Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



mercredi 28 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2145 : "Lydie est morte écrasée ! Y'a pas d'justice !"

Grosse discussion en compagnie de plusieurs résidents, au cours d'un repas que je partageais avec eux dans un Ehpad, à propos du décès d'une maman de Talmont, de 48 ans, il y a quelques jours : un jeune homme de 24 ans, roulant à vive allure dans les rues de la Chaume, avec 1,60 gramme d'alcool par litre de sang, l'a heurtée violemment ; projetée sur le pare-brise, cette femme est retombée lourdement sur la chaussée et n'a pas survécu à ses  blessures. Moment de silence !  Puis, l'un des résidents de déclarer : "Y'a pas d'justice !"
Nous étions tous plongés dans une grande tristesse !  "Y'a pas d'justice !"  Traduction, tel que j'ai ressenti cette remarque : "Et votre "Bon Dieu", où était-il ?  Et qu'a-t-il fait pour empêcher un drame aussi ignoble et injuste ?"
Silence encore... Je sentais que chacun souffrait, méditait, se demandait ce qu'un tel événement pouvait  vouloir dire. Devais-je prendre la parole ?  Pour dire quoi ?  Quelques instants plus tard, je me suis permis de confirmer ce qu'avait dit ce résident : "Oui, en effet, ce qui vient de se passer est profondément injuste !  Il était trop tôt pour cette femme de quitter cette vie, et surtout de cette façon là !"
Et l'échange de reprendre, avec des réflexions telles que celles-ci : "L'alcool, c'est vraiment dangereux !" "Et la vitesse des voitures ?" "Dans notre société, on ne fait plus attention à son prochain." "Nulle part, on n'est en sécurité."
Au milieu de tout cela, j'ai essayé de glisser que "ce n'était pas Dieu qui conduisait la voiture", en ajoutant que "ce sont les humains qui sont injustes les uns envers les autres, trop souvent." Réaction très juste de l'un des résidents : "Dans la vie, trop souvent, les gens s'écrasent les uns les autres, et il y a beaucoup d'injustices autour de nous."
J'aurais aimé poursuivre un peu cette réflexion, approfondir cette question de l'injustice de Dieu ou des hommes ; mais, entre deux plats, la poire et le fromage, le lieu ne s'y prêtait guère... Je pensais à cette réflexion d'Eric Tabarly que je cite de temps en temps : "Pourquoi Dieu permet-il tant de saloperies et de misères ?"  M'est revenu plus tard ce que disait aussi Claudel : "Jésus-Christ n'éclaire pas l'énigme de la souffrance ; il la remplit de sa présence."  Et cela, même quand on ne cite pas son nom.
La foi nous dit que, dans un tel événement donc, Jésus est présent, vivant, actif, juste, éclaireur, sauveur ; même si on ne sait comment.  Dimanche dernier, au cours de la messe à Talmont, nous avons porté cette dame dans notre prière, ainsi que sa famille.  Même si la cérémonie d'au-revoir a été célébrée au crématorium, Jésus sauveur a souffert avec cette famille, et ne les a pas privés de son soutien divin !
A présent, à nous d'oeuvrer pour que le mal, l'injustice et la mort n'aient jamais le dernier mot !

mardi 27 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2144 : Rouler avec la Parole de Dieu, grâce à un moteur à quatre temps

Tandis que dans une salle à 20 mètres de l'église St Pierre de Talmont, ce dimanche 25 février, se tenait un "Salon du bien être", j'ai tranquillisé les paroissiens en leur disant qu'en cette église, ils se trouvaient au salon du "bien être divin" ! Mais il fallait l'expliquer... Je leur ai donc proposé d'utiliser un moteur à 4 temps très performant, pour rouler paisiblement sur les chemins de la vie, à la lumière de la Parole de Dieu. Cela, à partir du texte de l'évangile du jour, celui de la Transfiguration, en Marc 9/2-10.
Ceci peut se vivre tous les jours, ou 2 ou 3 fois par semaine peut-être... Condition préalable : la veille au moins, se fixer, pour le lendemain, 1/4 d'heure par exemple, ou moins, ou plus, pour un temps consacré au Seigneur. Et disposer d'un "Prions en Eglise" ou d'un "Magnificat", où l'on peut trouver les lectures de chaque jour. Cette proposition peut se vivre en couple, seul, ou même avec les enfants !

1° temps : lire le texte
Soit la 1° lecture, soit l'évangile. Lire ce texte à haute voix, lentement, en prenant bien conscience que c'est Dieu qui vous parle. Lire et relire, gratuitement, en laissant ces paroles descendre au plus profond de votre coeur. Cela, même si on ne comprend pas tout, à la manière des disciples qui, en redescendant de la montagne, "se demandaient entre eux ce que voulait dire "ressusciter d'entre les morts". Ce n'est pas parce qu'on ne comprend pas un texte que l'on doit arrêter de le méditer.
Jusque là, c'est simple !  Et si on réussit ce 1° temps, c'est déjà formidable. En effet, quand on fait cela, on est en compagnie de Dieu, à travers sa Parole. Rappelons-nous que Dieu pleure, quand on ne prend pas le termps d'écouter ce qu'il a prévu de nous dire !  "Maître, il est bon que nous soyons ici avec toi. Dressons donc trois tentes."  Et vous êtes alors au salon du bien être divin.

2° temps :  repérer ce qui nous marque le plus dans ce texte
Souligner avec un crayon, dans le texte, le mot, la phrase, l'attitude de Jésus ou autres, qui me frappe le plus. Par exemple : "Ecoutez-le". C'est ce qu'on est justement en train de faire : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le."  Ou encore : "Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena à l'écart." Nous aussi, on est à l'écart, avec lui.  Etc..., selon ce qui marque chacun.

3° temps : répondre au Seigneur, par une brève prière
Après l'avoir écouté, on lui répond, comme on le ferait à un proche. Selon les jours, ou ce que l'on vit, ou selon les textes, ce sera un merci : de m'avoir pris avec toi à l'écart. Ou une prière d'intercession, quand on est dans le brouillard, comme les disciples sur la montagne : Seigneur, soulage-moi, soutiens mes frères, dans leurs douleurs.

4° temps : se laisser regarder et aimer par Dieu
Pendant quelques instants, laisser tout simplement Jésus nous regarder. On ne va pas prendre de résolutions : on ne les tient jamais, et c'est lassant. Mais on se place sous le regard de Jésus transfiguré, qui vient alors illuminer ma vie. Et alors on se sent mieux ; on se sent aimé, compris, éclairé, pardonné, renforcé, retourné !

Essayez ce moteur à 4 temps, et vous verrez !  Car la Parole de Dieu, c'est une Parole qui guérit, une Parole qui libère de nos fatigues, de nos ressentiments, de nos douleurs et de nos faiblesses. Cela ne vous prendra pas beaucoup de temps. D'autre part, c'est facile à gérer, même si on n'a pas fait de hautes études bibliques, et cela comblera le coeur de Dieu.  N'importe qui peut faire cela, et avec quelque texte biblique que ce soit.
N'hésitez pas !

lundi 26 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2143 : Islam et vivre-ensemble

Décidément, la semaine écoulée a été riche en événements inter-religieux en Vendée :
-  mardi 21 à la Roche : lecture juive de l'évangile de Jean
-  mercredi 22 au Château d'Olonne : témoignage d'un moine bouddhiste
-  et hier dimanche, toujours sur le Pays des Olonnes : intervention d'Ali Bensaada, musulman, sur le multiculuralisme.

Ali, dont le prénom signifie "haut", et dont le nom de famille est Bensaada, "le fils de la prospérité, de la richesse, du bonheur", marié à Marie-Jo, catholique, qui l'accompagne à fond, est le référent officiellement reconnu par l'Etat comme aumônier pour les prisons de La Roche-sur-Yon et Fontenay-le-Comte.
Depuis quelque temps, l'on exige des aumôniers qu'ils suivent une vraie formation, ce qu'a fait Ali. Il a rédigé un Mémoire sur le multiculturalisme, ce qui lui a permis d'obtenir le diplôme obligatoire. Et c'est cette thèse qu'il était  invité hier à présenter devant une belle assemblée, où l'on a vu aussi des protestants, des baptistes, des bouddhistes et des juifs.
Impossible malheureusement de résumer ici ce travail d'une grande richesse. Juste quelques trop brefs échos.

Différentes cultures dans une même nation, cela peut être à la fois une chance et un risque :

parmi les risques : les refus à faire société ensemble, la non acceptation de l'ouverture vers les autres, le repliement sur sa communauté d'origine, ou sur des quartiers homogènes et fermés, le manque d'échange avec les autres cultures, le rejet de l'autre, différent, la difficulté à accepter la législation et l'autorité du pays d'accueil, la place particulière, parfois prépondérante, donnée à la religion, qui peut prévaloir sur tout le reste, le communautarisme, avec la préférence donnée à sa propre communauté, l'insécurité, les risques d'attentat, une fragilité sociale trop souvent, etc...
-  mais l'échange entre cultures peut aussi enrichir la société d'accueil : la coexistence entre plusieurs cultures dans un même pays permet un enrichissement, si l'on évite le cloisonnement ; cet échange est profitable à tous, ceux qui arrivent, ceux reçoivent ; l'apport de toutes ces cultures a contribué à l'ouverture et au développement de la France, économiquement, comme au plan religieux, sans parler de l'art, du sport, de la cuisine, de la musique, etc... ; les mariages mixtes, entre jeunes qui ont la double culture, ont permis des regroupements très fructueux souvent et une belle intégration ; le bonheur de faire société ensemble ; plus qu'une assimilation, une intégration est en train de se réaliser, peu à peu ; construire du lien social, accepter l'autre différent, etc...

Quelques appels :
-  il serait nécessaire que les musulmans, de toutes origines ethniques, puissent se structurer à la façon dont sont organisés les juifs par exemple, ou les membres des autres religions.  En trouvant un système équilibré quant au mode de représentation de chaque groupe concerné.
-  Hélène (juive) : "Si on n'enseigne pas l'histoire des religions, cela conduit à faire des amalgames et à l'incompréhension. Assurer cet enseignement, ce n'est pas faire du prosélytisme, mais oeuvrer pour inviter les uns et les autres à mieux se connaître, à savoir s'écouter et se respecter."
-  l'objectif est aussi de permettre à chacun de vivre dignement.
-  donner un grand rôle à l'information, à travers les médias, dans les écoles, les prisons, les hôpitaux, l'armée... Ali est très présent dans plusieurs de ces directions ; il nous en a longuement entretenus.
-  assurer un travail de vigilance, de prévention
-  travailler la question du financement du culte musulman, des mosquées
-  veiller à éviter, chez certains responsables musulmans, la confusion entre "pouvoir" et "devoir"

Pour conclure, "faire société ensemble", tel est le message que nous a laissé Ali, à travers le magnifique témoignage qu'il nous a partagé !

samedi 24 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2142 : "Ce qui s'effondre, c'est un style de religion, pas l'Evangile !"

Hier soir, à La Roche-sur-Yon, à l'initiative du groupe SEL 85 (Solidarité-Eglise-Liberté), très riche réflexion autour de la pensée du jésuite Joseph Moingt par rapport à l'avenir de l'Evangile dans notre société. Autour de nous, beaucoup de gens sont paniqués ! Face aux églises qui vieillissent et se vident, ils ressentent un grave sentiment d'échec et se posent des questions par rapport à l'avenir du christianisme, dans un monde, surtout en France, qui semble se détourner de Dieu.
En effet, il nous faut prendre acte de cette situation !  Mais en évitant de penser que tout est perdu ; ce serait en effet douter du salut de Dieu. Par contre, ce recul apparent de la pratique religieuse peut nous aider, de façon salutaire, à nous poser enfin de vraies questions, par rapport à nos priorités en matière de religion.
A ce sujet, étudier la pensée de Joseph Moingt peut nous aider à retrouver l'espérance, dans la mesure où, actuellement, ce qui meurt, ce n'est pas l'Evangile, mais un style d'Eglise qui ne correspond pas vraiment à ce que Jésus pouvait souhaiter.  Faute de place, je reprends deux exemples seulement, parmi ce que nous a aidés à saisir de la pensée de J. Moingt notre conférencier, M. Jean-Pol Gallez :

Prenons par exemple le mode de gouvernement. Joseph Moingt souligne le besoin d'une autorité dans l'Eglise, mais sans doute d'un style plus évangélique, en fidélité à cette parole de Jésus : "Vous le savez, ceux que l'on regarde comme les chefs des nations les tiennent sous leur pouvoir, et les grands sous leur domination. Il n'en est pas ainsi parmi vous. Au contraire, si quelqu'un veut être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur. Et si quelqu'un veut être premier parmi vous, qu'il soit l'esclave de tous !" (Marc 10/42-44) C'est effectivement ce que l'on attend des évêques, comme des prêtres ou des laïcs en responsabilité : qu'ils soient au service de la communion ; qu'ils abandonnent leurs réflexes de dirigeants, leurs attributs de supériorité, au sein du Peuple de Dieu ; qu'ils sachent écouter, valoriser, orienter et servir !

Autre point à réviser : la place prééminente donnée dans l'Eglise à ce qui est cultuel ou légaliste. Or, Jésus n'a pas doté les apôtres d'un rituel liturgique ni d'un code de droit canonique. Il nous a envoyés "disséminer l'Evangile" autour de nous, et c'est là notre mission première. Et non pas trop uniquement d'assurer en priorité les besoins cultuels, religieux des baptisés.  En effet, on n'est pas sauvés par une pratique religieuse, mais par des options de vie fraternelle. Or, le risque est réel de réduire l'Evangile à une loi à observer et des rites à pratiquer ; alors que la loi nouvelle, ce sont les Béatitudes. Nous avons un devoir de religion qui demeure, bien sûr, et il est nécessaire de recourir à une pratique liturgique vraie ; cependant, ce à quoi l'Evangile nous appelle, ce n'est ni d'abord un devoir de religion, mais un devoir de service de l'humanité. Servir Dieu, c'est servir nos frères en effet. Car Dieu ne vit pas dans les cieux, mais au coeur de l'humanité ! Relire à ce sujet Jean 4/20-24 : "L'heure vient où ce n'est ni sur cette montagne, ni à Jérusalem que vous adorerez le Père (...) L'heure vient, et elle est là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité." Car Dieu ne vit pas dans les cieux, et il ne demande pas à être adoré seulement dans les églises ; il nous faut adorer Dieu à travers l'amour du prochain, au sein de l'humanité, et non pas nous replier sur une trop étroite identité.

P-S : pour les courageux, je vous renvoie à la recension que j'avais faite du livre "Croire quand même", du P. Moingt, dans mon billet n° 1471 daté du 8 juin 2012.

vendredi 23 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2141 : Carême chrétien et Ramadan

Tout d'abord, une invitation à toutes et tous :

Rencontre avec Ali Bensaada, aumônier musulman de la prison de la Roche-sur-Yon

Les participants ont apprécié la soirée récente avec un moine bouddhiste !
Dans la même visée, l'association "Dialogue pour la Paix" de la Roche-sur-Yon et du Pays des Olonnes vous invite à présent à une rencontre avec un responsable musulman, Ali Ben Saada, membre de cette association, aumônier musulman de la prison de la Roche-sur-Yon, ce dimanche 25 février, à 15h, dans la même salle paroissiale des Nouettes, 9, rue Georges Sand, au Château d'Olonne .  Ali nous présentera la thèse qu'il a travaillée, sur le multiculturalisme, la rencontre entre les différentes cultures.

Mais revenons au sujet du jour ! 
Sans cesse, l'on entend des questions ou des comparaisons par rapport à la façon d'envisager le temps du Carême, côté catholique et musulman. Je vous propose, en deux temps, tout d'abord, d'entendre comment les musulmans eux-mêmes voient le Ramadan, puis, de regarder ensemble Carême chrétien et Ramadan.  Ceci est une réflexion que j'avais préparée pour le bulletin du doyenné de Talmont sur le Carême ; mais elle était trop longue pour pouvoir y trouver place.


Le Ramadan, vu par les musulmans :
 

Durant le mois de Ramadan, le croyant doit être à la recherche du pardon et du repentir. Il doit faire tout son possible pour attirer sur lui la Miséricorde Divine, en pratiquant et multipliant des œuvres pieuses. Le Ramadan permet de purifier et de développer la conscience de sa relation avec Dieu. Ainsi, ce mois d’abstinence permet au croyant d’adorer Dieu sans penser à autre chose qu’à Lui.

Avec le jeûne du mois de Ramadan, le musulman découvre que tous ses actes sont sacrés. Il prend conscience de la grandeur de Son Créateur. Il mange, il boit, il aime en louant Son Créateur. Il élève son âme durant ce mois en étant détaché de son quotidien terrestre, prêt à faire le bien.

Le jeûne est une école de vie, une école de patience. Durant ce “mois béni”, le croyant musulman n’est plus l’esclave de ses désirs ni de ses plaisirs. Il se contrôle, réforme son comportement, s’éduque pour Dieu.

Temps de solidarité, le Ramadan permet au musulman de vivre des moments de convivialité, de fraternité, et de se mettre à la place du démuni, du pauvre, de celui-ci qui ne mange pas à sa faim. Le musulman apprend à partager avec autrui. Le jeûne permet de plus de vivre alors, pendant toute la journée, ce que les pauvres vivent eux toute l’année, de prendre conscience de leur dénuement, et de raviver en eux l’idée qu’il est du devoir de ceux qui ont quelque chose d’aider ceux qui n’ont rien.

Carême chrétien et Ramadan, est-ce la même chose ?

Il existe des ressemblances entre les deux démarches, que chacun pourra déceler. Il nous faut les accepter, nous en réjouir et les méditer. Cependant, sans dévaloriser la démarche de nos frères musulmans,  l’on doit noter  deux différences essentielles avec ce qui se vit chez les chrétiens :

. le Carême chrétien  fait entrer dans le souvenir d’une démarche vécue par le peuple Hébreu, puis par  Jésus, au désert. Aujourd’hui, de la même façon, le peuple chrétien accepte une épreuve, de type désertique », de 40 jours pour se préparer à la vie nouvelle que Jésus nous offre, au-delà de la souffrance, du péché et de la mort.

.  ce Carême a pour objectif d’inviter les chrétiens à fêter la victoire de Jésus, à Pâques, sur le péché et la mort. Ce qui n’est évidemment pas ce que vise le Ramadan.

Malgré certains points pouvant, à première vue, faire penser à une certaine  « ressemblance » (prière, jeûne, conversion,  partage…) entre le Carême chrétien et le Ramadan, on ne peut que constater que la visée profonde, le lien avec Pâques, le type de relation à Dieu à travers le Christ et les pratiques concrètes des croyants dans chacune de ces deux religions sont vraiment tout à fait  différents ! Mais cela nous invite au contraire à nous unir de coeur à ce que vivent les uns et les autres, dans un même combat profond avec Dieu et tous nos frères humains.


jeudi 22 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2140 : A l'écoute d'un frère bouddhiste, gratuitement

Hier soir mercredi, au Château d'Olonne, la salle paroissiale des Nouettes était archi-comble (120 personnes) pour accueillir celles et ceux qui voulaient entendre le témoignage du moine bouddhiste Thrinlé, déjà bien connu sur les Sables. Soirée organisée à l'initiative du groupe inter-religieux "Dialogue pour la paix" du Pays des Olonnes. Avec présence de juifs, musulmans, membres de l'Eglise Protestante Unie, de l'Eglise Protestante baptiste avec Gérard leur pasteur, bouddhistes, catholiques et même d'une femme appartenant à l'Eglise Apostolique arménienne ; et bien sûr, le bonheur d'avoir parmi nous de nombreuses personnes tout simplement humanistes ou en recherche, par rapport au bouddhisme particulièrement.                                
Bien évidemment, il ne s'agissait pas d'inviter les chrétiens à se convertir au bouddhisme, mais d'écouter et de comprendre ce qui se vit dans le bouddhisme, et de nous enrichir de cette recherche spirituelle, dont le Concile Vatican II disait qu' "elle apporte un rayon de vérité".
 Impossible de rendre compte, dans un espace si limité, de la richesse d'une telle soirée, dont tous sont ressortis enchantés.  Simplement quelques points, très partiels et loin d'être exhaustifs.

Le coeur du bouddhisme, mais au terme de toute une progression qui a ses règles, c'est la méditation qui seule peut "éveiller" chacun à une vie intérieure profonde, grâce aux enseignements du Bouddha.
Bouddha est un être historique ; il a vécu il y a 2500 ans, en Inde, au temps de Pythagore. Certains considèrent le Bouddha comme un dieu ou une idole ; mais on ne doit pas se préoccuper de rendre hommage au Bouddha ; il n'est désormais qu'une représentation extérieure de notre vie intérieure, et il nous rappelle que nous devons oeuvrer à sa lumière pour développer notre vie intérieure. Mais sans nous attacher à lui, ni au bouddhisme, ni à son enseignement.
Autre point : c'est la mode aujourd'hui de placer des statues de Bouddha dans les centres de relaxation, dans nos appartements, etc.. A quoi cela rime-t-il ?  C'est un peu déplacé !  Et l'on propose des modes de méditation soit-disant inspirés par le bouddhisme, mais cela ne veut rien dire. D'ailleurs, l'on remarque que, dans les centres bouddhistes en France, il y a beaucoup moins de monde que dans les années 70 et suivantes : les gens se sont aperçus que le bouddhisme était une voie très exigeante, demandant un choix total et un réel engagement de toute la vie, ce qui en a éloigné beaucoup, qui en plus, se faisaient une idée toute à fait inexacte de ce qu'est réellement la réincarnation. En fait, le bouddhisme, ce n'est pas, comme beaucoup le pensent, une voie intéressante pour développer notre "moi", notre "ego", mais au contraire, il a pour but de dissoudre le "moi". Il invite à se détacher de tout, y compris de soi-même, puisqu'un jour, on devra tout quitter.
Le bouddhisme peut être considéré comme une sorte de philosophie de la vie, mais bien plutôt comme une voie, un chemin de vie, que l'on peut suivre d'une manière laïque (philosophique...), mais aussi religieuse; d'où des aspects de foi, de dévotion, de confiance, des fêtes, des prières...  Eviter en tout cas de faire des parallèles avec la tradition judéo-chrétienne par exemple. Considérer le bouddhisme en lui-même, et non par rapport à nos connaissances d'autres religions, c'est mieux le respecter.
Le bouddhisme est une voie non théiste, mais qui n'est pas anti-théiste. Le moine Thrinlé est lui-même très engagé dans le dialogue inter-religieux. Il lui arrive régulièrement de lire des textes des traditions chrétienne (St Jean de la Croix, Ste Thérèse de Lisieux), soufie, juive ou autres, et de s'en enrichir spirituellement.
L'esprit du bouddhisme se résume en deux points, qui n'en font qu'un : la sagesse et la compassion.
Dernier point : peut-on être à la fois bouddhiste et chrétien ? Non : on ne peut pas habiter deux maisons à la fois et en même temps ; à chacun de faire un vrai choix ! Et durant tout cet échange, nous chrétiens avons pu glaner des pistes ou des considérations pouvant nous inviter à repréciser, sinon à purifier notre propre foi ! A renouveler notre vie intérieure en tout cas, en dialogue profond avec le Christ.

En tout cas, vu le succès d'une telle soirée, le bureau de "Dialogue pour la paix" se sent appelé à proposer d'autres rencontres du même type, dont chacun sera averti en temps voulu.

P-S  :  possibilité de relire sur ce blog le billet n° 2063, publié le lundi lundi 5 juin 2017 sur le même sujet.

mercredi 21 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2139 : Quand Jésus se fait auto-stoppeur...

Il était une fois un monsieur pressé qui, au volant de sa voiture, fonçait à tout allure, faisant fi des radars, afin de pouvoir réaliser le programme de travail qu'il s'était fixé.  Ce jour-là, il n'avait pas eu le temps de prier.
La journée était déjà bien avancée lorsque, tandis qu'il continuait d'avaler les kilomètres, voici qu'il aperçoit au loin, sur le bord le la route, un jeune qui faisait du stop ; un jeune dont l'allure lui disait quelque chose : "On dirait, se dit-il en lui-même, qu'il a une tête de Christ." Vous savez, ces visages de Jésus comme on en voit dans les films de Zeffirelli ou Pasolini...
Intrigué, notre homme ralentit ; puis, quoique pressé, sans trop réfléchir, il appuya sur le frein et s'arrêta. Le jeune homme alors de lui dire : "Bonjour ! Alors, tu ne me reconnais pas ?"  Un peu interloqué, le monsieur de lui répondre par la négative. Alors, le jeune homme de le reprendre : "Mais si, voyons ; c'est moi, Jésus !  Tu as oublié de me prendre ce matin ; alors, je t'ai rattrapé.  Mais, continua ce jeune homme un peu mystérieux, je vois que tu as l'air soucieux ; tu sembles fatigué. Veux-tu que je prenne le volant ?  Tu pourras te reposer, je conduirai..."
"Non !" répondit le monsieur, agacé ;  "Ca va, ça va ! J'ai mes affaires sur le siège à côté de moi ; tu n'as qu'à monter à l'arrière.  Je préfère que ce soit moi seul qui conduise ma voiture ; je n'ai besoin de personne pour cela !"
Et voilà la parabole de nos vies de tous les jours !  Oh !  Dieu est là, oui !  On pense à lui, même en pelant des pommes de terre, en conduisant nos enfants à l'école ou en venant à l'église une fois par semaine pour la messe dominicale.  Mais malgré cela, on ne lui confie pas vraiment le volant de notre existence.  Par exemple, on va regarder avec attention la revue qui donne les programmes télé ; mais on utilisera peu "Prions en Eglise" ou "Magnificat" pour lire, méditer et savourer les lectures bibliques de chaque jour, et prier, prendre du temps pour parler avec Dieu, nous entretenir avec lui, lui donner du temps quotidiennement, gratuitement, rien que pour lui, ne serait-ce que 5 à 10 minutes, sans faire autre chose au même moment.
Avec ce temps de Carême, et si le moment était venu d'inverser les rôles, et de confier à Dieu le volant de notre vie ?  Pourquoi ne pas essayer ?
"Tu es mon Berger, ô Seigneur,
Rien ne saurait manquer, où tu me conduis !"    psaume 23 (22)

mardi 20 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2138 : 10 "Notre Père" et un "Je vous salue Marie" (un chapelet oecuménique ?)

Cela fait très longtemps que, sans vouloir mettre de côté le chapelet dans sa formule bien connue et si belle, avec, chaque dizaine, un "Notre Père" et dix "Je vous salue Marie", je me demande s'il ne serait pas possible, de temps en temps, d'inverser les choses, et de proposer cette autre formule : dix "Notre Père" accompagnés d'un "Je vous salue Marie".
Pourvu que je ne me fasse pas incendier par les partisans absolus du chapelet sous sa forme traditionnelle, que je ne remets nullement en cause bien sûr. Il s'agit seulement d'une modeste proposition, que j'essaye d'ailleurs, de temps à autre, de pratiquer personnellement.
Et si j'aborde cette question aujourd'hui, c'est pour deux raisons tenant à la liturgie de ce jour :

-  d'une part, l'évangile de la messe nous propose de prier le "Notre Père", en Matthieu 6/7-15 : "Vous donc, priez ainsi : Notre Père qui es aux cieux..."  Je vous renvoie à ce texte.

-  d'autre part  -  est-ce une coïncidence ?  -  l'une des deux lectures du bréviaire, en ce 1° mardi de Carême, nous invite à prier le "Notre Père" à la lumière d'un très riche enseignement de saint Cyprien, évêque de Carthage. Cyprien est un Père de l'Eglise, mort martyr en 258.  Je vous livre quelques beaux extraits : 
"Lorsque nous parlons au Père avec la prière que le Fils nous a enseignée, nous sommes plus facilement écoutés.
Quelle prière peut être plus spirituelle que celle-là, puisqu'elle nous a été donnée par le Christ, lui qui nous a envoyé l'Esprit-Saint ?
Quelle prière peut être plus vraie que celle-là, puisqu'elle est sortie de la bouche du Fils qui est la Vérité ?
Priez donc comme notre Maître divin nous a enseigné à le faire.
Implorer Dieu par ses propres paroles, c'est lui adresser une prière qu'il trouve aimable et filiale ; c'est faire parvenir à ses oreilles la prière du Christ.
Que le Père reconnaisse les paroles de son Fils lorsque nous prions.
Celui qui habite au fond de notre coeur, qu'il soit aussi dans notre voix.
Nous obtiendrons plus efficacement ce que nous demandons au nom du Christ, si nous le demandons avec sa propre prière."


lundi 19 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2137 : "Joyeux Carême !"

Tout guilleret, hier, mais après y avoir réfléchi auparavant, à la fin de la messe à Jard-sur-Mer, j'ai souhaité à tous de vivre un "'joyeux Carême". Puis, long temps d'échange avec les uns et les autres, moment toujours bien agréable et convivial. Je voyais en même temps un groupe qui avait l'air de discuter avec animation, mais je n'y ai pas prêté spécialement attention.  Ensuite, plusieurs personnes de ce groupe m'ont abordé pour me dire : "Quelqu'un, à côté de nous, a trouvé tout à fait déplacée votre expression nous souhaitant un joyeux Carême. Est-ce que cet adjectif "joyeux" est bien adapté à cette période que nous allons vivre, se demandait cette personne." Je leur ai posé alors la question : "Et vous, qu'en pensez-vous ?"  Leur réponse allait dans le sens suivant : "Quant à nous, on est d'accord !  Pour nous, le Carême, ce doit être un temps de joie, car on se rapproche du Christ et on marche avec lui sur la route de Pâques."
Et ils m'ont dit également : "Jadis, on nous présentait le Carême comme un temps de pénitence, de sacrifice et de renoncement. On peut être victime encore aujourd'hui de ce type de présentation." Bien sûr également, si l'on prend le terme "joyeux" au sens de "faire de la rigolade", ce n'est pas du tout ainsi qu'il faut le concevoir. Rappelons-nous plutôt la sinistre expression de "face de carême" que l'on s'envoyait parfois à la figure. Comme si le Carême devait être tristounet et ennuyeux pour être vrai !  On a malheureusement trop souvent oublié dans l'Eglise, et dans nos liturgies, cet appel essentiel de Jésus : "Je vous ai dit ces paroles pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite."  (Jean 15/11)  Cet appel pourrait-il ne pas être valable pour le temps du Carême ? J'aime bien cette phrase du pape François : "La carte d'identité du chrétien, c'est la joie."  Sans oublier qu'un saint qui n'est pas joyeux, un saint triste, comme on dit, c'est un triste saint !
Cette joie, quelle est-elle ?  C'est, nous dit encore le pape François, "la joie de l'Evangile", la joie d'avoir été sauvé par Jésus, la joie de savoir que Jésus compte sur nous, cette joie qui, même dans les croix et les souffrances de cette vie, s'exprime à travers la confiance que nous ne sommes pas abandonnés, que Jésus est avec nous, toujours.  Il n'y a pas de chrétien sans joie, que ce soit à Pâques ou le Mercredi des cendres également ! Même si, reconnaissons-le, la joie est chaque fois d'un ordre différent, évidemment. D'ailleurs, notre expérience nous le fait savoir, si un chrétien semble triste, c'est que quelque chose ne va pas... Nombre de grands saints, comme St Dominique ou Mère Teresa, étaient joyeux, malgré les difficultés qu'ils ont traversées. Une même joie profonde, spirituelle, peut donc aussi nous habiter, même en temps de Carême, même dans les difficultés. Mieux, elle nous est donnée ; sachons la recevoir pleinement et en vivre, en témoigner !
"J'étais dans la joie, alléluia, quand je suis parti vers la maison du Seigneur !"   psaume 122 (121)

samedi 17 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2136 : Les Bouddhistes iront-ils au ciel ?

Qu'est-ce que le Bouddhisme ?
Le groupe inter-religieux du Pays des Olonnes vous propose une soirée de réflexion sur le Bouddhisme, ce mercredi 21 février, à 20 h, à la salle des Nouettes, rue George Sand, au Château d'Olonne. Avec le témoignage d'un moine bouddhiste déjà connu et apprécié sur les Olonnes, le Lama Jigmé Thrinlé Gyatso.  A ne pas manquer !

"Les Bouddhistes iront-ils au ciel ?"  J'ai encore entendu cette question récemment. Parfois, je suis consterné, lorsque j'entends de bons chrétiens douter du fait que des personnes non baptisées puissent faire partie de l'immense famille des enfants de Dieu. Faut-il que notre prédication chrétienne ait été déficiente et maladroite !  Alors que la Bible entière fourmille d'affirmations très claires, de la part de Yahvé, de Jésus, puis des Apôtres, quant à l'ouverture évidente à tous les humains du salut universel de Dieu.  Trois citations seulement, parmi tant d'autres que vous pourrez rechercher par vous-même à travers la Bible :

-  Yahvé, en Isaïe 66/18  :  "Je viens pour rassembler toutes les nations, de toutes les langues; elles viendront et verront ma gloire."
-  Jésus, en Matthieu 25/44  :  "Quand t'avons-nous vu malade, étranger ou en prison ?"  (à l'attention de ceux qui auront servi leurs frères sans avoir jamais entendu parler de Jésus, qui pourtant leur dit les accueillir dans son ciel.)
-  1 Timothée 2/4  :  "Dieu veut que tous les hommes soient sauvés."

Comment en effet peut-on imaginer un seul instant que Dieu puisse laisser de côté, hors de sa Maison de Lumière, une partie immense de ses enfants de la terre ?  Comme me le disait récemment une paroissienne, avec beaucoup de justesse : "Je ne pourrais pas croire en un Dieu qui laisserait de côté une partie de ses enfants." Mais quel genre de père représenterait-il alors ?  C'en est pourtant fini des Jupiter et tous ces dieux de l'Antiquité qui ne supportaient auprès d'eux que ceux qui leur étaient servilement soumis, tout en envoyant les autres aux enfers ?
Rappel d'un texte éclairant du Concile Vatican II, tiré de la déclaration "Gaudium et Spes" ("L'Eglise dans le monde de ce temps"), au n° 22  :  "Le Salut ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le coeur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l'homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l'Esprit-Saint offre à tous, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associés au Mystère pascal."

En terminant, je me permets de vous transmettre les voeux que je viens de recevoir d'une membre du groupe inter-religieux du Pays des Olonnes, elle-même reliée au bouddhisme tibétain, à l'occasion du Nouvel an tibétain, qui s'est ouvert hier vendredi 16 février :
"Tashi delegs" ("que la vie vous soit douce", en tibétain)
Que cette nouvelle année soit une année de paix, inspirante et sereine pour vous, votre famille, vos amis et tous les êtres.
Tous mes souhaits aussi pour notre association "Dialogue pour la paix".
A très bientôt, pour le débat avec Thrinlé."

Croyants en Dieu, en l'homme, vous serez tous les bienvenus ce mercredi 21 ; l'entrée sera libre et ouverte à tous.

vendredi 16 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2135 : "Votre jeûne se passe en querelles " (Isaïe)

En méditant ce beau texte, tiré de la 1° lecture de ce vendredi, en Isaïe 58/1-9, j'étais un peu triste. Pour moi-même d'abord, qui ne suis pas toujours fidèle aux appels d'Isaïe ; mais aussi, en pensant à ces paroisses où, dans le diocèse et au-delà, "le jour où vous jeûnez, votre jeûne se passe en disputes et querelles, en coups de poing sauvages. Ce n'est pas en jeûnant comme vous le faites aujourd'hui  -  continue le prophète Isaïe  -  que vous ferez entendre là-haut votre voix.  Est-ce là le jeûne qui me plaît ?  Appelles-tu cela un jeûne, un jour agréable au Seigneur ?"
On se sent tout petit, face à une telle interpellation !  Et pourtant, l'entrée en Carême ne nous a pas permis d'arrêter le cycle de la violence entre paroissiens, ici et là. Pire que dans une cour de récréation : "C'est toi qui as commencé." "C'est à lui de nous demander pardon le premier." "Nous, on n'est pas coupables, on n'a rien fait de mal." "Tant qu'ils n'auront rien dit, nous on continue à manifester notre désaccord, et même notre colère." "On attend des excuses !"
Mais où sommes-nous donc ?  Et qui s'exprime ainsi ?  Qu'en pense notre Sauveur, celui qui, face aux insultes, gardait le silence, et ainsi, sauvait le monde ? Marc 14/60-61  :  "Le Grand Prêtre, se levant au milieu de l'assemblée, interrogea Jésus : Tu ne réponds rien au témoignage que ceux-ci portent contre toi ?" Mais lui gardait le silence ; il ne répondit rien."
Jésus nous apprend une chose : il n'y a aucune honte, aucun déshonneur, au contraire, à stopper un cycle de violence, à ne pas se laisser emporter par la spirale du mauvais ressentiment ; et cela, même si la cause que nous défendons nous semble juste ; ce qui n'est pas forcément le cas d'ailleurs.  Il y a parfois un sentiment d'orgueil, quand ce n'est pas un manque de discernement.
Comment Jésus, Lui, a-t-il fait avancer son combat ?  Ni par la hargne, ni par la volonté d'obliger les autres à croire en son message, à plier devant ses volontés. Lui qui était pourtant l'incarnation même de la Vérité.
Relisons ce qui reste le sommet de l'Evangile, à savoir la proclamation des Béatitudes : "Debout, les artisans de paix ! Eux seront appelés fils de Dieu."  (Matthieu 5/9)
Hors de ce témoignage d'humilité et de paix, peut-il y avoir un salut ?
Le jour où ce pas sera fait, "alors, ta lumière jaillira comme l'aurore, et tes forces reviendront vite. Devant toi marchera ta justice, et la gloire du Seigneur fermera la marche. Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ;  si tu cries, il dira : "Me voici."  (Isaïe, lecture de ce vendredi)

jeudi 15 février 2018

Rappel de mes coordonnées

Je me rends compte que beaucoup ont de la difficulté à m'atteindre, depuis mon changement d'adresse. D'autre part, l'annuaire 2018 du diocèse donne à mon nom un ancien numéro de téléphone, alors que mon numéro vient de changer. Pour vous éviter de faire appel à l'évêché, au presbytère de Talmont ou aux Soeurs de Bourgenay, je me permets de vous donner les quelques renseignements suivants :

adresse postale : 452, avenue Notre-Dame     -    85440   Talmont-Saint Hilaire
Cela se trouve à Bourgenay, à 7 kms de Talmont, avec une entrée particulière située entre un Centre de formation des apprentis d'un côté, et de l'autre, le Centre spirituel tenu par les Soeurs de Mormaison. Ne pas entrer par chez les Soeurs ; j'ai une entrée spécifique au n° 452, juste avant le portail qui ouvre sur le Centre spirituel ; et vous pouvez garer votre voiture dans la cour devant ma porte, côté nord du bâtiment.

téléphone :
         -  celui de mon logement :  02.51.95.20.36
         -  mon portable              :  06.87.10.18.87

courriel  :       olivier.gaignet@yahoo.fr

pour aller sur mon blog  :
         Taper tout simplement sur Google :  blog d'Olivier Gaignet

         J'en profite pour signaler que, comme un certain nombre n'arrivent pas à écrire des commentaires sur le blog, le plus simple est d'envoyer votre commentaire à mon adresse-mail, en me disant si vous voulez que votre nom apparaisse ou non, ou seulement votre prénom ; et je le mettrai moi-même en commentaire.
Merci à vous !

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2134 : "Il y a plus malheureux que nous !"

Je sors de chez un ami, très gravement touché par la maladie, et je n'en reviens toujours pas de ce que j'ai entendu de sa bouche.  Cet homme, qui a été très brillant, très engagé à la fois au service de la société et dans l'attention aux autres comme au sein de l'Eglise, vient de subir opération sur opération. Il ne peut presque plus rien faire tout seul, sa parole est faible, et il faut tendre l'oreille pour le comprendre. Et pourtant sur son visage et dans son regard luit toujours le même sourire que jadis aux jours de pleine santé !
Cela ne nous a pas empêchés de bien partager sur plein de choses. L'un des secrets de son "moral", c'est certainement la présence à ses côtés d'une femme merveilleuse, pleinement donnée à son époux, épaulée par divers services sociaux heureusement.
Et tout à coup, plutôt que de continuer à parler de son "cas", le voici qui déclare : "Arrêtons de parler de moi ; il y a bien plus malheureux que nous !"  J'en suis resté bouche bée !  Et le voilà en train d'énumérer, d'une voix un peu éteinte, certaines difficultés qui marquent notre société : la précarité vécue par beaucoup même ici en France, dans l'ombre, les enfants laissés à eux-mêmes, et dont des milliers vivent au-dessous du seuil de pauvreté, les victimes des inondations actuelles, les trop nombreux jeunes que les enseignants, dont il a fait partie, ne réussissent ni à instruire ni à former, etc... Et toute la misère du monde !
Et le voici répétant, comme pour confirmer ses dires : "Il y a bien plus malheureux que nous." Bientôt, cela va être l'heure du chapelet sur KTO. Son épouse me dit qu'il ne manquerait cela pour rien au monde ; et la prière tient une vraie place dans leur vie de couple. C'est là le secret de leur force de coeur.  Quelle belle illustration des lectures de la liturgie de ce jeudi !
-  1° lecture, tirée du livre du Deutéronome (30/15-20) : "Moïse disait : "Vois ! Je mets aujourd'hui devant toi la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. (...), la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie !"
-  évangile de Luc (9/22-25)  :  "Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix chaque jour et qu'il me suive !"
L'exemple de cet homme montre qu'il est "payant" de suivre le chemin du Seigneur !
Je ne résiste pas à mon péché mignon de sortir de ma besace quelques citations précieusement recueillies au fil des temps, et qui me semblent ici d'actualité :
-  Virgile : "L'expérience du malheur nous apprend à secourir les malheureux."
-  Camus : "Il faut créer le bonheur pour protester contre l'univers du malheur."
-  le Dalaï-Lama : "Le malheur s'empare de chacun de nous parce que nous nous prenons pour le centre du monde, car nous avons la misérable conviction d'être seuls à souffrir l'insoutenable."
Un immense merci aux nombreuses personnes qui, vivant de graves difficultés, soutenues par leurs frères et leur foi, en Dieu et/ou en l'humanité, essayent quand même de choisir la Vie !

mercredi 14 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2133 : Vol 2018 sur "Air Carême", attachez vos ceintures ! Go !


« Cinq, quatre, trois, deux, un, Go !  A toutes et à tous, voici un message du commandant de bord.  Vous êtes les bienvenus à bord du vol "Air  Carême", vol numéro 2018 à destination du ciel, notre patrie.  La durée du vol sera de 40 jours.  Voici les consignes de sécurité à respecter durant ce vol : il est souhaité que vos bagages à main ne soient pas trop volumineux, ni composés d’objets un peu inutiles. D'autre part, nous espérons qu’avant l’embarquement, vous avez pu passer au salon de relooking, le salon du pardon, avant de vous présenter au contrôle ; un peu de cendre aura d'ailleurs alors été déposé sur votre tête ; ceci pour vous rappeler que vous n'êtes, sauf votre orgueil, qu'une infime poussière parmi les immenses espaces intersidéraux dont nous allons effleurer seulement quelques arpents. A bord de ce vol, il est interdit d’apporter des armes ou des objets dangereux tels que colère, orgueil, avarice, paresse, repli sur soi ; il est également déconseillé de conserver haine, jalousie, tristesse et découragement. Autre consigne : l’usage de tous appareils électroniques est déconseillé, sauf cas d’urgence, afin d’éviter toute futilité inutile. Pour plus ample information, prenez le temps de lire quelques passages de la Bible : ce sera votre "road book", pardon, votre livre de bord durant le temps de la traversée. Attachez votre ceinture et resserrez-la légèrement pour jeûner : cela vous fera du bien ! Sur le parcours, nous rencontrerons une nébulosité importante ; à certains moments, même en ouvrant bien les yeux, y compris ceux de votre coeur, vous ne verrez ni la terre ni le firmament !!!  Mais de temps à autre sûrement, le ciel se dégagera.  Cependant, s'il nous arrive de traverser une zone de turbulence, gardez votre calme : dans ce cas, oups ! accrochez-vous à Dieu,  invoquez l’Esprit-Saint.  En cas d’urgence, appelez Jésus surtout, mais aussi, Marie et tous les Saints du ciel, et pas seulement Saint Valentin, pourtant bien brave, auquel beaucoup se confient en ce 14 février ; alors, respirez un bon coup et priez. Mais n'ayez crainte, car cet avion est équipé d'un système dernier cri de protection anti-missiles, ceux-ci  fussent-ils téléguidés du fond de l'enfer ! De plus, il est, vous le savez, tout à fait recommandé d'avoir des échanges avec son voisin ; même si celui-ci vous énerve un peu et monopolise le petit accoudoir sur lequel on peut reposer ses bras ; on est dans le même bateau !  Pardon : avion !  Et ce n'est pas un voyage en solitaire que nous accomplissons.  Enfin, nous vous signalons que ce vol est non-fumeurs, car il faut penser à respecter ceux qui voyagent auprès de vous. Bien entendu, si vous vous sentez mal durant le temps de ce vol "Air Carême", il est déconseillé de sortir de l'appareil avant qu'il ne se soit posé !  Faites plutôt appel tout simplement aux membres de l'équipage ; équipage "number one", composé du commandant de bord Jésus, accompagné des hôtesses, Marie, Thérèse et autres, tandis que notre aéroplane est escorté par la patrouille performante de tous les anges du ciel.  Bon voyage à tous !  Amen. »


mardi 13 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2132 : Avec nos frères et soeurs Protestants Baptistes du Pays des Olonnes

Ce dimanche 11 février, comme je l'ai vécu la veille à la synagogue avec les Juifs, matinée de prière avec nos frères et soeurs Baptistes. Pour info, sur le Pays des Olonnes, les Protestants qui font partie de l'EPU (l'Eglise Protestante Unie, composée de Luthériens et de Réformés) se retrouvent régulièrement au Temple des Sables. Par contre, les Protestants Baptistes se réunissent chaque dimanche, pour le culte, dans un autre lieu, à la salle paroissiale des Nouettes, au Château d'Olonne. Pour la petite histoire, il y a 20 ans, le pasteur Baptiste de l'époque, Lucien, est passé me voir un jour pour demander si la paroisse pourrait leur prêter un local le temps du culte, afin qu'ils puissent s'y retrouver chaque dimanche, comme en semaine également, pour des temps de rencontres ou de prière. Je suis heureux de voir que leur petite communauté depuis a grandi, et cela, un peu grâce à nous les cathos.
Je suis arrivé légèrement en retard. A la porte, quelqu'un m'a accueilli avec un grand sourire, tandis qu'une autre personne m'a accompagné pour me placer.  Tiens, tiens, si on en faisait autant dans nos églises ?
Au cours du culte, le pasteur Baptiste, Gérard, que j'avais connu jadis, a évoqué ce souvenir, et nous nous sommes embrassés fraternellement.  Gérard est un membre actif du bureau du groupe inter-religieux du Pays des Olonnes. A la fin de la matinée, il m'a invité à faire la prière et la bénédiction, au terme de ce temps de prière qui s'est déroulé en trois parties :
-  tout d'abord, durant une bonne heure, place à la louange, avec une suite de très beaux chants, très bibliques,bien rythmés, animés par l'un des membres de la communauté, accompagnés par de jeunes musiciens et leurs instruments. Un vidéo-projecteur déroulait les paroles sur grand écran. On reste debout. Tout le monde chante avec coeur.  De temps à autre, interventions et prières spontanées venant de l'assistance.  Peu de choses sur le péché, place seulement à la louange, de style très charismatique.
-  puis vient le temps du culte proprement dit avec célébration de la Cène, et communion sous les deux espèces ; quelqu'un distribue dans les rangs des petites bouchées de pain, puis, un peu de vin, dans un tout petit gobelet à usage unique proposé à chacun.
-  enfin, liturgie de la parole, sur le thème de l'espérance. Lecture sur l'écran de divers textes bibliques du premier et du second Testament, sur l'espérance, avec prédication intercalée par Gérard le pasteur, entre chaque lecture. Prédication remarquable, très concrète, avec interpellation des gens dans l'assistance. Faute de place, je ne donne qu'un écho, à partir du point suivant : lorsque Dieu dit, en Osée 2/17 : "Je changerai la vallée d'Akor en porte d'espérance."  La vallée d'Akor était un ravin proche de Jéricho, ravin évoquant un gouffre dans lequel l'on tombe sans espoir de pouvoir en remonter. Pourtant, voici que Dieu propose de faire, de cet endroit sinistre, une porte ouvrant sur l'espérance. Osée : "C'est pourquoi je conduirai mon épouse infidèle au désert, et là, je parlerai à son coeur ; de là, je lui rendrai ses vignes ; la sinistre vallée d'Akor deviendra pour elle une porte ouvrant sur l'espérance, un lieu de fertilité où la vigne donnera à nouveau son fruit."  Telle est le chemin d'espérance que Yahvé propose aussi à chacun de nous qui sommes bien souvent sans espoir, et "au fond du trou".
Assemblée très jeune ; je suis de loin le plus âgé. Climat profond de prière.  Style de prière très moderne, proche de la culture d'aujourd'hui. Dialogue avec l'assemblée. Merci Seigneur pour la foi et la vitalité fraternelle et conviviale de cette petite Eglise de chez nous !

lundi 12 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2131 : "C'est une qualité d'être vieille !"

J'ai vécu hier un après-midi exceptionnel aux Sables d'Olonne. En ce dimanche de la Santé, vécu et célébré dans toutes les églises de France, l'équipe dynamique et inventive du SEM (Service Evangélique des Malades) de la paroisse Sainte Marie des Olonnes a organisé, comme chaque année, une conférence-débat sur le thème retenu au plan national : "Montre-moi ton visage".
Avec la participation active de Gaston, l'aumônier, ce fut un échange à deux voix : Anne, jeune médecin-gériatre au centre hospitalier des Sables, très agréable à écouter, nous a aidés de son expérience à mieux comprendre comment accompagner nos anciens, ainsi que les personnes atteintes d'Alzheimer par exemple. Intervenait avec elle un clown qu'elle avait invité, celui-ci habitué à intervenir dans les hôpitaux auprès des malades. La salle de conférence de l'Abbaye Sainte Croix était comble, et les nombreux bénévoles présents ont pu apprendre bien des choses, dont voici quelques échos.
L'objectif du médecin comme du clown consiste, dans les lieux de fragilité et de souffrance, parfois même de désespérance, à "remettre de la vie" ! Avec un objectif absolu : être toujours en positivité, dans une communication positive. Pour aider à "gai-rire" !  Trop souvent en effet, l'on juge et l'on marginalise les personnes qui n'arrivent plus à raisonner comme on le souhaiterait. On parle même parfois d'eux comme de "légumes", ce qui est effarant. Car, ce sont encore des personnes à part entière, qui restent des "sujets". Ce ne sont pas des incapables : ils sont "autrement" capables. Mais il faut trouver, par des gestes, par le regard ou autrement, la façon d'entrer en relation. Car les malades sont des personnes jusqu'au bout, et doivent être considérées ainsi, dans tous les cas.
Au cours de l'échange qui a suivi, et qui fut très riche, très bel exemple donné par Gérard, l'un des participants : rendant visite à sa belle-mère en fin de vie, sans apparemment aucune possibilité de relation ni d'échange. Au bout d'un moment, Gérard sortit un instant dans le parc tout proche, c'était le printemps. Au milieu de l'herbe, des petites pâquerettes. Il en ramassa trois et rentra les offrir à la malade, dont alors, miracle, le visage s'épanouit d'un grand sourire. Prouvant ainsi qu'elle n'était en rien hors du monde ni en-dehors de toute relation possible ; les apparences peuvent être très trompeuses, elle était encore "capable" !
Sympathique exemple donné aussi par le clown : dans un établissement de santé, une personne était surprise de voir des clowns arriver : "les clowns, c'est pour les enfants ! Moi, je suis vieille..." Et le clown, plein d'à-propos, de lui répondre : "Mais, c'est une qualité d'être vieille !" Ca y est, la glace était rompue, et cette femme enchantée alors de la rencontre.
Très utile aussi d'entendre Anne préciser qu'il faut éviter de dire aux malades : "Ca va aller", ou encore : "Ne vous inquiétez pas." Ce n'est pas ce genre de phrase qui va leur remonter le moral ! L'objectif, c'est plutôt de prendre le temps de les écouter, d'accueillir tout simplement ce qu'ils expriment ; sans poser trop de pourquoi ; "on n'est pas des détectives !" Par exemple, si quelqu'un vous dit : "Moi, je veux mourir", qu'est-ce qu'on répond ? Plutôt que de leur faire un sermon du genre : "Il ne faut pas désirer la mort", si on leur demande quand ils veulent mourir, déjà, ils reculent un peu ; et de quelle façon ils souhaitent mourir ? Alors, ils changent de sujet et sont un peu apaisés. Mais Anne, le médecin, et le clown, ont expliqué cela bien mieux que moi.
Une dernière chose, car malheureusement, il m'est impossible, dans un espace aussi restreint, de reprendre la richesse de tout ce qui a été exprimé, lorsque l'on passe visiter un malade, celui-là sentira si on n'est pas à l'aise ! Rester naturel ; commencer par se présenter brièvement, faire une seule phrase à la fois, et attendre la réponse. Faire des phrases courtes, avec une seul idée, et reformuler ce que la personne répond, comme pour le valoriser et le valider ; qu'elle se sente écoutée, et même, qu'elle guide ainsi le cours de l'échange. Remettre ainsi l'autre comme sujet, dans le respect de ce qu'elle dit, quelle que soit parfois l'étrangeté du propos. Valoriser l'histoire qu'on a déjà entendue dix fois, au lieu d'en faire le reproche au malade. Se mettre au niveau de la personne, de son regard, en évitant la position dominant-dominé.
Gaston nous a bien expliqué comment l'on rejoint, en tout cela, des attitudes de Jésus que l'on peut retrouver tout au long de l'Evangile. Inspirons-nous de l'exemple de Jésus : il s'agit d'aimer !

dimanche 11 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2130 : Matinée de prière à la Synagogue des Sables

Maintenant que j'ai du temps, et que mon logement se trouve à 10 kms seulement du centre des Sables d'Olonne, je participe au moins une fois par mois à la prière du Shabbat à la synagogue des Sables, où je suis toujours accueilli les bras ouverts. Depuis près de quinze années en effet, avec les Juifs du Pays des Olonnes et au-delà, nous avons vécu tant de beaux événements, surtout au temps où il y avait un groupe inter-religieux qui proposait de riches rencontres. Mais nous allons essayer de relancer tout cela ; comme me l'a proposé Paul hier, lui le responsable de cette synagogue, la seule de Vendée : "On va essayer de faire des choses ensemble, avec les bouddhistes et les autres, comme on faisait autrefois."
Ce samedi matin, au programme : plusieurs chapitres du Livre de l'Exode (21, 22, etc...). Tous les versets, non pas lus seulement, mais chantés par Paul, et de façon remarquable. La lecture est entrecoupée de temps en temps par des refrains connus repris en choeur, avec beaucoup d'entrain, par les hommes et femmes présents. Comme à chaque fois, pour que je puisse suivre, l'on me gratifie d'un livre de prière avec, sur la page de droite le texte en hébreu, et en français sur la page de gauche.
Kippa sur la tête, grande facilité ainsi pour moi de m'unir à cette intériorisation formidable, par le chant, de la parole de Dieu. Toute la matinée ainsi : je me demande ce que diraient nos paroissiens si, le dimanche, on leur demandait de rester à l'église de 8 à 9h du matin jusqu'à 12h30 ou 13h, pour entendre le curé chanter plusieurs chapitres de la Bible ! Surtout qu'ils sont déjà là le vendredi soir pour l'ouverture du Shabbat ! Ah, nos "pères dans la foi" ont vraiment la foi...
Au cours de la prière, discussion à propos du rite à suivre : ashkénaze, ou séfarade ?  Mais il y a seulement deux membres originaires de l'Europe de l'Est, l'Ukraine en l'occurrence. L'on opte donc pour le rite séfarade (Afrique du Nord).
En fin de matinée, partage des intentions de prière : tel membre malade, cette dame de 97 ans, décédée, autour de laquelle ils vont se retrouver au funé du Château d'Olonne pour une dernière prière demain lundi. Et bien sûr, la prière officielle lue dans tous les synagogues de France le jour du Shabbat, pour la nation, pour le gouvernement, pour les personnes et institutions au service de la population.
Vers 13h, l'on s'arrête. Les hommes enlèvent leur châle de prière et le replient soigneusement. Je leur transmets alors des photocopies d'articles de "La Croix", de "La Vie" et du "Pèlerin", sur Haïm Korsia, actuel Grand Rabbin de France, dont la famille a une maison aux Sables, où il vient régulièrement. Ces articles sont appréciés : cela représente pour eux une belle reconnaissance, de la part des catholiques.
C'est maintenant l'heure de l'apéro et du repas ; mais auparavant, temps de prière et chant de remerciement à Yahvé. Puis, comme ils connaissent mon péché mignon, on me sert mon anisette ; puis, nous partageons le repas, avec des plats qui sentent bon le nord de l'Afrique.
Enfin, ce sont les au-revoir, particulièrement avec Paul et Michèle qui partent mardi en Israël pour un mois et demi, à la rencontre de leurs familles et amis. Ils me demandent mon n° de portable pour pouvoir m'envoyer des photos. Quel bonheur de vivre de telles rencontres !
"Ah qu'il est bon pour des frères,
de se trouver ensemble..." (psaume 133/1)

samedi 10 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2129 : Je voudrais savoir qui est mon père...

Dernièrement, les médias nous ont parlé de personnes à la recherche de leur père biologique. Nous savons en effet que nombre d'enfants éprouvent ce besoin inextinguible, inapaisable, de découvrir qui est leur père, de connaître l'identité, la vie, la personnalité de celui qui les a engendrés..
Récemment, quelqu'un m'a invité à découvrir chez lui, sur un immense tableau, l'arbre généalogique de sa famille ; c'était impressionnant. Mais frustrant aussi : "On remonte jusque vers le XVI° siècle ; c'est déjà pas mal !  Mais au-delà, plus rien... Et pourtant, par-delà de ces dates, on a bien eu des ancêtres également...  Nous aimerions les connaître, savoir de façon plus précise qui ils étaient, et d'où nous venons ; mais cela reste mystérieux !"
Parmi les conseils donnés à ceux qui souhaitent découvrir qui les a engendrés, rien de très simple : de nombreuses portes semblent fermées... Mais, comme le dit le philosophe Alain Finkielkraut, une chose est certaine, c'est que "l'humanité ne s'est pas auto-créée..."
Cela pourtant, beaucoup semblent ne pas en avoir conscience. Sans rechercher plus loin, l'on pense que l'homme est le fruit d'une évolution de la nature ; mais l'on s'interdit d'en chercher une origine plus profonde. Pourtant, elle est toujours d'actualité, la fameuse question posée par le peintre Paul Gauguin : "D'où venons-nous, qui sommes-nous, où allons-nous ?", d'après le titre qu'il donna à l'une de ses oeuvres les plus célèbres, peintes à Tahiti.
Déjà, dans la période antique, le philosophe grec Parménide avançait ceci : "Il n'y a pas d'être sans un fondement ultime de l'être." Tandis que Platon osait dire que "L'homme est une plante venue du ciel."  Impressionnant !
Dans sa lettre-encyclique "Loué sois-tu", le pape François reconnaît que "certains rejettent avec force l'idée d'un Créateur...au point de rejeter cela dans le domaine de l'irrationnel." (n° 62)  Mais alors, si l'on rejette toute perspective d'une origine profonde des choses, n'est-ce pas une telle position qui est irrationnelle ?  S'il n'y a pas de fondement de l'être... Quant à elle, la tradition biblique propose comme seule piste explicative possible l'intervention d'un Dieu Père, qui a créé le monde, et donc ses enfants que nous sommes.
Tout cela n'est pas facile à préciser !  Je laisse donc la parole au pape François, toujours dans sa lettre "Loué sois-tu" (n° 76 à 80) : "La création peut seulement être comprise comme un don qui surgit de la main ouverte du Père de tous, comme une réalité illuminée par l'amour qui nous appelle à une communion universelle. "Par la parole du Seigneur, les cieux ont été faits" (psaume 33/6). Il nous est ainsi indiqué que le monde est issu d'une décision, non du chaos ou du hasard, ce qui le rehausse encore plus. (...) Puis, l'Esprit de Dieu a rempli l'univers de potentialités qui permettent que, du sein même des choses, quelque chose de nouveau peut surgir."
Et si la recherche du père biologique symbolisait la recherche de toute l'humanité par rapport à son origine profonde, au-delà de tout créé ?

P-S du lundi 12 février : excellent édito en page 3 de "Ouest-France dimanche " d'hier, sur "la douloureuse question des origines", par exemple, pour ceux qui sont nés par procréation médicale assistée (PMA). L'une de ces personnes témoigne ainsi : "Le donneur, c'est une partie de moi.  c'est quelqu'un qui a fait que j'ai été créé". Nous recherchons cette part inconnue de nos origines." Par rapport au billet ci-dessus, quelle confirmation totale !

vendredi 9 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2128 : Faire le plein de fuel

Sous mes fenêtres, un énorme camion, pour assurer le plein de fuel afin que je puisse me chauffer ! Il pleut légèrement. J'en fais la remarque au technicien qui me répond, stoïque : "Ce n'est rien ! Tout à l'heure, au Château d'Olonne, j'ai rempli une cuve sous une pluie battante." Mais ce n'est pas seulement de cela que je veux vous parler. J'arrive de célébrer l'eucharistie et, en voyant ce camion, je me suis dit : "Je viens d'assurer mon plein de fuel divin pour la journée !" Hé oui car, je le sens biens, mon moteur humain et pastoral interne ne peut pas fonctionner s'il n'est pas alimenté.
Cela m'a fait penser à cette réflexion d'un évêque anglais, repérée récemment, dans laquelle il souligne ceci  -  je redis cela de mémoire, approximativement : "Quand j'assure mon ministère épiscopal sans avoir pris le temps de prier, il me semble que je fais quand même des choses qui ont du sens ; mais lorsque je me suis donné auparavant, ou pendant, du temps pour prier, je m'aperçois que tout se passe tout à fait différemment. Peut-être pas avec plus de "réussite", mais tout baigne davantage dans l'action même de Dieu. Et je me sens beaucoup mieux !"
Cela me rappelle l'histoire de ce type qui se paye une voiture roulant au diesel. Le fabriquant prend le temps de lui expliquer les choses, lui indique qu'il devra faire faire une vidange une fois par an, et qu'ainsi, il n'aura en principe pas de panne avant 5 à 10 ans ou plus même. Mais le type décide de rouler à l'essence, et de faire la vidange tous les trois ans seulement. Au bout de même pas une journée, la voiture ne marche plus ! Malheureusement, elle s'est arrêtée en panne dans un virage, sans visibilité.  Une autre voiture lui est rentrée dedans, et le chauffeur, gravement blessé, s'est dit en lui-même : "C'est de la faute de Dieu ! Si Dieu était bon, il empêcherait qu'arrivent les accidents..."
Celui qui lui a vendu la voiture est attristé ; mais, généreusement, le type une fois rétabli, il consent à lui fournir une nouvelle voiture. Mais cette fois-ci, ce chauffeur étrange omet alors de mettre du carburant, puis, s'étonne de ce que son auto ne peut plus avancer.
Voilà un type qui n'a besoin de personne, qui n'écoute aucun conseil, qui ne lit aucun livret d'entretien. N'est-ce pas un peu, plus ou moins, notre situation à tous, dans notre société comme au sein de nos Eglises ? Pas étonnant alors si les situations sociales ou ecclésiales se bloquent, comme dans notre diocèse de Luçon. D'autant plus que nombre de baptisés ne lisent quasiment jamais ce magnifique livret d'entretien qu'est la Bible, et ne passent jamais à la station-service "Eglise" pour faire le plein de temps en temps ...

Livret d'entretien "Actes des Apôtres", 4/31  :  "Quand ils eurent prié, le lieu où ils étaient assemblés trembla (ce qui signifie que les choses se mirent à bouger, peut-être ?) ; ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils annonçaient la parole de Dieu avec assurance." 

jeudi 8 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2127 : "Pourquoi vous ne portez pas de petite croix ?"

Ce matin, nous en parlions avec les personnes présentes, au sortir de l'eucharistie célébrée dans le superbe petit oratoire des Soeurs, au sous-sol de l'Orangerie, à Bourgenay. Je disais que, chaque fois que cela paraît possible, quand on m'interpelle au sujet du port d'une petite croix pour signaler à tous que je suis prêtre, je n'envoie jamais "aux pelotes" celui ou celle qui m'interpelle ; je me contente, avec le sourire, de renvoyer mon interlocuteur justement à l'évangile de ce jour, en Marc 7/24-30.
Qu'est-ce que l'on y découvre en effet ?  Jésus se trouve alors aux périphéries, c'est-à-dire, hors du monde religieux juif, "dans le territoire de Tyr", est-il précisé.  Première remarque : il n'arrive pas là en grande tenue de Rabbi, ni même avec le moindre petit signe distinctif "pour qu'on le reconnaisse plus facilement". Le texte de cet évangile est clair à ce sujet : "Jésus partit et se rendit dans le territoire de Tyr. Il était entré dans une maison, et il ne voulait pas qu'on le sache."  Jésus donc arrive incognito. Mais cela ne l'empêche pas d'avoir peu à peu de vrais contacts, dans ces périphéries : avec la femme païenne, étrangère, syro-phénicienne ; pire encore, tandis qu'un démon avait pris place dans la maison de cette femme, habitant sa petite fille, possédée par cet esprit mauvais.
Jésus avance donc dans les périphéries sans petite croix, sans signe distinctif, sans habit particulier pouvant signaler à tous : "attention, c'est un représentant de Dieu qui est là, et vous pouvez le contacter facilement, car on voit bien qu'il n'est pas comme nous : son habit, sa croix le signalent clairement au regard de tous."
Mais cela ne fut pas la façon de se présenter, de se comporter de Jésus, tout au long de son ministère en Palestine. Au contraire, à diverses reprises, il semble arriver comme ça, incognito. Rappelez-vous par exemple la façon dont il a rencontré la Samaritaine ; au départ, peut-être même celle-ci a-t-elle pu penser que ce jeune inconnu, un Juif qui plus est, faisant fi de tous les usages, était plus ou moins en train de la draguer ???
Ce qui parlait de Dieu aux hommes à travers Jésus, en effet, ce n'était pas sa tenue, ou sa petite croix ou non, mais bien plus, et bien au-delà, la qualité de son regard, la force de son écoute, la plénitude de son attention aux personnes rencontrées, l'infini de son ouverture.
Une parole de Nelson Mandela illustre bien ce mode d'être, cette façon soutenue de se situer : "Quand nous laissons notre propre lumière briller, nous donnons aux autres, sans en être conscients, la possibilité de faire la même chose."
Le curé de Talmont, Daniel, me disait, pas plus tard que ce midi, que Charles de Foucauld, les deux dernières années de sa présence au Sahara, instruit par l'Esprit et en vertu de tout ce qu'il avait découvert peu à peu, avait fini par se libérer de tout titre ("Père", par ex.), de toute attache, de tout signe extérieur sur sa gandoura, pour ne plus offrir à chacun que son être profond d'homme de Dieu et de Frère universel. Du moins, c'est ainsi que je traduis, sans doute un peu maladroitement, ce que Daniel m'a révélé.
Ceci dit, si des prêtres souhaitent porter la soutane, avoir un col romain ou accrocher une petite croix sur leur veston, qu'ils se sentent libres bien sûr : "C'est une question de vocation , et les vocations peuvent être diverses", comme me l'ont dit les Soeurs de Mormaison ce matin, tandis que nous faisions écho à un épisode de l' "Hôtel du Coeur" lorsque, à la question de jeunes leur demandant pourquoi elles n'ont ni voile et encore moins de cornette, des Soeurs ont répondu que c'était un choix, montrant qu'elles souhaitent se situer au coeur du peuple de Dieu, dans une incarnation totale, à la manière de Jésus.  Merci, mes Soeurs, pour le magnifique témoignage que vous portez, au service de tous, humblement, lumineusement  !

mercredi 7 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2126 : Par quel bout prendre l'existence ?

Par exemple, en ce moment, avec ce climat neigeux et froid, nombre de nos compatriotes sont plongés dans l'embarras, empêchés de se déplacer ; pour eux de même que pour ceux qui sont victimes des inondations, c'est la grosse pagaille et les tentations de découragement...  Mais ce que je retiens, c'est la force de tempérament de certains qui, après une nuit passée sur la route sans pouvoir vraiment se reposer, dans l'habitacle étroit et peu chauffé de leur voiture, trouvent quand même la force de répondre avec humour, et parfois même un grand sourire, aux journalistes qui leur tendent le micro.
Ces personnes nous donnent un sacré exemple, car elles ne s'apitoient pas sur leur cas : "On n'est quand même pas morts !"  J'ai entendu aussi : "Il y a plus malheureux que nous !" Je dis "bravo !"  J'adore ce genre de réaction ; mieux encore, j'admire les personnes qui savent ainsi dominer ce qui leur arrive. Serais-je capable d'en faire autant ?
Hier matin mardi, j'attendais avec impatience la venue d'une de mes connaissances. Patatras, coup de fil : impossible de venir, à cause de la neige. Déception !
Puis, hier soir, je me régalais à la pensée de rencontrer nombre d'amis, lors d'une rencontre à la Roche autour de la question "Israël-Palestine". Arrivé sur les lieux, j'apprends que la soirée est annulée, because la neige.  Je suis reparti chez moi dans la nuit : 100 kms pour rien !
Ce matin, rencontre prévue depuis longtemps en Anjou. La météo annonce de la neige, mais à Bourgenay brille un beau soleil dès le matin. Je me lance donc ; mais, sur la route d'Angers, tout à coup, "tombe la neige" (merci quand même, Adamo !). Peu de voitures en circulation, roulant au ralenti. Visibilité réduite, risque de verglas ensuite ? Par prudence, je renonce à ma visite et fais demi-tout. Caramba, encore raté !
C'est là que je repense à mes naufragés de la route. Et je me demande à moi-même : es-tu vraiment capable de prendre la vie par le bon bout, celui de la sérénité, de l'abandon au réel ?  Et si tu avais dû passer la nuit dans ta bagnole ?
Avec cette question de fond ?  Si tu gémis et te lamentes en de telles (légères) contrariétés, qu'en sera-t-il lorsque tu te heurteras à un vrai problème ?  Et si tu gardais ton énergie pour des moments plus graves ?   Et si tu essayais d'apprendre à saisir l'existence par le bon bout ?  Celui de la sérénité, de l'abandon de soi, du souci des autres, de la distance par rapport aux événements ?
De la même façon, il me faut commencer par mettre ma confiance dans le Seigneur dans les petites choses, afin de pouvoir y parvenir lorsque la gravité réelle se présentera !
C'est sans doute cela, devenir adulte... à tout âge !
Je repense à cette réflexion de Khalil Gibran, dans "Le Prophète" : "Nous donnons souvent des noms amers à la Vie, mais seulement parce que nous sommes nous-mêmes sombres et amers. Or, la Vie est profonde, élevée et lointaine. L'ombre de votre ombre paraît sur son visage. Mais quand nous sommes abattus et faibles, la Vie est haute et triomphante.  Et quand nous pleurons, la Vie sourit, au plein jour, et elle est libre quand bien même nous traînons nos chaînes."

lundi 5 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2125 : Pourquoi se marier à l'église ?

Hier dimanche, à Angles, matinée de réflexion sur le sacrement de mariage, offerte à tous les couples du doyenné devant se marier cette année. Avec les autres prêtres, nous nous demandions s'ils répondraient à cette sollicitation. Merveille : quand je suis arrivé à Angles, la quasi-totalité des couples demeurant sur le doyenné étaient déjà là. L'échange, interactif, a été très riche. Première question lancée à l'assemblée : "Qu'y a-t-il de "sacré" dans votre vie de couple ?"  Réponses multiples : "la famille, l'enfant, l'amour, la fidélité", etc... Déjà, dès le départ, les jeunes ont exprimé, de but en blanc, sans se faire prier, ce qui leur semblait essentiel, fondamental, incontournable, pour la bonne évolution de leur vie de couple : base idéale pour ensuite faire avancer la réflexion entre "sacré" et "sacrement".
Tout d'abord, nous avons remarqué ensemble qu'un certain nombre de couples, même non mariés à l'église, et donc, non marqués par le sacrement de mariage, vivent cependant une vie de couple très profonde et portent témoignage. Rien de surprenant !  S'ils sont fidèles à leur conscience, s'ils prennent le temps de dialoguer, de s'écouter, de cheminer la main dans la main, leur vie de couple a la possibilité de s'épanouir pleinement. N'oublions pas que tout personne humaine a été créée à l'image de Dieu ; et peut donc réfléchir, vivre et agir selon le projet de Dieu sur l'humanité...
Mais alors, se demandent certains : "Pourquoi se marier à l'église ?" "Qu'est-ce que cela apporte de plus ?" Là encore, réponses multiples : "Dieu peut nous protéger", "il nous soutient", "c'est mystérieux", "c'est beau de penser que Dieu est avec nous" , "il nous donne de la force", etc...
J'ai apprécié le fait que ces jeunes, dont la plupart ne sont pas des pratiquants de la messe, semblent cependant imprégnés de l'Evangile, si j'en juge à la qualité de leur réflexion. Occasion de préciser que Dieu en effet, ce n'est pas un "petit plus" pour garantir la réussite de notre mariage ; il est à l'origine de notre sentiment d'amour ; il est à l'origine de ma façon d'aimer, et même de ma rencontre avec l'autre, "car c'est lui qui guide nos vies", comme l'un des jeunes l'a exprimé.
Se marier à l'église, c'est faire entrer Dieu dans notre amour, et faire entrer notre amour en Dieu. D'ailleurs, comme l'a dit quelqu'un, "si on se tourne vers l'Eglise, c'est parce qu'il n'y a qu'à l'église que l'on parle bien de l'amour."  A la mairie, c'est plus un côté juridique et social en effet, même si le mariage à la mairie représente  déjà un très bel engagement au sein de la société.
On s'est dit aussi que lors de la préparation, comme en cette matinée, et au moment du mariage dans ce lieu sacré qu'est l'église, "la grâce de Dieu nous tombe dessus !" "Elle remplit notre coeur !" Une vie de couple qui va durer peut-être 70 ans, peut-on la réussir seuls,  tous les deux ?  La discussion a rebondi avec le fait qu'un certain nombre de ces couples ont déjà des enfants ; question : ceux-ci peuvent-ils grandir seuls ?  N'ont-ils pas besoin d'un accompagnement, d'un soutien ?  Eh bien, nous aussi, nous sommes des enfants de Dieu, et nous pouvons nous appuyer sur sa force pour ancrer notre amour sur quelque chose de solide.
Je n'ai pas la place ici pour préciser les textes bibliques qui peuvent aider les couples à se remettre dans la main de Dieu, mais je les ai invités à y réfléchir quand ils choisiront les lectures pour leur mariage.
Ensuite, au cours de la messe en fin de matinée, j'ai demandé aux paroissiens de porter ces couples dans leur prière, pour qu'ils puissent pleinement entrer dans cette découverte de la place de Dieu dans leur amour..

samedi 3 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2124 : "Que faire de nos vieux ?"

Question un peu scabreuse et bien incorrecte, mais c'est ainsi que je l'ai entendue, de la bouche d'une personne de bonne volonté, une élue, dépassée, comme nous tous, par cette question si complexe de l'accompagnement de nos anciens.
Avant, ils étaient dans des "maisons de retraite" ; à présent, ils sont dans des "Ehpad". Pourquoi pas ?  Mais que reste-t-il de l'humain ?  Toutes nos familles sont touchées !  Qui d'entre nous ne va pas une fois par semaine, sinon une fois par mois visiter un parent, une connaissance dans un de ces Ehpad dont les personnels sont épuisés par leur charge de travail ?  Tandis que les anciens semblent attendre indéfiniment un futur qui ne vient pas !
Ayant l'occasion chaque semaine d'aller dans l'un ou l'autre des Ehpad du secteur, pour célébrer l'eucharistie ou rencontrer des malades, ou la direction, je dois faire part de mon admiration pour la façon dont sont accompagnés les résidents : le maximum est fait pour eux, j'en suis témoin, mais si cela reste bien insuffisant face aux immenses attentes et besoins.
J'admire la façon dont les personnels, qui assurent des services à la personne que je serais bien incapable de remplir, le font avec tout le sourire et le dévouement qui leur restent, malgré la fatigue et le manque de temps pour aller au terme de vraies relations.
Chapeau en tout cas pour les belles initiatives qui sont prises dans ces maisons !  Par exemple, dimanche dernier, une directrice me racontait qu'elle organise chaque année un échange avec un autre Ehpad, en Bretagne, en bord de mer également. Pendant une semaine, ceux d'ici prennent pension là-bas, et vice-versa. Et l'on explique à chaque résident qui logera dans sa chambre en son absence.
Je me suis rendu compte aussi que les temps d'eucharistie sont des moments de bonheur unique pour ceux qui peuvent y participer ; même si certains sommeillent largement durant la célébration : ils sont là !  L'on échange durant l'eucharistie, des chants plutôt anciens et connus sont repris avec ferveur, le Seigneur est présenté comme celui qui les soutient et les fait entrer dans sa Paix profonde.  "Moi, je suis si heureuse de venir à la messe", entend-on ici ou là.
Demain, durant l'eucharistie que je célébrerai à Angles, je ferai allusion à tout cela, dans l'éclairage de l'évangile de ce dimanche où l'on voit Jésus, assailli par les malades, mais se donnant totalement à eux, "sans attendre", comme dit le texte ; et même s'il s'en trouve lui aussi très fatigué. Même "le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d'un mal...et il les guérissait." (Marc 1/32)
C'est sans doute dans ce sens-là que responsables et élus devraient aller : ainsi que le propose Jean-Pierre Denis dans son édito de "La Vie" de ce 1° février : "Passer d'une logique de traitement de la "dépendance" à une logique d'accompagnement de la vie. Et remettre nos anciens au coeur de la cité !"

vendredi 2 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2123 : Jean Thizon, une grande figure du clergé de Vendée !

L'Eglise de Vendée, l'Eglise de France viennent de perdre l'un de leurs meilleurs serviteurs ! Ce matin, sa famille, ses amis étaient réunis en l'église Notre-Dame de Fontenay-le-Comte pour rendre un ultime témoignage à Jean Thizon. Né à Fontenay-le-Comte en 1929, sa vie fut d'une richesse étonnante. J'ai eu le bonheur de l'avoir comme professeur au petit séminaire des Herbiers, et je lui dois en partie ma vocation. Lors d'une Semaine sainte vécue en paroisse avec des séminaristes des Herbiers, vers 1959 ou 60, Jean, chaque jour, nous partageait sa foi de prêtre ; et il nous apprenait à prier en parlant simplement au Christ. Cela m'a marqué, jusqu'à aujourd'hui. Il nous a appris à côtoyer le Seigneur, et aimer prendre du temps avec lui, à lui parler de la vie du monde et de celle de nos frères.
Puis, vu son charisme auprès de la jeunesse, il s'est retrouvé longtemps responsable national des vocations ; et ensuite, pour la même raison, responsable 12 ans de l'Enseignement catholique sur Paris ; de grosses missions déjà, mais le plus important était à venir : 21 ans secrétaire général à Paris des "Chantiers du Cardinal", missionné par les évêques d'Ile de France pour bâtir de nouvelles églises dont la région avait besoin, et retaper les anciennes.
Cette mission de bâtisseur, il a su la remplir avec une efficacité étonnante. En véritable chef d'entreprise, il a su piloter ces chantiers avec une vision claire de la tâche à accomplir, et de façon très opérationnelle, sachant assurer le lien entre les architectes, maîtres d'oeuvre, élus, paroissiens et services diocésains. A la fois très professionnel et très vigilant par rapport au respect du code des marchés publics, ce qui n'était pas une mince tâche au sein de ce milieu parfois opaque du bâtiment et de l'immobilier. Et toujours animé par le souci de la construction, non seulement des édifices, mais bien sûr également de chacune des communautés chrétiennes : les "pierres vivantes" concernées.
Une belle réussite en tout cas, témoin ces deux exemples :
-  à Noisy-le-Grand, dans le 9-3, où Jean venait avec son équipe d'édifier une superbe église, St Paul des Nations, la bien nommée, au coeur d'une banlieue cosmopolite, en bordure d'une voie express très fréquentée en Seine-St Denis, des jeunes du quartier, qui traînaient par là, quartier dont tous les bâtiments étaient tagués, ont dit à Jean : "Votre église, elle est très belle !  On n'y touchera pas !"  Et Jean nous disait encore récemment, des années plus tard, qu'il n'y avait même pas eu 1 m2 de tagué, après tant d'années !
Quel symbole !
-  une autre église dont il était très fier, celle érigée sur le quartier de la Défense, Notre-Dame de Pentecôte, et pour laquelle les "Chantiers du Cardinal" ont obtenu le grand prix du Ministère de la Culture.
Une surprise toutefois : tout cela n'a guère été reconnu ni apprécié par le diocèse et une partie du clergé en Vendée !  Alors que Jean nous a tant fait honneur à Paris...
Puis vint le temps de la retraite.  J'ai eu le bonheur alors d'accueillir Jean dans l'équipe pastorale, lorsque j'étais curé des Sables d'Olonne. Il y fut très apprécié !  Ses homélies très vivantes, ses compétences de bâtisseur, son sens de l'Eglise, son attention à la vie des gens, sa qualité d'accompagnement des personnes : une merveille !
Lors de la cérémonie de sépulture ce matin, des laïcs du Pays des Olonnes ont pu exprimer devant tous ce que Jean leur avait apporté, à tant de points de vue.  Ce fut un grand moment d'action de grâce, à Jean pour ce qu'il nous a apporté, à Paris comme en Vendée, et à Dieu, pour nous avoir donné un pasteur d'une telle qualité.
A - Dieu, Jean, et un million de mercis !

jeudi 1 février 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2122 : "Merci Seigneur pour les mains des chirurgiens !"

Une mamy, copine d'école, Odile, m'a téléphoné récemment pour confier à ma prière une grave opération que va subir une de ses petites filles ; j'ai retenu quelques-unes de ses paroles : "On ne prie pas assez pour les chirurgiens ; or, il sauvent des vies ! En cas de difficulté, il ne faut pas être impatient ; il ne faut pas les juger. Ce sont des humains, et ils font face parfois à des maladies compliquées... Merci Seigneur, ajouta-t-elle, pour les mains des chirurgiens." La prière de cette femme, et cela rappelle de belles scènes de foi dans l'Evangile, m'a impressionné !
C'est presque quotidiennement que l'on apprend qu'un tel ou une telle va "subir" une opération, et chaque fois, c'est un peu l'angoisse en effet : comment cela va-t-il se passer ?  qu'est-ce que cela va donner ? Et si on se confiait au Seigneur, en lui demandant d'accompagner de sa lumière nos médecins et chirurgiens ?  Je vous propose donc une prière à leur égard, tirée de la tradition orthodoxe ; occasion de prier en faisant une démarche dans la ligne de l'Unité.
On prie souvent pour les malades, pourquoi pas aussi pour les médecins ?


Prière pour les médecins et tous ceux qui servent les malades

Seigneur Jésus Christ notre Dieu, Toi le vrai Médecin de nos âmes et de nos corps; Toi qui, par ta souffrance volontaire sur la Croix, as détruis le pouvoir de la souffrance et de la mort; Toi qui accordas la guérison corporelle et le pardon des péchés à la belle-mère du saint apôtre Pierre, au paralytique, au serviteur du centurion, à la femme courbée, à l’homme dont la main était desséchée, aux possédés, aux épileptiques, aux aveugles, aux sourds et aux muets, et à tant d’autres, nous te prions et supplions pour tes serviteurs les médecins, les chercheurs et tous ceux qui sont au service de nos frères éprouvés selon ta permission et la justesse de tes jugements.
Par les prières de tes saints anargyres Cosme et Damien, Cyr et Jean, Pantalémon et Hermolaüs, Thalalée et Tryphon, Motius et Anicet, Samson et Diomède ; par celles de nos pères parmi les saints Nicolas archevêque de Myre en Lycie le thaumaturge, Nectaire d’Égine, Benoît de Nursie; de tes saints prophètes Élie et Élisée, de tes saints apôtres Pierre et Paul; de ton saint archange Michel, de ta Mère très pure et de tous tes saints, purifie, pardonne et fortifie par ta divine grâce tous ceux qui soignent et qui œuvrent pour la guérison des souffrances, des maladies et de tous les maux des humains.
Dans la puissance de ton saint Esprit, éclaire l’intelligence des soignants par ta divine sagesse, guide leur main par ta droite vivifiante, purifie-les de tout péché et de toute passion, inspire-leur le désintéressement, l’amour compatissant, la douceur et le discernement. Anime leur courage devant la souffrance et la mort que Tu as vaincues en ta Résurrection. Multiplie en eux tout ce qui est bon et qui a sa source en ton Père céleste. Inspire-leur de te demander en tout temps, dans le jeûne et la prière, d’œuvrer dans la puissance de ton saint Nom. Agis Toi-même par eux, ô Ami des humains! Fortifie dans la vraie foi les soignants qui te connaissent et qui croient en toi; révèle-Toi à ceux qui t’ignorent et donne-leur de te confesser, en ce monde et au jour du Jugement, comme leur Maître et Seigneur. En ce jour redoutable et saint, daigner reconnaître Toi-même en eux la pauvreté selon ton Esprit, la pureté du cœur, l’œuvre de ta paix et de ta justice, ta douceur, ta miséricorde, ta patience dans l’injustice, et les larmes de ta compassion. Daigne à cette heure ultime les appeler « les bénis de ton Père », car tout ce qu’ils auront fait pour le moindre d’entre nous, c’est à toi qu’ils l’auront fait.
 Tu es notre Dieu, ô Christ Jésus et Médecin de nos âmes et de nos corps, et, avec ton Père éternel et ton Esprit très saint, bon et vivifiant, nous te rendons grâce pour tous tes bienfaits visibles et invisibles, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles : Amen!