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Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



dimanche 14 janvier 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2907 : "Tu iras en enfer !"

 Il y a quelques années, lorsque j'étais curé de Mortagne-sur-Sèvre et St Laurent-sur-Sèvre, un ami prêtre est venu me dire que quelqu'un de bien connu sur le diocèse disait, publiquement, ceci : "Olivier Gaignet ira en enfer". Je n'étais pas seul ; j'étais condamné ainsi en compagnie de 4 ou 5 autres prêtres du diocèse !  En ce qui me concerne, j'étais jugé pour plusieurs raisons, dont voici les principales : 

sur la paroisse, nous ne célébrions quasiment plus de sépultures avec la messe ; ce qui d'ailleurs ne voulait pas dire que je n'en célébrais pas moi-même, mais sans messe ; et en expliquant bien que l'on prierait à l'intention du défunt lors de la messe du dimanche suivant, avec toute la communauté paroissiale, et que la famille du défunt était invitée à être présente ! Mais cela s'expliquait ainsi : il y avait parfois deux sépultures dans la même journée, et l'on n'aurait pu célébrer la messe qu'une fois ; d'où une certaine incompréhension de la part de la famille qui n'aurait pas eu "sa" messe.  D'autre part, nous voulions donner toute leur place aux diacres et aux laïcs qui s'étaient formés pour présider des sépultures.

nous avons maintenu les célébrations collectives de la Réconciliation, malgré certaines consignes officielles  il est vrai. Au lieu de laisser tomber ce cérémonial pour se rabattre seulement comme jadis sur la confession individuelle, deux ou trois fois dans l'année, surtout avant Noël et Pâques, nous invitions les paroissiens à venir nombreux recevoir ensemble, et pas seulement chacun dans son coin, ce beau sacrement de l'action de grâce et du pardon. Durée : une bonne heure, bien plus que cinq minutes dans un confessionnal. En fin de célébration, et l'on avait toujours une église pleine, chacun pouvait s'avancer, exprimer au prêtre une action de grâce et un manque, recevoir un bref pardon. Puis, une prière de pardon était chantée par le prêtre, tandis que j'étendais les mains sur l'ensemble de l'assemblée. Mais, tranquillisez-vous, cela n'empêchait pas les prêtres de recevoir sans cesse dans leur bureau des personnes avides d'échanger et de recevoir individuellement ce beau sacrement de la joie et de la réconciliation !

l'attention apportée aux protestants, juifs, bouddhistes, non croyants et autres, et le fait de ne pas mettre en garde suffisamment contre l'Islam.  A titre d'exemple, j'avais invité mon ami bouddhiste, le lama Thrinlé, à venir présenter sa tradition spirituelle aux catholiques de la paroisse de Mortagne-sur-Sèvre ; une assistance nombreuse était présente. Mais l'on m'a objecté le risque de donner une place trop grande aux autres religions ; alors que, ainsi qu'on me l'a fait comprendre, j'aurais mieux fait de prendre ce temps pour renforcer la foi des catholiques.

il se savait que j'avais coutume d'accompagner des couples en marge des "lois" de l'Eglise (divorcés-remariés, homosexuels...).  Il est vrai que, depuis 20 à 25 ans, j'ai dû accueillir ainsi 25 à 30  couples.  Et je n'étais pas le seul ! Sur la paroisse Ste Marie des Olonnes, Michel Baranger en a peut-être accompagné davantage encore, et de façon très réfléchie. Attention, nous ne les avons ni mariés, ni remariés.  A titre d'exemple, je revois ces deux jeunes femmes qui ont demandé à me rencontrer aux Sables d'Olonne, en fin des années 2000. Elles avaient l'air triste et un peu terrifiées. Je ne les connaissais pas, et ne savais pas de quoi il s'agissait, quand elles m'ont dit que, depuis plusieurs mois, sûres de leur "amour", très croyantes, elles cherchaient à se mettre, dans leur situation qu'elles sentaient bien "hors norme", sous la protection de Dieu.  "Nous sommes déjà allées rencontrer trois prêtres, mais aucun n'a accepté de donner suite à notre demande ; accepteriez-vous de nous aider ?"  J'ai accepté, et  j'ai vu alors leur visage se transfigurer.  Je leur ai proposé que l'on se rencontre et que l'on cherche comment préparer ce temps de prière. Nous nous sommes vus alors sérieusement, à trois reprises.  Près de 25 ans après, elles viennent de m'envoyer leurs voeux il y a quelques jours.

 

Faute de place, je vous fais grâce des autres causes qui font que je suis voué à aller en enfer ! Je n'ai pas de place non plus pour développer comment s'est déroulé le temps de prière avec ces deux femmes.  Mais, si vous suivez l'actualité, vous aurez appris que, récemment, le pape François a proposé que l'on accompagne les couples "hors norme" qui demandent à être éclairés dans leur cheminement entre eux et avec le Seigneur.

Que demandent exactement la plupart de ces couples ?  A être accueillis comme ils sont, à être écoutés, interpellés au besoin, en tout cas, compris dans ce qu'ils vivent ; à ne pas être rejetés hors de l'Eglise, comme indignes des dons de Dieu ; à ce qu'on leur dise que Dieu ne les exclut ni ne les rejette, malgré leur situation, et qu'ils ont droit à un temps de prière pour se sentir aimés par le Seigneur ; et aussi par notre mère l'Eglise ; mais à condition que celle-ci se comporte réellement comme une mère pleine d'Amour. 

Question : comment se fait-il qu'aujourd'hui, des cardinaux, trop d'évêques, par seulement en Afriquey compris dans l'ouest de la France, et bien des catholiques se rebellent, ou émettent des bémols maladroits par rapport à cette ouverture proposée par le pape François, qui ne consiste pas seulement à donner une bénédiction vite fait, sans écoute suffisante, du bout des doigts ; et seulement à chacun des deux demandeurs séparément, et surtout pas au couple en tant que tel. La déclaration du Vatican se situe pourtant dans le droit fil de l'Evangile ! 

Heureusement, le texte publié ensuite par la Conférence des évêques de France a su mieux présenter les choses par rapport à ce qu'avaient dit d'autres évêques en France ou ailleurs. En effet, la Conférence s'est située tout simplement dans la perspective proposée par le pape François, de façon évangélique ; non casuiste ou légaliste, mais pastorale.  Bénir, ce n'est pas donner un sacrement !  C'est quand même tout simple à comprendre !

 En compliquant ce qu'a dit le pape, en jetant le doute sur ce qu'il propose et en vidant ce qu'il exprime de sa clarté, n'y a-t-il pas là  une réaction de peur peut-être ? Mais peur de quoi ? D'autre part, prend-on suffisamment compte de ce que les deux personnes vivent, de leur soif de ne pas se couper de Dieu qui est un Père ?  Et l'on s'étonnera que nos églises se vident !  Les pharisiens ne sont pas morts !

Comme me l'a fait remarquer l'un de mes frères, Dominique, dont j'ai jadis béni, c'est-à-dire, placé sous la protection de Dieu, son union avec une femme divorcée, Martine, union qui n'a cessé de grandir : "Cette réaction des évêques de l'Ouest, n'est-ce pas consternant ?"

En tout cas, un immense merci au pape François !  Lui au moins, comme le Christ, il aime les gens !

9 commentaires:


Dominique a dit…

Je découvre, grâce à Edith Billeau, le blog... je le mets dans mes favoris, avec d'autres blogs qui me "feront aller en enfer" (Garrigue et sentiers, Golias, Royannais, Mori et quelques autres.
Au plaisir de se rencontrer.
Tout à fait d'accord sur le fait que l'Eglise doit "se reformer ou mourir" (voir le livre éponyme des théologiennes)
A très bientôt
D Rivière
docteur.riviere@wanadoo.fr

Marie-France Dauce a dit…

Olivier, ton corps est faible sans doute, ta pensée et ton jugement restent tellement justes, tellement dans la ligne de ce qu'aurait fait Jésus s'il avait vécu à notre époque, j'en suis convaincue !

Tu iras donc en enfer !!!! Mais tu seras bien accompagné si tous ceux qui sont comme toi y vont aussi !

Le pape François aime les gens comme des frères...comme il nous a été dit d'aimer nos frères et sœurs. Qu'a fait Jésus avec ceux qui n'étaient pas dans "la norme" ? Il n'a pas condamné. Qui sommes nous pour le faire ?

Merci Olivier et reste ce que tu es.

M Hélène a dit…

Merci à vous olivier.
Comme cela fait du bien de vous lire. Vous le prêtre, vrai et tout Amour
Oui le christ Jésus aurait dit comme vous.
Oui l'Eglise à besoin d'ouverture, et qu'il est difficile en tant que Laïc de dire tout ce que l'on ne comprends pas ...et d'avoir en face de "bons chrétiens" qui à mon avis ne se posent pas de questions mais vivent leur Foi dans la tradition sans chercher à la faire grandir.
Mais ne désespérons pas, Dieu est toujours présent et patient.
Merci à vous.
Je vous ai rencontré peut être que 2 fois, mais vous avez su faire attention à celle qu'on ne remarque pas... et là c'était Jésus qui venait à ma rencontre.

M Hélène

Jean-Paul Meinvielle a dit…

Père Olivier,
Je partage entièrement votre point de vue. J'irai moi aussi en enfer, mais pour des raisons différentes. Quand je regarde et lis les Évangiles, Jésus n' a rejeté, ni la samaritaine, ni la femme adultère, ni même Marie Madeleine la prostituée, ni Zacché le collecteur d'impôts. Il les a écouté, les a accueillis, fidèle à son enseignement :" je ne suis pas venu pour les biens portants, mais pour les malades..." Je me souviens aussi, lorsqu'après mon veuvage je vous ai annoncé un samedi matin que j'avais rencontré une veuve et que j'étais inquiet :" Jean-Paul c'est l'Esprit saint qui vous a fait vous heurter". C'étaient des parole d’apaisement et de réconfort"
Pour tout cela Merci père Olivier§
Filialement vôtre
JP Meinvielle

Claude a dit…

Bonsoir Père Olivier
Avant même son élection, notre Pape disait :
"Évangéliser implique un zèle apostolique. Évangéliser présuppose dans l’Église la parrhésia [l’audace] de sortir d’elle-même. L’Église est appelée à sortir d’elle-même et à aller vers les périphéries, pas seulement géographiques, mais également celles de l’existence : celles du mystère du péché, de la souffrance, de l’injustice, celles de l’ignorance et de l’absence de foi, celles de la pensée, celles de toutes les formes de misère."
C'est cela notre devoir de chrétien... ne pas rester entre nous mais aller aux périphéries là où les rencontres nous bousculent et nous aident à être moins tièdes !
Merci pour ce savoureux billet !
A bientôt
Claude

Françoise a dit…

Cher Olivier
Vous ne serez pas le seul enfer , nous serons quelques uns à vous accompagner. il y a longtemps que je dis que nous sommes tous aimés de Dieu à ceux qui souvent en sont très loin
je revois le regard de deux amis de mon fils lorsque je leur ai proposés de prier avec eux un soir de Noël alors qu'il n'osaient pas venir à l'église avec nous
Ce soir là l'enfant Jésus était vraiment chez nous
Alors continuons à avoir de l'audace et nous serons en bonne compagnie

Corine Delon Saumier a dit…

Bravo Olivier pour ce témoignage dans la lignée de Jésus et du pape François ! Ta force de témoigner et de suivre le Christ dans ton engagement de prêtre ne faiblit pas malgré ta santé et ta fatigue !
Merci Olivier de continuer à témoigner ainsi de ton engagement à faire vivre l Evangile !

Amicalement

Corine

Denise a dit…

Une invitation pour chacun de nous à relire l'Evangile et se mettre ainsi à l'écoute de l'attitude de Jésus faite d'accueil, d'amour et de miséricorde.

Merci pour tous ces échanges déposés sur ce blog !

Jean a dit…

Une avancée dans l'Eglise qui est de vouloir bénir ensemble des personnes qui montrent un amour sincère entre elles et pour Dieu.