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...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



jeudi 28 novembre 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3016 : Leçon juive d'écologie

 Comme je l'ai déjà rappelé à diverses reprises, l'association interreligieuse "Dialogue pour la Paix sur le Pays des Olonnes" organise, deux fois par trimestre, des soirées de formation et d'échange aux Sables d'Olonne, qui attirent toujours beaucoup de monde.  Ce fut le cas aussi hier soir, pour entendre Charles Aïdan, membre du Conseil d'administration de cette association, beau-père du grand rabbin de France, nous présenter la dimension écologique du Judaïsme.  Intervention tout à fait passionnante, dont je ne pourrai malheureusement, faute de place, ne donner que quelques échos, en vrac, mais bien significatifs et éclairants.

 

La Genèse nous explique qu'un parfait équilibre régnait au Paradis, l'Eden, où se retrouvait toute la création : végétaux, herbes, arbres, ainsi que tous les êtres animés vivant dans les airs, sur terre et dans les eaux. Puis, Dieu créa l'homme et la femme, en les invitant à "prendre soin" de toute cette création (Genèse 1-15)  -  et non pas d'avoir pour but de la "soumettre", ainsi que cela a pu être malheureusement mal compris.  A travers ce récit, l'on comprend que le Judaïsme pose clairement, depuis son origine, la problématique de l'écologie, et de l'interaction des êtres avec leur milieu.

Adam et Eve auraient dû laisser cet Eden, tel qu'ils l'avaient reçu, à leurs enfants ; malheureusement, il n'en n'a pas été ainsi.  Suite à leur désobéissance, hommes et animaux furent punis, à travers le déluge, et les ressources du monde furent détruites en grand nombre, ce qui se poursuit jusqu'à aujourd'hui.  Mais la Thora, la Bible, pour pallier à  cela, a mis en place une série de conseils invitant le peuple à respecter la création.  Quelques exemples :

.  interdiction de la destruction gratuite des arbres portant des fruits (Deutéronome 20)

.  pas d'élevage de petit bétail : chèvres et moutons broutent herbes et racines, empêchant les terres sèches de verdir.  (Michna Bava Qamma 79b)

.  obligation de laisser la terre se reposer durant une année entière, après six années d'exploitation, pour permettre un repos de la terre et lutter contre l'épuisement des sols.  (Lévitique 25-2-4)

.  interdiction de la chasse et de la corrida par la loi rabbinique : au regard de la Bible, les animaux sont des êtres sensibles ; faire souffrir gratuitement un être vivant est un péché.

.  pour cette même raison, l'élevage en batterie pose question et la production de fois gras n'est plus autorisée en Israël.

.  les Juifs, de manière générale, consomment très peu de viande.

.  l'observance du chabbat s'inscrit directement dans une démarche écologique ; en effet, cela implique l'interdiction de toute activité pour soi et son bétail, l'interdiction d'avoir recours à une énergie, de se déplacer autrement qu'à pied, etc.  On imagine l'impact si l'on suivait un tel exemple sur la planète entière !

.  il existe une fête du nouvel an des arbres, "Tou Bichvat", vers la fin de l'hiver.

.  le peuple Juif s'est attelé à reboiser massivement la terre d'Israël : 240 millions d'arbres ont été plantés sur ce petit pays de 26 000 kms carrés;  Et il y a un projet qui commence à voir le jour : reboiser le désert du Neguev, qui représente les 2/3 du territoire.

.  Israël  a inventé l'arrosage par goutte à goutte, ce qui permet d'économiser l'eau.

.  recyclage des eaux usées à 94% (contre 1% seulement en France, 20% en Espagne).

      etc...

Conclusion de Charles  :  "Le Judaïsme se révèle être un ensemble de commandements qui influent et orientent la vie de celui qui s'y inscrit, créant un rapport plus profond à ce qui l'entoure.  La responsabilité de chaque Juif a une dimension immense, car il est le gardien d'un monde précaire et périssable.

Depuis son origine, le Judaïsme est conscient que les activités humaines (agriculture, élevage, industrie) sont par essence créatrices de désordres entraînant des pollutions, et c'est pourquoi un des fondements majeurs du Judaïsme auquel chaque Juif de par le monde se doit de souscrire est ce que l'on appelle le "Tikoun Olam", (la réparation du monde), afin que nous puissions préserver notre planète et transmettre un monde meilleur aux générations futures."

samedi 23 novembre 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3015 : Où en était le vivre-ensemble en Vendée, en 1903 ?

 Les billets de ce blog se suivent, mais ne se ressemblent pas !  Voici aujourd'hui une page tirée du journal bi-hebdomadaire "Le Patriote de la Vendée", parue en 1903 (n° 567-667, supplément au n° 576).  Ce journal, de tendance radicale-socialiste, fut fondé par le député Gaston Guillemet (1851-1914), maire alors de Fontenay-le-Comte, où il a toujours une rue près de l'église Notre-Dame. Journal politique, agricole et commercial, fondé en 1897 et qui cessa de paraître en 1914. 

L'on entend souvent dire qu'autrefois, il y avait bien moins de problèmes que de nos jours dans notre société ; l'article que je vous partage est très éloquent à ce sujet !  Auteur non précisé.  Mais attention : comme le dit Marie-France dans son commentaire, il n'est pas sûr qu'en face,, côté catho, l'on ait été moins virulent...  Dieu merci, aujourd'hui, les relations sont devenues plus paisibles, relativement !

                                                                        =o=o=o=

"Nous avons parlé, dans un précédent numéro, des sentiments de haine contre leurs petits camarades de la laïque, que les congrégations s'efforcent d'inculquer à leurs élèves. On sait, d'autre part, par quelles surexcitations alcooliques se sont distingués les saints jeunes gens convoqués par Piberne à Breuil-Barret.  Enfin, nous avons signalé les promenades nocturnes des Enfants de Marie du Boupère et leurs menaces de mort.

On peut dire que la jeunesse catholique s'agite terriblement, depuis le gosse de l'école primaire jusqu'aux amazones de Fuziller.  A Breuil-Barret, on ne se contente pas d'empoisonner les jeunes spadassins au moyen de prédications violentes : on les empiffre d'alcool.  Partout, à cette jeunesse à qui on devrait enseigner, avant tout, la tolérance et la bonté, on souffle la haine et le fanatisme.  Le cléricalisme aux abois rêve de façonner, contre la République et la Société laïque, des générations d'alcooliques et d'abrutis fanatisés.  Dans vingt ans, on sera obligé de construire de nouveaux asiles d'aliénés.  Ce sera le dernier service rendu à la France par l'Eglise catholique, apostolique et romaine.

En attendant, comme les lois sont faites pour tout le monde, pourquoi la République ne les applique-t-elle pas aux calotins ? Pourquoi, si elle n'est pas suffisamment armée, n'en ferait-elle pas de nouvelles ?  Contre les instituteurs congréganistes qui excitent leurs élèves contre les enfants de la laïque, une enquête permettrait de sévir, et il faut qu'on ne néglige aucune occasion de répression.  

Mais il est certain que la plus sale besogne se cuisine au sein des patronages, des Cercles catholiques et des innombrables confréries que le zèle batailleur des curés politiquailleurs installe dans chaque commune.

C'est dans ces officines louches, entre un verre de vin à bon marché et une prière abjecte, que l'on apprend à la Jeunesse catholique son métier de spadassin.  C'est là que s'élaborent les manifestations de la rue, que se composent les ignobles lettres anonymes et les sales pamphlets non moins anonymes que les nourrissons de l'Eglise, à l'heure où les honnêtes gens sont couchés, vont répandre ou coller, à la faveur des ténèbres, comme les malfaiteurs font leurs mauvais coups.

C'est dans ces repaires de bandits qu'il est indispensable de pénétrer quand besoin sera.  C'est le devoir des parquets de procéder à des enquêtes rapides et sévères.  Presque à coup sûr, on peut dire que toutes les ignominies qui se commettent dans une commune ont été complotées là-dedans.  On fait fermer les établissements insalubres et on punit ceux qui les tiennent.  Fera-t-on moins pour les repaires d'empoisonnement social ?"

                                                                    =o=o=o=

Ce n'est pas piqué des vers, comme on pourrait dire ! Ne croyons donc pas, par manque d'information, que les relations humains étaient, soi-disant, plus paisibles il y a un siècle qu'aujourd'hui !

jeudi 21 novembre 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3014 : Marie, la première en chemin

C'est aujourd'hui la fête de la Présentation de Marie au Temple par ses parents, Joachim et Anne.  On imagine la scène, l'émotion de ce papa et de cette maman qui viennent présenter leur fille au Seigneur, la lui confier, en quelque sorte la lui donner, la remettre entre ses mains.

Quand nous étions au séminaire, le 21 novembre était une grande fête ; nous étions invités ce jour-là à suivre l'exemple de Marie, et à dire oui au Seigneur en nous offrant totalement à lui.

Ce matin, l'oratoire de Bourgenay était bien rempli, malgré les vents contraires. Au moment de l'homélie, nous avons eu un excellent partage d'évangile à propos de cet engagement de Marie, et de sa place dans notre spiritualité profonde.

A propos de cette scène un peu difficile à comprendre dans laquelle Jésus répond, à ceux qui lui disent que sa mère et ses frères le recherchent : "Qui est ma mère et qui sont mes frères ?  (...) Celui qui fait la volonté de mon Père, celui-là est pour moi un frère, une soeur et une mère." (Matthieu 12/46-50)

Réaction d'une paroissienne : "Je n'aurais pas apprécié qu'on me dise ça !"  Effectivement, on a l'impression que Jésus n'en a rien à faire de sa mère ni de ses frères ; ce qui, si c'était le cas, serait difficilement compréhensible.  Alors qu'en réalité, Jésus ne rejette pas sa famille ; au contraire, il nous intègre dans sa famille. C'est d'ailleurs à nous aussi, aujourd'hui, que Jésus s'adresse : chacun de nous est sa mère, sa soeur, son frère... 

Jésus nous fait ainsi comprendre que sa famille n'est pas seulement constituée de sa mère et de ses frères, au plan charnel, mais que ce sont tous ceux qui sont fidèles à son Evangile qui font désormais partie de sa famille, qu'il considère comme membres de sa famille, au même titre que sa mère et ses frères.

D'ailleurs, c'est Marie elle-même, sa mère, qui a assuré l'éducation et permis l'ouverture de Jésus.  Il est évident que, si elle souhaitait être proche de Jésus dans sa vie publique et vivre avec lui la mission, comme le révèle la scène décrite par l'évangile de ce jour, Marie ne souhaitait pas garder Jésus pour elle ni pour sa famille seulement.  Ce jour-là en tout cas, il a été clair que Marie devenait membre de cette immense famille nouvelle des disciples de Jésus.

Marie avait été offerte à Dieu jadis par ses parents.  Et voici qu'à présent, de très nombreuses personnes se pressaient autour de Jésus, pour le suivre et s'offrir à lui.  L'on imagine sans peine que, parmi cette foule de croyants, Marie a été reconnue comme la première disciple ; même si sa modestie a fait qu'elle n'a jamais recherché les honneurs ni la gloire d'avoir été choisie pour faire naître Jésus.

Il nous faut à présent résister à un double écueil.  Evitons de penser que le rôle de Marie est sans importance, car Jésus l'aurait soit-disant un peu négligée ou mise à l'écart.  Et également, ne faisons pas d'elle l'égale de Dieu, en lui donnant une place glorieuse et triomphante, à elle qui ne s'est toujours considérée comme l'humble servante du Seigneur.

Sophie a conclu notre échange en nous redisant que Marie, pour nous disciples, c'est "la première en chemin". C'est sans doute une très bonne définition ! A l'occasion de cette fête de la Présentation de Marie, à nous de nous offrir, comme Marie, pleinement au Seigneur.  Pour pouvoir le suivre comme elle, au sein de cette immense famille de Jésus qu'est notre Eglise, le Temple de Dieu !

samedi 16 novembre 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3013 : Du risque d'être prêtre en Afrique

 Je ne suis pas certains que les catholiques, en France comme en Occident en général, soient bien conscients des difficultés que rencontrent leurs frères et soeurs chrétiens en Afrique. On nous donne en effet l'image de communautés joyeuses, souriantes, jeunes, dynamiques et d'une foi à déplacer les montagnes. Ceci est vrai, et nous ne pouvons que nous en réjouir. Mais il ne faudrait pas en rester à des clichés faciles, risquant de nous faire passer à côté d'un contexte difficile que nous connaissons bien mal.

Ayant été moi-même Fidei donum 9 années en Afrique, y étant retourné ensuite à diverses reprises en tant que responsable des prêtres Fidei donum français sur ce continent, pour y rencontrer ces prêtres diocésains donnant plusieurs années de leur vie sacerdotale pour soutenir la vie des Eglises en Afrique, j'ai pu faire l'expérience de l'envers du décor !

En résumé, en Afrique en général : climat très dur, sous alimentation, peu de services de soins et manque de médicaments, dirigeants souvent bien peu soucieux de la vie de leurs populations, absence de démocratie le plus souvent, chômage XXL, travail des enfants, guerres intestines, insécurité générale, peu de ressources financières, destruction de l'environnement, aucun confort, j'en passe et des meilleures !

Tout cela, je l'ai vécu et partagé, même si j'avais le soutien d'amis en France. Mais pour les amis Africains, la vie se trouvait être bien difficile !  C'est ce qui explique que bien des Africains veulent rejoindre l'Europe, dans l'espérance d'une vie meilleure.  Des abbés africains suivent également ce mouvement, sachant qu'en France, ils trouveront enfin un environnement stable, une situation financière bien plus confortable, un système de soins n'ayant rien à voir à ce qu'ils pourraient connaître en Afrique, et une sécurité leur permettant de vivre enfin paisiblement. De même que leurs frères migrants, ils seront toujours les bienvenus.  Et qui pourrait leur en vouloir de rechercher, comme eux, un meilleur état de vie ?

Voilà pourquoi je voulais vous parler aujourd'hui du danger, du risque que représente le fait d'être prêtre en Afrique. Voici quelques exemples parmi bien d'autres, pour expliquer cela ; ce sont des faits récents.

.  le Père Paul Tatu, 45 ans, originaire du Lesotho, a été abattu d'une balle dans la nuque à Pretoria, en Afrique du Sud, le 27 avril 2024.  Il était responsable des médias et de la communication au sein de la Conférence des évêques d'Afrique australe.

.  le Père William Banda, d'origine zambienne, avait été abattu quelques semaines auparavant, dans une église située au nord de l'Afrique du Sud.

.  l'abbé Christophe Komla Badjougou, prêtre togolais, Fidei donum au Cameroun, a été tué par balle à Yaoundé, capitale du Cameroun, le 7 octobre dernier.

.  le Père Nougi Alexander Sob, curé dans la partie anglophone du Cameroun, a été abattu le 20 juillet dernier.  Son corps a été retrouvé mutilé.

.  81 prêtres ont été attaqués au Nigeria en 17 ans, entre 2006 et 2023.  Dans ce grand pays, les prêtres sont considérés comme des cibles ; 16 ont été assassinés.

L'on pourrait poursuivre ce triste martyrologe... Sans oublier les chrétiens qui, eux aussi, versent un lourd tribut. Mais cela peut nous aider à comprendre ce qui motive les 2.400 prêtres Africains environ qui, d'après un chiffre de 2023, ont souhaité vivre leur ministère pastoral en France, dont environ une vingtaine rien qu'en Vendée.  Alors qu'en Afrique  -  il est utile de le signaler  -   les besoins sont environ trois fois plus criants qu'en France.  Question : leur absence ne risque-t-elle pas de faire défaut à la mission en Afrique ?

Bien sûr, il faut maintenir cette coopération et cet échange entre les Eglises d'Europe et d'Afrique, mais peut-être de façon plus adaptée et plus réfléchie !  Continuer d'échanger des Fidei donum, mais à condition qu'arrivent des prêtres vraiment missionnaires et serviteurs.  Et sans laisser l'Afrique de se priver d'un nombre peut-être trop important de prêtres qui se retrouvent au service des Blancs, des Européens, et non des populations de leur continent, qui sont en attente de bons bergers devenus parfois bien rares, sinon absents.

Souhait du Vatican : que les Eglises africaines riches en prêtres envoient plutôt des prêtres Fidei donum dans d'autres pays ou régions d'Afrique plus défavorisés, et non pas surtout en Europe ; et cela, dans le cadre d'une fraternelle coopération Sud-Sud entre Eglises.

S'inspirer des exemples magnifiques du prêtre camerounais Baba Simon ("La Croix" du 22 novembre 2024), ou de la mission ivoirienne au Soudan du Sud ("La Croix" du 15 novembre 2024).

Ceci est possible, comme en témoignent les exemples ci-dessus de Paul Tatu, de William Banda et de Christophe Komla !

A nous, Eglises en Europe et en Occident, de trouver le moyen de soutenir de tels engagements au service de l'Afrique et de la Mission !

A nous également de ne pas nous considérer comme une Eglise à bout de souffle, sous développée et sans avenir, en prenant enfin les moyens de gérer par nous-mêmes, et d'une façon nouvelle à inventer, la vitalité du Peuple de Dieu.

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Supplication du cardinal Ignace Bessi Dogbo, archevêque d'Abidjan en Côte d'Ivoire                                                                            (publiée dans "La Croix" du 31 octobre 2023, alors qu'il était archevêque de Korhogo en C.I.)

Ce message ne s'adresse pas à tous les abbés Africains bien sûr !

"Alors que des missionnaires occidentaux quittent tout pour trouver le bonheur de vivre en Afrique dans des conditions qui n'ont rien à voir avec le luxe de chez eux, des prêtres africains s'éternisent en Occident pour fuir ces mêmes conditions.

Il est urgent de prier pour les prêtres africains !  Que ces prêtres ne s'égarent pas loin de leur diocèse par amour de l'argent !"

jeudi 14 novembre 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3012 : "Le Règne de Dieu est au milieu de vous." (Jésus en Luc, 17/21)

 Je n'ai jamais compris pourquoi tant de catholiques semblent penser que le monde est mauvais, qu'il s'est détourné de Dieu, et qu'en conséquence, il vit dans le péché et ne sait plus où il va.  En voyant les églises se vider, ces braves fidèles ont l'impression que la religion se perd et que l'humanité s'est engagée sur un mauvais chemin. Cela entraîne chez eux une grande déception, une souffrance profonde et une énorme peur de l'avenir. Quel dommage !  

Question : ces personnes plutôt pessimistes ont-elles suffisamment médité le texte de l'évangile de ce jeudi par exemple ?  Des Juifs pieux, inquiets eux aussi de la mauvaise tournure des événements à leur époque, "demandaient à Jésus : "Quand donc viendra le Règne de Dieu ?" (Luc 17/20)  Et Luc de poursuivre ainsi : "Jésus prit la parole et dit : "Voici que le Règne de Dieu est au milieu de vous."   

Mais alors, si le Règne de Dieu est au milieu de nous, de quoi aurions-nous peur ?  Ah, il est vrai que Jésus précise en Luc 17/20 : "La venue du Règne de Dieu n'est pas observable."  Ce qui signifie qu'il n'y a pas une pancarte précisant, par rapport à un fait témoignant d'une belle action ici-bas, qu'il s'agit d'une manifestation du salut de Dieu.  Mais c'est à nous de savoir repérer les signes de la présence du Règne de Dieu au milieu de notre monde.

Mais ces signes, quels sont-ils ?  Les voyons-nous ?  En tout cas, ce n'est sans doute pas d'abord au nombre de catholiques présents à la messe du dimanche que l'on peut repérer l'avancée du Royaume ; même si cette fidélité à l'Eucharistie est d'une immense importance.  Citons donc quelques exemples de ce qu'il nous est donné de voir de positif, de l'avancée du Règne de Dieu autour de nous.

Dans le "Ouest-France" d'hier mercredi, j'ai noté un article qui nous explique que, par rapport à l'importance du vivre ensemble, "les Français en ont conscience, mais pas seulement, ils agissent." Et l'article se poursuit ainsi :  "51% des Français exercent au moins une activité associative ou collective, un chiffre en hausse de trois points par rapport à 2023, selon un baromètre Opinionway, et concernant 350.000 associations.(...)  Les Français ne se résignent pas : 83% considèrent que recréer du lien social et de la cohésion est une priorité. L'engagement associatif est un bon antidote face à une société divisée : les associations sont la première fabrique de lien social en France."

Autres pistes : à travers ce qui a rassemblé la France au moment des JO, comme en voyant ces 500.000 personnes tournées dans le même sens, orientées dans la même direction au moment du départ du Vendée Globe, ne constatons-nous pas un visage positif de ce dont notre monde est capable ?  A des centaines de miles, de yards et de pieds (pour utiliser le langage du Vendée Globe), de l'idée que l'on se fait d'un certain caractère des Français...

J'en reste à "Ouest-France", qui consacre plusieurs pages en ce jour aux "Assises de l'agriculture et de l'alimentation" qui se tiennent ce jeudi à Cesson-Sévigné, près de Rennes : belle occasion de permettre aux agriculteurs de se retrouver, de se faire entendre, de bâtir ensemble un projet au service de la population, qui a confiance en eux à 76%.

Et si tout cela allait dans le sens d'une présence plus grande du Règne de Dieu au milieu de nous ?  A chacun de nous de repérer ainsi des signes de cette avancée, soit autour de nous, soit à travers ce que des journaux ou des médias divers peuvent nous aider à découvrir et à apprécier.  Cela fait partie de notre rôle de baptisés, que d'être des découvreurs et des porteurs de bonnes nouvelles au sein de ce monde imparfait, mais que Dieu aime plus que tout, et qu'il nous invite à aimer !

samedi 9 novembre 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3011 : Les lumières du Vendée-Globe : "Vivons fort !"

 Ce matin, en allant vivre le Shabbat à la synagogue des Sables d'Olonne, comme je le fais environ une fois chaque mois, j'ai eu un mal fou pour trouver à me garer ! Un énorme embouteillage, et tous les trottoirs, même les plus mal placés et les plus tordus étant squattés par des voitures, immatriculées aux quatre coins de la France.  Des centaines de milliers de personnes présentes, de tous milieux et de tous âges.  Un tel attrait, cela veut sans doute dire quelque chose. Il est vrai que, de cet événement à dimension mondiale, nous pouvons sans doute tirer diverses leçons ; tant par rapport à nous-mêmes qu'en ce qui concerne notre société un peu en état de dépression, et qui semble ne plus croire en l'avenir.  Voici, en vrac, quelques points qui peuvent sembler porteurs d'avenir justement.

Alors qu'il semblerait qu'aujourd'hui, la mode n'est plus à des engagements forts, voici 40 hommes et femmes qui eux, osent se lancer dans une aventure inouïe.  N'y a-t-il pas là de quoi réveiller notre monde, et lui rappeler que seuls ceux qui acceptent de se battre au corps à corps avec la mer, ou plutôt, avec eux-mêmes, pourront se dire que leur vie a eu un sens infini ?

Sur les pontons, malgré de longues attentes parfois, les visiteurs sont agréables, paisibles et gardent le sourire. Evidemment, comme partout, certains font preuve de mauvais caractère, et des insultes pleuvent parfois, certains n'acceptant pas qu'il y ait des contrôles. Mais l'immense majorité est plutôt cool et compréhensive.  Que n'en est-il autant les jours ordinaires au sein de notre société !

Ces 40 skippers nous semblent exceptionnels ; mais ce n'est pas un hasard s'ils s'engagent dans une course aussi difficile : cela fait des années, pour la plupart, qu'ils se préparent à vivre cette grande aventure. Il faut savoir qu'ils ont beaucoup réfléchi, observé, étudié, travaillé, partagé, inventé... ; ils ont donné le meilleur d'eux-mêmes, ils se sont fait soutenir, conseiller, aider par des équipes.  Qui d'entre nous s'est battu de la même façon pour faire de sa vie une belle histoire, une aventure qui puisse donner du sens, du sel à sa vie ?

L'une des participantes, Clarisse Crémer, plutôt que de souligner les difficultés de la course, a souligné ceci : "J'ai surtout envie d'employer les mots "sérénité" et "joie".  Je veux profiter le plus possible de ce voyage inouï, progresser aussi dans tous mes choix techniques, stratégiques... Je veux avoir le plus de joie possible dans toutes mes journées..."  Et si cette vision positive de son dur engagement pouvait être repris, d'une certaine façon, au sein de chacune de nos vies, ne ferions-nous pas partie alors, nous aussi, de la liste des heureux bénéficiaires, et donc, participants à la victoire, à notre niveau, du Vendée-Globe ?

J'aime bien aussi cette réflexion du skipper sablais du Groupe Dubreuil, Sébastien Simon, qui a vaincu bien des épreuves et des déconvenues, mais ne s'est pas découragé. Il vient de déclarer ceci : "Je ne suis pas en train de m'apitoyer sur mon sort, mais c'est à moi de prouver de quoi je suis capable. Aujourd'hui, j'ai d'abord envie d'aller jusqu'au bout.  J'ai aussi envie de faire plaisir à tout le monde..." 

Eh oui, on admire ces skippers ! Ils courent pour nous en fait. En se lançant dans cette course aux difficultés immenses et multiples, ils contribuent à nous interpeller sur ce que nous avons le courage de faire ou non de notre propre vie. A chacun de nous d'en tirer les leçons, et de faire que notre existence, malgré les vagues, les tempêtes et la houle parfois effrayante, soit à la hauteur de notre idéal, de notre ténacité, de notre esprit de fraternité et de notre foi en l'Avenir !

Psaume 106/23-32  :  "Certains, embarqués sur des navires, occupés à leur travail en haute mer, ont vu les oeuvres du Seigneur et ses merveilles parmi les océans.  Il parle et provoque la tempête, un vent qui soulève les vagues ; portés jusqu'au ciel, retombant aux abîmes, ils étaient malades à rendre l'âme ; ils tournoyaient, titubaient comme des ivrognes : leur sagesse était engloutie.  Dans leur angoisse, ils ont crié vers le Seigneur, et lui les a tirés de la détresse, réduisant la tempête au silence, faisant taire les vagues.  Ils se réjouissent de les voir s'apaiser, d'être conduits au port qu'ils désiraient.  Qu'ils rendent grâce au Seigneur de son amour, de ses merveilles pour les hommes ;  qu'ils l'exaltent à l'assemblée du peuple et le chantent parmi les anciens."




jeudi 7 novembre 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3010 : Lire l'histoire du monde autrement

 Nombreux sont les citoyens qui s'inquiètent, dans de multiples pays du monde, face au recul de la fraternité, à un certain déni de la démocratie, tandis que des autocrates sont à la tête de nations parmi les plus importantes de la planète.  Question : mais où donc va le monde ?  L'on a cru un temps qu'il en était fini du temps des guerres, que la faim allait être vaincue, que le progrès allait permettre de résoudre tous les problèmes, tandis qu'allait naître un monde nouveau.  Las !  Il n'en a rien été.. Et notre stupeur est grande.

Il en est de même dans l'Eglise.  Dans les années 60, le Concile Vatican II représentait une immense ouverture, et tous étaient dans l'espérance, ainsi qu'en témoignait la constitution pastorale sur "L'Eglise dans le monde de ce temps" (4/2)  :  "Le genre humain vit aujourd'hui un âge nouveau de son histoire, caractérisé par des changements profonds et rapides qui s'étendent peu à peu à l'ensemble du globe (...) A tel point que l'on peut déjà parler d'une métamorphose sociale et culturelle dont les effets se répercutent jusque sur la vie religieuse."

Or, de quoi sommes-nous témoins aujourd'hui ?  D'une peur immense qui atteint tous les âges, toutes les catégories et toutes les nations.  Les jeunes ont peur de l'avenir, les Ukrainiens ont peur d'être abandonnés par l'Europe, 15 à 20 millions de Ouïghours sont opprimés par les Chinois, les Palestiniens ont peur des Israéliens et vice-versa, la peur règne entre républicains et démocrates aux USA, les personnes handicapées peinent à s'insérer dans la société, les évêques ont peur de voir les églises continuer à se vider, l'Europe et les USA ont peur de leurs frères et soeurs migrants, etc.

Face à une situation générale aussi désastreuse, faut-il être aveugle ou inconscient pour continuer à croire en l'avenir et à espérer ?  Tout serait-il perdu à jamais ?  Il n'en est rien ! Car tant que, au sein de notre humanité désunie et déchirée, des hommes et des femmes vont continuer à se lever pour empêcher le mal d'avoir le dernier mot, nous n'aurons pas le droit de céder au désespoir. 

Jésus, en tout, cas, nous avait prévenu : "Vous allez entendre parler de guerre et de rumeurs de guerre. Attention, ne vous alarmez pas : il faut que cela arrive, mais ce n'est pas encore la fin. On se dressera nation contre nation (...) ; de faux prophètes surgiront en foule et égareront beaucoup d'hommes (...).  Mais celui qui tiendra jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé."  (Matthieu 23/4-14)

Il y aura toujours également des prophètes du monde nouveau !  Il suffit de regarder autour de soi : ils sont innombrables, ceux et celles qui chaque jour s'engagent au service des autres, que ce soit dans leur profession, ou au sein d'une association.  En chaque pays existent et se battent, dans des conditions difficiles souvent, des militants de la paix, des personnes qui, au risque de leur vie parfois, s'attaquent à l'injustice et au mensonge.

A titre d'exemple, et pour faire bref, je citerai seulement le livre du récent lauréat du prix Goncourt, l'écrivain algérien Kamel Daoud : "Houris" ; un livre engagé du côté de la démocratie, de la justice et des femmes.

A travers de nombreux autres exemples similaires, l'on peut lire l'histoire autrement ; non pas celle qui nous semble imposée par les autocrates autoproclamés, mais celle qui s'inspire du témoignage du Christ ; l'histoire que contribuent à faire naître tous les artisans invisibles de la paix et de la fraternité.  Alors, à leur école, nous pourrons mieux comprendre combien l'Histoire, c'est aussi nous, en bas de l'échelle, qui la faisons.  Et cela, même si notre action est toute petite, comme l'expliquent les deux citations ci-dessous.

Coran 5/32  :  "Celui qui sauve un homme sauve toute l'humanité."

Talmud  (Sanhédrin 37 a)  :  "Celui qui sauve une vie sauve le monde entier." 

Méditons cette réflexion de l'archevêque anglican sud-africain Desmond Tutu : "L'espoir, c'est d'être capable de voir la lumière malgré l'obscurité."

Matthieu 24/33  :  "A ces signes, vous saurez que le Fils de l'homme est proche, qu'il est à votre porte." 


mardi 5 novembre 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3009 : Au-delà de halloween

 Au risque de paraître un peu dépassé, je dois vous avouer que je n'ai jamais apprécié halloween, une idée un peu saugrenue, donnant l'occasion à certains de se faire du fric sur le dos des enfants, de leurs familles et de la société.  Ceci est contraire à toutes les valeurs auxquelles j'adhère.  Je ne comprends absolument pas ces enseignants, y compris dans les établissements dits "catholiques", qui ont contribué à développer, auprès des enfants qui leur étaient confiés, ces images d'halloween un peu bébêtes, qui n'ont vraiment rien d'éducatif.  Alors qu'il serait urgent de développer, auprès des enfants, des énergies un peu plus positives, comme la fraternité ou le sens du beau.  

Vous connaissez les réticences sérieuses de l'Eglise au sujet d'halloween... Je ne vais pas avoir le besoin de vous les rappeler !  Le message biblique est d'une autre qualité et d'une autre profondeur, vous le savez... Mais, à titre  d'illustration,  je vous livre une réflexion venant du chamanisme, que m'a remise hier un ami chaman, Pascal, membre très actif du Secours Catholique local, outré par les effets de halloween, qui n'ont vraiment rien d'intelligent ni d'éducatif en effet !

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"Halloween, c’est une célébration qui n’est pas comprise, pour les chamans qui considèrent que chaque action sur terre à une conséquence. Donner à ses enfants l’apparence d’un démon, d’une sorcière maléfique, d’une entité ou autre zombie, attire le négatif sur eux.

Non seulement cela baisse leurs vibrations et empêche qu'ils soient protégés des énergies négatives, mais en plus, cela les familiarise avec les esprits du bas astral, comme s’ils étaient des personnages sympathiques.

Se déguiser en monstre à un impact fort sur nos énergies, alors que nous devons normalement nous protéger énergétiquement tous les jours.

Aux États-Unis la tradition pour halloween est de se déguiser tout simplement ; c’est un jour de carnaval où l’on peut être habillé en sandwich, en Elvis Presley, en Mickey... Autant que notre imagination nous porte. Mais en France, la tradition est uniquement tournée vers l’horreur.

Les enfants sont déjà confrontés trop tôt aux images de meurtres à la télévision, dans les jeux vidéo... Il est important de contrebalancer tout cela avec de belles images, plutôt qu’encore une fois, avec des images de souffrance et de méchanceté...

Ceci est le point de vue du chamanisme envers cette célébration.  Concentrons-nous plutôt sur le lendemain où nous allons célébrer nos ancêtres, notre lignée, nos aînés.. ;  qu’en France, nous oublions de plus en plus, et dont l'énergie est très importante en chamanisme pour assurer la continuité des valeurs au sein de chaque clan.

C’est l’occasion de parler des valeurs de notre famille, que nous voulons transmettre à nos enfants, l’occasion de parler des histoires de nos familles, que souvent les enfants ne connaissent pas ; l’occasion de se réunir, se souvenir et faire référence à nos ancêtres, avec des offrandes."

 

vendredi 1 novembre 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3008 : La Sainteté n'est pas réservée aux seuls catholiques !

Du 23 au 26 juin 2024 a eu lieu, à Salzbourg, un colloque sur la sainteté, regroupant Juifs, Protestants et Catholiques, avec des représentants de 25 pays. Pourquoi cela ? Il y avait de nombreuses choses à clarifier en effet !   Pour exemple, en ce qui nous concerne nous les catholiques, la sainteté a longtemps été considérée comme réservée aux baptisés fidèles à Rome, tous les autres humains en étant exclus : les Juifs depuis 2000 ans pour avoir (soit disant) crucifié Jésus, et les protestants étant considérés comme des hérétiques, et ne pouvant donc accéder à la sainteté, puisqu'ils ont tourné le dos à la "Sainte Eglise Catholique" !

Il faut avouer qu'aujourd'hui encore, la partie n'est pas gagnée. Nombre de catholiques demeurent méfiants vis-à-vis du Judaïsme, considéré comme une religion dépassée, totalement remis en cause, croient-ils, par la nouveauté du message de Jésus. Tandis que, ainsi que cela m'a été reproché à diverses reprises, pourquoi donnez-vous du temps et de l'importance aux protestants (sans parler des bouddhistes et des musulmans), au lieu d'assurer pleinement votre mission première de prêtre catholique, qui est de soutenir en priorité le catholicisme, afin d'éviter que nos églises ne se vident ?

Pendant 20 siècles donc, sans aucun scrupule sauf exception, le catholicisme s'est cru le seul dépositaire du "brevet" de sainteté ! Quelle erreur !  Quelle prétention !  N'étions-nous pas une religion au-dessus des autres ?  Et même la seule vraie religion ?  L'Esprit-Saint, ainsi mis de côté, à dû s'en mordre les doigts durant les deux millénaires passés !  Puis, dans les années 60, avec la réflexion menée lors du concile Vatican II, les choses ont commencé à bouger.  L'on a enfin commencé à comprendre que le grand appel du Lévitique 19/2 s'adressait, aux Juifs évidemment, en premier lieu historiquement ; et pas seulement à eux, mais aussi à tous les membres des autres religions, ainsi d'ailleurs  -  ô surprise  -  qu'aux humanistes de tout bord et aux hommes et aux femmes dits "sans religion": "Soyez Saints ; car Je suis Saint, moi, l'Eternel, votre Dieu."

Question : mais alors, où va-t-on, si même des personnes qui ne connaissent pas Dieu, ou semblent le nier, peuvent avoir droit eux aussi à la sainteté ?  Quel dommage que, pendant 20 siècles, l'on n'ait pas lu l'Evangile sérieusement.  C'était pourtant bien expliqué... Je ne citerai que deux passages : les Béatitudes, et Matthieu 25 ; relisez-les, et vous comprendrez.  

Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce n'est peut-être pas d'abord en réalisant des actes de piété que l'on entre dans la sainteté. Le théologien protestant allemand, le pasteur Dietrich Bonhoeffer, pendu par les nazis en 1945, affirmait ceci : "Ce n'est pas l'acte religieux qui fait le chrétien, mais sa participation à la souffrance de Dieu dans la vie du monde."

Quels sont les critères de la sainteté ?  Valables pour tout humain, et non réservés aux seuls croyants. Ce que l'on appelle aujourd'hui  "les signes des temps" ; c'est-à-dire : l'aspiration à la justice, à la liberté et à la paix, la fraternité universelle, dans le sens de l'Évangile, et la radicalité de l'amour ; poussé dans certaines circonstances jusqu'au don de la vie, en solidarité avec les plus faibles et au service de la justice pour tous ; tels en sont quelques exemples marquants. Au fond, tout ce qui sert l'homme concrètement et le sert en vue de sa pleine promotion et donc de sa libération de tout ce qui porte atteinte à sa dignité d'enfant de Dieu.

Sans aller chercher très loin, en ne parlant que d'aujourd'hui, je pense à ces milliers de volontaires, venus de toute l'Espagne, que les médias ont su mettre en valeur, qui sont venus pour aider bénévolement les sinistrés, leur donner un coup de main pour aider à déblayer, témoigner de leur solidarité, leur manifester qu'ils ne sont pas seuls ni oubliés... "Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir en détresse, et de venir à toi ?"  (Matthieu 25/37...)

Rappelons-nous ce que disait Saint Jérôme : "Tout homme naît avec l'Esprit-Saint."  Et donc, en conséquence, tout homme, même hors de l'Eglise catholique, est appelé, de façon invisible, à rejoindre la Sainteté de Dieu.

La question des droits humains présente un tronc commun d'engagement pour tous ceux qui croient en l'immense dignité de l'homme ; tous s'unissant, au-delà de leurs religions ou de leurs croyances pour faire advenir un monde nouveau ; cela n'entre-t-il pas dans le projet de Dieu ?

A ce sujet, relisons Péguy : "Ce qu'il faut savoir, disait Charles Péguy, c'est que la géographie, la carte du catholicisme, de l'Eglise, ne recouvre pas la carte des créatures grâciées."  Et le poète catholique, alors militant socialiste, de parler de "la Cité harmonieuse", là où sont assemblés dans l'amitié tous les hommes, de toutes nations et de toutes croyances, tel un peuple immense réuni autour du Père, dans la Cité nouvelle, la Cité de Dieu.

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Possibilité de relire le billet n° 2935, du 27 avril 2024, sur le même thème.