Homélie du 31 juillet dans le parc de Bourgenay (18° dimanche C)
Savez-vous quelle est l’origine étymologique du mot « vacances » ? Il provient du verbe latin « vacare », qui signifie « être vide » ; autrement dit, être débarrassé, être libéré de toute chose. Ce qui est tout l’inverse de ce que vit ce monsieur dont nous parlait à l’instant Jésus dans l’évangile : cet homme riche vivait dans l’abondance ; et il disposait de tant de biens qu’il n’avait même pas assez de place pour entasser toutes ses richesses près de lui, dans sa maison !
Mais cet homme-là, dont l’attitude égoïste nous scandalise, quel est-il ? Accrochez-vous bien à votre banc : cet homme-là, c’est nous, c’est chacun de nous ! Ah ! Vous exagérez, devez-vous penser ! Et pourtant, réfléchissons bien : ne sommes-nous pas, nous aussi, riches de nos biens, de notre carrière réussie, de notre belle voiture, de la beauté de nos enfants, du confort de notre résidence secondaire, du bien que l’on dit de nous ? Riches de la foi aussi de nos petits enfants, de notre bateau amarré dans le port de Bourgenay, de notre bien-être matériel, de notre bonne santé, de notre joli bronzage ? Et je pourrais poursuivre la liste. Et il n’y a pas que vous ! Moi aussi, je peux me sentir riche de pouvoir prendre la parole devant vous ce matin ?
Frères et sœurs, au cœur de ces
vacances, il est plus que temps, pour moi d’ailleurs comme pour vous, de ne pas
nous asseoir confortablement sur nos chances et sur nos richesses, matérielles
et spirituelles ; il est temps de ne pas chercher à les entasser dans les
étroits greniers de notre cœur, mais de les remettre enfin, au cours de cette
messe, dans la main de Dieu.
Car prendre de vraies vacances, c’est peut-être, avant tout, profiter de ce temps d’été, pour nous rincer l’esprit, pour nous vider la tête et le cœur de toutes ces richesses auxquelles nous nous agrippons, afin de les remettre paisiblement, librement, dans les mains de Dieu notre créateur. Il faudrait que ce temps de vacances soit l’occasion pour nous de faire un peu le vide par rapport à tout ce qui encombre, alourdit, abîme notre vie. On balaye bien le sol de notre maison, l’on désherbe bien notre jardin, pourquoi ne pas balayer aussi, faire le vide par rapport à ce qui engorge notre cœur ?
Les textes bibliques de ce jour, d’ailleurs, nous invitent à reprendre à zéro ce qui devrait être l’objectif prioritaire de ces vacances : c’est-à-dire, avec l’aide de Dieu, nous laisser vider du trop plein de nous-mêmes, et du trop plein de nos désirs égoïstes, pour restaurer en nous le meilleur de nous-mêmes, et restaurer en nous notre cathédrale intérieure. « Vanité des vanités, disait Qohélet, ce grand sage du 1° Testament, tout n’est que vanité ! » Qu’est-ce qui me tient le plus à cœur dans ce que je suis, dans ce que je possède ? Qu’est-ce que je pourrais faire évoluer, ou partager davantage ? Travailler à faire disparaître en nous tout ce qui est vanité, n’est-ce pas aussi cela, le rôle de vraies vacances, fructueuses, à l’école de Dieu ?
Dans l même sens, dans sa lettre aux Colossiens, l’apôtre Paul déclarait : « Faites donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre, comme cette soif de posséder qui est une idolâtrie. Plus de mensonge entre vous ! » Je vous invite à relire et à méditer tout cela durant la semaine qui vient. Et alors, peut-être ce constat superbe de l’apôtre Paul s’adressera-t-il aussi à vous, je le cite : « Vous vous êtes débarrassés de l’homme ancien qui était en vous et de ses façons d’agir, et vous vous êtes revêtus de l’homme nouveau… dans le Christ. »
Les vacances, un temps pour nous désencombrer de nous-mêmes, afin d’être plus libres pour aimer Dieu et servir nos frères, c’est ce que je nous souhaite, à vous et à moi, qu’il en soit ainsi ! Amen !
1 commentaires:
Ce commentaire d'Evangile nous invite à faire un chemin de conversion.
Etre "riches en vue de Dieu", c'est laisser une place à l'autre et à Dieu. Le but de notre vie n'est pas d'amasser de l'argent et de ne penser qu'à soi, car Dieu attend de nous une autre richesse : celle du Bon larron, celle de la Samaritaine... Eux se savent démunis devant Dieu qui est Tout.
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