Voici le message que je viens de recevoir de Jean-Pierre, diacre en Loire-Atlantique ; il rejoint ce que j'exprime parfois, comme dans les billets 2446 et 2432. Merci Jean-Pierre. Toutes les réactions seront les bienvenues !
Cher Olivier,
L'article
paru dans "La Croix" le 25/08/, intitulé "Politique, ces évêques qui
s'engagent", m'a fait réagir par rapport au positionnement de
l'épiscopat français.
Tu
trouveras en P.J. un texte qui traduit ma pensée. Est-il trop subjectif
et peut-être injuste? Mais je t'autorise à le publier sur ton blog si
tu considères qu'il peut suggérer le débat et non le fermer. Tu peux
aussi le réduire à ce qui te paraît essentiel. Dans ce cas j'assumerai
par ma signature, mes propos.
Merci une nouvelle fois de nourrir notre foi et de nous inviter à la rendre agissante.
Fraternellement
Jean-Pierre
Le mardi 25 Août, le journal "La Croix" titrait à la une : « Politique, ces évêques qui s’engagent ». Je me réjouissais d’avance de ce titre, croyant qu’il concernait l’épiscopat français. Ma joie fut de courte durée en lisant l’article, qui faisait référence aux prises de positions courageuses d’évêques d’Amérique latine. Ces évêques s’intéressent aux réalités sociales de leurs pays et ne privilégient pas les positions sur la morale personnelle. En cela, ils rejoignent les orientations du Pape François.
Nous sommes sur un autre continent, avec une autre histoire,
une autre réalité culturelle, mais nous sommes de la même Eglise, celle du
Christ et de son évangile. Nos évêques français ne sont-ils pas trop centrés
aujourd’hui sur les questions morales. La bioéthique occupe aujourd’hui
l’espace et les débats au détriment de d’autres missions de dimensions
sociales, économiques, écologiques… L’Eglise n’a pas à se taire elle est dans
son rôle quand elle défend la vie de la conception jusqu’à la mort, la dignité
inaliénable de tout être humain, mais pour autant, elle ne peut plus, dans un
monde de plus en plus sécularisé, diriger toutes les consciences individuelles
et collectives.
Les évêques seraient-ils devenus aphones sur les grandes
questions sociales actuelles : la question des migrants, les inégalités
sociales, les rapports entre les peuples, la violence, les dictatures… N’y
aurait-il plus place pour des grandes déclarations nourries par l’évangile et
qui pourraient conforter, soutenir ceux et celles qui agissent sur ces terrains
et éveiller les consciences des autres baptisé ?
De grands textes ont été publiés par les évêques de France :
-
1993 : « Face au chômage changer
le travail »
-
1996 : « L’écart social n’est pas une
fatalité »
-
1972 : « Pour une pratique chrétienne
de la politique »
-
2005 : « Repères dans une économie
mondialisée »
Plus près de nous, la grande impulsion donnée
par la Conférence des évêques de France de 2011 à 2013 : « Diacona 2013 : Servons la
fraternité. »
Cette proposition a été diversement suivie
selon les diocèses et les paroisses, mais elle avait eu le mérite de rappeler, à
tous les clercs ou laïcs, que le service du frère est au cœur de la mission de
tous les baptisés.
Je reprendrai simplement quelques éléments de
la déclaration d’envoi du grand rassemblement de clôture de Lourdes (9-13 Mai
2013) :
Début
de la déclaration : « Personne n’est jamais trop pauvre pour
n’avoir rien à partager. La fraternité n’est pas une option, c’est une
nécessité »
Fin de
la déclaration : « Le rassemblement « Diacona », voulu par l’Eglise de France, est une étape. Le temps de
l’engagement se poursuit. Les participants appellent tous les baptisés, et tous
les hommes et femmes de bonne volonté, qui se retrouvent dans les valeurs de
l’évangile, à se mettre en route ensemble, pour construire une société juste et
fraternelle. Une société où l’attention aux pauvres guide toutes nos
actions. »
1 commentaires:
Un grand merci pour ce partage Olivier ! Merci aussi à Jean-Pierre de nous permettre de nous interroger sur le positionnement de l'épiscopat français.
Bien sûr, comme toujours, tous les évêques ne sont pas à mettre dans le même panier. Je n'ai pas suffisamment de connaissances sur ce sujet pour vraiment prendre part au débat que vous proposez mais j'imagine qu'il doit y avoir en France aussi, fort heureusement, des prises de paroles, des agissements, des accompagnements "plus engagés" de la part de certains évêques. Même si cela est peut-être moins "assumé" que dans d'autres pays, comme en Amérique Latine où je crois il est important et urgent aussi de faire changer certaines choses et certains fonctionnements.
Il est aussi peut-être plus aisé de prendre part et position sur les difficultés sociales, économiques et politiques (entre autres) dans des pays si exposés aux inégalités et aux injustices. En France aussi, bien sûr, ces "mêmes" inégalités existent, demeurent, persistent et prennent de l'ampleur ; mais il est peut-être plus facile de "fermer les yeux" ou de poser le regard et l'attention sur une autre réalité que celles-ci.
Je ne connais pas bien le rôle des Evêques dans l'Eglise mais je crois qu'il revient aussi à chacun, et pas seulement aux évêques, de poser un regard juste et vrai sur le monde qui nous entoure afin d'oeuvrer au plus près de l'évangile du Christ, pour celles et ceux qui le souhaitent bien sûr. L'Eglise a certes sa part de responsabilité dans les messages qu'elle choisit de transmettre ou de "taire", mais on ne peut pas non plus la rendre responsable de Tout. Nous y sommes toutes et tous, baptisés, non baptisés, clercs et laïcs pour quelque chose ! Nous pourrions déjà nous aussi "montrer l'exemple" et oser aborder ces thèmes politiques, économiques, écologiques, etc. etc. en prenant part à ces différents débats d'actualité et d'Humanité, afin d'élargir ces discussions devant nos églises, autour de nos églises puis dans nos églises.
Je n'y connais pas grand chose en matière d'église ou de religion mais je suis toujours surprise de voir combien bon nombre de "croyants" attendent bien souvent énormément de l'extérieur (de l'Eglise par exemple) en oubliant tout ce qui pourrait déjà partir d'eux dès à présent (de l'intérieur, de l'élan de leur Coeur). Je ressens parfois une telle césure entre ce qui se passe ou se dit dans les églises et ce qui se passe ou se dit, se vit même, en-dehors des églises. Cela donne l'impression quelquefois certains fidèles oublient que le Christ est aussi à leur côté, dans leur foyer, dans leur travail, dans leur famille, dans leur quartier, dans leur maison, dans leur coeur aussi ; en somme dans leur Vie en-dehors de l'église. Oui c'est important de faire venir les fidèles dans les églises, c'est certain, mais il est tout aussi important peut-être de ramener un peu plus "d'Eglise et d'évangile du Christ" dans nos vies quotidiennes, dans nos discussions, dans nos prises de position et dans nos actions...
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