Tiens, il se met à parler italien ? Non, bien sûr ! Mais le "Vada a bordo, cazzo !" du commandant de la capitainerie de Livourne, Gregorio De Falco, adressé au capitaine du Costa-Concordia, a fait le tour du monde : "Remonte à bord, crétin !" Et encore, vu le sens du mot "cazzo", je suis poli ! Mais qui d'entre nous, face à un tel défi, ne s'est senti interpellé ? Ne nous arrive-t-il pas souvent, nous aussi, de fuir, d'essayer de disparaître, de nous cacher, d'éviter que l'attention se porte sur nous, afin d'esquiver une responsabilité ou de nous dérober à un appel ?
Le capitaine du paquebot, on ne sait pas encore exactement pour quelle raison, peut-être, selon lui, parce qu'il serait tombé à la mer lors du chavirage, faisait alors des ronds dans l'eau dans sa chaloupe, accompagné de son commandant en second, tandis qu'une pagaille extrême régnait sur le bateau. La conduite honteuse de ce capitaine, refusant de remonter à son bord, où les survivants se débattaient encore pour atteindre les chaloupes, a été déplorable en effet. Pendant ce temps, pour l'honneur de la marine italienne, le commissaire de bord luttait, auprès des passagers, pour en sauver le plus grand nombre ; la jambe brisée, il n'a été sauvé que 36 heures après le naufrage. Tandis que l'adjoint au maire de l'île Giglio fut le dernier à quitter le navire, alors même qu'il n'était ni passager ni membre de l'équipage. "Ils ont restauré l'honneur perdu de la collectivité", a écrit "La Stampa".
Y aurait-il donc, dans notre humanité, des bons et des méchants, des héros et des lâches, des ordures et des saints ? Et si le commandant de la capitainerie, le commissaire de bord, l'adjoint au maire et bien d'autres dont malheureusement nous ne savons pas les noms, plutôt que des surhommes, étaient tout simplement des hommes normaux, faisant simplement leur devoir de frères, assurant leur mission naturelle de citoyens responsables ? Ne cherchant surtout pas à se vanter de l'action menée. J'aime bien ce qu'a déclaré aux journalistes le commandant De Falco, militaire de devoir : "Rendez-moi un service : oubliez-moi !" Mais l'Italie n'en a pas envie. Enfin, pas tout de suite. "Les héros sont modestes, c'est d'ailleurs à cela qu'on les reconnaît", ainsi que l'explique Philippe Ridet dans son article remarquable à lire dans le journal "Le Monde" daté du 24 janvier.
Relisons notre vie ! N'est-il pas temps pour nous de remonter à bord, dans la société, en famille, au travail, dans une association, sur la paroisse ou ailleurs ? Non pas pour notre gloire à nous, mais pour le service de nos frères. Et cela, même si, et même d'autant plus si le bateau coule, si on a une jambe brisée, ce qui pourrait nous servir d'excuse pour ne rien faire ; et même s'il fait nuit, si c'est la panique, si l'eau environnante et noire semble vouloir nous engloutir ; et même si nous regrettons les belles soirées festives et faciles, sur le grand paquebot, aux temps meilleurs.
"Remonte à bord, crétin !" Et si c'était un appel de nos frères ? Et si c'était un appel de Dieu !
vendredi 27 janvier 2012
Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.350 : "Vada a bordo !"
Publié par
Olivier Gaignet
à
08:03
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