Samedi, hors paroisse, je suis allé rendre visite à un couple d'amis dont l'épouse souffre d'une maladie très grave. Ils savent tous les deux qu'il n'y a pas d'issue. En arrivant, ce qui m'a frappé, c'est de voir, écrits sur une simple ardoise, posée sur la cheminée, ces deux mots, en lettres majuscules : AMOUR, ESPOIR. J'ai fait celui qui n'avait rien vu et nous avons échangé tout un moment, avant de passer dans une autre pièce où j'ai remarqué une autre petite ardoise, placée elle aussi bien en évidence, avec ces deux mêmes mots. "Amour, Espoir", leur ai-je demandé, vous avez placé ces deux mots pour vous imprégner de leur force ?" "Oui, pour nous, c'est évident, l'espoir doit rester le plus fort, appuyé sur notre amour." Et le mari d'ajouter : "Dans ce genre de maladie, les médecins nous ont expliqué qu'il y avait à peine 5 à 10% de chances de guérison ; on veut y croire, et on fait tout pour cela." Quant à l'épouse, qui sent peu à peu ses forces la quitter, mais dont la tête est toujours aussi forte, elle ne baisse pas les bras non plus : "C'est incroyable, l'aide que l'on reçoit des voisins, et l'attention de tous à notre égard ! On se sent vraiment bien accompagnés, et cela nous aide beaucoup ! Les visites, les coups de fil nous font beaucoup de bien. On ne perd pas l'espoir. Et notre foi nous permet aussi de savoir où va notre vie !"
Cela m'a rappelé un très beau poème, que je me relis de temps en temps avec toujours autant de bonheur. Vous avez déjà certainement entendu parler de Nâzim Hikmet, ce poète turc qui est un des grands noms de la poésie mondiale. Ami de Picasso, de Jean-Paul Sartre, il a partagé, en 1950, avec Pablo Neruda, le Prix Mondial de la Paix. Suite à son combat pour la justice et la liberté, il a dû passer dix ans en prison dans son pays, loin de son amour. Je vous livre l'un de ses poèmes, qu'il a écrit en captivité en 1948 :
"Je suis dans la clarté qui s'avance
Mes mains sont toutes pleines de désir, le monde est beau.
Mes yeux ne se lassent pas de regarder les arbres,
les arbres si pleins d'espoir, les arbres si verts.
Un sentier ensoleillé s'en va à travers les mûriers.
Je suis à la fenêtre de l'infirmerie.
Je ne sens pas l'odeur des médicaments.
Les oeillets ont dû fleurir quelque part.
Et voilà, mon amour, et voilà, être captif, là n'est pas la question,
la question est de ne pas se rendre…"
Extrait de "Il neige dans la nuit et autres poèmes", éditions Gallimard, 2002, page 84.
Dans ce poème, le monde est beau ; et pourtant, il a été écrit tandis que son auteur était en prison ! Mais il semble nous dire que tant que la vie n'est pas détruite, il faut continuer à se battre pour la faire exister ! Merci à vous, cher couple, de nous y inviter !
Une pensée de saint Augustin pour nourrir aussi notre capacité d'espérance et d'amour : "La force du Christ t'a créé, la faiblesse du Christ t'a recréé."
lundi 16 janvier 2012
Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.339 : Espoir, Amour
Publié par
Olivier Gaignet
à
08:07
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