Je voudrais commencer ce billet en citant un extrait du mail reçu d'une paroissienne, Vévette, il y a quelques jours : "Lors de l'assemblée des évêques à Lourdes, j'ai bien aimé le père évêque Jean-Marc Eychenne (Pamiers) déclarant : "N'est-ce pas Dieu qui a choisi de nous envoyer moins de prêtres ?"... s'interrogeant sur le mauvais usage du prêtre, qui devient le tout de l'Eglise. Quelle pertinence ! Je pense à tous les gens qui regrettent le catholicisme des années 50-60. Et aussi aux prêtres qui se dévouent sans compter leur temps, leur santé, qui s'épuisent à tout donner. Comment vis-tu cette interrogation, qui appelle à des modifications, transformations profondes dans notre Eglise ? Sache que je suis proche de toi et de tous tes frères prêtres, entièrement au service de Dieu et des hommes de ce temps, par la pensée et la prière, afin que le Seigneur vous donne les grâces nécessaires pour tenir, car vous êtes surchargés."
Que répondre ? Sinon, tout en remerciant du fond du coeur chacun de ces innombrables laïcs qui soutiennent leurs prêtres, en commençant par rappeler - même si cela semble prétentieux - qu'il y a bien 20 ans au moins que nombre de prêtres se sont posé la question du P. Eychenne... : Dieu nous fait un clin d'oeil, c'est ce que nous répétons depuis des années, pour que nous fassions évoluer les choses au sein de notre Eglise ! Réflexion qui a mis bien du temps à être enfin prise en compte par les évêques ! Mais il est vrai que ceux-ci n'ont pas la même liberté de parole que nous les prêtres : que va dire Rome en effet ? Ne vont-ils pas se faire crosser ?
Je repense à cette phrase que j'avais surlignée, encadrée et bien souvent citée, tirée d'un ouvrage déjà ancien du frère dominicain André Gouzes, qui a redonné vie à l'Abbaye de Sylvanès, "Une Eglise condamnée à renaître" : "Ce ne sont pas les prêtres qui manquent à l'Eglise d'aujourd'hui, mais des hommes et des femmes qui, dans le champ de l'humanité, soient capables d'ouvrir le monde à Dieu."
Ce type de question, lorsque je me trouvais en mission au Mali, nous ne le vivions pas de façon aussi crispée qu'en France aujourd'hui, où l'on a l'impression que, sans prêtres, l'Eglise n'existe plus. Là-bas, il semblait clair que ce n'était pas le prêtre seul qui constituait l'Eglise, mais bien la communauté locale des chrétiens, autour de leurs catéchistes d'ailleurs, le plus souvent. Et, bien sûr, avec la visite d'un prêtre, à certaines échéances, plus ou moins proches selon les possibilités, pour rencontrer la communauté, échanger, faire le point, conforter, compléter ce qu'ils célèbrent déjà, avec l'Eucharistie...
Je voudrais reprendre ici un passage d'un article récent d'un laïc, René Poujol : "Soyons clair : mon propos n'est pas ici d'appeler à une forme quelconque de résignation face à la crise des vocations sacerdotales, et bien évidemment pas de remettre en cause la spécificité du sacerdoce ministériel ni sa nécessité. Il est de formuler, publiquement, une question devenue incontournable et jusqu'ici occultée : la place centrale du prêtre qui marque encore l'organisation de l'Eglise, de la base au sommet, est-elle la réponse pertinente - et légitime - aux défis du millénaire dans nos pays de vieille chrétienté ?"
Et si la pénurie des vocations sacerdotales obligeait l'Eglise à se reposer quelques vraies questions ? Je ne citerai que l'une d'entre elles, parmi les plus fondamentales : celle du P. Blanchet, évêque de Belfort, invitant les évêques à engager un travail sur la notion de "sacerdoce commun des fidèles" ; ce "sacerdoce royal" présenté en 1 Pierre 2/9 ; chaque homme ou femme étant institué au moment de son baptême comme "roi, prêtre et prophète". Est-ce que Pierre parlait en l'air ? Il y a sans doute là une piste d'ouverture intéressante, permettant d'éviter de tout faire reposer sur la seule tête des prêtres ; surtout lorsque l'on constate que, s'il ne reste que 5.000 prêtres de moins de 75 ans en France, l'on doit compter - merci Seigneur - avec les 9.000 LEME (laïcs en mission ecclésiale), permanents d'Eglise, nommés par les évêques, jeunes le plus souvent, dynamiques et assurant leur tâche merveilleusement.
Une dernière citation du P. Eychenne : "Les prêtres ne doivent-ils pas renoncer au cumul des charges et accepter le non-cumul des mandats ? En voulant être partout, ils sont souvent condamnés à être nulle part. Mais cela suppose qu'ils ne soient plus les managers de grands ensembles, et acceptent que d'autres missions soient portées par des laïcs."
Encore faut-il, pour que les choses ne régressent pas, que les prêtres des jeunes générations acceptent la notion de sacerdoce commun des fidèles, plutôt que de vouloir tout faire eux-mêmes, en mettant les laïcs à leur service !!!
Affaire à suivre, plus que jamais !
samedi 12 novembre 2016
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.009 : "N'est-ce pas Dieu qui a choisi de nous envoyer moins de prêtres ?"
Publié par
Olivier Gaignet
à
22:48
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