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Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



dimanche 16 mai 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2623 : A quoi ça sert de prier ?

 Homélie du 7° dimanche de Pâques, à Jard-sur-Mer.

 

L'évangile vient de mettre sous nos yeux Jésus, non pas en train de faire un discours, ou de réaliser un miracle ; mais en prière, les yeux levés vers le ciel, parlant à son Père.  Ah bon !  Parce que Jésus aussi priait ??? Oui, Jésus prend le temps de se confier au Père, comme nous le faisons en notre particulier, mais aussi, à la messe lors de nos prières universelles ; Jésus confie à son Père ses soucis, ses inquiétudes, et ses intentions de prière.  Il y avait de quoi : c'était le soir du Jeudi-Saint, et la situation alors n'était pas drôle pour son matricule.

Le but de cet évangile, en nous donnant à contempler Jésus en prière, c'est de nous proposer de regarder où nous en sommes, chacun de nous, par rapport à notre propre façon de prier, et à notre relation personnelle, aimante, avec le Seigneur.

Je vous livre un exemple. Hier, dans un Ehpad, je suis allé visiter une dame de 98 ans, en fauteuil roulant, mais qui a encore toute sa tête. Sur sa table, de nombreuses photos de sa famille, et le numéro de mai de la revue "Prions en Eglise". Elle m'a raconté de quoi était faite sa journée. Voici ce qu'elle m'a partagé :

"Le matin, je prends mon café ; puis, je lis le journal ; pas tout quand même, mais je m'intéresse aux nouvelles.  Ensuite, je prends mon petit "Prions en Eglise", et je lis les textes de la messe du jour. C'est ma prière. Quand je ne comprends pas, je demande à l'Esprit-Saint de m'aider ; puis, je relis les textes, et ça me fait du bien. J'aime bien les psaumes. Et je prie pour le monde entier. Il n'y a pas longtemps que je fais ça, mais j'ai entendu dire que des personnes priaient pour le monde entier. Cette idée m'a plu, et j'ai décidé d'en faire autant."

 A plusieurs reprises, elle m'a répété qu'elle priait pour le monde entier !  J'ai été frappé par la conviction avec laquelle elle me disait cela. "Oh, a-t-elle continué, ça ne sert peut-être pas à grand chose, mais je fais ce que je peux."  A la façon du petit colibri, ai-je pensé alors.  Vous connaissez cette légende amérindienne : alors que la forêt amazonienne est en feu, tous les gros animaux s'enfuient pour échapper à l'incendie ; le petit colibri, lui, jette sur le feu les gouttes d'eau qu'il est allé recueillir dans le fleuve voisin. Un éléphant lui dit : "Ce n'est pas que tu crois que tu vas éteindre l'incendie avec tes trois gouttes d'eau ?" Et le colibri de répondre : "Moi, je fais ma part, pour sauver la forêt !"

Eh bien, si nous tous, les chrétiens, et moi y compris, nous prenions vraiment le temps de prier pour le salut du monde, celui-ci irait peut-être mieux... C'est St Jean Chrysostome, évêque de Constantinople au 4° siècle, qui disait : "L'homme qui prie a la main sur le gouvernail du monde."

A l'âge où nombre de personnes pensent ne plus être bonnes à rien, voici qu'une femme de 98 ans, en fauteuil roulant, a la main sur le gouvernail du monde, par sa simple prière !  N'est-ce pas renversant comme situation ?

Oui mais, trop nombreux sont ceux qui doutent de la valeur, de l'utilité de la prière. Combien de fois j'ai rencontré des personnes me disant par exemple : "Ah moi, quand j'étais petite, j'étais très croyante ; mais, ma grand-mère est tombée malade. J'ai mis des cierges, j'ai beaucoup prié pour qu'elle ne meurt pas, mais elle est quand même décédée. Ma prière n'a servi à rien...  A présent, je ne crois plus en Dieu."

Que peut-on dire en effet, face à la souffrance et à la mort ?  Cependant, cela nous invite à réfléchir à la conception que nous avons de nos rapports avec Dieu :  je te donne ma prière, et en échange, tu empêches telle personne que j'aime de mourir.  Mais cela est-il concevable ? Dieu est-il à notre service ? Est-ce que nous prions pour domestiquer Dieu, pour le faire changer d'avis ?  Pour qu'il fasse ce qu'on lui demande ?

Il y a une réflexion de St Augustin qui est très éclairante à ce sujet : "Nous ne prions pas Dieu pour l'instruire, mais pour nous construire."  Autrement dit, la prière, ça ne consiste pas à dire à Dieu : "attention, n'oublie pas de sauver ma grand-mère qui est malade" ; même si, bien sûr, on a le droit de le lui demander.  Jésus a dit en effet, et cela nous est rappelé opportunément dans l'évangile de la messe en semaine de ce samedi 15 mai : "Demandez, et vous recevrez."

Mais qu'est-ce qu'on recevra ?  Exactement ce qu'on lui a dit, sinon ordonné de nous donner ?  Pas forcément ; mais la prière nous invite à une attitude plus profonde. Je m'explique : peut-être que ma grand-mère ne va pas guérir. Mais peut-être que, par contre, ma prière va lui apporter, et à moi aussi, quelque chose d'un autre ordre : la paix, l'espérance, la force de traverser cette épreuve, un abandon plus serein, dans les bras de Dieu...

 Gandhi exprimait cela très justement, je le cite : "Prier, ce n'est pas demander ; c'est une aspiration de l'âme"... vers la confiance, vers la paix en Dieu.

Un dernier exemple : nous sommes tous désolés de ces affrontements qui déchirent la Terre sainte.  Je pense que tous, nous avons prié pour que cesse ce conflit, et qu'un jour, la paix puisse s'étendre sur la région. En priant ainsi, nous n'avons fait qu'imiter la prière de Jésus dans l'évangile de ce jour, demandant au Père : "Qu'ils soient un !" Israéliens et Palestiniens.  Comme la paix tarde à venir, l'on se dit que notre prière ne sert à rien. C'est un erreur, si j'en crois ce que révèle un article de "Ouest-France" de ce samedi, en page 2, où l'on fait allusion l'action pour la paix de l'association "Abraham Initiatives", du nom du père commun des Juifs et des Arabes : Abraham.

En Terre Sainte, il n’y a pas que des bombardements, des tirs de roquettes ou des lynchages ! Aux côtés de nombre d'autres ONG pour la paix en ce pays, "Abraham Initiatives" oeuvre en faveur d'une citoyenneté pleine et égale entre Juifs et Arabes en Israël-Palestine, tel que cela est proposé dans la Déclaration d'indépendance d'Israël. Si notre prière est assez vraie, elle pourra même avoir une dimension « politique », au sens le meilleur du terme, en renforçant aux yeux de Dieu et des hommes le camp de la paix. Alors, notre main sur le gouvernail fera que le navire « Israël-Palestine » pourra s'orienter vers la paix !  Et il est sûr que notre prière n'aura pas été sans effet !

Sachons déposer en Dieu toute notre vie et celle du monde.  Sachons prendre le temps d'écouter Dieu, et ainsi, lui laisser tenir le gouvernail de notre vie !

 

 

3 commentaires:


Geneviève a dit…

Quelle belle homélie !Je viens juste apporter ma petite part !
En lisant l’homélie de ce jour, j’ai fait le rapprochement avec l’échange entre la sœur et le frère dominicains de Théodom de mercredi dernier. En deux mots, il y était question de la permanence de Dieu…. Dieu ne change pas…donc qu’en est-il de l’utilité de la prière des hommes ?
Ils font référence en particulier à l’épisode où Abraham négocie avec Dieu le sort des justes de Sodome que Dieu veut détruire. Et voilà leur conclusion :
« Le Seigneur s’engage à ne pas détruire Sodome s’il s’y trouve dix justes. On peut légitimement penser que Dieu, qui est juste et miséricordieux, avait comme projet de sanctionner les pécheurs, mais pas les justes, et que cela se ferait à la prière d’Abraham. C’est beau cette confiance que Dieu nous fait ! - Oui, et en même temps, quelle responsabilité ! Elle est bien juste cette parole du Christ : « Veillez donc et priez en tout temps. » (Lc 21, 36)
Comme la prière d’Abraham, notre prière est donc nécessaire… tout comme il a besoin de nos mains (cf blog précédent), il semblerait donc que Dieu a aussi besoin de nos prières… ! Prières qui, bien sûr, ne peuvent se terminer que par ces mots « que ta volonté soit faite ».
Que l’Esprit Saint nous permette toujours de nous ouvrir à l’universel comme cette jeune chrétienne de 98 ans dont tu nous parle dans l’homélie de ce jour !

Denise a dit…

Ce thème sur la prière rejoint aussi l'invitation du pape François qui appelle tous les fidèles catholiques du monde entier à s'unir à un "marathon de prière" pour demander la fin de la pandémie de Covid 19.
Depuis le 1er mai, 30 sanctuaires mariaux, choisis par le pape, prient chaque soir le Rosaire. Ils portent à tour de rôle ce marathon de prière. Le 18 mai, c'est le sanctuaire de Lourdes qui constituera un maillon de cette chaine dans ce jour spécialement organisé à cet effet.
L'intention portée par le chapelet de Lourdes sera pour le personnel soignant.

Olivier Gaignet a dit…

En finale de l'homélie, je signalais qu'il y a de nombreuses associations qui, en Israël-Palestine, oeuvrent pour la paix.
Dans le même sens, sur le journal "La Croix" de ce lundi 17 mai, en page 11, Nicolas Rouger, de Tel-Aviv, précise ceci : "Palestiniens et Israéliens sont condamnés à vivre ensemble. Sur le terrain, plus de 200 organisations oeuvrent au quotidien en faveur de la paix." Soutenons ce camp de la paix !