Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



jeudi 31 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.463 : Les fantassins de la liturgie

Nous avions hier, en fin d'après-midi, la rencontre trimestrielle des responsables des six équipes liturgiques de la paroisse Saint Hilaire de Fontenay : des personnes éminemment utiles, compétentes et à l'engagement sans faille. Cette rencontre m'a donné l'idée d'une petite parabole, que je vous invite à méditer.

C'est aujourd'hui dimanche. Je compte aller participer à la messe de 10h45 à l'église Saint Luc (C'est fictif ! Mais il n'y a que cela de fictif dans cette parabole !). J'arrive, tout essouflé, à 10h40. Oh ! Il y a, à l'autre porte, une personne qui semble guetter les arrivants... Sans doute cherche-t-elle un lecteur ? Qu'est-ce qu'ils sont casse-pieds ! Ou, pire, quelqu'un pour donner la communion ? J'ai horreur de ça ! Il y en a bien d'autres qui peuvent le faire... Par exemple, tous ces gens qui se mettent toujours en avant... Je fais donc semblant de rien, regarde dans une autre direction et me défile pour aller gagner ma place habituelle, au fond d'un rang un peu protégé.
L'église Saint Luc est éclairée, l'organiste joue un morceau avant l'entrée du prêtre, l'autel est préparé, mais je ne prête aucune attention à tout cela : en effet, qu'y a-t-il là de particulier ? C'est naturel ! Il y a des gens pour ça.... Ah ! Cela semble s'animer devant : mais qu'est-ce qu'ils fichent ? Ils ne peuvent pas rester assis comme moi, tranquillement, en silence ? Ces va-et-vient m'empêchent de me recueillir... Je suis même dérangé dans ma prière par celui-ci qui arrive au micro, et lance un genre de répétition de chants avant la messe : ah ! ils nous cassent les pieds ! Ne peuvent-ils pas prendre des chants qu'on connaît ? Ca change tout le temps !
La première lecture n'est pas très bien lue : mais où ont-ils appris à lire ces gens-là ? Ils devraient prendre des personnes sachant articuler ! Pourtant, j'ai fait réviser mes appareils auditifs, mais ce sont eux qui parlent mal. Pourquoi baissent-ils le ton sur les fins de phrases ? Moi, j'aurais lu mieux que ça ! Il n'y a personne pour s'occuper du micro ? Et je ne vous parle pas des intentions de la prière universelle : il y a eu un tremblement de terre ce matin aux Seychelles, et ils n'en parlent même pas ! Il y avait aussi une intention pour les vocations : ils y croient encore, eux ? On ferait mieux de prier pour que le pape respecte les orientations du Concile !
Et toujours cette saprée quête ! Ces bruits d'argent pendant la messe, ça me dérange ! L'Eglise n'est-elle pas assez riche comme ça ? Et les gens qui font la quête ne s'en rendent même pas compte ! Il n'y aurait pas d'autres façons de procéder ?
C'est comme la communion : il y a un "enfant de choeur" à côté du prêtre ; qu'est-ce qu'il fait là, à nous regarder communier ? Il ne peut pas rester sur son siège ? D'abord, ces "enfants de choeur", c'est un retour avant le Concile ! En a-t-on vraiment besoin ? En plus, le chant de communion ne me plaît pas du tout ! Qui c'est qui choisit ces chants ? Ils ne se sont pas foulés ! Quelle organisation !
Un coup d'oeil sur les annonces inscrites sur la feuille de messe : une rencontre du (MCR) Mouvement Chrétien des Retraités, mardi ; un Café-Théo jeudi ; une prière à Marie samedi... Je ne vais pas avoir le temps ! Tant pis, je n'emporte pas le papier à la maison : je n'aurai sans doute pas le temps d'aller à cela ; d'abord, tout ça, c'est de la réunionite !

La messe se termine ; la parabole aussi ! Mais il n'y aura personne, à la sortie de la messe, pour remercier l'organiste, les sacristes et fleuristes, l'animateur, et encore moins les membres de l'équipe liturgique du jour, qui auront passé beaucoup de temps pourtant, avant la cérémonie, pour la préparer, sans parler de la recherche difficile de personnes acceptant de faire une lecture ou de donner la communion... Que de refus endurés ! Parfois 5 à 10 avant une messe. Surtout que beaucoup de paroissiens arrivent à la dernière minute.
A vous tous, chers fantassins de la liturgie, qui oeuvrez dans l'ombre pour que notre assemblée puisse rencontrer son Sauveur et prier en choeur, de la part de Dieu et de tous, un immense MERCI !

mercredi 30 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.462 : Le prêtre parfait existe-t-il ?

Les familiers de la Bible connaissent bien le passage des Proverbes (31/10) qui pose cette question : "La femme parfaite, qui la trouvera ?" Comme si celle-ci pouvait exister ! Quelle naïveté ! Après le portrait chinois du Saint-Esprit esquissé dans mon billet du jour de la Pentecôte, voici un essai de portrait du prêtre, toujours imparfait à nos yeux, et qui, de notre point de vue, se trompe toujours

S'il est vieux, de la génération de Vatican II, il est temps qu'il dégage
S'il est jeune, et fait certaines propositions nouvelles, il tourne le dos à Vatican II
S'il écoute tout le monde, c'est qu'il ne sait pas ce qu'il veut
S'il prend des décisions et fait des choix, il ne tient pas compte de l'avis de tous
S'il fréquente "un certain milieu", on dit qu'il est mondain
S'il parle des musulmans, il ne tient pas compte des chrétiens persécutés
S'il a un col romain, c'est un conservateur
S'il fait restaurer les églises, il gaspille notre argent
S'il s'intéresse au patrimoine religieux, il ne pense qu'aux bâtiments
S'il soutient le pape, on ne peut avoir confiance en lui
S'il ne s'appuie pas sur les déclarations du pape, on ne peut avoir confiance en lui
S'il fait telle réflexion, c'est qu'il vote à droite
S'il fréquente tel type de personnes, c'est qu'il est pour la gauche
S'il est jeune, il manque d'expérience
S'il est vieux, on ne peut plus rien espérer de lui
S'il est fatigué, c'est qu'il en fait de trop
S'il en fait moins, il laisse tout traîner
S'il parle à telle personne, c'est qu'il pense du mal de moi
S'il fait telle remarque dans son homélie, c'est pour m'envoyer une pique
S'il demande des offrandes, il court après l'argent
S'il achète une chasuble, il fait des dépenses inutiles
S'il nous relance pour la collecte paroissiale, il nous rappelle à un devoir que l'on n'a pas tenu
S'il fait appel à des bénévoles, il n'a qu'à se débrouiller lui-même
S'il recherche des personnes pour accompagner les familles en deuil, et lui, que fait-il ?
S'il n'a pas encore répondu à mon courrier, c'est qu'il ne s'intéresse pas à moi
S'il suit strictement le rituel liturgique, il s'enferme dans les rubriques
S'il change telle ou telle formule liturgique, il n'est pas fidèle au pape
S'il met en place les servants d'autel, c'est qu'il veut faire des cérémonies comme autrefois
S'il ne veut pas trop de latin, c'est qu'il n'a pas le sens du sacré
S'il installe des fauteuils au presbytère, c'est que c'est un bourgeois
S'il n'en installe pas, c'est qu'il ne sait pas vivre
S'il n'est pas là pour ma messe de sépulture, que fait-il de son temps ?
S'il est absent quand je téléphone, mais où est-il encore parti ?
S'il part en congé, pour un prêtre, est-ce que c'est normal ?
Et s'il s'en va ailleurs en mission, ou s'il meurt, qui le remplacera ?

Chers paroissiens, Dieu merci, l'ensemble d'entre vous a bien compris que le prêtre parfait n'existe pas. Et le chrétien parfait non plus d'ailleurs ! Vos prêtres essayent, tout simplement, selon leurs possibilités diverses, mais aussi avec le tempérament qui est le leur, de servir la communauté. Cependant, ils ont besoin d'être soutenus par vous plus que d'être critiqués. Ils ont besoin de la prière, de l'amitié et de la collaboration de tous. Pour tout cela, Loïc, Joseph et moi, nous vous faisons confiance et vous adressons un immense merci !

mardi 29 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.461 : Hymne à la joie

Aussi bien aux sorties des messes de cette grande fête de la Pentecôte, que dans les rues de Fontenay enthousiasmées par la Biennale, face à ce soleil printanier illuminant et réjouissant notre terre, nombre de personnes m'ont fait part de leur joie. La joie, surtout celle qui atteint le fond de l'âme, sans doute l'un des plus beaux fruits de l'Esprit-Saint, et la meilleure façon de faire reculer le malheur, dans le souffle de l'Esprit-Saint !
Pour illustrer ce sentiment, m'est revenu à l'esprit le poème d'Emile Verhaeren, publié en 1906, justement intitulé "La Joie". Vous me pardonnerez de vous partager un souvenir personnel : j'ai eu à commenter ce texte lors de mon bac de philo, en particulier la quatrième strophe, sur le thème du plaisir esthétique. "Oh ces bonds de ferveur..." Laissez-vous, vous aussi, emporter vers le Ciel !

"Oh ces larges beaux jours dont les matins flamboient ! La terre ardente et fière est plus superbe encor ! Et la vie éveillée est d'un parfum si fort, que tout l'être s'en grise et bondit vers la joie.



Soyez remerciés, mes yeux, d'être restés si clairs, sous mon front déjà vieux, pour voir au loin bouger et vibrer la lumière ; et vous, mes mains, de tressaillir dans le soleil ; et vous, mes doigts, de vous dorer aux fruits vermeils, pendus au long du mur, près des roses trémières.




Oh ces matins de fête et de calme beauté ! Roses dont la rosée orne les purs visages, oiseaux venus vers nous, comme de blancs présages, jardins d'ombre massive ou de frêle clarté !




Oh ces bonds de ferveur, profonds, puissants et tendres, comme si quelque aile immense te soulevait, si tu les as sentis vers l'infini te tendre, Homme, ne te plains pas, même en des temps mauvais.




Quel que soit le malheur qui te prenne pour proie, dis-toi, qu'un jour, en un suprême instant, tu as goûté quand même, à coeur battant, la douce et formidable joie,




Et que ton âme, hallucinant tes yeux, jusqu'à mêler ton être aux forces unanimes, pendant ce jour unique et cette heure sublime, t'a fait semblable aux Dieux."





Je connais par coeur, depuis toujours, la quatrième strophe, qui m'a souvent guidé dans ma prière. Puisse-t-il en être ainsi pour vous !

lundi 28 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.460 : Le portrait chinois du Saint-Esprit

Vous connaissez le principe du portrait chinois. Avec des indications commençant par "si j'étais", il faut deviner un personnage. Et si on essayait de se dire ainsi qui est pour nous le Saint-Esprit, et comment nous aimerions le définir ? D'ailleurs, dans l'Evangile, Jésus nous a mis un peu sur la piste, et il a déjà bien commencé le travail !

- si le Saint-Esprit devait être comparé à un être animé, sous forme imagée, il serait une colombe, c'est-à-dire, un symbole de paix, de pureté, de rayonnement, de liberté
- si le Saint-Esprit était une partie du corps, il serait le doigt de Dieu qui indique la route
- si le Saint-Esprit intervenait dans un sauvetage, il serait le souffle de Dieu qui réanime
- si le Saint-Esprit était une force naturelle, il serait le vent qui pénètre partout et qui reste insaisissable
- si le Saint-Esprit était une source d'énergie, il serait l'eau vive d'un torrent
- si le Saint-Esprit pouvait se résumer en trois lettres, il serait le feu : le feu qui réchauffe, qui éclaire, qui unit et qui soude
- si le Saint-Esprit était une trace, il serait l'ombre ! Il nous suit partout. Nous l'oublions, mais il ne nous oublie jamais
- si l'Esprit-Saint était une profession, il serait avocat : c'est notre défenseur

Les définitions proposées ci-dessus procèdent de symboles extraits de la Bible ; mais d'autres pourraient être proposées... Et je vous invite à continuer ce petit jeu personnellement :
- si l'Esprit-Saint était une couleur ?
- si l'Esprit-Saint était une saison ?
- si l'Esprit-Saint était une fleur ?
- si l'Esprit-Saint était un parfum ?
- si l'Esprit-Saint était une étoile ?
- si l'Esprit-Saint était un fruit ?
- si l'Esprit-Saint était une chanson ?
- si l'Esprit-Saint était une envie ?
- si l'Esprit-Saint était un objet ?
- si l'Esprit-Saint était une oeuvre d'art ?
- si l'Esprit-Saint avait un visage ?

Je vous laisse poursuivre la recherche ! Puissiez-vous ainsi rencontrer un peu plus intimement encore cette personne extraordinaire qu'est l'Esprit-Saint, que nous avons tous pleinement reçu au plus profond de nous-même.
Et cela, comme le disait si bien la 1ère lecture de ce dimanche de la Pentecôte, tirée du livre des Actes des Apôtres (2/1-11), que nous soyons de l'Egypte ou de la Libye, Romains, Juifs ou Arabes... Eh oui, même les Arabes ont reçu l'Esprit-Saint, et pas seulement les Vendéens ou les Européens, ou, mieux encore, pas seulement les catholiques non plus puisque, comme le disait clairement Saint Jérôme : "Tout homme naît avec l'Esprit-Saint" !
La bonté, l'ouverture d'Esprit de Dieu va jusque là !

dimanche 27 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.459 : Un corbeau noir ou une colombe ?

Avez-vous remarqué que, quand l'on discute avec des gens, comme ça, dans la rue, ou au marché, et cela, même entre chrétiens, assez vite, l'on arrive à dire que les choses, partout, vont de plus en plus mal, et que l'on ne sait plus où l'on va ; chacun en rajoutant une large couche quant à la description des malheurs du monde. En fait, ce qui se dégage de ces échanges, c'est un grand sentiment de peur, ainsi que l'ont révélé les récentes élections : peur de manquer d'argent, peur des incivilités, peur de la maladie, peur de voir mourir l'Eglise, peur des musulmans, peur de la droite, peur de la gauche, que sais-je encore ?
Cela me fait penser à ce fait que j'ai vécu tandis que j'étais missionnaire en Afrique. Je me trouvais dans un petit avion d'Air-Ivoire, sur la ligne Abidjan-Bamako. Un seul pilote était aux commandes. Lorsque l'avion eut atteint sa vitesse de croisière, le pilote enclencha le pilotage automatique et vint dans la carlingue saluer les passagers. Mais il avait oublié de bloquer ouverte la porte séparant la carlingue du poste de pilotage. Tout à coup, lors d'un passage dans un petit trou d'air, la porte en question claqua en se refermant, empêchant le pilote de retourner à son poste de pilotage, cette porte ne pouvant s'ouvrir que de l'intérieur. Cela déclencha des hurlements de peur parmi les passagers, ceux-ci découvrant avec horreur qu'il n'y avait plus de pilote dans l'avion, du moins aux commandes. Le pilote dut casser une vitre de sécurité protégeant une petite hache de secours, avec laquelle il défonça la porte pour pouvoir reprendre les commandes.
De la même façon, aujourd'hui, pour beaucoup de nos contemporains, y compris des chrétiens, qui vivent dans la peur, le monde ressemble à un avion sans pilote. Ils oublient que Jésus n'a pourtant pas laissé notre humanité sans pilote, puisqu'il a placé parmi nous son Esprit. En d'autres termes, si nous doutons de l'avenir, si nous craignons nos frères, qui ne seraient pas du même bord que nous, de la même religion que nous, du même milieu que nous, n'est-ce pas le signe que nous doutons de Dieu, de sa présence, de son action, de son soutien, de son salut ? Nous ressemblons alors à l'écrivain tchèque Kafka, l'auteur célèbre du "Procès", confiant qu'il avait l'impression désagréable qu'il y avait toujours un corbeau noir volant autour de sa tête.
Quant à nous, si nous sommes réellement croyants, si vraiment nous faisons confiance à cet appel de Jésus, si fortement repris par le pape Jean-Paul II, injonction qui revient d'ailleurs 365 fois dans la Bible : "N'ayez pas peur", c'est, plutôt que le corbeau noir de la peur, la colombe blanche de l'Esprit-Saint qui vole auprès de nous.
Non pas le corbeau de la peur que nous envoie le diable, mais la colombe de la paix du Seigneur.
Belle fête de Pentecôte, dans l'espérance !

samedi 26 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.458 : Tous les vendredis avec Mamie

C'est avec un grand sentiment de bonheur que je vous partage ce matin une de ces bonnes nouvelles dont je sais que vous, l'immense majorité des centaines de lecteurs de ce blog, vous êtes friands. En visite hier dans une famille dont l'une des mamies est très gravement touchée par la maladie, quelle joie d'avoir vécu en direct le fait suivant. Tandis que nous échangions, le téléphone sonne : " Allo, bonjour, c'est moi, Marie (prénom d'emprunt). Est-ce que je peux parler à Mamie ?" Le papy de répondre : "Bonjour, mon coeur, comment vas-tu ? Oui, ta mamie est là, je te la passe." "Bonjour Mamie !" "Bonjour Marie ! Alors, comment vas-tu ?" "J'arrive de l'école, je viens de rentrer." "Comment tu dis ? Tu es dans le pré ?" Entre temps, le papy de me prévenir : "Mamie entend de moins en moins, c'est dur pour elle !" Je suis tout près du téléphone ; on me fait signe de rester... J'entends la petite fille répondre doucement, en essayant de très bien articuler : "Non Mamie, je disais que je viens de rentrer. Je suis trop loin du téléphone ? Je vais essayer de mieux parler." "Je t'aime beaucoup, ma petite fille", lui répond la mamie, avant de repasser, épuisée, le téléphone à son époux.
Celui-ci de m'expliquer alors que leur petite fille, qui habite dans la région parisienne, âgée de dix ans, très proche de sa mamie, très touchée de la voir malade et peut-être en fin de vie, a demandé ceci à sa maman : "Dis, maman, est-ce que tu crois que je pourrais téléphoner à mamie tous les vendredis ?" Cela fait donc plusieurs semaines que, en rentrant de l'école, tous les vendredis, Marie appelle sa mamie bien-aimée, fidèlement.
A seulement dix ans donc, déjà, Marie a tout compris : que la famille, c'est sacré ; qu'elle aussi, malgré la distance, magré son jeune âge, doit se tenir aux côtés de celle qui souffre ; que la maladie ne doit pas empêcher l'expression joyeuse de l'amour filial ; qu'il faut savoir se donner un programme de fraternité et s'y tenir ; qu'il n'y a pas de valeur plus haute que la compassion...
Heureux témoin de cette scène, j'y ai lu un immense espoir pour l'humanité. A la veille de la grande fête de la Pentecôte, j'y ai découvert un signe magnifique de la présence, au coeur de notre terre, de l'Esprit-Saint à l'oeuvre, et de façon visible et efficace. Et je repensais également à ce passage de l'Evangile dans lequel Jésus dit : "Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le poids du fardeau, et moi, je vous donnerai le repos." (Matthieu 11/28)
Il fallait voir en effet la joie de cette mamie en attrapant le téléphone pour entendre sa petite fille, du moins, avec les oreilles de son coeur ; sans parler du bonheur du papy ! Que nous voici loin de toutes les mauvaises passions du monde ! Quelle superbe illustration de ce texte de Saint Paul aux Galates (5/22) que nous lirons ce dimanche, à l'occasion de la fête de la Pentecôte, en deuxième lecture : "Voici ce que produit l'Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi. Puisque l'Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l'Esprit."
A toutes et tous, bel accueil de l'Esprit-Saint et de ses dons !

vendredi 25 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.457 : La machine à perdre

Pour le titre de ce billet, je me suis inspiré du dessin du caricaturiste Chaunu dans le "Ouest-France" de ce jour. Il y montre deux responsables en train de se disputer devant une machine extraordinaire qui pétarade dans tous les sens en ne produisant que du bruit et de la fumée, ce qui empeste tout le monde.
Depuis quelque temps, et je m'excuse d'aborder un tel sujet vis-à-vis des nombreux lecteurs de ce blog qui ne vivent pas en Vendée, ou qui ont bien d'autres soucis que ce dont je vais parler, il se développe un climat difficile au sein de l'Eglise catholique en Vendée. Un lecteur, Bernard, ami de longue date, dans un commentaire récent publié suite au billet n° 1.453, me demande ce que je pense de la situation. Je le remercie, même si j'ai tardé à donner suite à son appel ; non par mauvaise grâce, mais tout simplement parce que j'ai eu depuis bien d'autres préoccupations qui ont occupé mon esprit dont, entre autres, la préparation de la sépulture d'une cousine très chère, cérémonie que je préside cet après-midi à Velluire.
Tout d'abord, je prends en compte la grande souffrance de toutes ces personnes qui, d'un côté comme de l'autre, portent le souci de l'avenir de l'Eglise, même si c'est différemment et de façon parfois carrément opposée. Pour éviter de tomber dans l'amertume et l'invective, personnellement, en ce moment, je consacre l'essentiel de ma prière, en cette semaine de préparation à la Pentecôte, à demander à l'Esprit-Saint d'éclairer le coeur et l'esprit de chacun : "Viens en nous, Esprit Créateur, visite les âmes des tiens ; emplis de la grâce d'en-haut les coeurs qui sont tes créatures."
En même temps, je n'ai pas envie de faire pétarader encore un peu plus la machine à perdre, qui s'est déjà tant qu'assez emballée, surtout sur l'immense océan du Net, que je considère plutôt comme un lieu d'évangélisation. Internet, c'est pour moi un moyen de communication merveilleux, sinon, je ne l'utiliserais pas quotidiennement ; mais je ne suis pas sûr que ce soit le lieu idéal pour étaler nos douleurs et nos divisions, aux yeux et peut-être, malheureusement, à la portée et à la risée de tous : "Voyez comme ils s'aiment !"
Et je me demande - c'est un exemple entre autres - ce qu'en penseraient les amis Egyptiens lecteurs de ce blog qui m'ont envoyé un mail pour me fait part de leurs soucis en Egypte, la semaine passée.
Attention ! Je ne refuse pas le débat ! Je crois seulement qu'il faut le mener sur un autre terrain, dans des lieux d'Eglise plutôt que sur la Toile ; de façon vraie, mais douce et fraternelle. Je ne crois pas rendre service à qui que ce soit en provoquant un buzz sur le Net et en y étalant mes humeurs ! Par contre, hier, par exemple, j'ai passé beaucoup de temps à échanger sur ce sujet, que ce soit en équipe pastorale sur la paroisse Notre-Dame des Sources ou en équipe ACI.
Enfin, je dois faire part de mon immense étonnement devant l'énergie énorme dépensée par les catholiques en querelles internes quand, aux portes de nos églises et de nos conflits, l'humanité crie au secours et semble bien loin de créer le buzz entre cathos à propos de ses douleurs. Serions-nous mal informés ? Je reprends le "Ouest-France" de ce vendredi et j'y lis, en page 2 : "En Afrique, 800 lacs, autrefois lieux de prospérité, sont totalement asséchés. Les populations de la Corne de l'Afrique sont prêtes à affronter tous les risques pour échapper à la famine (...)" Je passe à la page 7 pour apprendre que "13% de la population en France vit au-dessous du seuil de pauvreté ; cela représente plus de 450.000 personnes pauvres dans les Pays de Loire." A quand un grand débat au sein de nos Eglises chrétiennes sur ces vraies questions.
C'est seulement en se tournant avec vigueur vers ces problèmes essentiels concernant le bonheur et l'avenir de nos frères, que l'on fera réellement honneur à l'Evangile, que l'on sera enfin fidèles au Concile Vatican II et que, dès lors, l'on pourra arrêter la machine à perdre dans l'Eglise de Vendée !
Merci à B. Chenu et à tous de votre compréhension !

jeudi 24 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.456 : "Pas une caisse à donner"

Une des choses qui m'impressionne le plus, aussi bien sur Fontenay-le-Comte ou à Fontaines que dans les autres paroisses où j'ai eu le bonheur de servir auparavant, c'est la générosité des gens. Générosité bien sûr dans l'engagement au sein de l'Eglise, mais aussi au service des autres dans notre société ; cependant, je voudrais parler plus spécifiquement aujourd'hui de l'engagement financier des uns et des autres permettant à nos paroisses d'assurer les services pastoraux : catéchèse des enfants, formation des laïcs, entretien des bâtiments paroissiaux où se vivent les activités, possibilité de subvenir à la vie des prêtres, etc...
De tout cela, régulièrement, et pas seulement sur ce blog, je renouvelle ma reconnaissance à tous ces donateurs, souvent humbles et anonymes, qui peuvent aller jusqu'à donner de leur nécessaire pour que vive leur Eglise. Oh, je crois, ils savent bien que notre Eglise n'est pas sans défaut ! Mais ils sont assez généreux et ouverts pour ne pas attendre que la paroisse soit parfaite pour la soutenir.
Chaque année, plusieurs milliers d'enveloppes de la collecte paroissiale sont envoyées largement, proposant à tous, pratiquants ou non, de verser leur obole pour la vie de la paroisse. Un certain nombre de familles répondent positivement, chacune en fonction de ses moyens. Je trouve cela assez extraordinaire ! Je m'applique donc à répondre à chaque lettre personnellement ; et, tout en rédigeant ma réponse à la main, je confie cette famille au Seigneur et lui demande de la récompenser au centuple ; ce que le Seigneur fait, assurément : j'en suis absolument certain !
A leur tour alors, des paroissiens me répondent ! Ainsi cette mère de famille, la semaine dernière (car la collecte paroissiale 2012 est toujours en cours !) : "Je vous remercie beaucoup de ce que vous m'avez écrit ; j'ai compris que je n'étais pas considérée comme un "tiroir-caisse" !" Cela correspond exactement en effet à ce que je souhaite : permettre aux donateurs qui, assez souvent, ne sont pas pratiquants, et parfois même, non croyants, de comprendre que leur geste de soutien est important, qu'il est reconnu, pris en compte, apprécié et valorisé. C'est sans doute pour cela d'ailleurs que, comme je l'écrivais dans un billet récent, chez nous, le résultat de la collecte paroissiale augmente d'année en année.
Je sais qu'un certain nombre de donateurs se sont fait la réflexion suivante : je suis bien content qu'il y ait une vie ecclésiale sur le Pays de Fontenay-le-Comte et je voudrais que celle-ci perdure, pour toute sorte de raisons ; je suis bien capable de m'acheter une bonne bouteille de temps en temps, ou de me démettre un peu vite d'un vêtement encore pas trop usagé ; pourquoi ne pas penser aussi à l'avenir de l'Evangile dans le Sud-Vendée ?
Chers amis, pratiquants ou non, vous n'êtes pas, quand on vous fait appel, de simples "caisses à donner" ! Vous êtes des personnes responsables, et votre sens fraternel est grand ! Soyez remerciés et soyez bénis : vous entrez déjà ainsi, par votre générosité, dans la joie infinie de Dieu !

mercredi 23 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.455 : Communes vivantes en Sud-Vendée

Je pense que, peu à peu, les gens qui réfléchissent se rendent compte que le Sud-Vendée est plus vivant et plus riche humainement qu'à une certaine période, on aurait voulu le faire croire. Nous en avons eu la preuve encore hier soir à Saint Martin de Fraigneau. Dans le cadre du projet pastoral de la paroisse Notre-Dame des Sources, l'équipe pastorale s'est rendue dans cette commune pour y rencontrer les responsables d'un certain nombre d'associations. Invités par des paroissiens pour cette soirée d'échanges, ceux-ci ont répondu à l'appel. Nous les avons alors longuement écoutés, et ils se sont aussi écoutés et découverts entre eux. Occasion assez extraordinaire de découvrir ce qui fait le coeur, la vie, l'espoir d'une commune et de ses habitants.
Parmi les exemples apportés, les deux fêtes des voisins, dans deux quartiers, qui rassemblent l'une quarante, l'autre cent personnes : "ensuite, quand on se rencontre, le reste de l'année, c'est beaucoup plus sympathique." Autre exemple : l'ADMR répond à des besoins réels de la population, pour aider les familles, les mamans, avec de multiples services ; les bénévoles assurent un travail formidable. Il y a aussi tout ce qui tourne autour du sport en général, du foot ; également, l'accompagnement des enfants, à travers l'aide aux devoirs, les camps d'été, la garderie des enfants, le caté, l'équipe ACE, mais aussi les journées de sortie organisées en lien avec les jeunes. Rôle important du théâtre, avec une très bonne équipe et des séances qui font le plein, depuis 20 ans : 30 adhérents, 10 acteurs, des bénévoles pour l'intendance, le résultat financier de chaque première représentation étant offert à une association (lutte contre le cancer ou autre) ; avec le souci de faire jouer aussi des enfants. Et je ne parle pas du club des anciens ni du MCR, ni de l'effort pour créer un lieu de service de proximité, en même temps qu'un lieu de rencontre, à travers le projet soutenu par la municipalité d'implanter une nouvelle boulangerie-pâtisserie.
Grâce à la présence de plusieurs conseillers municipaux et d'un ancien maire, nous avons parlé longuement aussi du rôle du conseil municipal, qui accompagne et soutient ces quinze à vingt associations locales, tout en prenant de nombreuses initiatives aussi dans le sens du vivre-ensemble. Telle était bien notre souci hier soir, de mesurer comment, dans une commune comme toutes les autres, des associations, des personnes, des quartiers oeuvrent pour que le tissu social se maintienne et pour que se vivent de belles initiatives de rencontres et de fraternité.
"Pourquoi faites-vous cela ?" nous a-t-on demandé en fin de rencontre ? Parce que, trop souvent, nous ne voyons de notre vie sociale que ce qui ne fonctionne pas, et qu'il nous faut apprendre à regarder autrement la vie sur nos territoires, essayer de prendre l'habitude d'y repérer les actions, les gestes de fraternité, avec un regard d'ensemble.
Entre chrétiens, trop fréquemment, nous ne parlons de telle commune que pour faire des remarques de ce genre : "Oh, là-bas, il n'y a que quinze pratiquants." Mais il nous faut avoir une autre approche des choses : non par le nombre de pratiquants ou d'enfants catéchisés, mais à partir de ce qui bouge, naît, grandit, même si c'est en-dehors de nous. A nous de savoir nous y intéresser, nous en réjouir, y prendre notre place bien sûr, et en rendre grâce au Seigneur.

mardi 22 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.454 : Chaque paroisse essaye de communiquer

En Vendée comme ailleurs, chaque paroisse, mouvement, groupe ou instance a le souci de faire passer le message de l'Evangile et tous s'y emploient, chacun à leur façon : la JOC organise enquêtes ou rallyes, les groupes de prière se retrouvent chaque lundi de Pentecôte autour d'une grande fête annuelle, l'ACE met en place chaque année la fête du Jeu tandis que les fêtes de paroisse sont l'occasion de donner une visibilité à ce qui se vit au jour le jour dans chaque communauté paroissiale, et c'est tant mieux.
Si je reviens sur ce sujet de la communication, en lien avec la 46° Journée mondiale des communications sociales ce 20 mai dernier, c'est pour souligner combien se donner les moyens de rayonner l'Evangile, ce ne doit pas être pour nous un souci mineur. Sur la paroisse Saint Hilaire de Fontenay, nous ne sommes pas plus malins que les autres ; mais je voudrais valoriser les efforts d'un grand nombre de paroissiens pour rejoindre leurs proches, et cela, en s'appuyant sur les moyens que la technique met à notre disposition.
Je prends l'exemple des grands écrans installés dans deux de nos églises les plus importantes, Notre-Dame et Saint Jean. Sans en abuser, cela donne à nos célébrations une profondeur accrue, lorsque les images sont belles et évocatrices du Salut.
Régulièrement, la presse locale fait écho à nos diverses activités, et la semaine passée encore, nous avons eu droit à un large article valorisant le rôle de l'abbé Loïc, jeune prêtre sur notre paroisse.
De par l'ensemble de ses activités et services divers, la paroisse, en ce qu'elle met en place, par le fait même, communique ! Par exemple, à travers l'action exemplaire de l'Association des amis du patrimoine religieux, extrêmement active et inventive : ceci est connu et apprécié de tous , croyants ou en recherche.
Les Cafés-Théo sont aussi un aspect visible et populaire de cet effort paroissial pour aller rejoindre les gens là où ils sont, hors de nos salles paroissiales, afin de partager avec eux soucis et espérances, tout en donnant la parole à tous.
Le blog du curé également procède de ce souhait de placer la question de Dieu au coeur de notre société, et d'accompagner les uns et les les autres dans leur recherche d'absolu, bien au-delà des murs de nos églises.
Je vous invite aussi à aller visiter le site de notre paroisse, qui est un peu, sur le Net, la vitrine de notre projet pastoral et de la diversité de nos propositions.
Il faudrait parler aussi du blog tenu par notre websister, ainsi que de sa présence appréciée sur Facebook.
Autre moyen, notre mensuel local "Vivre Ensemble", le Journal du doyenné, tiré à 3.000 exemplaires, qui se fait l'écho de la vie de nos paroisses.
Une autre façon de communiquer, c'est l'envoi de l'enveloppe en vue de la collecte paroissiale annuelle, dans 8.000 boîtes à lettres. On y donne les comptes de la paroisse, qui n'ont ainsi rien de caché. Communication fort utile, et appréciée sans doute puisque, en 5 ans, nous avons triplé les résultats, passant d'un peu plus de 20.000 euros en 1997 à 60.000 aujourd'hui ; merci à tous !
En organisant, depuis deux ans, les voeux de la paroisse dans une salle municipale, en plein centre-ville, et en y invitant, en lien avec la communauté protestante locale, les maires et les présidents d'associations, c'est aussi une communication grand public que nous avons élaborée ainsi.
Nous avons aussi le bonheur d'avoir, sur la paroisse, une équipe de communication qui suit et accompagne notre façon de communiquer, sa dernière initiative étant l'organisation d'une table-ronde sur la presse, dont j'ai rendu compte dans mon billet n° 1.444, daté du 12 mai.
Bien sûr, il est toujours possible de faire des remarques sur ceci, de regretter qu'il n'y ait pas eu cela... J'ai bien dit au départ que nous étions loin d'être parfaits. Mais je crois que, à la mesure de nos moyens, sur la paroisse, nous avons fait de notre mieux pour vivre côte à côte avec nos concitoyens, et témoigner ainsi de la permanence de l'Evangile, chez nous, encore aujourd'hui.
En repensant à tout cela, je n'aurai jamais assez de mots pour remercier l'ensemble des paroissiens-acteurs de Saint Hilaire de Fontenay, pour leur bel engagement.
D'ailleurs, le meilleur média de Dieu, c'est le baptisé !

lundi 21 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.453 : La leçon de Socrate et... d'Yves Coppens

Un jour, quelqu'un vint voir Socrate et lui dit :
- "Ecoute, Socrate, il faut que je te raconte comment ton ami s'est conduit."
- "Arrête !" interrompit l'homme sage. "As-tu passé ce que tu as à me dire à travers trois tamis ?"
- "Trois tamis ?" questionna l'autre, rempli d'étonnement...
- "Oui, mon bon ami, trois tamis. Examinons si ce que tu as dit peut passer par trois tamis. Le premier est celui de la vérité. As-tu contrôlé si tout ce que tu veux me raconter est vrai ? Et est-ce que cela recouvre l'ensemble de la vérité ?"
- "Non ! Je l'ai entendu dire et..."
- "Bien, bien, mais, assurément, tu l'as fait passer à travers le deuxième tamis : c'est celui de la bonté. Est-ce que, ce que tu veux me raconter, si ce n'est pas tout à fait conforme à tout ce qui s'est passé , est-ce au moins quelque chose de bon ?"
Hésitant, l'autre répondit : "Ce n'est pas quelque chose de bon ! Au contraire..."
- "Hum !" fit le sage, "essayons de nous servir du troisième tamis, et voyons s'il est utile de me raconter ce que tu as envie de me dire...
- "Utile ? Pas précisément..."
- "Eh bien", dit Socrate, en souriant, "si ce que tu as à me dire n'est ni vrai, ni bon, ni utile, je préfère ne pas le savoir et, quant à toi, je te conseille de l'oublier !"

J'entendais récemment Yves Coppens, le célèbre paléontologiste, expliquer ceci, à propos de ce qui se passe à l'intérieur de notre corps : savez-vous qu'au moins quatre cents espèces de bactéries vivent dans notre corps ? Croyez-vous qu'elles vivent en bonne intelligence, pour le bien le meilleur de notre développement interne ? Malheureusement non, et c'est bien cela qui est désolant ! Au contraire, elles s'attaquent les unes aux autres, elles veulent toutes dominer celles qu'elles côtoyent ! Pire encore, elles se bouffent entre elles...
Résultat : cela entraîne en nous manques, fatigues, allergies et maladies en tout sens.
Quand un corps est divisé contre lui-même...
A chacun d'en tirer les leçons !

P-S : les webmasters de ce blog me signalent qu'un anonyme envoie des commentaires et se plaint de ne pas être publié. L'explication est simple :
- d'après ce que vous savez tous, seuls sont publiés les commentaires non masqués.
- d'autre part, les commentaires anonymes ne sont même pas lus, ni par les webmasters, qui cliquent pour les éliminer, sans même prendre la peine de les lire, dès qu'ils voient que c'est anonyme.
- enfin, je ne peux pas en dire plus, car je ne les lis donc pas non plus...
Dommage pour cet anonyme, qui n'a pas lu Socrate, et qui gaspille de l'énergie en pure perte !
Frère anonyme, que Dieu te fasse entrer dans sa Paix, lui qui n'est qu'Amour !

dimanche 20 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.452 : Dieu fait de la com !

C'est aujourd'hui la 46° Journée mondiale des communications sociales, instituée par l'Eglise il y a déjà bien longtemps. Mais je suppose que cela ne vous a pas empêchés de dormir ! Et pourtant, "la com", pour parler de façon un peu populaire, c'est sans doute le projet principal de Dieu. Cela s'enracine dans le fait que notre Dieu n'est pas un Dieu solitaire, replié sur lui-même au sein de la Trinité bienheureuse. Prenant au sérieux la création de l'homme en effet, Dieu a fait le choix de faire connaître à l'humanité, de façon visible, simple et fraternelle, son projet d'amour et de salut universel, en envoyant parmi nous celui que nous connaissons comme le Fils, Jésus. Saint Jean nous explique cela de façon magistrale, dès le prologue de son Evangile : "Le Verbe était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme (...) Il est venu chez lui, mais les siens ne l'ont pas accueilli. Cependant, à ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu." (Jean 1/9-12)
Tout est dit : à la fois le projet de Dieu, les difficultés rencontrées, mais aussi, la promesse du salut final. Quant à nous aujourd'hui, nous poursuivons cette grande mission initiée par le Christ, qui consiste à essayer de communiquer à tous cette bonne nouvelle selon laquelle nous sommes aimés infiniment, et notre destinée est infinie.
On pourrait faire le nez fin en se disant que, depuis la venue de Jésus, la com de Dieu, ou, à tout le moins, celle de l'Eglise, n'a pas été une réussite éclatante. Est-ce bien si sûr ? Un chercheur français, non-croyant, ce qui donne d'autant plus de poids à son analyse, mais dont je n'arrive malheureusement pas à retrouver les références, vient de publier une étude selon laquelle l'Eglise catholique représente une institution absolument extraordinaire. En effet, malgré ses failles multiples, elle a réussi à transmettre le message exceptionnel de l'Evangile sur l'ensemble de la planète. Et cela, sans parler de ses organismes caritatifs performants, de la qualité de la plupart de ses responsables, de l'engagement total de millions de baptisés, de son universalité, du fait qu'on lui doit l'invention des hôpitaux, des orphelinats, des maisons pour les personnes âgées, des écoles pour les milieux populaires également, etc... Et on ne parlera ni des arts, ni des cathédrales...
Elle est aussi la seule institution capable de rassembler des millions de jeunes sur les cinq continents, tandis que l'Académie pontificale des sciences, au Vatican, est peuplée de Prix Nobel, croyants et incroyants d'ailleurs. Pour demeurer sur le plan politique, de grandes figures, aujourd'hui comme toujours, se réclament de l'Evangile, et sur tous les continents : Mario Monti, Nelson Mendela, Barack Obama, le ministre chrétien des minorités qui vient d'être assassiné au Pakistan pour sa foi...
Et, dans notre tout petit monde franco-français, sur cette terre si individualiste et si blasée (apparemment seulement sans doute) qui est la nôtre, ce qui est étonnant, ce n'est pas qu'il y ait moins de pratiquants, mais qu'il y en ait encore autant, et qu'ils soient si présents et si actifs, dans tant de lieux, parfois difficiles, au sein de notre société : auprès des migrants, parmi les jeunes, aux côtés des personnes handicapées, dans le monde de la culture, en lien avec les autres religions, dans les associations caritatives et humanitaires, etc...
Pour reprendre la réflexion d'un journaliste (honneur à eux, en cette Journée de la com), à qui quelqu'un faisait remarquer qu'avec moins de prêtres, l'Eglise n'avait plus d'avenir, celui-ci, inspiré certainement par l'Esprit-Saint, lui répondit : "Non Monsieur ! Ce qui fonde l'Eglise, ce ne sont pas les prêtres, c'est la charité ; car le message de l'Evangile, c'est : "Dieu est Amour" !
C'est justement ce qui nous est affirmé fortement et souligné dans la 2° lecture de ce dimanche, tirée de 1 Jean 4/11-16, à relire et à communiquer..., sans modération !

samedi 19 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.451 : La "carte de communion" de mon père

Nous traversons en ce moment la période enthousiasmante des premières communions : bonheur des enfants, églises pleines, familles en fête, joies toutes simples, dans la rencontre avec le Dieu vivant. Deux faits à ce propos. Le premier, pour consoler les Cassandre se lamentant sur la perte de la foi chez les jeunes. Mardi dernier, quel ne fut pas mon étonnement en découvrant qu'un jeune possédait l'image de première communion de son père. Il l'a sortie de sa poche, un peu froissée et écornée, en expliquant, plein de fierté : "Ca, c'est la "carte de communion" de mon père ; je la porte toujours sur moi." Et ce jeune, très croyant, d'expliquer, sans le moindre respect humain, combien cette "carte" était pour lui une vraie aide, et comme un repère pour continuer à marcher sur les pas de Jésus, à l'exemple de son papa. Tout autour de lui, les autres jeunes, qui se sont passés cette "carte" de main en main, loin de faire de grosses et lourdes réflexions ironiques, étaient plutôt impressionnés, admiratifs, un peu envieux même. L'air de dire : "Tu en as de la chance, toi ; ton père, il y croit !"
Deuxième fait : ce mail, reçu hier soir, de la part d'une fidèle lectrice de ce blog. J'espère qu'elle me pardonnera de citer son exemple ! "Ah ! Ce matin, j'ai assisté à la messe et au moment des intentions, la Soeur a prié pour les enfants qui font leur 1° communion et leur profession de foi. Alors, j'ai pensé qu'il y avait cinquante ans cette année, à la Pentecôte, que j'ai moi-même fait ma profession de foi, et à l'époque, on avait aussi fêté ceux qui l'avaient faite 25 ans ou 50 ans plus tôt. Je ne tiens pas du tout à être fêtée, mais j'ai pensé que, dans la discrétion, on pourrait solliciter d'autres personnes qui ont fait leur profession de foi en 1962 (et en 1987), et organiser une petite prière pour remercier le Seigneur de nous avoir permis de rester à peu près fidèles à nos promesses pendant tout ce temps et demander pardon pour toutes les fois où on s'est égaré...Une idée comme une autre..."
Une belle idée en effet, que je vais proposer de reprendre sur la paroisse le 10 juin, jour de la profession de foi ! Cela me donne autre idée : je ne fais pas souvent appel à des commentaires sur ce blog, qui est plutôt perçu par vous comme un lieu de méditation ; cependant, si certains voulaient partager des choses en ce sens : souvenirs, émotions, découverte du Christ, action de grâce, pourquoi pas ?
"Je suis le pain de vie. Celui qui mange de ce pain vivra pour toujours." (Jean 6/51)

P-S : Il y en a au moins un qui a lu mon blog d'hier (!), c'est Laurent Wauquiez, l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et maire du Puy-en-Velay, d'ailleurs pratiquant régulier et qui ne fait pas mystère de son appartenance à l'Eglise catholique ; il vient de déclarer qu'il renonçait aux six mois de salaire réservés aux ex-ministres à compter de la fin de leur fonction, sauf s'ils retrouvent une activité rémunérée. "Dans cette période où l'on demande des efforts, a-t-il déclaré, c'est important qu'on puisse montrer l'exemple."
Ca avance, ça avance ! Encore un petit effort, des deux côtés... Merci !

vendredi 18 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.450 : Chers ministres, encore un petit effort !

Ce billet fait suite à celui où je rappelais, il y a quelques semaines, que le président du Conseil en Italie, Mario Monti, a décliné tout traitement ; et j'évoquais aussi son style de vie, anti bling-bling et ascétique. Quel exemple extraordinaire pour nos dirigeants français, passés et présents. L'on pourrait parler aussi de notre soeur et mère la Grèce, ce pays que parfois nous jugeons avec dédain, mais dont le président de la République, Carolos Papoulias, a fait le choix lui aussi de ne percevoir aucune rémunération. Et je ne parle pas du traitement du chef du gouvernement espagnol : 6.600 euros par mois, contre 14.910 pour François Hollande ; tandis que le train de vie des ministères en France, malgré une légère baisse, va demeurer largement supérieur à celui de bien des pays de l'Europe du Nord, pourtant en meilleure situation financière que nous.
J'ai entendu dire que l'on voulait, je cite, "remettre la France dans le peloton de tête de l'exemplarité en Europe". Formidable ! Mais, même si on se met un peu en route, on n'en est pas là... Alors, pourquoi pas 50% de baisse sur les traitements de nos gouvernants, ou plus encore ? J'ai toujours entendu dire, comme l'avait écrit Saint Thomas d'Aquin, que "la politique est la forme la plus haute de la charité". Pie XI, Paul VI l'ont répété. Tandis que Benoît XVI écrivait également, dans son encyclique "Dieu est Amour", que "la politique est une forme éminente de charité." Et si le don total faisait partie de la hauteur de l'engagement de l'homme ou de la femme politique ? Nous avons tous le souvenir du président de Gaulle remboursant consciencieusement l'Etat lors de ses moindres dépenses faites à titre personnel. Peut-être alors le smicard, le demandeur d'emploi ou le malade incapable de se payer le dentiste retrouveraient-ils foi en la politique, comme étant vraiment le souci du Bien Commun.
Mario Monti, très croyant et profondément imprégné de l'esprit de l'Evangile, a certainement médité ce passage de cette autre encyclique de Benoît XVI, "L'Amour dans la Vérité" (n° 36) : "Le grand défi qui se présente à nous (...) est celui de montrer, au niveau de la pensée comme des comportements, que non seulement les principes traditionnels de l'éthique sociale, tels que la transparence, l'honnêteté et la responsabilité ne peuvent être négligés ou sous-évalués, mais aussi que, dans les relations marchandes, le principe de gratuité et la logique du don, comme expression de la fraternité, peuvent et doivent trouver leur place à l'intérieur de l'activité économique normale. C'est une exigence de l'homme de ce temps, mais aussi une exigence de la raison économique elle-même. C'est une exigence conjointe de la vérité et de la charité."
Et comme il est bien connu que ceux qui critiquent le plus le manque de générosité des autres sont ceux-là même qui ne sont pas engagés au plan politique, et qui ne versent rien aux organisations caritatives ou à la collecte paroissiale, voici, en conclusion, une réflexion percutante de l'humoriste Pierre Dac : "Donner avec ostentation, ce n'est pas très joli ; mais ne rien donner avec discrétion, ça ne vaut guère mieux !"
Bon partage fraternel à tous et à toutes, et merci, chers amis ministres, d'avoir le courage d'aller bien plus loin encore, jusqu'au bout de vos belles convictions !

jeudi 17 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.449 : Gagarine volait trop bas !

En cette fête de l'Ascension, je ne résiste pas au plaisir de vous livrer l'histoire suivante : le premier astronaute, le russe Youri Gagarine, avait ironisé à son retour sur la terre en disant que, dans l'espace, il n'avait pas vu Dieu. On raconte qu'une institutrice, qui voulait démontrer que Dieu n'existe pas, s'était empressée de rapporter ce propos aux enfants de sa classe. L'un des élèves lui répliqua : "C'est parce qu'il volait trop bas !" Cet enfant avait raison : Dieu est d'abord au-delà de tout ! Il n'a rien à voir avec un père noël barbu et solitaire, planqué "là-haut", dans la stratosphère, engoncé dans un trône à la Bokassa, à l'abri d'un gros cumulus.
D'abord, Dieu, il n'est pas "là-haut" ! Ceci, c'est une expression symbolique pour dire qu'il n'est pas dans les bassesses ni dans les indignités. De même, lorsque l'on dit que Jésus est "remonté" vers le Père, cela ne signifie pas quelque chose de spatial, une sorte de déplacement en fusée vers les étoiles, au firmament du ciel ; "là-haut", cela veut dire "dans l'intimité du Père", c'est-à-dire, vers ce qui est en hauteur spirituellement. Voilà pourquoi, pour nous qui n'avons guère d'autres possibilités pour exprimer ce "mystère", la "hauteur" est synonyme de Dieu : "Gloire à Dieu, au plus haut des cieux", cela signifie, autrement dit, gloire à Dieu dont la bonté, la présence, l'amour, la miséricorde, sont d'une dimension infinie.
Finalement, Gagarine n'avait pas eu tort de chercher Dieu dans les hauteurs ; mais il n'avait pas compris que Dieu se trouve d'abord dans des hauteurs symboliques, spirituelles, fraternelles et intérieures. Et quand on dit de Jésus qu'il est "remonté vers le Père", cela veut dire qu'il quitte visiblement notre univers matériel et terrestre pour, d'une façon que nous ne pouvons encore imaginer, rejoindre le coeur même de Dieu, et pouvoir demeurer aussi au plus profond, au plus haut de chacun de nos coeurs.
Avez-vous jeté un coup d'oeil sur la page de Fontenay-le-Comte dans le "Ouest-France" de ce jeudi de l'Ascension ? La journaliste, Sophie Capelle, a eu la superbe idée d'y faire paraître sa très belle interview de l'autre prêtre de notre paroisse, l'abbé Loïc Bellais. C'est excellent ! Et l'on y voit bien comment ce jeune prêtre a pour but de permettre aux enfants et aux jeunes qu'il accompagne de "monter" vers Dieu et vers les autres ; c'est-à-dire, de tourner leur coeur, leur volonté, leur esprit, leur action, leur avenir, vers le haut, dans la direction de Dieu.
Vous avez remarqué que, dans un certain nombre de mots français, on retrouve l'élément "anthropo" ; par exemple, le "philanthrope", c'est celui qui aime les humains, tandis que le "misanthrope", c'est celui qui fuit les humains. Eh bien, savez-vous que cette racine, "anthropo", c'est-à-dire, "humain" signifie : "celui qui regarde vers le haut". N'y a-t-il pas là tout une programme ? Je devrais dire, toute une vocation, inscrite dans la nature même, dans l'être même de l'homme.
Je repensais à tout cela à l'instant, en découvrant que parmi les nouveaux ministres, dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, l'un d'eux, Arnaud Montebourg, est chargé du "redressement productif". Peuchère ! Pourvu qu'il ne vole pas trop bas ! En tout cas, à chaque chrétien de redresser la tête en ce jour de l'Ascension, afin de mieux fixer l'infini de Dieu, au plus profond de son coeur comme au plus haut du coeur de chacun de ses frères !

mercredi 16 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.448 : Vivre avec des "Musulmans" ?

Pour la 17° édition hier soir des Cafés-Théo sur Fontenay-le-Comte, au café "L'Entracte", où nous avons été magnifiquement reçus, ce n'était pas un sujet facile qui avait été retenu, à savoir : "Les événements de Toulouse et Montauban". Nous connaissons les polémiques que ces faits tragiques ont entraînées ! Hier donc, cela a été l'occasion de permettre à chacun d'exprimer à la fois ses craintes, ses questions et ses espoirs.
Parmi les craintes, celle d'une impossibilité de vivre avec des personnes d'origine, de culture ou de religion musulmane ; il était bon que cela soit dit : c'est en effet le ressenti de beaucoup, et cela doit être pris en compte, tout ce qui touche à l'islam représentant en France un point très sensible. En même temps, une fois que l'on a exprimé nos peurs et nos questions, comment avancer ? Au cours de l'échange, les interventions des uns et des autres ont permis de resituer les choses, de voir comment l'on peut éviter de stigmatiser un peu vite tous les musulmans.
D'abord, comment se fait-il que quand quelqu'un, d'origine maghrébine par exemple, commet un acte répréhensible, l'on déclare de suite : "un musulman a commis un méfait" ? Or, lorsqu'une personne de vieille origine vendéenne commet un viol en effet, on ne dit pas : "le violeur est un chrétien"... Pourquoi cette différence de traitement ? Le premier effort à faire serait donc d'arrêter de définir quelqu'un, en l'occurrence, les personnes d'origine musulmane, de par leur religion. En effet, l'on fait trop souvent des amalgames et des raccourcis insensés, en mélangeant alors, allègrement et sans discernement, le culturel, le sociologique, le politique et le religieux.
Quelques jeunes, originaires d'Afrique du Nord, se trouvaient justement dans le café en même temps que nous. Durant le Café-Théo, ils ont dit combien ils souffraient de cet ostracisme. Deux d'entre eux, originaires de l'île de Djerba, en Tunisie, m'ont dit qu'ils avaient toujours vécu en bonne intelligence avec la communauté juive importante qui existe sur l'île depuis plus de 2.000 ans.
Notre espérance, donc : que les uns et les autres puissent se donner la peine de se rencontrer, apprendre à se connaître, éviter les jugements globaux et hâtifs et se donner la main pour construire ensemble un monde où il fasse enfin bon vivre ensemble. L'avenir de l'humanité nous le demande, mais aussi, notre foi au Dieu unique, dont nous sommes tous, également, les enfants.

mardi 15 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.447 : Elle m'a dit : "Je reviendrai"

Cette mamie n'était pas une habituée de la messe du dimanche ; elle n'y venait que très rarement. Dimanche il y a huit jours, son petit-fils, qui devait avoir un rôle actif lors de la messe mensuelle des familles, lui a demandé si elle viendrait. Celle-ci a accepté et le miracle s'est produit : à la fin de la messe, la mamie, toute heureuse, a déclaré à son petit-fils : "C'était très bien ! Je reviendrai !"
J'ai trouvé cela très beau : l'évangélisation à l'envers, si je puis m'exprimer ainsi ; la transmission du bas vers le haut, pour prendre une expression spatiale un peu maladroite, mais qui fait référence à un texte bien connu de Khalil Gibran : "Vous êtes les enfants de vos enfants."  D'ailleurs, j'ai déjà cité à plusieurs reprises, dans ce blog, des exemples d'enfants qui tirent vers Dieu leurs parents par la main.
Mais en l'occurrrence, je voulais aussi mettre l'accent sur cette attitude qui fait que, lorsque l'on est profondément satisfait de quelque chose ou de quelqu'un, "l'on y revient", comme on dit ! Lorsqu'un plat s'avère succulent, l'on en regoûte volontiers. Quand le contact avec une personne vous fait du bien, vous avez envie de la revoir. Si un film vous a marqué, vous le revisionnez avec plaisir. Un petit coin de France vous a donné du bonheur, vous avez hâte d'y retourner. Ce professeur qui vous a tant appris, vous le retrouvez avec plaisir. Ce morceau de musique qui vous a fait planer, vous souhaitez le réentendre, sans jamais vous en lasser...
Un paroissien me disait la semaine dernière : "Depuis que j'ai commencé à prendre un petit moment, tôt chaque matin, pour lire tranquillement la Parole de Dieu du jour et la méditer brièvement, je ne peux plus m'en passer, tant cela me fait du bien ! Chaque jour, j'y trouve ce que j'attends, et chaque fois, j'ai l'impression que cette parole a été écrite spécialement pour moi ! Cela m'émerveille vraiment !" Tout est dit ! Et l'on a envie d'y revenir. En effet, lorsque l'on fait l'expérience intime de la rencontre avec le Seigneur, que ce soit seul ou en proximité avec d'autres, comme cette mamie prise par la belle atmosphère de prière lors de la récente messe des familles, il se passe au fond de nous-même quelque chose de profond. C'est comme un déclic. Une porte qui s'ouvre, et par laquelle, enfin, Dieu peut entrer pleinement.
Quand alors on a eu la joie de le rencontrer, on a envie d'y revenir. "J'y reviendrai", se dit-on alors. Non ! Vous y êtes déjà, vous y êtes toujours. Ainsi que Jésus nous le redit sans cesse en effet, dans les textes de Saint Jean que nous lisons et relisons durant ce temps pascal : "Demeurez dans mon amour." (Jean 15/9)
Pas besoin alors d'y revenir : on y est déjà !  On y demeure toujours !

lundi 14 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.446 : Dieu est-il catholique ?

Je m'imagine parfois l'impossible scène : à la porte du paradis, Saint Pierre demandant à l'arrivant : "Et toi, étais-tu catholique ?  Ah ! Tu étais protestant ? Oh la la !...  Bon ! Tu peux peut-être entrer, mais quand même, pendant que tu étais sur terre, tu aurais pu essayer d'évoluer, et de retourner vers le catholicisme, suivre le pape, vénérer un peu plus la Vierge Marie..."
Arrive alors le Dalaï-Lama, qui ne partage en rien la foi catholique en un Dieu-Trinité, comme il le dit lui-même : "D'accord, lui dit Saint Pierre, tu as fait de belles choses sur la terre ! Mais tu n'as pas été baptisé. Ce n'est pas de ta faute, je veux bien ! Mais la règle, c'est cela : pour entrer au paradis, pour être sauvé, il faut avoir été baptisé ! Je regrette, mais on va te mettre là-bas, un peu à part..."
"Tu es musulman ?  Quelle horreur ! Pardon, quelle erreur ! Tu fais partie de ces musulmans qui, tous et partout, persécutent les chrétiens, qui ne croient pas en la Trinité, qui sèment le désordre et font peur aux bons chrétiens en France ! Tu comprends bien que tu ne peux trouver ta place avec les catholiques au ciel..."
Ouh la la ! Je me réveille... Quel mauvais rêve ! Je reprends alors ma Bible, et je soupire d'apaisement en relisant, quasiment à toutes les lignes, que tous les hommes et les femmes de cette terre sont enfants de Dieu.
Je repense à cette phrase fondamentale de Jean-Paul II dans son encyclique sur "La Mission du Christ Rédempteur" (n° 10) : "Puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l'homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l'Esprit-Saint offre à tous, d'une façon que Dieu connait, la possibilité d'être associés au Mystère pascal."  Vatican II avait dit cela également.
Tiens, je tombe aussi sur ce que déclarait Benoît XVI aux JMJ de Cologne : "Devant Dieu, tous les hommes ont la même valeur et la même dignité, quels que soient le peuple, la culture ou la religion auxquels ils appartiennent."
Donc, si je comprends bien, ce n'est pas nous, ni le pape, ni la curie romaine, ni les lois ecclésiastiques qui peuvent dire qui sera sauvé ou non. Cela appartient au secret de Dieu. Or, je le rappellais dans ce blog pas plus tard que mercredi dernier : "Dieu veut que tous les hommes soient sauvés." (1 Timothée 2/4)
Donc, si la possibilité est offerte, à tous les humains qui auront essayé d'aimer leurs frères, d'accéder au salut final, cela veut dire qu'auprès de Dieu alors, nous serons côte à côte avec des non croyants, des hindouistes, des musulmans et autres...
Et certainement qu'au ciel, il n'y aura pas un plus bel endroit réservé aux catholiques, et des enclos particuliers un peu plus loin pour les protestants, plus loin encore pour les musulmans. Relisons l'Apocalypse (7/9) : "Je vis une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, de toutes nations, tribus, peuples et langues..."
S'il n'y a pas d'apartheid au paradis, pourquoi ne pas commencer à nous côtoyer ici-bas, à faire tomber les murs dès à présent ? Sur la paroisse Saint Hilaire de Fontenay, rien que ces huit derniers jours, c'est ce que nous avons essayé de faire à diverses reprises :
-  le samedi 5 mai, nous avons été très fraternellement reçus, une quinzaine de Fontenaisiens, à la mosquée de La Roche-sur-Yon, et traités en frères.
-  le lendemain, nous avons accueilli des musulmans dans l'église Saint Jean et leur avons donné la parole, de la même façon qu'ils nous avaient donné la parole la veille dans leur mosquée.
-  hier, ce sont les protestants qui m'ont invité au Temple, et m'ont demandé d'assurer la prédication, ainsi que de les bénir, à la fin de l'office.
Car Dieu n'et pas catholique seulement, évidemment ! Et si nous devons passer l'éternité côte à côte, pourquoi ne pas commencer dès à présent ?  Surtout que l'éternité, c'est maintenant !
En conclusion, une réflexion truculente de Soeur Emmanuelle, qui était religieuse au Caire et nous a quittés il y a quelques années : "Celui qui reste cloué sur sa religion et sa culture est un imbécile !"

dimanche 13 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.445 : 95 ans de bonté !

D'habitude, le samedi, c'est le jour des mariages et, en tant que prêtres, nous en accompagnons paisiblement un certain nombre en cette période printanière ! Mais hier, par contre, ce sont deux sépultures qu'il m'a été donné de vivre, toutes les deux dans un climat de foi profonde au Christ vivant. Elles étaient très différentes, et il me faudrait deux billets, si je devais rendre compte de chacune d'entre elles ! J'ai fait le choix de donner la priorité à une femme, à l'aînée de ces deux personnes, Christiane, partie rejoindre le Seigneur face à face à l'âge de 95 ans.
Eglise comble à Saint Michel le Cloucq, comme dans toutes ces communes rurales où il est habituel de porter les soucis les uns des autres et dans lesquelles la solidarité n'est pas un vain mot. Mais il y avait là aussi un bel hommage à une femme de qualité, d'un courage immense et d'une gentillesse inouïe ; superbe illustration de l'évangile de ce dimanche (Jean 15/9-17), de la 2° lecture de ce jour également (1 Jean 4/7-10) : deux textes qu'il faudrait citer en entier et que je vous invite à méditer.
"Demeurez dans mon amour. (...) Mon commandement, le voici : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. (...) Je vous ai choisis pour que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure." Autant de paroles qui ont constitué la base même de la vie et de l'action de cette femme, faisant d'elle un véritable témoin, humblement mais en vérité, de l'amour du Christ au milieu de tous.
Un ou deux faits seulement, très révélateurs : Christiane, malgré son âge, avait gardé une mémoire extraordinaire ; elle se souvenait des dates d'anniversaire de tous ses enfants et petits-enfants. Impressionnant aussi de voir ses six enfants l'entourant hier, eux qui se sont relayés sans relâche en permanence auprès d'elle tous ces derniers temps alors que, très fatiguée, elle souffrait énormément.
Mais, au-delà de cette souffrance finale, tous garderont le souvenir d'une maman exemplaire, qui avait toujours le sourire, et qui était d'un courage et d'une gentillesse sans fin. Or, dans une famille, le rôle d'une maman n'est-il pas immense ? Incommensurable même ?  Durant l'homélie, je me suis permis de dire ceci : "rappelez-vous, les enfants, tout ce que votre maman a été pour vous, tout ce qu'elle a fait pour vous, durant tant d'années et de tant de façons ! Comment elle vous a servis et comment elle vous a écoutés ; comment elle vous a accompagnés et comment elle vous a permis de grandir et de prendre vos responsabilités ; comment elle a su être sans cesse à vos côtés et comment elle a essayé d'ouvrir vos coeurs à l'amour de Dieu ! Que nous soyons croyants ou non, votre maman nous laisse ce message magnifique, à savoir que c'est la force de l'amour qui, seule, peut donner à notre existence sa dimension profonde et sa crédibilité.
Puisse ce bel exemple nourrir notre propre façon de nous comporter !  Quelle est la place de l'amour des autres dans nos propres vies en effet ? Vous voulez savoir si votre vie a été bonne, si elle a été réussie, si elle a servi à quelque chose ? Demandez-vous si tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, tout ce que vous écrivez, tout ce que vous pensez, est animé par le désir de donner du bonheur à vos frères, comme Jésus nous y a invités...
Vous connaissez ce vers de Baudelaire : "Sans cesse à mes côtés s'agite le démon." Surtout, ne vous laissez pas impressionner par celui qui, dans l'ombre, sous les fagots, voudrait vous faire peur. Face à l'immense amour de Dieu, le diviseur obscur ne sera jamais qu'un pauvre impuissant !
Une réflexion de Saint Augustin pour éclairer votre route et vous montrer au besoin le chemin : "Suppose que Dieu veuille te remplir de miel. Si tu es plein de vinaigre, où mettras-tu le miel ?"
Belle journée dominicale à toutes et tous, dans l'amour de notre prochain !

samedi 12 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.444 : Les journalistes nous apprennent à penser

Hier soir, passionnante table-ronde sur le rôle des journalistes au sein de notre société. Les cinq pros dont je vous avais donné les noms dans le billet d'avant-hier sur ce blog nous ont permis de vivre un échange de grande qualité ; ce qui nous a entraînés bien loin de l'image négative que l'on peut avoir des journalistes en général, injustement, trop souvent. Pour comprendre cela, nous avons pris le temps de les entendre et de les questionner, au-delà de nos idées toutes faites. En tant qu'animateur, je n'ai malheureusement pas pu prendre de notes, mais voici cependant quelques échos de ce riche échange.
Une chose qui nous a frappés, c'est l'intelligence et la modestie de leurs propos. Intelligence, car l'on sentait des personnes habitées par leur rôle, habituées à regarder, déceler, analyser, expliquer chaque nouvelle ou événement avec beaucoup de précision, de justesse et de concision. Pas de longs discours abstraits, mais seulement des faits, avec le souci de valoriser les personnes, de fonder la relation faite sur une info solide, de donner tous les éléments. Le lecteur est alors à même de poursuivre sa propre réflexion.
Beaucoup de modestie aussi ! Ce qui a marqué les participants, c'est la façon dont, tous les cinq, ils se sont bien respectés, accueillant positivement que chacun d'eux pouvait exprimer, toujours à la recherche de la justesse et de la vérité ; et cela, dans le respect de chacun.
Quelques réflexions glanées au vol ; je ne les mets pas entre guillemets, car je ne suis pas sûr des mots employés, mais j'espère cependant être fidèle, même de loin, aux idées exprimées !
-  Gilles Bély : nous sommes des témoins, nous nous situons dans l'immédiat ; nous rapportons ce que nous voyons, mais en essayant de donner des clefs pour permettre aux lecteurs de saisir ce qui se passe et ce qui est en jeu.
-  Sophie : nous essayons d'être très proches de la vie locale, de donner la parole aux gens, de tous milieux, de toutes sensibilités, avec un grand souci de proximité.
-  Nicolas : Internet aussi est un espace d'information ; on est loin du journalisme de Tintin, qui bougeait beaucoup. C'est sur Internet à présent que les jeunes se tournent pour s'informer. Il faut accompagner cela !
-  Marie : par respect pour les lecteurs, il faut bien étudier les sujets abordés, afin de les présenter de façon juste, indépendante, avec rigueur, sans tomber dans la facilité ; permettre aux gens d'avoir un oeil critique et éclairé.
-  Etienne : il est important de rendre compte de façon précise et consistante de certains événements plus marquants, de rapporter les faits, non selon notre analyse à nous, mais tels qu'ils se sont déroulés.
Vous allez me dire : "mais cela, c'est le journalisme idéal ! Ce n'est pas celui auquel nous avons à faire tous les jours..." Détrompez-vous ! C'est sans doute une erreur que d'avoir un tel regard négatif. On a tort d'aspirer à un journalisme parfait, comme à une sorte de "trésor perdu" ! Le travail d'un journaliste en effet, toujours difficile et imprévisible, requiert des qualités humaines particulières. Le journaliste, c'est celui dont l'oeil avisé prend soin des affaires humaines et qui, en nous livrant son article, nous invite alors à aller plus loin, à compléter notre information autrement au besoin, à repérer telle action, tel fait, telle initiative et à gérer alors cette information en citoyen adulte et responsable.
En tout cas, un très grand merci aux membres de l'équipe-communication de la paroisse, Soeur Emmanuelle, Françoise, Marie-Claire, Marie-France et Robert-Jacques, de nous avoir offert une soirée d'une telle qualité, qui a fait le bonheur des participants.
L'on entend souvent les gens dire : "les médias sont fautifs..." Mais qui sont les fautifs ?  N'est-ce pas nous, qui ne savons pas nous informer de façon équilibrée et approfondie, et qui sommes alors capables d'avaler n'importe quoi ?
Et si s'arrêter pour prendre le temps de lire un journal, c'était comme une entrée dans une oasis, l'un de ces endroits merveilleux dans lesquels l'on se refait la pensée, l'on découvre la vie de nos frères, l'on peut puiser l'intelligence nécessaire pour comprendre la complexité du monde, tout en se donnant les moyens de nourrir notre esprit, d'apprendre à voir, à penser et à aimer ?
Chers amis journalistes, principalement de la presse écrite en l'occurrence, merci  et bon travail !

vendredi 11 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.443 : "Maison de prière pour tous les peuples" (la leçon du Rabbin)

Dimanche dernier, à l'occasion de la messe mensuelle des familles, la communauté paroissiale a accueilli un certain nombre de musulmans à l'église Saint Jean. Ce jour-là, la messe avait été prise en charge par des membres du groupe fontenaisien d'amitié entre chrétiens et musulmans. Comme c'était le mois de mai, le mois de Marie, une fois la messe terminée, nous avons demandé aux musulmans de nous dire qui était Marie pour eux. L'un d'entre eux nous a donc lu plusieurs sourates du Coran à la gloire de la Vierge Marie. Il est bon de savoir, d'ailleurs, que Marie est citée plus souvent dans le Coran que dans les Evangiles. Ces sourates nous ont été lues en français, pour que nous puissions comprendre ; mais également en arabe, puisque telle est la langue sacrée des musulmans, de même que le latin l'a été pour nous pendant tant de siècles, même si ce fut sous un statut moins exclusif.
A la fin de cette intervention, très délicate et respectueuse, spontanément, l'ensemble de l'assistance a applaudi l'ami musulman qui nous avait fait ainsi partager son respect profond et celui des musulmans pour la mère de Jésus. Quelques personnes, par contre, ont ressenti une certaine gêne en entendant de l'arabe dans une église. Cela peut se comprendre, dans un contexte où, par peur, l'on confond souvent tout ce qui est "arabe"ou "musulman" avec du terrorisme. "Fallait-il permettre ce type d'intervention dans une église ?"  "Les musulmans, eux, permettraient-ils à des chrétiens de prendre ainsi la parole dans une mosquée ?" Telles sont les questions que quelques personnes nous ont posées, et il faut les entendre !
En ce qui concerne la 2° question, j'y ai déjà répondu dans mon billet de dimanche dernier, et de deux façons. D'une part, en rappelant que Benoît XVI nous a ouvert le chemin en prenant lui-même la parole, à la demande de responsables musulmans, dans la mosquée Al-Hussein Bin-Talal, en 2009, à Amman, en Jordanie. Et d'autre part, en expliquant que, pas plus tard que la veille, samedi dernier, nous étions une quinzaine de Fontenaisiens accueillis à la mosquée de La Roche-sur-Yon, et nous avons pu y exprimer largement et librement notre foi.
Quant à la 1° question, je voudrais vous citer le fait suivant : il y a quelques années, j'étais invité, aux Sables d'Olonne, par les responsables de la communauté juive locale, à prendre la parole dans leur synagogue. Et alors que j'hésitais, un peu interloqué par cette demande, le rabbin, Haïm Korsia, qui depuis est devenu plus qu'un ami, m'a fait la réponse suivante : "Mais, si nous sommes croyants, en tant que fils d'Abraham, nous sommes partout chez nous, chez les uns et les autres. D'ailleurs, a-t-il ajouté, il suffit le relire le prophète Isaïe, qui fait dire au Tout-Puissant, au chapitre 56/7 : "Ma maison sera appelée Maison-de-Prière pour tous les peuples."
Eh bien, c'est justement ce qui s'est passé à Fontenay-le-Comte, dimanche dernier. Nous avons commencé à apprendre à reconnaître l'autre, même s'exprimant en arabe, comme un frère. Sans chercher à le convertir, mais en nous unissant comme de véritables frères, tous réunis dans le sein d'Abraham, au-delà de nos divergences qui demeurent.
O toi, le Dieu d'Abraham, notre Père commun, fais que tes enfants apprennent ainsi à se connaître, à s'apprivoiser peu à peu, et à se comporter en frères, ainsi que tu l'attends de nous !  Et cela, sans exiger forcément la réciprocité !

jeudi 10 mai 2012

Le Blog du curé de Fontenay-le-Comte n° 1.442 : Les médias..., info ou intox ?

Ces derniers temps, l'on a accusé, une fois encore, les médias de tous les maux : ce seraient eux les coupables de l'éviction de notre ancien président. Ce serait de leur faute si la campagne présidentielle ne serait pas allée au fond des choses. Les médias nous auraient caché sciemment tel ou tel aspect qui aurait pu changer le cours des choses... N'en jetez plus, la cour est pleine. Et c'est la condamnation assurée.
Mais les choses sont-elles aussi simples ? Le mieux serait encore de se donner les moyens d'approfondir cette question ! Voilà pourquoi la commission "communication" de la paroisse Saint Hilaire de Fontenay a décidé, à l'occasion de la prochaine Journée Mondiale des Communications Sociales, organisée par l'Eglise catholique et qui est fixée au 20 mai, de proposer une Table-ronde, ouverte à tous, sur ce sujet.  Celle-ci aura lieu demain soir vendredi 11 mai, à 20h30, salle Jean-Jaurès, 32 rue du Gaingalet, à Fontenay-le-Comte.
Dans le même style que la Table-ronde qui avait eu lieu en octobre dernier à l'Isamba sur la fraternité, celle-ci rassemblera des journalistes d'horizons divers et forts différents, avec lesquels nous essayerons de relire comment l'on peut aussi donner du sens à l'actualité, à travers les médias, en essayant de les dédiaboliser, tout en regardant en face les risques de ce métier.
Avec Gilles Bély, qui a eu de grosses responsabilités à "Ouest-France", nous verrons quelle est la mission fondamentale du journaliste et le rôle de celui-ci par rapport à la conscience des lecteurs.
Etienne Sengegera, en charge de l'hebdomadaire interdiocésain "L'Echo de l'Ouest", nous aidera à faire le point par rapport au lien entre le journalisme, l'Evangile et l'Eglise.
Sophie Capelle, qui tient la rédaction locale de "Ouest-France" pour le pays de Fontenay-le-Comte, nous dira quelle est sa démarche par rapport à la façon de couvrir la vie locale au service d'une population.
Marie Coq, nièce du célèbre philosophe Guy Coq, "cheftaine" du mensuel satirique vendéen "Le Sans-Culotte 85", nous aidera à réfléchir autour de l'importance de garder un esprit critique et clairvoyant par rapport à l'actualité.
Nicolas Chaffron, pigiste, nous parlera du lien entre la presse et les jeunes.
Tout cela sera entremêlé et suivi de temps d'échange et de débat. Autrement dit, une soirée à ne pas manquer ! Ce n'est pas souvent en effet qu'un tel type de réflexion est proposé au grand public. ! Il nous a semblé que c'était du rôle de l'Eglise, dans sa mission d'éveil des consciences, que d'offrir ce type de réflexion de fond à nos concitoyens.
En tant que baptisés, d'ailleurs, il est de notre responsabilité essentielle que de travailler à faire que chacun puisse avoir sans cesse, pour éclairer son chemin, "la Bible dans une main et le journal dans l'autre", pour reprendre l'expression célèbre du thélogien suisse Karl Barth.
Le philosope Hegel disait, quant à lui que "le journal, c'est la prière du matin de l'homme moderne." Hegel voulait sans doute dire que la lecture du journal est à l'espace public moderne ce que la prière était au monde culturel organisé essentiellement par la religion. A nous donc de faire en sorte que les deux soient mieux reliés, à travers ce que nous vivons, selon le souhait de Karl Barth.
A chacun de nous de regarder et de lire les médias d'un oeil plus avisé, pour y repérer aussi, au-delà des manques, les signes de prometteuses avancées !

mercredi 9 mai 2012

Le Blog du curé de Fontenay-le-Comte n° 1.441 : Les non-baptisés iront-ils au ciel ?

Gros débat hier soir entre des personnes s'inquiétant du sort des non-baptisés au-delà de la mort : "étant donné qu'ils n'ont pas reçu le sacrement du baptême, sont-ils sûrs d'être sauvés ?" C'est une question qui traîne dans l'Eglise catholique depuis des siècles. Et pourtant, la réponse paraît simple : si Dieu est le Père de tous les humains, et un Père dont l'amour est infini, comment serait-il possible qu'il aime certains de ses enfants plus que d'autres ?  Qu'il sauve les uns et laisse de côté les autres éternellement ? Son amour, alors, n'aurait plus rien d'infini ! Et quelle injustice par rapport à ceux de ses enfants qui n'auront jamais la possibilité d'entendre le message de l'Evangile, ceux-là étant alors exclus d'office, sans discussion, du salut final...
Si l'on se pose ce type de questions, ou si l'on éprouve de telles craintes, c'est peut-être aussi parce que l'on n'a pas assez lu ni médité la Parole de Dieu ! Par exemple, la scène du Bon Larron, auquel Jésus promet le paradis sur le champ en fonction de sa foi ; ou ce passage de la lettre de St Paul dans laquelle il dit que "Dieu veut que tous les hommes soient sauvés" (1 Timothée 2/4), sans parler de bien d'autres passages ou scènes de la Bible qui vont dans le même sens !  Et tous ceux et celles qui ont vécu, depuis les premiers humains, avant l'arrivée visible de Jésus sur cette terre, et qui n'ont donc pas été baptisés, où seraient-ils alors ? L'on sent bien que cela ne tient pas.
Bien entendu, il ne s'agit pas, à l'inverse, de dire que le baptême est inutile ; mais il ne faut pas en faire la condition essentielle pour faire partie des enfants de Dieu. Tout enfant, dès sa naissance, est enfant de Dieu. Par le baptême, par contre, il entre officiellement dans l'Eglise, et reçoit la mission de témoigner de l'Evangile à travers sa vie.  C'est cela que nous essayons d'expliquer aux jeunes couples qui font confiance à l'Eglise, quand ils demandent à faire baptiser leurs enfants.
En résumé, les baptisés ne seront pas mieux sauvés que les autres, mais, en tant que baptisés, ils se doivent de participer activement à  la mission qu'ils ont reçue alors, de témoigner de l'Evangile auprès de tous !

mardi 8 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.440 : La petite musique de l'espoir

En ce 67° anniversaire du 8 mai 1945, deux images me reviennent en mémoire. La première est tirée du film "Cendres et diamants", du cinéaste polonais Wajda, l'auteur aussi du film "Katyn" sur le massacre de 22.000 Polonais en avril 1940. La caméra de l'auteur s'y attarde sur un Christ, tombé de sa croix, cassé en plusieurs morceaux, gisant à terre, comme oublié, au milieu d'un tas de cadavres de victimes de la guerre. Symbole d'une réalité tragique et sans issue, au coeur du continent européen. Mais il y a également cette histoire  qui nous est racontée à la fin du fameux film "Le Pianiste", de Roman Polanski, repassé récemment à la télévision. Au terme d'une odyssée kafkaïenne, un jeune Juif, Szpilman, enfant du ghetto de Cracovie, a pu, comme par miracle, échapper à la mort promise. S'étant réfugié dans une maison abandonnée, il y est surpris par un officier allemand qui lui demande qui il est, ce qu'il fait là, quelle est sa profession ; "pianiste", répond-il. Il y a un piano justement dans cette maison à l'abandon. Sous les yeux de l'Allemand, il s'assied au piano, hésite longuement, puis, se lance, pour exécuter un magnifique morceau. Spectacle étonnant que ce pauvre hère, dépenaillé, barbu, amaigri, hirsute, face au fringant officier allemand mélomane, représentant un pouvoir honni. Peu de dialogue alors, mais, pourtant, à l'évidence, un sentiment de compréhension et de communion. Cette scène m'est apparue, en fait, comme disant le triomphe de la culture sur la barbarie, faisant ainsi entendre, au milieu des ruines, la petite musique de l'espoir !
En ce 8 mai 2012, quelle leçon tirer de cela ? Peut-être que, malgré les divisions, les faux-pas et les ruines, l'humanisme a encore un avenir, en ce début du XXI° siècle, et que la fraternité universelle n'est pas qu'un rêve ou une illusion ! Ainsi que le disait Paul Claudel en effet, "le pire n'est pas toujours sûr !"
Il me semble, en tout cas, que nous aurions tort de douter de l'homme et de sa capacité à bâtir un monde de paix. Ce serait alors plier le genou devant le mal et considérer celui-ci comme un absolu et le seul horizon de l'humanité !
En ce 8 mai, alors que nous nous trouvons à la croisée des chemins, et pas seulement en France, mais aussi sur le continent européen et au-delà, relisons Paul Eluard, qui appelait de tous ses voeux "la foule immense où tout homme est un ami" ; Paul Eluard qui croyait à la bonne justice des humains car "des baisers, ils font des hommes" ; et, poursuit-il, "c'est la douce loi des hommes de changer l'eau en lumière, le rêve en réalité et les ennemis en frères."

lundi 7 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.439 : La prière de Ramsès II

Vous connaissez sans doute cette magnifique prière prononcée par Ramsès II lors de son discours d'investiture en tant que pharaon d'Egypte, 13 siècles avant Jésus-Christ.  Je me suis dit que l'occasion était peut-être bonne de vous la partager ; un tel texte, étonnamment moderne et aux accents monothéistes, n'est pas banal en effet !

A l'heure de l'appel...

"Seigneur, à l'aube de notre vie, à l'heure de l'appel,
nous pensions que nous pouvions être à toi de manière authentique,
nous n'avions qu'à marcher droit.

Nous pensions que nous pouvions marcher droit.
Mais nous avions tort.
Nous ignorions les chemins sinueux
et contournant les impasses de la vie,
les lacets qui se perdent dans les ronces,
les pistes impraticables...

Nous ignorions que telle est notre condition d'hommes itinérants et voyageurs,
d'hommes faits à la fois pour l'itinéraire, l'errance et l'erreur.

Seigneur, donne-nous de savoir partir,
de découvrir des sources pour étancher notre soif,
... Donne-nous de savoir prendre à nouveau le risque de nous égarer.

Fais-nous comprendre à la fois
que la tentation des prudents est de devenir des peureux
qui enfouissent leurs talents dans la terre,
et que la tentation des courageux est de devenir des téméraires,
qui se perdent sur des chemins qui ne mènent nulle part...

Seigneur, reste toujours auprès de nous,
au long des courses aventureuses,
reste toujours auprès de nous
lorsque nous marchons près des abîmes bordés de mousse trompeuse...
Seigneur, nous te bénissons, nous te rendons grâce pour ta présence."

A l'heure où, en Europe et ailleurs, nos démocraties se heurtent à leurs insuffisances face à d'énormes défis, il est permis de nous interroger sur cet exemple de sagesse qui nous vient du fond des âges et de nous en inspirer !

dimanche 6 mai 2012

Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.438 : "Cette splendide mosquée..." (Benoît XVI)

Depuis le lancement il y a plus de trois ans, en janvier 2009, du groupe fontenaisien d'amitié entre chrétiens (catholiques et protestants) et musulmans, ce sont de multiples rencontres déjà qui ont eu lieu. A diverses reprises, des personnes du groupe interreligieux de La Roche-sur-Yon nous ont honorés de leur présence. En retour, ils nous ont invités à venir les rejoindre, et c'est ainsi qu'hier, une quinzaine de membres du groupe de Fontenay se sont retrouvés à la mosquée de La Roche-sur-Yon. Etaient présents également des membres des groupes interreligieux des Herbiers et du pays des Olonnes.
Pourquoi les chrétiens que nous sommes sont-ils allés dans cette mosquée ? N'y a-t-il pas là une question pour notre foi ? En fait, nous avons simplement marché, à la suite du Christ, sur les pas de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Nous avons tous le souvenir du passage mémorable de Jean-Paul II dans la mosquée des Omeyyades, lors d'une visite en Syrie en 2001. Nous n'avons pas oublié non plus le temps de prière de Benoît XVI dans la mosquée bleue, à Istanbul, en 2006. Plus près de nous, en 2009, Benoît XVI a passé un long moment également dans la mosquée Al-Hussein Bin-Talal, à Amman, en Jordanie.  Il y avait d'ailleurs prononcé un discours marquant, le samedi 9 mai 2009, dont voici juste de trop brefs extraits : "C'est une source de grande joie pour moi que de vous rencontrer ce matin dans ce lieu magnifique. (...) Des lieux de culte, comme cette splendide mosquée, se dressent comme des joyaux sur la surface de la terre. Les anciens comme les modernes, les plus splendides comme les plus humbles, tous ces édifices nous orientent vers le Divin, l'Unique transcendant, le Tout-Puissant. A travers les siècles, ces sanctuaires ont attiré des hommes et des femmes dans leur espace sacré pour qu'ils s'arrêtent, qu'ils prient, pour qu'ils reconnaissent la présence du Tout-Puissant et pour qu'ils confessent que nous sommes tous ses créatures."
A la lumière de ces exemples, nous avons donc pris le temps, hier après-midi, de nous laisser accueillir par nos amis Yonnais, heureux de nous faire partager leur foi et leur bonheur de disposer désormais d'un superbe lieu de prière, rue Pierre Bacqua, dans le quartier des Forges. Un long échange s'en est suivi, de nombreuses questions ont été posées, auxquelles les responsables de cette mosquée ont répondu avec intelligence, équilibre, modestie, et un grand esprit de foi. Cela nous a confortés dans cette conviction si souvent rappelée par le pape Benoît XVI, à contre-courant s'il le faut de l'opinion dominante : "Tous les hommes ont la même valeur, la même dignité, quels que soient le peuple, la culture ou la religion auxquels ils appartiennent."  Déjà, le Concile Vatican II avait eu cette phrase profondément évangélique : "L'Eglise regarde avec estime les musulmans." Puissent tous les baptisés épouser ce regard créateur, et toujours considérer l'autre, musulman y compris, comme un frère et un ami !
Une petite histoire en terminant :  un chrétien et un musulman creusent un puits. Soudain, l'un d'eux s'interroge : "L'eau que nous allons trouver va-t-elle être chrétienne ou musulmane ?" L'autre de répondre : "Elle sera l'eau de Dieu !" Car toute la terre, et tous les coeurs, sont à Dieu !
Belle journée à vous !