En ce 67° anniversaire du 8 mai 1945, deux images me reviennent en mémoire. La première est tirée du film "Cendres et diamants", du cinéaste polonais Wajda, l'auteur aussi du film "Katyn" sur le massacre de 22.000 Polonais en avril 1940. La caméra de l'auteur s'y attarde sur un Christ, tombé de sa croix, cassé en plusieurs morceaux, gisant à terre, comme oublié, au milieu d'un tas de cadavres de victimes de la guerre. Symbole d'une réalité tragique et sans issue, au coeur du continent européen. Mais il y a également cette histoire qui nous est racontée à la fin du fameux film "Le Pianiste", de Roman Polanski, repassé récemment à la télévision. Au terme d'une odyssée kafkaïenne, un jeune Juif, Szpilman, enfant du ghetto de Cracovie, a pu, comme par miracle, échapper à la mort promise. S'étant réfugié dans une maison abandonnée, il y est surpris par un officier allemand qui lui demande qui il est, ce qu'il fait là, quelle est sa profession ; "pianiste", répond-il. Il y a un piano justement dans cette maison à l'abandon. Sous les yeux de l'Allemand, il s'assied au piano, hésite longuement, puis, se lance, pour exécuter un magnifique morceau. Spectacle étonnant que ce pauvre hère, dépenaillé, barbu, amaigri, hirsute, face au fringant officier allemand mélomane, représentant un pouvoir honni. Peu de dialogue alors, mais, pourtant, à l'évidence, un sentiment de compréhension et de communion. Cette scène m'est apparue, en fait, comme disant le triomphe de la culture sur la barbarie, faisant ainsi entendre, au milieu des ruines, la petite musique de l'espoir !
En ce 8 mai 2012, quelle leçon tirer de cela ? Peut-être que, malgré les divisions, les faux-pas et les ruines, l'humanisme a encore un avenir, en ce début du XXI° siècle, et que la fraternité universelle n'est pas qu'un rêve ou une illusion ! Ainsi que le disait Paul Claudel en effet, "le pire n'est pas toujours sûr !"
Il me semble, en tout cas, que nous aurions tort de douter de l'homme et de sa capacité à bâtir un monde de paix. Ce serait alors plier le genou devant le mal et considérer celui-ci comme un absolu et le seul horizon de l'humanité !
En ce 8 mai, alors que nous nous trouvons à la croisée des chemins, et pas seulement en France, mais aussi sur le continent européen et au-delà, relisons Paul Eluard, qui appelait de tous ses voeux "la foule immense où tout homme est un ami" ; Paul Eluard qui croyait à la bonne justice des humains car "des baisers, ils font des hommes" ; et, poursuit-il, "c'est la douce loi des hommes de changer l'eau en lumière, le rêve en réalité et les ennemis en frères."
mardi 8 mai 2012
Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.440 : La petite musique de l'espoir
Publié par
Olivier Gaignet
à
08:46
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