Voici l'homélie que j'ai partagée ce matin sous les grands arbres du parc de Bourgenay ! Messe en plein air tous les dimanches de juillet-août, très appréciée !
Vous avez tous lu, je pense, « Le Petit Prince », ce conte superbe de Saint-Exupéry, qui se passe en grande partie dans le désert. Dans l’une des scènes, un marchand vante des pilules-miracles, censées apaiser la soif : « On en avale, dit-il, une par semaine, et l’on n’éprouve plus le besoin de boire. C’est une grosse économie de temps », dit le marchand. « Et que fait-on de ces heures supplémentaires ? » demande le Petit Prince. « On en fait ce que l’on veut », répond le marchand ! Réponse aujourd’hui : on peut regarder la télé, flâner dans les magasins, surfer sur internet… « Moi, se dit le Petit Prince, si j’avais 2 ou 3 heures à occuper, ou même une heure, je marcherais tout doucement vers une fontaine. »
Eh bien, frères et sœurs, c’est ce même choix que vous avez fait ce matin. Vous êtes venus vers cette fontaine, que représente l’Evangile entendu en cet endroit magnifique ; cette fontaine dont Dieu lui-même est la source, la fontaine du repos en Dieu. La fontaine de la paix dont nos vies ont tant besoin. N’avons-nous pas entendu Jésus dire à l’instant, à chacun de nous personnellement : « Paix à vous, paix à votre maison. »
Et quand Jésus nous dit : « « N’emportez ni argent, ni sac, ni sandales », qu’est-ce que cela signifie ? Sinon que, durant ce temps d’été, c’est sans doute l’occasion, pour nous, de nous débarrasser de tout ce qui alourdit notre marche en avant, vers la fontaine de Dieu. Et si l’été, les vacances, c’était l’occasion, enfin, de vivre au ralenti, de fonctionner autrement, et de nous débarrasser de nos mauvaises habitudes, de nos vieilles peaux ?
Paix à cette maison, paix à nos familles, qu’est-ce que cela veut dire ? En d’autres termes, bronzer, c’est bien ; s’habiller légèrement, c’est agréable. Mais au-delà de cela, c’est surtout l’occasion, pour chaque papa par exemple, d’être enfin un père ; parce que, ordinairement, il n’a guère le temps de s’occuper de ses enfants. Tandis que, de son côté, chaque mère peut redevenir une vraie maman, de façon plus attentive, pour chacun de ses enfants. Rappelons-nous cette parole d’Isaïe dans la 1° lecture : « De même qu’une mère console son enfant, moi-même, je vous consolerai ; vous serez comme des nourrissons que l’on porte sur son bras, que l’on caresse sur ses genoux. » Très belle description du rôle de la maman, identifié au rôle même de Dieu…
Quant aux grands-parents, ils savent bien qu’une semaine avec les petits-enfants, ce n’est pas de tout repos, mais certainement que du bonheur. Comme me le disait un papy cette semaine : « Les petits-enfants, nous voulons qu’ils se sentent bien chez nous, qu’ils se sentent écoutés, qu’ils découvrent de nouveaux repères. » Et si c’était tout simplement cela, être envoyé en mission ? Et pour toutes les personnes qui sont seules ou isolées, c’est la même mission qui vous est confiée : être attentifs, et ouverts, à tous ceux et celles qui sont près de vous. C’est à ce prix-là que notre humanité retrouvera le sens de la fraternité !
D’autre part, redisons-nous que
ces vacances, ou ce temps d’été, ne seront réussis que si nous avons su nous
arrêter pour regarder longuement le papillon qui se pose sur la fleur, et le
ciel où s’entrecroisent les nuages. Marcher pieds nus sur le sable, même quand
le temps est gris, tout en contemplant l’infini de la mer ; « La mer
toujours recommencée », selon la belle formule du poète Paul Valéry. Dans ce grand livre de la Création que
représente notre superbe région, prendre le temps de regarder ce que la main de
Dieu a fait, par amour pour nous, et de prier, de rendre grâce à partir de tout
cela.
Et puisque nous aurons un peu plus de temps, nous n’oublierons pas de porter dans notre prière nos amis de l’Ukraine, qui eux sont loin de pouvoir profiter comme nous de cet été… Sans oublier les Russes, victimes d’une autre façon eux aussi, ni les populations qui, à travers le monde, sont écrasées de souffrance.
En tout cas, puissions-nous profiter de ces longues journées d’été pour marcher lentement vers la fontaine de Dieu, au pas du Petit Prince ; pour contempler, pour méditer et pour aimer. Alors, nous serons mieux à même de comprendre le sens de la phrase qui concluait l’évangile de ce jour : « Le règne de Dieu s’est approché de vous », il est ici, il est en vous ! Amen ! Belles vacances à toutes et à tous, dans ce bel Esprit !
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire