Homélie ce dimanche 28 août dans le magnifique parc arboré de Bourgenay.
Vous avez sans doute remarqué que, chaque fois que Jésus mangeait chez un chef religieux juif, cela donnait lieu à des échanges un peu vifs, sinon polémiques parfois ? Dans l’évangile de ce jour également, les propos de Jésus sont plutôt dérangeants ! Et cela également pour nous ! Laissons-nous donc déranger par Jésus ce matin ! N’est-il pas le guide de notre vie ?
A travers cet évangile, Jésus pose une 1° question à chacun et chacune d’entre nous : quelle place prends-tu, dans la vie en général ? Que ce soit quand tu es en société, ou dans la paroisse par exemple, ou aussi en famille ? Et, dans ces diverses circonstances, quelle place vises-tu ? Mais ce que Jésus veut nous faire découvrir, à travers cette scène d’évangile, ce n’est pas un ensemble de règles sur les bonnes manières, à propos de la façon de se conduire lorsque l’on vit en société ! Cependant, quand il dit : « Qui s’élève sera abaissé, et qui s’abaisse sera élevé », c’est une leçon de vie que Jésus nous révèle, et c’est à un retournement radical que nous sommes appelés.
Pendant cette eucharistie, et nous sommes là pour ça, ouvrons au regard de Jésus le fond de notre cœur, ce que nous cachons précieusement aux yeux de tous ; c’est-à-dire, les replis de nos ambitions secrètes, de nos jalousies, de nos continuelles comparaisons avec les autres, de nos complexes, de notre vanité : « Oh ben lui, il a plus de chance que moi, mais il ne le mérite pas ! » « Et puis celle-là, pour qui elle se prend ? Je pourrais en faire autant. » Vous connaissez le refrain ! Trop souvent, avouons-le, nous sommes jaloux de la place des autres.
Mais à quoi ça sert de venir à la messe, si ce n’est pour prendre le temps justement de méditer les appels du Christ sur notre vie ? Sous son regard, et par le don de son Esprit, nous pouvons enfin, au plus intime de nous-mêmes, nous laisser désarmer de notre désir de supériorité, de nos jalousies et de notre vanité !
D’ailleurs, cet appel de Jésus, c’est un important rappel à l’ordre pour le prêtre que je suis, comme pour les chrétiens que nous sommes ; c’est-à-dire, faire ce qui se fait bien insuffisamment au cœur de notre société, et aussi de notre Eglise ; à savoir, donner la place centrale qui leur revient aux pauvres, aux malades, aux personnes âgées et isolées, aux personnes handicapées, aux étrangers, aux personnes en situation sexuelle différente, etc… Or, ceux-ci sont-ils parmi nous, dans nos assemblées dominicales ? Pourquoi sont-ils absents, ou du moins, si peu présents ?
En tout cas, le grand romancier chrétien Dostoïevski nous prévient, dans l’un de ses écrits, que c’est là-dessus qu’au dernier jour, nous seront jugés. Laissons-nous interpeller par l’un de ces textes prophétiques et dérangeants :
« Quand ce sera la fin pour tous, alors, la Parole retentira, et
un ange criera : « Approchez, les nullités ! Approchez, les
rebuts ! Venez ! »
Alors, les intelligents, les raisonnables diront : « Seigneur,
pourquoi prends-tu ces gens-là ? »
Et le Seigneur répondra : « Pourquoi je les prends ? Parce que, pas un seul d’entre eux ne s’en
est jugé digne ! » Alors, nous
les rejetés, il nous tendra les bras ; nous nous y jetterons, et nous
pleurerons et nous comprendrons ; et alors, tous comprendront. »
Lors du jugement dernier, c’est cela qui se passera ! Ceci est un extrait de l’ouvrage de Dostoïevski : « Pour que l’esprit ne meure. »
En réalité, il faudrait que nous suivions l’exemple de notre pape, qui a créé hier 20 nouveaux cardinaux ; et il les a pris ni dans les grands archevêchés de Paris, New-York, Milan ou autres lieux d’en-haut, mais plutôt, bien loin des grandeurs ; pensez donc, en Inde, pour la 1° fois, c’est un intouchable, un "dalit" méprisé qui est nommé cardinal ! Au ciel, à la droite de Dieu, Gandhi doit jubiler ! Et un autre cardinal dans ce pays perdu qu’est la Mongolie, et, à Marseille, un fils des quartiers nord, si mal jugés, Mgr Aveline, l’évêque de France peut-être le plus engagé dans la proximité avec les musulmans et les migrants.
Tandis que le pape va aller visiter à la mi-septembre le Kazakhstan, un pays méconnu, musulman à 70%, trois fois plus grand que la France, mais plutôt à la dernière place dans l’échiquier de nos connaissances en ce qui concerne la géopolitique mondiale.
A chacun de nous de suivre le même exemple d’ouverture, dans notre tout simple milieu de vie, avec joie, là où le Seigneur nous a placés ! Amen !