Parmi bien d'autres il est vrai, une paroissienne, très âgée, handicapée, qui vit seule et ne peut plus sortir de chez elle, fait vraiment mon admiration ! Par exemple, elle se débrouille pour faire passer chaque mois à la paroisse une somme représentant la quête qu'elle ne peut plus déposer elle-même dans une corbeille à l'église. Elle est très attachée au petit journal du doyenné, "Vivre Ensemble", qui lui permet de rester au diapason de la vie de la paroisse : elle le parcourt attentivement et se réjouit par exemple de la richesse de l'agenda paroissial, heureuse de découvrir la grande richesse des propositions. Bien entendu, chaque jour, longuement, elle prie pour la communauté paroissiale et plus largement. Elle parle des Cafés-Théo, se réjouit de ce qu'il existe un groupe d'amitié avec les musulmans, s'inquiète de me voir en charge d'une deuxième paroisse... Et elle ne se plaint jamais, ni de ses plaies, ni de ses ulcères, ni de ses multiples handicaps ; elle n'a que la vie des autres à la pensée et à la bouche !
Voici quelques-unes des réflexions qu'elle m'a faites récemment : "Je ne peux plus lire aussi facilement, mais je ne manque pas le bulletin "Vivre Ensemble". Je regarde ma messe le dimanche. J'ai de la considération pour les prêtres. Je ne m'ennuie jamais ; je ne connais pas la solitude : les prières en sont la cause."
J'avoue avoir été bluffé par cette réflexion ! L'on entend beaucoup plus souvent en effet des personnes, fort malheureuses il est vrai, prendre beaucoup de temps pour exprimer leurs misères et se plaindre de leur solitude... Mais comment leur en faire reproche ? Chacun, chacune a son histoire !
En tout cas, cette amie handicapée me semble ouvrir pour tous une porte d'espérance lorsqu'elle dit, avec beaucoup de simplicité, et sans vouloir faire la leçon à personne : "Je ne connais pas la solitude : les prières en sont la cause." Quelle leçon pour nous ! Autant pour les bien-portants que pour les personnes en difficulté... Remettre son existence entre les mains du Seigneur, cela permet en effet - la preuve - de lâcher prise et de rester serein et paisible face à l'adversité. Ce n'est pas moi qui le dit ; c'est une grande handicapée ! Je crois qu'elle a raison : elle le prouve par sa vie, et il me semble qu'il faut l'écouter.
Grâce à sa prière confiante en effet, elle a vraiment assimilé cet appel merveilleux de Jésus disant : "Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos âmes. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger." (Matthieu 11/28-30)
Attention ! Ne me faites pas dire que je fais l'éloge de la souffrance ou du handicap ! Jésus au calvaire n'a pas dit : "C'est merveilleux, cette croix" ! Mais, face à l'exemple de cette femme courageuse, j'aurais envie de m'écrier, comme le fait Shakespeare dans "Le Marchand de Venise" : "Que ce petit flambeau jette loin ses rayons..."
Chère paroissienne, merci !
lundi 30 janvier 2012
Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.353 : "Je ne connais pas la solitude !"
Publié par
Olivier Gaignet
à
08:00
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