Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



vendredi 21 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2952 : Tout le monde n'aime pas les Juifs, en France !

 Communiqué de l'Amitié Judéo-Chrétienne de France

 
Une fois de plus, la Communauté juive en France est blessée avec une violence inouïe.

Une fois de plus, l'enfance juive est atteinte dans sa chair. Il y a 12 ans, trois enfants juifs étaient
assassinés à Toulouse par un islamiste pour la seule raison d'être juifs.

Aujourd'hui, une enfant de 12 ans a été violée en se faisant traiter de “sale juive”. Les trois jeunes
agresseurs âgés de 12 à 13 ans ont dit qu'ils entendaient "venger la Palestine" ?

Jusqu'où ira l'horreur?

Jusqu'où ira l'infamie des agitateurs d'antisémitisme, les porteurs de haine contre les juifs ?

Une fois de plus, l'Amitié Judéo-Chrétienne de France demande au gouvernement de ne plus se
contenter de bonnes paroles, mais de considérer enfin qu'attiser l'antisémitisme est un délit qui conduit
à des drames épouvantables, et de poursuivre devant les tribunaux les responsables politiques qui, par
leurs paroles, incitent au passage à l'acte.
.
Jean-Dominique Durand
Président de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France
21 juin 2024

 

Il est extrêmement regrettable que certaines associations ou instances politiques aient importé en France le conflit israélo-palestiniens.

De telles attitudes, hautement inflammables, ne font en rien avancer la cause de la paix au Proche-Orient. 

En gardant, en son sein des personnes ou associations qui ont insulté des Juifs ou les ont poussés à rejoindre plutôt le Rassemblement National, le Front Populaire  fait preuve d'une inconséquence qui risque de lui être fatale !

Voici deux réflexions à l'attention des antisémites de l'extrême gauche qui risquent de faire voler en éclat l'union des forces populaires :

Jean-Paul Sartre : "L'antisémite est un homme qui a peur. Non des Juifs, certes, mais de lui-même, de sa conscience, de sa liberté, de ses instincts, de ses responsabilités, de la solitude, du changement, de la société et du monde ; de tout, sauf des Juifs (...) C'est l'homme sui veut être roc impitoyable, torrent furieux, foudre dévastatrice : tout sauf un homme."      (voir mon blog du 29 mars 2019, n° 2273)

Emile Zola (dans sa "Lettre à la jeunesse")  :  "Des jeunes gens antisémites, ça existe donc, cela ?  Il y a donc des cerveaux neufs, des âmes neuves, que cet imbécile poison a déjà déséquilibrés ?  Quelle tristesse, quelle inquiétude pour le XX° siècle qui va s'ouvrir !"

jeudi 20 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2951 : Prier à la manière de Jésus

 L'évangile de ce jeudi 20 juin nous présentait la prière du Notre Père (Matthieu 6/7-15). Ce fut l'occasion de nous redire, lors de la messe de ce jour, en quoi consiste le fait de prier, d'après Jésus.

J'ai toujours été frappé par la multitude de prières que produisent des gens très pieux, mais dont les contenus témoignent souvent plus de la psychologie de leur auteur et de sa piété personnelle que de l'exemple de prière que nous a donné Jésus.  Car la seule vraie prière, c'est celle que Jésus nous a donnée.

Deux parties dans le Notre Père.  La 1° partie, qui représente la moitié de cette prière, consiste à se tourner vers le Père, vers "notre" Père, pour souhaiter, non pas quelque chose qui nous concerne, mais bien plutôt, l'avancée de son "travail" de Père, la progression de sa mission de salut.  Et cela, à travers les trois intentions, les trois souhaits suivants :

"Que ton nom soit sanctifié" : souhaiter que le nom de Dieu soit connu, béni, loué, telle devrait être le point de départ, la 1° partie de toutes nos prières.  En évitant par-dessus tout de commencer par parler de nous et de nos besoins.

-  "Que ton règne vienne": le souci premier d'un chrétien en prière, c'est que le Royaume de Dieu avance, que le salut progresse dans le monde ; nous prions pour l'Eglise et pour l'humanité.

-  "Que ta volonté soit faite", et non la mienne bien sûr !  Mais qu'est-ce que le Père veut, pour moi et pour le monde ? Car il ne s'agit pas d'abord de ce que moi, je veux, pour moi. Cependant, n'ayez crainte ; cela viendra dans la 2° partie de cette prière.

D'après Jésus, la moitié d'une vraie prière consiste donc en ces trois voeux ci-dessus.  On arrive alors à ce qui constitue la 2° moitié de la prière du Notre Père ; et l'on se trouve à présent en face de trois demandes :

"Donne-nous notre pain quotidien".  Le pain de notre nourriture matérielle, mais aussi le pain eucharistique.  Le pain de la fraternité et du partage.  Le pain de la culture et de l'échange, en gros,  tout ce qui peut nourrir l'homme, matériellement et spirituellement.

"Pardonne-nous nos offenses" :  cette demande est la plus simple, et ne demande pas d'explication particulière ; sauf que celui qui n'arrive pas à pardonner ne peut de présenter à l'eucharistie : avant de te présenter à l'offrande, va d'abord te réconcilier avec  ton frère...

"Délivre-nous du mal". C'est à ce moment-là que l'on peut évoquer le mal qui nous afflige : la maladie, le mal climatique, le fait de mal accueillir l'étranger, le mal des ruptures, notre mal-être, etc. a

Bine sûr, l'on peut continuer à prier avec toutes les multiples prières que nous connaissons.  Mais il nous faut comprendre que Jésus nous a donné le Notre Père pour nous apprendre à prier, et à désirer l'essentiel. Jésus nous apprend en effet à désirer le salut du monde, et il nous précise ce qu'il nous faut demander.

Mais pas la peine de faire des listes de demandes ; en effet, comme le dit Jésus : "Votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l'ayez demandé."

Quant au Je vous salue Marie, c'est une prière beaucoup plus récente, qui n'a pas été proposée par Jésus.  C'est une grande aide pour nombre de chrétiens, mais la référence quand on parle de la prière, c'est évidemment le Notre Père !

 

 



 

 

mercredi 19 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2950 : Appel signé par 6000 chrétiens

 

 « Aime ton prochain comme toi-même » (Marc 12, 31).

Chrétiennes et chrétiens, c’est ce que nous nous efforçons de vivre à la suite de Jésus-Christ. Alors que le Rassemblement national est aux portes du pouvoir, nous affirmons notre opposition déterminée à l’extrême droite et à ses idées. Nous appelons nos sœurs et frères à voter massivement contre le Rassemblement National.

Dans la parabole du bon Samaritain (Luc 10, 25-37), l’homme blessé, abandonné au bord de la route, est secouru par un étranger. L’Évangile renverse nos schémas de pensée, il nous appelle à prendre soin de tous nos frères et sœurs, par amour, sans aucune exception d’origine ou de religion, en reconnaissant l’égale et infinie dignité de chaque personne humaine.

lundi 17 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2949 : "La politique est la forme la plus haute de la charité. " (Pape Pie XI)

Pour nombre de personnes, la politique, c'est ce qui doit permettre à tous de pouvoir vivre, et surtout, de mieux vivre.  D'où, ces deux attentes principales qui arrivent en tête au sein des programmes de quasiment tous les partis : un meilleur pouvoir d'achat, et une vraie sécurité. 

Vous me direz : c'est bien ; mais comme cela semble loin de l'idéal proposé par le Pape Pie XI, le 18 décembre 1927, lors d'une déclaration aux universitaires catholiques italiens : "La politique, c'est la forme la plus haute de la charité."

Attention ! Il ne faut pas minimiser les attentes des citoyens.  De nos jours, pour beaucoup, la vie est dure, et le pouvoir d'achat est une question vitale ; sans parler du problème des retraites !  Tandis qu'une soif de vraie sécurité est vivement souhaitée par l'ensemble de la population.

Cependant, ce qui est inquiétant, c'est que nombre de responsables politiques, y compris au plus niveau, et dans quasiment tous les partis, en restent souvent à des problèmes matériels, alors qu'il serait bon d'entraîner les citoyens à découvrir et comprendre les vrais enjeux de la politique au plus haut sens du mot, et l'importance du vivre-ensemble : là, on est dans le spirituel en effet !

D'ailleurs, les Français veulent un monde politique différent.  Et si c'était autour d'une vraie fraternité, avec la mise au premier rang des priorités le souci des personnes les plus défavorisées ?

Traiter les questions du pouvoir d'achat et de la sécurité, c'est tout à fait nécessaire.  Mais quel responsable politique va oser situer cela dans une perspective plus large, et pas seulement en raison d'un souci électoral ?  C'était ce à quoi le Pape Pie XI avait voulu inviter ses contemporains il y a près d'un siècle.

L'écrivain Antoine de Saint-Exupéry, pendant le temps de son exil aux Etats-Unis, était intervenu en ce sens quand il écrivait, en 1943, dans sa "Lettre à un otage", adressée à un ami juif, caché dans le Jura, dans une France occupée : "Les craquements du monde moderne nous ont engagés dans les ténèbres. Une politique n'a de sens qu'à condition d'être au service d'une évidence spirituelle."

Or, au milieu des débats actuels et des luttes d'égo  -  moi, moi, moi  -  nos responsables politiques, en France, semblent souvent loin de vouloir entraîner nos concitoyens sur un tel chemin, un peu exigeant, nécessitant l'investissement spirituel de chacun, au delà des simples besoins matériels, si importants  soient-ils.

Ecoutons encore Saint-Exupéry, ce merveilleux maître à penser comme il en manque tant :  "Aujourd'hui, je suis profondément triste pour ma génération, qui est vide de toute substance humaine. (...) Il n'y a qu'un problème, un seul de par le monde : rendre aux hommes une signification spirituelle.  Ils auraient tant besoin d'un Dieu.  Quand la France sera sauvée, alors se posera le problème fondamental de notre temps, qui est celui du sens de l'homme, et auquel il n'est point proposé de réponse ; et j'ai l'impression de marcher vers les temps les plus noirs du monde."

C'est ce que ce "Pilote de guerre", Antoine de Saint-Exupéry, écrivait, en 1943 également, dans sa "Lettre à un général", texte poignant rédigé peu de temps avant sa mort.  Une interpellation par rapport à la dimension spirituelle profonde de la politique, que notre président et nos responsables politiques, pour élever le niveau à ses justes enjeux, auraient fort intérêt à méditer !

samedi 15 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2948 : Les échecs du "grand" roi Salomon

Déformation professionnelle ? En réfléchissant aux échecs continus et manifestes du président de notre pays, je n'ai pas pu ne pas penser aux multiples échecs des rois d'Israël, longuement relatés dans la Bible. A ce sujet, j'ai essayé de relire les raisons des échecs, par exemple, du roi Salomon ; tout en me demandant si cela ne serait pas éclairant par rapport à la situation que nous vivons aujourd'hui. Loin de moi de vouloir faire un parallèle entre le roi Salomon et notre président : ils ne jouent certainement pas dans la même catégorie !   Et pourtant, que de similitudes surprenantes... 

Ceci dit, je crois en effet que, comme le disait l'Ecclésiaste (1/9) : "Ce qui a existé, ce qui existera ; ce qui s'est fait, c'est cela qui se fera ; rien de nouveau sous le soleil !"  Est-ce une coïncidence ?  La tradition veut que Salomon, roi d'Israël de 970 à 930 avant notre ère, soit l'auteur de l'Ecclésiaste..  Et les raisons des échecs d'il y a 3000 ans peuvent aussi être celles d'aujourd'hui !

Et pourtant, Salomon était de bonne famille ; il venait d'un milieu favorisé, cultivé, si l'on en croit la Bible.  Il avait connu la facilité dans tous les domaines, eu de bons emplois dans lesquels il a été reconnu, exercé d'importantes responsabilités auxquelles il avait su faire face.  Son talent était reconnu.  Sur le plan professionnel, il était éblouissant de réussite : il avait construit le palais, un temple magnifique, le mur d'enceinte de Jérusalem, etc (1 Rois 3/1)...

Mais assez vite, il s'est enlisé dans des erreurs qui l'ont entraîné bien bas ; la source de ses égarements ?  L'abandon de certaines règles morales, l'éloignement des vrais besoins de son peuple.. Empêtré dans sa suffisance, sa vie a bifurqué.  Il ne comptait que sur lui même.  Sa réussite lui a fermé les yeux sur ce qu'aurait dû être son rôle face à un peuple qui attendait tout de lui.  Il s'est allié au pharaon, l'homme fort de l'époque.  Sa conscience en fut altérée !

Le drame, c'est qu'il a cru pouvoir conserver la maîtrise des situations, alors qu'il en était asservi.  Il n'en a fait qu'à sa tête, ne comptant plus alors ni sur ses conseillers, ni sur Dieu.  Salomon lui-même avait pourtant eu la sagesse de dire : "Quand on ne consulte personne, les projets échouent ; mais lorsqu'il y a beaucoup, de conseillers, ils se réalisent."  (Proverbes 15/22)  Une fois roi, Salomon s'est reposé...sur lui-même ; son malheur, c'est qu'il était intelligent et...orgueilleux.  Il s'est appuyé sur sa soit-disant sagesse ; mais quand l'orgueil s'en mêle, cette sagesse diminue sérieusement.

Les conséquences de ces faiblesses du roi Salomon ont été très graves. Les répercussions de ses erreurs se sont étendues à tout le peuple, qui a été victime de ses égarements.  Les Israélites se sont détourné comme lui du droit chemin de leurs ancêtres.  De plus, le pays s'est alors divisé en deux, et ce déchirement a été terrible. Dieu lui a dit en effet : "Parce que tu n'as pas observé les lois que je t'avais données, je t'enlèverai le royaume et je le donnerai à ton serviteur : c'est décidé !"  (1 Rois, 11/11)  

Les proches de Salomon se révoltèrent contre lui, parmi eux, Jéroboam.  "Jéroboam aussi se révolta contre le roi, alors qu'il était à son service (...) Ce Jéroboam était un homme courageux et de grande valeur ; Salomon avait remarqué la qualité de son travail."  (1 Rois 11/28)  Le prophète Ahyia confia à Jéroboam la mission d'annoncer à Salomon que Yahvé allait diviser en deux son royaume, pour le  punir.  Il faut relire ce passage du premier Livre des Rois (11/26/40) L'affaire s'est conclue de la façon suivante, démontrant bien la mauvaise foi de ce roi : "Salomon chercha à faire mourir Jéroboam, mais Jéroboam s'enfuit en Egypte et il y resta jusqu'à la mort de Salomon."  (1 Rois 11/40)  Salomon s'est ainsi discrédité et termina sa vie obscurément.

Comme nous le répétait de temps à autres le Père Girard, un de mes excellents professeurs de littérature au séminaire des Herbiers : "Sic transit gloria mundi !"   "Ainsi passe la gloire de ce monde !"  A bon entendeur, salut !



mardi 11 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2947 : Elections : regarder la figure du Christ !

 Les évêques des Hauts-de-France n'ont pas tardé à réagir, suite aux résultats des élections européennes en France, et particulièrement dans leurs trois diocèses du nord de notre pays.  J'étais heureux d'entendre, dès ce mardi matin, des commentaires élogieux quant à leur déclaration, sur les ondes de France-Inter, où leur parole a été prise au sérieux.

Dans ce contexte bien troublé et plein de fureur, ils ont raison de nous inviter à la sagesse et à la réflexion.  Il nous faut comprendre aussi ceux qui, dans notre pays, se sentent abandonnés, incompris, oubliés, sinon méprisés.

Mais surtout, ils nous appellent, face aux enjeux en cours, à regarder la figure du Christ, et à relire et méditer la page des Béatitudes, au chapitre 5 de l'évangile de St Matthieu, pour mieux comprendre ce que pourraient être les bases et l'inspiration profonde d'un véritable programme de gouvernement.


Pour une sagesse politique
 
Les résultats des élections européennes et l’annonce par le président de la République de la dissolution de l’Assemblée nationale qui a suivi sont un symptôme des profonds malaises ressentis face aux crises et aux bouleversements qui agitent les sociétés dans notre monde. Des hommes et des femmes se sentent aujourd’hui un peu perdus, délaissés et sans avenir. Ils aspirent à reprendre en main leur destinée dans une plus grande sécurité. Ce sentiment légitime est cependant ambigu car il peut verser dans la nostalgie, la victimisation de soi ou la quête d’un bouc émissaire.
 
Plus les temps sont troublés, plus nous avons besoin de sagesse, une sagesse politique ancrée courageusement dans la tradition humaniste, la fidélité au service du bien commun, l’attention aux plus petits, l’humilité de l’écoute et la solidarité universelle.

Le temps n’est plus où l’Église catholique donnait des consignes de vote en s’immisçant dans les consciences. Évêques de Lille, Arras et Cambrai, nous encourageons cependant les chrétiens et les personnes de bonne volonté à s’engager dans la société en regardant la figure du Christ et en appelant les lumières de l’Esprit Saint.

+ Laurent Le Boulc’h, archevêque de Lille
+ Vincent Dollmann, archevêque de Cambrai
+ Olivier Leborgne, évêque d’Arras

 

dimanche 9 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2946 : "Qui sont mes frères ?" demande Jésus, en Marc 3/33

 Si j'avais dû faire une homélie en ce dimanche, je crois que j'aurais commenté cette scène finale de l'évangile de ce jour dans laquelle, à ceux qui lui signalent que sa mère et ses frères sont là qui le cherchent, Jésus répond, un brin provoquant, que "celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une soeur, une mère."

Toujours aussi déroutant, ce Jésus !  Et pas plus compris aujourd'hui qu'en son temps !  On imagine la tête de ses auditeurs, probablement interloqués par une telle réponse !  Mais que voulait-il donc dire ?  De fait, Jésus fait là une déclaration capitale. Sa vraie famille, il la situe non dans sa parenté charnelle, mais dans les hommes et les femmes qui font la volonté de Dieu.

Mais, "faire la volonté de Dieu", n'est-ce pas un peu vague ?  Est-ce que cela signifie aller à la messe chaque dimanche, ne pas oublier de se confesser, organiser des temps d'adoration, ne pas manger de viande le vendredi ?  Je blague !  En réalité, nous avons déjà la réponse dans les Evangiles, à propos de ce que Dieu veut de nous, attend de nous ; il suffit de relire les Béatitudes (Matthieu 5/1-12) ou Matthieu 25/31-46 : "J'ai eu faim..."  Vous connaissez !

Mais alors, ceux qui font la volonté de Dieu, ce ne sont pas forcément les chrétiens seulement ; en effet, nous connaissons tous des  personnes sans lien avec l'Eglise, mais qui donnent le meilleur d'eux-mêmes pour bâtir un monde plus fraternel. Charles Péguy ne disait-il pas : "Le corps du Christ est plus étendu qu'on ne le pense" ?  Et il parlait aussi, à propos d'un de ses amis juifs athées, de "...ces athées qui ruissellent d'Evangile."

Je vous propose un petit exercice  -  une fois n'est pas coutume  -  et si nous essayions de repérer une ou plusieurs personnes de notre entourage, y compris dans notre famille, qui n'ont aucun lien avec l'Eglise, mais gardent le souci de servir leurs frères ?  D'abord, cela nous permettrait de jeter sur eux un autre regard, étant donné qu'ils sont, même non croyants, les frères et soeurs de Jésus ; mais d'autre part, cela pourrait alimenter notre action de grâce, notre espérance et notre prière !

Personnellement, je viens de vivre deux faits en ce sens,rien que  cet après-midi.  Une jeune femme de mes amis, très loin de l'Eglise, vient de me partager qu'elle donnait de son temps pour accompagner une de ses tantes, très touchée par la maladie et la solitude, tout en cherchant l'issue la meilleure pour la sortir de sa situation.  Puis, c'est un militant communiste, avec lequel j'avais beaucoup sympathisé tandis que j'étais curé sur les Sables d'Olonne, qui m'a expliqué son engagement en faveur d'une solution pacifique en Israël-Palestine.

Je n'ai pas eu besoin de chercher des intentions de prière pour finir cette journée, ni eu la tentation de me plaindre car il y a bien peu d'enfants qui font la profession de foi désormais.  L'Esprit de Pentecôte est toujours actif et présent.  Merci Seigneur pour tous ces frères et soeurs qui font la volonté de Dieu, bien au-delà des murs de nos instances chrétiennes !

mardi 4 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2945 : Europe, peuple de frères

Quand je pense Europe, c'est un peu comme lorsque j'admire l'océan, sur le port de Bourgenay où je réside. Plein d'espérance, j'y vois comme un horizon immense, avec des possibilités infinies, à l'image même de la mer, toujours magnifique, que ce soit les jours de beau temps ou de tempête ! 

Ce que j'ai de la peine à comprendre, c'est que, comme des enfants gâtés, nous avons de la peine à nous entendre entre pays européens. Je suis consterné par exemple de constater que, notre pays en tête, nous n'arrivons pas à saisir qu'il nous faut davantage soutenir l'Ukraine. Je suis navré aussi de constater que la France se permet sans cesse de donner des leçons aux autres pays. Il est vrai que pendant 2000 ans, nous nous sommes entretués allègrement entre Européens, et il demeure quelques beaux restes dans notre inconscient !

Ma grande crainte, c'est que les catholiques de France, dans nos paroisses, ratent, une fois de plus, un rendez-vous de l'histoire, et tournent le dos en grand nombre aux invitations de l'Evangile et aux grandes options de Vatican II. Selon une note du Cevipof-Sciences Po, publiée en mai par le chercheur Claude Dargent, 42% des catholiques, surtout les plus jeunes, envisagent de voter pour, les listes menées par Jordan Bardella (RN) ou Marion Maréchal (Reconquête). Mais qu'avons-nous donc raté dans notre pastorale pour que l'on en soit arrivé là ???

Et pourtant, quelle merveille que cette Europe !  En vrac, je vous livre quelques témoignages, volontairement tout à fait au ras du sol et forcément limités et très brefs !  Principalement vécus dans ma jeunesse, mais qui ont fait de moi jusqu'à aujourd'hui un européen convaincu et militant.

Macédoine du Nord, alors en Yougoslavie : près de la capitale, Skopje, quel merveilleuses rencontres avec des familles paysannes, cultivant le tabac, exploitant des arbres fruitiers, si heureux de partager avec des Français de passage : un accueil, une amitié, des sourires que je n'ai jamais oubliés. Avec une immense souffrance face au manque de liberté, sous un régime alors dictatorial.

La Grèce, pays de merveilles, traversée en auto-stop dans tout les sens, Péloponnèse compris. Au-delà des seuls merveilleux monuments, des habitants si enchantés de nous faire connaître leur beau pays, heureux de nous faire monter dans leurs véhicules, de faire des détours pour nous conduire où nous souhaitions aller.

.  Quant à la Turquie, si méconnue, quelle surprise, par exemple, quand une famille juive d'Istanbul nous a proposé de nous emmener passer quelques jours de vacances avec eux  dans les îles au Prince ! Un rêve !

.  En Belgique, à Tournai, j'ai pu voir le monument que le Souvenir belge a élevé à la gloire des soldats vendéens, deux bataillons de territoriaux de la Roche-sur-Yon et de Fontenay-le-Comte qui se sont battus pour protéger Tournai contre l'envahisseur allemands, en août 1914 ; ils ont été décimés, mais les Belges ne les ont pas oubliés ! 

.  En URSS, avant la chute du mur, de passage à Moscou en revenant du Mali vers la France par l'Aéroflot, souvenir merveilleux de l'attention des Russes, toujours prêts à nous renseigner lors de notre visite de Moscou. Je vous ai déjà raconté sur ce blog comment, quand nous arrivions dans le métro, souvent bondé, avec notre sac à dos, chaque fois, dix moscovites se levaient pour nous laisser leur place. Verrait-on cela à Paris ?

.  En vacances dans les Pyrénées, près de la frontière espagnole, nous décidâmes un jour de gagner l'Espagne. Arrivés dans la ville de Bielsa, un dimanche, nous sommes allés à la messe. Le curé nous a repérés, et présentés à sa communauté. Puis, il nous a invités au restau. Il nous a ensuite conduit à l'entrée du tunnel de Bielsa, alors en construction, et confiés à des amis espagnols qui nous ont guidés pour notre retour vers le France, à travers le chantier énorme de ce tunnel en construction.

.  Quant à l'Italie, je n'oublierai jamais ce routier italien, qui nous a pris en stop dans un immense camion et qui, le soir, allant dormir dans un motel, nous laissé dormir dans les couchettes de son camion, nous faisant une totale confiance.

Le Portugal : prêtre aux Herbiers, les Portugais de la paroisse nous ont invités à aller avec eux, chez eux au Portugal. Avec l'accueil que vous devinez !

Je pourrais, et vous aussi sans doute, multiplier les faits vécus de fraternité au sein de l'Europe. Ce serait dommage de gâcher tout ça, pour des raisons d'égoïsme et de refus de l'autre différent de nous.  N'avons-nous pas tout à gagner, en y mettant les conditions bien sûr, pour vivre ensemble comme des frères ?

A la veille des élections européennes, il vaudrait la peine de relire le fameux discours de Victor Hugo prononcé au Congrès de la Paix le 21 août 1849 : "Si les nations sont des patries, l'humanité est une famille (...) Tous ensemble, France, Angleterre, Belgique, Allemagne, Italie, Europe..., disons aux peuples : "Vous êtes frères" !"



lundi 3 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2944 : De Sainte-Hermine à Auschwitz, un voyage au bout de l’enfer

 Un très grand merci à "Ouest-France pour cet intéressant témoignage paru le 28 mai dernier.

Martin Rosen, en exil à Sainte-Hermine (Vendée), a traversé le XXe siècle. Du chemin des Dames à Auschwitz-Birkenau, c’est dans les fracas des deux guerres, que son destin a basculé en 1944. Rencontre avec Philippe Barré, enseignant et maire, qui évoque la mémoire en partage.

  Martin Rosen, herminois, fut déporté dans le convoi n° 68 en février 1944. La date exacte de son décès à ce jour est inconnue.

 Philippe Barré, professeur d’histoire géographie, maire de Sainte-Hermine (Vendée) et conseiller Régional se confie sur un voyage en Pologne récent pour entretenir la mémoire de Martin Rosen, réfugié à Sainte-Hermine (Vendée), et envoyé dans les camps de la mort en 1944 sur dénonciation.

 

.  Vous venez d’effectuer un séjour en Pologne, dans quel cadre ?

 Mes collègues d’histoire-géographie du lycée Notre-Dame-de-Fontenay-le-Comte m’ont proposé de les accompagner dans le cadre d’un voyage pédagogique avec 25 élèves de Terminale. Nous avons été accompagnés par l’association « Mémoire Partagée » et Michael Butting dont l’objectif est de transmettre, d’entretenir la mémoire des victimes du fascisme, de l’Holocauste et de la Shoah. Ce projet pédagogique a aussi pu se faire grâce à différentes subventions dont celle du Comité International d’Auschwitz.

·  ·  Parlez-nous de la fin tragique de l’Herminois Martin Rosen ?

 Contraint de quitter Metz au début de la Seconde Guerre mondiale, il s’est réfugié avec son beau-frère, à Aytré (Charente-Maritime) en mars 1940. À l’automne, comme il était juif, il lui a été interdit de retourner à Metz. Après l’occupation de la zone libre, le 11 novembre 1942, Martin Rosen et son beau-frère ont été contraints par l’administration française de quitter Aytré au début de l’année 1943. Ils se sont réfugiés à Sainte-Hermine. Martin Rosen y était manœuvre. Dans la nuit du 30 au 31 janvier 1944, 36 juifs de Vendée ont été raflés. C’est le cas de Martin Rosen, qui a été arrêté à 2 h 30 du matin. Il a été conduit à la salle paroissiale Notre-Dame, rue Hoche, à La Roche-sur-Yon, puis au camp d’internement de Drancy, le 3 février 1944. Le 10 février, il est déporté dans le convoi n°68, en direction d’Auschwitz- Birkenau, où il a probablement été gazé dès son arrivée. Il allait avoir 54 ans.

 Martin Rosen, Chil Mayer en hébreu, né le 18 août 1890 à Krosiewce en Pologne (russe à l’époque). En exil à Sainte-Hermine en 1943, il fut dénoncé, et arrêté dans la nuit du 30 au 31 janvier 1944. Déporté en février à Auschwitz.

 L’antisémitisme est toujours présent en France. On a pu voir, entre autres, des tags antisémites à La Roche-sur-Yon. Quel est votre sentiment ?

 L’antisémitisme et le racisme représentent ce qu’il y a de plus nauséabond dans nos sociétés. Pour les actes antisémites qu’on peut voir ces derniers temps en France, c’est incompréhensible. Les juifs français ne sont pas responsables de ce qui se passe en Israël ou en Palestine. Tout cela est entretenu par les discours populistes et simplistes. C’est inadmissible que nos principes républicains soient bafoués de la sorte, encore plus lorsque c’est par des élus de la République. On ne peut pas tout laisser dire et tout laisser faire. On ne peut pas être modérément républicain. La France contemporaine s’est construite à partir de la déclaration des droits de l’homme. Il ne peut pas y avoir de compromis avec l’antisémitisme et le racisme.

 Que souhaitez-vous transmettre de ce voyage en Pologne ? 

 Cela fait 20 ans que je suis professeur d’histoire-géographie et que j’enseigne sur la Shoah. Cependant, lorsqu’on est sur place, l’horreur prend une autre dimension. C’est difficile à expliquer. L’immensité de Birkenau rend encore plus compte de l’industrialisation de la mort à grande échelle. À Auschwitz, plusieurs lieux m’ont marqué : les traces des ongles sur les murs de la chambre à gaz, une salle avec 1,5 tonne de cheveux. Les salles remplies de valises, de chaussures… J’ai beau enseigner la Shoah depuis de nombreuses années, lorsqu’on est sur place, on réagit en tant qu’être humain, qui ne peut qu’être horrifié par ce qu’il est en train de voir. Enfin, à Birkenau, il y avait du soleil et de l’herbe bien verte. Ce qui m’a paru complètement incongru lorsqu’on connaît les conditions de vie des déportés, avec la neige, l’hiver, la boue. 

En tant qu’homme, enseignant avez-vous un dernier mot ?

La folie des Nazis a conduit à la mort, la quasi-totalité de millions de déportés. Ils étaient juifs, homosexuels, tziganes, opposants politiques, handicapés. À Birkenau, lorsque j’étais à la Judenrampe, j’ai spontanément pensé à Martin Rosen, à tous ces résistants du Pays de Sainte-Hermine, qui ont participé aux parachutages d’armes en juin 1943 en Vendée.

Beaucoup ont été arrêtés puis déportés. La plupart ne sont jamais revenus. Ils sont morts pour nos valeurs, pour la France. Ce voyage pédagogique m’a renforcé dans ma volonté de rappeler notre mémoire et notre histoire. C’est indispensable pour ne pas oublier, mais c’est aussi un bon moyen pour combattre l’obscurantisme.

 

samedi 1 juin 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2943 : Malgré tout, la vie est belle !

 Face à tout ce que nous vivons, guerre en Ukraine et ailleurs, conflit israëlo-palestinien, problèmes climatiques, maladies, souffrances multiples, pauvretés en tout genre, n'est-il pas un peu déplacé, sinon indécent, d'oser dire quand même que "la vie est belle" ?  Je me suis beaucoup posé la question, alors que je viens de passer une petite semaine hospitalisé, suite à mes problèmes de coeur et autres. D'où mon silence de cette semaine sur ce blog.

Oui, c'est vrai, la vie n'était pas belle, vue de l'intérieur de l'hôpital : tous ces gens, atteints souvent de façon très grave, fatigués, épuisés, seuls et sans soutien parfois, sans grand espoir d'amélioration et encore moins de guérison.  Sans cesse, en regardant autour de moi, je me suis dit et répété : quel avenir pour ce jeune gravement atteint par telle pou telle pathologie, diabète ou autre ?  Et pour ce malade qui n'a plus aucun contact avec sa femme et ses petits-enfants ?  Et tel autre qui a dû faire le deuil de tous ses projets professionnels ?

Et pourtant, quelle leçon de vie ! Durant la semaine, j'ai pu observer les uns et les autres, entendre des réactions pas toutes négatives ni désespérées, remarquer des attitudes d'écoute, des gestes d'entraide et d'encouragement mutuel. Plusieurs échanges entre malades, partageant à propos de la façon dont ils gèrent ce qui leur arrive, m'ont redonné une petite flamme d'espérance.

Il y a en gros deux catégories de malades, et cela, même si nous faisons souvent partie de ces deux groupes à la fois.  Pour parler simplement, il s'agit de ceux qui sont parvenus, ou du moins essayent, d'accepter leur maladie ; et d'autre part, de ceux qui n'arrivent pas à la regarder en face, et se laissent écraser, dominer par elle.

Je disais que moi-même, je me situais un peu dans les deux catégories à la fois. Même si mon médecin traitant, fin observateur, m'a dit que, après un an de refus et d'un certain déni, il lui semblait que j'avais commencé à accepter le mal dont je suis atteint.

Cependant, quand on vient de me dire cette semaine qu'il n'y a guère d'amélioration en ce qui concerne mon coeur, toujours inopérable, et que, sans parler des autres problèmes également destructeurs, je vais désormais devoir me piquer chaque jour à l'insuline, j'ai recommencé à douter !

Et pourtant, de quoi est-ce que je me plains ? Je vais trouver de l'insuline, et de bons soignants, ce qui n'est pas le cas de bien des malades en Afrique par exemple. J'ai fait l'expérience une fois de plus d'un service de santé compétent, empathique, attentionné, fraternel. Et je suis encore debout pour l'instant.

Oui, finalement, la vie peut être belle quand on voit la façon dont des malades très atteints peuvent être bien accompagnés et soignés, quand on accepte la situation qui est la nôtre sans rêver inutilement d'une autre vie que celle qui nous est offerte ; mais aussi, quand la lumière, la fraternité et la paix sont au rendez-vous, particulièrement en fin de vie.

Ai-je de la chance d'avoir la foi ?  Faut-il parler ainsi ?  J'y pensais cet après-midi, en reprenant le rythme paisible de mes marches au bord de la mer, sur le port de Bourgenay.  Comme disait Job, qui a eu son lot de joie, mais aussi de malheurs, "Dieu a donné, Dieu a repris, que le nom de Yahvé soit béni !"  (Job, 1/21)

Luttons, battons-nous, afin que la vie soit plus belle pour tous ceux que nous rencontrerons !