A ma grande surprise, le billet n° 2.003, publié ce jeudi 27 et relatant quelques souvenirs d'avant les ouvertures de Vatican II, a crevé tous les plafonds de lecture, si j'en crois les courbes, statistiques et paramètres divers auxquels j'ai accès sur mon compte blogger. Je vais donc faire part, dans ce billet et d'autres qui vont suivre, de quelques autres événements qui ont marqué mon enfance, concernant la religion.
Je n'ai pas eu de remarques à ce sujet, mais je voudrais cependant faire une mise au clair. Je ne livre pas ces souvenirs, qui peuvent sembler négatifs, pour démolir l'Eglise ! Je l'admire au contraire d'avoir su, depuis le Concile Vatican II, trop peu connu de nos jours, revenir à l'Evangile. Mon but est plutôt d'apporter un témoignage, parmi d'autres, pour que l'on comprenne mieux d'où l'on vient, et à quoi a su échapper notre Eglise d'aujourd'hui. Cette fois-ci, à propos des enterrements, dans ce que j'ai pu en connaître entre les années 1950 et 1953, date de mon entrée au séminaire de Chavagnes-en-Paillers, et du commencement d'une autre histoire !
A partir de 1949-1950 donc, étant enfant de choeur, j'ai souvent participé à des sépultures dans l'église de mon village, au Gué de Velluire. Personne ne nous en parlait, mais nous avions bien repéré, avec les autres servants, que les sépultures ne se ressemblaient pas. Pour les unes, l'on installait sur les piliers de l'église de grandes tentures noires, et pas pour d'autres ; certaines sépultures étaient chantées, d'autres pas. C'est ce que l'on appelait les classes ! Nous, on n'y comprenait rien, mais ça nous semblait quand même bizarre. En fait, un jour, quelqu'un (je ne sais plus qui) m'a expliqué qu'il y avait trois classes d'enterrement, suivant le montant du denier du culte. Là, j'avoue que ça m'avait choqué !
Et donc, pour ceux qui avaient les moyens, l'on chantait ; par exemple, "Dies Irae", et tout le monde trouvait cela très beau. Mais que pensaient ceux qui avaient un missel quand ils lisaient sur leur page, dans la colonne de droite, la traduction en français de ce cantique, dont voici un extrait : "Jour de colère que ce jour-là, quelle terreur nous saisira, lorsque le Juge apparaîtra pour tout juger avec rigueur" ? Après cela, et bien d'autres aspects semblables dans la religion d'alors, comment s'étonner de ce que tant de gens, aujourd'hui encore, aient dans la tête l'image d'un Dieu juge et méchant ?
En tout cas, à mon souvenir, pas un mot à propos de la vie du défunt, que ce soit à l'entrée ou pendant la cérémonie. Les lectures étaient en latin, et je n'ai jamais su ce que ça voulait dire ; dans les sermons, le curé disait toujours la même chose et les chants étaient en latin ; tout cela, je m'en souviens très bien. Avec ça...!!! Où cela pouvait-il conduire les gens ? Et nous, les enfants de choeur, de plus, on voyait bien que lorsque c'était une 3° classe, ça ne traînait pas, et l'on était vite de retour à l'école ! Ah, l'on ne s'en faisait pas, à l'époque !
Aux enterrements, parmi les proches du défunt, les hommes avaient un brassard noir, et les femmes un grand voile noir qui leur cachait le visage ; cela me paraissait étrange, et je n'osais pas regarder ! Et tout le monde restait habillé en noir un très long temps ; on avait le sentiment profond que la mort, c'était bien la fin !!!
A 65 ans environ de distance, mes souvenirs d'enfant : tristesse, noirceur, peur, jugement, résignation....
Dieu merci, même si la mort est aussi douloureuse à vivre de nos jours, les sépultures sont préparées et vécues bien autrement aujourd'hui. Rappelons-nous aussi ce mot de l'Abbé Pierre, l'un des grands fils de Vatican II : "La mort, c'est la rencontre prodigieuse, éblouissante, de l'Infini, de l'Eternel, de l'Amour."
samedi 29 octobre 2016
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.005 : Souvenirs d'enfance : les enterrements
Publié par
Olivier Gaignet
à
15:05
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