Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2815 : "Nous avons vu le vrai visage du diable !" (Volodymyr Zelensky)

 Le 15 juin 1998, Jacques Attali déclarait à "Matin première" : "Le XX° siècle a été celui du diable. C'est celui qui a comporté le plus de gens morts de la main de l'homme."  J. Attali disait cela, je pense, avec l'espérance qu'il n'en serait plus ainsi lors du XXIème siècle !  Malheureusement, avec ce qui se passe en ce moment en différentes régions d'Afrique et du monde, et pas seulement en Ukraine, il semble que nous soyons mal partis !

Parmi les questions que l'on a envie de se poser : face à cette horreur infinie, se peut-il que l'homme soit la seule raison du mal ?  Vendredi dernier, 24 février, le président ukrainien nous a confié ce qu'il en pensait. Lors d'une conférence de presse réunissant des journalistes de nombreux pays, à l'un d'entre eux lui demandant quel avait été pour lui le jour le plus terrible depuis un an, il a répondu : "Lorsque j'ai découvert, sur place, ce qui s'est passé à Butcha." Et d'ajouter : "Nous avons vu le vrai visage du diable à Butcha !"

458 corps découverts début avril 2022 : meurtres de masse, exécutions sommaires, viols, actes de torture, etc., contre des civils ukrainiens.  Cela fait penser à cette phrase de l'Apocalypse : "Malheur à vous, la terre et la mer, car le diable est descendu vers vous, emporté de fureur, sachant que peu de temps lui reste." (Apocalypse 12/12)

Certains vont penser : mais non, il ne s'agit pas du diable, plus simplement d'un fou qui n'a plus rien d'humain.  Relisons l'évangile de ce dimanche (Matthieu 4/1-11) : l'on y voit le diable prenant Jésus (dans ses bras, sans doute), et "il le place au sommet du Temple", nous dit Matthieu.  Le diable a le pouvoir de tenter qui que ce soit, y compris Jésus ; et certains se laissent entraîner par lui vers le mal.  Comme l'a écrit Bernanos : "Le coeur du monstre bat quelque part, hors de notre monde..."

Et pourtant, par sa victoire sur la mort, Jésus a vaincu et détruit le diable ; mais son cadavre bouge encore.  Pendant ce temps de Carême, laissons le Sauveur reprendre la première place dans notre coeur et chasser le mal de notre existence et de la vie du monde, en Ukraine-Russie comme ailleurs ! 

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2814 : "Choisis la Vie !" (Deutéronome 30/19)

Si vous ne l'avez fait, ne manquez pas de lire ce merveilleux passage du Deutéronome (30/15-20), que nous propose la liturgie de ce premier jeudi de carême : "Je mets aujourd'hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur (...)  Je mets devant toi la vie ou la mort (...) Choisis donc la vie."

En ce jour, j'ai eu l'occasion de méditer ce texte avec plusieurs personnes, touchées par la mort ou la maladie. Que penser d'un tel appel de Dieu ?  Est-il possible de l'accepter tel quel, et d'y répondre positivement ?  Face au risque fort de baisser la tête, de se laisser déstabiliser par la lourdeur de la maladie ou la peur de la mort...

Cette enseignante poignardée par un de ses élèves n'avait-elle pas choisi la vie ?  Et les victimes du tremblement de terre en Turquie et en Syrie ?  Tout cela reste bien mystérieux !  Face à de tels drames, nous nous sentons sans voix...

Mais alors que, dans un tel contexte, nous sommes en train de nous poser des questions face à la mort, ou à propos de cette vie à laquelle Dieu nous appelle, voici que nous relisons un article paru sur "Ouest-France" le 19 février, où l'on nous fait partager le témoignage d'Olivier Goy, père de famille et entrepreneur de 49 ans, qui vient d'apprendre qu'il était atteint de la maladie de Charcot.

"Au début, j'étais anéanti, en larmes, incapable d'en parler, même à ma femme et à mon meilleur ami. Je n'y arrivai pas." confie-t-il.  Et de poursuivre : "On m'a dit que j'allais mourir, j'ai décidé de vivre jusqu'au bout et d'utiliser chaque minute de mon temps pour améliorer les choses."

Il explique aussi : "Je veux apprendre à mes enfants que lorsqu'on souffre, que l'on a une difficulté, c'est normal, c'est la vie.  On ne fuit pas, on se bat !"

Chacun de nous alors, dont moi, nous nous sommes dit qu'il ne fallait pas nous incliner devant la maladie ou une mort possible, mais réagir, garder la tête haute, ne pas perdre espoir, et décider de vivre;

"Choisis donc la vie, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix." Un beau programme pour entamer ce temps de Carême !

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2813 : "Marcher humblement avec ton Dieu." (le prophète Michée)

 Vous connaissez peut-être cette parole du Prophète Michée, reprise parfois dans la liturgie : "On t'a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que le Seigneur attend de toi ; rien d'autre que ceci : accomplir la justice, aimer la bonté et marcher humblement avec ton Dieu."  (Michée 6/8)  Michée est en gros un contemporain du prophète Isaïe, ce qui nous mène dans les années 750 ou 700 avant le Christ.

"Marcher humblement avec ton Dieu", quel bel appel !  Trop souvent, durant mon existence active, j'ai plutôt couru sur les chemins !  Etait-ce avec humilité ?  Pas sûr !  Vivre des choses extraordinaires en effet, avec des laïcs motivés et enthousiastes, c'est assez gratifiant... Dans mes premières années de sacerdoce, animer des assemblées de masse avec 80 jeunes intéressés par la JOC, lorsque j'étais en mission pastorale à Luçon par exemple, ce sont des souvenirs inoubliables !

Et je pourrais multiplier les exemples de telles rencontres exceptionnelles, que ce soit au Mali, à Paris, évoquer aussi les 67 cafés-théo vécus dans l'allégresse aux Sables d'Olonne, les activités oecuméniques organisées sur Fontenay-le-Comte, les messes des familles inoubliables à Mortagne-sur-Sèvre ou encore,  les 40 "groupes Parole" organisés à l'Ehpad Ste Marie de Talmont depuis 2018 et jusqu'en novembre dernier.

Puis, tout à coup, avec l'âge, l'affaiblissement, l'on s'aperçoit que, sans le vouloir, il faut ralentir la cadence ! Mais heureusement, le prophète Michée me rappelle qu'il faut désormais apprendre à marcher moins vite, et plus humblement ; non plus en m'appuyant sur mes propres forces, mais en tenant, plus que jamais et avec assurance, la main de Dieu.

Désormais, quand je chemine sur le port tout proche de Bourgenay, j'avance doucement ; s'il y a un banc, je m'asseois ; je reprends mon souffle avant de poursuivre. Et je vois nombre de personnes dans mes âges qui avancent doucement également, avec une canne souvent : je ne suis pas seul à avancer humblement avec mon Dieu !

Assis sur les rochers également, immobile face à l'océan, je contemple l'infini de la création, dans une attitude d'admiration et de reconnaissance.

En ces jours de beau temps, la caresse du soleil, le souffle de la bise, les chants des oiseaux, la beauté des nuages, la paix des promeneurs, quand on a frôlé la mort, avec ces maudits caillots qui ne sont pas encore résorbés, quand de savants chirurgiens vous ont fait comprendre que vous n'étiez pas opérable, qu'ils ne pouvaient rien faire pour vous, sinon vous prescrire un petit traitement pour vous aider à continuer à vivre malgré tout, voici que la beauté de la nature vous rappelle que tout n'est pas fini, que l'espoir existe, que c'est une chance formidable d'être toujours vivant.

Seigneur, je ne sais pas combien de temps il me reste à vivre ; mais je suis dans ta main, humblement, mais confiant ; dans la main des soignants également, et dans la main des membres de ma famille et de mes nombreux paroissiens et amis.  De qui aurais-je crainte ? Aide-moi, Seigneur, à marcher enfin humblement avec toi, dans ta Paix et dans ta Lumière !  Et merci du fort soutien de toutes et tous !

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2812 : Des nouvelles de Tarse en Turquie

Sur Bourgenay, le facteur qui dessert notre secteur depuis plusieurs années, Hilkan, est d'origine turque. Quand a eu lieu le tremblement de terre en Turquie, dans la région d'origine d'Hilkan, l'inquiétude était grande. Je ne me trouve pas forcément là au moment où il passe pour faire sa tournée. Ne l'apercevant pas pendant plusieurs jours, je me suis demandé si sa famille avait souffert de ce terrible cataclysme. Etait-il parti en Turquie ?  Je voulais aller poser la question à la poste. Puis, je me suis trouvé à le rencontrer ; il était toujours là.

A titre de rappel, Hilkan est originaire de Tarsus (Tarse), non loin d'Antioche et autres lieux dévastés par ce qui vient d'arriver. Je vous avais raconté ma rencontre avec Hilkan à travers ce que j'avais écrit le vendredi 11 décembre 2020.  Vous pouvez allez lire ce billet n° 2529.

Hilkan m'a fait savoir que, par bonheur, aucun membre de sa famille n'est sorti blessé de ce triste événement. Même si les maisons se sont écroulées et qu'ils ont tout perdu.  Mais il est forcément très marqué, et suit heure par heure ce qui se passe sur les réseaux sociaux locaux.

Le fait que ce soit arrivé en pleine nuit, à 4h15 du matin, tandis que les gens dormaient, n'a pas arrangé les choses.  Tout le monde s'est retrouvé en pyjama, dans le froid et la neige, à moins 5 degré.

Par contre, Hilkan souligne l'immense entraide qui s'est mise en place, malgré de faibles moyens. Tout le monde s'entraide, met la main à la pâte ; des collectes sont organisées..  Il y a beaucoup de solidarité, les équipes sur place font tout leur possible.

En tout cas, devant de tels drames, l'on n'a plus envie de se plaindre ; il y a tellement plus malheureux que nous...  Et l'on pourrait élargie, quand on voit la souffrance de tant de populations, au Congo, au Soudan, en Ukraine et ailleurs.

Avec cette question qui revient sans cesse :  mais pourquoi toutes ces souffrances, tous ces malheurs ?  Pour reprendre la lecture de la Genèse de ce mercredi, où l'on nous dit que la colombe lâchée par Noé revient avec "un rameau d'olivier tout frais dans son bec", on se demande quand l'arche de Noé que représente notre planète pourra enfin arriver à bon port...

"Le Seigneur se dit en lui-même :"... Jamais plus je ne frapperai tous les vivants comme je l'ai fait... Tant que la terre durera..., jour et nuit jamais ne cesseront." (Genèse 8/21-22)

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2811 : Le merci de l'hôpital des Sables

Avant Noël, j'ai passé quelque temps à l'hôpital des Sables, avant d'être dirigé vers le CHD de la Roche-sur-Yon.  Sur les Sables, j'ai eu évidemment de nombreuses occasions d'échanges avec les soignants. J'ai pu constater combien la tâche était lourde pour eux. Un interne m'a informé qu'il y avait entre 10 et 20 internes en médecine qui mettaient fin à leurs jours annuellement ! On m'a ainsi expliqué que les jeunes médecins en cours de spécialisation ont donc trois fois fois plus de risque de mourir par suicide que le reste de la population du même âge. Un interne se donne la mort tous les 18 jours !  J'en suis resté baba !

Autre point : tandis que je remerciais deux infirmières qui prenaient soin de moi, elles m'ont dit : "Ce n'est pas à nous qu'il faut dire tout ça, mais à notre direction !"  J'ai alors sorti une feuille de papier A 4 de ma sacoche, et je me suis fendu d'un courrier de remerciement, pour les bons soins reçus, que j'ai adressé à la direction. Je n'avais même pas d'enveloppe, et j'ai laissé ce papier en quittant l'hôpital, au service des admissions.

Et voici, à ma grande surprise, le courrier que j'ai reçu en réponse, daté du 28 décembre, à mon adresse à Bourgenay, tout ce qu'il y a de plus officiel.  Je vous le recopie :

 

Centre hospitalier Côte de Lumière

Direction Générale

Objet : Remerciements

Monsieur,

J'accuse réception de votre courrier suite à votre prise en charge dans le Service des Urgences, puis de Cardiologie du Centre Hospitalier "Côte de Lumière".

Je vous remercie très sincèrement de votre témoignage et de votre reconnaissance à l'égard de nos professionnels.  J'ai aussitôt relayé vos remerciements à l'ensemble des personnels concernés.

La qualité de la prise en charge des patients et de leurs proches est à chaque instant au coeur des préoccupations des professionnels médicaux et soignants, aussi, il est important qu'ils puissent en mesurer la portée au travers d'un témoignage tel que le vôtre.

Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'assurance de :mes salutations distinguées.

La Directrice Déléguée d'Etablissement

Caroline Calmel

Chapeau !  J'ai été impressionné !  Pour tout dire, j'ai aussi rédigé un mot de merci au service de cardiologie de la Roche, lors de mon départ. La responsable du service m'a envoyé un mail de remerciement, en me disant qu'elle avait transmis mon petit mot à l'ensemble de son service.

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2810 : Olivier reçoit un diplôme à Nantes !

 Comme promis, voici une info par rapport à ma visite en cardiologie à Nantes.

 

Bonjour à vous,                                                                                

Hier, 1° février, une ambulance m'a emmené à l'hôpital Laennec à Nantes.

J'ai été reçu longuement par le Dr Philippe Lacoste, chirurgien thoracique et cardio-vasculaire, extrêmement sympathique.

En compagnie de ma cousine Florence Leborgne, qui habite tout près de l'hôpital

Il a d'abord semblé surpris de me voir debout et apparemment en forme.

Il avait l'air très au courant de mon cas, savait que j'étais prêtre, etc...

Il m'a dit qu'ils ont discuté de mon cas dans leur staff de cardiologues.

Tous jugent que je suis inopérable, le coeur étant très abîmé, la valve mitrale très calcifiée, etc..

Le Dr Lacoste m'a quasiment décerné un diplôme, en me répétant, à 2 ou 3 reprises, qu'il n'avait jamais vu un coeur aussi abîmé et si calcifié !

Voici ce qu'il a écrit dans son rapport : "calcifications majeures ("historiques") de l'ensemble de l'anneau mitral."

D'où son étonnement de me voir debout.

Il m'a dit qu'une chirurgie pourrait être envisagée, mais seulement  si mon état général était très altéré, les essoufflements trop forts ; mais alors, le risque opératoire serait majeur.

Mais, si mon état général est bon, mieux vaut éviter ce risque, et soigner en priorité le rythme de mon coeur.

Ce qui sera l'objectif du "choc électrique" qui me sera fait le mercredi 1° mars au CHD de la Roche.

Si toutefois, d'ici là, l'on est parvenu à résorber les caillots qui se baladent dans mon coeur.

Appel à soigner ma qualité de vie, à éviter tout effort exagéré, à être prudent dans mes engagements, à savoir me reposer.

Je suis bien d'accord avec lui.

Florence m'a bien accompagné dans cet entretien, et m'a été de bon conseil ; je la remercie !

J'ai la chance également d'être bien suivi, quasi quotidiennement, sur Bourgenay, par le CHD de la Roche, l'équipe des infirmiers-ères et mon médecin traitant.

Un signe positif : j'ai retrouvé la force de recevoir des visites et de répondre au téléphone !

Je garde le moral !

Olivier