Hier soir, après la messe, en retournant au presbytère, je tombe sur un groupe de personnes échangeant gaiement. Nous nous saluons, et l'une d'entre elles, en laquelle je reconnais une paroissienne, me déclare : "On sort du cours d'espagnol. J'apprends cette langue car cela me permettra de mieux communiquer avec mes enfants, petits-enfants et leurs proches, qui vivent en Espagne."
Vous me direz : "Mais en quoi cela nous intéresse-t-il ? Vous n'avez pas de choses plus intéressantes, de faits plus marquants à nous commenter aujourd'hui ?" Si, j'aurais bien eu autre chose en effet, mais il m'a semblé que cette démarche était réellement digne d'attention, et qu'elle pouvait nourrir notre réflexion.
Lorsque je vivais au Mali, un sage m'avait alors révélé cet adage, d'origine musulmane, que l'on attribue au Prophète Mohammed, selon lequel, "plus l'on connaît de langues, plus l'on est homme !"
Autrement dit, si j'apprends que quelqu'un fait l'effort d'entrer dans une langue nouvelle, cela représente pour moi l'une de ces bonnes nouvelles dont ce blog est friant. En effet, cela veut dire que ce quelqu'un fait un pas en avant vers l'autre, afin d'essayer de mieux le comprendre, de découvrir au mieux qui il est en profondeur, d'entrer dans sa façon de voir, de découvrir sa culture, de se rapprocher de lui et du peuple particulier auquel il appartient.
Souvent, malheureusement, les peuples semblent s'opposer sur cette terre, comme si celle-ci n'était pas faite pour tous, comme si nous n'étions pas tous frères : quelle tristesse ! Au contraire, lorsque l'autre sent que vous faites l'effort de le comprendre, voici qu'il s'apaise et peut alors ouvrir son coeur, laisser éclater sa joie.
Au risque de vous fatiguer avec mes souvenirs personnels, je ne suis pas prêt d'oublier l'accueil chaleureux que je recevais, lorsque j'exerçais mon ministère sur Paris, sur la ligne de métro reliant St Denis à Châtillon-Montrouge : les Maliens étaient nombreux à l'emprunter ; ils s'exprimaient en bambara, la langue que j'ai essayé d'apprendre jadis à Bamako. Je les écoutais un moment, puis, j'intervenais dans la conversation. Très vite, leur étonnement de voir un "toubab" parler leur langue faisait place à une grande joie de se sentir reconnus, dans leur propre langue !
Apprendre la langue de l'autre, c'est en quelque sorte lui dire qu'il compte beaucoup à nos yeux ! De la même façon que Dieu a parlé la langue des hommes, et que nous, les humains, nous apprenons chaque jour un peu quelque chose du langage de Dieu !
"Alors, Yahvé étendit la main et me toucha la bouche, et il dit : "Vois, je place mes paroles dans ta bouche." (Jérémie 1/9) Puisse-t-il ne sortir de notre bouche que des paroles de fraternité ! Toute autre parole ferait de nous de ridicules, sombres et inutiles messagers de satan !
P-S : J'espère que vous n'avez pas oublié ! Demain mercredi, vous êtes tous invités aux voeux oecuméniques, organisés conjointement par l'Eglise catholique et l'Eglise réformée de France, qui auront lieu à la salle des OPS, entre 17h et 21h. Venez à l'heure que vous voudrez, restez le temps qu'il vous plaira. Belle occasion de rencontres autour de toasts, pâtisseries, boissons... A demain !
mardi 17 janvier 2012
Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.340 : "J'apprends l'espagnol"
Publié par
Olivier Gaignet
à
07:54
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