C'était l'un de ces derniers dimanches, fin juillet. Je venais de participer, parmi les personnes présentes, à la messe célébrée en plein air, comme chaque été, dans le parc superbe de la propriété des Soeurs de Mormaison, à Bourgenay. A la fin de la célébration, que j'avais vécue non pas en aube à l'autel, mais assis sur mon fauteuil au milieu de l'assemblée, un sympathique paroissien me fit part à la fois de sa surprise et de sa joie de me voir ainsi présent au coeur du peuple de Dieu : "C'est bien ! Vous êtes là au milieu de nous..."
En réalité, j'ignore ce que peuvent penser les personnes présentes en me voyant désormais le dimanche assis au milieu d'eux, et non à l'autel, une seule personne m'ayant fait part de son sentiment ! Mais j'ai la faiblesse de croire que cet homme a dit une certaine vérité. Quand j'ai fait part de cette réflexion par la suite à un groupe de paroissiens, ceux-ci m'ont dit en effet : "C'est vrai qu'aux messes, les prêtres se situent autrement, pas directement au milieu de nous, mais sans être loin de nous non plus cependant."
Lors de mon dernier passage en cardiologie à l'hôpital de la Roche, fin juillet, les cardiologues, qui souhaitaient, entre autres soins envisagés, me faire un choc électrique, m'ont fait savoir que, mon coeur étant trop abîmé, plus rien n'était possible pour me retaper, sinon faute de mieux, des médicaments appropriés, que d'ailleurs j'apprécie beaucoup. L'un des cardiologues ne m'a-t-il pas dit : "Sans les médicaments, vous seriez mort !" Et pan !
Cet état de santé délabré entraîne pour moi une grande faiblesse, dont les paroissiens n'ont pas forcément conscience car, apparemment, dans mon attitude, cela ne se voit pas vraiment. Mais concélébrer est devenu pour moi difficile ; et si je dois vivre la messe en aube à l'autel assis la moitié du temps, il me semble que là n'est plus ma place désormais.
Pendant plus de 50 ans, que ce soit en Vendée, au Mali pendant 9 ans ou à Paris durant 6 années, je n'ai pas craint de célébrer à l'autel, et ce fut chaque fois pour moi une joie immense. Mais à présent, la situation a changé. Comme me l'a demandé quelqu'un avec étonnement : "Vous ne concélébrez pas ! Mais alors, est-ce que vous êtes encore prêtre ?" Mais bien sûr ! Car, Dieu merci, être prêtre n'oblige pas à se montrer à tout prix à l'autel si on est fatigué.
Est-ce un signe du ciel ? Tandis que je rédige ce billet, un ami de Dijon me passe un coup de fil. Il me demande des nouvelles de ma santé, suite à quoi il me raconte que récemment, un dimanche soir, il a participé à une eucharistie à la cathédrale de Dijon où il habite, célébrée par un prêtre âgé qui est resté assis derrière l'autel tout le temps de la messe, homélie comprise. Il en est sorti abasourdi. Cela me laisse pantois moi aussi. Je ne sais pas si c'est en se comportant ainsi que l'on prépare l'avenir de l'Eglise et celui de nos communautés paroissiales locales ! Comme Jésus le dit à Pierre en st Jean 21/18 : "Quand tu étais jeune, tu nouais ta ceinture et tu allais où tu voulais ; lorsque tu seras devenu vieux, tu étendras les mains, et c'est un autre qui nouera ta ceinture et qui te conduira là où tu ne voudrais pas."
Les prêtres de la paroisse de Talmont m'ont sans doute rendu service en ne me confiant plus la présidence des eucharisties dominicales, avec mon accord total d'ailleurs, sinon en semaine à la chapelle de Bourgenay. Il y a un âge auquel on doit savoir lâcher prise... Mais une chose est certaine, et elle me remplit le coeur de joie : c'est un bonheur pour moi de vivre le mystère de l'eucharistie côte à côte avec les paroissiens désormais, et pas au-dessus d'eux !
3 commentaires:
Merci pour ce beau partage, Olivier.
Que de pistes de réflexion encore dans ton billet...
La place des prêtres dans l'église bien sûr mais aussi dans les assemblées et dans la Communauté.
La place des paroissiens aussi...
En fait c'est la place de chacun, (surtout la sienne), mais aussi celle du Seigneur dans nos Vies. qu'il est toujours bon d'interroger de temps en temps.
Merci de continuer à nous montrer l'exemple et le chemin, Père Olivier.
Et longue Vie aux Prêtres, dans le respect et les meilleures conditions possibles pour chacun d'entre eux !
Amen.
Restez assis c'est bien normal et toujours au milieu de nous!
Amicales pensées d'Auzay
Le principal c'est d être présent. Dieu connaît nos difficultés et apprécie la participation de chacun en fonction de ses capacités. Moi aussi, désormais je suis obligé de rester assis pendant les Offices. Je prie tout aussi bien, du moins je l'espère
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