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Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



lundi 30 novembre 2015

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.894 : Et si la société française était en train d'évoluer ?

Suite aux terribles attentats qui viennent de marquer notre pays, nous avons tous pu constater certains changements - non éphémères, souhaitons-le - au sein de la société française.
En fait, face à certaines évolutions, je n'en crois pas mes yeux !
En voici quelques-unes, tout à fait en vrac d'ailleurs :
-  Jean-François Bouthors, éditeur et écrivain, a pu dire, dès le 16 novembre : "La folie du 13 novembre nous a appris, dans notre chair, ce qu'ont vécu les réfugiés qui affluent des pays où le terrorisme et la guerre ne frappent pas quelquefois dans l'année, mais tous les jours, ce qui a poussé ces hommes, ces femmes, ces enfants sur les chemins d'un exil terriblement éprouvant." Reste maintenant, pour nos gouvernants et nous-mêmes, à passer à l'acte, pour accueillir plus largement ces réfugiés. Et, poursuit J-F Bouthors, "Puissent nos politiques comprendre cela, en France en en Europe. S'ils ne le faisaient pas, les morts du 13 novembre se trouveraient insultés."
-  autre évolution : l'on entend de plus en plus de Français dire qu'il ne suffit plus de bombarder Daech ; d'ailleurs, il y a des bombardements depuis deux ans, et ça n'a rien changé ! Si l'on veut résister à Daech, il faut réfléchir en profondeur sur ce que nous sommes, sur nos projets de société, sur la place que nous accordons au fait religieux et à sa compréhension, sur nos façons de nous situer par rapport au reste du monde, etc... Continuer à s'asseoir à la terrasse d'un café ou à aller au spectacle, OK ; s'engager dans la police ou l'armée, pourquoi pas ?  Mais où sont les vocations d'éducateurs, d'intervenants sociaux, en nombre et avec des moyens suffisants, pour empêcher que la graine djihadiste se développe sur notre planète ? Evolution : des gens, chez nous commencent à se demander comment donner une réponse qui soit vraiment à la hauteur, face au grand défi que nous lance Daech. 
-  il paraît que les Parisiens recommencent à se parler !  C'est assez étonnant, si j'en crois mon expérience pour avoir vécu six ans à Paris.  Je trouve que c'est une très belle avancée, et je fais une prière pour que cela dure plus longtemps que les émotions après le 11 janvier.
-  bravo aussi aux médias qui, avec trop de retard, donnent enfin - un peu  - la parole aux personnes de tradition musulmane vivant dans notre pays ; imams, philosophes, responsables d'associations, sociologues, ces jours derniers, nous ont apporté un grand souffle d'air frais, en nous aidant à comprendre enfin que ce n'est pas l'Islam qui se radicalise, mais que des personnes sans conscience prennent prétexte de l'Islam comme d'une couverture de leur radicalisation et de leurs actes déments.
-  j'aurais bien d'autres signes d'évolutions à partager, mais la place me manque. J'en retiens une dernière, qui m'a proprement stupéfait : c'est la redécouverte du drapeau français !  Et par des personnes parfois haut placées qui, il y a peu d'années encore, ricanaient devant ce symbole de la République. Il est vrai que, d'après la sagesse populaire, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Je me réjouis de cette avancée !  Mais la COP 21, qui voit environ 200 drapeaux rassemblés, nous apprend une chose : c'est qu'un drapeau isolé ne peut suffire à ouvrir le coeur de nos concitoyens !  Comme j'aurais aimé que, lors de l'hommage national du vendredi 27 novembre, il soit fait plus qu'allusion aux autres nations victimes, aux autres drapeaux bafoués !  Lisez à ce sujet le commentaire d'Eliane en lien avec ce billet.
Je fais un acte de foi : je fais confiance à la France, pour continuer d'évoluer vers toujours plus d'ouverture et d'universelle fraternité !
Quitte à ajouter aux frontons de nos mairies, pour que tout le monde s'en souvienne :" Liberté universelle, Egalité universelle, Fraternité universelle" !

samedi 28 novembre 2015

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.893 : Caïn vient encore de tuer Abel !

Vendredi 13 novembre, en Tunisie, quelques heures avant les attentats de Paris, dans une zone montagneuse située dans le centre-ouest, délaissée depuis trop longtemps, des jihadistes, dignes émules de l'antique Caïn, ont décapité un petit berger de 16 ans qui gardait ses brebis.
Honneur aux rares médias qui ont pris le temps de faire écho à ce crime affreux, qui bouleverse les Tunisiens.
Et voilà que se renouvelle une fois de plus, comme si la terre était condamnée à ne jamais pouvoir s'en sortir, l'histoire terrible de Caïn et Abel ; l'histoire de la lutte à mort de l'homme contre lui-même ; avec ce fait tragique qui semble placer la violence comme un facteur décisif de notre histoire, au tout début de celle-ci.
Le nom de cet Abel tunisien : surtout, il faut prendre le temps de l'entendre, de le laisser résonner au plus profond de notre coeur : Mabrouk al-Soltani.
"Alors, Yahvé dit à Caïn : "Pourquoi es-tu en colère, pourquoi ton visage est-il si dur ?  Si tu fais ce qui est bien, tu pourras relever la tête ; mais si tu n'agis pas bien, le péché est couché devant ta porte, prêt à se jeter sur toi ; c'est à toi de le dominer." (Genèse 4/6-7)
Les jihadistes, qui sont tout sauf musulmans, n'ont pas entendu ce conseil d'en-Haut !
"Caïn dit à Abel son frère : "Allons dans la campagne. Et, comme ils étaient dans la campagne, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua." (Genèse 4/8)
Les jihadistes sillonnaient la montagne ; ils rencontrèrent Abel, qui gardait ses brebis. Accusé bien à tort de renseigner les soldats, totalement absents de la région, il fut assassiné parce qu'il avait refusé de remettre ses bêtes aux jihadistes.
L'histoire serait-elle un perpétuel recommencement ?  La spirale de la violence serait-elle sans fin ?
Dieu merci, la révélation biblique nous apprend qu'il n'en est rien !  Et que si le grand Caïn humain a tué le nouvel Abel, c'est-à-dire, le Bon Berger, le Christ, cela ne fut en rien la fin.
Car la résurrection de Jésus nous a appris que ni le mal, ni la mort, ni les jihadistes, ni la haine, ni la violence n'auraient le dernier mot.
Mais quand cela finira-t-il ?  Quand Caïn cessera-t-il de tuer son frère ?  Lorsque l'humanité sera parvenue enfin à "dominer le péché couché devant la porte, prêt à se jeter sur elle", pour paraphraser l'appel de Dieu à Caïn.
Ah, si tous les Caïn du monde, nous y compris, pouvions écouter ce conseil unique !
Mabrouk al-Soltani pourrait alors, sans crainte, paître ses brebis dans le grand jardin que Dieu nous a légué, à nous tous, ses enfants !
Juifs, chrétiens, musulmans, bouddhistes, non croyants... : tous, ses enfants !

vendredi 27 novembre 2015

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.892 : Hommage à TOUS nos morts


Je voudrais vous offrir ce poème de Charles Péguy, dédié à Saint Geneviève,    patronne de la ville de Paris.
Poème que divers médias, dont France-Inter encore ce vendredi matin, ont évoqué à propos des récents attentats.
Comme un appel à l'espérance face aux hordes de loups qui veulent détruire Paris et notre planète.

Comme elle avait gardé les moutons à Nanterre,
On la mit à garder un bien autre troupeau,
La plus énorme horde où le loup et l’agneau
Aient jamais confondu leur commune misère.

Et comme elle veillait tous les soirs solitaire
Dans la cour de la ferme ou sur le bord de l’eau,
Du pied du même saule et du même bouleau
Elle veille aujourd’hui sur ce monstre de pierre.

Et quand le soir viendra qui fermera le jour,
C’est elle la caduque et l’antique bergère,
Qui ramassant Paris et tout son alentour

Conduira d’un pas ferme et d’une main légère
Pour la dernière fois dans la dernière cour
Le troupeau le plus vaste à la droite du Père


130 morts en France, c'est infiniment trop !
Il est bon que chacun de leur nom soit égrené en ce jour.
Nous y sommes très sensibles, et heureusement, car, comme disait Staline, lequel s'y connaissait : "La mort d'un seul homme, c'est une tragédie ; mais, ajoutait-il, la disparition de millions de personnes, c'est une statistique."
Nos amis Italiens, dans plusieurs villages du sud de la botte, ne s'y sont pas trompés, qui s'investissent totalement, quand on rapporte dans leur village les corps de réfugiés noyés, se mettent en quatre pour découvrir leur identité, et leur offrir sur le terrain de leur commune une sépulture à leur nom.
S'il nous est impossible d'en faire autant, et bien difficile d'égrener les noms et prénoms de toutes les victimes d'aujourd'hui, rien ne nous empêche de leur rendre un hommage solennel également, dans le respect et la prière, aux côtés des morts des attentats de Paris.
Portons dans notre coeur, sans les oublier :
-  les 3.000 morts en Méditerranée de janvier à septembre 2015
-  les plus de 250.000 morts de la guerre en Syrie depuis le début de la révolte en mars 2011
-  les 5 à 600.000 victimes de la guerre en Irak de 2003 à 2011
-  les 220.000 morts en Afghanistan, 80.000 au Pakistan, etc..., tous ceux dont ne parle jamais
Puisse notre drapeau bleu-blanc-rouge les accueillir et les envelopper de notre compassion et les unir dans un même souvenir !

mercredi 25 novembre 2015

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.891 : Fraternité "nationale" (FN) ? Ou Fraternité Universelle ?

Mais où va donc la France ?  J'avoue être de plus en plus désarçonné par l'attitude qui prévaut dans notre pays en ce moment ! Quelle victoire pour le Front National, que de voir nos concitoyens se replier sur eux-mêmes, pleurer seulement sur les attentats qui les touchent ici, tandis que nos dirigeants, en partie par peur du FN, à l'inverse de l'Allemagne généreuse, "tolèrent" l'arrivée de 30.000 Réfugiés seulement sur le sol français. Alors que ces Syriens, Erythréens et autres, ne viennent pas chez nous pour nous piquer notre boulot et notre fric, mais parce qu'il y a un attentat de Paris chez eux chaque jour, et parfois même plusieurs fois par jour, dans leur pays ! Et nous, on ne peut pas les recevoir ; on n'en a pas les moyens, "vous le savez, bien mon bon môssieu !" assure-t-on, la main sur le coeur.
Et voilà que, maintenant, tout le monde se met à acheter un drapeau bleu-blanc-rouge, à placer sur sa fenêtre. Je n'ai rien contre notre drapeau, mais j'ai l'impression que, dans le contexte, ce drapeau va signifier qu'ici, on est chez nous ; une façon de marquer notre territoire !  Par Toutatis, on est Français ou on ne l'est pas !
Qu'elle aurait été belle, la grande cérémonie d'hommage ("national" bien sûr), prévue vendredi je crois, si on en avait fait une Cérémonie (avec un grand "C") d'hommage à toutes les victimes du terrorisme ; françaises, évidemment, mais aussi tunisiennes, syriennes, maliennes, etc... Mortes sous les bombes, ou suite à des attentats, ou par cause de noyade dans le cimetière marin méditerranéen.
Par rapport à mes réactions en ce moment, quelqu'un m'a posé la question suivante : "Mais pourquoi, sans arrêt, alors que les Français vivent un moment dramatique, toujours, tu ramènes tout à l'étranger ?"  Au lieu de prendre cela comme un reproche, j'y ai ressenti un appel !  C'est vrai que le fait d'avoir vécu neuf ans au Mali, cela peut aider à pleurer les cinq Maliens assassinés avec plus d'attention et de douleur, alors qu'ils ont été quasiment oubliés par les médias occidentaux.  De même, le fait d'avoir circulé en Afrique du Nord m'a rendu plus sensible à la désolation ressentie par les Tunisiens accablés par terois récents attantats. D'autre part, avoir traversé la Turquie à quatre reprises, avec les moyens du bord, cela m'a appris que le peuple turc, Kurdes y compris, est d'une hospitalité sans pareil.  Quant à la souffrance des Russes suite à la destruction d'un de leurs avions en plein vol, cela m'a sans doute été plus facile de la partager en repensant à mes amis russes rencontrés jadis au Mali où ils étaient très présents, comme à l'accueil qu'ils m'ont accordé lors d'un passage à Moscou.
Tout cela pour dire que,  je commence à comprendre pourquoi trop de Français ont tant de peine à s'ouvrir à l'étranger comme à pleurer sur les victimes non Françaises : soit c'est parce qu'ils n'ont jamais rencontré d'étrangers, de même que beaucoup n'ont jamais parlé à un musulman ; soit, et c'est plus grave, parce que, lorsque se pose la question : "laisserons-nous à notre table un peu de place à l'étranger ?" leur manque d'ouverture et d'esprit fraternel les amène, de façon anti-évangélique, à répondre non !
Ah ! Si le drapeau bleu-blanc-rouge, tout en jouant pleinement son rôle de drapeau national, pouvait enfin devenir, à l'image du vêtement partagé de St Martin, comme un immense manteau sous lequel pourraient se réfugier sans crainte tous les damnés de la terre !  Combien alors, je serais fier de notrre nation !
"Dieu n'a jamais construit de murs !"   Victor Hugo avait raison !

mardi 24 novembre 2015

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.890 : Pray for Tunis, pray for Bamako, pray for Alep...

"Pleure, ô Tunisie bien-aimée !"
Tu as été si souvent blessée dans ta chair et dans ton âme, en cette "annus horribilis" !
Un tireur a abattu 38 personnes sur une plage et dans un hôtel à Sousse le 28 juin.
Le 18 mars, plusieurs individus avaient tué 21 touristes au musée national du Bardo, à Tunis.
Et aujourd'hui, un attentat vient de causer la mort de 12 personnes dans un bus de la sécurité présidentielle.
Mais où et quand cela va-t-il s'arrêter ?
En France, dans la foulée des attentats de Paris et de St Denis, le slogan "Pray for Paris" a inondé les réseaux sociaux.
Tous vont sans doute en faire autant afin de prier aussi pour Tunis, pour Bamako, pour Mossoul, pour Alep et autres lieux si atteints par des attentats, ou plongés en permanence au coeur d'un conflit vécu au quotidien.
Toutes ces populations comptent sur notre solidarité et notre prière.
Permettez-moi de vous citer cette lettre d'un lecteur de "La Croix", parue hier : "J'éprouve le besoin de vous faire partager ce que j'ai dans le coeur comme sentiment après ces attentats. Ce que j'éprouve, c'est ce qu'Etty Hillesum, jeune juive hollandaise morte à Auschwitz, écrivait en 1942 dans son Journal "Une vie bouleversée". Ce texte d'une brûlante actualité.
"On a parfois du mal à concevoir et à admettre, mon Dieu, tout ce que tes créatures terrestres s'infligent les unes aux autres en ces temps déchaînés.  Mais je ne m'enferme pas pour autant dans ma chambre, mon Dieu, je continue à tout regarder en face, je ne me sauve devant rien, je cherche à comprendre et à disséquer les pires exactions, j'essaie toujours de retrouver la trace de l'homme dans sa nudité, sa fragilité, de cet homme bien souvent introuvable. Enseveli parmi les ruines monstrueuses de ses actes absurdes... Je regarde ton monde au fond des yeux, mon Dieu, je ne fuis pas la réalité pour me réfugier dans de beaux rêves - je veux dire qu'il y a place pour de beaux rêves à côté de la plus cruelle réalité - et je m'entête à louer ta création, mon Dieu, en dépit de tout !"


dimanche 22 novembre 2015

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.889 : Réaction d'une fidèle de ce blog

 Depuis que j'ai repris un peu plus régulièrement la publication de billets sur ce blog, le nombre de lecteurs se multiplie, je reçois de nombreuses réactions, que ce soit par mail, ou de vive voix localement. Parfois, je me dis que cela vaudrait le coup de vous les partager, mais je ne sais pas toujours si les personnes accepteraient que leurs remarques soient publiées, et pas de façon anonyme évidemment. Quand elles m'écrivent, qu'elles n'hésitent pas à me faire savoir si elles donnent le feu vert pour que je publie leurs commentaires sur ce blog. A titre d'illustration, voici la réaction d'Eliane, bien connue à Fontenay-le-Comte, en Vendée et au-delà, telle que je l'ai reçue hier soir.  Merci Eliane ! 

Bonsoir,

Juste un petit mot pour réagir à votre dernier message sur votre blog ; depuis cette tragique soirée,je ne cesse de tenir le même discours que vous....Personnellement, j'avais beaucoup pensé aux victimes de l'avion et du Liban.....Et je dis espérer que nos concitoyens vont peut-être comprendre maintenant pourquoi beaucoup d'êtres humains quittent leur pays et pas de gaieté de coeur.

Je comprends que les Parisiens aient été bouleversés, mais ils ont vécu cette scène épouvantable une fois (et j'espère que ce sera la dernière), alors que le Moyen-Orient et bien d'autres pays la vivent plusieurs fois par jour et tous les jours.......

Personnellement, 130 morts, c'est horrible et je suis conscient qu'un être humain a la même valeur quelle que soit son origine, mais c'est quand on voit tous ces visages jeunes, leur CV, leur joie de s'engager dans la vie, les familles en deuil qu'ils laissent, c'est là que c'est poignant......Quand ils sont personnalisés, c'est là qu'on réalise....Or, les morts à l'étranger ne sont jamais personnalisés par les médias et ce ne sont que des chiffres, et c'est pour cela je crois qu'on s'habitue à l'indifférence.

Plusieurs fois j'ai voulu réagir à vos messages car je partage totalement vos opinions en général, mais je n'en prends pas le temps....

Avec toutes mes amitiés et bravo pour ce que vous semblez avoir su susciter dans votre paroisse.

Eliane

samedi 21 novembre 2015

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.888 : "Kiss the Devil" (Embrasse le diable)

Depuis le début de la semaine, l'info circulait sur les réseaux sociaux, mais je n'osais pas y croire ! On savait que le groupe qui se produisait au Bataclan portait le nom sublime de "Eagles of Death Metal" (les Aigles de la Mort métallique).  Je connaissais déjà l'existence de ce groupe, à cause de ce nom qui me semblait quand même un peu bizarre, mais sans plus.
Cependant, là où ça devient hallucinant, c'est quand on découvre ce que "Ouest-France" précise dans son édition de ce samedi 21 novembre, sur une pleine page, la dernière ; j'en cite un extrait :
"Ce soir-là, 1 500 personnes se massent devant le groupe de rock "garage" californien, Eagles of Death Metal. Le concert a commencé depuis 45 minutes. Le titre "Kiss the Devil" résonne. Les djihadistes entrent par les portes principales. Le piège se referme."
Après avoir proclamé : "On vous aime, Paris", le groupe entamait cette chanson où figurent les paroles suivantes : "I meet the Devil and this is this song" (Je rencontre le diable et ceci est sa chanson).  C'est à ce moment, précise "Ouest-France, qu'a commencé la fusillade. Selon un commentaire que l'on m'a fait suivre, "les chanteurs ne pensaient pas être entendus aussi vite par celui qu'ils invoquaient !"
"Le Monde", "Le Figaro", etc, ont rendu compte de tout cela. "Gala" est encore plus clair : "Les musiciens de ce groupe, toujours prompts à rire de tout, ne rigolent plus. Ils trouvaient sans doute très drôle le texte de leur chanson : "Who'll love the Devil ? Who'll love his song ? I will love the Devil and his song" (Qui aimera le diable ? Qui aimera sa chanson ?  J'aimerai le diable et sa chanson). Et il paraît que c'est de l'art !
Toujours dans le même article, et comme pour illustrer cette réalité, la réflexion de ce policier n'en croyant pas ses yeux : "C'est l'Enfer de Dante !  Il y a des dizaines de corps enchevêtrés sur le sol, des morts, des blessés... Et des survivants qui font les morts." Et "Ouest-France" de poursuivre : "L'odeur est insoutenable, le silence lourd. On n'entend que les téléphones qui sonnent dans les poches des victimes !"
 Je me suis toujours demandé jusqu'où les gens comprenaient le sens des chansons interprétées par des groupes comme "Les Aigles de la Mort". Car la mort, sauf à être téméraire et à fuir devant elle lorsqu'elle débarque à l'improviste sur la scène, s'il est bon de se préparer à la regarder en face, il ne faut jamais jouer avec elle. Tous ces jeunes qui se sont retrouvés ce soir-là au Bataclan aimaient la vie, c'est évident. Ils ne méritaient pas un tel destin.  Ils étaient comme nous tous en recherche de joie, de fête et de bonheur... Alors, pourquoi ?  Et comment maintenant penser l'impensable ?  A quoi notre société doit-elle être attentive désormais ?  Qui faut-il donc embrasser en vérité ?   The Devil, vraiment ?
Toujours dans "Ouest-France", vendredi, le philosophe Jacques Le Goff écrivait ceci : "Si nous avons oublié le Mal, lui ne nous a pas oubliés. Comme l'a dit un jour André Malraux : "Dieu est peut-être mort, mais le diable est encore bien vivant !"
En fait, Dieu, ce soir-là, n'était ni mort ni absent, puisque, les personnes présentes, d'après tous les témoignages, ont cherché à s'entraider, à se protéger les uns les autres, à couvrir tel proche de leur corps au besoin.
Forts de cet exemple, nous savons ce qui nous reste à faire, comme nous y invite l'Evangile : casser les portes de l'enfer, et devenir, chacun selon ses possibilités, des "Aigles", non de la mort, mais "de la Fraternité" !

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.887 : Une victime syrienne = une victime libanaise = une victime française = une victime musulmane = une victime russe = une victime chrétienne =...

Dans une formule restée célèbre, Michel Rocard déclarait que, même si "elle doit en prendre sa part", "la France ne pouvait pas porter toute la misère du monde."  Mais, face à tous ces attentats qui ont frappé notre planète récemment, nous devons veiller à ce que nos concitoyens n'en restent pas à une tristesse sélective, en ne pleurant que sur nous-mêmes et sur les victimes de ces attentats chez nous, tout près de nous, dans notre pays. Le défi en effet est le suivant : fraternité nationale ?  Ou fraternité universelle ?
Pour être concret, nous avons tous en tête la date du 11 janvier, sans parler de la manifestation géante qui a suivi ; sans suite malheureusement... C'est cela, l'émotion ! Mais qui se souvient de la date de l'attentat qui a fait 102 morts à Ankara ? C'était le 10 octobre !  Avons-nous pleuré aussi devant les victimes, non-françaises, de l'attentat contre un avion russe qui a fait 224 morts dans le Sinaï égyptien ?  C'était quel jour déjà ?  Le 31 octobre !  Quant à l'attentat de Beyrouth (44 morts), deux jours avant ce qui s'est passé à Paris, personne n'en a parlé ; comme je vous l'ai déjà dit, pour exemple, cinq lignes seulement dans "Ouest-France" à ce sujet!
Par contre, les Britanniques ne sont-ils pas en train de nous donner une belle leçon de fraternité universelle, s'étendant au-delà de leurs frontières, puisque j'ai cru entendre dire qu'ils chanteraient "La Marseillaise" ce week-end avant leurs matchs de foot, en communion avec ce qui s'est passé à Paris.
J'ai fait un rêve : "Ah, si on avait eu la même idée !  Si, après la destruction de l'avion russe, on avait pu se réunir pour chanter l'hymne russe, ou à tout le moins, le passer en boucle et s'y associer de coeur, en fraternité avec les victimes russes, quel beau geste de fraternité !
Et voici maintenant un attentat à Bamako, à Lafiabugu, quartier dont j'ai été le curé pendant 9 ans, près du Boulevard de la Paix  !  Aux infos en France, soupir de soulagement des commentateurs : il y aurait une vingtaine de victimes, mais, Dieu merci (!), pas de Français parmi eux. Mais les autres ?  Les deux vigiles maliens tués à l'entrée, les trois policiers maliens abattus, etc... : passés à la trappe ! J'ai été obligé d'aller consulter la presse malienne sur Internet pour avoir cette info !  Leur disparition a-t-elle moins de poids ?  Devrait-elle moins nous émouvoir au  plus profond de nos entrailles ?
Mon coeur vibre en ce moment, tandis que je pense aux souffrances du peuple Malien, au sein duquel j'ai vécu neuf des plus belles années de ma vie, et j'entends maintenant encore résonner l'hymne national de ce pays :
"A ton appel Mali...
Nous serons tous unis...
Ensemble au coude à coude,
Faisons le sentier du bonheur."
Matthieu 25/25 : "J'étais originaire d'un autre pays, et pourtant, vous m'avez accueilli", dans votre pensée, dans votre compassion et dans votre prière !

vendredi 20 novembre 2015

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.886 : "Je continuerai à croire..."

Très beau texte reçu ce matin d'une famille de paroissiens, que je remercie profondément.
Merci à l'abbé Pierre et à eux, ainsi qu'à toutes celles et ceux qui, autour de nous, ne baissent pas les bras face à l'adversité !

Texte d'actualité dans un monde très tourmenté.

Voici un merveilleux texte de l'abbé Pierre :

« Je continuerai à croire, même si tout le monde perd espoir.
Je continuerai à aimer, même si les autres distillent la haine.
Je continuerai à construire, même si les autres détruisent.
Je continuerai à parler de paix, même au milieu d’une guerre.
Je continuerai à illuminer, même au milieu de l’obscurité.
Je continuerai à semer, même si les autres piétinent la récolte.
Et je continuerai à crier, même si les autres se taisent.
Et je dessinerai des sourires sur des visages en larmes.
Et j’apporterai le soulagement, quand on verra la douleur.
Et j’offrirai des motifs de joie là où il n’y a que tristesse.
J’inviterai à marcher celui qui a décidé de s’arrêter…
Et je tendrai les bras à ceux qui se sentent épuisés. »

N'hésitez pas à transmettre ce texte, si vous pensez qu'il peut faire du bien autour de vous....
 

Vendredi soir 20 novembre, cette réflexion d'un paroissien : "Il est frappant de constater combien les réactions du pape François (entre 15 et 20 millions de fans sur Twitter !) ou cette prière de l'abbé Pierre sont davantage reprises sur les réseaux sociaux que les déclarations de nos politiques, même en ce temps de crise !  Sans doute parce que tous ressentent combien ces deux grandes figures sont unanimement reconnues comme réellement crédibles !"

C'est l'Evangile qui est gagnant !

mercredi 18 novembre 2015

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.885 : Comment se situer, face à l'impensable ?


Dimanche dernier, plusieurs paroissiens m'ont demandé le texte de l'homélie que j'avais donnée lors de la messe à la Basilique de Saint Laurent-sur-Sèvre, à propos des récents événements. Parmi eux, et c'est ce qui m'a le plus touché, des jeunes qui ne vont pas souvent à l'église, mais qui étaient là car la messe était pour leur papa ; ils ont dit  qu'ils aimeraient pouvoir la relire, et que d'autres de leurs amis, qui n'étaient pas à la messe, la voudraient aussi. Je me permets de vous la transmettre, même si cela reste bien modeste par rapport à tant d'autres réflexions qui ont été exprimées de toute part. Pardon aux habitués de ce blog, car cela recoupe en partie le billet du 14 novembre dernier.

Homélie du 15 novembre 2015 à St Laurent s/ Sèvre

En fonction  du drame qui vient de toucher notre pays, elle semble presque actuelle, cette parole de Marc : « Après une grande détresse, les étoiles tomberont du ciel et les puissances célestes seront ébranlées. » 

Mais qu’est ce qui nous arrive ? Jacques Attali a écrit que le 20ème  siècle avait été le siècle du diable. En sera-t-il donc de même du 21ème ?  La barbarie ne finira-t-elle jamais ?

 On avait  cru que notre monde allait progresser, que peuples et religions allaient enfin s’entendre. Sommes-nous tous condamnés à vivre l’Enfer infiniment, comme en Syrie ou à Beyrouth ?

Mais alors, à quoi servent toutes nos messes et nos prières, si Dieu lui-même ne peut empêcher que, tout près de chez nous, des centaines de jeunes soient massacrés de façon si injuste ? Où est-il caché ?  Est-il mort ?

 

Vous avez appris le  décès cette semaine, du philosophe André Glucksmann. Dans un de ses ouvrages, il explique les trois morts de Dieu : Dieu est mort une première fois sur la croix ; puis les philosophes de la mort de Dieu, Marx, Nietzsche et autres, l’ont tué également ; la 3ème mort de Dieu, c’est lorsqu’on l’assassine, lorsqu’on le crucifie de nouveau, lors de la Shoah particulièrement, mais aussi dans toutes les tragédies de l’histoire, à travers ses enfants, comme vendredi soir à Paris, avant-hier jeudi à Beyrouth, etc…

Plutôt que d’accuser Dieu donc, et de prétendre qu’il n’est pas « croyable », ne faudrait-il pas plutôt dire que c’est notre monde qui n’est pas crédible, avec ses logiques de guerre, d’oppression, de misère, qui condamnent l’homme à la mort ?

Dieu, au contraire, conteste ces logiques, qui tournent le dos à l’Evangile. On dit que Dieu n’est pas là, mais c’est sans doute qu’on ne sait pas le voir ;  il nous faut donc apprendre à reconnaître son visage, à travers les prophètes qu’il nous envoie, et à travers ce qu’il nous dit et nous indique de faire, par leur intermédiaire.

Et je ne parle pas seulement du pape François ! Car si François est un exemple de prophète et nous entraîne à servir nos frères, il n’est pas le seul à la manœuvre !  Et les prophètes d’aujourd’hui se nomment Secours Catholique – j’en parle parce que c’est aujourd’hui leur Journée nationale – mais aussi CCFD, SEM (Service Evangélique des Malades), Accompagnement des familles en deuil, ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture), etc…  Et encore, je n’ai pas parlé des mouvements d’Action catholique, et je ne cite ici que quelques organismes d’Eglise, car innombrables sont les prophètes au milieu de nous aujourd’hui, qui nous indiquent le chemin d’un monde plus fraternel !

Entre parenthèses, ces prophètes nous rappellent qu’il ne nous suffit pas de supprimer les brebis galeuses, comme ces kamikazes qui nous terrorisent, mais que l’enjeu est bien de supprimer les causes de la gale.  Et là-dessus, notre société aurait beaucoup à apprendre !

Le Secours Catholique en sait quelque chose, qui lutte contre les causes de la pauvreté, à travers ses ateliers d’alphabétisation de personnes arrivées d’autres pays par exemple, comme je le vois faire chaque semaine dans les salles paroissiales de Mortagne.

Le rôle des chrétiens, en effet, quel est-il ? C’est, pour reprendre l’image utilisée par Jésus dans l’évangile de ce dimanche, de ne pas laisser crever le figuier ; ce figuier dont la sortie des feuilles symbolise alors que de beaux fruits vont pouvoir être savourés, malgré la dureté des hivers et la difficulté des temps.

Le destin de l’humanité en effet, c’est de lutter contre sa destruction. Et notre rôle de chrétiens, c’est de combattre le mal de toutes nos forces, et sur tous les plans.  Et peut-être en priorité par la prière ; c’est d’ailleurs pour cela que nous sommes venus participer à l’eucharistie ce matin.  Ce qui manque à notre société en effet, c’est peut-être d’accepter de se laisser transformer de l’intérieur par notre Père commun, et de chercher à s’en sortir par ses propres forces, en écartant Dieu de la solution.

Et si nous avons un examen de conscience à réaliser au cours de cette eucharistie, c’est peut-être de nous demander, à la lumière de l’Esprit, ce qu’il nous faut faire bouger en nous pour que nous devenions  des artisans de la Pâque du monde ; c’est-à-dire des hommes et des femmes capables de faire passer notre famille, notre école, notre quartier, notre monde, nos associations et autres, de la mort à la Vie.

La mort, d’abord, il nous faut la regarder en face, afin de ne pas nous laisser surprendre par elle ; nous aurions pu nous trouver au Bataclan en effet, ou sur les trottoirs de Paris... Et même si, dans nos régions, nous pouvons nous croire relativement préservés, c’est peut-être l’occasion pour nous de lâcher prise, de nous rappeler que nous sommes mortels, et de nous remettre en confiance dans la main de Dieu, sans attendre qu’il  soit trop tard pour y penser.

Un fait, en terminant : avant-hier soir, j’ai vu un prophète au journal télévisé de 20 heures. Vous avez sans doute appris qu’un attentat a fait, jeudi dernier, 45 morts à Beyrouth et 239 blessés.  Cinq lignes seulement dans « Ouest-France » malheureusement, car nous sommes plus sensibles aux morts de « chez nous »… Mais il aurait pu y en avoir beaucoup plus si un Libanais, ayant repéré un terroriste qui voulait se faire exploser dans une mosquée bondée, ne s’était  jeté sur lui juste devant la porte, sacrifiant sa vie pour sauver de la mort de nombreux musulmans en prière dans cette mosquée.  J’ai apprécié que la télévision, d’habitude toujours si pressée,  présente la photo de cet homme, sauveur de l’humanité, et prenne le temps de valoriser  ce sacrifice ! 

Quelle illustration étonnante, de la part de ce musulman libanais, de ce passage de la deuxième lecture de ce jour, quand l’auteur de la lettre aux Hébreux écrit : « Jésus, par son sacrifice, a placé ses ennemis sous ses pieds » ; de la même façon, cet homme, par son sacrifice, a placé la mort sous son propre corps, afin que puissent vivre ses frères en religion, et pour qu’ils puissent prier le Dieu unique. La télé elle-même a su en témoigner !
  Puissions-nous, de la même façon, tordre le cou au mal en tout temps et laisser Dieu faire de nous des prophètes du salut du monde !    Amen

lundi 16 novembre 2015

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.884 : "Dieu a envoyé vers la riche Europe celui qui a faim..." (François)

Décidément, quel prophète, ce pape François !
Et quelle facilité pour communiquer à tous ce qui fait le coeur de l'Evangile !
Avec lui, la vieille Europe, dite chrétienne, est sans cesse renvoyée aux sources profondes de l'humanisme, et n'a qu'à bien se tenir !
Quelques heures avant les attentats de Paris, voici ce que François déclarait, le vendredi 13 novembre : "Dieu nous a envoyé, dans la riche Europe, celui qui a faim afin qu'on lui donne à manger, celui qui a soif afin qu'on lui donne à boire, l'étranger afin qu'on l'accueille, celui qui est nu afin qu'on l'habille".
Attentif depuis le début de son pontificat au sort des migrants, il a rappelé que celui qui quitte sa terre à la recherche d'un meilleur présent et d'un meilleur avenir est lui aussi notre frère.
"L'histoire le démontrera", a commenté le pape ; "si nous sommes un peuple, nous l'accueillerons certainement." Mais, a-t-il averti, "si nous ne sommes qu'un groupe d'individus plus ou moins organisés, nous serons tentés de sauver avant tout notre peau !"
Malheureusement, il semble que nous ne soyons pas vraiment prêts à cet accueil.
Jean-Claude Juncker, Président de la Commission Européenne, déclarait ces jours-ci que, "au rythme actuel, les opérations de relocalisation des réfugiés se termineront en... 2101 !"
Nous en savons quelque chose sur la paroisse !
M. le maire de Mortagne a proposé au Préfet un logement communal pour accueillir des réfugiés ; les Filles de la Sagesse ont fait savoir au Préfet également qu'elles mettaient un bâtiment à la disposition de réfugiés ; même démarche de la part des Frères de St Gabriel.
En accord avec le Conseil de paroisse, j'avais proposé que l'on puisse aussi offrir une partie du vaste presbytère de Mortagne, pour loger un ou deux célibataires par exemple.
Mais on ne dirait pas qu'il y a urgence !
Il paraît que c'est si compliqué à organiser qu'il faudra sans doute plusieurs mois pour que ces logements accueillent des réfugiés !
Et si c'était mon frère ?
Certains se dédouanent en disant que les réfugiés ne veulent pas rester en France ; mais s'est-on demandé pourquoi ?
La vieille France est vraiment fatiguée !
Tel un vieillard ayant bien de la peine à se bouger...
Or, comme le dit si bien Pascal Brice, "ne pas respecter l'étranger, c'est ne pas se respecter soi-même."
A méditer !

samedi 14 novembre 2015

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.883 : Beyrouth, Alep, Paris, qu'est-ce qui nous arrive ?

Jeudi, attentat de Daech à Beyrouth : 44 morts et 239 blessés ; cinq lignes en bas de 3ème page de "Ouest-France" ce samedi.
Tous les jours, des attentats en Syrie, Irak et ailleurs : on n'y fait plus guère attention.
Le maire de New-York, cette ville qui reste marquée par les attentats du 11 septembre, vient de déclarer : "Ce qui vient d'arriver à Paris peut aider les Français à avoir plus d'empathie pour les réfugiés, qui fuient ce que la France vient de subir à Paris."
Il est vrai que, comme pour l'attentat de "Charlie Hebdo", nous sommes beaucoup plus sensibles à ce qui se passe chez nous, et c'est (un peu) compréhensible !
Mais faut-il que la barbarie touche notre pays pour que les Français se réveillent ,  C'est là un prix bien lourd à payer.
Nous qui avons peur d'aller en Tunisie ou en Israël-Palestine par crainte des mauvaises surprises, voici que la main du bourreau vient s'abattre sur nous dans notre propre pays...
En tout cas, quelle douleur, face à toutes ces victimes, libanaises, françaises, syriennes et autres !
Et j'apprends que l'une des victimes, à Paris, est un jeune marié aux noces duquel ont participé cet été des jeunes de St Laurent-sur-Sèvre.
Jacques Attali écrivait : "Le 20° siècle a été le siècle du diable". Alors en effet, l'effroyable guerre de 14-18, la Shoah, c'était chez nous ; mais on croyait que c'était fini...  Eh bien non ! Jusqu'à la fin des temps en effet, l'ombre accompagnera la lumière, en tous points de la terre.
Et certains de répéter : "Cela montre bien que Dieu n'est pas crédible, sinon, il ne laisserait pas faire de telles horreurs."   Mais en réalité, n'est-ce pas notre monde qui n'est pas crédible, avec ses logiques de guerre, d'oppression, de misère, qui condamnent trop d'humains à la mort ?
Dieu, au contraire, conteste ces logiques, qui tournent totalement le dos au message biblique.
On a l'impression que Dieu n'est pas là ; mais il nous faut apprendre à reconnaître son visage à travers les prophètes d'aujourd'hui.
Et je ne parle pas seulement du pape François !  Car si le pape nous entraîne tous à servir nos frères, les prophètes d'aujourd'hui se nomment Secours Catholique, CCFD, ACAT, le Service Evangélique des Malades, les équipes d'Acccompagnement des familles en deuil, etc...
Entre parenthèses, ces prophètes nous rappellent sans relâche qu'il ne suffit pas de supprimer les brebis galeuses, comme ces kamikazes qui nous terrorisent ; mais que l'enjeu est bien de supprimer les causes de la gale.
Quand on pense au fait que notre pays est très ami avec l'Arabie Séoudite, la tête du monstre, ce pays qui vient de se fendre d'un très laconique communiqué de deux lignes à propos de ces attentats de Paris !!!
Ces causes de la gale ont été fort bien présentées dans la dernière Lettre du pape François, " Laudato si' ", "Loué sois-tu", sur la sauvegarde de la maison commune.
Ah ! Si les peuples pouvaient en faire leur charte d'action, comme le souhaitent des personnes aussi diverses que Nicolas Hulot, Edgar Morin, Laurent Joffrin,José Bové, Hubert Reeves,...  Et si les chefs d'Etat pouvaient s'en inspirer, peut-être les causes de la gale qui perturbent trop de cerveaux pourraient-elles être enfin éliminées !
Et pas seulement, comme le dit le pape François, par des bombardements !
Pas la peine d'attendre d'autres attentats pour nous mettre à l'action !
Ce serait le meilleur hommage à offrir à tous ces jeunes assassinés si tragiquement !

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.882 : Notre rapport avec le Christ et nos défunts

Suite à diverses demandes, je me permets de vous transmettre l'homélie du 2 novembre.


HOMELIE  du jour des Défunts

Lundi 2  Novembre 2015  à Mortagne

 

                                                                                        A vous qui avez été éprouvés par le départ dun proche, que ce soit cette année, ou même bien avant, à vous dont le cœur est   resté blessé  et meurtri, à vous qui avez peut-être même eu limpression que Dieu lui-même vous abandonnait, voici que, en ce 2 Novembre, la Parole de Dieu voudrait vous redonner Paix et Espérance.

                                                                                        « Que sont nos amis devenus ? » chantait  Rutebeuf ? Que sont devenus nos défunts ? Où sont-ils à présent ? La première lecture nous éclaire à ce sujet et cela dès la première phrase ; je vous la relis : « Les âmes des justes sont dans la main de Dieu ». Autrement dit, nos défunts ne sont pas perdus à jamais dans des espaces intersidéraux infinis.

                                                                                        Et  lauteur du livre de la Sagesse de poursuivre, je le cite encore : « Ils ont paru mourir, leur départ fut compris comme un malheur, mais ils sont dans la Paix » : dans la Paix ! Que ceci soit pour nous une bonne nouvelle, une certitude absolue, de la part de Dieu.

                                                                                        Mais, peut-on se demander, que sest-il donc passé, pour que nous puissions en arriver là ? Cest à présent la deuxième lecture qui nous donne lexplication. Et cela à partir de notre Baptême. Je mexplique : par le Baptême, nous avons été comme plongés dans la vie du Christ, nous avons été recouverts par le Christ. Cest le sens du vêtement blanc (lécharpe de baptême) dont lon recouvre le nouveau Baptisé.

                                                                                        Ainsi imprégné, imbibé, pourrais-je dire, investi par le Christ, le nouveau baptisé voit le mal mourir en lui et disparaître, sous laction bienfaisante de Jésus, et cela, tout le temps ensuite de sa vie, sil se laisse faire, modeler par Lui.

                                                                                        En fait, quand Jésus est mort sur la croix, notre péché est mort aussi sur la croix, à ce moment-là. Cest le sens de cette deuxième lecture un peu compliquée, mais qui nous rappelle que le péché et la mort, en nos défunts comme en nous, nauront pas le dernier mot.

                                                                                        Lorsque, dans le train, le Thalys, lors de lattentat, des hommes se sont jetés sur lagresseur, tel dentre eux a été gravement blessé. Mais, par son geste, il a sauvé de nombreux passagers de la mort.

                                                                                        Quant aux passagers, durant de longs instants, ils ont cru mourir. De la même façon, quand Jésus a lutté contre le mal, jusquà en mourir, par son geste, il a neutralisé la mort, il nous a délivrés de la mort éternelle, dans le grand train de notre existence.

                                                                                        Alors, pour nous, la bonne nouvelle, le miracle, cest que nous ne pouvons plus mourir. Ou du moins, si nous quittons physiquement cette terre, notre mort nest pas définitive ni absolue.

                                                                                       Voilà pourquoi nous pouvons parler à nos défunts, nous pouvons leur dire ce que nous navons pas eu lopportunité de leur dire quand ils étaient sur cette terre. Nous pouvons leur demander pardon si cela na pas été fait. Nous pouvons leur dire merci de tout ce que jadis ils ont fait pour nous, si nous navons pas suffisamment su les remercier de leur vivant. Et nous pouvons leur demander de veiller sur nous, de nous soutenir, de nous aider.

                                                                                       Permettez-moi de vous livrer un souvenir personnel. Jai eu le bonheur de me trouver auprès de ma mère, lors de ses derniers instants, en compagnie de mes cinq frères et sœurs. Quelle joie lorsque jai entendu ma sœur Monique dire : « Maman tu parleras de nous à Jésus. » Et notre mère de cligner alors des yeux, imperceptiblement, peu avant son dernier soupir.

                                                                                       Cette deuxième lecture, que vous pourrez reprendre chez vous à tête reposée, nous dit que, si nous sommes unis au Christ par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne.

                                                                                       Grâce à notre Baptême en tout cas, le péché est mort en nous. Vivons de telle façon quil ne reprenne pas la première place de notre vie. Avançons dans lexistence les yeux fixés sur Jésus, en mourant chaque jour un peu plus à notre péché, en ressuscitant chaque jour un peu plus à la foi, à lespérance et à la fraternité.

                                                                                       Alors se réalisera pleinement, pour nos défunts, partis avant nous, et pour nous ensuite, la promesse de Jésus dans lEvangile de ce jour : « La volonté de Celui qui ma envoyé, cest que je ne perde aucun de ceux quil ma donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. »

AMEN !

 

mardi 10 novembre 2015

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.881 : Café-Théo à Mortagne : aux côtés des Syriens

Premier Café-Théo à Mortagne, mercredi soir 4 novembre, au PMU situé au pied de l'église, sur le thème de l'accueil des réfugiés Syriens.  Thème retenu par le Conseil de Paroisse bien avant que l'on sache que des réfugiés arriveraient à Mortagne.
Bien que beaucoup se demandaient en quoi pouvait bien consister un Café-Théo, une centaine de personnes ont répondu à l'appel : le café était archi-comble.
Les participants ont eu d'autant plus de mérite qu'ils ne savaient pas que des réfugiés Syriens seraient présents.  Arrivés il est vrai il y a à peine 15 jours à Mortagne, c'était une grande première pour eux également ; ils étaient émus aux larmes devant un tel accueil. Une paroissienne avait réalisé une grande banderole, affichée sur un mur du café par le patron lui-même, avec ces mots en arabe : "On est heureux de vous recevoir". Banderole à présent disposée devant l'autel de l'église de Mortagne, l'une des deux familles de réfugiés étant catholique très pratiquante.
Durant deux grandes heures, grâce à une Syrienne de Cholet, conseillère municipale, présente en France depuis 28 ans, nous avons pu écouter ces Syriens et échanger nos réflexions.
Comme l'a fait remarquer l'une des participantes, "c'était vraiment très bien que les deux familles soient présentes, car ça a permis de les voir ; ainsi, nous avons pu parler avec elles, et non d'elles !  Ce qui m'a beaucoup frappé, c'est de voir leurs visages rayonnants, malgré tout ce qu'ils ont pu traverser comme épreuves !  C'est une bonne leçon pour nous qui nous plaignons pour rien, alors que nous avons tous en surabondance. Ils restent fixés sur l'essentiel : l'amitié, l'amour, le besoin de rentrer en communication avec les autres. J'espère que maintenant, ils seront considérés comme étant des nôtres."
Après cette soirée fort riche, les témoignages étaient unanimes : "Pour tous, après une telle rencontre, dans notre façon de regarder cet exode des réfugiés, il y aura un avant et un après !" "Le témoignage des Syriens était très fort ; ils se sont bien exprimé, pour une première fois !"  "Tout le monde est sortir ravi de ce 1° essai !"  "Beaucoup de gens à Mortagne parlent de ce qui s'est passé ce soir-là." "Pendant la rencontre, on se sentait tous très unis, dans le même sens."  "L'assistance était très diverse, et on a apprécié qu'il n'y ait pas que des cathos pratiquants ; c'était plus large !" 
Suite à cet échange, plusieurs personnes ont d'ailleurs pris un engagement, en lien avec le Secours Catholique, irremplaçable cheville ouvrière de l'accueil, car il faudra du monde pour accompagner ces familles au jour le jour, dans une certaine durée probablement.
Durant l'échange, tant la parole circulait, je n'ai pas eu l'occasion de placer une de mes phrases fétiches, retenue de mon séjour au Mali, où je l'ai entendu prononcer bien plus souvent que dans notre pays pourtant de racines chrétiennes (?) : "L'étranger est un cadeau de Dieu !"  Bienvenue à eux !

vendredi 6 novembre 2015

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.880 : Le "Pacte des Catacombes"

Quand on pense que des évêques, au Concile Vatican II, ont rédigé la déclaration ci-dessous il y a 50 ans, c'est une bonne occasion de vérifier si depuis, nous avons bien avancé en Eglise par rapport à un tel engagement !!!

Le 16 novembre 1965, peu avant la clôture de Vatican Il, une quarantaine d'évêques, dont les noms ne sont pas connus, se réunirent dans la Catacombe de St Domitilla et signèrent un pacte concernant la richesse, les pompes et les cérémonies dans l'Eglise catholique. Le 7 décembre 1965, la veille de la clôture officielle du Concile Vatican Il, ils diffusèrent parmi leurs confrères, ce qu'ils appelèrent le « Schéma XIV», allusion aux 13« schémas» préparatoires des grands textes, lignes directrices que la Curie avait distribuées aux « Pères conciliaires» avant les Assemblées délibératives.


            Nous, évêques réunis au Concile Vatican; ayant été éclairés sur les déficiences de notre vie de pauvreté selon l'Evangile; encouragés les uns par les autres, dans une démarche où chacun de nous voudrait éviter la singularité et la présomption; unis à tous nos frères dans l'Episcopat; comptant surtout sur la force et la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, sur la prière des fidèles et des prêtres de nos diocèses respectifs; nous plaçant par la pensée et la prière, devant la Trinité, devant l'Eglise du Christ, devant les prêtres et les fidèles de nos diocèses, dans l'humilité et la conscience de notre faiblesse mais aussi avec toute la détermination et la force dont Dieu veut bien nous donner la grâce, nous nous engageons à ce qui suit:


1) Nous essayerons de vivre selon le mode ordinaire de notre population en ce qui concerne l'habitation, la nourriture, les moyens de locomotion et tout ce qui s'ensuit.


2) Nous renonçons pour toujours à l'apparence et à la réalité de richesse spécialement dans les habits (étoffes riches et couleurs voyantes), les insignes en matière précieuse: ces insignes doivent être en effet évangéliques.


3) Nous ne posséderons ni immeubles, ni meubles ni comptes en banque, etc., en notre propre nom; et s'il faut posséder, nous mettrons tout au nom du diocèse, ou des œuvres sociales ou caritatives.

4) Nous confierons, chaque fois qu'il est possible, la gestion financière et matérielle, dans nos diocèses, à un comité de laïcs compétents et conscients de leur rôle apostolique, en vue d'être moins des administrateurs que des pasteurs et apôtres.


5) Nous refusons d'être appelés oralement ou par écrit des noms et des titres signifiant la grandeur et la puissance (Eminence, Excellence, Monseigneur). Nous préférons être appelés du nom évangélique de Père.


6) Nous éviterons dans notre comportement, nos relations sociales, ce qui peut sembler donner des privilèges, des priorités ou même une préférence quelconque .aux riches et aux puissants (ex. : banquets offerts ou acceptés, classes dans les services religieux).


7) Nous éviterons d'encourager ou de flatter la vanité de quiconque en vue de récompenser ou de solliciter les dons ou pour toute autre raison. Nous inviterons nos fidèles à considérer leurs dons comme une participation normale au culte, à l'apostolat et à l'action sociale.


8) Nous donnerons tout ce qui est nécessaire de notre temps, réflexion, cœur, moyens, etc., au service apostolique et pastoral des personnes et des groupes laborieux et économiquement faibles et sous-développés, sans que cela nuise aux autres personnes et groupes du diocèse. Nous soutiendrons les laïcs, religieux, diacres ou prêtres que le Seigneur appelle à évangéliser les pauvres et les ouvriers en partageant la vie ouvrière et le travail.


9) Conscients des exigences de la justice et de la charité et de leurs rapports mutuels, nous essayerons de transformer les œuvres de « bienfaisance» en œuvres sociales basées sur la charité et la justice qui tiennent compte de tous et de toutes les exigences, comme un humble service des organismes publics compétents.


10) Nous mettrons tout en œuvre pour que les responsables de notre gouvernement et de nos services publics décident et mettent en application les lois, les structures et les institutions sociales nécessaires à la justice, à l'égalité et au développement harmonisé et total de tout l'homme chez tous les hommes et par là l'avènement d'un autre ordre social, nouveau, digne des fils de l'homme et des fils de Dieu.


11) La collégialité des évêques trouvant sa plus évangélique réalisation dans la prise en charge commune des masses humaines en état de misère physique, culturelle et morale - les 2/3 de l'humanité- nous nous engageons:

- à participer, selon nos moyens, aux investissements urgents des épiscopats des nations pauvres;
- à acquérir ensemble, au plan des organismes internationaux mais en témoignant de l'Evangile, comme le pape Paul VI à l'ONU, la mise en place de structures économiques et culturelles qui ne fabriquent plus de nations prolétaires dans un monde de plus en plus riche, mais qui permettent aux masses pauvres de sortir de leur misère.


12) Nous nous engageons à partager dans la charité pastorale notre vie avec nos frères dans le Christ, prêtres, religieux et laïcs pour que notre ministère soit un vrai service; ainsi:

- nous nous efforcerons de « réviser notre vie» avec eux;

- nous susciterons des collaborateurs pour être davantage des animateurs selon l'Esprit, que des chefs selon le monde;

- nous chercherons à être plus humainement présents, accueillants;

- nous nous montrerons ouverts à tous, quelle que soit leur religion;


13) Revenus dans nos diocèses respectifs, nous ferons connaître à nos diocésains notre résolution, les priant de nous aider de leur compréhension, leur concours et leurs prières.


Que Dieu nous aide à être fidèles.


Source : la revue "Informations catholiques internationales", 1er janvier 1966