Voici l'homélie de la Pentecôte en l'église du Bernard.
Chers amis, je vous invite à ce
que nous recherchions ensemble ce que ces textes liturgiques de la
Pentecôte peuvent nous donner comme
enseignements, par rapport à notre mission de fils et de filles de
l’Eglise. Trois points durant cette
homélie : 1°, les langues de feu ; 2°, les Arabes (mais oui…) ;
3°, quelques clefs pour le monde d’après.
1° : les langues de feu : Voici ce que nous a
rappelé la 1° lecture : « Alors
apparurent des langues de feu, et il
s’en posa une sur chacun d’eux. » Que s’est-il passé en
réalité ? BFM TV n’avait pas été
conviée à cette occasion ; mais le problème n’est pas là. Par contre, ce
qui est à retenir, c’est ce symbole que nous avons joie à imaginer, avec un peu
du feu de la Pentecôte au-dessus de la tête de chacun des apôtres : une
véritable trouvaille, au niveau communication !
Et le miracle, c’est que, malgré
les torrents d’obstacles de l’histoire, ce feu de l’Esprit a pu traverser les
siècles ; la preuve, il brûle encore, sous nos yeux, au cœur de cette
assemblée. D’ailleurs, je le vois aussi qui flamboie joyeusement au-dessus de
la tête de chacun(e) d’entre vous ; oui, sérieusement ! Sur vous, qui assurez la catéchèse auprès des
enfants ; ou vous, qui avez le souci d’accompagner vos jeunes dans leurs
interrogations profondes ; sur votre tête à vous qui avez assuré le
balayage, le fleurissement de cette église ; vous encore qui dites votre
chapelet chaque après-midi, en suivant celui de Lourdes ; vous également
qui êtes actifs dans des associations au service des autres, vous qui travaillez
dans un commerce, ou dans la santé, ou qui êtes en responsabilité dans une
entreprise, etc. Toutes et tous, fils et
filles de la Pentecôte, présents, actifs, en Eglise, envers et contre
tout !
Par contre, cela fait un certain
temps que nous aimons beaucoup nous présenter, en France, comme un peu
supérieurs aux autres ; ne sommes-nous pas « le pays des lumières » ? Peu à peu en effet,
notre civilisation européenne, française surtout, est passée de LA Lumière
divine (L), du feu divin de
l’Esprit-Saint, à ce que l’on a appelé, prosaïquement, « les lumières » ; le pluriel signifiant qu’il n’y a
plus besoin d’une lumière absolue, et rien au-delà ni au-dessus de
l’homme. On ne voulait plus avoir besoin
de Dieu ou de l’Esprit-Saint pour donner une origine ou un sens à l’univers.
Voltaire, réveille-toi ! Ils
sont devenus amnésiques ; ils ont oublié qu’ils avaient un Père dans
l’infini ; un Père dont le feu créateur éclaire leur existence depuis le
fond des âges… Avec une attitude fort différente, savez-vous ce que Voltaire
lui-même, très dur il est vrai face à une Eglise dominatrice, mais Voltaire
était cependant honnête, croyant et
déiste, quoiqu'on ait dit de lui, savez-vous qu’il a eu le courage de reconnaître, dans son célèbre
« Dictionnaire philosophique », je le cite : « Toute lumière ne peut venir que de
Dieu ! » ? C’est du
Voltaire ! C’est fameux !
Tout est dit en effet ! En conséquence, analysons tout ce que nous
repérons de positif dans notre vie et dans la vie du monde, comme le fruit de
l’intelligence et de la bonté humaine bien sûr ; mais parce que nos
petites lumières humaines sont animées, éclairées, nourries par l’action
lumineuse de l’Esprit de Pentecôte, qui travaille sans relâche à renouveler la
face de la terre !
2° : Les Arabes : sans doute vous demandez-vous ce
que les Arabes viennent faire dans cette homélie ; sauf si vous avez été
attentifs à la finale de la 1° lecture, que je rappelle : « …Romains de passage, Juifs, Crétois
et Arabes, nous les entendons tous parler des merveilles de Dieu. » Parmi les témoins et acteurs de la 1°
Pentecôte, St Luc, dans les Actes des Apôtres, cite pas moins de 15 peuples ou
pays, balayant ainsi l’ensemble du monde connu d’alors, depuis le Golfe
persique jusqu’à Rome, la capitale de l’Empire.
Vous comprenez sur le champ le
sens de cette énumération, où il nous est dit que des hommes et des femmes de
tous les peuples de la terre ont entendu, ensemble, un même message de salut.
C’est-à-dire que, le jour même de la fondation de l’Eglise, déjà, l’indication
est claire : l’ouverture à toutes les nations, l’universalisme, c’est bien
le message central qu’il nous est demandé de vivre et de faire grandir. Le
terme « catholique » vient
d’ailleurs d’un mot grec qui signifie « universel ».
En ces temps où nous avons
souffert des fautes de l’Eglise à travers certains de ses représentants, par
contre, s’il y a un point sur lequel notre communauté chrétienne tient la
route, c’est bien dans sa dimension d’ouverture à tous. Tandis que nos pays se
ferment à l’étranger, l’Eglise ouvre largement ses bras à tous ses enfants de
la terre. Fidèle à ce qui s’est passé lors de la 1° Pentecôte à Jérusalem,
l’Eglise accueille dans ses rangs tout humain, d’où qu’il vienne et quel qu’il
soit.
Et l’Eglise est également aux
avant-postes par rapport au dialogue avec les membres des autres religions. C’est ce que nous essayons de vivre au sein de
l’association pour le dialogue interreligieux sur les Sables d’Olonne et toute
la région. Avec la pastorale de l’accueil de l’étranger et des migrants
également, où même les Arabes ont leur place, comme jadis à Jérusalem, on l’a
entendu !
En conséquence, en ce qui
concerne cette ouverture à l’étranger et à celui qui appartient à une autre
tradition religieuse, chaque baptisé est invité à entrer dans cette même
démarche de Pentecôte, là où il vit.
Et ce qui est formidable, c’est
que les signes de cette action de l’Esprit de Pentecôte sont visibles aussi
hors des frontières de l’Eglise ; en voici un exemple, tiré de l’édito de
« Ouest-France » d’avant-hier vendredi : « Au moment où les roquettes du Hamas s’abattaient sur les villes
d’Israël et les bombes israéliennes sur Gaza, devant l’hôpital de Haïfa, la
grande ville « mixte » du nord du pays, médecins et infirmières,
juifs et arabes, ont affiché leur volonté de vivre ensemble. Le succès de la
lutte contre le Covid a consolidé les liens entre les deux communautés. Autre
fait cité : le spectacle d’une infirmière arabe, récitant les prières
juives au chevet d’un vieillard ultra
orthodoxe, a ému le pays. »
S’il n’y a pas là un fruit de l’action universelle de l’Esprit de Pentecôte,
comment vous expliquez cela ?
3° : Quelques clefs pour le monde d’après. Quand on voit ce que l’on vient de vivre avec
la pandémie, lorsque l’on regarde les nouvelles à la télé, je reprends
l’analyse qu’en fait l’écrivain Michel Houellebecq, je le cite : « Beaucoup de gens sont
effondrés ; on constate beaucoup de mal-être, de colère. Ce monde, où nous
respirons mal, n’inspire plus en nous qu’un dégoût manifeste. Nous voulons
quelque chose qui dépasse tout cela, nous ne pouvons plus vivre loin de
l’éternité. »
J’aurais envie de répondre à cet
écrivain en déprime : « Pour vous rapprocher de l’éternité, cher
Michel Houellebecq, relisez la 2° lecture de cette fête de la Pentecôte ;
St Paul nous y donne les clefs de l’avenir du monde : je le cite : « Voici le fruit de l’Esprit :
amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise
de soi. » C’est de ces fruits
que l’Eglise a tiré les traditionnels sept dons du St Esprit ; car
l’apôtre Paul met ici à notre disposition neuf superbes et très efficaces clefs
qui peuvent nous permettre de rebondir, de ne pas nous laisser entraîner sans
fin dans un cycle de déclin. Notre avenir sur cette terre en effet, ce n’est
pas seulement de pouvoir enfin retourner boire une bière bien fraîche en
terrasse, ni en ce beau printemps de faire bientôt des bonnes confitures ;
mais l’enjeu est bien d’offrir à tous
nos frères les clefs d’un monde nouveau.
Avec cette pandémie, c’est comme
si nous avions reçu un menhir sur la tête ! Et je parle de menhir parce que nous nous
trouvons sur la commune du Bernard, le pays des menhirs. Mais avec la
Pentecôte, c’est le feu de l’Esprit-Saint qui tombe sur nous en cet instant. Paul Claudel notait sans son Journal : « Le jour de la Pentecôte, le St Esprit
a allumé les apôtres. »
Puisse-t-il allumer aussi les chrétiens que nous sommes, pour nous aider
à bâtir une Eglise plus évangélique et un monde aux couleurs plus
fraternelles ! Comme cela a
commencé jadis à Jérusalem, lors de la 1° Pentecôte. Amen !
Alléluia !