dans un trou à rats ?  Certains psychologues ou sociologues d'ailleurs, en ce moment, à l'image de Marie de Hennezel, s'insurgent de la manière dont l'on a ainsi séparé  et confiné malades et personnes âgées durant ce temps de pandémie !  Ne pouvait-on vraiment pas inventer d'autres solutions, par respect pour eux et afin de leur éviter de sombrer totalement, psychologiquement, seuls dans leur trou ?  Comme si on avait peur d'eux...

Or, ce qu'il y a de plus beau, ce que je trouve remarquable lorsque je passe dans les Ehpad, c'est la façon dont les soignants, les personnels, malgré leur peu de temps, regardent, soignent, accompagnent ces personnes très âgées ou très atteintes, en leur faisant de jolis gestes d'amitié, à défaut de pouvoir leur caresser le visage ou les embrasser ; en portant sur chacun un regard aimant.  En les observant, j'ai toujours l'impression de voir, d'entendre Jésus à l'action, bénissant, guérissant, consolant et sauvant, comme il l'a fait pour le lépreux ainsi que pour tant d'autres en son temps.

Revenons à l'évangile : lorsque Jésus a touché le lépreux, aussitôt, est-il dit : "la lèpre le quitta."  Qu'est-ce que cela veut dire ? Et pourquoi chez ce malade, la lèpre a-t-elle ainsi disparu comme par enchantement ?  Pour une raison toute simple : Jésus a fait s'enfuir la lèpre car lui est pur, absolument. Voilà pourquoi il rend pur, voilà pourquoi il guérit celui qu'il touche.

En fait, en cette période de pandémie, c'est chacun de nous, c'est notre humanité entière, c'est toute notre vie, de la même façon, qui est malade, qui se sent confinée dans un trou noir : nous sommes mutilés dans nos relations, blessés dans nos espérances, les doigts et les mains ne trouvant rien à quoi s'agripper pour essayer de s'en sortir, et le coeur profondément transpercé par la dureté de ce temps.

Heureusement, pendant cette eucharistie, Jésus est en train de passer, silencieusement, dans nos rangs.  Emu devant nos douleurs, il nous sort du trou de nos misères.  A chacun de nous il déclare : "Je le veux, sois purifié !"

Ainsi sauvés et guéris, du moins spirituellement, en sortant de cette eucharistie, ce sera à nous d'agir comme Jésus l'a fait ; de rejoindre avec sollicitude toutes les personnes dans la douleur qui nous entourent, par nos regards d'amour, nos paroles et nos signes d'amitié ; sans parler de nos coups de téléphone fraternels.

Telle est la belle mission de guérison que Jésus nous confie et nous transmet ! Car il a foi en nous !

 

Récemment, je vous invitais, de façon peut-être un peu trop péremptoire, à prendre votre vie spirituelle en main... Par exemple, pourquoi ne pas nous faire connaître, en commentaire, ce que VOUS, vous avez retenu de la méditation des textes bibliques de ce dimanche  ???

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La paix dans le Christ : il nous donne l'espoir, nous marchons avec le Christ, il nous donne sa force :


vendredi 12 février 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2590 : "Je veux quelque chose de plus grand : la liberté." (Mme Pham Doan Trang)

 Le  rôle de ce blog, vous le savez, c'est de nous permettre, tout en collant à l'actualité, de nous poser des questions fondamentales quant à l'avenir de chaque humain et aussi de toute l'humanité.  Or, quand un frère ou une soeur est torturé, défiguré, humilié, écrasé, est-il possible de détourner le regard en se disant que cela n'est pas un problème qui nous concerne directement ?

Ce 12 février est une journée importante dans la défense des droits humains dans notre pays. Laissons-nous interpeller par ce message de Marie-France, de Fontenay-le-Comte, au nom de l'ACAT (Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture).

 

En lisant le billet du 5 Février, dans lequel Olivier rappelait la condition des communautés persécutées, je repensais à tout ce que l'ACAT* nous invite à faire, nous les adhérents, pour soutenir tant de causes à travers le monde. Et je pensais à notre actualité, le Vietnam…

 Vietnam…ce nom a longtemps évoqué les colonisations, la guerre, les boat-people …un long chemin vers l'Indépendance définitivement acquise en 1975…

Désormais, il fait plutôt rêver, voyages lointains, exotisme, temples et paysages, croisières, la célèbre baie d'Halong… Un pays en pleine expansion économique…

 Ce que l'on sait moins, c'est que depuis 2016 surtout,  les libertés sont mises à mal ! Les associations de défense des droits de l'homme s'en inquiètent et en Décembre 2018, l'ACAT lançait sa campagne "Vietnam: le connaissez-vous vraiment ?" Une action qui a mobilisé les groupes tout au long de l'année 2019.

 En effet, si le pays multiplie les signes d'ouverture envers le reste du monde, il a  déclenché une répression brutale, principalement à l'encontre des journalistes, des blogueurs, des défenseurs des droits humains. C'est au Vietnam que ces derniers sont le plus gravement condamnés dans toute l'Asie du Sud-Est. Ils sont presque systématiquement maltraités, torturés lors de leur détention. Ces gens sont les seules voix indépendantes dans un pays sous le joug de la République socialiste, parti unique au pouvoir.

 Parmi les personnes soutenues par l'ACAT, je retiens le cas de Mme Tran Thi Nga : issue d'une famille pauvre, orpheline à 10 ans, elle quitte l'école pour travailler. A un moment de sa vie elle part comme "travailleuse domestique"  à Taïwan où elle apprend qu'on doit se défendre pour ses droits. Revenue au Vietnam,  elle milite activement pour les défenseurs des Droits, en faveur des migrants entre autres causes.  En Janvier 2017, elle est condamnée à 9 ans de prison suivis de 5 ans d'assignation à résidence. Très maltraitée en prison, sa santé s'est fortement dégradée. Mais son cas a été connu, et sous la pression des ONG, elle sera libérée en Janvier 2020, mais contrainte de partir. Elle est aux Etats-Unis avec son compagnon et leurs deux enfants.

 Tran Thi Nga a reçu le "Prix Engel-du-Tertre* des droits humains" de la Fondation ACAT,  le 1er Février 2020 à Paris.  Elle n'était pas présente car elle venait juste d'arriver aux Etats-Unis ; elle était représentée par Chi Dang, militante des droits humains elle aussi, avocate au Canada.

J'étais présente avec d'autres membres de notre association lors de cette cérémonie très émouvante et nous en avons été marqués.

 Hélas, pour une personne libérée, il en reste tellement d'autres qui continueront à subir des "traitements cruels, inhumains ou dégradants" selon la formule de l'article 5 de la DUDH*.

 Car la situation perdure. Les signes d'ouverture délivrés au reste du monde n'ont rien changé…Tant et si bien que l'ACAT s'est remise en route en ce début d'année et a lancé une pétition  en soutien à son plaidoyer en faveur des défenseurs détenus dans les prisons vietnamiennes. Les journalistes font également l'objet d'une sévère répression, la presse indépendante est muselée.

Cette pétition doit être remise à l’Elysée aujourd'hui, 12 février, ainsi qu'un courrier officiel que l’ACAT-France adresse au Président de la République pour lui demander d'envoyer un signal fort au gouvernement vietnamien, et d'honorer ainsi les engagements de la France en faveur de la protection des défenseurs, engagements pris dans le cadre de son élection récente au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies.  L'ACAT s'inquiète du peu d'empressement mis par la France pour aborder ces questions.

La date du 12 Février a été choisie car c'est le premier jour du nouvel an vietnamien.

C'est aussi le premier anniversaire de l’accord de libre-échange signé entre l'Union européenne et le Vietnam. Signature qui devait offrir une "occasion unique" de relever "les normes en matière de droits de l'homme". Or, un an plus tard, un constat s’impose : le bilan est désastreux.

Pour conclure, une phrase de Mme Pham Doan Trang l'une des figures les plus reconnues de la dissidence vietnamienne *, arrêtée une trentaine de fois depuis 2015, victime de violences physiques dont elle garde des séquelles.

« Je ne veux pas de liberté pour moi-même, ce serait trop facile. Non, je veux quelque chose de plus grand : la liberté pour le Vietnam. »

 

*ACAT: Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture

* Engel-du-Tertre: les deux fondatrices protestantes de l'ACAT, Hélène Engel et Edith du Tertre, à la suite d'une conférence sur…le Vietnam, en 1974.

*Ce lien permet d'accéder à une courte vidéo présentant Pham Doan Trang. L'une des personnes qui témoignent est Tran Thi Nga, c'est elle qui a reçu le prix de la Fondation ACAT l'an dernier.


 

 

 

jeudi 11 février 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2589 : Hommage vendéen séculaire à Marie Immaculée

 En ce 11 février, dans toutes les églises catholiques de la planète, l'on célèbre aujourd'hui l'anniversaire de la première "manifestation" (terme théologique semble-t-il plus adapté que celui d' "apparition") de l'Immaculée, Marie, Mère de Dieu, à Bernadette Soubirous, à Lourdes, le 11 février 1858.  Voici par exemple comment Marie est fêtée joyeusement et magnifiquement, au Nigeria :

https://youtu.be/l-V4MoYKh4s

A titre de rappel, c'est un prêtre vendéen, relativement méconnu, y compris en Vendée, qui créa ce qui est devenu l'hymne par excellence en l'honneur de Notre-Dame, l'Ave Maria de Lourdes.  Sans inutile modestie, je peux vous révéler qu'il s'agit de l'abbé Jean Gaignet, l'un de mes ancêtres collatéraux (1839-1914), originaire du Gué de Velluire.  Prêtre de St Sulpice, alors directeur du grand séminaire de Luçon, très affecté par la perte de deux frères victimes de la guerre franco-allemande de 1870, il est allé un temps se reposer dans les Pyrénées ; il s'y est inspiré d'un air qu'il y avait entendu pour composer, en 1873, ce chant dédié à la Vierge Marie, reprenant l'histoire des apparitions ; il s'agissait d'une chanson en patois  -   "Mous Esclops", "Mes Sabots"  -  que les grands-mères du pays de Bigorre chantaient à leurs petits-enfants.

Ce chant fut très vite adopté, dès 1874, par les pèlerins vendéens qui se rendaient à la grotte de Lourdes. Sur place, ce cantique séduisit de nombreux fidèles d'autres diocèses ou nations. L'on sait qu'en 1912 par exemple, 35 diocèses de France l'avaient intégré dans leur répertoire. Très populaire, ce cantique est devenu un refrain mondial en l'honneur de la Vierge Marie. Le lendemain de mon arrivée comme missionnaire au Mali, en 1977, j'ai été reçu par l'archevêque malien de Bamako. Pendant notre entretien, le carillon de sa pendule a joué... l'Ave Maria de Lourdes. Par la suite, sans cesse, en fin de réunion ou de célébration, l'archevêque disait : "Nous allons chanter l'Ave Maria de l'abbé Gaignet."   

Le n° 28 de la revue "Lire en Vendée" de décembre 2014, qui a consacré deux pages à ce cantique, nous dit ceci : "Traduit dans une multitude de langues,  LE cantique de Lourdes, l'Ave Maria, est chanté chaque soir d'avril à fin octobre, lors de la procession mariale aux flambeaux", à Lourdes, sur la grande esplanade. Et cela ne finit pas : hier j'ai suivi, comme je le fais de temps à autre, la messe de 10h à la grotte de Lourdes, avec l'heureuse surprise de constater que le chant final n'était autre que... l'Ave Maria de l'abbé Gaignet.

Le P. Arnold, missionnaire montfortain que j'ai connu à St Laurent sur Sèvre, était heureux de me dire que l'on chantait cet Ave Maria dans sa famille, entre les dizaines de chapelet, et aussi en l'église de sa paroisse, en Indonésie.

Dimanche dernier, nous avons eu un échange avec Maurice, un organiste de la paroisse de Talmont, de la famille de St Henri Dorie, à propos d'une partition de l'Ave Maria, rapportée de Lourdes ; partition dont l'auteur signalé était le chanoine A.L.  Ainsi va la vie...Ce chanoine indélicat, qui a seulement composé une certaine harmonisation pour ce chant, a tout simplement "oublié", sur la partition, de citer l'auteur originel de ce chant : l'abbé Gaignet. En septembre dernier, j'ai aussi souligné ce même "oubli" à l'organiste du Sanctuaire de la Salette, dans l'Isère ; je pense qu'il ne m'a pas cru.  Mais ceci n'est vraiment qu'un détail, révélateur quand même de ce que peut être l'âme humaine... En tout cas, l'essentiel est que ce cantique ait nourri et alimente encore la piété mondiale envers la Vierge Immaculée.  

Connaissez-vous d'autres chants qui, 148 ans après leur création, soient encore quotidiennement repris un peu partout dans le monde entier ?  

Pour la petite histoire, j'ai reçu, il y a quelque temps, un mail en anglais d'un responsable des Capucins de l'île de Malte, le Frère Sylvestre Bonavia : "Nous faisons des recherches sur l'origine de l'hymne de l'Ave Maria de Lourdes. Nous savons qu'il a été écrit par l'abbé Jean Gaignet, qui est peut-être un parent à vous. J'ai trouvé votre site (le blog). Je suis très intéressé par toute information ; j'aimerais également recevoir sa photo (...)"

Je lui ai alors fait suivre tout un dossier, avec la copie d'une antique photo  -  précieusement conservée dans la famille  -  de l'abbé en train de lire son bréviaire ; Sylvestre en a été enchanté.

Voici une vidéo qui nous vient d'une église de Stillwater, aux USA  : 

 
 
 une autre en  japonais    :
 
 
en arabe   (au Liban, après une très courte allocution)  :  Salam Myriam = Ave Maria
 
 
en chinois  (mandarin)  :
 
 

 

mardi 9 février 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2588 : Le but de ce blog : inviter chacun à penser par lui-même !

De temps à autre, certains d'entre vous me font savoir, de vive voix lors de rencontres ou par des messages, qu'ils lisent ce blog quotidiennement. Et ils m'expliquent ce qui les motive, comme en témoignent ces quelques réflexions reçues et entendues, parmi bien d'autres :

"Un autre regard sur l'actualité", "une façon décalée de se situer au coeur de l'Eglise", "un parti pris d'optimisme par rapport à ce que nous vivons ou subissons", "une ouverture sur des mondes qui ne nous sont pas familiers, avec des sujets un peu universels, et des vidéos venant d'ailleurs", "une aide pour vivre le confinement", "un appel à entrer à fond dans un "humanisme évangélique", "un souhait de rejoindre les uns et les autres, au coeur de nos différences", "un regard de chrétien qui offre des repères dans notre monde qui change si vite, et qui nous raccroche à l'Evangile", etc.

Avec cette particularité qu'en suivant le blog chaque jour, il est plus facile d'en tirer "la substantifique moelle", expression qui devint célèbre en 1534 lorsque François Rabelais l'utilisa dans le prologue de son deuxième roman "Gargantua" ; je ne résiste pas au plaisir de vous citer cet extrait :

« C'est pourquoi fault ouvrir le livre et soigneusement peser ce que y est déduict. [...] Puis, par curieuse leçon et meditation frequente, rompre l'os, et sugcer la substantificque moelle.»

Il est clair en effet que, pour profiter à fond, si je puis dire, de ces billets, ceux-ci sont faits pour être lus avec attention et médités quotidiennement... Et cela, pour apprendre à relire les événements, à gérer notre vie autrement ; pour nourrir notre prière du jour également, et nous aider à mûrir notre vie intérieure ! 

Il se passe beaucoup de choses, dans notre société et dans notre Eglise, et les possibilités de sujets sont infinis. J'ai par exemple, sans cesse, au moins une vingtaine de thèmes d'avance. J'y réfléchis personnellement, et aussitôt, je ne peux pas m'empêcher de me dire : "Je vais faire un billet sur cette question". Certains d'entre vous se sont inquiétés : "Est-ce que cela ne vous fatigue pas ?  Ca ne vous prend pas la tête d'avoir à produire tous ces billets, quotidiennement ?" 

En vérité, cela est plutôt pour moi une détente ; ce n'est pas une ascèse pour moi, mais une passion, comme celle de celui qui aime jouer au foot ou faire des mots croisés. Je fais cela par plaisir et, étant retraité, j'ai du temps : chaque billet me prend environ 40 à 50 minutes, et cela ne me fatigue pas, au contraire. Surtout que cela me permet de m'entretenir intellectuellement, mais aussi spirituellement.

Mais je ne suis pas sûr, chers amis lecteurs, de vous avoir réellement rendu service en publiant des billets quotidiennement ; alors que l'objectif de ce blog, vu de mon côté, cela aurait dû être, au lieu de vouloir prétendre vous expliquer quelque chose chaque jour, de permettre à chacun d'analyser par lui-même l'actualité ; en un mot, d'offrir une méthode invitant à regarder la vie autrement.  Or, si ce blog a offert du tout cuit jour après jour, si on a survolé les billets seulement en transversale, si le blog n'a pas offert à chacun les moyens de penser par lui-même, et au besoin contre lui-même, n'aura-t-il pas raté son objectif !  Dixit Montaigne : "Penser, c'est penser contre soi-même !"

D'autre part, mon ophtalmo, que j'ai rencontré récemment, m'a fait remarquer que je devrais réduire mon temps de présence devant les écrans, si je ne veux pas aggraver le mauvais état de mon oeil gauche.

Pour cette double raison, à mon corps défendant, je me vois contraint de réduire la voilure et de m'en tenir désormais à deux, voire trois billets maxi par semaine ; tout en essayant au besoin de prendre en compte d'imprévisibles événements, à condition qu'ils soient relativement importants. Avec cet objectif : les jours sans blog, forts de cet apprentissage, apprenons à penser par nous-mêmes désormais, informons-nous, prenons en main notre réflexion.

Quels jours précis de parution ?  Je n'en sais rien, car cela va dépendre de l'actualité.  Mais à la fin de chaque billet, je préciserai la date de la prochaine parution.

Je regrette de faire ainsi faux bond, malgré moi, à celles et ceux qui se nourrissaient quotidiennement de ces parutions.  Je compte sur leur compréhension. Jamais je ne les remercierai assez de leur immense fidélité, et de m'avoir porté, jour après jour, durant toutes ces années !

Comme toujours, vos réactions et commentaires, suite à l'annonce de ce jour, seront les bienvenus !  De même que vos éventuelles contributions qui, elles, continueront de pouvoir être publiées.  D'avance, à toutes et tous, mille mercis !

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Je propose que l'on se dépayse un peu  -  cela a toujours été l'un des buts de ce blog  -  en quittant nos côtes vendéennes pour rejoindre celles de Hawaii, avec un groupe musical composé de jeunes paroissiens de l'Eglise adventiste de cet archipel situé au centre de l'Océan Pacifique  :  "Guide-moi, ô Dieu, aide-moi dans la vie de tous les jours..."  A quand de telles beautés sur la côte vendéenne ???


dimanche 7 février 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2587 : Homélie pour le "Dimanche de la Santé"

 Voici l'homélie que je partage en ce dimanche avec les paroissiens, en l'église St Pierre de Talmont.

 

Chers amis, au coeur de  cette période de pandémie, la célébration annuelle, en ce jour, du "Dimanche de la Santé", c'est sans doute pour nous une occasion unique de nous arrêter et de regarder en face, à la lumière de l'Evangile, ce qui est en train de nous arriver : ce maudit virus, accompagné de ses variants, est en train, depuis un an, de faire plier devant lui même les nations les plus puissantes, et la terre entière.

Comme s'il était le maître de l'univers, le (la) Covid-19 a frappé, et en plein coeur, notre société, notre Eglise ; il a cassé en profondeur nos certitudes, anéanti nos assurances sur l'avenir et bouleversé notre façon d'exister.

Chacun de nous ici, ce matin, se sent insécurisé ; "c'est, me disait l'un de vous, comme si une épée de Damoclès était suspendue au-dessus de nos têtes !"  Et il n'y pas, comme au temps de "l'ancien monde", que nous regrettons tellement, d'un côté les malades, et de l'autre les bien portants.  La limite n'est plus aussi claire ...

Car c'est nous tous qui sommes blessés, parce que, coupés de nos proches, quand ils sont malades, à l'hôpital, ou isolés dans un Ehpad.  Nous sommes comme amputés dans nos relations, en méfiance aussi les uns par rapport aux autres, particulièrement vis-à-vis de ceux qui ne portent pas de masque, et dont nous nous écartons, car nous les jugeons dangereux pour notre santé : une vie en société brutalisée !

Et cela, sans parler des jeunes qui sont malades eux aussi, de voir le cycle de leurs études gâché.  Et en outre, les commerçants et artisans blessés, à mort parfois, par les interdits dont ils sont le jouet. Les uns et les autres ont même parfois des pensées suicidaires... Finalement, c'est toute notre société, et aussi notre Eglise, qui sont victimes d'un genre d'empoisonnement du coeur et de l'âme.

Comme nous nous retrouvons bien à travers ce que, dans la 1° lecture, Job nous décrit de sa situation, je résume : "La vie de l'homme est une corvée, je n'ai en partage que le néant. Je suis envahi de cauchemars. Mes yeux verront-ils le bonheur ?"

Question : et si l'homme était incapable de se sauver tout seul ?  Malgré toutes ses capacités et tout son orgueil ?...

Et c'est dans ce difficile tâtonnement de nos vies que nous sommes venus à la messe ce matin. Ce n'est pas comme si nous venions voir un psy : il y a d'autres lieux de qualité pour cela... Pas non plus pour entendre de bons conseils !  Mais pour rencontrer l'unique Sauveur, Jésus, le seul qui puisse sortir notre monde du gouffre dans lequel il est en train de s'enfoncer.  Le seul qui puisse chasser les démons qui nous harcèlent.

Frères et soeurs, vous avez eu raison de venir participer à cette eucharistie car, à travers notre prière, notre foi, nos chants, voici que, au milieu de notre assemblée et en chacun de nous, arrive le Sauveur. Ne le ressentez-vous pas ?  "La ville entière se pressait à sa porte", nous a dit l'évangile tout à l'heure .  De même que nous aussi, nous nous pressons contre lui, en lui demandant : "Seigneur, quand tout cela va-t-il finir ?  Quand viendras-tu nous sauver ?"

Mais la tâche du Sauveur est complexe ;  même si, pour l'assurer, Jésus se lève avant l'aube, comme le précise St Marc.  Le problème, à l'époque, pour Jésus, c'était la présence envahissante des démons.  Vous avez remarqué combien l'Evangile insiste sur ce fait ?  Les démons sont cités à quatre reprises , dans le texte évangélique de ce jour ; je cite : "Beaucoup de gens étaient possédés par des démons ; Jésus empêchait les démons de parler."  Et, à deux reprises, il est dit :  "Jésus expulsa beaucoup de démons."

Tout cela s'est passé autrefois, du temps de Jésus. Mais ce n'est pas qu'une histoire étonnante, dont on rappellerait le souvenir comme ça, pendant les messes ou au caté ; car Jésus n'a pas terminé son job de Sauveur.  Aujourd'hui encore, Jésus se lève avant l'aube pour prier, puis, comme il l'a fait jadis avec la belle-mère du futur pape, Simon Pierre, pour saisir par la main les malades et les gens en détresse de notre terre, y compris en ce moment la main de chacun d'entre nous.

Ainsi, par sa présence active et transformante, Jésus travaille à expulser, de nos mentalités et de nos coeurs, les démons de la peur, ainsi que le virus, proprement diabolique, de l'égoïsme qui se répand dans notre société.

Un paroissien me racontait cette semaine qu'apprenant la maladie d'un de ses amis lointains, il lui envoya un petit coup de fil d'encouragement. Quelque jours après, l'épouse de ce monsieur malade dit à cet ami : "Mon mari m'a dit que, par votre appel téléphonique, vous lui avez donné un coup de pouce qui lui a remonté le moral."  Tout en ajoutant :"Les paroles d'un ami, cela vaut tous les médicaments."

C'est à travers de tels gestes, même tout petits, que Jésus, aujourd'hui, continue son job de Sauveur, à travers nous, et qu'il continue de chasser les démons. A ce propos, que tous les soignants, mais aussi, tous ceux et celles qui, à travers leur profession, y compris au-delà de la santé, ou encore, par leurs engagements fraternels, servent leurs frères et soeurs en détresse, que tous sachent que, aujourd'hui, même s'ils ne sont pas croyants, c'est à travers eux que Jésus guérit, et que Jésus sauve.

Aujourd'hui l'enjeu, c'est que nous puissions tenir debout, et résister face l'adversité.

Puisse chaque malade ici-bas, mais aussi, chacun de nous, trouver auprès de lui, celui, ou celle qui pourra le libérer des démons de la peur, l'aider à se remettre debout et, quels que soient les événements à venir, leur permettre de les aborder, et de les traverser, dans l'espérance, et dans la lumière du Christ Sauveur !

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J'avais envie de proposer la vidéo d'un cantique, quand j'ai repensé à cette magnifique chanson, "Chanter à ta santé", tirée du projet "Les Enfantastiques", qui a déjà publié 170 chansons interprétées par des enfants, sur des thèmes encourageant à la solidarité.

 https://youtu.be/_tqCEgYlzhs

samedi 6 février 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2586 : "Nous transformerons ce monde blessé en un monde merveilleux !" (Amanda Gorman)

 Vous cherchez un texte de méditation, pour aujourd'hui ou pour les jours à venir ? Vous vous demandez comment l'on pourrait s'y prendre pour oeuvrer ensemble à rendre ce monde meilleur ?  Alors, je vous propose de lire, d'écouter, de prendre le temps de savourer, avec attention et ferveur, le poème sublime qu'une jeune fille noire de 22 ans, Amanda Gorman, a présenté à la face de l'Amérique et du monde, le 22 janvier, lors de l'investiture solennelle du Président Jo Biden.


La colline que nous gravissons...

Monsieur le Président, Doct. Biden, Madame la Vice-Présidente, Monsieur Emhoff, Américains, et populations du monde entier, lorsque le jour se lève, on se demande quand est-ce qu’on retrouvera la lumière dans cette grisaille sans fin.

 La défaite que nous portons, une mer dans laquelle nous devons nous débattre. Nous avons bravé le ventre de la bête. Nous avons appris que le calme ne signifie pas toujours la paix. 

Dans les normes et les notions impliquées par le mot « juste », il ne s’agit pas toujours de justice. Et pourtant, l’aube est en train de se lever, avant même que nous nous en rendions compte.

 D’une manière ou d’une autre, nous continuons. D’une manière ou d’une autre, nous avons surmonté les épreuves et été les témoins d’une nation qui n’est pas brisée, mais simplement inachevée. 

Nous, les vainqueurs d’un pays et d’une époque à laquelle une frêle jeune fille noire descendante d’esclaves et élevée par une mère célibataire peut rêver de devenir présidente, et se retrouve à réciter un poème à l’investiture d’un président.

Et oui, nous sommes loin d’être lisses, loin d’être immaculés, mais cela ne veut pas dire que nous nous efforçons de former une union parfaite. 

Nous nous efforçons de forger notre union avec détermination, afin de créer un pays qui s’engage à respecter toutes les cultures, les couleurs, les caractères et les conditions de l’être humain. 

Nous ne levons donc pas les yeux vers ce qui se trouve entre nous, mais vers ce qui se trouve devant nous. 

Nous réduisons les inégalités parce que nous savons que pour faire passer notre avenir avant tout, nous devons d’abord mettre nos différences de côté. 

Nous déposons nos armes pour pouvoir tendre les bras les uns aux autres. Nous ne cherchons le mal pour personne mais l’harmonie pour tous. 

Laissons le monde entier, au moins, dire que cela est vrai. Que même si nous avons contesté, nous avons grandi. Que même si nous avons fait du mal, nous avons espéré.

Que même si nous nous sommes fatigués, nous avons essayé d’être victorieux et liés pour toujours. Nous pourrons connaître de nouvelles défaites, mais nous ne serons plus jamais divisés.

L’Écriture nous dit d’imaginer que chacun pourra s’asseoir sous sa propre vigne et son propre figuier, et que personne ne sera effrayé.

 Si nous voulons être à la hauteur de notre époque, la victoire ne passera pas par les armes, mais par tous les ponts que nous construirons. 

 Uniquement si nous l’osons, la promesse de la clairière est la colline que nous gravissons. Etre Américain est plus qu’une fierté dont nous héritons : c’est le passé dans lequel nous entrons et la façon dont nous le réparons. 

Nous avons vu une forêt qui diviserait notre nation au lieu de l’unir, qui détruirait notre pays si la  démocratie était empêchée. Et cet effort a presque failli réussir.

Mais si la démocratie peut être retardée à certains moments, elle ne peut jamais être complètement éliminée. 

Dans cette vérité, dans cette foi, nous avons confiance, car si nous avons les yeux tournés vers l’avenir, l’histoire a ses yeux braqués sur nous. 

C’est l’ère de la juste rédemption. Nous la craignions à ses débuts. Nous ne nous sentions pas prêts à être les héritiers d’une époque aussi terrifiante, mais en elle, nous avons trouvé le pouvoir d’écrire un nouveau chapitre, de nous offrir l’espoir et le rire, et nous nous sommes demandés comment éviter la catastrophe. Et maintenant, nous affirmons: « Comment la catastrophe aurait-elle pu prévaloir sur nous ? »

Nous ne reviendrons pas à ce qui était, mais nous nous dirigeons vers ce qui est un pays meurtri mais entier, bienveillant mais audacieux, féroce et libre. 

Nous ne serons pas détournés, ni interrompus par des intimidations, car nous savons que la prochaine génération héritera de notre inaction et notre inertie. 

Nos erreurs deviendront leur fardeau. Mais une chose est sûre, si nous unissons miséricorde et force, et la force avec le droit, alors l’amour devient notre héritage, et change l’héritage que nous laissons à nos enfants.

Alors, laissons derrière nous un pays meilleur que celui qui nous a été laissé.

 Avec chaque souffle qui sort de ma poitrine de bronze, nous transformerons ce monde blessé en un monde merveilleux. 

Nous nous élèverons des collines de l’Ouest aux contours dorés. Nous nous élèverons du Nord-Est balayé par les vents où nos ancêtres ont fait leur première révolution. 

Nous nous élèverons des villes de Lake Rim des États du Midwest. Nous nous élèverons du Sud, baigné par le soleil. 

Nous reconstruirons, réconcilierons et récupérerons dans chaque recoin connu de notre nation, dans chaque coin de notre pays. Notre peuple diversifié et beau en ressortira meurtri et beau. 

Quand le jour viendra, nous sortirons de l’ombre, enflammés et sans peur. L’aube nouvelle s’épanouit alors que nous la libérons. Car il y a toujours de la lumière. Si seulement nous sommes assez braves pour la voir. Si seulement nous sommes assez braves pour l’être.

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A propos d' Amanda...

 https://youtu.be/vSRRVNZFrCQ

 


vendredi 5 février 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2585 : Bouddhistes, Chrétiens, Musulmans..., tous victimes de persécutions

Lors des récents confinements, des catholiques ont fait savoir qu'ils se sentaient persécutés, car on ne leur permettait pas de se retrouver dans les églises pour célébrer l'Eucharistie. On peut les comprendre ; mais attention à ne pas abuser du mot "persécution" ! Tant d'autres croyants subissent des outrages d'une autre ampleur en effet...

Actuellement par exemple, plus de 340 millions de chrétiens sont fortement persécutés dans le monde : catholiques, orthodoxes, protestants, baptistes, évangéliques, pentecôtistes..., selon le rapport de l'ONG "Portes ouvertes" publié le 13 janvier. Selon cette ONG, le nombre de chrétiens tués en un an est passé de 2983 à 4761.  Et la situation est terrible également du côté des chrétiens d'Orient ; mais le sort de ceux-ci est davantage médiatisé. Alors que, ce qui est peu connu, et moins présent dans nos prières universelles, c'est que, d'après cette ONG, neuf chrétiens sur dix ont trouvé la mort l'an passé dans l'Afrique subsaharienne. Comme le souligne Marc Knobel dans son article à ce sujet paru sur "Ouest-France" le 3 février, "de la Corée du Nord à l'Iran en passant par le Nigeria, la Chine, la Turquie, le Vietnam, l'Afrique subsaharienne, la persécution des chrétiens dans le monde est une réalité."  D'après le rapport, les atteintes vont de l'oppression quotidienne discrète aux violences les plus extrêmes. Tous les moyens sont utilisés pour les contraindre à renier leur foi : posséder une Bible est devenu un crime, la célébration des cultes est interdite, les églises sont détruites..."

Des bouddhistes également subissent des persécutions.  Au Tibet par exemple, ,les croyants sont persécutés depuis que le Parti communiste chinois a pris le pouvoir en 1949.  Ils ont été arrêtés, torturés, détenus dans des camps de travaux forcés, comme prisonniers d'opinion.  Pour humilier le bouddhisme tibétain, de nombreuses nonnes ont subi des viols collectifs ; les moines et les nonnes ont été contraints de se marier pour biser leurs voeux de célibat.  Pendant la Révolution culturelle (1966-1976), les gardes rouges ont détruit des milliers de monastères.  Seuls quelques-uns ont échappé aux destructions. Aujourd'hui encore, les bouddhistes tibétains sont persécutés.  On leur applique des politiques discriminatoires, qui fragilisent les Tibétains et leur culture.

L'on fait souvent silence sur les musulmans victimes de persécution ; en effet, pour nos mentalités occidentales, ils sont considérés plutôt comme des persécuteurs... Et pourtant !  En 1989, 310 000 Turcs quittèrent la Bulgarie en raison de la politique d'assimilation qui força les musulmans de Bulgarie à adopter des noms bulgares et à renoncer à leurs coutumes islamiques. Les costumes turcs traditionnels furent interdits, les mosquées furent fermées, etc.   En Inde, pays à majorité hindoue, le gouvernement nationaliste de Narendra Modi a fait voter, le 11 décembre 2019, une réforme de la loi sur la nationalité qui empêche les seuls réfugiés musulmans d'obtenir des papiers.  Quant aux musulmans Rohingya, installés depuis des générations en Birmanie, pays à majorité bouddhiste, privés de nationalité depuis des décennies, 750000 d'entre eux ont été expulsés vers le Bangladesh avec une violence inouïe : meurtres, viols, destruction de maisons...

Le monde entier, même s'il ferme les yeux, sait aussi que, dans la province chinois du Xinjiang, un million de musulmans Ouïghours sont internés, de façon préventive et sans procès, dans environ 1200 camps de travail forcé : un musulman sur six ! Il s'agit de la plus grande incarcération de masse d'un peuple minoritaire. Le Conseil français du culte musulman a appelé à une enquête internationale, ce qui est non soutenu par notre Président. Jo Biden affirme lui qu'il s'agit d'un génocide.  Le pape François qualifie les Ouïghours musulmans de "peuple persécuté", dans son livre paru le 2 décembre dernier.

J'arrête ici ce constat, alors que l'on pourrait parler aussi de ce que subissent les Juifs, les Yézidis, etc. Mais un jour, des comptes nous seront demandés !  Car, ainsi que le proclamait avec justesse Martin-Luther King :  "Celui qui accepte le mal sans protester, en réalité, coopère avec lui."

Coran 6/151  :  "Ne tuez personne injustement ; Dieu vous l'a interdit."

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Entrons un instant au coeur de la culture de nos frères et soeurs musulmans Ouïghours...

 https://youtu.be/1Hef5OXHr5I

jeudi 4 février 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2584 : "L'étranger, tu l'aimeras comme toi-même." (Lévitique 19/33)

 Voici le message que j'ai reçu il y a quelques jours, de la part de deux militants de la Cimade de  Challans, qui tiennent aussi une permanence régulière sur les Sables d'Olonne chaque mardi après-midi. J'ai fait quelques ajouts en italiques, au cas où... J'ai tiré le titre de ce billet de la chronique de Marc Knobel, qui se présente comme juif, sur le "Ouest-France" d'hier mercredi, page 08.  Ce billet prend tout son sens en ce 4 février, décrété Journée internationale de la fraternité humaine par l'Assemblée générale de l'ONU en décembre dernier ; et cela, suite à la rencontre du pape François, il y a deux ans, le 4 février 2019, avec le grand imam d'Al-Azhar, Ahmed Al Tayeb, à Abu Dhabi.

 

Bonjour Olivier

La famille M'BALA Gabriel et Niclette, originaire de RDC (République Démocratique du Congo), est menacée d'expulsion. Elle doit quitter son logement CADA sur Olonne (Comité inter-mouvements au service des demandeurs d'asile et des étrangers en situation irrégulière) le plus tôt possible. Les parents sont âgés de 45 ans. La famille est composée de 3 filles de 17 ans, 13 ans et 2 ans 1/2,et 2 garçons  de 12 et 8 ans.
 
Le papa était commerçant à Kinshasa. Actuellement il n'a pas d'autorisation de travail. Il aimerait trouver un emploi comme peintre en bâtiment ou en nettoyage industriel.
 
Il était responsable politique en opposition à Kabila (président de la République en RDC jusqu'en 2019). Ils ont subi de nombreuses pressions et violences qui les ont obligés à quitter le pays le 11 janvier 2019. Après avoir demandé l'asile politique en France, ils sont passés à l'OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) le 15 mars 2019 et ont eu un rejet le 26 avril 2019 ; puis à la CNDA (Cour nationale du droit d'asile) le 31 décembre 2019, demande également rejetée.
 
Après avoir reçu du Congo des éléments nouveaux très probants, ils ont fait une demande de réexamen le 5 octobre 2020 - photos insoutenables à l'appui - demande qui a été notifiée irrecevable, et rejetée à la CNDA par ordonnance du 26 janvier 2021.
 
La réponse est toujours stéréotypée : témoignages rédigés en termes convenus, manquant de personnalisation et article de presse du Congo rédigé pour la circonstance. Il n'est même pas fait état des photos.
 
Nous sommes très inquiets pour leur situation à venir s'ils ne quittent pas le logement CADA ; car ils risquent encore plus, non seulement l'expulsion du logement, mais aussi le renvoi dans leur pays, ce qui n'est pas acceptable car ils sont en danger de mort : des membres de leur famille ont déjà été massacrés.
 
Cette famille est accompagnée par la Cimade sur Les Sables d'Olonne. Ils bénéficient de l'aide alimentaire des Restos du Coeur et, pour toutes ressources, d'un secours mensuel de 75€ par le Conseil Général.
 
Bien amicalement et merci aussi à toi.
 
 
Si je vous partage cet appel, ce n'est pas pour vous embêter, encore moins pour vous culpabiliser... Les militants qui m'ont fait suivre cet appel ont frappé à de nombreuses portes, aux Sables d'Olonne et sur toute la Vendée, pour demander de l'aide. Sans parler déjà de l'éventualité de leur expulsion, d'ici là, quelle solution serait-il possible de trouver pour leur offrir un logement provisoire ?  Il est vrai que cette famille comprend sept personnes !!!  Et qu'ils n'ont quasiment aucune ressource...  Et si une famille acceptait de les accueillir, il faudrait qu'ils puissent être accompagnés par une association...
 
En même temps, on sait qu'il y a des appartements en HLM prévus pour ce genre de cas, mais ils sont bloqués... Ces Congolais sont en France depuis deux ans déjà ; et les parents ont envie de travailler, mais... Situation apparemment un peu insoluble !  Mais il m'a semblé utile de vous la partager ; au moins pour que vous soyez informés, et aussi, pour que nous nous laissions déranger par de tels appels...   En tout cas, j'ai été très touché par le fait que certaines personnes auxquelles j'ai fait suivre cet appel l'ont déjà largement communiqué à leurs connaissances, sur le Pays des Olonnes comme dans le Nord-Vendée ou ailleurs.   Merci de votre attention !  Et si quelqu'un a une idée ou connaît une piste...
 
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En ce jour, en lien fort avec ce qui précède, méditons avec Sainte  Thérèse de Lisieux qui disait : "Aimer, c'est tout donner...  Sans amour, à quoi bon vivre ?..."

mercredi 3 février 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2583 : "Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis." (A. de Saint-Exupéry)

Très symbolique, cette chronique d'Hervé Gardette, le vendredi 22 janvier à 8h50, sur France-Culture, dont je vous transmets un passage qui m'a interpellé.  Il était question de la façon dont Jo Biden a essayé de donner une place représentative, dans son équipe gouvernementale, à des personnes issues de catégories souvent laissées de côté dans son pays, sinon souvent oubliées :

"Un homosexuel qui s'assume comme tel aux Transports, une mère célibataire de souche amérindienne à l'Intérieur, un ministre de la Sécurité intérieure hispanique, fils de réfugié cubain, une femme noire à la Vice-Présidence, une personne transgenre à la Santé, un général afro-américain au Pentagone, un quadra d'origine asiatique au Commerce, aux côtés, pour chapeauter le tout, d'un homme blanc au seuil du 4° âge, à la Maison Blanche."

Je ne connais rien à la politique des Etats-Unis ; j'ignore si Jo Biden saura répondre ou non aux attentes de ses concitoyens ; mais il faut reconnaître cependant, à travers de tels choix, le souci de faire oeuvrer ensemble, au service du pays, des personnes d'une diversité impressionnante.

Les Cassandre me rétorqueront qu'il ne s'agit là que d'un calcul stratégique, d'une petite cuisine un peu simpliste, qui ne présume en rien de la bonne politique à venir de ce gouvernement.  Il n'empêche que ce président a osé franchir plusieurs barrières non évidentes et poser ainsi un pari sur l'avenir, concernant une Amérique tiraillée en tous sens et divisée.  Peut-on y rester indifférent ?

Je fais sans doute un raccourci rapide, qui va faire friser le nez à plus d'un ; mais en prenant conscience de la diversité de cette équipe, je n'ai pu m'empêcher de penser à Jésus formant son équipe de disciples, avec des personnes extrêmement diverses également.  A ce sujet, je me permets de vous citer un article d'Henri Tincq, paru dans "Le Monde" du 15 avril 2006 et que j'ai retrouvé dans mes archives, ; billet au titre révélateur : "Les 12 apôtres : un groupe bizarre, hétéroclite".

 

"Nous nous représentons le plus souvent les disciples sous l'image d'Epinal du cercle des douze apôtres assemblés autour de Jésus. C'était un groupe bizarre, hétéroclite, où l'on trouve des noms à consonance grecque, comme Philippe et André, et des noms hébreux comme Jacques, Barthélemy, Thaddée ou Simon. De ces douze Galiléens, les noms apparaissent dans les Evangiles dès le début de la vie publique de Jésus. Ils sont tout le contraire d'une élite. Rien ne les qualifiait, d'un point de vue intellectuel ou religieux, pour suivre un prophète itinérant, sinon qu'ils ont rompu pour lui tous leurs liens sociaux, quitté la famille, la maison.

De certains, comme Thaddée, nous ne savons que le nom. D'autres, comme Pierre et Jacques, vont devenir chefs de file de la première génération chrétienne. Pierre - qui, comme Jésus, n'a rien écrit directement - a cédé à Jacques la direction de l'Eglise de Jérusalem pour amorcer en Syrie une mission ouverte aux non-juifs (les païens). Mais le missionnaire par excellence fut Paul, un contemporain de Jésus, mais qui ne fut pas son apôtre. Il fut son persécuteur avant de devenir son propagandiste.

Quant à Judas, son surnom, "l'Iscariote" est énigmatique : signifie-t-il qu'il vient de Karioth, une ville de Judée, ou qu'il faisait partie des sicaires, les hommes au poignard, comme l'historien Flavius Josèphe appelle les zélotes ? Visiblement, Jésus a voulu rassembler des hommes dépareillés, dont le seul point commun était qu'ils faisaient confiance à celui qui les appelait."

 

Et s'il y avait à travers cela un appel pour que, non seulement dans nos sociétés, à la tête de nos nations, mais aussi dans nos églises, dans nos conseils de paroisse..., il y ait une telle diversité, plutôt que de nous limiter à ceux qui pensent comme nous, ou ne vivent que comme nous, ne serait-ce pas un réel pas en avant vers une authentique Fraternité ?

Allez lire cette lettre dans le "courrier des lecteurs" de ce jour sur "Ouest-France : "...Que serait une société homogène, uniforme, dont tous les membres se ressembleraient au point d'avoir une pensée unique ?... La pluralité, au contraire, est source de vie, d'ouverture d'esprit, d'enrichissement spirituel... Partager ce qu'il y a de meilleur chez les autres, c'est faire progresser l'humanité."

Pour nourrir votre méditation de ce jour, je vous propose le formidable hymne pour la paix composé par par le québecois Raymond Lévesque en 1956, interprété de concert, en 1974 par Félix Leclerc, Gilles Vigneault et Robert Charlebois : une magnifique chanson encore bien d'actualité  :

https://youtu.be/cZfDRQ_kKOw


mardi 2 février 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2582 : "Après vous !" (devise d'Emmanuel Lévinas)

 Samedi dernier, faisant mes courses à Super U, j'arrive devant le rayon "boucherie" ; chouette, personne : je n'aurai pas à faire la queue." Le serveur arrive et me salue ; je lui répond et m'apprête à faire ma commande, lorsque surgit près de moi une jeune femme, apparemment très excitée, qui s'écrie d'une voix forte : "C'est moi qui étais la première." Et de jeter sur moi, l'usurpateur, un regard mauvais. Je lui répond, un peu interloqué : "Excusez-moi, madame, mais quand je suis arrivé, il n'y avait personne."  "Oui, me rétorque-t-elle,  mais j'étais là avant ; et j'avais dit à monsieur (l'employé) que j'allais juste jeter un coup d'oeil au rayon derrière, et que je revenais tout de suite." J'ai repensé en moi-même au dicton rappelant que "qui va à la chasse perd sa place", mais j'ai préféré éviter la polémique et lui ai laissé la place.  J'ai peut-être eu tort de m'écraser ?  En tout cas, je n'ai pas eu droit au moindre merci, alors que j'avais l'âge d'être son grand-père...  Enfin !

Puis, hier matin, tout en faisant le grand ménage dans mon logement comme chaque lundi, j'écoutais à la radio une émission à propos d'Emmanuel Lévinas, un de mes maîtres à penser préférés ; l'un des intervenants a cité la devise de ce philosophe : "Après vous".  Cela m'a rappelé ce qui m'était arrivé au Super U... Une fois le ménage terminé, j'ai ressorti mon petit dossier d'articles découpés à propos de Lévinas. C'est toujours un régal de relire ce qu'a écrit celui qui fut l'un des plus grands philosophes du XX° siècle. Voici par exemple comment il pense sa relation avec autrui :

"Etre responsable d'autrui, c'est être otage.  On l'est injustement, mais cet injustement est un élément essentiel de la responsabilité.  Ne pas regarder où cela dépasse ma faute, où la faute d'autrui est plus claire que mes acomptes.  La vie morale est cette constante attitude."  Une telle réflexion tombait pile, suite à l'incident vécu au Super U.

Emmanuel Lévinas (1906-1995), d'origine juive, est né en Lituanie. Son père, sa mère et ses deux frères furent exécutés par les nazis. Il a vécu les pages sombres du XX° siècle. Il a parlé du "désespoir continu" dont il a fait l'expérience terrifiante durant la première moitié de ce siècle. Et ce grand naufrage de l'humanisme qu'a vécu l'Europe lui a fait prendre conscience de la vulnérabilité de l'homme. Seule solution pour ne pas perdre tout espoir : prendre le contre-pied total de ces idéologies destructrices, et prendre le parti de se laisser bouleverser par le visage de l'autre.

Dans un article du journal "Le Monde" intitulé, de façon révélatrice : "L'autre avant tout", l'écrivain Roger-Pol Droit écrit ceci : "Le retournement radical que développe, de mille façons, la pensée de Lévinas consiste avant tout à constater que l'autre a priorité sur moi. L'éthique prend à la lettre, et au sérieux, la banale formule de politesse "après vous, je vous en prie" ; elle y voit la clé du monde et en fait une règle de vie, aussi bien personnelle que collective."

Il a fallu attendre les années 80 pour que l'on découvre la nouveauté absolue d'une telle vision. Depuis ce temps, Lévinas s'est imposé comme "le penseur de l'Autre", de l'humain véritable. Jean-Paul II l'invita au Vatican pour pouvoir l'écouter et échanger avec ce personnage hors norme dans notre société axée sur la prééminence du "Moi". Mais à quelles sources Lévinas avait-il puisé ses intuitions ? Il se définissait comme un fils du Deutéronome ; pour mieux comprendre ce qui a pu le marquer, relisons par exemple le chapitre 24/5-22... Quelle leçon pour notre société !  Quelle interrogation, plus actuelle que jamais, vis-à-vis du rapport que l'on peut avoir avec notre prochain !  "S'offrir à l'autre", disait-il : tout un programme !

"Après vous !"  Et pourquoi cela ne serait-ce pas également notre devise à tous ?

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Je vous invite à méditer quelques instants en écoutant une chanson de Jean Ferrat, sur des paroles magnifiques de Louis Aragon. A partir du 2 ou 3° couplet, vous saisirez le rapport avec l'humanisme prôné par Lévinas :  "... connaître la douleurs vis-à-vis des douleurs du monde..."

 

 

 

 

lundi 1 février 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2581 : Par rapport à ce blog, vos réactions et suggestions sont les bienvenues !

Alors que janvier vient de s'achever, l'idée m'est venue de faire un bref bilan à propos de diverses questions qui se posent autour de ce blog : les vôtres et les miennes : sans oublier vos précieuses suggestions  Je vais essayer d'y répondre, en vrac... En me basant sur ce qui s'est vécu en ce premier mois de l'année 2020.

Ce qui me frappe le plus, c'est la qualité de vos commentaires ; je n'en reviens pas !  Souvent, ils complètent fort bien ce que j'ai écrit. Parfois en effet, souvent même, je suis un peu partial, sinon extrême dans mes jugements ; ou bien, je n'aborde pas tous les aspects de la question ; et vous venez alors, de façon très appropriée, apporter d'utiles compléments.

Surtout, n'hésitez pas à exprimer votre pensée. Même et surtout si cela va à l'encontre de ce que j'ai pu écrire. C'est cela qui permet des échanges en vérité. Ne vous demandez surtout pas : ce que je vais écrire, est-ce que ça va faire plaisir à Olivier ?  Je ne vous en voudrai pas, au contraire ! Car c'est alors que vous enrichissez le contenu de ce blog, qui est aussi le vôtre.

Comme vous l'avez compris, et comme c'est expliqué sur la colonne de gauche dans la page de garde de ce blog, vous n'êtes pas obligés de signer un commentaire de votre nom ; vous le faites si vous voulez ; vous pouvez rester anonyme ou vous présenter sous un pseudo. Seuls les commentaires anonymes exprimant de la haine ne sont pas publiés. L'anonymat n'est pas un problème, si votre message exprime quelque chose d'utile ; à condition que l'on ne se cache pas, honteusement, derrière cet anonymat pour exprimer des choses méchantes évidemment. Mais beaucoup me disent aimer lorsque les personnes donnent leur nom, car cela facilite la connaissance mutuelle et la convivialité à l'intérieur de ce blog.

Je vous cite à présent un commentaire reçu de Corine le 4 janvier : "Merci encore Olivier et merci à vous tous, fidèles lecteurs, qui ajoutez de la valeur à ce blog ! Je propose qu'Olivier puisse solliciter certains d'entre vous pour le remplacer afin de continuer à tenir et faire vivre le blog quand il n'est pas disponible !  Qu'en pensez vous ? Et toi Olivier, qu'en dis tu ?"

J'avais écrit un commentaire en réponse à Corine, en la remerciant. Oui, c'est une excellente suggestion.  D'ailleurs, j'ai l'impression que cet appel a été entendu. En effet, plusieurs d'entre vous ont rédigé un billet en ce mois de janvier : Gaston le 12, Denise le 14, Gilles le 18 et Jean-Pierre le 26 janvier !  

Tel ou tel s'en est inquiété : "Mais, si ça continue, ce ne sera plus ton blog..."  Ceci est vrai, mais aussi  ne l'est pas !  En effet, il ne faudrait pas que ce blog ne soit réservé qu'à ma petite personne et à mes idées... Ce n'est pas que je veuille me mettre en retrait, mais c'est pour offrir d'autres points de vue permettant d'élargir la réflexion, d'aider à penser les choses sous des angles différents et de permettre des échanges plus interactifs et plus collectifs.

De moi-même, d'ailleurs, j'ai publié des points de vue d'autres personnes, venant du grand rabbin de France le 1° janvier, du pasteur Hostetter le 7, de Roland le 8, de François le 9, du Niger le 23 ; ainsi que deux commentaires que j'ai transformés en billets, d'Elodie le 11 et de Gilles le 22.

D'autre part, à diverses reprises, vous m'avez suggéré des thèmes à aborder ; j'en ai quasiment toujours tenu compte. N'hésitez pas à m'envoyer des commentaires, même très succincts, ainsi que des idées de sujets à traiter ; sans parler de musiques ou chansons à proposer, avec le lien ou non d'ailleurs, comme cela s'est déjà fait.  Et même si vous n'envoyez rien, vous demeurez les bienvenus sur ce blog, à travers l'intérêt que vous lui portez, ce dont je vous remercie tous !

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Et maintenant, un petit temps d'action de grâce pour tout ce que nous nous apportons les uns aux autres par ces échanges, à travers une musique bien connue, interprétée ici depuis les Andes, par le talentueux  groupe Wuauquikuna (Mother Earth, notre Mère la Terre).  Obrigado !

https://youtu.be/Cxr8Qyd2t1E