Quand je pense Europe, c'est un peu comme lorsque j'admire l'océan, sur le port de Bourgenay où je réside. Plein d'espérance, j'y vois comme un horizon immense, avec des possibilités infinies, à l'image même de la mer, toujours magnifique, que ce soit les jours de beau temps ou de tempête !
Ce que j'ai de la peine à comprendre, c'est que, comme des enfants gâtés, nous avons de la peine à nous entendre entre pays européens. Je suis consterné par exemple de constater que, notre pays en tête, nous n'arrivons pas à saisir qu'il nous faut davantage soutenir l'Ukraine. Je suis navré aussi de constater que la France se permet sans cesse de donner des leçons aux autres pays. Il est vrai que pendant 2000 ans, nous nous sommes entretués allègrement entre Européens, et il demeure quelques beaux restes dans notre inconscient !
Ma grande crainte, c'est que les catholiques de France, dans nos paroisses, ratent, une fois de plus, un rendez-vous de l'histoire, et tournent le dos en grand nombre aux invitations de l'Evangile et aux grandes options de Vatican II. Selon une note du Cevipof-Sciences Po, publiée en mai par le chercheur Claude Dargent, 42% des catholiques, surtout les plus jeunes, envisagent de voter pour, les listes menées par Jordan Bardella (RN) ou Marion Maréchal (Reconquête). Mais qu'avons-nous donc raté dans notre pastorale pour que l'on en soit arrivé là ???
Et pourtant, quelle merveille que cette Europe ! En vrac, je vous livre quelques témoignages, volontairement tout à fait au ras du sol et forcément limités et très brefs ! Principalement vécus dans ma jeunesse, mais qui ont fait de moi jusqu'à aujourd'hui un européen convaincu et militant.
. Macédoine du Nord, alors en Yougoslavie : près de la capitale, Skopje, quel merveilleuses rencontres avec des familles paysannes, cultivant le tabac, exploitant des arbres fruitiers, si heureux de partager avec des Français de passage : un accueil, une amitié, des sourires que je n'ai jamais oubliés. Avec une immense souffrance face au manque de liberté, sous un régime alors dictatorial.
. La Grèce, pays de merveilles, traversée en auto-stop dans tout les sens, Péloponnèse compris. Au-delà des seuls merveilleux monuments, des habitants si enchantés de nous faire connaître leur beau pays, heureux de nous faire monter dans leurs véhicules, de faire des détours pour nous conduire où nous souhaitions aller.
. Quant à la Turquie, si méconnue, quelle surprise, par exemple, quand une famille juive d'Istanbul nous a proposé de nous emmener passer quelques jours de vacances avec eux dans les îles au Prince ! Un rêve !
. En Belgique, à Tournai, j'ai pu voir le monument que le Souvenir belge a élevé à la gloire des soldats vendéens, deux bataillons de territoriaux de la Roche-sur-Yon et de Fontenay-le-Comte qui se sont battus pour protéger Tournai contre l'envahisseur allemands, en août 1914 ; ils ont été décimés, mais les Belges ne les ont pas oubliés !
. En URSS, avant la chute du mur, de passage à Moscou en revenant du Mali vers la France par l'Aéroflot, souvenir merveilleux de l'attention des Russes, toujours prêts à nous renseigner lors de notre visite de Moscou. Je vous ai déjà raconté sur ce blog comment, quand nous arrivions dans le métro, souvent bondé, avec notre sac à dos, chaque fois, dix moscovites se levaient pour nous laisser leur place. Verrait-on cela à Paris ?
. En vacances dans les Pyrénées, près de la frontière espagnole, nous décidâmes un jour de gagner l'Espagne. Arrivés dans la ville de Bielsa, un dimanche, nous sommes allés à la messe. Le curé nous a repérés, et présentés à sa communauté. Puis, il nous a invités au restau. Il nous a ensuite conduit à l'entrée du tunnel de Bielsa, alors en construction, et confiés à des amis espagnols qui nous ont guidés pour notre retour vers le France, à travers le chantier énorme de ce tunnel en construction.
. Quant à l'Italie, je n'oublierai jamais ce routier italien, qui nous a pris en stop dans un immense camion et qui, le soir, allant dormir dans un motel, nous laissé dormir dans les couchettes de son camion, nous faisant une totale confiance.
. Le Portugal : prêtre aux Herbiers, les Portugais de la paroisse nous ont invités à aller avec eux, chez eux au Portugal. Avec l'accueil que vous devinez !
Je pourrais, et vous aussi sans doute, multiplier les faits vécus de fraternité au sein de l'Europe. Ce serait dommage de gâcher tout ça, pour des raisons d'égoïsme et de refus de l'autre différent de nous. N'avons-nous pas tout à gagner, en y mettant les conditions bien sûr, pour vivre ensemble comme des frères ?
A la veille des élections européennes, il vaudrait la peine de relire le fameux discours de Victor Hugo prononcé au Congrès de la Paix le 21 août 1849 : "Si les nations sont des patries, l'humanité est une famille (...) Tous ensemble, France, Angleterre, Belgique, Allemagne, Italie, Europe..., disons aux peuples : "Vous êtes frères" !"
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1 commentaires:
Quelle chance d'avoir visité tous ces pays !
Vivre ensemble comme des frères, c'est un chantier à la veille de ces élections européennes.
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