Face à tout ce que nous vivons, guerre en Ukraine et ailleurs, conflit israëlo-palestinien, problèmes climatiques, maladies, souffrances multiples, pauvretés en tout genre, n'est-il pas un peu déplacé, sinon indécent, d'oser dire quand même que "la vie est belle" ? Je me suis beaucoup posé la question, alors que je viens de passer une petite semaine hospitalisé, suite à mes problèmes de coeur et autres. D'où mon silence de cette semaine sur ce blog.
Oui, c'est vrai, la vie n'était pas belle, vue de l'intérieur de l'hôpital : tous ces gens, atteints souvent de façon très grave, fatigués, épuisés, seuls et sans soutien parfois, sans grand espoir d'amélioration et encore moins de guérison. Sans cesse, en regardant autour de moi, je me suis dit et répété : quel avenir pour ce jeune gravement atteint par telle pou telle pathologie, diabète ou autre ? Et pour ce malade qui n'a plus aucun contact avec sa femme et ses petits-enfants ? Et tel autre qui a dû faire le deuil de tous ses projets professionnels ?
Et pourtant, quelle leçon de vie ! Durant la semaine, j'ai pu observer les uns et les autres, entendre des réactions pas toutes négatives ni désespérées, remarquer des attitudes d'écoute, des gestes d'entraide et d'encouragement mutuel. Plusieurs échanges entre malades, partageant à propos de la façon dont ils gèrent ce qui leur arrive, m'ont redonné une petite flamme d'espérance.
Il y a en gros deux catégories de malades, et cela, même si nous faisons souvent partie de ces deux groupes à la fois. Pour parler simplement, il s'agit de ceux qui sont parvenus, ou du moins essayent, d'accepter leur maladie ; et d'autre part, de ceux qui n'arrivent pas à la regarder en face, et se laissent écraser, dominer par elle.
Je disais que moi-même, je me situais un peu dans les deux catégories à la fois. Même si mon médecin traitant, fin observateur, m'a dit que, après un an de refus et d'un certain déni, il lui semblait que j'avais commencé à accepter le mal dont je suis atteint.
Cependant, quand on vient de me dire cette semaine qu'il n'y a guère d'amélioration en ce qui concerne mon coeur, toujours inopérable, et que, sans parler des autres problèmes également destructeurs, je vais désormais devoir me piquer chaque jour à l'insuline, j'ai recommencé à douter !
Et pourtant, de quoi est-ce que je me plains ? Je vais trouver de l'insuline, et de bons soignants, ce qui n'est pas le cas de bien des malades en Afrique par exemple. J'ai fait l'expérience une fois de plus d'un service de santé compétent, empathique, attentionné, fraternel. Et je suis encore debout pour l'instant.
Oui, finalement, la vie peut être belle quand on voit la façon dont des malades très atteints peuvent être bien accompagnés et soignés, quand on accepte la situation qui est la nôtre sans rêver inutilement d'une autre vie que celle qui nous est offerte ; mais aussi, quand la lumière, la fraternité et la paix sont au rendez-vous, particulièrement en fin de vie.
Ai-je de la chance d'avoir la foi ? Faut-il parler ainsi ? J'y pensais cet après-midi, en reprenant le rythme paisible de mes marches au bord de la mer, sur le port de Bourgenay. Comme disait Job, qui a eu son lot de joie, mais aussi de malheurs, "Dieu a donné, Dieu a repris, que le nom de Yahvé soit béni !" (Job, 1/21)
Luttons, battons-nous, afin que la vie soit plus belle pour tous ceux que nous rencontrerons !
1 commentaires:
Malgré vos soucis de santé, vous poursuivez vos messages sur votre blog, en étant fidèle à l'Evangile et à l'Eglise. J'apprécie votre ouverture sur l'actualité et la vie du monde.
Merci beaucoup !
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