8° dimanche, St Hilaire la Forêt et St Hilaire de Talmont (26-27 février 2022)
Tandis que, dans ce pays frère
qu’est l’Ukraine, se succèdent bombardements et offensives meurtrières, les
médias nous montrent des hommes et des femmes implorant l’Europe, le monde
entier et aussi le Ciel de les soutenir, de ne surtout pas les oublier. Et chacun
de nous de se demander : « Mais que pouvons-nous faire ? »
Bien sûr, de tout notre cœur, nous portons le peuple ukrainien dans notre prière ; sans oublier de confier à la sagesse divine ce dictateur, fidèle émule de Staline, qui a organisé ce conflit. C’est pour cette intention que nous sommes venus prier ensemble ici en ce jour. Et la prière la plus haute n’est-elle pas le temps de l’Eucharistie, le temps du salut, le temps béni de la victoire sur la mort et le péché, dans le Christ ressuscité ?
Cependant, une question nous
hante : devant un tel déluge de haine, prier, est-ce vraiment utile ?
La prière peut-elle réellement infléchir le cœur de ce despote qui semble avoir
perdu la raison ? Ainsi que le
rappelait l’évangile en effet : « On ne cueille pas de figues sur des
épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces. » Tandis que l’ombre sinistre de Caïn semble
recouvrir l’Ukraine, l’Europe et le monde de ses griffes acérées.
Et pourtant, que nous dit la liturgie de ce jour ? Si nous sommes perplexes, si nous nous sentons impuissants face à la situation, relisons, méditons ce que nous venons d’entendre de la part de l’apôtre Paul, dans la 2° lecture adressée aux chrétiens de Corinthe : « Frères bien-aimés, soyez fermes, soyez inébranlables ; prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur, car vous savez que, dans le Seigneur, la peine que vous vous donnez n’est pas perdue. »
Autrement dit, ne doutons pas de l’importance de notre prière ; et ceci, pour 3 raisons :
1° . Quand les chrétiens prient pour la paix, c’est pour clamer haut et fort qu’ils ont la guerre en horreur ; avec l’appel pour chacun de nous à ne jamais devenir un petit Caïn, en guerre envers qui que ce soit, dans son entourage, dans l’Eglise ou dans la société. En ce sens, attention à la poutre qui se trouve peut-être dans notre œil, au cas où nous ne l’aurions pas remarquée !
2° . Si nous, chrétiens, nous prions pour la paix, c’est aussi parce que nous sommes convaincus que la construction de la paix, ce n’est pas que le travail de nos dirigeants, ni simplement une affaire de politique étrangère. C’est aussi une question spirituelle, de « politique intérieure ». Je m’explique : la paix demande des hommes et des femmes pacifiés intérieurement, pour qu’ils puissent en être les ambassadeurs. Car le cœur de l’homme est le premier champ de bataille dans lequel s’affrontent le bien et le mal, la violence et la paix.
3° . Enfin, nous prions pour la paix car, comme disciples du Christ, nous ne pouvons pas imaginer vivre autrement que de manière non violente, selon le style de l’Evangile. En effet, et c'est valable aussi pour nous : « Un bon arbre ne donne pas de fruits pourris ! » Nous en reparlerons le mercredi des cendres ; en effet, nous n’avons que le jeûne et la prière à opposer à cette guerre ; nous n’avons pas d’autres armes que cette liturgie « désarmée ». Face à l’ampleur des moyens militaires déployés, ceci peut paraître bien dérisoire. Mais les personnes qui prient, et pas seulement dans les monastères, nous aujourd'hui, celles et ceux qui mettent leur confiance en Dieu, osent croire au pouvoir désarmant de la prière.
Rappelons-nous ce que disait Victor Hugo : « Deux mains jointes font plus d’ouvrage, sur la terre, que tout le roulement des machines de guerre. »
Y croyons-nous vraiment ? Et même, verrons-nous les résultats de notre intercession ? Relisons encore St Paul : « Alors se réalisera la parole de l’Ecriture : "O mort, où est ta victoire ? La mort a été engloutie." Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire, par notre Seigneur Jésus-Christ. » Plongés dans l'incertitude, cette victoire du Dieu de la Paix, nous osons pourtant y croire ! Amen !