Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



dimanche 30 mai 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2628 : Un Deu Unique, mais d'une ouverture infinie

 J'aime bien cette réflexion proposée par le journal "La Vie" du 27 mai, page 47 :  

"Ce dimanche, nous célébrons la fête de la Sainte Trinité ; ce mystère si mystérieux d'un seul Dieu en trois personnes est en réalité simple comme l'amour. 

 Si "Dieu est Amour", il ne peut être solitaire, recroquevillé sur lui-même.  Il est unique, certes, mais son être même est mouvement, élan, communication, c'est-à-dire relation. 

Rien de mieux pour comprendre cela que des images :  le Père est le soleil, le Fils les rayons, et l'Esprit-Saint, la chaleur qui irradie de l'ensemble.   

Le Père embrasse le Fils, le Fils est embrassé par le Père, et l'Esprit-Saint est le baiser.

Le Père est tout l'amour donné, le Fils est tout l'amour reçu, l'Esprit est tout l'amour partagé entre le Père et le Fils." 

Parfois, l'on entend dire que la Trinité, c'est un des points qui nous distingue de nos frères Juifs et Musulmans : eux, dit-on, contrairement à nous (?), sont attachés à l'Unicité de Dieu. Peut-être !  Mais il ne me semble ni pertinent ni judicieux de nous définir par rapport à eux à travers des oppositions, ce qui est toujours source de conflit...

Attention en effet à ne pas réduire le sens du terme "Dieu Unique".  Car il est sans doute erroné de concevoir le terme "Unique" dans un sens trop restreint ou trop fermé.

En effet, comme l'explique le pasteur André Gounelle, "Dans l'affirmation : "Dieu est Un", que l'on retrouve dans les trois monothéismes sous des formes diverses, je ne crois pas que "un" soit une valeur numérique. Je pense que c'est une valeur tout à fait autre, peut-être celle de l'universalisme, ce qui est très important, parce qu'il s'agit de la question de l'humanité, et que tout ne doit pas devenir chaos."

Si j'ai bien compris, Dieu, au vrai sens du mot, même s'il est dit "Un", ne peut-être qu'ouverture : "un gouffre de lumière", comme disait Victor Hugo.

En ce qui concerne les Juifs par exemple, que signifie le fait que, au commencement, Dieu n'a pas dit : "Je fais l'homme à mon image", mais : "Faisons l'homme à notre image, comme notre ressemblance." (Genèse 1)

On pourrait multiplier les citations ; par exemple, Genèse 2 : "Le souffle d'Elohîm planait sur les eaux."  Tandis que Moïse nomme Dieu : "Père", lorsqu'il interpelle son peuple : "N'est-il pas ton Père, celui qui t'a acquis ? N'est-ce pas lui qui t'a fait et affermi ?"  (Deutéronome 32/6)   Sans parler du "Serviteur souffrant", en Isaïe 52/13 : "Il n'avait plus figure humaine."

En ce qui concerne les Musulmans, il y aurait à réfléchir sur le fait que la tradition donne 99 noms à Dieu ; je vous en cite quelques-uns pour illustration : "le Tout Miséricordieux, la Paix, le Créateur, l'Infini Pardonneur, le Très Généreux, le Très Doux, Celui qui exauce les prières, le Vivant, la Source, le Bienfaisant, ..."

De quoi cette multiplicité de noms et de postures est-elle le signe ? D'une unité absolue sans doute, en Dieu, pour nos amis musulmans ; mais d'une unité qui est d'une ouverture infinie !

Difficile de prolonger cette réflexion, dans le cadre réduit d'un billet sur ce blog ; mais je ne résiste pas au plaisir de vous signaler qu'un théologien indien renommé, le P. Raimon Panikkar a mis en exergue du prologue de son livre sur "La Trinité, une expérience humaine primordiale"(Cerf), cette phrase extraite de "Brihadâranyaka Upanishad" 1, 2, 3   (un ensemble de textes qui forment la base de la religion hindoue) : "Il s'est révélé lui-même sous une forme trine."   Pas banal, non ?

                                                                                                        

 

mercredi 26 mai 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2627 : « La terre est belle à pleurer ! »

 Le président de l'AVQV (Association Vendéenne pour la Qualité de la Vie), dont je suis adhérent depuis des années, m'a demandé un édito pour le numéro de mai 2021 du bulletin de cette association  Je me permets de vous le communiquer..

Vous trouverez aussi dans cette revue un excellent article d'un de nos paroissiens fidèles, le Général d'aviation Jacques de Morant, qui a écrit une superbe histoire de sa commune et de son église du Bernard.

Comme son nom l'indique, l'AVQV est fortement engagée en faveur du respect de l'environnement, sous toutes ses formes, sur notre département.

Les personnes intéressées peuvent soit me contacter, soit s'adresser au Président :                               M. Robert Aujard     117, route de Fontenay  -  85200   Pissotte                                                          www.avqv.fr

    

Vous connaissez sans doute ce conte amérindien : « Le vieillard dit à l’enfant : « Il y a deux loups en toi. Un loup blanc, bienveillant, et un loup noir cruel.  Ils vont se mesurer l’un à l’autre. Sais-tu lequel va l’emporter ?  Celui que tu auras nourri ! »

De même aujourd’hui, en ce monde qui est notre « maison commune », l’on constate chaque jour ce combat entre l’égoïsme et le souci des autres, entre une humanité qui travaille au bien commun et une autre qui se l’accapare.  De quel côté nous situons-nous ? 

Heureusement, au cœur de cette crise, n’ont cessé de s’épanouir les fleurs du printemps !  Cette pandémie, le confinement nous ont obligés à faire notre examen de conscience ; en nous mettant en arrêt, et le couvre-feu y a contribué, nous avons commencé à envisager notre vie autrement, sur des valeurs plus vraies.

L’envol vers le ciel de Thomas Pesquet a contribué largement à élever notre cœur, car il a invité l’ensemble de notre nation et de l’humanité à regarder enfin vers le haut et à rêver d’Infini.

Et tous de se reconnaître dans ce que déclarait récemment l’astronaute Jean-François Clervoy (« La Croix » du 22 avril 2021), lui qui a effectué trois vols spatiaux entre 1994 et 1999 :  « On regarde par le hublot : la Terre est magnifique, belle à pleurer.  On ne peut s’empêcher de comparer la planète à un vaisseau spatial, fini, limité en ressources… Devant un tel spectacle, la question de la Création se pose très fortement. La vision de l’atmosphère sur sa tranche, extrêmement fine, nous fait prendre conscience de la fragilité de notre vivant.  Ces vols m’ont fait poser de nombreuses questions sur le divin, sur le rôle et sur la mission de l’humanité. Sans me sentir croyant, j’ai l’intime conviction qu’il y a quelque chose de supérieur, que nous ne sommes pas limités à la chair, à la matière, aux lois de la physique. »  

Nous avons beaucoup à recevoir aussi de St François d’Assise, frère universel avec le créé et les humains hier comme aujourd’hui : il prend dans ses bras ce malade contagieux qu’est le lépreux, il s’adresse aux animaux avec lesquels il développe un lien fraternel, il prie dans les failles rocheuses, il ne craint pas d’aller dialoguer avec le sultan d’Egypte au temps des Croisades puis, devenu presqu’aveugle, il chante le « Cantique de frère soleil » et la beauté de la Création, « notre Mère la Terre », pour reprendre la belle expression du pape François dans sa Lettre « Loué sois-tu, sur la sauvegarde de la maison commune ».  

Dans cette Lettre, le pape François rappelle la mission exacte confiée à l’humanité, d’après le Livre biblique de la Genèse 1/28 et 2/15 : « cultivez, gérez, protégez la nature », et non pas, selon une traduction incorrecte : « dominez, soumettez et exploitez la terre ». Le pape explique également que « les différentes créatures reflètent, chacune à sa façon, un rayon de la sagesse et de la bonté infinies de Dieu ». (« Loué sois-tu », n° 67 et 69)

Qu’en sera-t-il pour « le monde d’après » ?  Je vous livre la réflexion de Tania de Montaigne, l’auteure de « Noire » (prix Simone Veil 2015) : « Le monde d’après, je ne sais pas ce que cela veut dire.  En revanche, je suis très optimiste pour le monde de maintenant.  Il y a un tissu social, des énergies, des synergies qui fonctionnent.  Des citoyens qui inventent en permanence.  Ils étaient là avant la pandémie, elle les a mis à ciel ouvert. On les voit. Ces gens sont notre chance, ils ne disparaîtront pas. »  (« Ouest-France » du 13 mars 2021)

Chers membres de l’AVQV, chers lecteurs, vous faites partie de ces citoyens qui croyez en l’avenir de l’humanité, et oeuvrez largement pour faire exister dès à présent ce monde nouveau auquel nous aspirons.  Merci à vous !   

 

                                                                                                        

 

 

dimanche 23 mai 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2626 : "Toute lumière ne peut venir que de Dieu !" (Voltaire)

 Voici l'homélie de la Pentecôte en l'église du Bernard.

 

Chers amis, je vous invite à ce que nous recherchions ensemble ce que ces textes liturgiques de la Pentecôte  peuvent nous donner comme enseignements, par rapport à notre mission de fils et de filles de l’Eglise.  Trois points durant cette homélie : 1°, les langues de feu ; 2°, les Arabes (mais oui…) ; 3°, quelques clefs pour le monde d’après.

 

1° : les langues de feu : Voici ce que nous a rappelé la 1° lecture : « Alors apparurent des langues de feu, et il s’en posa une sur chacun d’eux. » Que s’est-il passé en réalité ?  BFM TV n’avait pas été conviée à cette occasion ; mais le problème n’est pas là. Par contre, ce qui est à retenir, c’est ce symbole que nous avons joie à imaginer, avec un peu du feu de la Pentecôte au-dessus de la tête de chacun des apôtres : une véritable trouvaille, au niveau communication ! 

Et le miracle, c’est que, malgré les torrents d’obstacles de l’histoire, ce feu de l’Esprit a pu traverser les siècles ; la preuve, il brûle encore, sous nos yeux, au cœur de cette assemblée. D’ailleurs, je le vois aussi qui flamboie joyeusement au-dessus de la tête de chacun(e) d’entre vous ; oui, sérieusement !  Sur vous, qui assurez la catéchèse auprès des enfants ; ou vous, qui avez le souci d’accompagner vos jeunes dans leurs interrogations profondes ; sur votre tête à vous qui avez assuré le balayage, le fleurissement de cette église ; vous encore qui dites votre chapelet chaque après-midi, en suivant celui de Lourdes ; vous également qui êtes actifs dans des associations au service des autres, vous qui travaillez dans un commerce, ou dans la santé, ou qui êtes en responsabilité dans une entreprise, etc.  Toutes et tous, fils et filles de la Pentecôte, présents, actifs, en Eglise, envers et contre tout !

Par contre, cela fait un certain temps que nous aimons beaucoup nous présenter, en France, comme un peu supérieurs aux autres ; ne sommes-nous pas « le pays des lumières » ? Peu à peu en effet, notre civilisation européenne, française surtout, est passée de LA Lumière divine (L),  du feu divin de l’Esprit-Saint, à ce que l’on a appelé, prosaïquement, « les lumières » ; le pluriel signifiant qu’il n’y a plus besoin d’une lumière absolue, et rien au-delà ni au-dessus de l’homme.  On ne voulait plus avoir besoin de Dieu ou de l’Esprit-Saint pour donner une origine ou un sens à l’univers.

Voltaire, réveille-toi ! Ils sont devenus amnésiques ; ils ont oublié qu’ils avaient un Père dans l’infini ; un Père dont le feu créateur éclaire leur existence depuis le fond des âges… Avec une attitude fort différente, savez-vous ce que Voltaire lui-même, très dur il est vrai face à une Eglise dominatrice, mais Voltaire était cependant honnête, croyant  et déiste, quoiqu'on ait dit de lui, savez-vous qu’il a eu le courage de reconnaître, dans son célèbre « Dictionnaire philosophique », je le cite : « Toute lumière ne peut venir que de Dieu ! » ?  C’est du Voltaire !  C’est fameux !

Tout est dit en effet !  En conséquence, analysons tout ce que nous repérons de positif dans notre vie et dans la vie du monde, comme le fruit de l’intelligence et de la bonté humaine bien sûr ; mais parce que nos petites lumières humaines sont animées, éclairées, nourries par l’action lumineuse de l’Esprit de Pentecôte, qui travaille sans relâche à renouveler la face de la terre !

 

2° : Les Arabes : sans doute vous demandez-vous ce que les Arabes viennent faire dans cette homélie ; sauf si vous avez été attentifs à la finale de la 1° lecture, que je rappelle : « …Romains de passage, Juifs, Crétois et Arabes, nous les entendons tous parler des merveilles de Dieu. »   Parmi les témoins et acteurs de la 1° Pentecôte, St Luc, dans les Actes des Apôtres, cite pas moins de 15 peuples ou pays, balayant ainsi l’ensemble du monde connu d’alors, depuis le Golfe persique jusqu’à Rome, la capitale de l’Empire.

Vous comprenez sur le champ le sens de cette énumération, où il nous est dit que des hommes et des femmes de tous les peuples de la terre ont entendu, ensemble, un même message de salut. C’est-à-dire que, le jour même de la fondation de l’Eglise, déjà, l’indication est claire : l’ouverture à toutes les nations, l’universalisme, c’est bien le message central qu’il nous est demandé de vivre et de faire grandir. Le terme « catholique » vient d’ailleurs d’un mot grec qui signifie « universel ».

En ces temps où nous avons souffert des fautes de l’Eglise à travers certains de ses représentants, par contre, s’il y a un point sur lequel notre communauté chrétienne tient la route, c’est bien dans sa dimension d’ouverture à tous. Tandis que nos pays se ferment à l’étranger, l’Eglise ouvre largement ses bras à tous ses enfants de la terre. Fidèle à ce qui s’est passé lors de la 1° Pentecôte à Jérusalem, l’Eglise accueille dans ses rangs tout humain, d’où qu’il vienne et quel qu’il soit.

Et l’Eglise est également aux avant-postes par rapport au dialogue avec les membres des autres religions.  C’est ce que nous essayons de vivre au sein de l’association pour le dialogue interreligieux sur les Sables d’Olonne et toute la région. Avec la pastorale de l’accueil de l’étranger et des migrants également, où même les Arabes ont leur place, comme jadis à Jérusalem, on l’a entendu ! 

En conséquence, en ce qui concerne cette ouverture à l’étranger et à celui qui appartient à une autre tradition religieuse, chaque baptisé est invité à entrer dans cette même démarche de Pentecôte, là où il vit.

Et ce qui est formidable, c’est que les signes de cette action de l’Esprit de Pentecôte sont visibles aussi hors des frontières de l’Eglise ; en voici un exemple, tiré de l’édito de « Ouest-France » d’avant-hier vendredi : « Au moment où les roquettes du Hamas s’abattaient sur les villes d’Israël et les bombes israéliennes sur Gaza, devant l’hôpital de Haïfa, la grande ville « mixte » du nord du pays, médecins et infirmières, juifs et arabes, ont affiché leur volonté de vivre ensemble. Le succès de la lutte contre le Covid a consolidé les liens entre les deux communautés. Autre fait cité : le spectacle d’une infirmière arabe, récitant les prières juives au chevet d’un vieillard ultra orthodoxe, a ému le pays. »  S’il n’y a pas là un fruit de l’action universelle de l’Esprit de Pentecôte, comment vous expliquez cela ?

 

3° : Quelques clefs pour le monde d’après.  Quand on voit ce que l’on vient de vivre avec la pandémie, lorsque l’on regarde les nouvelles à la télé, je reprends l’analyse qu’en fait l’écrivain Michel Houellebecq, je le cite : « Beaucoup de gens sont effondrés ; on constate beaucoup de mal-être, de colère. Ce monde, où nous respirons mal, n’inspire plus en nous qu’un dégoût manifeste. Nous voulons quelque chose qui dépasse tout cela, nous ne pouvons plus vivre loin de l’éternité. »

J’aurais envie de répondre à cet écrivain en déprime : « Pour vous rapprocher de l’éternité, cher Michel Houellebecq, relisez la 2° lecture de cette fête de la Pentecôte ; St Paul nous y donne les clefs de l’avenir du monde  : je le cite : « Voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. »  C’est de ces fruits que l’Eglise a tiré les traditionnels sept dons du St Esprit ; car l’apôtre Paul met ici à notre disposition neuf superbes et très efficaces clefs qui peuvent nous permettre de rebondir, de ne pas nous laisser entraîner sans fin dans un cycle de déclin. Notre avenir sur cette terre en effet, ce n’est pas seulement de pouvoir enfin retourner boire une bière bien fraîche en terrasse, ni en ce beau printemps de faire bientôt des bonnes confitures ;  mais l’enjeu est bien d’offrir à tous nos frères les clefs d’un monde nouveau.

Avec cette pandémie, c’est comme si nous avions reçu un menhir sur la tête !  Et je parle de menhir parce que nous nous trouvons sur la commune du Bernard, le pays des menhirs. Mais avec la Pentecôte, c’est le feu de l’Esprit-Saint qui tombe sur nous en cet instant.  Paul Claudel notait sans son Journal : « Le jour de la Pentecôte, le St Esprit a allumé les apôtres. »  Puisse-t-il allumer aussi les chrétiens que nous sommes, pour nous aider à bâtir une Eglise plus évangélique et un monde aux couleurs plus fraternelles !    Comme cela a commencé jadis à Jérusalem, lors de la 1° Pentecôte.  Amen !  Alléluia !

jeudi 20 mai 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2625 : "Ce n'est pas l'acte religieux qui fait le chrétien" (Pasteur Dietrich Bonhoeffer)

 

Lors d'une rencontre mardi avec une équipe de réflexion, nous avons eu un échange par rapport au visage actuel de l'Eglise.
 
Plusieurs d'entre nous ont exprimé leur surprise en constatant que, depuis quelque temps, l'Evangile ne semble plus être au centre de la vie de l'Eglise, tandis qu'il est plutôt question de pratiques pieuses ; avec une grande place donnée à l'adoration, pour ne donner que cet exemple.
 
Ceci est légitime sans doute ; mais avec l'inconvénient de mettre l'accent trop seulement sur des pratiques cultuelles, en risquant de délaisser ce qui est la mission fondamentale de l'Eglise ; à savoir, être une communauté de frères et de soeurs engagés au service de l'humanité, et pour le bonheur, le salut et la réconciliation du monde.


Une réflexion du théologien protestant allemand pendu par Hitler, le pasteur Dietrich Bonhoeffer, nous a particulièrement éclairés.
 
Elle est extraite de son ouvrage "Résistance et soumission", p. 372 :

"Etre chrétien ne signifie pas être religieux, cela signifie être un homme.

Ce n'est pas l'acte religieux qui fait le chrétien, mais sa participation à la souffrance de Dieu dans la vie du monde."

 

D'autre part, le Père Franciscain Arnaud Corbic explique, dans son ouvrage "Le Seigneur des non-religieux", aux Editions franciscaines, p. 58 et 59, en commentant le livre ci-dessus de Bonhoeffer, à propos de la place du sacré :

"Dieu ne s'est pas révélé dans un homme religieux (en Jésus) ; non dans un prêtre, mais dans un "homme tout court" ; non dans le sacré, le divin, mais dans la vie humaine tout simplement.

Le Christ n'est pas un homme du sacré, mais un "homo humanus" ; un humain qui vit l'humain avec chaque être humain, révélant ainsi la profondeur de grâce à l'intérieur même de l'humain.

Dès lors, le christianisme n'est plus réservé à une élite pieuse, branchée sur le sacré.
Le chrétien suit le Christ en devenant radicalement homme, et non pas dans des pratiques religieuses."

 

Suite à cette rencontre, voici la réaction que j'ai reçu d'une participante :

 " Merci beaucoup Olivier pour ce texte. Il correspond bien à ce que j'ai retenu du prêtre de ma jeunesse (avant-gardiste), puis ou d'autres encore, connus en région parisienne ou il y a quelque temps sur le Pays des Olonnes. 

Il est bien triste de revenir à des pratiques mettant en avant l'adoration au détriment du regard puis de l'action à porter envers ceux qui souffrent dans leur cœur ou dans leur corps. Mais, certains d'entre eux ont peut-être ce souci ? 

Pour être positif, constatons que  que le Christ est présent dans le cœur de nombreuses personnes attentives aux besoins de leurs frères et sœurs en humanité. Beaucoup de ceux-là ne se reconnaissent pas chrétiens. Or, ils le sont sans le savoir !

Personnellement j'ai des progrès à faire ! Prions le Seigneur pour qu'il me donne l'énergie nécessaire !"


Un appel de Sainte Thérèse d'Avila"La prière qui n'est pas suivie de l'action, c'est une hypocrisie."

Une interpellation un peu rude de Georges Bernanos  :  "L'Eglise est un mouvement, une force en marche, alors que tant de dévotes ont l'air de croire, feignent de croire, qu'elle est seulement un abri, un refuge, une espèce d'auberge spirituelle à travers les carreaux de laquelle on peut se donner le plaisir de regarder les passants, les gens du dehors, ceux qui ne sont pas pensionnaires de la maison."

lundi 17 mai 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2624 : Un écho du camp de la Paix en Israël-Palestine

 Je vous disais que j'avais repéré dans le journal "La Croix" de ce lundi cette précision de Nicolas Rouger, de Tel-Aviv : "Sur le terrain, plus de 200 organisations oeuvrent au quotidien en faveur de la paix."

En voici un écho, reçu du village de Neve Shalom, dans lequel, depuis des années, des familles juives et arabes ont fait le choix de vivre ensemble, et où il se fait un excellent travail au sein de l'Ecole pour la Paix.


Chers amis, chères amies,
Une émission sur le Village de NSWAS dans le magazine InAttendu de France Info aura lieu le mercredi 19 mai   sur la chaîne télé de France Info. L’émission est prévue après le journal de 22h et rediffusée ensuite toute la semaine.

Voici une traduction du Mail reçu le dimanche 16 mai 2021 de Roi Silberberg, directeur de l’Ecole pour la Paix-SFP et résident au Village de Neve Shalom ~Wahat as Salam.


 

« Chers amis,

 

J'écris ces mots au milieu de l'activité, de la violence et de l'incertitude politique.

 

Nous essayons de soutenir nos équipes, nos collaborateurs et nos diplômés   (ce sont les anciens stagiaires de l’Ecole pour la Paix - SFP).

 

Plusieurs membres du personnel vivent dans des villes mixtes ou dans  des villages arabes dans lesquels leurs quartiers ont été attaqués par des extrémistes de droite (comme le cas à Lod) ou par les forces de sécurité israéliennes (comme l'attaque d'hier à Kfar Kana). 

 

De plus, beaucoup voient leur sécurité compromise, et nous essayons de leur apporter notre soutien de la meilleure façon possible. Nous arrivons à soutenir leurs actions ces derniers jours et cela est très enrichissant.

 

Nous avons organisé trois réunions pour les leaders des villes mixtes dans lesquelles il y avait une opportunité de partager leurs récentes et difficiles expériences ainsi que de leur fournir un soutien concret pour leurs actions. Les histoires partagées lors de ces réunions sont tristes et effrayantes, mais se terminent toujours par une compréhension inébranlable de l'importance de l'action en cette période.

 

 Lors de ces rencontres, nous avons compris l'importance d'avoir une déclaration commune. La rédaction de la déclaration a été un long processus (plus de 48 heures) et à la fin, des représentants des autres groupes de diplômés (planificateurs, avocats, professionnels de la santé mentale) ont également donné leur avis. La déclaration est jointe et également disponible sur Facebook :

 20210515 déclaration d'opinion SFP

 

Le nombre d’actions que mènent nos diplômés est très important.

 

À Jaffa, deux de nos diplômés (Rawan Bisharat et Ibrahim Agbaria) ont co-organisé la grande manifestation à laquelle ont participé des Juifs et des Palestiniens. 

 

Un autre diplômé (Nahed Sakis) est membre de l'équipe communautaire qui soutient les membres blessés. Une autre diplômée (Rachel Hagigi) est l’organisatrice d’une surveillance de quartier composée de Juifs vivant à Jaffa.

 

A Lod, Natali Kirshtein organise une manifestation commune demain (16/5). Yossi Basson avec Akram Sakalla sont en train d'organiser une visite de la ville par des chefs religieux juifs et musulmans locaux.

Il existe de nombreux autres projets et initiatives.

 

L'une des choses qui m'ont encouragé ces derniers jours, c'est que j'ai entendu dire de plusieurs diplômés que la participation aux activités de la SFP a changé leur perspective et augmenté leur capacité à s'engager.

 

Je vous souhaite des jours calmes et j'espère vous tenir  au courant bientôt.

 

Roi Silberberg »




Bien cordialement
Véronique Hayem
Les Amis Français de Neve Shalom~Wahat as Salam
En direct du Village:


Les élèves de l'Ecole Primaire de Neve Shalom Wahat as Salam:

′′ Nous demandons la paix pour vivre en toute sécurité et égalité."



dimanche 16 mai 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2623 : A quoi ça sert de prier ?

 Homélie du 7° dimanche de Pâques, à Jard-sur-Mer.

 

L'évangile vient de mettre sous nos yeux Jésus, non pas en train de faire un discours, ou de réaliser un miracle ; mais en prière, les yeux levés vers le ciel, parlant à son Père.  Ah bon !  Parce que Jésus aussi priait ??? Oui, Jésus prend le temps de se confier au Père, comme nous le faisons en notre particulier, mais aussi, à la messe lors de nos prières universelles ; Jésus confie à son Père ses soucis, ses inquiétudes, et ses intentions de prière.  Il y avait de quoi : c'était le soir du Jeudi-Saint, et la situation alors n'était pas drôle pour son matricule.

Le but de cet évangile, en nous donnant à contempler Jésus en prière, c'est de nous proposer de regarder où nous en sommes, chacun de nous, par rapport à notre propre façon de prier, et à notre relation personnelle, aimante, avec le Seigneur.

Je vous livre un exemple. Hier, dans un Ehpad, je suis allé visiter une dame de 98 ans, en fauteuil roulant, mais qui a encore toute sa tête. Sur sa table, de nombreuses photos de sa famille, et le numéro de mai de la revue "Prions en Eglise". Elle m'a raconté de quoi était faite sa journée. Voici ce qu'elle m'a partagé :

"Le matin, je prends mon café ; puis, je lis le journal ; pas tout quand même, mais je m'intéresse aux nouvelles.  Ensuite, je prends mon petit "Prions en Eglise", et je lis les textes de la messe du jour. C'est ma prière. Quand je ne comprends pas, je demande à l'Esprit-Saint de m'aider ; puis, je relis les textes, et ça me fait du bien. J'aime bien les psaumes. Et je prie pour le monde entier. Il n'y a pas longtemps que je fais ça, mais j'ai entendu dire que des personnes priaient pour le monde entier. Cette idée m'a plu, et j'ai décidé d'en faire autant."

 A plusieurs reprises, elle m'a répété qu'elle priait pour le monde entier !  J'ai été frappé par la conviction avec laquelle elle me disait cela. "Oh, a-t-elle continué, ça ne sert peut-être pas à grand chose, mais je fais ce que je peux."  A la façon du petit colibri, ai-je pensé alors.  Vous connaissez cette légende amérindienne : alors que la forêt amazonienne est en feu, tous les gros animaux s'enfuient pour échapper à l'incendie ; le petit colibri, lui, jette sur le feu les gouttes d'eau qu'il est allé recueillir dans le fleuve voisin. Un éléphant lui dit : "Ce n'est pas que tu crois que tu vas éteindre l'incendie avec tes trois gouttes d'eau ?" Et le colibri de répondre : "Moi, je fais ma part, pour sauver la forêt !"

Eh bien, si nous tous, les chrétiens, et moi y compris, nous prenions vraiment le temps de prier pour le salut du monde, celui-ci irait peut-être mieux... C'est St Jean Chrysostome, évêque de Constantinople au 4° siècle, qui disait : "L'homme qui prie a la main sur le gouvernail du monde."

A l'âge où nombre de personnes pensent ne plus être bonnes à rien, voici qu'une femme de 98 ans, en fauteuil roulant, a la main sur le gouvernail du monde, par sa simple prière !  N'est-ce pas renversant comme situation ?

Oui mais, trop nombreux sont ceux qui doutent de la valeur, de l'utilité de la prière. Combien de fois j'ai rencontré des personnes me disant par exemple : "Ah moi, quand j'étais petite, j'étais très croyante ; mais, ma grand-mère est tombée malade. J'ai mis des cierges, j'ai beaucoup prié pour qu'elle ne meurt pas, mais elle est quand même décédée. Ma prière n'a servi à rien...  A présent, je ne crois plus en Dieu."

Que peut-on dire en effet, face à la souffrance et à la mort ?  Cependant, cela nous invite à réfléchir à la conception que nous avons de nos rapports avec Dieu :  je te donne ma prière, et en échange, tu empêches telle personne que j'aime de mourir.  Mais cela est-il concevable ? Dieu est-il à notre service ? Est-ce que nous prions pour domestiquer Dieu, pour le faire changer d'avis ?  Pour qu'il fasse ce qu'on lui demande ?

Il y a une réflexion de St Augustin qui est très éclairante à ce sujet : "Nous ne prions pas Dieu pour l'instruire, mais pour nous construire."  Autrement dit, la prière, ça ne consiste pas à dire à Dieu : "attention, n'oublie pas de sauver ma grand-mère qui est malade" ; même si, bien sûr, on a le droit de le lui demander.  Jésus a dit en effet, et cela nous est rappelé opportunément dans l'évangile de la messe en semaine de ce samedi 15 mai : "Demandez, et vous recevrez."

Mais qu'est-ce qu'on recevra ?  Exactement ce qu'on lui a dit, sinon ordonné de nous donner ?  Pas forcément ; mais la prière nous invite à une attitude plus profonde. Je m'explique : peut-être que ma grand-mère ne va pas guérir. Mais peut-être que, par contre, ma prière va lui apporter, et à moi aussi, quelque chose d'un autre ordre : la paix, l'espérance, la force de traverser cette épreuve, un abandon plus serein, dans les bras de Dieu...

 Gandhi exprimait cela très justement, je le cite : "Prier, ce n'est pas demander ; c'est une aspiration de l'âme"... vers la confiance, vers la paix en Dieu.

Un dernier exemple : nous sommes tous désolés de ces affrontements qui déchirent la Terre sainte.  Je pense que tous, nous avons prié pour que cesse ce conflit, et qu'un jour, la paix puisse s'étendre sur la région. En priant ainsi, nous n'avons fait qu'imiter la prière de Jésus dans l'évangile de ce jour, demandant au Père : "Qu'ils soient un !" Israéliens et Palestiniens.  Comme la paix tarde à venir, l'on se dit que notre prière ne sert à rien. C'est un erreur, si j'en crois ce que révèle un article de "Ouest-France" de ce samedi, en page 2, où l'on fait allusion l'action pour la paix de l'association "Abraham Initiatives", du nom du père commun des Juifs et des Arabes : Abraham.

En Terre Sainte, il n’y a pas que des bombardements, des tirs de roquettes ou des lynchages ! Aux côtés de nombre d'autres ONG pour la paix en ce pays, "Abraham Initiatives" oeuvre en faveur d'une citoyenneté pleine et égale entre Juifs et Arabes en Israël-Palestine, tel que cela est proposé dans la Déclaration d'indépendance d'Israël. Si notre prière est assez vraie, elle pourra même avoir une dimension « politique », au sens le meilleur du terme, en renforçant aux yeux de Dieu et des hommes le camp de la paix. Alors, notre main sur le gouvernail fera que le navire « Israël-Palestine » pourra s'orienter vers la paix !  Et il est sûr que notre prière n'aura pas été sans effet !

Sachons déposer en Dieu toute notre vie et celle du monde.  Sachons prendre le temps d'écouter Dieu, et ainsi, lui laisser tenir le gouvernail de notre vie !

 

 

jeudi 13 mai 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2622 : "Dieu n'a pas d'autres mains que les nôtres." (Georges Bernanos)

 Homélie pour la fête de l'Ascension, à Longeville, puis à St Hilaire de Talmont.


Si je n'étais pas croyant, il me semble que j'aurais beau jeu pour démontrer aux chrétiens que leur foi ne repose sur rien de solide. Prenez la fête de l'Ascension par exemple ; on nous dit que Jésus a été enlevé au ciel, qu'il a disparu tout à coup, qu'il est parti on ne sait où, s'asseoir à la droite de Dieu... Où ça ?  Sur un nuage sans doute, dans un coin perdu du ciel...

Il paraîtrait qu'avant de disparaître, Jésus aurait accompli et terminé sa mission, qui consistait à bâtir un monde meilleur. Or, Jésus n'a-t-il pas échoué sur toute la ligne ?  En effet, sur notre terre, on ne voit que conflits, injustices et affrontements, tout l'inverse de ce que Jésus souhaitait....  Comme l'a constaté le poète martiniquais Aimé Césaire : "Où que nous regardions, l'ombre gagne !"

D'ailleurs, dans la ville même de Jésus, qu'on appelle pourtant la ville trois fois sainte, à Jérusalem, là où Jésus a vécu, là où il a prêché, l'on a en ce moment un bel exemple de l'échec de sa mission, avec ce conflit assez terrible en cours, entre colons juifs et Palestiniens, conflit qui entraîne de grandes souffrances et des heurts qui ont causé ces jours-ci plus de 70 morts et des centaines de blessés, y compris dans le territoire de Gaza. Si Jésus n'a pas réussi à mettre de l'ordre dans sa propre ville, à Jérusalem, avant de partir, comment voulez-vous que l'on croit en la réalité, en la réussite de sa mission ?

Chers amis, ne nous faisons pas d'illusions ! Ce que je viens d'exprimer, c'est ni plus ni moins le point de vue de nombre de nos contemporains, qui ne croient plus en Dieu... Alors, faut-il s'en lamenter ?  Je crois qu'au contraire, nous devons les remercier de nous mettre en face de nos contradictions, de nos propres interrogations ? D'où vient-il en effet qu'après 2000 ans de prédication, d'évangélisation, la personne de Jésus, le message de Jésus soit si peu reconnu et si déconsidéré ?

Notre humanité en effet semble penser, face aux misères de ce monde, que Jésus, en quittant cette terre, a abandonné les humains à leur triste sort. Que de fois l'on entend, lors de sépultures, de drames ou de catastrophes, cette interpellation terrible : "Ah ! S'il y avait un Bon Dieu..." Façon de dire que Dieu n'est pas là., car Jésus est parti, Jésus n'est plus là !

Mais c'est là qu'il nous faut pouvoir regarder les choses autrement, et mieux savoir les expliquer aussi sans doute.  Revenons au message de Jésus par exemple. Avant de quitter cette terre, il a laissé entre nos mains des pistes d'action extraordinaires, qui font l'unanimité même chez les incroyants.  Parmi tout ce que Jésus nous a dit d'assez unique, je ne citerai en exemple que les Béatitudes, qui représentent un programme de vie exceptionnel pour l'humanité : "Heureux les artisans de paix, debout ceux qui ont faim et soif de la justice", etc... De ces paroles sublimes, un non chrétien de la qualité de Gandhi, de religion hindoue, a révélé : "C'est cet enseignement qui m'a fait aimer Jésus."  

Or, si la Parole de Jésus est mise en pratique, cela ne veut-il pas dire que Jésus est toujours là ?  Non pas disparu dans les nuages, mais présent parmi nous, quoique sous une autre forme que jadis en Palestine.

Par exemple, désormais, nous ne le voyons plus en train de guérir des malades, comme jadis à Capharnaüm ou ailleurs ; mais nous pouvons le reconnaître à l'action à travers les médecins et agents de santé, qui sont si actifs et si exemplaires, durant cette période de pandémie. Où Jésus est-il ? Il y a quelques années, alors que je remerciais le chirurgien qui venait de m'opérer, celui-ci me déclara : "Je vais vous faire la réponse d'Ambroise Paré  -  pour info, Ambroise Paré, qui vécut au 16° siècle, est considéré comme le père de la chirurgie moderne  -  A. Paré, ce chirurgien génial, disait de ses malades : "Je les soigne, Dieu les guérit." 

Tiens !  Et si c'était Dieu qui agissait, qui faisait le bien, à travers les mains des soignants, comme de tous celles et ceux qui, croyants ou non, oeuvrent au service de leurs frères ?  Ceci, l'écrivain Georges Bernanos l'avait bien compris, quand il affirmait : "Dieu n'a pas d'autres mains que les nôtres !"

Et l'on pourrait multiplier les exemples de présence de Jésus, de son action, au coeur de notre société. Prenons le monde de l'écologie par exemple, si cher à nombre de nos contemporains, croyants ou non ; quelle a été la réaction de Yann Artus-Bertrand, l'une des figures emblématiques de la défense de la création, après avoir lu la lettre encyclique du pape François "Laudato si" ? "Quand j'ai lu ce texte, a-t-il révélé, je me suis senti chrétien..., bien que non croyant." Est-ce qu'une telle réaction ne nous renvoie pas à Jésus vivant et agissant ?

Retournons à Jérusalem.  Savez-vous que, sur la terre où vécut Jésus, il existe plus d'une centaine d'associations, organisations ou groupes divers formés de Juifs et d'Arabes israéliens et palestiniens qui oeuvrent ensemble pour un rapprochement entre leurs deux communautés ? Malheureusement, les médias font peu d'échos à leur action, ne nous informant qu'à propos des troubles qui dévastent la vieille ville de Jérusalem.  Mais là encore, dans le coeur de ces personnes, de religions différentes ou non croyantes qui oeuvrent pour la paix, ne peut-on pas reconnaître l'action de Jésus vivant ?  Et l’on pourrait multiplier les exemples… Non, décidément, Jésus n’est pas absent de ce monde ! 

Tout cela nous aide à mieux comprendre le sens de la fête de l'Ascension, qui se résume en un double mouvement. D'une part, Jésus quitte ce monde, mais c'est pour entrer dans la plénitude de Dieu, et nous y emmener ; dans la hauteur et dans la profondeur de Dieu, comme veut le signifier l'expression symbolique et imagée disant qu'il s'est assis à la droite de Dieu.

Mais, dans un deuxième mouvement, Jésus s'installe également, en permanence, et tout au long des âges, au plus profond de chaque homme ou femme qui, croyant ou non, agit au service de ses frères.

Et si le mal continue de sévir sur cette terre, c’est à nous désormais que Jésus a confié de le combattre, avec la force de son Esprit-Saint. Ne soyons donc ni dans la crainte ni dans la désespérance face à ce grand défi !  L’évangile nous disait tout à l’heure : « Ils pourront boire des poisons mortels, cela ne leur fera aucun mal ». Ce qui signifie qu’avec Jésus, jamais le mal n’aura le dernier mot ! Car il nous l’a promis : « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps !   Amen !  Alléluia !

samedi 8 mai 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2621 : Peut-on pardonner à un tortionnaire ?

 Homélie partagée en l'église de Grosbreuil, le dimanche 9 mai 2021.


L'homélie sera d'un style un peu particulier, en ce dimanche, et ceci pour deux raisons.  D'une part, les textes bibliques que nous offre la liturgie de ce jour sont tellement clairs, qu'ils ne demandent pas d'explication particulière : ils appellent seulement, d'abord, à ce qu'on les médite ; puis, à ce que nous les mettions en pratique, ce qui est de l'ordre du possible pour chacun de nous. 

 D'autre part, nous sommes au lendemain du 8 mai ; c'est peut-être l'occasion de partager une histoire qui a trait à la guerre de 39-45, tout en illustrant de façon magnifique ce commandement suprême que Jésus nous partage dans l'évangile de ce dimanche : "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés." A titre d'exemple, voici comment un prisonnier italien, nommé Erino Dapozzo, a su vivre ce célèbre précepte de l'Evangile, au milieu de conditions effroyables. Ecoutons-le.

"Pour avoir secouru des Juifs, je fus arrêté par la Gestapo et déporté en camp de concentration, en Allemagne. Je laissais derrière moi ma femme et quatre enfants. Le travail à la mine était terrible. Et les gardiens m'avaient cassé un bras à coups de matraque. La fracture fut laissée sans aucun soin. A ma sortie du camp, je ne pesais plus que 39 kgs, et mon corps était couvert d'ulcères.

Le soir de Noël 1944, alors que je me trouvais dans la baraque des prisonniers, le commandant du camp me fit appeler.  Lorsque je me présentai, je le trouvai attablé devant un plantureux repas de réveillon.  Il m'obligea à me tenir debout, au garde à vous, pendant le temps qu'il mangea. C'était une façon de me violenter.

Dans mon coeur, j'entendis la voix de Satan me disant : "Crois-tu toujours ce que l'on chante dans vos prières : "Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer" ?  Je me suis dit : "Oui, malgré tout, j'y crois !"

Un soldat entra, apportant une tasse de café fumant, ainsi que d'appétissants gâteaux. Le commandant me dit alors : "Tu sais, ta femme est une très bonne cuisinière.  Depuis 7 mois, elle t'envoie chaque mois un colis de pâtisseries, que j'apprécie énormément ; ils sont savoureux, avec du chocolat et tout.."

Je devinais que mon épouse et mes enfants, au cours de cette guerre, manquaient de nourriture, et que ma femme devait avoir pris, sur ses maigres rations, la farine et le beurre pour faire les gâteaux.  Cet homme se gavait donc de la nourriture dont mes enfants étaient privés !

J'eus envie de le haïr, de le maudire.  Mais je m'en remis à Dieu, et le priai en silence.  J'aurais bien aimé qu'il me donnât, ne serait-ce qu'un tout petit morceau de gâteau ; mais rien... Que des sarcasmes !

A la fin de la guerre, notre camp fut libéré. Dès cet instant, avec d'autres camarades, nous nous mimes à la recherche de de notre tortionnaire. Bien des officiers qui avaient commandé les camps de concentration avaient été fusillés, mais un certain nombre avaient pu s'échapper.  Et j'appris que mon homme avait réussi lui aussi à s'éclipser.

Pendant une dizaine d'années, avec l'aide d'autres déportés, et le soutien de diverses associations, sans relâche, nous avons poursuivi nos recherches ; jusqu'au jour où, par un heureux concours de circonstances, nous avons fini par découvrir où il se cachait : toujours en Allemagne, dans un endroit reculé, et bien entendu, sous un faux nom.

Accompagné d'un autre déporté, à l'improviste, je me rendis chez lui.  Au premier abord, il ne comprit pas de quoi il s'agissait ; et il ne sembla pas me reconnaître. Les années avaient passé... Je lui demandai alors : "Vous souvenez-vous de Noël 1944 ?"  Il me regarda intrigué. Je poursuivis : "Je suis le matricule 175."

Alors, il devint blême, dût s'asseoir, et se mit à trembler. Sa femme, près de lui, était terrorisée. Sans doute que, comme d'autres criminels nazis, il se sentait recherché !  L'ancien commandant, qui avait perdu toute sa morgue, me demanda : "Etes-vous venus... vous venger ?"  "Il y a dix ans que je vous cherche", répondis-je !

Mon camarade et moi, nous avons pris une chaise et nous sommes assis. J'ouvris le paquet que nous avions apporté. Qu'est-ce que j'allais en sortir ?  Une arme, sans doute... Notre fuyard et sa femme étaient littéralement décomposés. De ce paquet mystérieux, je sortis alors un grand gâteau, et demandai à son épouse, pas rassurée du tout, les yeux exorbités, de nous faire du café.  Ensuite, nous avons bu le café et mangé le gâteau.

Découvrant l'issue de la situation, le visage inondé de larmes, d'une voix blanche, l'homme finit par me demander pardon.  Je lui répondis que je lui avais déjà pardonné."

Fin de l'histoire.  A l'extérieur, d'autres camarades attendaient. Ils remirent l'ex-commandant à la justice, qui alors suivit son cours.  Mais le déporté avait pardonné !

Depuis près de 70 ans, un tel témoignage n'a pas pris une ride.  Si j'ai cité ce fait, plutôt que de faire un sermon classique, avec de bons sentiments, c'est parce que j'entends souvent la réflexion, y compris chez les chrétiens : "Jésus, c'est bien beau ce qu'il dit ; mais moi, ce qu'un tel m'a fait, je ne lui pardonnerai jamais."

Alors, ces belles paroles de Jésus, sur lesquelles on prêche dans les églises depuis 2000 ans, serait-ce donc un idéal impossible à réaliser ?  Bien sûr, sans doute, nous n'aurons pas à vivre des histoires comme celle-ci ; mais la différence entre ce déporté et nous, vous la connaissez ? Etait-il plus malin que nous ?  Plus courageux que nous ?  Ce n'est pas sûr du tout.  Par contre, Erino, lui, a pris beaucoup plus de temps que nous, peut-être, du temps pour méditer cet appel de Jésus, pour s'en nourrir, pour s'en imprégner. Et c'est certainement ce lien intime avec Jésus qui lui a permis de vaincre le virus terrible de la haine.

Jésus compte sur nous, pour que nous le laissions ainsi agir dans notre vie : "Demeurez dans mon amour..., afin que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure."   Amen !   Alléluia !

mercredi 5 mai 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2620 : "Faire la paix avec l'idée de sa mort"

Récemment, j'ai eu la joie de donner le Sacrement des malades à un couple de paroissiens. Je leur avais demandé s'ils pouvaient mettre par écrit, en vue de cette cérémonie, ce qu'ils ressentaient par rapport à cet assaut de la maladie qui commençait à les fatiguer sérieusement. J'ai été bluffé par la qualité de leur témoignage, que je me fais un honneur de vous partager.

 

"En nous préparant à recevoir le sacrement des malades, on réalise qu’on est mortels ; on est

confrontés à notre propre fin, mais ce n’est pas grave !  Car si on a fait la paix avec l’idée de sa mort,                                                                                                                                                         on sait que Dieu est présent de manière permanente et on est en présence de ceux qui sont  déjà 

partis.

Paix avec soi-même, paix avec Dieu, paix avec ses proches !....

Le sacrement des malades, nous avons voulu le vivre avec des amis très chers, qui sont présents. 

Mais aussi en prière commune avec nos enfants, nos frères et sœurs, la famille et quelques personnes 

proches.

C’est un moment de réconciliation avec nous-mêmes, avec Dieu !

Alors que la maladie apporte souffrance et inquiétude, et qu'elle peut entamer le goût de vivre, le 

sacrement. rappelle la dignité de chacun.

 Nous attendons de ce sacrement un signe de la tendresse de Dieu ; il permet la réconciliation du 

malade avec lui-même."

 

Et nous, comment nous situons-nous, face à l'éventualité de la mort ?

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Comme vous l'avez remarqué, l'écran me fatiguant les yeux, il m'est difficile de vous proposer plus de deux billets par semaine.  Je m'en tiens donc à l'homélie du dimanche, que de toute façon je dois rédiger, et à un seul autre billet, en milieu de semaine.

Merci de votre compréhension ! 

 

 

dimanche 2 mai 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2619 : Sommes-nous rattachés au Christ ensemble ?

Homélie de ce 5° dimanche de Pâques en l'église de Jard-sur-Mer.

 

Vous savez sans doute que la participation à la messe dominicale, en France, a baissé d'environ un tiers, lorsque les messes ont pu reprendre dans les églises, à la fin du premier confinementParmi les personnes qui ne sont pas revenues, pour beaucoup, il y avait la crainte d'attraper le virus.  Tandis que d'autres ont trouvé que les messes à la télé n'étaient pas si mal ; et parfois même, plus agréables et aussi priantes que celles qu'ils vivaient dans leurs églises paroissiales.

C'est peut-être vrai.  Cependant, quand nous faisons un skype en famille, avec mes frères et soeurs, chaque fois nous nous redisons que c'est déjà pas mal de se retrouver ainsi : faute de mieux, et pas besoin de se déplacer. Mais quand même, il nous semble toujours regrettable de ne pouvoir nous retrouver en chair et en os, pour vivre une vraie rencontre, et ne plus nous contenter d'apéros virtuels ! 

De la même façon, faire le choix de participer à la messe dans sa paroisse, c'est sortir de soi, c'est faire une démarche vers nos frères et soeurs baptisés, pour, avec eux, nous tourner, ensemble, vers Dieu.  En le chantant ensemble, en nous reconnaissant pécheurs ensemble, en écoutant sa Parole ensemble, et en faisant procession ensemble pour recevoir le Pain de vie ; au lieu de nous contenter de suivre par exemple le rite de la communion sur un écran, assis au fond du divan dans notre salon.

Mais si vous êtes là en ce jour, c'est que tout cela, vous l'avez bien compris ; et qu'il est mieux sans doute de laisser la messe à la télé aux personnes particulières pour lesquelles elle est prévue en priorité ; à savoir, celles et ceux qui ne peuvent se déplacer, parce que âgés, ayant de la peine à se déplacer, se trouvant en Ehpad, à l'hôpital, malades, ou en prison. Ou aussi parfois, lors de circonstances particulières, familiales ou autres, qui nous empêchent, ponctuellement, de rejoindre la communauté paroissiale.

L'un des obstacles, c'est que nous vivons dans une société individualiste, dans laquelle, maintenant, sauvegarder son indépendance, faire ce qui me plaît à moi, y compris au plan de la pratique religieuse, semble être la valeur suprême.  Si je viens à l'église, je constate qu'il y a des choses qui me gênent, des personnes que ne n'apprécie pas ou des façons de faire avec lesquelles je ne me sens pas à l'aise. Donc, par la suite, je décide de rester chez moi. J'ai même entendu des personnes, rares, heureusement, me dire : "je prie mieux chez moi, devant la messe à la télé, qu'à l'église !"  Qu'en pensez-vous ?  Vous ne trouvez pas ça triste ?

Avec le risque en effet que le sarment qui se détache du cep de vigne ne puisse plus porter de bons fruits, mais seulement de petites grappes fluettes, n'arrivant pas à mûrir, car mal irriguées, et finissant par se dessécher.  L'image d'un sarment rattaché tout seul au cep de vigne, coupé des autres sarments, qu'est-ce que cela peut bien produire de bon ?  Il n'est pas facile, il n'est pas naturel, il n'est pas sain de vouloir être croyant tout seul. 

Comme c'est aujourd'hui, 1° mai, la fête des Travailleurs, permettez-moi de prendre un exemple dans ce milieu.  Le fondateur de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne), l'abbé Joseph Cardjin, devenu par la suite cardinal, répétait sans cesse à ses jeunes militants jocistes : "Un jeune travailleur isolé est un jeune travailleur perdu".  De la même façon, un croyant isolé est un croyant en danger !

Bien sûr, il ne s'agit pas de jeter l'opprobre sur les paroissiens, et nous en connaissons, qui ne s'y retrouvent pas dans nos célébrations et n'y viennent plus. Cela doit même nous interroger !  Tout en nous rappelant qu'une famille qui ne se retrouverait plus que par skype ou écran interposé, mériterait-elle encore le beau nom de famille ?  Eh bien, il en est de même de la famille Eglise.

Ici, dans cette église, les uns près des autres, nous formons un seul et même corps. Je vous invite à imaginer notre assemblée comme formant une vigne immense, dans laquelle tous les sarments que nous sommes sont accrochés au cep, le Christ ; et cela, tout en étant solidement reliés les uns aux autres, bien au-delà de tout ce qui, humainement, pourrait nous distinguer : le lieu de naissance, l'âge, les goûts, les choix politiques, etc. 

Et qu'est-ce que nous constatons ?  Des sarments ont préparé l'église, un sarment nous a accueilli à l'entrée, d'autres sarments animent les chants, les lectures, les services divers, un sarment célèbre en notre nom à l'autel, d'autres nous partageront la communion... J'ai des sarments devant moi, derrière moi, partout ici. C'est tout cela qui constitue la vigne du Seigneur, une vigne qui n'a rien de virtuel !

 Face à cela, rien, pas même le prédicateur le plus réputé lors de la messe à la télé, ni l'écran le plus performant, ne pourra remplacer le regard fraternel que nous échangeons, au moment si symbolique du geste de paix !

En venant à l'eucharistie, nous prenons un peu de ce temps qui nous est si précieux pour nous rebrancher sur le cep, et nous laisser irriguer par la sève du Christ. C'est à cette condition seulement que nous allons pouvoir porter du fruit, affronter positivement les difficultés de la vie.

Un exemple en terminant : sur l'une des paroisses du doyenné, un jeune couple vient d'avoir un premier enfant ; mais celui-ci est né avec un grave handicap, et si l'on veut qu'il survive, il va falloir lui faire sans tarder, déjà, une opération du coeur. De quoi, pour ces jeunes parents, sombrer dans la tristesse, se révolter contre Dieu.

Cependant, ils ne se sont pas laissés enfermer dans la peur ; ils ont une confiance totale au Seigneur, quoi qu'il arrive.  D'où cette force leur vient-elle ?  Très fidèles à l'eucharistie dominicale, à la prière au sein de leur couple, cela n'a pas supprimé leur angoisse ; mais on sent que la sève du Christ circule en eux, et ils ont de la lumière dans les yeux. Tous autour d'eux sont impressionnés par leur courage ; c'est sans doute cela, porter du fruit !

Il peut en être de même, pour chacun des sarments que nous formons !   Qu'il en soit ainsi !     Amen !